journal de janvier 2010 - Carrefour des solidarités

Transcription

journal de janvier 2010 - Carrefour des solidarités
Journal n° 104
Janvier 2010
Le petit journal des associations et institutions sociales, caritatives et humanitaires de la région dunkerquoise
Sommaire
Une lumière dans la nuit
Page 2
Conversation avec Didier et
Christian
« tels quels ! »
p. 3 et 4
Témoignage du cœur
Page 4
Priorités 2010
pour le Carrefour des
solidarités
Page 5
Au carrefour des solidarités Page 1
Connaître pour évaluer
Page 6
Etre citoyens, qu’est-ce
que ça veut dire ?
(suite et fin)
Page 7
Le conseil de
développement et les
migrants
Page 8
Une lumière dans la nuit
Un regard attentif et bienveillant croisé dans la rue. Le sentiment
d’être enfin écouté quelques instants par la personne bénévole ou par
le travailleur social. Le moment où l’avenir s’éclaire un peu parce
qu’on a trouvé à manger ou que la facture va être enfin payée. Le
gâteau d’anniversaire partagé avec simplicité autour d’une table, ce
qui ne vous était pas arrivé depuis plus de trente ans. Une adresse
enfin trouvée où son courrier pourra être envoyé. Un moment de
fraternité autour de la tombe de celui qui nous a quittés. Tous ceux
avec lesquels nous partageons un peu de leur galère nous disent que
ces moments sont « magiques ».
La plupart ne croient pas aux lendemains qui chantent. Mais ils
savent bien que cette « magie » n’est pas illusion. C’est celle de la
solidarité humaine. Ces « moments magiques » éclairent leur dure
marche quotidienne parce qu’ils sont bons à prendre. Parce qu’ils
redonnent un peu de l’espoir nécessaire pour vivre et mettre un pied
devant l’autre. Parce qu’ils donnent assez de chaleur pour attendre
voire provoquer le suivant.
Les associations caritatives et humanitaires, les centres communaux
d’action sociale, leurs partenaires du conseil général ou de la caisse
d’allocations familiales ne prétendent pas sauver le monde ni
supprimer la misère. Ils savent, avec modestie, que ce qu’ils
produisent, ce sont ces « moments magiques ».
Nous savons que souhaiter « bonne et heureuse année » comme
nous y invite la tradition ne serait ni juste, ni vrai. En revanche, aux
membres des associations et des centres communaux d’action sociale
ainsi qu’à nos partenaires nous leur souhaitons d’être créateurs de
tous les « moments magiques » qu’ils pourront. A ceux et celles que
nous accompagnons, nous souhaitons de connaître cette année le
plus de « moments magiques » possibles.
Vive la solidarité !
Le comité de rédaction
Echange des vœux au Carrefour des solidarités
Le jeudi 7 janvier, à partir de 17 h 30
Au carrefour des solidarités Page 2
Conversation avec David et Christian
« tels quels ! »
David est arrivé le premier. Depuis le temps qu’il avait souhaité cette
rencontre, il n’était pas question pour lui de la rater. Christian, en grand
seigneur, connaissait déjà la chose. Nous avions déjà conversé ensemble (cf
journal n° 72 de mars 2007). Et puis, c’était le matin et il avait besoin de se
requinquer un peu…
En l’attendant, David nous a confié : « Cela fait peu de temps qu’on fait la
route ensemble. Quatre ans environ. S’il ne m’avait pas fait connaître les
trucs à chercher quand on vit dans la rue, je serais pas là. Les bonnes
adresses, les poubelles où on peut récupérer des choses intéressantes, là où
on peut récupérer de la nourriture, là où on peut dormir sans trop craindre,
etc. La dernière fois, on a pu récupérer trois beefsteaks. On est allé voir une
copine avec et on les a mangés ensemble. Pour moi, Christian, c’est un père
comme j’ai jamais eu. Avant, je dormais tout seul au parvis de l’église Saint
Martin. J’allais jouer aux cartes à l’Armée du Salut. Mais c’était dur. Plusieurs
fois, j’ai failli ne pas aller plus loin. Aujourd’hui, c’est différent. Avec
Christian, s’il ne me voit pas, il me cherche. Il me protège. Aujourd’hui ou
demain, s’il meurt, je péterai un câble.
