01.FR-PER 37/pub
Transcription
01.FR-PER 37/pub
Entreprendre Le magazine des actionnaires Entretien avec Patrick Ricard Événement L’eau et l’art passionnément Dossier N° 37 - avril 2000 Tequila, ô doux cactus L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR L A S A N T É, C O N S O M M E Z A V E C M O D É R A T I O N. Soif de sans modération MEILLEUR RÉSULTAT COMMERCIAL DE LA PROFESSION, CONSOLIDATION DE L’AVANCE TECHNOLOGIQUE ET POURSUITE DE LA POLITIQUE DE DIVERSIFICATION. PATRICK RICARD, PRÉSIDENT, ANALYSE LES PERFORMANCES ET EXPLIQUE LA STRATÉGIE DU G ROUPE . Quelle appréciation portez-vous sur l’exercice 1999 ? Patrick Ricard : Avec une forte progression de notre chiffre d’affaires, de 14,4 %, notre Groupe affiche le meilleur résultat commercial de la profession, et ce, pour la deuxième année consécutive. Notre croissance interne atteint 6,1 % et nos trois secteurs d’activité sont en hausse. Nous continuons donc le développement de notre cœur de métier (les vins et spiritueux), tout en poursuivant notre diversification dans les fruits transformés et la distribution. Dans quelle région du monde progressez-vous le plus ? P. R. : Notre progression se poursuit dans toutes les régions du monde, notamment en Europe, grâce à la croissance de la distribution, et en France, où nous réalisons aujourd’hui 30,6 % de notre chiffre. Cependant, nous souffrons toujours des effets de la crise asiatique, ainsi que du contexte défavorable de l’Amérique du Sud. 4 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE ▲ Comment s’est comporté le secteur des vins et spiritueux ? P. R. : Actuellement, nous disposons du portefeuille le plus étoffé de la profession, dont sept marques mil- lionnaires en caisses (Becherovka et Wyborowa ne sont pas comprises). La progression de notre chiffre d’affaires dans ce secteur, de 8,7 %, est tout à fait satisfaisante, probablement en tête du secteur, et ce, malgré la suppression du duty free intra-européen qui nous a coûté 280 000 caisses. Cela confirme la justesse de notre stratégie fondée, d’une part, sur la concentration de nos moyens sur quelques marques prioritaires et, d’autre part, sur la mise en valeur pays par pays de marques régionales à forte identité, qui permettent d’asseoir et de rentabiliser nos réseaux de distribution. La mondialisation, en effet, ne change rien aux goûts des consommateurs qui restent liés à des traditions bien ancrées. Les Français apprécient davantage nos pastis, les Allemands préfèrent nos amers Ramazzotti et Becherovka, les Grecs, notre ouzo Mini, les Japonais, notre liqueur de litchi Dita, et les Irlandais, nos whiskeys (Jameson, Power...). Parallèlement, le potentiel international de ces marques est valorisé par leur appartenance au réseau propre de notre Groupe. C’est ainsi que le gin Larios, très apprécié en Espagne, vient d’être introduit avec succès en Italie et en France, où il arrive déjà en quatrième position. Quant à Larios, aujourd’hui, elle est tout simplement la deuxième marque du Groupe en volume. [ E N T R E T I E N ] vaincre PATRICK RICARD, PRÉSIDENT DU GROUPE PERNOD RICARD : « Avec la forte progression de notre chiffre d’affaires de 14,4 %, le groupe Pernod Ricard affiche le meilleur résultat commercial de la profession pour la deuxième année consécutive. » Dividende 1,6 euro. En progression de 6,7 % ■ Studio Pernod Ricard Ce dividende sera soumis à l’Assemblée générale des actionnaires le 2 mai 2000. ENTREPRENDRE N° 37- AVRIL 2000 5 [ Chiffre d’affaires En millions d’euros 1999 3 590,3 Variation 99/98 1998 3 137,7 + 14,4 % Résultat opérationnel En millions d’euros 1999 372,3 Variation 99/98 1998 349,4 + 6,6 % Résultat courant En millions d’euros 1999 340,2 Variation 99/98 1998 314,1 + 8,3 % Résultat net En millions d’euros Variation 99/98 1998 202,2 Sources : Pernod Ricard 1999 213,2 6 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE + 5,5 % Soif de vaincre ] Et quels sont les succès ? P. R. : Les anisés ont progressé en France comme à l’exportation. Ricard, troisième marque mondiale de spiritueux, est leader toutes catégories en France, mais aussi en Belgique et au Luxembourg. Quant aux whiskies, ils se sont extrêmement bien comportés, avec notamment Clan Campbell, qui devient numéro un du Scotch en France, ainsi qu’avec Aberlour, nouveau leader des malts sur le marché français. Il faut ajouter que, sur notre marché domestique, nos whiskeys irlandais détiennent le record de progression de la catégorie. De son côté, Wild Turkey, notre bourbon du Kentucky, connaît une forte progression aux ÉtatsUnis et au Japon. Havana Club continue de caracoler en tête de tous les spiritueux du monde en termes de progression moyenne depuis quatre ans. Pour les vins, Jacob’s Creek a multiplié par six ses volumes depuis son acquisition et progresse cette année de 25 %. Quant à Ramazzotti, la marque a connu une progression de 35 %, la meilleure du marché en Allemagne. Quelles sont aujourd’hui vos perspectives de développement ? P. R. : Nous attendons beaucoup des vodkas Wyborowa et Zubrowka, qui viennent de rejoindre notre réseau en raison de l’acquisition d’Agros en Pologne, qui détient la propriété de ces marques à l’export. Nous serons par ailleurs candidat à la privatisation des polmos, qui distillent ces vodkas. Nous fondons beaucoup d’espoirs également sur Becherovka, une liqueur tchèque, populaire à l’est de l’Europe, et aussi sur les brandies arméniens que nous avons récemment relancés en Russie et dans la région. Enfin, nous venons d’acquérir une tequila qui manquait à notre portefeuille : Viuda de Romero. Que représente la part des fruits transformés ? P. R. : Les fruits transformés, un autre secteur en expansion, réalisent 30 % de notre chiffre d’affaires. Malgré un contexte difficile, notamment en GrandeBretagne et en Europe de l’Est, SIAS-MPA, déjà leader mondial des préparations aux fruits, progresse fortement en volume par croissance interne et aussi grâce aux acquisitions récentes. Parmi nos succès, il faut souligner le record historique de Pampryl (+ 26 %) et la confirmation de Champomy (+ 11 %), que nous sommes en train d’introduire en Europe du Sud et aux Pays-Bas. Nous entendons développer toutes les synergies possibles dans le domaine des jus de fruits en Pologne. [ Cherchez-vous un nouveau repreneur pour Orangina ? P. R. : Je regrette, pour cette marque au potentiel immense et pour nos collaborateurs concernés, que cette vente n’ait pas été agréée par les pouvoirs publics. Orangina restera donc dans le Groupe et nous allons tout faire pour son développement. L’année dernière, la marque a réalisé sa deuxième meilleure vente de la décennie. Le marché test, réussi sur Orangina givré, démontre un potentiel important. L E S É C H O S ] GAMME Le groupe vient d’être récompensé pour : ▲ Les Givrés, élus boisson rafraîchissante sans alcool de l’année ; La distribution a beaucoup progressé. Comptezvous poursuivre le développement de ce secteur ? P. R. : La distribution a connu une croissance de 37 %, due à une bonne progression de l’activité et à l’impact des acquisitions. BWG, notre filiale de distribution, est l’un des meilleurs retours sur investissement. En 1999, nous avons acquis deux nouvelles sociétés, Saxtons et Bargain Booze. BWG va pouvoir apporter son savoir-faire, notamment dans le marketing des enseignes, la