Impacts sur la protection social et de soins de santé
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Impacts sur la protection social et de soins de santé
Impacts sur la protection social et de soins de santé: Des défis récents en Europe et une position syndicale en faveur de soins de qualité et d’une protection sociale universelle Depuis 2009, l’Europe est en proie à une grave crise économique. L’UE et les gouvernements nationaux (membres de l’UE, mais également non-membres), en plus des autorités régionales et locales, se sont mis à adopter des mesures d’austérité tous azimuts, au motif qu’elles seraient indispensables pour “dépenser plus efficacement les deniers publics”. et d’assurance maladie et de soins à la disposition de ceux qui peuvent se permettre de payer un “prix élevé” pour les services de qualité dont ils ont besoin, et au bas de l’échelle, la vaste majorité de ceux qui, le plus souvent, doivent se contenter de soins de qualité inférieure et de systèmes de protection sociale au rabais, qui répondent de moins en moins à leurs besoins. Dans les faits, ces mesures revêtent cependant souvent la forme de coupes sombres dans le financement, et entraînent de lourdes conséquences sur les régimes de protection sociale et sur l’accès des citoyens aux services de soins de santé et aux services sociaux, notamment dans le secteur des soins à long terme pour les personnes âgées et de l’aide à l’enfance. Au nom de la “rentabilité” et de l’austérité, les régimes de protection sociale condamnent irrémédiablement une part croissante de la population à la pauvreté et l’exclusion sociale. Ces mesures d’austérité sont l’écho, sur le plan européen et national, de nombreuses politiques qui reposent clairement sur un programme néo-libéral axé sur une logique de “rentabilité à tout prix” et sur la commercialisation des programmes de soins de santé publique et de protection sociale. La privatisation accélérée des infrastructures de soins (hôpitaux, soins dans les homes pour personnes âgées et prise en charge des enfants) dans tous les pays européens est l’un des volets les plus visibles de ces politiques. Cette tendance a pour résultat un système de protection sociale et de soins de santé à deux vitesses: en haut de l’échelle, de coûteux services privés d’assurance sociale Dans toute l’Europe, ces tendances inquiètent vivement les syndicats actifs dans la protection sociale et les soins, qui dénoncent à l’unanimité les mesures d’austérité dévastatrices et les règles européennes pernicieuses adoptées sans tenir compte des dégâts irréparables qu’elles provoquent dans les systèmes de protection sociale et de soins de santé, et en dépit des conséquences dévastatrices qu’elles entraînent pour les citoyens et les travailleurs. Les syndicats se prononcent pour une Europe véritablement démocratique, qui soit en faveur de système de protection sociale durables et de l’accès universel à la protection sociale et aux soins de santé de haut niveau pour tous les citoyens. Cette Europe n’est manifestement pas celle de Maastricht. UNI europa • Rue Joseph II 40 • 1000 Bruxelles • Belgium www.uni-europa.org 1 Des mesures d’austérité dévastatrices et des règles européennes pernicieuses L’IMPACT ETUDES DE CAS DES PAYS BELGIQUE Suite à l’adoption de mesures d’austérité, on a assisté à une réduction radicale des allocations chômage et à une diminution du financement du système de soins de santé publique en Belgique. Les négociations salariales dans le secteur des services sociaux sont paralysées dans toutes les régions du pays. Les syndicats ne disposent d’aucune marge de négociation salariale pour les quatre ans à venir, et l’on craint que les politiques macro-économiques de l’UE n’exercent une pression supplémentaire en faveur d’une remise en question du système d’indexation automatique des salaires. En Flandres, le budget du secteur socio-culturel a enregistré une forte correction à la baisse, et l’on a procédé au gel du budget du secteur de l’aide sociale. En Wallonie, les budgets ont déjà été revus considérablement à la baisse, principalement ceux consacrés aux Accords sociaux pluriannuels. Les institutions offrant des services de soins sont contraintes de faire le même travail mais avec moins d’argent. Il en résulte une diminution de la qualité de service et une augmentation de la difficulté du travail pour les employés de ce secteur. La Belgique a en outre prévu une réforme de l’Etat qui entraînera notamment un transfert de compétences dans le domaine de la protection sociale et des services sociaux au niveau régional. Ce transfert s’accompagnera d’une accélération de la privatisation et de la commercialisation des institutions dans le domaine des soins. Les Plusieurs des règles imposées par l’UE mais aussi par des Etats indépendants constituent