Les bons principes pour la gestion d`un réseau de
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Les bons principes pour la gestion d`un réseau de
La lettre 46 direcon financière à la demande Mai 2013 DOSSIER : Gestion d’entreprise La gestion des partenariats : les bons principes pour améliorer la gestion d’un réseau de distributeurs Dans un grand nombre de secteurs, la distribution indirecte a pris une place importante dans la stratégie commerciale des entreprises ; or l’optimisation du réseau de distributeurs, la prévision et le contrôle de la rentabilité par partenaire ne sont presque jamais réalisés. Peux t’on mettre en place des outils en vue d’améliorer cette situation ? A u cours des trois dernières décennies, dans un environnement hyper- concurrentiel, les entreprises ont appris à identifier les activités-clés de leur chaîne de valeur et à se recentrer sur celles-ci, en y consacrant le maximum des ressources disponibles. Cette manœuvre stratégique classique implique : > de réduire les coûts de l’entreprise par l’externalisation des activités où l’entreprise ne peut rattraper son désavantage vis-à-vis de ses concurrents les mieux placés, Gérard-Louis Morhange > de se concentrer sur les activités où l’entreprise dispose d’avantages concurrentiels, qui constituent « le cœur du métier » à ce stade de maturité du secteur. Directeur associé d’Acting-Finances Cette stratégie s’observe notamment dans les industries de haute technologie, [email protected] où les activités de production des PC, tablettes, et Smartphones mondiaux sont Selon IDC, la distribution 06 11 44 23 79 confiées par les producteurs (APPLE, SAMSUNG, HP, etc.) à des partenaires comme le chinois FOXCONN. Dans cette perspective, les entreprises de ce secteur « indirecte » (par l’intern’ont pas hésité à étendre le champ d’application de cette stratégie partenariale médiaire de distributeurs) à la commercialisation de leurs produits. représente aujourd’hui Les raisons de ce choix, tant pour les industriels que pour les éditeurs, sont plus de 60% du volume multiples : d’affaires des industries > améliorer la couverture commerciale (géographique ou des segments de Hi Tech et plus de 50% de marché) celui des éditeurs de logi> accéder à la taille critique ciel, avec une tendance à la > accéder à des clients qui ne pourraient être adressés en direct, pour des raisons de coût liés à la distance ou à la densité hausse de ce pourcentage. > accéder à une valeur ajoutée supplémentaire au profit des clients, telle que intégration, installation, déploiement des solutions > répondre aux enjeux complexes des clients finaux, en réduisant les coûts et optimisant leur capital Un groupe comme MICROSOFT, par exemple, a concentré sa force de vente directe sur un nombre très réduit de grands René Causse clients, administrations publiques et entreprises multinationales en Europe (moins d’une dizaine en Europe), Dirigeant-Fondateur déléguant la commercialisation et la logistique de distribution de ses produits aux grossistes et aux revendeurs inde PAD ternationaux. Partners & Alliances Development A l’opposé en dimension, les éditeurs de logiciels nationaux, souvent de petite taille en France (moins de 10 M€ de Rene.causse @pa-development.com chiffre d'affaires), ont appris à s’organiser autour d’une distribution indirecte qui laisse aux revendeurs et aux SS2I 06 20 64 67 87 le soin de vendre et d’installer les solutions chez les clients finaux, grands comptes et PME. Ce partenariat entre les entreprises productrices et les intermédiaires chargés de la vente et des services associés, avant et après-vente, a donc pris une importance considérable qui devrait justifier la mise en place, dans ces entreprises, de systèmes d’information assurant l’optimisation de ces partenariats. Or, il n’en est rien ! On Coûts de marketing et ventes, en % du total des constate au contraire, aussi bien chez les éditeurs que chez les distributeurs, une pénurie d’outils et de pratiques adaptés. charges d’exploitation : Une telle lacune est d’autant plus regrettable que le poids des Microsoft : 21%, Dassault Systemes : 31% ; charges d’exploitation des activités de marketing et de ventes, Concur Technologies : 33% ; Sales Force : chez les éditeurs de logiciel atteint typiquement 30 à 50% de leurs 48%, Success Factors : 48% ; Net Suite : 48% charges totales, comme le montre l'exemple des grandes entreprises du tableau ci-contre (source : KPMG). 