Note environnementale

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Note environnementale
PROJET DU DOMAINE DE MANVILLE
Le Domaine de Manille se situe entre Arles, Tarascon et Cavaillon, dans la plaine des Baux de
Provence, au cœur du massif des Alpilles, aux pieds de la cité des Baux, dans un contexte paysager
privilégié. Les couleurs de ce paysage se déclinent dans un camaïeu de verts tendres et de gris
argentés (des vignes, oliveraies et boisements de pins) qui contraste avec le vert foncé des haies de
cyprès de Provence et le blanc marbré de veines vertes des collines calcaires. Le château des Baux,
prolongement mimétique de la roche surplombe ce paysage sur son éperon rocheux, tel un vaisseau
fantôme.
Le Domaine de Manville s’inscrit dans ce contexte paysager d’exception soumis à de nombreuses
protections architecturales et paysagères. Il se présente :
- en co-visibilité avec le site de la Cité Haute des Baux (inscrit en 1932, classé en 1942)
- dans le périmètre du site inscrit de la chaîne des Alpilles (arrêté de 1965)
- dans la zone de protection des Baux instaurée par décret en 1988;
- dans le périmètre de la directive de protection et de mise en valeur des paysages des Alpilles
(décret de 2007) dont les principales orientations sont : maintenir les éléments linéaires
marqueurs du paysage sur tout le pourtour du massif, protéger l’aspect naturel du massif et
des espaces ouverts emblématiques des piémonts, préserver la qualité des espaces bâtis
- dans le périmètre du parc naturel régional des Alpilles (créé par décret en 2007)
Le projet s’inscrit dans une démarche globale d’aménagement intégrant :
- l’agrandissement et la réhabilitation du golf actuel de 9 à 18 trous (pour une superficie
passant de 28 hectares à 44 hectares)
- la restauration et l’extension de l’ensemble bâti (hôtel 5*comprenant restaurant et SPA, un
proshop et 9 Grandes Suites)
Afin de prendre en compte la complexité et la sensibilité des paysages dans lequel s’inscrit le projet,
les Services de l’Etat : le STAP et la DREAL se sont particulièrement investis dans le suivi de ce projet.
Pendant plusieurs années, Michel Brodovitch (inspecteur général des sites du ministère de
l’Environnement) et Valérie Normand (inspectrice des sites dans les Bouches-du-Rhône et le
Vaucluse de la DREAL) ainsi que Philippe Mercier puis Olivier Blanc Architectes des Bâtiments de
France ont donné le niveau d’exigence attendu, initié de nombreuses réflexions et suivi l’évolution
du projet du Domaine de Manville.
Pour répondre à ces exigences de qualité et de prise en compte des particularités et de la sensibilité
du site, une équipe pluridisciplinaire s’est constituée autour de Patrick et Edith Saut regroupant les
compétences de Mireille Pellen (architecte du Patrimoine), Dominique Daudet (architecte), Parfair
(Thierry Sprecher architecte de golf), PEP’S (Anne-Laure et Bruno Ricci, paysagistes du golf et des
abords des bâtiments), ECOMED (écologues), Hervé Cochard (ingénieur agronome).
UN GOLF PAYSAGER D’UN NOUVEAU GENRE
Au cœur des Alpilles, dans le site exceptionnel de la plaine des Baux, Thierry Sprecher a conçu un golf
18 trous alliant technicité et attraits du jeu, dans un esprit éco-responsable respectueux du site et
des ressources naturelles. Les graminées rustiques choisies, peu consommatrices d’eau (le golf 18
trous consommera la même quantité d’eau que l’ancien 9 trous), ont notamment fait l’objet
d’expérimentations et de tests. Les fairways ne seront donc pas ‘’vert tendre’’ toute l’année mais
évolueront au rythme des saisons pour ne pas dénaturer le paysage mais accompagner ses
variations.
Les paysagistes de l’Atelier PEP’S ont élaboré un concept de golf parfaitement intégré dans son
paysage agricole, valorisant le potentiel du site. Ils ont ainsi reconstitué une trame agricole au sein
même du golf par la création d’un maillage de haies brise-vent de cyprès complantés (mélange de
cyprès et de feuillus) de reconstitution de boisements et de haies vives (haies naturelles, non taillées,
aux formes libres). La palette végétale privilégie les espèces locales et méditerranéennes présentes
dans la plaine agricole et sur les affleurements rocheux et intègre de nombreuses plantes fructifères
et mellifères.