une grave menace pour la prestation de soins de santé et pour les systèmes de protection sociale. • Un pacte budgétaire européen pernicieux et des programmes d’économies destructeurs. En tête de liste des règles pernicieuses, on trouve le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de ‘Union économique et monétaire (TSCG). Ce Traité impose aux pays de l’Union européenne une série de politiques d’austérité à grande échelle afin de parvenir à des “budgets gouvernementaux équilibrés”, sans tenir compte de leur impact social catastrophique. Dans plusieurs pays, les mesures adoptées en vue d’une mise en conformité par rapport au Pacte de stabilité ont servi de stratagème pour affaiblir considérablement les régimes de protection sociale universelle et mettre en place un système d’assurance sociale à deux vitesses. Par exemple, en France, au nom de la compétitivité des entreprises le gouvernement a décidé dans le cadre de ce qu’il appelle « le pacte de responsabilité » de faire un cadeau au patronat de plus de 30 milliards en l’exonérant des cotisation destinée pour les prestations familiales : ce sont les citoyen qui vont devoir supporter ce manque à gagner pour les caisses d’allocations familiales avec en plus un risque très forts d’une baisse importante du niveau des prestations. De nombreux pays non membres de l’UE font également des économies. Ainsi, la Suisse suit également un cap d’économies néolibéral indépendant des contraintes de l’UE, au détriment du personnel soignant et des personnes dépendantes. • Des règles européennes inadaptées en matière d’assurances. La réglementation européenne en matière d’assurance (Solvabilité) a un impact très négatif sur les sociétés mutuelles sans but lucratif offrant une couverture sociale, car elle les assimile à des assurances privées. Les sociétés mutuelles proposant une couverture sociale ont été tenues de procéder à une capitalisation à grande échelle et de constituer d’importantes réserves financières. En France, de nombreuses sociétés mutuelles ont été contraintes de fusionner ou d’augmenter les cotisations ou carrément de mettre la clé sous la porte. Du coup l’accès à une complémentaire santé devient de plus en plus onéreux et beaucoup se sont retrouvés sans couverture pour une bonne partie de leurs dépenses de santé. • Une législation européenne préjudiciable en matière d’achats publics. Une grande incertitude règne sur la nouvelle législation européenne en matière d’achats publics, adoptée début 2014. Bien que la nouvelle législation ne s’applique qu’aux contrats de services supérieurs à 750.000€, le prix constituera le facteur déterminant pour l’attribution de contrats publics pour la prestation de soins, ce qui aura des effets dévastateurs sur de nombreux prestataires sans but lucratif qui proposent souvent des services qui UNI europa • Rue Joseph II 40 • 1000 Bruxelles • Belgium www.uni-europa.org 2 varient selon les valeurs, les méthodes et les barèmes, contrairement aux prestataires à but lucratif, souvent internationaux, qui vont progressivement investir le marché des soins. La directive aura probablement un impact négatif sur les salaires et sur les conditions de travail du personnel, étant donné que les prestataires tenteront à tout prix de diminuer les coûts pour emporter un contrat. • Une menace pour la fourniture de services de santé transfrontalière. Dans de nombreux pays européens, les règles relatives à la prestation transfrontalière de soins de santé constituent une menace pour la santé et la prestation de services sociaux, et aboutissent à un dumping des prix et à une concurrence directe entre les hôpitaux dans les zones frontalières. Suite à un nivellement par le bas, les prestataires de services sont incités à diminuer les coûts, y compris le salaire du personnel, afin de proposer l’offre “la plus basse” de la région afin d’attirer des clients. • Une règlementation européenne injuste pour le détachement des travailleurs. Le Conseil des ministres fait constamment pression sur le Parlement européen pour qu’il accepte la modification de la Directive sur le détachement des travailleurs. Cette tendance est préoccupante puisqu’elle sape les droits des travailleurs détachés tout en réduisant les droits des travailleurs du pays hôte. Dans les pays où les prestataires de service étrangers proposent des services sociaux et de soins de santé, la modification de la directive pose une menace réelle pour les accords collectifs et les salaires négociés dans le secteur des soins de santé. • Le TTIP est une menace pour les fondements mêmes de la protection sociale. Les négociations entamées en vue d’un TTIP contiennent des dérives et des menaces importantes: - Une négociation basée sur un mandat secret, et non contrôlé par les instances démocratiques; - Un champ de négociations