32 rue de Trévise 75009 Paris - Tel : +33 (0)1 77 37 27 60 [email protected] - www.acting-finances.com SARL au capital de 50 000 Euros R.C.S Nanterre Siret 490 095 973 00015 acting-finances.com Page 1/4 La lettre direcon financière à la demande 46 Mai 2013 L’objet de cette Lettre est d’apporter un éclairage sur les outils possibles de planification et de contrôle de la gestion des coopérations et partenariats susceptibles d’améliorer la performance opérationnelle et financière chez les éditeurs de logiciels, les distributeurs et plus généralement les entreprises engagées dans des programmes de partenariat, en examinant successivement les réponses à apporter aux problématiques suivantes : > impact du passage de la vente directe à la vente indirecte > contrôle de la rentabilité des partenariats pour les éditeurs, > contrôle de la rentabilité des partenariats pour les distributeurs. 1 / Impacts du passage de la vente directe à la vente indirecte Le recours au partenariat pour la distribution a des effets importants sur l’organisation et les ressources de l’entreprise. L’exemple ci-dessous permet de mieux comprendre les effets du choix de recourir à la vente indirecte en termes d’effectifs et au plan financier. ■ Le cas de la société MARTIN CHUZZLEWIT Le passage à la vente indirecte exerce des effets importants sur les effectifs de l’entreprise (en diminution), la croissance de la part de marché et de la rentabilité potentielle. L’entreprise MARTIN CHUZZELWIT SA distribue en France un logiciel professionnel pour les entreprises par l’intermédiaire d’une force de vente de 10 commerciaux. Au cours de son dernier exercice, la société a réalisé un chiffre d’affaires HT net de € 1 080 000. Le taux de remise moyen consenti aux clients sur le prix tarif de l’entreprise était de 20% sur ce même exercice. Son compte de résultat simplifié est le suivant (en euros) : Le dirigeant envisage de pasCA brut avant remise : 1 350 000 ser à un mode de distribution indirect et souhaite mesurer l’impact de cette décision. Pour cela, il établit une simulation pour un niveau Remise : 270 000 de CA net constant de € 1 080 000, en prenant en compte les CA net : 1 080 000 éléments suivants : Prix de revient produit : 200 000 > le taux de remise à consentir aux partenaires distributeurs s’élève à 40% (au lieu de 20% précédemment aux clients directs), Frais de ventes : 200 000 > d’après les études de marché réalisées, le CA moyen réalisé par un Frais de marketing : 110 000 partenaire la première année pleine devrait s’élever à € 30 000, Autres Frais d’exploitation : 110 000 > l’animation du réseau partenaires exige de disposer de commerciaux indirects ; le nombre maximum de partenaires pouvant être Résultat net avant IS : 460 000 efficacement gérés par l’un de ces salariés est estimé à 12. Il en déduit le plan suivant, en ligne avec le changement de modèle commercial : • objectif en nombre de partenaires pour réaliser un objectif de vente équivalent à l’année précédente en ventes directes : 1 080 000 / 30 000 = 36 partenaires. (dans cet exemple, il faut 3,6 partenaires pour remplacer un vendeur direct). • objectif en termes de nombre de commerciaux indirects nécessaire : 36 / 12 = 3 commerciaux indirects (contre 10 directs) • objectif de CA annuel supervisé par commercial : € 360 000. Le compte de résultat prévisionnel simulé se présente alors comme suit : CA brut avant remise : Remise : CA net : Prix de revient marchandise : Frais de ventes : 1 800 000 720 000 1 080 000 / (1-40%) 40% CA brut 1 080 000 267 000 60 000 Frais de marketing : 110 000 Autres Frais d’exploitation : 110 000 Résultat net avant IS : 533 000 