Sur la route du père

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Sur la route du père
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BD
Mardi 22 novembre 2016
metro
ROAD-TRIP EN COMBI VW POUR CHRISTOPHER ET RUBEN PELLEJERO
Sur la route du père
bum n’est pas comme Christopher l’avait imaginé. »
C. : « À la base, je l’avais écrit
pour moi. Mais quand Ruben
m’a raconté ce qu’il cherchait, je
me suis dit que ce serait génial
qu’il le dessine. Il y avait donc la
joie de travailler avec un immense dessinateur. Je lui ai
confié le bébé en me disant : ‘On
verra ce que ça donne’. Finalement, il y avait cet instant jouissif où tous les mois, je recevais
mon lot de dix pages de Ruben. »
Après « Love Song »,
Christopher signe une
histoire tout aussi rock
n’roll dans « The long
and winding road ». il
confie à Ruben Pellejero ce road-trip d’un
homme qui croyait
connaître son père.
« The long and winding road »
est une chanson de la fin des
Beatles. Votre album nous
parle-t-il de la fin d’une
époque ?
Christopher : « C’est vrai que
c’est une chanson sortie lorsqu’il y avait des tensions dans le
groupe. Mais ici, c’est davantage
une recherche de soi, d’une
forme de quiétude. La chanson
nous dit : ‘J’espère que ce long
chemin me ramènera devant ta
porte’. Cela parle du retour à ses
origines à la fin d’une longue
route sinueuse, comme l’odyssée d’Ulysse. »
L’album est chapitré par la
musique. Vous écrivez avec ces
morceaux dans les oreilles ?
C. : « Oui. Je ne peux pas me passer de musique. J’avais déjà fait
‘Love song’ au Lombard. Je retrouve ce même jeu. Ruben s’y
est fondu aussi. Le principe était
d’avoir des chansons de 19691970, juste avant le festival 1970
de l’Île de Wight. »
Ruben Pellejero, comment
êtes-vous arrivé dans ce projet ?
Ruben Pellejero : « Je ne
connaissais pas encore la liste de
chansons. Mais j’étais intéressé
par l’époque, celle de ma jeunesse. Je voulais changer aussi
de modèle narratif que je
connaissais avant, celui du roman graphique, même si cet al-
Y a-t-il une histoire personnelle à la base de ce scénario ?
C. : « Cela fait en effet référence
à mes parents. J’avais envie de
parler de cette sensation que
quand certaines personnes disparaissent, on a l’impression
qu’on ne les connaît pas. La mémoire risque d’être perdue. Et
quand ma cousine m’a dit que
j’étais maintenant le patriarche
de la famille, il y a eu cette volonté de savoir comment étaient
mes parents à 20 ans. Mon père
n’était sûrement pas ce type sérieux avec sa pipe et son attachecase. Avant cette idée du roadtrip, il y a aussi cette rêverie, ce
voyage intérieur pour savoir qui
on est. Tout le jeu de Ruben a été
de simplifier son trait pour laisser passer l’émotion. »
R. P. : « J’ai cherché un dessin où
le lecteur venait avant tout pour
l’histoire. Je n’ai pas voulu un
dessin époustouf lant. Je voulais
une évolution graphique tout
au long de l’album comme cette
longue route sur laquelle Christopher nous conduit. »
C. : « Il y a de la bichromie tout
le temps également pour ne pas
épuiser le lecteur. »
Il y a la convocation d’une imagerie, celle de l’île de Wight,
du flower power, du combi
VW…
C. : « Je crois qu’on est dans une
génération qui vit cette époque
comme un fantasme. On est
dans le même conf lit entre générations. On ne perçoit plus la
planète de la même façon. J’ai
l’impression qu’on se retrouve
devant le même fossé. J’avais
aussi envie d’expliquer que tout
n’allait pas bien à l’époque. »
Nicolas Naizy
@NNaizy
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temps du f lower power et de ses sonorités psychédéliques. C’est d’ailleurs à
l’écoute d’une bande son très sixties
que Christopher a concocté cette quête
des origines. Dessinateur des grandes aventures, Pellejero (connu
notamment pour sa reprise de Corto Maltese) se frotte ici à un
genre plus émotif et intériorisé, tout en bichromie. Il s’autorise
quelques explosions visuelles qui temporisent un récit qui malgré
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(nn)
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conte qui s’adresse aux enfants. Il n’est pas très long mais son
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valent le détour, tout comme le court clin d’œil de Paul Cauuet,
dessinateur des « Vieux Fourneaux », à la fin de l’ouvrage. (tw)
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