L`AMENAGEMENT DU TERRITOIRE I) AMÉNAGER LE

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L`AMENAGEMENT DU TERRITOIRE I) AMÉNAGER LE
CHAP. 1 : LE TERRITOIRE FRANÇAIS ET SON AMENAGEMENT
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L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
I) AMÉNAGER LE TERRITOIRE : UN SOUCI DÉJÀ ANCIEN
A) LE CONSTAT DE DEPART :
LES DESEQUILIBRES DU TERRITOIRE FRANÇAIS
Les trois déséquilibres majeurs du territoire :
- Le déséquilibre Paris/province : Un Paris dynamique opposé à des provinces "endormies". La
région Île de France avec l’agglomération parisienne (10 millions d’hbts) apparaît comme l’espace
central. Paris et l’Île de France dominent dans tous les domaines :
* Population (18,7% de la population sur 2,2% territoire ; pas de ville importante à moins de
100 km) ;
* Richesse (28,7% de la richesse nationale) ;
* Rayonnement touristique (22% de la capacité hôtelière du pays) et culturel (théâtre,
journaux…)
* Paris, capitale politique.
- Le déséquilibre Est/Ouest : une France industrielle au NE opposée à une Frce agricole (une
France coupée en 2 le long d’une ligne Le Havre/Marseille) ;
- Le déséquilibre villes/campagne : Une France urbaine en plein essor (où la population urbaine est
majoritaire : 85% de la population française vit en ville, où l’on trouve la richesse et les services)
opposée à une France rurale en voie de désertification.
Face à ces inégalités, les pouvoirs politiques ont 2 solutions : soit les laisser se développer
librement, soit tenter, au nom de l’intérêt commun, de les diminuer. De ce constat émerge l'idée qu'il
faut aménager le territoire afin de mieux répartir les activités et les hommes sur le
territoire.
B) QUI GERE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ?
Le principal acteur de l'aménagement du territoire est l'État.
- En 1955 : il adopte les premières mesure pour (sic) « stimuler la mise en valeur des régions qui
souffrent de sous-emploi ou d’un développement économique insuffisant ».
- En 1963, il créé la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale)
dont le but est de coordonner toutes les mesures visant à réduire les déséquilibres.
Pendant les années de crise (à partir de 1973), l’État a commencé à s’effacer, car ses moyens
financiers ont diminué. Apparaissent alors des acteurs locaux, et notamment les régions.
En 1982 sont créées les 22 régions de France métropolitaine (+ 4 Outre-Mer = Guadeloupe,
Guyane, Martinique, Réunion). Une loi, la loi de décentralisation du 2 mars 1982 (loi Deferre, du
nom de celui qui l’a proposée au Parlement), donne des pouvoirs aux collectivités territoriales pour
aménager le territoire dans le cadre de contrats "État-Région" : c'est un partenariat. L’État
conserve son rôle de coordinateur , mais les décisions sont le résultats d’accords négociés avec les
collectivités territoriales.
Enfin, l’Union européenne a un rôle de plus en plus important : c’est devenu un acteur
incontournable de l’aménagement. Non seulement par le biais de certaines politiques communes
mises en place par les États membres (comme la Politique Agricole Commune qui a bouleversé le
paysage agricole français), mais surtout par la création en 1975 du FEDER (Fond Européen de
Développement Régional). L’Europe a sa propre politique régionale et actuellement les moyens
financiers du FEDER sont largement supérieurs à ceux de la DATAR.
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II) DES POLITIQUES D'AMÉNAGEMENT QUI EVOLUENT AVEC LE TEMPS
EXERCICE SUR LA LÉGENDE DE LA CARTE.
A) JUSQU'EN 1975
Dans les années 60, l’objectif est d’accompagner la croissance économique (période des
« Trente Glorieuses ») tout en corrigeant les inégalités de développement régional. Les premières
mesures d'aménagement du territoire visent en priorité à :
- freiner la croissance de Paris. Pour cela l'État met en place une politique de décentralisation
industrielle. Il s'agit de pousser les entreprises parisiennes à aller s'installer dans les régions les
moins industrialisées en les aidant financièrement.
Dans le même but, on a créé les métropoles d'équilibre (8 en 1958 : Nantes, Bordeaux, Toulouse,
Marseille, Lyon, Nancy, Strasbourg, Lille-Roubaix-Tourcoing + plus tard, Metz, Grenoble, St
Etienne, Aix.)
- moderniser le pays par une politique de grands travaux : création de grands ports industriels
(les ZIP comme Dunkerque, Fos s/ Mer), aménagements touristiques pour répondre aux exigences
du tourisme de masse naissant (littoraux Languedoc-Roussillon, stations de ski par le Plan Neige) et
mise en place du réseau autoroutier (1ère autoroute = Lille-Marseille en passant par Paris).