200 000 / 10 * 3 = € 60 000 On constate un triple impact favorable : > sur les effectifs internes : réduction de 10 à 3 de la force de vente, > sur le résultat net de l’entreprise : passage du résultat net avant IS de 460 000 à 533 000, > sur la part de marché. En effet, le nombre de transactions nécessaires pour réaliser en indirect, par les Partenaires, un CA net identique est égal à 1,33 fois le nombre de ventes directes, soit une augmentation de 33% du nombre de ventes. Page 2/6 4/4 acting-finances.com La lettre direcon financière à la demande 46 Mai 2013 2 / Contrôle de la rentabilité des partenariats pour les éditeurs ou constructeurs L’absence d’instruments de mesure orientés vers la mesure des coûts et de la rentabilité par partenaire est un handicap pour les entreprises engagées dans des stratégies de partenariat. En effet, les risques liés à un mauvais dimensionnement et une absence de contrôle de rentabilité du réseau de ventes indirectes se traduisent par des montants significatifs en termes de rentabilité et de trésorerie. Que penserait-on dans l’industrie d’une entreprise qui ne mesurerait Prévoir et contrôler la rentabilité pas ses prix de revient de fabrication ? Dans les TIC, la commercialisation joue des distributeurs : une nécessite de un rôle essentiel dans la rentabilité, comparable au prix de revient industriel gestion dans des secteurs ou le dans les secteurs de production. commerce pèse plus lourd que la L’analyse peut être conduite à 3 niveaux : production et l’administration > dimensionnement du réseau de distribution (étude stratégique pouvant être conduite une ou plusieurs fois par an), réunie : comment construire les > intégration du contrôle du cout de la distribution dans le contrôle budgésystèmes ? taire de l’entreprise, > contrôle opérationnel : analyse de la rentabilité par partenaire. De manière similaire aux analyses de prix de revient industriel, la prévision et le contrôle des coûts de partenariat s’effectuent en analysant les charges en charges fixes et charges variables, avec pour objectifs la mise en évidence : • des contributions à différents niveaux de coûts liés à la commercialisation • du point mort en nombre d’affaires et en chiffre d’affaires, seuil au delà duquel l’équilibre contractuel devient favorable. Les coûts fixes recouvrent essentiellement des frais de personnel dédié à l’animation et au support du réseau de distributeurs (commerciaux, hot line technique, ressource avant-vente) des frais de conception et de réalisation des programmes de génération de contacts et des frais de documentation à destination des candidats et des partenaires. Les frais variables incluent principalement les coûts de formation, de support commercial et de support technique de chaque partenaire. Pour un chiffre d’affaires estimé par partenaire donné, il est possible de construire un tableau ou, mieux, un graphique, permettant d’associer à chaque nombre de partenaires composant le réseau, une contribution sur frais, fixes et variables, par partenaire et au total pour le réseau. Compte tenu de l’effet bien connu d’économie d’échelle (amortissement des frais fixes), un tableau et / ou un graphique permettent de quantifier : - le point mort (*) en terme de nombre de partenaires - la rentabilité croissante du réseau en fonction du nombre de partenaires. Le point mort et la contribution sur frais commerciaux définis ci-dessus renvoient à un chiffre d’affaires et à une contribution permettant d’absorber la totalité des coûts fixes et variables de nature commerciale. Ils n’incluent pas les coûts de revient ni les coûts, principalement fixes, de nature administrative. Ces derniers doivent pouvoir être absorbés à leur tour par la contribution définie précédemment. On vérifiera donc à la suite de cette première analyse que le pourcentage de contribution associé au nombre de revendeurs du tableau ou graphique précédent, permet : > d’absorber la somme des prix de revient et des coûts fixes administratifs, exprimés tous deux en pourcentage du chiffre d’affaires standards pour simplifier > de dégager une rentabilité nette conforme aux objectifs. L’exemple de la société COPPERFIELD France, fourni en annexe 1 illustre le processus de construction du système de mesure correspondant. 