Journaliste reporter d`images - WAN-IFRA

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Journaliste reporter d`images - WAN-IFRA
Vidéojournalisme
» www.ifra-nt.com
juillet 2005
techniques de presse
Stephen Quinn
Stephen Quinn, conseiller de Newsplex et professeur (Deakin University en Australie),
résume dans cet article une enquête qu’il a menée sur le vidéojournalisme et son
développement dans plusieurs réseaux de télévision.
Journaliste reporter d’images
La dernière génération de caméscopes numériques a nettement amélioré la qualité
des images filmées dans les conditions difficiles du reportage.
Durant les élections primaires américaines, l’année dernière, la chaîne d’information câblée MSNBC a « attaché » un
jeune reporter à chacun des candidats démocrates. MSNBC a donné à chaque reporter une petite caméra vidéo, un trépied et
un ordinateur portable performant pour
monter des vidéos. Ces petites « équipes »
d’une seule personne se sont fait connaître
sous le nom de « vidéojournalistes », envoyant leurs articles à MSNBC en se branchant sur la connexion internet haut-débit
la plus proche. Souvent, le café Starbucks
du coin.
Les reporters installaient leur caméscope avant d’interviewer le candidat, montaient la vidéo sur un portable, rédigeaient
des articles pour le Web, et parfois intervenaient pour un reportage en direct. Mark
Lukasiewicz, producteur exécutif de la couverture de la campagne de NBC, baptisée
« Campaign Embed », explique que les spectateurs avaient trouvé intéressant le principe des « reporters embarqués » lors de la
guerre d’Irak. « Nous avons appliqué le
même principe en envoyant en campagne
un reporter qui couvre tous les sujets au
jour le jour et vit au rythme du candidat »,
explique Mark Lukasiewicz. Selon Michael
Phillips, reporter au Wall Street Journal,
NBC a au passage « économisé beaucoup
d’argent », parce que les équipes formées
d’une seule personne n’avaient pas besoin
de cadreurs ou de techniciens du son, ou de
coûteuses liaisons duplex par satellite. De
plus, le projet avait offert à de nombreux
jeunes reporters l’opportunité de faire leurs
preuves. Le principe du vidéojournaliste a
gagné du terrain dans le monde entier. Près
d’un quart des 2400 journalistes de la BBC
et une partie du personnel de production
sont en cours de formation (voir plus bas).
Augmenter ses ressources
En Australie, l’émission de télévision
hebdomadaire Dateline a remporté plusieurs récompenses pour ses programmes
d’actualité, devant des émissions à gros
budget comme 60 Minutes. Dateline est le
vaisseau amiral du SBS (Special Broadcasting Service). Le gros du contenu de SBS
provient de stations étrangères et est diffusé avec des sous-titres. Tous les programmes d’actualité sont en anglais. Dateline
met l’accent sur des sujets internationaux
que les grands réseaux commerciaux négligent. Les reporters travaillent seuls, même
dans les régions les plus reculées.
En 2003, le reporter Thom Cookes a
remporté un « Walkley Award », l’équivalent
australien du Pulitzer, pour sa couverture
des élections de 2002 en Papouasie-Nou-
Le journaliste australien Richard Bruinsma de Channel 7 fait une interview tout en utilisant son caméscope numérique Sony TRV23. La nouvelle génération de caméscopes ouvre de nombreuses possibilités aux journalistes.
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velle-Guinée. Thom Cookes a indiqué que
le principe du vidéojournaliste était né de
la nécessité. Dateline était en compétition
avec des émissions disposant de budgets
beaucoup plus élevés. « Avec une parcelle
de leur budget, nous ne pouvions pas tenir
économiquement avec une équipe de tournage traditionnelle. »
Quels sont leurs outils ?
Un vidéojournaliste utilise généralement un Macintosh Powerbook équipé du
logiciel de montage FinalCut Pro, deux caméscopes numériques Sony, un téléphone
satellitaire, des panneaux solaires pour recharger les batteries et une paire de micros
sans fil. « Je peux littéralement tout mettre
sous le bras et partir », note Thom Cookes.
Il lui est arrivé de livrer un documentaire
de 15 minutes sur DVD ou sur unité de
disque dur portable au siège de Dateline à
Sydney le jour même de la programmation.