B) LES REAJUSTEMENTS RECENTS
Avec la crise économique qui touche la France en 1974, les objectifs changent : la nouvelle
priorité est de freiner le développement du chômage. La politique de déconcentration industrielle
est rendue inutile avec la montée du chômage.
Dans les années 70-80, il s’agit de combattre la crise. Les actions entreprises visent à répondre
à la crise par des actions à court terme :
- Les zones sinistrées (comme le Nord-Pas de Calais) sont transformées en pôles de reconversion :
Création de 15 pôles de reconversion en 1984, en priorité dans les bassins houillers et les villes
mono-industrielles.
- Le développement du chômage dans certaines banlieues conduit à mettre en place une politique
sociale des quartiers (DSQ = Développement Social des Quartiers) et à la création de zones
franches.
- Des aides sont attribuées pour former de la main-d'œuvre dans les nouvelles industries (qui
nécessitent l'utilisation des nouvelles technologies) et la création de technopôles (aussi
délocalisation des centres de recherches et des grandes écoles comme l’ENA qui quitte Paris
pour Strasbourg).
On cherche également à réhabiliter le cadre de vie et protéger l’environnement par une série
de mesures : parcs nationaux et régionaux (espaces + ou - vastes isolant et protégeant les curiosités
naturelles, la flore et la faune où les conditions d’habitation, de construction et de circulation sont
très réglementées et qui sont gérés soit par l’État soit par le département et la région), sauvegarde
du littoral…
Enfin, l’aménagement du territoire est dorénavant aussi pensé dans une nouvelle perspective
européenne
Dans le cadre de la construction de l'Union européenne, on va au-delà de l'aménagement du seul
territoire français. Dorénavant, les projets s'inscrivent dans un cadre européen : création
d'Eurorégions (comme l'Arc atlantique qui unit des régions des pays en bordure de l'Atlantique, des
Highlands écossais à l'Andalousie), grands travaux communs à plusieurs pays (Eurotunnel,
autoroutes traversant toute l'Europe comme pour les lignes TGV).
Des aides sont accordées par le FEDER afin d'aménager les régions les plus défavorisées.
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III) BILAN ET PERSPECTIVES
A) UN BILAN MITIGE
Le déséquilibre majeur entre Paris et la province non seulement persiste, mais s’est
même accentué : la capitale aencore accru ses fonctions de direction.
Cependant, la disparité Est/Ouest s’est atténuée : de nombreuses entreprises industrielles se sont
implantées dans le sud-ouest et l’ouest, alors que dans le même temps, le nord-est a vu son
développement industriel freiné (pertes des emplois).
Au crédit des politiques d’aménagement du territoire, on peut quand même saluer l’action de l’État
qui a permis un meilleur équipement et la modernisation du territoire (télécommunications,
transports, équipements sociaux). Mais les inégalités demeurent fortes à l’échelle locale : 500
cantons du rural profond et 500 quartiers de banlieues défavorisées sont en crise.
Mais, même ces succès ont des limites :
- La déconcentration industrielle a été un succès dans la mesure où les intérêts de l’État ont
convergé avec ceux des entreprises (les progrès de l’agriculture ont libéré une main-d’œuvre
nombreuse, peu qualifiée se situant dans des régions peu industrialisées). Les politiques
d’Aménagement du Territoire n’ont pas créé les investissements, mais les ont juste déplacés.
- Certaines inégalités nouvelles ont été créées par cette politique : la mise en place des réseaux de
transport à grande vitesse a privilégié les métropoles qu’ils desservent au détriment des espaces
intermédiaires (Avez-vous déjà vu un TGV en gare de Bergerac… ?)
B) UNE « RENAISSANCE » DE LA POLITIQUE D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ?
De nouvelles orientations émergent depuis la signature du traité de Maastricht :
- La DATAR a abandonné son obsession égalitaire et préconise maintenant de valoriser les atouts
que possède chaque région.
- Une loi d’orientation et de développement du territoire a été adoptée en 1994, qui tourne
autour de 3 idées principales :
* Le territoire constitue le fondement de l’aménagement, c’est-à- dire que les
activités doivent s’implanter là où l’environnement est favorable.
* Les politiques territoriales doivent être menées à plusieurs échelles = division du
territoire en 350 à 450 « pays » (= nouvelle circonscription correspondant à un espace cohérent
géographiquement, culturellement, économiquement et socialement). Il y a également une volonté de
développer les villes moyennes, en créant des « réseaux de villes » complémentaires (= des villes
moyennes mettant en commun des équipements lourds, genre aéroport, palais des congrès, ou en
développant leur complémentarité).
* Retour de l’État, avec une fonction d’arbitre entre les différents acteurs de
l’aménagement du territoire et notamment en utilisant la politique fiscale.