modernisation des structures (l’informatisation notamment), la formation des franchisés et la concentration des achats. IRISH DISTILLERS Étoiles américaines Grande première : le critique américain Paul Pacult, du Spirit Journal, vient de décerner cinq étoiles à un whiskey irlandais : le Jameson Gold. Distinction rare pour un whiskey qui vieillit dans des fûts de chêne, et dont une partie – particularité unique –, repose en fûts de chêne vierges. Photos : Studio Pernod Ricard Propos recueillis par Alain Lamour Ararat, élu innovation de l’année par les distributeurs russes. ▲ Comment se présente l’exercice 2000 ? P. R. : En 1999, nos clients ont épuisé tous leurs stocks de fin d’année, grâce à l’effet « Millenium ». Ils les ont donc reconstitués au début de l’exercice 2000. Par ailleurs, de nouvelles marques viennent rejoindre cette année notre portefeuille international : les vodkas polonaises Wyborowa et Zubrowka, l’amer tchèque Becherovka, la tequila mexicaine Viuda de Romero, très attendues par notre réseau. Enfin, la conjoncture économique et les tendances de consommation apparaissent favorables : je suis très optimiste. ■ Clan Campbell, malt élu spiritueux de l’année par les distributeurs français ; ▲ Comment expliquez-vous la chute du cours de l’action en 1999 ? P. R. : Nous avons subi le contrecoup de la décision des pouvoirs publics du refus de la cession d'Orangina. Parallèlement, c'est l'ensemble de notre secteur qui est boudé par les investisseurs au profit des valeurs de la «nouvelle économie». Ils reviendront lorsqu'ils seront à nouveau à la recherche de valeurs moins spéculatives. Cela ne nous empêchera pas de poursuivre notre stratégie de croissance rapide afin de doubler nos résultats tous les sept ans. Nous avons les moyens de procéder aux acquisitions qui nous intéressent. Nous sommes finalement une valeur sûre, au potentiel élevé, dont la plupart des analystes recommendent aujourd'hui l'achat dans une perspective à moyen terme. ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 7 [ L E S C H O S ] HAVANA CLUB PA S T I S 5 1 Un palais pour le rhum cubain Un profil tout en élégance Début avril, la capitale cubaine inaugurait la Fondation Havana Club. Installée dans un palais du XVIII e au cœur de la vieille Havane, elle est d’abord un musée qui retrace l’histoire du rhum à Cuba, expose ses différents procédés d’élaboration et promène le visiteur à l’intérieur d’une rhumerie ancienne. C’est aussi un lieu de détente et de culture. On y trouve, côte à côte, une boutique, un bar ouvert jour et nuit, où se produisent les meilleurs musiciens de l’île, une salle de conférences et une galerie d’art, qui permettra la promotion des artistes locaux. La nouvelle bouteille de 51, qui défile sur les linéaires depuis novembre 1999, a fait son entrée dans les cafés, les hôtels, les restaurants et sur les marchés internationaux. Fine, élégante, légèrement tronconique, WHISKEY IRLANDAIS La distillerie de Midleton à la une Photos : Studio Pernod Ricard La distillerie Midleton, située au sud de l’Irlande près de la ville de Cork, vient d’être couronnée « Distillerie de l’année 1999 », par le magazine américain The Malt Advocate magazine. La subtilité du Jameson Gold, la cuvée 8 É AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE exceptionnelle de Jameson Limited Edition, Pure Pot Still 15 year old, mais aussi la variété des méthodes d’élaboration, toutes traditionnelles et performantes, ont convaincu le jury de l’excellence des whiskeys de Midleton. à « l’épaulé » plus appuyé, elle arbore un nouvel habillage aéré : le soleil caractéristique de 51 est redessiné, le bandeau inférieur « pastis de Marseille » adopte une couleur jaune qui rompt avec les codes traditionnels du marché, tandis que les feuilles d’acanthe qui entourent les deux chiffres sont gravées en argent à chaud. Parallèlement, la nouvelle ligne d’objets destinés aux professionnels du CHR adopte un nouveau style, moderne et esthétique. Signe distinctif : la bague de verre marquée du logo qui ceint chaque objet de la gamme. PA M P R Y L JUS DE FRUITS C’est le flacon qui importe Du 7 au 27 février, un clip publicitaire interstellaire a fait découvrir aux téléspectateurs français les qualités exceptionnelles du nouveau conditionnement pour jus de fruits de Pampryl. Avant l’invention de la bouteille PAN et de sa technologie révolutionnaire, les passagers d’un vaisseau spatial frôlaient la catastrophe à cause d’un jus de fruits mal conservé. Aujourd’hui, c’est impossible. Grâce au savoir-faire de Pampryl et à sa bouteille PAN, le jus d’orange redevient une boisson délicieuse. [ 4 ENTRETIEN 7 LES ÉCHOS O M M A I R E ] Soif de vaincre sans modération Interview de Patrick Ricard, président de Pernod Ricard, sur les bons résultats du Groupe. L’actualité de la gamme Les Givrés, Pastis 51, Irish Distillers, la Fondation Havana Club, à Cuba, les bouteilles PAN… 10 ÉVÉNEMENT 14 18 26 30 STRATÉGIE 34 S L’art et l’eau passionnément Les terrasses du Centre Georges-Pompidou, à Paris, ont été réaménagées grâce au mécénat du Groupe. L’une d’entre elles porte même le nom de Paul Ricard. 25 marques pour construire l’avenir Pernod Ricard s’est construit un portefeuille de marques prestigieuses. DOSSIER Tequila, ô doux cactus ! Le Groupe a racheté l’une des plus anciennes tequilas mexicaines : Viuda de Romero. MARQUES Becherovka mon amer Élaboré avec plus de vingt herbes aromatiques, un goût unique. MARCHÉS Crus & Domaines de France Vins de cépage et grands crus pour l’un des plus importants exportateurs de vins français. Entreprendre en actions Warrants Pernod Ricard : et de cinq ! Analyse d’Éric Lépine, responsable des ventes de produits dérivés à la SG. DIVIDENDE 1,6 euro. En progression de 6,7 % Photo de couverture : Pernod Ricard Mexico ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 9 [ É v é n e m e n t ] AU CENTRE GEORGES-POMPIDOU, à Paris, la terrasse Paul-Ricard s’ouvre vers l’ouest, « la direction des hommes de désir », selon Apollinaire. L’art et l’ passion 10 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE PATRICK RICARD, PRÉSIDENT : « Le Groupe veut être un acteur à part entière de la vie dans ce qu’elle a de plus créatif. » P ERNOD R ICARD A PARRAINÉ LA MISE EN EAU ET L’ AMÉNAGEMENT DES TERRASSES DU CENTRE GEORGES-POMPIDOU, À PARIS. UN MÉCÉNAT EXCEPTIONNEL, COMME EN TÉMOIGNE LA DÉCISION DE BAPTISER « PAUL RICARD » L’ UNE DES TERRASSES DU PLUS GRAND MUSÉE D ’ ART MODERNE D ’E UROPE . ▲ eau nément ! Photos : Studio Pernod Ricard A près deux ans de travaux, le Centre Georges-Pompidou choisit la renaissance : lui qui avait décidé de s’offrir un lifting, le voilà qui s’ébroue à nouveau pour mieux mettre en lumière les œuvres les plus marquantes du XXe siècle. Une fois à l’intérieur du centre, les visiteurs vont pouvoir découvrir le nom de Paul Ricard. Pour remercier le Groupe d’avoir financé les opérations d’aménagement des terrasses des quatrième et cinquième étages, les responsables de la « gentille machine » ont, en effet, donné le nom du grand passionné d’art à un espace qui, sans le soutien de Pernod Ricard, serait probablement resté aux mains des vents mauvais. L’idée originelle a germé à partir d’un constat (et dans la tête de Renzo Piano, l’architecte concepteur du ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 11 Studio Pernod Ricard PERNOD RICARD A TROUVÉ une synthèse entre deux passions : celle qu’il nourrit pour l’art et celle qu’il peut avoir pour l’eau, cœur de ses métiers. 