J’ai un frère à Paris. Il est logé par le SAMU social. Il a deux ans et demi de
plus que moi. On s’est pas vu depuis six ans. J’aimerais bien aller le voir. Je
lui ai écrit. Mais s’il n’est pas là, je ne vais pas y aller. »
« Quand on aime, c’est pas un problème.
C’est pas un dilemme.
Il est tel quel ! »
C’est Christian qui vient d’arriver, le dernier poème qui tourne dans sa tête à
la bouche. On lui fait un résumé du début de la conversation.
« Tu pourrais être mon fils », rétorque Christian, « mais tu n’es pas mon fils.
Tu es comme mon fils.
Tu es tel quel
Pas irréel
Tel quel !
Aimer. Faut savoir aimer. Nous, on est dehors. Notre vie c’est ça. On ne peut
rien y faire. Quand on vit dehors, on est heureux. On n’est pas malheureux.
Ma vie à moi, c’est lui. »
« C’est quand même pas évident », relance David. « Pour les autres dans la
rue, pas tous heureusement, je ne suis rien. Tu te demandes ce qui peut
arriver demain. Quand on vient ici, au moins on est quelqu’un.»
« Je suis âgé. J’ai plus vingt ans. Tu es là maintenant. C’est bien. Si t’étais
pas là, je serais mort. T’es ma vie. Maintenant j’existe parce que je sers à
quelque chose. »
« Tout remonte le soir. L’enfance que j’ai eue. Un père qui n’était pas un
père. Le foyer, dès l’âge de cinq ans. Ma marraine que j’espère bien revoir.
Moi, je me trouve pas beau. »
« Arrêtes ! Rigoles pas ! Laisses tomber tout ça ! Tu m’as dit tout ce qui
t’était arrivé. Tu te répares. Il était plus dans sa peau. En parler… Y en a
marre ! Faut le comprendre ! Moi aussi, je pleure le soir, parce que la vie
qu’il a menée, je l’ai vécue aussi. »
Au carrefour des solidarités Page 3
Cela faisait plusieurs
mois que David et
Christian nous avaient
proposé une rencontre
pour parler et écrire.
Quelques rendez-vous
manqués. Et puis nous
nous sommes retrouvés
autour de la table, rue
de l’écluse de Bergues.
Ils vivent la rue. C’est
rude et dur souvent.
Mais ce n’était pas cela
l’essentiel. Ce dont ils
voulaient témoigner,
c’est de ce lien
mystérieux qui les unit
comme un père et un
fils.
Conversation avec David et Christian : « tels quels ! » (suite)
« Je ne mérite pas de vivre ! »
« Arrête ! T’es pas con. Tu n’es pas détruit. Il est intelligent, tu sais. Il a de la
mémoire. »
« Christian et moi, on a une force ensemble que je ne peux pas expliquer. Ça fait
que j’me bagarre et que j’ai envie de montrer aux gens ce dont je suis capable.
Je ne lâche pas. »
« Quand on aime
C’est pas un dilemme
C’est tel quel ! »
Témoignage du coeur
Au cours d’un échange organisé par la société Saint Vincent de Paul, Aurélie a donné son témoignage et a
bien voulu nous le transcrire. Merci à elle. Beaucoup de ceux et celles qui vivent durement les effets de la
crise, de bénévoles et d’associations s’y reconnaîtront.
« La crise financière et économique nous touche tous de plein fouet. Personnes
modestes, aux faibles revenus, nous sommes les premiers à pâtir des
conséquences de cette crise. Oui, les pauvres sont de plus en plus pauvres, c’est
une réalité. Les situations de précarité quotidienne se renforcent et prennent
chaque jour une plus grande place dans nos vies : faut-il payer les factures et
charges courantes ou faut-il acheter de quoi nourrir nos enfants ? Bien
heureusement, certaines personnes nous tendent la main. C’est le cas de
l’association, qui nous offre bien plus qu’une aide alimentaire. Les bénévoles de
cette association nous accompagnent dans beaucoup de situations quelles soient
difficiles ou qu’il s’agisse d’évènements heureux. L’association nous ouvre ses
portes non seulement pour nous aider à préserver nos familles de la crise mais le
fait avec beaucoup de « cœur », prend en compte les différences et les histoires
de chacun d’entre nous. La précarité, le manque de moyens financiers nous
permet pourtant d’apprécier la solidarité, et nous laisse appréhender les
richesses de la misère, pour estimer d’autant plus ceux qui nous tendent la main.
