Histoire administrative du Canton d`Ossun
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Histoire administrative du Canton d`Ossun
Histoire administrative du Canton d’Ossun 1. Sous l’Ancien Régime Avant la Révolution, plusieurs circonscriptions locales divisaient le royaume. De nature différente, elles peuvent être appréhendées en opposant les entités de nature politique et administrative à celles de nature judiciaire. 1.1. Entités politiques et administratives Sous l’Ancien Régime, le territoire de la communauté de communes d’Ossun était partie intégrante du Comté de Bigorre qui lui-même appartenait au Duché de Guyenne et Gascogne. Duché de Gascogne en 1150 Le comté de Bigorre a été constitué au début du IXe siècle par le duc de Gascogne Loup Centulle. Le comté de Bigorre passa successivement dans la maison de Foix, puis dans celle de Béarn (1080), de Marsan (1129), de Comminges (1180) et de Montfort (1216). Le comté de Bigorre fut même quelques années anglais… La France céda effectivement le comté aux Anglais par le traité de Brétigny (1360) puis le reconquit en 1370. Henri IV unit définitivement le comté de Bigorre à la Couronne en 1607. 1.2 Entités Judiciaires Le Pays de Bigorre correspond au Vicomté du Lavedan et au Comté de Bigorre (Quarterons de Vic, Rabastens, Tarbes, Lourdes et Bagnères) Durant l’Ancien Régime, le territoire actuel de la communauté de communes du canton d’Ossun était judiciairement divisé en trois : les communes situées à l’est du territoire et Lamarque-Pontacq étaient rattachées au quarteron de Lourdes, Ossun, Azereix, Juillan, Luquet et Gardères étaient rattachées au quarteron de Tarbes, Séron faisait partie du quarteron de Vic. La présence atypique d’enclaves bigourdanes en territoire béarnais est de l’histoire (très) ancienne. Elle remonte à 1085, où Talèse d’Aragon, nièce du comte de Bigorre, épousa Gaston IV le Croisé, vicomte de Béarn. Elle apporta en dot le vicomté du Montanarès moins cinq paroisses, les enclaves actuelles. Deux raisons sont avancées pour expliquer ce choix. La première découle du fait que la capitale bigourdane Bigorra (Saint-Lézer), était à cinq kilomètres de Morlaàs, capitale du Béarn, dont le rayonnement ne cessait de croître. Garder ces cinq paroisses bigourdanes permettait donc d’anticiper les attaques éventuelles du voisin béarnais. La seconde raison est plus économique. Le plateau où sont situées les cinq communes était un lieu de passage des transhumances. Les bergers auraient donc souhaité garder leurs pâturages. De plus, le territoire était riche de charbon de bois, de gisements de fer et de carrières d'argile. Un autre découpage territorial datant du Moyen Age influence toujours le fonctionnement du territoire actuel, celui des baronnies et marquisats. Les baronnies correspondaient à des fiefs tenus par des seigneurs. Les marquisats étaient une seigneurie regroupant généralement plusieurs baronnies ou châtellenies. Sur le territoire actuel de la communauté de communes du canton d’Ossun, deux baronnies ont été très longtemps présentes. La première est la baronnie de Bénac. Elle fut possédée pendant plusieurs siècles par la famille éponyme. Regroupant 10 communes (Averan, Hibarette, Loucrup, Barry, Lanne, Orincles, Bénac, Layrisse, Visker, Louey), elle fut érigée en Marquisat en 1636 par Louis XIII à titre honorifique en remerciements des services rendus au roi. La deuxième baronnie est celle de Gardères. Au XVème siècle, Gardères, Séron, Luquet et Aast constituaient une seigneurie et appartenaient à la maison de Coarraze. Cette seigneurie fut rattachée à d’autres au fil des acquisitions et des ventes de ses propriétaires. Il existait également le marquisat d’Ossun qui regroupait les communes d’Ossun, d’Azereix et de Bartrès. 2. De la Révolution à nos jours A la Révolution, le royaume a été découpé en communes, cantons, districts et départements. Le département des Hautes-Pyrénées, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est le fruit de la volonté de Bertrand Barère de Vieuzac, député de la Convention, de s’opposer au rattachement de la Bigorre au Béarn, la Bigorre étant trop petite pour constituer un département à part entière. Il va donc proposer de rattacher les terres des Quatre-Vallées (Aure, Barousse, Magnoac et Neste) à la Bigorre et de garder les enclaves pour avoir un département démographiquement viable. Le département des Hautes-Pyrénées est donc né. Le département est ensuite découpé en 5 districts (Argelès, Bagnères-de-Bigorre, La Barthe-deNeste, Tarbes et Vic-Bigorre) et 30 cantons. Les districts reprennent en partie les tracés d’anciennes unités territoriales et les limites des cantons sont décidées par les assemblées de district puis validées par le directoire du département. Le canton d’Ossun, rattaché au district de Tarbes, est ainsi créé. Ses limites géographiques ne sont alors pas encore tout à fait les mêmes qu’aujourd’hui, puisque les trois communes des enclaves appartiennent alors au canton d’Ibos. Les districts disparaissent en 1795 et les arrondissements les remplacent en 1801. Le canton d’Ossun fait partie de l’arrondissement de Tarbes. Les enclaves ne sont rattachées au canton qu’en 1801, lors de la redéfinition des cantons. Leur nombre est alors diminué par la « loi portant réduction de justices et de paix ». Plusieurs cantons disparaissent notamment celui d’Ibos. Suite à cette loi, les préfets répartissent les communes selon les nouveaux cantons. Les communes d’Escaunets et de Villenave-près-Béarn sont ainsi rattachées au canton d’Ossun en 1801, puis à nouveau au canton de Vic en 1921. En 1921, le canton d’Ossun tel que nous le connaissons aujourd’hui est donc formé. De nos jours, le canton constitue principalement un découpage territorial pour l’élection des conseillers généraux. En zone rurale, les services administratifs (gendarmerie, trésorerie etc.) sont généralement situés au chef-lieu du canton. De 1790 à 1958, les cantons étaient du ressort judiciaire des juges de paix. Ces institutions juridiques de proximité ont disparu et le canton a conservé seulement son rôle électoral. Au cours du siècle dernier, l’histoire du canton d’Ossun s’est notamment dessinée autour de l’implantation d’activités industrielles sur son territoire comme l’aéronautique. L’aéronautique arrive assez tôt sur le territoire. En 1938, une usine Dewoitine, destinée à la production d’un avion chasseur voit le jour à Louey. En 1941, Morane-Saulnier reprend l’usine laissée vacante faute de commandes pour y installer son bureau d’études. Un an plus tard, les allemands envahirent la zone libre et s’installèrent à Morane et alentours. L’usine dut produire alors pour l’Allemagne, et le terrain d’aviation servit à l’entraînement de leurs pilotes de chasse. La Royal Air Force bombarde l’usine dans la nuit du 10 mars 1944. Par chance, l’outil de production n’est pas touché. Six mois plus tard, les allemands quittent Louey. Fin 1962, Morane-Saulnier dépose le bilan, s’ensuit une succession de gérances, jusqu’au 25 juillet 1966 qui voit la création de la SOCATA. La Société, d’abord filiale de Sud-Aviation, puis du Groupe Aérospatiale, devenu plus tard EADS, est aujourd’hui DAHER SOCATA. Au cours des décennies suivantes, plusieurs entreprises s’implantent sur le territoire. Les activités économiques se développent, notamment autour de l’aéroport.