race d`hérens - patcholée
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race d`hérens - patcholée
Terre Valaisanne | Mercredi 7 mars 2007 Deux standards pour une même race REINES 19 EVOLÉNARDE | Elle est à l’origine de la race d’Hérens. Sauvé de la disparition, le manteau panaché est aujourd’hui accepté en Valais comme l’un des standards de la race d’Hérens. P AU L V E T T E R Tout le monde connaît la race d’Hérens, une vache à la livrée unie aux nuances s’étendant du noir au roux. Moins nombreux parmi les profanes, celles et ceux capables de reconnaître l’évolénarde, une vache à la morphologie assez semblable, quoique généralement un peu plus petite, et à la robe panachée. Malgré leurs différences, ces deux bovins appartiennent à la même race. Ils ne doivent leurs différences qu’aux hommes qui les ont séparés par sélection dans la seconde partie du XIXe siècle. L’évolénarde a fait les frais de cette ségréga- Une belle évolénarde de la race d’Hérens. MAMIN tion. Mais justice a récemment été rendue à cette vache puisque, quelques bêtes souvent égarées dans les troudepuis 2003, le standard panaché (patcholé en peaux. Mais dans les années 1980, quelques patois du lieu) est accepté par la Fédération éleveurs ont montré un intérêt croissant pour le des éleveurs de la race d’Hérens au même titre standard panaché. Ils ont repéré les individus les plus dignes de figurer au rang de parangon que les manteaux unis. de la race. Les plus radicaux d’entre eux ont à UNIFORME REQUIS leur tour versé dans l’eugénisme, sélectionLes monocolores et les «patcholées» ont nant méticuleusement les individus les plus vécu leurs destins respectifs à partir de 1882. proches de l’idée qu’ils se faisaient de l’évolé«Pour l’unicité de la race, on a considéré qu’il narde modèle. Ils se sont regroupés et sont était important que les vaches d’Hérens possè- parvenus en 1998 à placer leur standard parmi dent toutes un même manteau uni. D’autres les races menacées dans la classification de la ont fait de même, avec la race brune notam- Fondation Pro Specie Rara. Etonnant si l’on ment», explique Elie Fellay, chef de l’Office de considère avec la plupart des spécialistes que la l’économie animale de l’Etat du Valais. Par de ri- «patcholée» fait partie intégrante de la race goureuses sélections, on a petit à petit éliminé d’Hérens. C’est d’ailleurs ce que confirme la plupart des «patcholées». Et l’on a du même Henri Forclaz, éleveur aux Haudères, considécoup permis à la vache d’Hérens de gagner en ré par les plus passionnés éleveurs d’évolépuissance et en taille. nardes, comme le sauveur de l’espèce: «L’héDu coup, on aurait presque oublié la rens et la vieille «patcholée», c’est tout la même pauvre évolénarde dont il ne restait plus que race.» BELLE PROGRESSION Deux groupements d’éleveurs défendent les intérêts des «patcholées». L’Association pour la sauvegarde de la race d’Evolène, en allemand Evolèner Zuchtverein (EZV), chapeautée par Pro Specie Rara, et donc reconnue par la Confédération, est basée dans l’Oberland bernois. Quant au Syndicat des éleveurs de bovins de la race d’Evolène (Evolèner Viehzuchtgenossenschaft ou EVZ), il a son siège à Naters. Récemment, le registre généalogique recensait 715 évolénardes agréées, dont 438 en Valais. Une belle progression si l’on pense qu’elles étaient une petite centaine voici dix ans. Mais ces velléités de ségrégations raciales sont confrontées aux réalités génétiques. Il arrive toujours qu’un couple de panachées donne naissance à un veau au manteau uni. L’inverse est également vrai!