Merci encore à l’association. »
Pensée du mois
Je dis “aime”,
“aime”, comme un emblème,
la haine, je la jette.
Andrée Chedid
Parole de la chanson de Mathieu Chedid Je dis “aime”
Au carrefour des solidarités Page 4
Priorités 2010 pour le Carrefour des solidarités
Première évidence : la continuité avec les Assises de la solidarité. Nous
avons fourni à leur occasion un grand effort de réflexion commune et nous avons
réussi à dégager des priorités. Nous n’avons aujourd’hui aucune raison
particulière de les remettre en cause. Elles ont déjà guidé notre travail. Il est
donc pertinent de ne pas nous en éloigner.
Le débat du conseil d’administration s’est surtout focalisé ensuite sur l’ensemble
de ce que nous avions réuni sous le thème « questions de survie » : aide
alimentaire, aide pour éviter les coupures d’eau ou d’électricité, prévention des
dettes, etc. Certaines associations se posent aujourd’hui des questions sur la
continuité de leurs interventions faute des moyens matériels et financiers.
D’autres se posent des questions de méthode. En revanche, la question
lancinante pour tous demeure : « qu’est-ce qui permet aux personnes d’avancer
réellement ? »
Sur ces différents terrains, les associations savent d’expérience que la plupart
des problèmes dépassent leur compétence immédiate. Ces problèmes de
« survie », s’inscrivent en effet dans un contexte qui nous dépasse. Dans nos
échanges ont été évoqués : la nécessité d’un emploi pour chacun, l’importance
du comportement des personnes, des parents, le poids économique de
l’allongement de la durée de la vie, etc. La tentation est grande de baisser les
bras de se sentir dépassés, d’où l’importance d’en rester à l’esprit des Assises :
rechercher et mettre en œuvre des solutions localement à notre portée.
Il y a eu consensus entre les membres présents sur la nécessité de
coordonner les actions des pouvoirs publics, des institutionnels et des
associations. Mais tout le monde ne semble pas donner le même contenu au
mot de « coordination ». C’est ainsi que s’agissant de l’aide alimentaire on a pu
se demander si, pour certains, cela passerait, par exemple, par un « service
unique » local. D’autres ont, au contraire, plaidé pour la nécessaire diversité des
services. D’autres encore ont rappelé l’autonomie des municipalités en terme de
politique sociale. Reste cependant un consensus sur la nécessité d’une action
concertée, d’une reconnaissance mutuelle entre les structures et leurs acteurs,
les bénévoles, les salariés. Dans ce contexte, la priorité du Carrefour, n’est-elle
pas de trouver une juste place dans ces actions de « coordination », dans le
cadre de nos statuts et les limites de nos moyens : favoriser la concertation
entre les différentes structures, plus que d’être les initiateurs, le garant des
bonnes solutions ; faire confiance aux structures pour trouver, à travers le
dialogue, les bonnes solutions.
Si la diversité des approches et des réponses est souvent la condition de
s’adapter à celle des demandes, une trop grande différence entre les membres
peut présenter de réelles difficultés. La recherche d’une communauté de vue et
de projet entre une association de moyenne grandeur et les associations les plus
importantes en structures ou encore le Centres Communaux d’Action Sociale est
parfois difficile. Nous avons donc à veiller particulièrement sur la cohésion de
notre réseau.
Au carrefour des solidarités Page 5
Une grande partie de
notre dernier conseil
d’administration a été
consacrée à une
discussion ouverte
entre ses membres
sur les priorités à
donner à notre
association commune.
En voici les principaux
éléments qui
préfigurent sans
aucun doute notre
future assemblée
générale.
Connaître pour évaluer
Le thème de la rencontre des présidents du 19 novembre dernier était : « Connaître les besoins et les
attentes des usagers, évaluer les services rendus ». La proposition était de partager nos expériences
concernant les modalités et méthodes que nous mettions en œuvre ou que nous envisagions, plutôt que les
informations recueillies et l’usage que nous en avions fait. Ce riche débat entre responsables d’associations
et structures, a permis de dégager plusieurs points de consensus.