12 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE bâtiment, avec Richard Rogers). Depuis l’ouverture, les terrasses du Centre Georges-Pompidou n’abritaient qu’une déviance artistique qu’on appelait « courant d’air ». Quelques sculptures se posaient là, parfois, mais elles donnaient toujours l’impression d’être en transit et d’attendre une bien meilleure exposition. Sous la conduite de l’architecte génois, les rénovateurs du centre ont suggéré de « mettre en eau » les terrasses des quatrième et cinquième étages pour que les sculptures qui y seraient installées puissent se dédoubler dans un miroir vivant, sorte de tableau horizontal qui reflète les humeurs de la ville et du temps. Le projet a immédiatement enthousiasmé le groupe Pernod Ricard. Pour Patrick Ricard, « Pernod Ricard a trouvé là une synthèse parfaite entre deux passions : celle qu’il nourrit pour l’art contemporain et celle qu’il peut avoir pour l’eau, cœur de ses métiers, véritable source de vie et de plaisirs ». En relation avec le Groupe, Renzo Piano a imaginé des terrasses dont le visiteur ne peut percevoir immédiatement la profondeur puisque la surface de la pierre a été peinte en noir. Le créateur défend ainsi l’idée d’une abstraction pure. « Quelques centimètres d’eau ou des abysses, peu importe. Les terrasses en eau ne sont pas elles-mêmes des œuvres d’art. Elles sont œuvres de la nature qui accompagnent l’œuvre d’art, des œuvres qui savent vibrer et ondoyer au rythme du temps qu’il fait. » De fait, les sculptures qui seront installées sur ces terrasses peuvent aujourd’hui se dédoubler pour mieux décliner leur identité. Dans le même esprit, les espaces qui surplombent la ville la révèlent elle aussi « à fleur d’eau », et la rendent multiple le jour et mystérieuse la nuit. Les terrasses sont désormais des havres de paix. Elles jettent un pont entre le Centre Georges-Pompidou et Paris et, plus symboliquement, entre l’art et la cité. Le groupe Pernod Ricard a ainsi consacré un million d’euros à cette opération. Pour Patrick Ricard, cet investissement témoigne d’une certaine conception de l’entreprise : « On a beaucoup parlé de citoyenneté ces dernières années. En revanche, on a moins évoqué l’implication des entreprises dans la création de richesses intemporelles. À travers les opérations menées au plan local ou national, Pernod Ricard démontre qu’il veut être un acteur à part entière de la vie dans ce qu’elle a de plus créatif et constructif. J’ajouterai qu’il est extrêmement émouvant pour un groupe international comme le nôtre de voir le nom de Paul Ricard vivre dans un environnement aussi exceptionnel. Le passionné qu’il était aurait rêvé d’un tel honneur. » Un dernier mot : la terrasse PaulRicard s’ouvre vers l’ouest, qui était pour Apollinaire « la direction des hommes de désir ». ■ Yv e s O l l i v r o L’art et l’eau passionnément ! ] De gauche à droite, Patrick Ricard, madame Claude Pompidou, Jean-Jacques Aillagon, le président du Centre Georges-Pompidou, et Claudia Cardinale. Le 14 janvier 2000, le Tout-Paris était présent à la mise en eau de la terrasse Paul-Ricard conçue par Renzo Piano pour le Centre Georges-Pompidou. Photos : Studio Pernod Ricard [ Corinne Ricard et le couturier Jean-Charles de Castelbajac. ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 13 25 marques 14 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE [ S T R A T É G I E ] pour construire l’avenir À CÔTÉ DE GRANDES MARQUES MONDIALES , LE GROUPE P ERNOD R ICARD DÉVELOPPE DES MARQUES PLUS RÉGIONALES , DONT LE POTENTIEL EST IMPORTANT. UNE STRATÉGIE PAYANTE SUR UN MARCHÉ AUSSI SPÉCIFIQUE QUE CELUI DES VINS ET SPIRITUEUX . THIERRY JACQUILLAT, directeur général du groupe Pernod Ricard. D Photos : Studio Pernod Ricard ▲ ans le secteur des boissons, il n’existe pas de litchi. » Ensuite, élément décisif pour son développemarque planétaire distribuée et consommée ment, Pernod Ricard dispose d’un atout essentiel : un dans le monde entier, quelles que soient les réseau de distribution puissant, implanté dans le mongénérations, les cultures, les religions, sinon un cola », de entier. Ainsi, quand il rachète une marque, souvent affirme Thierry Jacquillat, directeur général du prestigieuse sur son marché national, le Groupe a les Groupe. En particulier sur le marmoyens de la développer et de réussir ché des vins et spiritueux, où la Culture et tradition, des facteurs son implantation dans d’autres pays. culture et la tradition sont des facLe cas du gin Larios est, à ce titre, extrêmement puissants dans teurs extrêmement puissants dans exemplaire. Repris en janvier 1998, la consommation, en particulier la consommation. ce fleuron des spiritueux espagnols a pour les vins et spiritueux. Une marque de soft drink parretrouvé le chemin de la croissance viendra à séduire un jeune adolescent grâce à une sur son marché domestique. Mieux, en quelques mois publicité bien ciblée, voire même à lui faire aban- seulement, il est devenu le premier gin, en volume, de donner son produit préféré. Mais combien de géné- la zone euro grâce à l’efficacité du réseau mondial de rations et de campagnes publicitaires seront-elles distribution du Groupe et aussi à une politique nécessaires pour qu’un Américain se mette à boire autant de vodka qu’un Russe ou la même quantité de vin qu’un Français ? Et quel produit peut-on EN BREF lancer sur un marché, en fonction de quels critères ■ Les marques millionnaires en caisses : plus ou moins objectifs ? Ricard, le gin Larios, Pastis 51, le whisky « Ces contraintes, souligne Thierry Jacquillat, nous les Clan Campbell, le rhum Havana Club, avons transformées en force pour construire un portefeuille le whiskey Jameson, Suze. complet, constitué de grandes marques internationales – ■ Une quinzaine de marques régionales à fort Ricard, Clan Campbell, Jameson, Wyborowa, Aberlour, potentiel, dont : Havana Club, Wild Turkey ou encore Jacob’s Creek – au l’Amaro Ramazzotti, le brandy arménien Naïri, côté desquelles il existe une quinzaine de marques régiola Becherovka, l’ouzo Mini et Soho, la liqueur nales à fort potentiel, comme Pastis 51, Suze, le gin Larios, à base de litchi. l’Amaro Ramazzotti, notre brandy arménien Naïri, la Becherovka, l’ouzo Mini et Soho, notre liqueur à base de ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 15 Studio Pernod Ricard Des goûts, des couleurs et un peu d’alchimie Le groupe Pernod Ricard dispose de son propre centre de recherche. Ses missions ? Élaborer de nouveaux produits, garantir à long terme la qualité et le goût des marques anciennes, améliorer la formulation d’une marque mûre, effectuer des tests sur des panels de consommateurs, etc. « Le succès ou l’échec du lancement d’un produit, la croissance ou le déclin d’une marque dépendent d’un subtil mélange de goûts, de cultures, de rites de consommation, de marketing..., remarque Jacques Bricout, directeur des recherches de Pernod Ricard. L’inverse d’une science exacte ! » L’exemple de la Suze, appréciée des Français mais qui n’a jamais réussi à se faire adopter par les Allemands, pourtant friands de saveurs amères, est particulièrement significatif. Surtout si on le regarde à l’aune du succès