touchant aux fondements mêmes de notre modèle de protection sociale, notamment - Les normes sociales et environnementales - La libéralisation des services publics et des investissements privés dans le domaine de la protection sociale, mettant en péril la spécificité et les valeurs fondatrices des services d’intérêt social et général - La mise sous tutelle des instances démocratiques par des organes de règlement des différends, donnant aux entreprises multinationales une capacité énorme d’imposer leurs intérêts face à l’intérêt du bien commun - Une absence de balises - Un argumentaire de défense du TTIP basé sur des sources partisanes, créant dans l’opinion publique européenne une désinformation réelle. syndicats craignent que cela n’entraîne une multiplication des inégalités sociales dans toutes les régions de la Belgique. AUTRICHE Les salaires des fonctionnaires des services sociaux publics sont bloqués. Les services sociaux sont soumis à une forte pression politique en vue d’une réduction de l’accès aux avantages. SUISSE La Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’UE, est également en train d’adopter des mesures d’austérité à tous les niveaux. Les bénéficiaires des services de soins en Suisse sont censés assumer euxmêmes une part croissante des coûts. Les femmes en particulier sont donc contraintes d’accomplir de plus en plus de travail non rémunéré pour s’occuper de leurs proches dépendants. De plus en plus d’économies sont faites en ce qui concerne les employés chargés des soins et de la prise en charge stationnaire et ambulatoire de longue durée. La pénurie de personnel, le stress et les mauvaises conditions de travail font partie du quotidien, alors que de plus en plus d’établissements de soins sont privatisés et réalisent des bénéfices importants. Dans un même temps, on dénombre plus en plus de travailleurs prodiguant des soins à domicile en étant rémunérés mais non déclarés. La réduction des salaires, la détérioration des conditions de travail et la très forte pression exercée sur les travailleurs du secteur sanitaire et social entraîne des conséquences considérables sur la qualité des soins, en particulier les soins pour les personnes âgées. ITALIE L’Etat a réduit de façon significative le financement des régions, du système de santé et des services sociaux, ce qui a entraîné une diminution des structures de santé publique disponibles pour la population, une réduction des structures de soin et d’assistance pour les personnes âgées et les personnes handicapées, et une augmentation du recours aux travailleurs domestiques qui sont souvent “employés” sans disposer un contrat de travail en bonne et due forme. Le nombre total de travailleurs domestiques en Italie est estimé à plus d’1 million; pourtant, moins de 300,000 UNI europa • Rue Joseph II 40 • 1000 Bruxelles • Belgium 3 www.uni-europa.org Des conséquences dévastatrices pour les citoyens et les travailleurs d’entre eux disposent d’un contrat. De ce fait, le travail non déclaré de personnes non qualifiées a augmenté en Italie, et les travailleurs spécialisés dans les services de soin et les services sociaux n’ont pas d’autre issue que le chômage. Parallèlement, les soins de santé privés se sont considérablement développés, mais ils demeurent généralement inaccessibles et inabordables pour des pans entiers de la population. LUXEMBURG L’Etat du Luxemburg a toujours financé les coûts d’exploitation des institutions publiques et des prestataires de soins sans but lucratif. Depuis 2011, le financement a été réduit de 10 à 20%, et il est accordé en fonction de taux précis, censés couvrir tous les coûts d’exploitation. Dans un secteur où la main d’œuvre représente 70 à 80% des coûts d’exploitation d’une organisation, les employeurs ont tendance à tailler dans les coûts liés au personnel afin de compenser la réduction du financement qu’ils perçoivent de l’Etat. Les employeurs sont contraints soit d’embaucher moins de travailleurs, soit de recruter des travailleurs sans ancienneté et qui n’ont pas les qualifications requises, soit de tenter de négocier les salaires à la baisse dans le cadre d’accords collectifs. Au Luxembourg, les travailleurs du secteur des soins sont donc soumis à une forte pression salariale, et ne bénéficient d’aucune augmentation salariale depuis plus de 5 ans. La qualité des conditions de travail s’est détériorée de façon significative, avec une pénurie constante et croissante de personnel pour des motifs économiques. Les départs volontaires ne sont généralement pas remplacés. Pour toutes ces raisons, on constate une augmentation substantielle des heures supplémentaires, on exige trop de souplesse de la part des employés, et enfin, on réduit à la portion congrue le temps que les travailleurs des Parmi les effets dévastateurs que les