Thom Cookes a raconté qu’un grand
débat tendant à définir quels pouvaient
être les effets du vidéojournalisme sur le
reportage télédiffusé était en cours. « Certaines peurs se font jour qu’il puisse être
utilisé comme cheval de Troie pour réduire
à la fois les dépenses et les budgets. Mais
cela ne s’est pas produit en Australie. »
Le principe du vidéojournaliste ne
fonctionne pas pour tous les événements,
car il n’est pas possible à une seule personne de régler des niveaux de son, mettre au
point un objectif, formuler une question,
suivre le fil de l’interview et surveiller les
développements d’un événement en même
temps. En revanche, explique Thom
Cookes, le vidéojournalisme a fait ses preuves lorsque l’on est loin de sa base ou dans
des régions difficiles, même si le travail est
ardu. « Travailler seul, en particulier dans
des régions aussi lointaines que les hauts
plateaux de Nouvelle-Guinée, peut être une
dure besogne, même avec les compétences
nécessaires. Cela peut être très fatigant,
surtout lorsque les délais sont courts. Non
seulement vous devez parfaitement maîtriser votre sujet, que ce soit sur le plan éditorial ou sur le plan logistique, mais vous
devez aussi rapporter un reportage qui s’intègre bien dans l’ensemble. Il vaut mieux
avoir opéré les coupes qui permettront
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Stephen Quinn
» Ifra Special Report 2.34 : Vidéo à la Une (rapport réservé aux membres de l’Ifra)
d’insérer le récit, les sons, les indispensables traductions de dialectes obscurs. »
Pour Thom Cookes, ce travail
convient aux journalistes expérimentés, organisés et désireux d’en apprendre le plus
possible sur la technique du reportage télédiffusé. Ils doivent en outre collaborer avec
les producteurs et les journalistes quand ils
sont de retour à la rédaction, parce que ces
personnes seront susceptibles de mettre la
dernière touche à leur travail.
Regina McCombs travaille comme reporter multimédia et productrice pour startribune.com, la division online du Star Tribune de Minneapolis. Avant de travailler
pour le journal, elle a été pendant treize
ans photographe de télévision et productrice à la chaîne KARE-TV plusieurs fois
récompensée.
Pour Regina McCombs, le multimédia
offre aux journalistes la chance de produire
des sujets sous la forme la plus adaptée à
leur audience. « Je possède un caméscope
JVC-500 à trois puces, un appareil photo
numérique et un enregistreur minidisque.
Mes anciens collaborateurs de la chaîne de
télévision me taquinent en disant que ma
caméra a rétréci dans le sèche-linge. Je la
porte sur l’épaule, mais ses fonctions sont
celles d’un caméscope broadcast Betacam.
Nous avons aussi un petit caméscope Sony,
de la taille d’un paquet de cigarettes, que
l’un de nos photographes a emporté en
Irak. C’est très utile, parce que nous pouvons le fixer sur différents « socles » afin de
filmer sous des angles inhabituels. »
La BBC adopte aussi le principe du
vidéojournaliste. Elle a ouvert un centre
dans ses bureaux de Newcastle, au nord de
l’Angleterre, où elle prévoit de former 600
journalistes. Chaque session dure trois
semaines. C’est Michael Rosenblum, ancien
producteur à la NBC devenu consultant,
qui a mis au point le concept à NY1, à
Manhattan, et convaincu la BBC qu’elle
pourrait augmenter son efficacité en utilisant des vidéojournalistes. Michael Rosenblum explique qu’il a essayé d’« aligner la
télévision sur le mode opératoire d’un journal ». Paul Myles, coordinateur de la formation au centre BBC de Newcastle, indique
que les vidéojournalistes travaillent en
grande majorité avec le logiciel de montage
non linéaire Avid, et que quelques bureaux
utilisaient FinalCut Pro d’Apple Computer.
Pour Paul Myles, les vidéojournalistes
ne sont pas censés remplacer les équipes de
télévision traditionnelles, mais les compléter en apportant une touche différente et en
proposant des sujets plus « intimistes ». Ce
journalisme réduit inévitablement les besoins en équipes traditionnelles, mais « ce
qui est séduisant, c’est que cette méthode
de travail offre plus de liberté et de créativité au vidéojournaliste, et le produit final
est souvent plus vivant et intéressant ». <
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