rencontré, quelques années plus tard, sur le même marché allemand, par une autre boisson amère du Groupe, l’Amaro Ramazzotti : plus de 5 millions de bouteilles vendues en 1999, maintenant plus que sur son marché d’origine, l’Italie ! Comment anticiper deux issues si distinctes aux saveurs si proches ? La réussite tient-elle aux origines des produits ? À la différence entre le goût de plante de l’Amaro Ramazzotti et l’amertume terreuse de la gentiane ? À sa couleur, à la forme de la bouteille ? Ou bien le nom de Suze, trop proche de l’allemand süß, qui signifie doux, sucré, a-t-il faussé les pistes ? Mystère... « Ce qui fait la différence, avance Marie-Hélène Simchowitz, chef du service nouveaux produits chez Pernod, ce sont bien souvent des éléments indécelables par le consommateur, mais que le professionnel saura parfaitement trouver. » Pour Jacques Bricout, une chose est sûre : « Un nouveau-né n’apprécie que deux sensations en matière de goût : le sucré et le gras (du lait maternel). Tout le reste s’acquiert. Et, au-delà de ces aspects sociaux, on sait aussi que le goût est avant tout affaire d’hédonisme. » 16 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE [ 25 marques pour construire l’avenir ] marketing bien ciblée. Si de fortes barrières culturelles persistent, le marché est néanmoins en train d’évoluer. Les goûts des consommateurs évoluent sans cesse. On remarque, par exemple, une tendance très nette à la dilution à travers des long drinks et des cocktails à base de soft drinks. La deuxième grande tendance est le développement d’une consommation de plus en plus « exotique ». Il se boit aujourd’hui plus de scotch en France qu’au Royaume-Uni et plus de cognac en Angleterre qu’en France. La consommation de vin décroît dans les pays de tradition vinicole et s’accroît dans les autres, la mode du Mojito a dopé les ventes de rhum dans les pays européens, etc. Les jeunes consommateurs recherchent aussi de nouveaux goûts. C’est ce qui a poussé Pernod Ricard à lancer des produits comme Two Dogs, une boisson fermentée à base de jus de citron, ou le Wild Turkey Cola. « C’est une niche que nous ne voulons pas négliger, affirme Thierry Jacquillat. Mais c’est un « Je suis très optimiste segment complexe, pour lequel il quant à l’avenir faut faire extrêmement attention de nos 25 marques clés. » aux effets de mode. Two Dogs, par exemple, a trouvé son public en Australie. Puis nous l’avons lancé au Royaume-Uni, où il a bien marché quelque temps, avant d’être boudé par les consommateurs britanniques. » Sans parler d’harmonisation, on assiste à un mouvement sensible de rapprochement des marchés. Cette mondialisation va-t-elle ouvrir le marché à de véritables marques globales standardisées et en faire disparaître d’autres, plus typées ? « À long terme, c’est possible, estime Thierry Jacquillat. Mais il faudra du temps et probablement plusieurs générations. Quant à l’érosion des ventes de certains produits typés – je pense en particulier aux apéritifs anisés –, on nous l’annonce depuis des années et... nous l’attendons toujours ! Dans ce domaine, nous avons une gamme très variée, solide, qui se développe dans des pays où on l’attendait peu, comme l’Angleterre ou l’Allemagne. Par ailleurs, nos marques continuent de progresser dans leur pays d’origine, comme Ricard en France et l’ouzo Mini en Grèce. Au total, nos vingt-cinq marques clés, qu’elles aient une vocation mondiale ou régionale, représentent 75 % de nos volumes. Je suis très optimiste quant à leur avenir. » ■ Antoine Marcé L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é . C o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n . Tequil 18 ô doux cac AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE [ O S S I E R ] À LA SUITE DU RACHAT DE VIUDA DE ROMERO, L’ UNE DES PLUS ANCIENNES TEQUILAS MEXICAINES , LE G ROUPE SE SENT POUSSER DES AILES SUR LE MARCHÉ AMÉRICAIN. C ’est officiel depuis le 17 janvier : Pernod Ricard a racheté la totalité du capital de la société mexicaine Tequila Viuda de Romero. Avec cette acquisition, le Groupe, qui a progressivement développé son portefeuille d’alcools blancs ces dernières années, ajoute une corde à son arc, celle d’un segment dynamique : la tequila. Ou plutôt le tequila (el tequila), comme on dit au Mexique, où cet alcool élaboré à base d’une variété d’agave bleu1 est quasiment une Sur 190 millions institution. « Le tequila est de litres de tequila une appellation d’origine produits au Mexique mexicaine, précise Christian en 1999, la moitié Barré, directeur général de a été destinée Pernod Ricard Mexico. Le à l’exportation. spiritueux avait une image populaire peu qualitative, jusqu’à la crise du peso de 1994, année qui a vu le prix des boissons étrangères flamber sur le marché. Dans le même temps, des producteurs mexicains créaient le conseil de régulation du tequila (Consejo Regulador del Tequila, CRT), afin de garantir un standard d’authenticité 2. Il n’en fallait pas plus pour que les consommateurs mexicains redécouvrent cette boisson traditionnelle. » Les chiffres sont éloquents : au Mexique, où 190 millions de litres de tequila ont été produits en 1999, les ventes dépassent celles des brandies et des rhums, avec 12 % d’augmentation par rapport à 1998. Dans le même temps, la consommation ▲ Pernod Ricard Mexico la ctus ! D ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 19 [ Tequila L’une des plus anciennes marques mexicaines ô doux cactus ! ] LA TEQUILA VIUDA DE ROMERO bénéficie d’une image de tradition et d’authenticité particulièrement importante pour les ventes à l’exportation. Photos : Pernod Ricard Mexico C’est en 1852 que l’histoire des spiritueux au Mexique mentionne pour la première fois le nom d’Epitacio Romero, producteur de « vin de mezcal ». Et c’est son fils Francisco qui donne à la marque son essor. À sa mort en 1906, sa veuve, Catalina Aguilar Madrueno, prend la direction de la marque, à laquelle elle donne le nom de Viuda de Romero (« veuve Romero »). La distillerie actuelle voit le jour en 1976, elle est rachetée en 1983 par L. A. Cetto, qui lance la marque Real Hacienda en 1990. En 1999, enfin, Viuda de Romero rejoint Pernod Ricard Americas. ▲ hors frontières ne cesse de croître : près de 95 millions de litres ont été exportés en 1999, soit la moitié de la production mexicaine totale de tequila. Il faut ajouter que les efforts du CRT pour faire reconnaître l’appellation ont porté leurs fruits à l’étranger. Depuis 1999, les copies élaborées à partir de matières premières autres que l’agave bleu n’ont plus droit à l’appellation dans les pays de l’Union européenne. Belles perspectives, donc, pour Pernod Ricard qui a racheté l’une des plus anciennes distilleries mexicaines. Implantée depuis 1852 en plein cœur de la zone de production, dans le village même de Tequila, au nord-ouest de Guadalajara, elle compte deux marques principales – Viuda de Romero, composée à 51 % tequila en alternant une gorgée de d’agave bleu, et Real Hacienda, un l’un, une gorgée de l’autre. premium 100 % agave bleu, au total Le Groupe dispose également de environ un million de bouteilles par 300 000 plants d’agave bleu Weber an. Viuda de Romero se dont est issue la tequila. place à la septième pla- Les procédés de fabrication Les grandes étapes du ce en termes de ventes de la tequila sont tenus procédé de