mesures d’austérité et les politiques de commercialisation ont déjà eu sur les bénéficiaires des programmes de protection sociale et des services de soins de santé, on dénombre: • Une diminution de la protection sociale et des services de soins de santé. A travers toute l’Europe, des particuliers sont victimes d’une réduction de l’accès aux prestations de chômage et de retraite. Ils sont également confrontés à un raccourcissement significatif de la période d’admissibilité pour les prestations et la couverture. L’accès est de plus en plus difficile, et parfois, certaines se retrouvent privés des soins ou du soutien financier dont ils ont absolument besoin pour survivre. La réduction du financement public des services de soin destinés aux aînés prive de nombreuses personnes des soins quotidiens dont elles ont besoin pour vivre dans la dignité. • Un renchérissement de la protection sociale et des soins de santé. Un nombre croissant de bénéficiaires de régimes d’assurance et de protection sociale est contraint de s’acquitter d’une part plus importante du financement pour couvrir leurs frais de santé. Il en résulte que dans de nombreux pays, certains bénéficiaires ne peuvent pas s’offrir l’accès aux soins de santé dont ils ont besoin, ce qui constitue une menace grave pour la santé publique. • Une remise en question de la qualité des soins et de la sécurité des patients. Les hôpitaux publics subissent des coupes budgétaires importantes, ce qui les oblige à supprimer des milliers de lits et à effectuer des compressions de personnel, autant de mesures qui compromettent la qualité des soins et la sécurité des patients. La politique au niveau régional, local et européen impose une “logique de marché” aux régimes de protection sociale et aux services de soins de santé, et les condamne à devenir “rentables” à tout prix. Cette politique a des effets catastrophiques sur la main d’oeuvre dans le secteur des régimes de protection sociale et des services de soins de santé. Parmi les effets les plus dévastateurs, on dénombre: • La diminution et le gel des salaires. Aucune augmentation salariale pendant des années, y compris, dans certains pays, la suppression de la compensation par rapport à l’augmentation du taux d’inflation. Les négociations salariales sont entrées dans une phase de stagnation de facto. • L’augmentation de la précarité de l’emploi. Dans certains pays (France, Italie), le chômage a augmenté de façon abrupte, alors que dans d’autres, il ne se crée pas suffisamment d’emplois, en dépit du nombre croissant de UNI europa • Rue Joseph II 40 • 1000 Bruxelles • Belgium www.uni-europa.org 4 personnes nécessitant des soins. Parallèlement, les travailleurs de santé font face à des conditions d’embauche de plus en plus précaires, y compris les contrats “zéro heure” et le temps partiel. Le nombre de travailleurs désignés à tort comme indépendants a augmenté de façon spectaculaire et sert souvent à violer les normes relatives à l’emploi. Les travailleurs plus âgés se retrouvent dans une situation particulièrement critique, étant donné que le chômage et les contrats atypiques compromettent sérieusement leur droit à la retraite. • La multiplication des travailleurs non qualifiés. Certains prestataires de soins, pour faire des économies, font de plus en plus souvent appel à du personnel non qualifié, ce qui suscite de graves préoccupations relatives à la fois à la qualité du travail et au manque de reconnaissance des qualifications professionnelles des travailleurs formés du secteur de l’assurance sociale et de la santé. De nombreux syndicats dénoncent un manque d’investissement dans la formation professionnelle et l’apprentissage tout au long de la vie des travailleurs du secteur de la santé et de l’assurance sociale. • La détérioration des conditions de travail. Les travailleurs du secteur de l’assurance sociale et de la santé font face à une détérioration de leurs conditions de travail, ce qui suscite une augmentation de la charge de travail et du stress. Les salaires diminuent, il y a moins de personnel et de ressources, mais les travailleurs sont obligés d’en faire toujours plus. Ils subissent des pressions constantes de la part des employeurs pour accomplir de multiples tâches, accroître leur efficacité et augmenter leur niveau de productivité. Dans de nombreux pays, les travailleurs sont souvent contraints de changer de poste ou de lieu de travail au nom de l’amélioration de l’efficacité. Les plans de carrière peuvent être bloqués, en particulier si les travailleurs ne souscrivent pas à ces nouvelles valeurs, ou à leur hiérarchie. • La négation des négociations collectives et des droits syndicaux. Les accords collectifs sont annulés, et les droits syndicaux et le droit de négocier collectivement ne sont pas pris en compte. De nombreuses