Ecouter pour connaître
D’abord pour connaître « les besoins des usagers »,
il faut « connaître les gens », aller à leur rencontre,
dans leurs lieux de vie familiers, ou dans toute
autre circonstance, fêtes ou réunions, au besoin en
les suscitant. En somme, faire des choses
ensemble. Il s’agit là d’un double déplacement,
physique d’abord, mais également intellectuel ou
spirituel pour comprendre leurs problèmes, leur
vision de la vie, leurs perspectives. Sans juger.
Cela relève de l’écoute. Ecoute individuelle, que
l’on n’a jamais fini d’éduquer pour qu’elle soit
toujours plus attentive, patiente, faite de
bienveillance, exempte de jugements. Mais aussi
écoute collective pour repérer ensemble les
attentes et besoins collectifs, évaluer les dispositifs
existants.
Analyser les problèmes collectifs,
une autre paire de manche
Il est apparu à travers nos échanges que « les
bénévoles et les salariés sont plus habitués à
l’écoute individuelle qu’à faire une analyse
collective ». Repérer des besoins, des attentes,
c’est en effet dans la perspective de trouver
ensemble des solutions. Le constat a été fait que
dans les rencontres organisées dans ce but – et il y
en a beaucoup - on observait une assez bonne
participation en termes de nombre et diversité des
participants, lorsqu’il s’agissait de repérer les
besoins, et une participation sensiblement plus
faible lorsqu’il s’agissait de bâtir des projets ou de
proposer des solutions.
Ne s’agit-il pas en fait d’une situation plus
générale ? Chacun de nous fait l’expérience qu’il lui
est plus facile d’exprimer ses besoins, ses
insatisfactions que d’imaginer, voire de comprendre
les nécessités, la complexité des solutions destinées
au plus grand nombre ou qui relèvent de l’intérêt
général.
Ainsi dans l’aide alimentaire, nous sommes passés
progressivement d’organisations locales - tant pour
les besoins à satisfaire que pour les modalités de
mise en œuvre des aides, faisant souvent appel au
seul bénévolat - à des structures et modalités plus
larges, plus complexes. L’Europe, l’état, les
institutions ne sont-ils pas devenus des acteurs
incontournables en ce qui concerne les ressources
financières et alimentaires, leur gestion, et les
modalités de distribution ? On comprend bien que
souvent les solutions appropriées ne relèvent plus
de la seule compétence des bénévoles.
L’urgence, et après ?
Autre difficulté repérée, les besoins exprimés dans
le domaine de l’aide sociale, le sont souvent dans
l’urgence et n’expriment qu’un des aspects des
difficultés auxquelles la personne est confrontée. Il
faut du temps, des circonstances et des
organisations appropriées pour aller au-delà de
l’urgence de la vie quotidienne et donner à la
personne qui le souhaite l’occasion d’exprimer les
autres problèmes auxquels elle est confrontée.
C’est ainsi que, au-delà d’un besoin exprimé dans
l’urgence, l’aide alimentaire ou la coupure d’eau par
exemple, on découvre d’autres attentes du chef de
famille et qui concernent l’emploi, le logement, la
santé, les loisirs, les vacances, etc. Il faut alors
mettre en jeu d’autres compétences pour aider la
personne à avancer dans toutes ses dimensions
humaines.
Le rôle du Carrefour des solidarités
« Evaluer les services rendus », cela a été l’occasion
de préciser les attentes des associations et
membres du « Carrefour des solidarités » par
rapport à celui-ci.
Faire mieux connaître le « Carrefour », dont le nom
désigne à la fois l’ensemble des structures et
associations qui composent le réseau, et la « tête »
du réseau : ses finalités et ses modes de
fonctionnement, son domaine de compétence.
Faire mieux connaître les compétences, les
modalités d’action, les spécificités de chacun des
membres du Carrefour ;
faciliter, organiser le
dialogue entre ceux-ci pour que chacun bénéficie au
mieux des ressources du réseau.
Organiser des partenariats élargis vers des
structures complémentaires mais qui n’ont pas
nécessairement vocation à faire partie du réseau.
