Gibraltar

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Gibraltar
LES AVENTURES MEDATLANTISTES DE PHILEAS ET DE SON EQUIPAGE
NEWSLETTER N° 3 BASCULE VERS L’OCEAN ATLANTIQUE
GIBRALTAR
CADIX
Christian et Jean-Pierre à Cadix
Christian et Brigitte à Cadix
Bonjour à tous,
Mercredi 26 octobre, 4 heures du matin, branle-bas. 4 heures et quart les aussières sont
larguées. Philéas quitte «océan village », la marina de Gibraltar en direction de Tarifa et louvoie entre
les cargos, tankers, méthaniers et autres géants des mers au mouillage au large de Gibraltar. Ces
énormes navires, même immobiles, restent impressionnants de par leurs silhouettes massives. La veille
est attentive. Deux éclats lumineux scintillent dans le 30° ; une bouée cardinale indiquant soit un haut
fond, soit une épave, attire mon attention. Peu à peu le courant se fait ressentir. En surface le loch
indique 5 nœuds alors que la vitesse de fonds atteint péniblement les 1,5 nœuds. La circulation de
l’eau en surface à travers le détroit de Gibraltar est le résultat d’une combinaison entre le courant
général et le courant de marée. Le 1 er dominant au moins 8 heures sur 12. Sa force varie entre 1 et 4
nœuds en fonction du vent. Surprise ! Les cartes des courants de marées consultées avant notre départ
s’avèrent non conformes à la réalité. PAS de courant nul à l’étale et pas de courant favorable dans les
heures qui suivent non plus. Les informations reportées sur les documents nautiques sont erronées. Le
même constat est fait par nos amis Medatlantistes ayant navigué dans la zone avant et après nous.
Données fantaisistes ou farce anglaise pour les marins français !... Le modus operandi était
certainement la lecture des cartes à l’envers !!!! Encore un coup de Trafalgar, consignes du viceamiral Nelson...
La «bascule » mer Méditerranée/océan Atlantique s’annonce laborieuse. La mer ne se laisse pas
dompter, le marin doit constamment composer avec les éléments et toujours rester humble. Philéas
affronte des courants proches de 4 nœuds ! Péniblement nous approchons du célèbre cap Trafalgar,
promontoire peu élevé qui constitue la limite nord-ouest du détroit de Gibraltar, dans l’océan
atlantique. La portée du phare, haut de 50 mètres, est de 22 mètres. Le cap est prolongé par une large
plate-forme côtière où des projets de parc éolien offshore ont été développés sans se concrétiser.
Pour le marin français, le cap de Trafalgar est bien davantage : il y a 2 siècles pratiquement jour
pour jour, la bataille de Trafalgar opposait le 21 octobre 1805 la flotte franco-espagnole sous les
ordres du vice-amiral Villeneuve et la flotte britannique commandée par le vice-amiral Nelson qui
remporta la victoire malgré une infériorité numérique des anglais. Les deux tiers des navires francoespagnols furent détruits et Napoléon dut renoncer à tout espoir de conquête du Royaume Uni. Marins
navigant devant le cap de Trafalgar souvenez-vous ! Le courant devant le cap s’intensifie comme pour
nous laisser le temps d’une commémoration.
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Nous n’avons cependant pas de temps à perdre ; un coup de vent est annoncé en soirée. Nous
espérons arriver à 19h00 à la marina d’El Puerto de Santa Maria. La visibilité est médiocre. Nous
approchons de Cadix. De nombreux hauts fonds nous contraignent à une navigation précise et soignée
en cap. Le capitaine étudie la carte et retransmet ces ordres :
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« 15° à droite »
« La barre est 15° à droite »
« bien »
La houle nous fait dériver de notre cap et oblige une perpétuelle correction. Au poste
d’observation avec les jumelles pendant plus d’une heure, je scrute les bouées signalant les dangers :
marques cardinales, d’eau saine et d’entrée de ports. Nous nous frayons un passage, laissant la tour
d’entrée du port de Cadix à bâbord. Nous embouquons le chenal donnant accès à El puerto de Santa
Maria. Nouvelle surprise, rien à voir avec un canal aux eaux bien tranquilles. Nous ne sommes
protégés ni du vent ni du courant. Le courant est plutôt fort et le passage étroit. Nous affalons les
voiles et faisons route au moteur. Par VHF, canal 9 je contacte le port. Nous ne nous comprenons pas :
ils ne parlent pas anglais (ni français) et mois pas espagnol (et non toujours pas, il va falloir s’y
mettre !!). Cependant, un « marinero » nous attend sur l’eau et nous indique un emplacement où nous
accostons après quelques frayeurs car nous sommes poussés par le vent et le courant. Philéas
handicapé par ses deux quilles est difficilement manœuvrant. Nous n’avons pas ni propulseur
d’étrave ni moteur super puissant pour faciliter les manouvres de port. Mais c’est sans compter sur
l’expérience du capitaine, maître de manœuvre professionnel pendant de nombreuses années !!!!
19h30 Philéas est accosté. L’équipage trempé et harassé range les extérieurs avant de mettre
pied à terre pour aller saluer les médatlantistes déjà arrivés.
Bientôt le vent forcit encore et nous nous félicitons d’être confortablement amarrés à quai.
Du 27 au 29 octobre nos journées sont consacrées, comme à chaque escale, à quelques travaux
de maintenance, à l’avitaillement et au tourisme bien entendu. Cette escale est de plus l’un des trois
lieux de rassemblement de notre rallye. La communauté de médatlantistes se retrouve pour des
moments festifs et pour le briefing avant le départ, chacun y allant de son RETEX.
Cadix est situé à 40 minutes en bus de notre marina. Il est également possible de s’y rendre par
navette maritime, mais un mouvement de grève nous interdit ce moyen pendant notre séjour.
Cadix est la capitale de la province de Cadix et appartient à la communauté autonome
d’Andalousie. C’est l’unique ville importante du golfe de Cadix dont la population diminue en raison
d’une forte émigration. Elle est l’une des plus anciennes villes d’Europe fondée sous le nom de Gadès
en 1104 avant J-C par les Phéniciens. Après la traversée de l’Atlantique de Christophe Colomb, les
navires espagnols en 1492 qui rapportaient les trésors des Amériques utilisèrent Cadix comme port de
rattachement et la ville devint une des plus riches villes d’Europe. Quand l’Espagne perdit ses colonies
en Amérique, au XIXème siècle la richesse de la ville commença à décliner. La visite de la ville offre
aux visiteurs de nombreux bâtiments ou monuments témoins de la période prospère de Cadix.
A Cadix
Cadix vue de la mer
Chez les fabricants de tabac
Cathédrale de Cadix
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El puerto de Santa Maria avec près de 22 km de côtes, se caractérise par ses 16 km de plages,
toutes de sable fin et plus de 3200 heures de soleil par an. 90 000 personnes y vivent à l’année. On les
appelle les Portuenses. La population locale augmente fortement en juillet-août grâce à son charme
typiquement andalou qui séduit les vacanciers. Beaucoup d’habitants de Madrid, Séville ou des grandes
villes d’Andalousie possèdent des résidences secondaires à El Puerto Santa Maria et ses alentours.
Place du taureau à El puerto de
Santa Maria
Cathédrale place d‘Espagne
Les cigognes ont quitté l’Alsace
L’escale touche à sa fin, il est temps de poursuivre notre route vers Les Canaries. La navigation
s’annonce difficile, fin octobre n’étant pas la période la plus propice à la navigation dans la zone.
A très bientôt
Votre reporter embarqué
Brigitte
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