fabrication au Mexique, ventes restent confidentielles secrets depuis l’origine. marginales. La filiale depuis l’origine de l’enmexicaine produit enfin la Sangrita, treprise. Disons tout simplement que boisson sans alcool à base de tomates, cette cactée typique des paysages de de jus d’agrumes, qui se boit avec la Jalisco est cuite, pressée, puis mise à fermenter, mélangée à de la canne à sucre pour les tequilas à 51 %. Ensuite, elle est doublement distillée, ENJEUX STRATÉGIQUES jusqu’à atteindre un taux d’alcool ■ Renforcer la présence compris entre 38 et 55 °C. À ce stade, commerciale de Pernod Ricard elle repose dans des fûts s’il s’agit Mexico. d’« Añejo » ou des foudres de chêne ■ Pénétrer sur le marché dans le cas des tequilas « Reposados ». américain des alcools blancs. « L’authenticité et l’ancienneté du pro■ S’associer au succès duit, la tradition de l’entreprise sont des grandissant de la tequila. atouts incontestables, notamment à l’exportation », commente Christian 20 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE Ay tequila(s) ! Dernière distinction : les méthodes de vieillissement. Les tequilas « Reposados » mûrissent dans des foudres de chêne pendant quelques mois, ce qui leur donne une légère couleur ambrée. Les « Añejos » sont vieillies en petits fûts au minimum durant un an. Le marché des tequilas 51 % est stable et majoritaire à l’exportation. De son côté, la consommation de tequilas 100 % augmente dans les pays « connaisseurs », au Mexique et aux États-Unis tout particulièrement. Mais ne cherchez pas à en savoir plus sur le marché des « Añejos » : il est confidentiel ! Photos : Pernod Ricard Mexico Selon la norme mexicaine NOM, les tequilas se divisent en deux grandes catégories en fonction de leur taux d’agave bleu. On distingue ainsi la catégorie Tequila, qui contient au minimum 51 % d’agave bleu (le reste étant le plus souvent constitué de canne à sucre), et celle des tequilas 100 % agave bleu, élaborées uniquement à partir d’agaves. La marque Viuda de Romero fait partie des tequilas 51 %. Et Real Hacienda, notre marque haut de gamme, est 100 % agave. Deuxième différence : la couleur. Il y a les tequilas blanches et les Gold. IMPLANTÉE EN 1852 DANS LE VILLAGE DE TEQUILA, Viuda de Romero, l’une des plus anciennes distilleries du Mexique, produit aujourd’hui près d’un million de bouteilles par an. ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 21 La tequila en chiffres [ Tequila ô doux cactus ! ] La tequila est le premier spiritueux au Mexique, en 1999, pour la première fois, tant en valeur qu’en volume ; la production a augmenté de 12 % entre 1998 et 1999. ■ ■ En 1999, les exportations totales de tequila ont atteint près de 11 millions de caisses de 9 litres dans plus de 60 pays. Près de 50 % de la production totale mexicaine est destinée à l’exportation. ■ 80 % des exportations de tequila ont pris le chemin des États-Unis, 12 % de l’Europe, 4 % des pays d’Amérique du Sud (hors Mexique), 2 % de l’Asie et 2 % du reste du monde. ■ Plus de 93 % des exportations sont constituées de tequilas 51 % agave bleu. France, la consommation connaît une progression de 7 % depuis trois ans. Photos : Pernod Ricard Mexico ■ En 22 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE Barré. Où Pernod Ricard affiche clairement ses ambitions : « Au-delà du premier objectif de rachat, qui était d’asseoir la base mexicaine du Groupe, confie Michel Bord, président d’Austin-Nichols et de Pernod Ricard Americas, la tequila représente une porte d’entrée sur le marché des alcools blancs aux États-Unis, où nous sommes peu présents, notamment du fait de l’embargo contre notre rhum Havana Club. En dépit de la concurrence, une marque traditionnelle comme Viuda de Romero est susceptible de séduire l’importante communauté d’origine mexicaine de Californie, du Texas, de Floride et de Chicago. Et Real Hacienda, notre marque Premium, devrait trouver un LA TEQUILA MEXICAINE est composée d’agave bleu pur pour les tequilas à 100 %, et mélangé à de la canne à sucre pour les tequilas à 51 %. Entré au sein du Groupe en 1995, Olivier Fages, au départ responsable des spiritueux « non-Groupe » chez Pernod Ricard Canada, vient de se voir confier le poste de Tequila manager. « Viuda de Romero est un réel défi et une fantastique opportunité, commente-t-il. Défi parce qu’il s’agit de placer sur la carte mondiale – où deux concurrents se sont taillé la part du lion – une marque jusqu’ici peu représentée en dehors du Mexique. Opportunité, parce que le potentiel de Viuda de Romero est important. Les atouts d’une tequila résolument authentique sont évidents aux États-Unis. En Europe, le marché est encore étroit mais sa croissance est importante, notamment du fait de l’image moderne et festive de la tequila. La présence de Pernod Ricard sur ce continent est aussi un excellent levier pour le développement de la marque. L’enthousiasme des filiales américaines et européennes, que j’ai déjà pu constater, prouve enfin que le Groupe est prêt pour cette nouvelle aventure. » ▲ écho favorable auprès de la clientèle des connaisseurs. » L’enjeu est d’importance : plus de 80 % des exportations de tequila réalisées en 1999, toutes marques confondues, ont pris le chemin des États-Unis. Dans le même temps, 12 % des exportations totales gagnaient l’Europe, 4 % les autres pays d’Amérique du Sud et 2 % l’Asie. Le marché (225 000 caisses) connaît en France une progression de 7 % depuis trois ans. Viuda de Romero, encore peu présente à l’export, est appréciée des amateurs au Japon, aux États-Unis, en Amérique latine, en France et en Belgique. Elle est également leader sur les marchés du Salvador et de la République dominicaine. Profession Tequila manager produit également la Sangrita, une boisson sans alcool à base de jus de tomates et d’agrumes qui se déguste, bien sûr, avec... la tequila. Photos : Pernod Ricard Mexico TEQUILA VIUDA DE ROMERO ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 23 [ L’évolution des spiritueux blancs ■ LA TEQUILA a le vent en poupe, avec une progression de 10 % par an. Elle appartient aux spiritueux blancs qui, dans leur ensemble, se portent très bien. C’est pourquoi le Groupe s’est attaché à renforcer son portefeuille de marques dans ce secteur du marché par une série d’acquisitions réussies. Sa gamme est désormais l’une des plus complètes du monde. ■ LA VODKA, tout d’abord, appréciée pure en Russie, en Pologne, en France ou ailleurs, ou bien consommée additionnée le plus souvent de jus de fruits dont elle renforce le goût, se vend chaque année à 450 millions de caisses, dont 33 millions pour les marques internationales. Parmi celles-ci se trouvent Altaï, la vodka russe de Pernod Ricard, ainsi que les vodkas polonaises Wyborowa et Zubrowka (à l’herbe de bison), qui viennent d’entrer dans le portefeuille du Groupe. Le marché mondial de la vodka a progressé l’an dernier de 5 %. Et le Groupe attend des progressions encore plus importantes avec ses trois marques prestigieuses. ■ LE RHUM, consommé pur, pour ses qualités propres ou en mélange, apporte un cachet particulier aux cocktails dont il constitue la robuste charpente, surtout s’il s’agit du fameux rhum cubain. Le rhum, porté par la vogue latinoaméricaine, voit ses ventes grimper : plus de 2 % l’an dernier, à 130 millions de caisses, dont 30 millions pour