En conclusion un débat qui a mis l’accent sur
l’importance - la nécessaire participation - chacun à
son niveau, et dans des structures appropriées de
tous les acteurs individuels ou collectifs de l’action
sociale
et l’intérêt de poursuivre ces partages
d’expérience.
Au carrefour des solidarités Page 6
Pierre Mulliez
Etre Citoyens, qu’est-ce que ça veut dire ?
(suite et fin)
L’institution garante du citoyen comme sujet de droit est, à l’échelle d’un Etat, la
justice. C’est le juge aux affaires familiales qui, dans le cas d’un divorce, est garant du
droit des enfants, par exemple. On pourrait l’indiquer de la même façon dans chacun
des domaines où s’exerce la justice.
Mais, dans cet aspect de la citoyenneté, plusieurs difficultés se présentent aujourd’hui.
La principale est qu’aucun citoyen n’est sensé ignorer la loi, c'est-à-dire ses propres
droits et les droits des autres. Or ce citoyen là n’a reçu aucune formation en la matière
et doit les apprendre à l’expérience. Plutôt que d’apprendre où sont placées les bornes,
il faut le plus souvent les dépasser pour savoir où elles se trouvent.
La deuxième est, qu’à certaines échelles géographiques, il n’y a pas d’instances
judiciaires. Par exemple, alors que les municipalités émettent des règles pour les
citoyens de leur commune, il n’existe aucune instance, sauf nationale et donc générale
et donc lointaine, en matière de justice locale. Il en est de même pour les organisations
associatives. Combien d’associations ont prévu dans leur règlement intérieur de créer
les instances de régulation des conflits ? Et quand elles existent, comment les fontelles vivre et combien de membres les connaissent ?
Des liens de fraternité
La citoyenneté n’est pas qu’affaire de parole, de pouvoir et de droit. Elle est aussi
sentimentale. On ne peut pas écouter avec intérêt le témoignage de la vie des autres,
débattre avec eux, rechercher les bonnes règles pour chacun sans que se développe en
même temps un lien fort de communauté d’appartenance, quelque chose comme un
sentiment d’identité commune. Le citoyen est embarqué dans le même bateau que les
autres, dans la même aventure. C’est bien de cette réalité que naissent les différentes
solidarités que chacun des citoyens développe à l’égard des autres.
Parfois cependant, il faut s’y reprendre à plusieurs fois. Dans notre société de plus en
plus complexe, les liens de fraternité et donc de solidarité sont multiples, voire
emmêlés. De sa famille, du milieu social et culturel, de son atelier ou de sa boîte, de
son village ou de sa région, de son pays ou de l’Europe, de son réseau de copains ou
de son parti politique, de son équipe de sport ou de son association, de quoi est-on
citoyen ? De tous, sans doute. Mais est-ce de la même façon ? Est-ce avec la même
importance ? Chacun le fait. Mais sur quels critères ? La proximité ? L’importance de
l’enjeu ? Le plaisir éprouvé ? La capacité d’entraînement du groupe ?
Mais, parce qu’elle est affaire d’émotions et de sentiments, de chaleur et de partage
fusionnel, cette composante de la citoyenneté a ses propres difficultés. Pas
d’apprentissage sans sentiment de sécurité donné par la chaleur et la compréhension
de ceux qui vous entourent. Pas de réforme possible sans le sentiment partagé qu’elle
concerne l’intérêt de tous et donc sans justice. Mais en même temps, c’est en maniant
l’émotion ou la crainte qui n’est qu’une forme négative de l’émotion, que les
mouvements totalitaires ont assuré leur pouvoir. Nos médias de masse, en particulier
la télévision, manient chaque jour l’émotion. Les hommes et les femmes de pouvoir
sont passés maîtres dans le maniement de cette émotion. Sur quoi jouent les
associations caritatives et humanitaires quand elles font appel au public sinon avant
tout sur l’émotion ?
Au fond, c’est quand la citoyenneté ne prend qu’une partie d’elle-même et non la
totalité de ce qu’elle est que les problèmes se développent et qu’on risque de la perdre.
C’est quand la fraternité émotionnelle oublie de débattre et de confronter les points de
vue qu’elle risque de se changer en haine des autres et de déclencher des guerres.
