Réflexions sur la comptine et le dénombrement Dénombrer consiste
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Réflexions sur la comptine et le dénombrement Dénombrer consiste
Réflexions sur la comptine et le dénombrement Dénombrer consiste à déterminer le nombre d’élément d’une collection. On veut ainsi associé une quantité d’objets à un nombre. Cela suppose que chaque nombre correspond à une et une seule « quantité », et vice versa. Part le dénombrement, on établit donc une correspondance « terme à terme » (un pour un) entre nombre et quantité. Pour dénombrer une collection d’objets (quelle qu’en soit la nature) il faut donc : - Poser que la nature des objets à compter n’a pas d’importance - Poser que la disposition des objets n’a pas d’importance, ni l’ordre dans lequel on les comptes - Se donner pour règle que tous les éléments doivent être considérés une et une seule fois. Pour procéder à un dénombrement, plusieurs stratégies sont possibles. Celle que les enfants apprennent probablement la première est la « reconnaissance globale ». Visuellement ou par le toucher, par le bruit (et ainsi de suite), une quantité est immédiatement associée à un nombre. C’est une stratégie très efficace pour les nombres, les quantités et les configurations familières. Si on prend le nombre 5, des exemples seraient : - Une disposition comme les points sur un dé - Une main avec tous ces doigts tendus - Un son rythmé en 3 temps serrés, une brève pause, puis deux temps - Avoir deux objets dans chaque main et un de plus fois un doigt, je peux constater que sommes bel et bien 5! On remarque que s’établie ici une nouvelle correspondance terme à terme différente de l’association unique entre nombre et quantité. On va ici faire correspondre chaque élément d’un ensemble à un et un seul élément de l’autre ensemble. En pratique, pouvoir faire cela peut demander divers habiletés selon la situation. Par exemple, dénombrer des objets qui sont ou ne sont pas manipulables, dont on voit ou non l’ensemble, ou dont peut ou ne peut pas toucher chaque élément rend possible des stratégies différentes (déplacement d’objets, suivi de trajectoires, etc.), et présente donc des défis qui ne sont pas les mêmes. Une troisième approche (ou pourrait en imaginer d’autres), plus flexible, demande une organisation plus complexe : c’est le « comptage ». Ce qu’on fait alors, c’est d’utiliser la suite ordonnée des nombres (1, 2, 3…, qu’on appelle souvent la comptine numérique) pour déterminer la quantité. Le principe n’en n’est pas si simple qu’il parait. Pour dénombrer les éléments d’une collection par comptage il faut, en particulier : - pouvoir réciter la comptine numérique dans l’ordre - pouvoir associer à chaque élément de l’ensemble un (et un seul) mot-nombre de la comptine récitée dans l’ordre - comprendre que le dernier mot-nombre prononcé représente à lui seul la quantité de tous les objets En d’autre mots, l’activité de dénombrement suppose que l’enfant (a) Récite une série ordonnée de dénominations verbales des quantités, les « motsnombres » ; (b) Considère un à un les objets qu’il dénombre sans en oublier et en n’en comptant aucun deux fois ; et (c) Associe chaque quantité dénombrée au mot-nombre qui lui correspond. Une seconde approche pourrait être le dénombrement par « comparaison ». Si on dispose d’une ou de plusieurs collections dont on connait le nombre, on pourra vérifier la quantité d’une autre collection. Les doigts de la main sont un bel exemple d’une collection dont on connait le nombre, et qui permet facilement de savoir si une autre collection comporte 5 éléments sans nécessairement faire appel à la reconnaissance globale, par exemple : si je nomme les membres de ma famille en levant chaque On remarque que dans le comptage on utilise aussi une seconde correspondance terme à terme : entre les objets comptés et les mots-nombre de la suite (toujours différente du fait d’associer une quantité à un nombre). Pour cette raison, il peut être difficile de faire associer le dernier mot-nombre prononcé à la quantité de tous les objets. Ce sont les aspects ordinal et cardinal du nombre qui entrent en jeu. etc. On peut également faire compter des collections puis utiliser différentes représentations des nombres, tels les décompositions: « 1, 2, 3, 4… Trois et un ça fait quatre! ». Pouvoir associer à chaque élément de l’ensemble un et un seul mot-nombre demande aussi divers habiletés en fonction de la situation. Par D’autre part, la construction de la chaîne numérique exemple, pouvoir faire appel à des réorganisations s’élabore en deux phases qui sont quasi simultanées : (déplacer, faire des tas, des configurations, etc.) ne sera pas possible avec des objets dessinés. - la construction d’une suite conventionnelle, ordonnée et stable de mots – nombres ; Dans tous les cas, on note aussi que c’est une tâche - la mise en relation de chacun des mots – différente, mais évidemment connexe, de former une nombres avec une et une seule quantité. collection (de quantité donnée) et d’en dénombrer La chaîne numérique pour la numération élémentaire une. Faire ou observer des transformations (par se construit entre 3 et 6 ans. Très tôt, les enfants exemple ajout ou retrait d’un élément) sont aussi des comprennent qu’il existe des mots pour désigner des activités différentes. L’apprentissage de la comptine quantités et d’autres mots qui ne permettent pas de numérique et son utilisation pour dénombrer peuvent désigner des quantités. La construction de la chaîne également se présenter comme deux choses bien numérique peut se décomposer en trois parties : distinctes. Enfin, il est très fréquent de voir - partie I : connaissance des mots, mais récitation apparaître des difficultés dans différents domaines ni stable, ni conventionnelle car elle varie d’un numériques : un enfant peut très bien dénombrer des comptage à l’autre chez un même enfant ; quantités inférieure à 10, puis s’embrouiller au-delà, - partie II : stable, car l’enfant la reprend à chaque puis maîtriser les transformations jusqu’à 20 mais ne comptage, mais non conventionnelle car pas pouvoir d’emblée ce qui se passe ensuite, et l’enfant ne respecte pas l’ordre de la chaîne savoir compter jusqu’à 100 et ne pas réussir à numérique et/ou oublie des éléments et/ou utilise des mots qui ne sont pas des ‘mots – continuer à partir de 101. nombres’ ; - partie III : stable et conventionnelle car l’enfant Ainsi, un élément important apparaît : l’effet de la reprend à chaque comptage et elle correspond contexte. La chaîne numérique de l’enfant observé à l’ordre de la chaîne numérique. On parle alors varie en fonction du contexte dans lequel il se « d’ordre stable » dans la comptine numérique. trouve : scolaire ou non scolaire. Sur le plan En fait, l’acquisition de la chaîne numérique pédagogique, il est évidemment souhaitable de varier commence dès l’âge de 2 ans et s’achève les types de dénombrement. Les activités mises en généralement en fin de première année de scolarité à place doivent être signifiantes pour les élèves : il l’école primaire. La durée et la forme des s'agit de mettre en place des problèmes ayant du sens constructions de la chaîne numérique est cependant pour les élèves et les amenant à comprendre que les très variable d’un enfant à l’autre, et varie aussi nombres sont intéressants, utiles, amusants... fréquemment chez un même enfant. Une synthèse de travaux sur l’acquisition de la Des activités permettant de faire le lien entre aspect chaîne numérique et de ses propriétés est disponible cardinal et ordinal pourront, par exemple, faire appel dans l’ouvrage: Fayol, M., (1990). L’enfant et le nombre. au calendrier, à une droite numérique, à la mesure, Neuchâtel : Delachaux et Niestlé.