les marques internationales. Fleuron de cette catégorie, Havana Club détient le record mondial de progression des spiritueux (25 %) depuis plusieurs années. Les principaux marchés du rhum sont les ÉtatsUnis, le Mexique et l’Espagne. Viennent ensuite l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, sans oublier l’Italie où Havana Club fait littéralement un tabac. Tequila ô doux cactus ! ] PERNOD RICARD MEXICO ■ Croissance : + 20 % en volume en 1999 par rapport à 1998 ; ■ prévision 2000 : plus de 10 millions de dollars ; ■ salariés : 107 (incluant les salariés de Viuda de Romero) ; ■ marques produites et/ou distribuées : Viuda de Romero, Havana Club, Jameson, Larios, Terra Andina, Etchart, Dubonnet. « Nous allons mettre l’accent sur les Reposados et les Añejos (lire encadré page 21), notamment aux États-Unis, un marché plus mature, plus connaisseur et plus réceptif à ces produits de qualité, explique Christian Barré. Ce second volet implique en par« Le marché ticulier une relance de américain est la marque Premium plus mature, Real Hacienda. Nous plus connaisseur prévoyons de passer, et plus réceptif à très court terme, à à des produits 100 000 caisses vende qualité tels que dues au Mexique et les Reposados à un minimum de et les Añejos. » 50 000 caisses à l’export, ventes hors-taxes incluses. » Outre la qualité de la marque, le Groupe dispose du meilleur atout pour atteindre ses objectifs, c’est-àdire d’un réseau mondial et, plus particulièrement, aux États-Unis, avec quarante collaborateurs, tous aguerris à la complexité de la législation américaine. ■ ■ LE GIN est beaucoup plus répandu que son ancêtre le genièvre, car il s’en consomme 60 millions de caisses chaque année, dont 20 millions pour les marques internationales, telle Larios. Élaboré en Espagne, le principal gin du Groupe affiche une progression insolente à l’exportation, notamment en France (10 % du marché en un an) et en Italie. Studio Pernod Ricard Olivier Cerendini 24 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE 1. Agave bleu ou tequilana Weber, du nom du botaniste français qui a classifié les variétés d’agave au début du siècle. 2. Le standard de qualité est édicté par la Norma Oficial Mexicana (NOM), établie le 3 septembre 1997, pour la Tequila. L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é . C o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n . Becherov mon [ ka amer L E S M A R Q U E S ] U NE IMAGE FORTE, UN GOÛT PUISSANT TRÈS APPRÉCIÉ EN E UROPE CENTRALE , DES COCKTAILS PLEINS DE SAVEURS : SOUS LA HOULETTE DU GROUPE P ERNOD R ICARD , L’ AMER TCHÈQUE B ECHEROVKA CONSOLIDE SES POSITIONS DANS LA RÉGION . M Studio Pernod Ricard ▲ embre illustre de la gran- dant deux jours. On obtient ainsi un de famille des amers, liquide coloré et très fort en goût, comme Suze en France auquel on ajoute du sucre, de l’alcool ou l’Amaro Ramazzotti en Italie (lire et de l’eau. La préparation est ensuiencadré page 28), la Becherovka est, te versée dans de grands fûts de chêen République tchèque, un véritable ne, où elle repose pendant quelques symbole national qui doit sa notorié- semaines avant d’être filtrée puis té à la parfaite authenticité mise en bouteilles. de son procédé de fabrica- « La production de Le résultat final ainsi obtetion et de ses origines. l’usine Jan Becher nu est un amer à 38 degrés, En effet, la Becherovka, dont le goût légèrement est en hausse élaborée à Karlovy Vary, et devrait atteindre sucré et épicé exhale égaleune petite ville thermale à 14 millions de litres ment de délicates notes 120 kilomètres à l’ouest de exotiques. Toutes les génécette année. » Prague, a été créée en 1807 rations d’hommes et de par Joseph Becher, un pharmacien femmes apprécient la Becherovka d’origine allemande qui s’était instal- dans son pays d’origine. « Les lé à Karlsbad, l’ancienne Karlovy consommateurs la boivent indifféremVary (lire encadré page 29). Les amers ment en apéritif ou en digestif et à tous les – ces boissons alcoolisées à base de modes : sec, avec de la glace ou même plantes – étaient très en vogue au XIXe mélangée à un soda. L’un des cocktails les siècle, autant pour leurs vertus médi- plus connus du pays est le Becherovkacinales que pour leurs qualités gustatives. La Becherovka a ainsi connu LA BECHEROVKA, C’EST : un essor rapide et l’entreprise familiale Jan Becher a prospéré pendant ■ une marque qui a rejoint près d’un siècle et demi dans tout le le portefeuille du groupe pays et les contrées voisines. Pernod Ricard en 1998 ; Aujourd’hui encore, les propriétés ■ un amer tchèque élaboré digestives de la Becherovka sont évoà l’aide de plus de vingt herbes quées avec plaisir par les amateurs. aromatiques ; Du côté de la fabrication, un peu plus de vingt herbes et épices, importées ■ un goût doux-amer aux notes pour la plupart d’Orient, et dont on épicées ; tait jalousement le nom, servent à ■ un spiritueux qui se boit l’élaboration de la Becherovka. Elles aussi bien sec qu’avec de la glace sont séchées puis emballées dans de ou en cocktail ; grands sacs de toile, avant d’être ■ un élément du patrimoine plongées, comme des sachets de thé tchèque. géants, dans des cuves remplies d’un alcool à 96 % chauffé à 50 °C penENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 27 Les amers 28 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE LA BECHEROVKA EST APPRÉCIÉE autant pour ses qualités gustatives que pour certaines vertus médicinales. Ainsi, connaisseurs et amateurs évoquent avec plaisir ses propriétés digestives. marque, réunifiée par le rachat, en 1999, de la société allemande Johann Becher, qui fabrique, elle, l’équivalent de la Becherovka tchèque. « Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la famille Becher émigra en Allemagne, où elle reprit la production de son amer, qu’elle appela Becherbitter. Tonic, que les Tchèques ont surnommé Pendant ce temps, en Tchécoslovaquie, la Beton, mot qui a en tchèque le même marque a été nationalisée. Le même prosens qu’en français », souligne Alan duit était donc fabriqué dans deux pays, Walden-Jones, le directeur général sous deux noms différents », explique Alan Walden-Jones. Le de l’entreprise Jan Becher. Groupe continue aujourDepuis la privatisation de « La demande cette dernière en 1997, le à l’export constitue d’hui de renforcer la posigroupe Pernod Ricard – 20 % des ventes. » tion de la Becherovka en République tchèque pour toujours fidèle à sa politique d’acquisition de marques régio- en faire une solide base d’expansion. nales fortes – est entré dans le capital Ainsi, avec cette marque, le Groupe de l’entreprise tchèque. Depuis a ajouté une autre marque millionjuillet 1998, il distribue ainsi la naire en caisses à son portefeuille. Au Photos : Studio Pernod Ricard C’est en Europe, aux XVIIIe et XIXe siècles, que la plupart des amers virent le jour, élaborés par des apothicaires soucieux de proposer des boissons agréables au goût et bonnes pour la santé. Aujourd’hui, l’Europe demeure le plus grand marché d’amers du monde. Parmi les pays qui arrivent en tête figurent l’Allemagne, l’Italie, la France, la République tchèque et, dans une moindre mesure, les Pays-Bas, la Hongrie, la Slovaquie et le Danemark. Becherovka, Ramazzotti et Suze sont les principaux amers du groupe Pernod Ricard. En Allemagne et en Italie, où ils étaient traditionnellement