C’est quand la justice, la police et le respect du droit oublient qu’elles ont à faire avec
des hommes, des femmes et des enfants qui sont frères qu’elles dérapent. C’est quand
les détenteurs de pouvoir n’acceptent pas la limitation de leur puissance par le débat et
le respect du droit des minorités qu’ils deviennent totalitaires. C’est quand les citoyens
eux-mêmes oublient ce qu’ils sont et leur propre pouvoir qu’une société démocratique
déraille.
Etre citoyen, c’est avoir la parole, exercer son pouvoir, être sujet de droit et
développer une fraternité. C’est cela et en totalité.
Au carrefour des solidarités Page 7
Avoir la parole,
exercer le
pouvoir de
décision, être
sujet de droit,
entretenir avec
les autres
citoyens des
liens de
fraternité, telles
sont les
propositions
formulées dans
ses
interventions
par Jean-Marie
Gueuret auprès
d’étudiants de
1° année. Il finit
aujourd’hui sur
le citoyen
comme sujet de
droit et sur les
liens de
fraternité que
tisse la
citoyenneté.
Le conseil de développement durable planche sur
l’accueil des migrants de passage
Après avoir
travaillé en
commission
avec les
associations
concernées, le
conseil de
développement
se prononcera
en séance
plénière, à la mi
janvier, sur un
avis qu’il
donnera au
Président de la
Communauté
Urbaine de
Dunkerque et,
par son
intermédiaire,
aux Maires des
communes de
notre
agglomération.
Ce fut l’une des premières conclusions des Assises de la solidarité : émettre une série
de propositions aux responsables locaux concernant l’accueil des migrants de
passage sur notre territoire. Le Conseil de développement durable, comme il en a le
droit, s’est autosaisi de cette question assurant ainsi une des suites concrètes des
Assises.
Depuis lors, deux réunions de travail se sont déroulées en commission, dans le
courant du dernier trimestre 2009. Ces réunions ont regroupé près d’une trentaine
de participants. Comme elle en a la possibilité, la commission s’est ouverte pour
l’occasion à un certain nombre de représentants des associations qui sont au contact
direct des personnes migrantes et qui assurent régulièrement auprès d’eux une
présence humanitaire. C’est ainsi que, par exemple, des membres de Salam, de
Médecins du monde, du M.R.AP., de l’AFEJI, de la Ligue des droits de l’homme, du
Carrefour des solidarités ou de la Permanence d’accès aux soins de santé du Centre
Hospitalier de Dunkerque ont pu faire un état des lieux locaux de la situation,
proposer un certain nombre de préconisations et répondre aux questions de tous les
participants.
Les propositions d’avis formulées par cette commission seront soumises au vote de
l’assemblée plénière du mardi 19 janvier prochain. Même si les conseillers sont seuls
susceptibles de prendre la parole, cette séance est publique et se tient dans le grand
amphi de la Communauté urbaine. Ces avis porteront en particulier sur les conditions
concrètes d’accueil, l’organisation des soins, le financement de l’intervention
humanitaire, l’information du grand public ou sur les interpellations des différentes
autorités autres que locales.
Agenda
Jeudi 7 janvier
Vœux du Carrefour des solidarités
A 17 h 30
au 15 rue de l’écluse de Bergues à Dunkerque
Vendredi 8 janvier
Formation micro crédit social
de 9h à 12h et de 14h à 16h30
au Carrefour des solidarités à Dunkerque
Jeudi 14 janvier
Commission Urgence
de 16 h à 18 h
au Carrefour des solidarités à Dunkerque
Vendredi 15 janvier
Atelier santé : les maladies contagieuses
« la galle, les hépatites A, B, C, la tuberculose »
de 14h à 16h
au Service de Prévention Santé
4 rue Monseigneur Marquis à Dunkerque
Vendredi 22 janvier
Commission d’aide alimentaire
à 15 h
au Carrefour des solidarités à Dunkerque
Au carrefour des solidarités Page 8
Comité de rédaction
J.P. Besson, J. Bot, T. Caulier, I. Damiani,
JM Gueuret, P. Mulliez, V. Procko, S.
Tant, S. Thomas, B. Turicki, M.
Vanmerris.
15 rue de l’Ecluse de Bergues, 59140
Dunkerque - tél 03 28 63 70 40
- fax 03 28 63 70 60
mail. [email protected]
site : www.carrefourdessolidarites.org