maisons de retraite privées sans but lucratif refusent de participer au dialogue social. Les tendances observées dans tous les pays reflètent clairement une déshumanisation du secteur des soins et de l’assurance sociale, ce qui compromet la qualité des soins et de l’assurance sociale, ainsi que les droits fondamentaux des citoyens européens à des soins et une protection sociale de qualité. • Des conditions de travail du personnel tirées vers le bas, par une mise en concurrence accrue avec des conditions de production dans un pays qui n’a pas ratifié les normes de l’OIT • Une privatisation et une commercialisation des systèmes de protection sociale (financement par les assurances privées, opérateurs à but lucratif, …) posant des problèmes énormes d’accessibilité aux soins de santé et aux services sociaux, et ’une dualisation grandissante de la société • Une fragilisation générale des réglementations nationales et européennes au profit des appétits de gains pour les multinationales. soins de santé consacrent à leurs patients et utilisateurs de services. FRANCE En France, la politique d’austérité imposée par l’UE a exercé une énorme pression sur les systèmes de protection sociale, sur l’emploi, sur l’assurance maladie et sur les retraites, qui sont financées par les contributions des travailleurs. La décision prise récemment par le gouvernement d’exempter les employeurs de toute contribution au financement des allocations familiales représente une énorme perte pour le financement de la sécurité sociale. Le volet famille devra être entièrement financé par les travailleurs, sinon, la plupart des droits et avantages conférés actuellement par les allocations familiales seront supprimés. Les prestations sociales et le taux de remboursement des soins et des médicaments ont subi une forte correction à la baisse, tandis que les franchises versées par les particuliers ont augmenté de façon significative. Il n’est désormais plus possible de se faire rembourser des centaines de médicaments, même partiellement. Un récent sondage montre que 45% des Français ont reporté l’achat de lunettes ou des soins dentaires, ou y ont renoncé, 32% ont renoncé à consulter un spécialiste, 24% ont été contraints de se priver de médicaments indispensables, et 16% ont renoncé à consulter un médecin généraliste. En raison de la pénurie de personnel dans les agences de la sécurité sociale, les assurés subissent de longs retards lorsqu’ils vont collecter leurs allocations, et certains se retrouvent dans des situations dramatiques, en particulier dans le cas des indemnités journalières destinées à compenser la perte de salaire dans le cadre d’un congé maladie. La réglementation européenne sur les assurances a eu un impact considérable sur les sociétés mutuelles en France, les piliers de l’assurance maladie complémentaire. Les directives européennes relatives aux règles prudentielles pour les compagnies d’assurance (Solvabilité) ont imposé de nouvelles règles en matière de financement et d’imposition, et ont transformé les sociétés mutuelles en compagnies d’assurance privées, sans tenir compte UNI europa • Rue Joseph II 40 • 1000 Bruxelles • Belgium 5 www.uni-europa.org Les syndicats de toute l’Europe exigent et combattent pour: de la spécificité de leur mission. De nombreuses sociétés mutuelles ont dû être dissoutes ou regroupées, et augmenter leur contribution afin d’appliquer les nouveaux critères juridiques relatifs à la constitution de réserves financières. Par ailleurs, la diminution des remboursements des soins et des médicaments payés par le système obligatoire de la Sécurité sociale a entraîné une augmentation des coûts pour les sociétés mutuelles, et une augmentation des cotisations pour les assurés. De nombreux citoyens sont cependant dans l’incapacité de payer des cotisations plus élevées pour leur assurance maladie complémentaire, et ne sont donc plus couverts pour leurs dépenses de santé importantes. La politique d’austérité a également eu de graves répercussions sur les employés des agences de la sécurité sociale, qui n’ont bénéficié d’aucune hausse générale de salaire depuis 4 ans. Les travailleurs se retrouvent avec un pouvoir d’achat fortement diminué. Depuis 2004, 15,000 emplois ont disparu, ce qui a entraîné une détérioration sans précédent des conditions de travail et de la relation avec les assurés. Les travailleurs doivent assumer des charges de travail de plus en plus lourdes, et sont contraints à la mobilité forcée et à des changements de postes. Les plans de carrière sont bloqués et la direction exerce une pression sans relâche en vue d’améliorer la performance et la productivité. Les accords collectifs nationaux sont systématiquement suspendus sans renégociation, les accords locaux (en particulier ceux relatifs au temps de travail) sont