Différents milieux sont reconstitués dans le cadre de la recherche de la diversification de la flore et
de la faune locales (un cours d’eau est rouvert, une mare conservée, des zones de régénération
naturelle de la végétation protégées, de nombreuses haies créées). Les espaces de garrigue jouxtent
les zones de jeu.
Les paysagistes ont également travaillé sur la retranscription paysagère des éléments du jeu dans la
trame agricole orthogonale de la plaine. L’ensemble des éléments techniques du jeu sont autant
d’évocation du paysage agricole : bunkers géométriques soutenus par des murets de pierres sèches,
formes géométriques des greens et départs, bunkers enherbés préférés aux bunkers en sable,
délimitations des fairways qui ne suivent pas les formes du jeu mais recomposent un parcellaire
agricole, oliviers et cours d’eau intégrés au jeu qui deviennent des obstacles, terrasses de pierres
sèches, ...
Les roughs se composent d’espèces rustiques méditerranéennes et d’espèces locales. Non arrosés,
leur gestion est limitée à quelques fauches par an. De façon complètement novatrice, les premières
dizaines de mètres de chaque trou (appelée zone de survol) autour des départs sont également
traitées tels des roughs (dans un golf classique ces surfaces sont aménagées en zones de jeu, elles
sont tondues et arrosées). Cette gestion particulière est favorable à l'accueil de la flore et de la petite
faune locale et permettra de constituer un réseau d'espaces connectés entre eux favorables à la
richesse écologique.
Dans les zones de paysage sensible (oliveraies, enrochements), les départs seront traités en tapis
synthétiques (surface beaucoup plus petite qu’un départ enherbé). Ces tapis d’ores et déjà
recyclables seront remplacés, dès leur mise au point, par des tapis en plastique végétal biologique.
Flore et faune existantes ont fait l’objet d’un repérage minutieux de la part des écologues
d’ECOMED. Des préconisations portant à la fois sur des zones de protection strictes et des
temporalités d’aménagement ainsi qu’une surveillance effectuée par ECOMOED ont permis de
protéger les espèces les plus sensibles pendant le temps du chantier.
REHABILITATION DE BATIS AGRICOLES
Le Domaine de Manville, d’une très grande qualité notamment en matière de vues, d’ambiances
environnementales et de patrimoine bâti fut édifié par Louis-Alexandre Blanc de Manville, qui
conçoit en 1908 un complexe agricole moderne.
Ce domaine adopte la typologie architecturale courante en Provence au début du XXe siècle en
terme de bâti agricole, faite de grands volumes de maçonnerie parallélépipédiques, composés en U
entourant une très belle cour plantée de platanes centenaires.
La reconversion architecturale de ce domaine réalisée par Mireille Pellen, architecte du Patrimoine
en collaboration avec les paysagistes de PEP’S (pour les aménagements extérieurs) et Annie Zéau
(pour la décoration intérieure) a permis de restaurer et d’étendre l’ensemble bâti afin d’accueillir
une hôtellerie de haut niveau, dans un site remarquable chargé d’histoire. Elle a été menée de
manière à conserver l’histoire et l’essence patrimoniale de ce lieu.
Le projet de l’hôtel vient en grande partie s’insérer dans les bâtiments existants du domaine de
Manville. L’intervention sur ce bâti agricole, de facture modeste, s’est faite en employant des formes
et des techniques traditionnelles, afin de conserver l’esprit agricole du lieu.
Après avoir passé la grille d’entrée, traversé le gaudre et longé la ligne de cyprès, le visiteur traverse
la pelouse sauvage (mélange de pâquerettes, lins, marguerites, trèfles et lotiers), grand espace
végétal ponctué de peupliers blancs. L’entrée de l’hôtel, le long d’une allée de platanes centenaires,
aménagée dans l’ancienne grange, est largement ouverte sur la nature, par de grandes verrières.