consommés en digestifs, purs et sans glace, les amers sont de plus en plus savourés en apéritifs, le soir ou même pendant la journée. Ils sont alors accompagnés d’une fine tranche de citron, comme dans les cafés et les restaurants. Dans les bars, ils sont servis en long drinks, mélangés à un soda. Chaque marque répond aux habitudes culturelles du pays où elle a vu le jour. Ainsi la couleur blonde de la Suze, appréciée en France, ne remporte pas l’adhésion du consommateur allemand. En revanche, l’Amaro Ramazzotti obtient de beaux succès en Autriche, dans l’est de l’Europe et encore davantage en Allemagne, où la consommation a déjà dépassé celle de son pays d’origine, l’Italie ! Becherovka mon amer ! ] LA BECHEROVKA EST UN VÉRITABLE SYMBOLE NATIONAL en République tchèque. Elle doit sa notoriété à l’authenticité parfaite de son procédé de fabrication. Plus de vingt herbes et épices servent à sa composition. total, 14 millions de litres devraient sortir de l’usine Jan Becher cette année. Cette hausse de production est nécessaire pour satisfaire la demande à l’export, qui constitue aujourd’hui 20 % des ventes. Car la Becherovka est désormais soutenue par le réseau mondial de distribution du groupe Pernod Ricard. D’ores et déjà, les ventes en Slovaquie – jusqu’ici le seul vrai marché à l’export – ont pratiquement doublé en un an. La Becherovka a également été relancée en Russie, en Hongrie, en Autriche et en Pologne. Quant à l’Allemagne, elle pourrait bien devenir le premier marché à l’export d’ici peu. ■ De Karlsbad à Karlovy Vary Lorsque Joseph Becher créa la Becherovka en 1807, Karlovy Vary, qui s’appelait alors Karlsbad, faisait partie de l’empire austro-hongrois. Karlsbad, « les bains de Charles », doit son nom au fait qu’au XIVe siècle le roi Charles IV avait fait de ce petit bourg le centre de son terrain de chasse. À partir du XVIe siècle, la ville devint célèbre dans toute l’Europe pour ses eaux thermales, attirant de nombreuses personnalités, telles que Pierre-le-Grand, Goethe, Beethoven, Liszt, Strauss ou Wagner, et même Karl Marx. À l’indépendance de la Tchécoslovaquie en 1918, le nom de la ville fut traduit en tchèque et devint Karlovy KARLOVY VARY, Photos : Studio Pernod Ricard [ ANCIENNEMENT KARLSBAD, est devenue célèbre dans toute l’Europe pour la qualité de ses eaux thermales. JAN BECHER, C’EST : l’entreprise tchèque qui élabore la Becherovka depuis 1807 ; ■ ■ un site de production installé au cœur de la ville thermale de Karlovy Vary, à 120 kilomètres à l’ouest de Prague ; Vary. Aujourd’hui, l’ambiance nostalgique de l’ancien empire austro-hongrois continue d’attirer des milliers de visiteurs. Leonardo DiCaprio, Sophia Loren et Gregory Peck font partie des célébrités du XXe siècle tombées sous le charme de cette paisible petite ville. une capacité de production de 14 millions de litres. ■ Fr é d é r i c Le g r a n d ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 29 [ M A R C H É S ] Crus & Doma la passion des grands vins SI CRUS & DOMAINES DE FRANCE EXPORTE LES CHAIS DU CHÂTEAU GRAND ORMEAU 30 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE Studio Pernod Ricard surtout du bordeaux, cette société commercialise aussi les vins de toutes les régions de France. Les appellations contrôlées représentent 60 % de ses volumes, les vins de pays, 20 % et les vins de table, 20 %. ines de France VINS DE CÉPAGE AUX GRANDS CRUS , DU BORDELAIS À LA BOURGOGNE, EN PASSANT PAR LES GRANDES RÉGIONS VITICOLES FRANÇAISES, C RUS & D OMAINES DE FRANCE EXPORTE DES VINS DANS LE MONDE ENTIER, SURTOUT EN ASIE. C haque année, la société Crus & Domaines de France expédie près de cinq millions de bouteilles de par le monde. Depuis 1995, elle se consacre uniquement à l’exportation et occupe le quinzième rang sur la place de Bordeaux. « Crus & Domaines de France est née de la fusion de maisons de négoce ou de grands négociants, comme Alexis Lichine, Cruse, Victor Bérard ou Pasquier Desvignes (lire encadré page 32), indique Frédéric Muguruza, directeur de la société. Nous achetons des vins que nous élevons et faisons vieillir. » Si le bordeaux occupe une bonne place dans son catalogue, Crus & Domaines de France achète des vins de toutes les régions de France, de la ▲ Studio Pernod Ricard D ES ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 31 ALEXIS LICHINE EST l’une des références internationales des vins fins de Bordeaux et de Bourgogne. Grâce à ses critères de sélection, cette maison, créée en 1955, s’est imposée comme le plus grand exportateur français. LA SOCIÉTÉ PASQUIER DESVIGNES, FONDÉE EN 1823, a greffé des plants américains à la suite de l’épidémie de phylloxéra qui a sévi en 1880. Sans cette famille présente depuis le XVe siècle et qui porte bien son nom, le beaujolais ne serait sans doute pas ce qu’il est devenu. Photos : Studio Pernod Ricard Bourgogne au Mâconnais, du Beaujolais aux côtes du (Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas), au Canada, Rhône ou de Provence, de l’Alsace au Pays de Loire. en Afrique et dans le Pacifique (Tahiti et NouvelleLa société s’intéresse à tous les vins : rouges, blancs et Calédonie), commente Frédéric Muguruza. Il reste un rosés, vins de pays ou appellations contrôlées avec, énorme marché dans lequel nous sommes quasiment inexistants : les États-Unis, qui constituent aujourd’hui notamment, les grands crus. « De plus en plus, nous privilégions les appellations pour nous une priorité. » L’appartenance à Pernod contrôlées, qui représentent 60 % de nos volumes, contre Ricard est, bien évidemment, un sérieux atout pour 20 % pour les vins de pays et 20 % pour les vins de conquérir des marchés. « La présence mondiale et la table », explique Frédéric Muguruza. Crus & volonté des filiales de vendre des produits du Groupe sont Domaines de France commercialise également la précieuses », ajoute-t-il. plupart des très grands crus classés de la « Le Japon est le premier Le rattachement au Groupe assure égaplace de Bordeaux, sans oublier le marché de Crus & Domaines lement une assise financière dans une Château Laroque, un saint-émilion de France, soit 40 à 50 % profession très liée aux aléas climatiques. grand cru classé, une exclusivité de la de son chiffre d’affaires. » « À la suite du millésime 1997, boudé par les acheteurs car trop cher, et du surstockage société. « Le Japon représente notre premier marché, avec 40 à 50 % de notre chiffre d’affaires, dans certaines régions, dont l’Asie, le négoce a chuté de précise Frédéric Muguruza. Cruse y bénéficie d’un 50 % en 1999 versus 1998, se souvient Frédéric excellent positionnement. Nous travaillons avec le deuxiè- Muguruza. Beaucoup de négociants se sont trouvés dans me importateur japonais et, bien évidemment, avec la une situation difficile, ce qui n’a pas été notre cas. » Une stabilité bien rassurante pour les propriétés auxfiliale du Groupe. » D’une manière générale, l’Asie reste le premier quelles Crus & Domaines de France achète son vin. ■ débouché de la société, qui y renforce peu à peu ses A.L. positions. « Nous sommes bien placés en Europe 32 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE [ la passion des grands vins ] CRUSE TRAVAILLE VICTOR BÉRARD, MAISON avec des châteaux et des domaines exclusifs. Fondée en 1819 par Herman Cruse, un Danois passionné de vins de Bordeaux, cette société sélectionne les meilleurs crus, suivant des critères très précis. DE NÉGOCE fondée Photos : Studio Pernod Ricard en Bourgogne, en 1857, a développé un style spécifique avec des vins du Mâconnais, des côtes du Rhône et du Beaujolais, remarquables par leur finesse et leur élégance. ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 33 Entreprendre en actions Warrants Pernod Ricard : et de cinq ! L A GAMME DES PRODUITS FINANCIERS P ERNOD RICARD S’EST ENRICHIE EN DÉBUT D’ANNÉE DE TROIS NOUVEAUX WARRANTS . Éric Lépine , RESPONSABLE DES VENTES DE PRODUITS DÉRIVÉS À LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE, EXPLIQUE LES AVANTAGES DE CEUX-CI . LE SUCCÈS REMPORTÉ DR PAR LES DEUX PREMIERS warrants a incité la Société Générale à en lancer trois autres en janvier. Qu’est-ce qu’un warrant ? Éric Lépine : C’est une valeur mobilière cotée en Bourse qui permet d’acquérir (ou de vendre) le titre d’une société à un prix déterminé au départ, et jusqu’à une date fixée. L’option d’achat (le warrant call) autorise, en d’autres termes, à payer 100 aujourd’hui ce qui peut valoir 120 ou 150 demain. Le put, autrement dit l’option de vente, autorise, lui, à céder 100 ce qui ne vaudra plus que 80. Le risque pris est alors limité au montant investi au départ. À la différence des bons de souscription d’actions, les warrants ne sont pas transformables en actions nouvelles. Leur principal avantage est de dynamiser un portefeuille grâce à l’effet de levier qu’ils produisent. En effet, lorsqu’une action gagne 10 %, le warrant qui lui est attaché effectue souvent un bond de 30 ou 50 %. Et inversement en cas de baisse. Existe-t-il des warrants Pernod Ricard ? É. L. : Oui, cinq au total. Le succès remporté par les deux précédentes émissions nous a incités à élargir la gamme. La Société Générale en a lancé trois nouveaux en janvier. Ce sont trois call qui donnent le droit d’acheter l’action Pernod Ricard à 60, 65 ou 75 euros, respectivement jusqu’aux mois de mars 2001, juin 2001 ou novembre 2001. 34 AVRIL 2000 - N° 37 ENTREPRENDRE Pourquoi la Société Générale a-t-elle lancé trois nouveaux warrants Pernod Ricard ? É. L. : Au départ, les warrants étaient des instruments réservés aux clients institutionnels. Depuis 1993, la Société Générale cote en continu en Bourse de Paris l’ensemble de ses warrants, ce qui rend le produit accessible à toutes les catégories d’investisseurs. En assurant ainsi la liquidité de ses produits, la banque est rapidement devenue leader sur ce marché avec, aujourd’hui, plus de six cents warrants cotés. Une offre qui s’étaye en permanence pour répondre à la demande des investisseurs particuliers. Quel avantage offrent ces warrants Pernod Ricard ? É. L. : L’intérêt est de bénéficier d’un effet de levier. Aujourd’hui, tous les actionnaires individuels recherchent, en effet, à dynamiser le rendement de leur portefeuille de titres. Les warrants répondent à cet objectif. La Société Générale propose ainsi à l’ensemble des actionnaires de Pernod Ricard de jouer la hausse de l’action avec un investissement réduit. Justement, quelle est votre recommandation pour le titre ? É. L. : Pernod Ricard est une valeur de fonds de portefeuille. Les analystes de la Société Générale ont une opinion d’achat sur le titre à un horizon de six mois à un an. De plus, la valeur a souffert en 1999. L’effet de rattrapage, qui pourrait se produire en 2000, est un élément extrêmement favorable pour l’action et, donc, pour les warrants call qui viennent d’être émis. ■ Propos recueillis par J.-M. C. [ K I O S Q U E ] Une question ? Ta p e z w w w. p e r n o d - r i c a r d . f r C OMPLÈTE , PRÉCISE , ACTUALISÉE : L’INFORMATION FINANCIÈRE DU SITE P ERNOD R ICARD SE VEUT EXEMPLAIRE . V OUS ÊTES PROFESSIONNEL ? V OUS ACCÉDEZ EN DEUX CLICS AU RAPPORT ANNUEL, AVEC PRÉSENTA TION DU BILAN ET DU COMPTE DE RÉSULTATS , AINSI QU ’ AUX GRAPHIQUES BOURSIERS , ET VOUS DISPOSEZ DE COMMUNIQUÉS FINANCIERS , DU CALEN DRIER DES ANNONCES , ETC . R IEN NE FAIT DÉFAUT. L’investisseur anglo-saxon – tapez pernod-ricard.com – est aussi bien traité que son homologue francophone – tapez www.pernod-ricard.fr. Et, last but not least, cela avec une souplesse de navigation, une douceur de palette graphique, une simplicité de configuration, qui faciliteront le travail de l’analyste pressé. on voit apparaître successivement les typologies de marques, illustrées par un produit emblématique, Ricard, les spiritueux anisés, les vins australiens, Jacob’s Creek, etc. Et l’actionnaire avisé ne manquera pas de s’inscrire sur la mailing list pour recevoir, via son ordinateur, des informations sur la vie du Groupe. Enfin, il pourra disposer de l’adresse des sites dans le monde et, une fois sur place, visiter les filiales du Groupe. Titre Pernod Ricard : ce qu’ils en pensent SG SECURITIES • Recommandation : achat • Commentaire : belle performance commerciale et scores supérieurs aux principaux concurrents. 14/02/2000 ABN AMRO • Recommandation : achat • Commentaire : malgré la déception liée à l’échec d’Orangina, le Groupe conserve sa capacité à acquérir des marques. Les fondamentaux restent excellents, le titre est déprécié. 02/12/1999 KBC SECURITIES • Recommandation : accumuler • Commentaire : après la perte de la dimension spéculative liée à Orangina, la valeur dispose, cependant, de solides fondamentaux. 25/11/1999 PARIBAS • Recommandation : achat • Commentaire : solidité L’étudiant surfant sur le Web à la L’actionnaire de Pernod Ricard peut lui aussi détailler chaque ligne comptable. Mieux, un espace lui est dévolu : des infos pratiques, un agenda, un organigramme en photos du conseil d’administration et même la cotation en direct du titre. Il aura, sans doute, lui aussi envie de se laisser guider vers ses marques préférées. Le site, en effet, séduit par une présentation vraiment inédite : en glissant simplement la souris (sans cliquer) sur le signal « la gamme », recherche de groupes dynamiques comprend d’emblée que le site Pernod Ricard le concerne : le mot « carrière » y figure dès la première page. Un clic, et les stages, les CSNE et les CDI s’offrent à lui, avec le contact dans les départements de ressources humaines des principales filiales du Groupe dans le monde ! Un petit conseil : l’historique de Pernod Ricard et, par exemple, la success story des marques pourront être consultés avec profit la veille d’un entretien d’embauche. ■ des fondamentaux intacte après la mauvaise nouvelle d’Orangina. 25/11/1999 CRÉDIT LYONNAIS SECURITIES • Recommandation : accumuler • Commentaire : à la suite de la publication du chiffre d’affaires 1999. 11/02/2000 GOLDMANN SACHS • Recommandation : super performance 11/02/2000 ENTREPRENDRE, le magazine des actionnaires du groupe Pernod Ricard. 142, bd Haussmann, 75379, Paris Cedex 08. Tél. : 01 40 76 77 78. Directeur de la publication : Alain-Serge Delaitte. Rédactrice en chef adjointe : Laure Beaumont. Service photo Pernod Ricard : Daniel Dewalle, Marc-André Desanges. Conception-réalisation : 9, rue du Helder, 75431 Paris Cedex 09. Chef d’édition : Marie-Odile Durrande. Direction artistique : Ralf Schwanen. Secrétaires de rédaction : Patrick Flouriot, Rachid Tarik. Maquettiste : Guylaine Dumesnil. ENTREPRENDRE N° 37 - AVRIL 2000 35 L’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é . C o n s o m m e z a v e c m o d é r a t i o n .