dénoncés, et les droits syndicaux sont violés. LES PAYS-BAS Aux Pays-Bas, l’assurance sociale et les prestataires de soins font subir une forte pression aux travailleurs pour qu’ils • L’arrêt des mesures d’austérité touchant les système de santé et d’aide sociale résultant des différents traités européens, notamment le pacte budgétaire européen incarné par le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), qui mettent en péril les système et programme de protection sociale et entravent l’accès universel à une protection sociale et à des soins abordables et de qualité. • L’abolition des directives et règles européennes pernicieuses - qui portent atteinte aux régimes de protection sociale, aux services de soins à but non lucratif et aux systèmes fondés sur la solidarité collective - qui entravent les droits et liberté de négociation collective des syndicats dans le secteur des soins • Que tous les systèmes de protection sociale, les services sociaux et de soins soient placés hors champs des règles du marché intérieur européen (dont la nouvelle directive en matière d’achats publics) autorisant les états à octroyer des contrats dans les domaines de la santé et de la protection sociale sur des critères purement financiers et économiques • Le respect, la défense et l’amélioration des conventions collectives, statuts, droits et acquis de tous les travailleurs et salariés dans la protection sociale et le domaine des soins. L’arrêt des politiques d’austérité engendrant blocage des salaires et réductions d’effectif. • Des normes minimales et transparentes qui empêchent les atteintes au travail dans le domaine des soins, notamment le recours aux contrats de type « zéro heure », et qui garantissent des salaires et des horaires minimaux dans le secteur des soins, la reconnaissance syndicale et un bon niveau de soins. • La mise en œuvre de politiques visant à soutenir activement l’emploi et l’investissement dans les systèmes de protection sociale et de soins de santé. Ces politiques doivent garantir les ressources suffisantes permettant le développement et la pérennisation de systèmes de haute qualité, accessibles à tous dans le domaine de la santé, des retraites, du troisième âge, de l’éducation de la petite enfance, des prestations familiales. • Un salaire minimal, de bon niveau, propre à assurer des conditions de vie décentes aux travailleurs, conforme aux exigences de compétence et aux qualifications requises. UNI europa • Rue Joseph II 40 • 1000 Bruxelles • Belgium www.uni-europa.org 6 • L’arrêt du dumping social dans le domaine de la Sécurité Sociale et des prestations de soins • Un haut niveau de qualité des services sociaux et de santé, avec la mise en œuvre des formations adéquate et suffisamment élevées. • Que tout le travail effectué dans le cadre des soins à domicile soit réglementé et protégé de la même façon pour les travailleurs nationaux et les travailleurs migrants. Garantir l’égalité de droits et de devoirs. • La prise en compte des propositions, revendications, exigences des syndicats, des utilisateurs de services, des organisations à but non lucratif compétentes dans le domaine, à propos de la qualité, de l’accessibilité des services. • Le respect de la démocratie et de la souveraineté des peuples et des nations, garantissant le plein exercice de la libre négociation à tous les niveaux et au sein des états, hors tutelle des directives et cadre d’austérité édicté par l’Europe. • La fin des négociations du TTIP et le renforcement des règles sociales, environnementales et de protection sociale conforme au modèle européen que nous défendons. dégagent de plus en plus de profit. Les travailleurs sont contraints de travailler plus intensivement, de se recycler fréquemment, et d’accomplir davantage de tâches. Lorsque le personnel n’arrive pas à atteindre le niveau des mesures de performance, notamment l’augmentation du profit, ils font souvent l’objet de mesures de discipline, voire de licenciement. Outre les objectifs de profit, on ne tient pas compte de la qualité des résultats pour les utilisateurs de services. Le montant et la durée des avantages sociaux sont constamment sous pression, y compris les régimes de pension. En même temps, l’accessibilité à la sécurité sociale pour les personnes au bénéfice d’un contrat temporaire et les travailleurs qui travaillent pour une agence diminue. Les syndicats déplorent la détérioration progressive du dialogue social dans le secteur de l’assurance sociale au cours des dernières années. ________________________________________________ (Nom/Organisation) signe en faveur de cette position commune. ________________________________________________ (date) ________________________________________________ Signature UNI europa • Rue Joseph II 40 • 1000 Bruxelles • Belgium 7 www.uni-europa.org