Un bâtiment réservé à l’activité golfique, introduit les joueurs dans l’univers du golf de Manville. Son
architecture est inspirée des grands volumes agricoles, à large auvent de tuiles.
Le résident accède à la cour ombragée de l’hôtel en passant par l’ancien corps de logis, qui restauré
et aménagé accueille le restaurant de l’hôtel au rez-de-chaussée et des chambres à l’étage.
Le jardin d’hiver crée en continuité donne accès au SPA, qui se développe au rez-de-chaussée du
grand hangar revisité. Ce bâtiment réinterprété dans l’esprit des grands bâtiments agricoles de la
plaine des Baux, Arles et Tarascon, (hauts volumes rythmés par des grandes verticales, occultés par
des bardages de bois, servant d’abri aux bottes de foin), ferme la cour au sud-ouest. Les chambres,
aménagées dans les étages, profitent d’une loggia ayant vue sur les grands platanes et la piscine.
La cour intérieure, espace protégé à l’ambiance des mas provençaux, est largement ombragée par de
magnifiques platanes. Elle se compose autour d’une fontaine moussue aux légers clapotis sonnants
et rafraîchissants qui apportent un complément de fraîcheur à la voûte végétale des platanes. En
fond de scène la piscine se présente tel un bassin méditerranéen aux larges margelles de pierres.
L’ancienne magnanerie, bâtiment brique et pierre, présentant une composition tripartite avec une
large loggia en attique est restaurée et mise en valeur. Une grande verrière couvre l’espace bar et
communique avec le cinéma et la bibliothèque.
Deux Maisons Hôtelières atypiques se développent de part et d’autre à l’étage. En continuité de la
magnanerie, l’ancien bâtiment agricole loge les chambres qui donnent sur la cour et la colline par
l’intermédiaire d’une coursive en passerelle.
L’emploi de matériaux naturels ; murs de pierre et chaux, bardages bois, jonc tressé renforce la
communion avec la nature et respecte l’harmonie du lieu, fil conducteur de cette intervention.
DE GRANDES SUITES LOVEES AU CŒUR DES ALPILLES
Il en est de même, au nord-est du domaine pour la création des Maisons hôtelières, adossées contre
un épais boisement de peupliers blancs aux reflets argentés et intégrées dans la trame dense d’une
oliveraie.
Neuf grandes Maisons Hôtelières prennent place sous de grandes toitures débordantes, utilisant une
architecture de pierre et de verre, elles combinent la tradition constructive des mas en Provence et
une expression contemporaine permettant de profiter de larges vues sur le paysage.
Sur un plan en L, un premier corps de bâtiment abrite cinq grandes Maisons Hôtelières coupant le
Mistral venant du Nord. Deux autres volumes isolés, accueillent chacun deux grandes Maisons
Hôtelières, et s’appuient sur le couvert végétal de la ripisylve. Fermées sur leur long pan, les Maisons
Hôtelières s’ouvrent alternativement sur le pignon par de grandes verrières permettant d’embrasser
le paysage du golf.
Chaque Maison Hôtelière, d’une surface de plus de 200 m2, se développe sur deux niveaux, avec un
niveau de cave. Résolument contemporaines dans leur partitionnement, les activités diurnes, au rezde-jardin ; salons, salle à manger et cuisine, s’ouvrent sur une large terrasse extérieure à l’abri des
regards par le traitement végétal d’accompagnement.
A l’étage, trois chambres et leurs salles de bains, domine le paysage des Baux au travers de la grande
verrière.
Chaque maison hôtelière bénéficie d’une large terrasse en bois protégée des regards extérieurs par
des haies séquencées qui permettent de profiter de vues cadrées sur le paysage. Ces haies larges aux
formes légères constituent un écrin autour des bâtiments. En arrière-plan se dessine la mère grisargenté caressée par le vent des feuillages d’oliviers surmontée par les silhouettes finement
découpée des Alpilles.
Le chemin qui les relie à l’hôtel, invitation à la promenade, serpente au milieu des oliviers. Tout est
mis en œuvre pour ne pas perturber l’équilibre naturel des lieux, sous la vue bienfaisante du rocher
des Baux de Provence.
Anne-Laure Ricci et Mireille Pellen, le 18 mars 2013

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