3 / Contrôle de la rentabilité pour les distributeurs / revendeurs Le Partenariat implique des avantages partagés ou réciproques pour les deux entreprises engagées dans cette relation contractuelle : il est donc nécessaire que, dans notre exemple sectoriel, non seulement l’éditeur de logiciel, mais aussi ses distributeurs trouvent un profit dans la poursuite de cette relation. Si, du fait de leur taille, beaucoup de distributeurs ne mesurent pas l’impact de chaque contrat sur leur rentabilité, ils s’en font une idée approximative. Il est regrettable que les éditeurs ne leur apportent que rarement, les informations, prévisionnelles et réelles, sur cette rentabilité à l’appui de leurs relations commerciales. Pouvoir aider les distributeurs dans ce domaine concourt certainement à la qualité de la relation de partenariat et à l’amélioration de la gestion des distributeurs. Page 4/4 4/4 3/6 Page acting-finances.com La lettre direcon financière à la demande 46 Mai 2013 Le principe est le même que dans le cas de la mesure des coûts et de la rentabilité des éditeurs commenté ci-dessus. Dans le cas des distributeurs, les différents paramètres de la mesure de la rentabilité et du point mort sont les paramètres suivants : nombre de leads annuels, nombre d’affaires réalisées et taux de transformation correspondant, montant moyen de CA HT par affaires. Le partenariat se joue à 2 : il faut aussi piloter la rentabilité pour le partenaire ! La méthode utilisée pour la détermination de la rentabilité du partenariat pour le Partenaire est schématiquement la suivante (on se reportera pour plus de détails à un exemple choisi dans le secteur de l’édition de logiciels pour illustrer la démarche poursuivie, le cas de la société RUDGE SA, joint en annexe 2) : > calcul de l’investissement initial du distributeur (la plupart du temps défini au contrat en termes de coût d’adhésion, nombre de jours et coût de formation obligatoire et frais accessoires de missions), > estimation du chiffre d’affaires moyen par affaire, des coûts directs et des taux de marge sur coûts directs correspondant, > calcul du prix de revient du contact et, par application d’un multiplicateur de coûts correspondant au taux de transformation, coût commercial par affaire obtenue > mise en évidence de la contribution sur coûts directs du partenaire. Conclusion La gestion d’un canal indirect de distribution dans le secteur informatique est largement améliorable, dans de nombreuses entreprises, en recourant à des méthodes de gestion ayant fait leurs preuves dans d’autres secteurs d’activité : 1. Mesurer l’opportunité et les objectifs d’une stratégie de vente indirecte, 2. Déterminer la taille du réseau (nombre optimum de partenaires dans les années à venir) en fonction des objectifs de l’entreprise, 3. Budgéter, piloter, contrôler la rentabilité des partenaires pour l’entreprise, 4. Mettre en évidence la rentabilité du contrat de distribution pour ces partenaires. Page 4/6 acting-finances.com La lettre direcon financière à la demande 46 Mai 2013 ANNEXE 1 Le cas de la société COPPERFIELD FRANCE a société COPPERFIELD est la filiale française d’une entreprise américaine opérant dans l’édition de logiciels de sécurité des centres informatiques et qui a choisi de s’adresser au marché à travers des réseaux de distributeurs et de SS2I. Elle entreprend de mieux comprendre la formation de sa rentabilité en fonction du nombre de ses partenaires en recourant à une analyse de coûts. L Elle relève tout d’abord les coûts fixes supportés pour l’animation de son réseau de partenaires et qui sont schématiquement les suivants : - génération de leads : 35 000 - impression de « sales kit » distributeurs : 10 000 - commerciaux dédiés : 200 000 - hot line technique : 60 000 - ressource avant-vente : 120 000 - TOTAL coûts fixes : 425 000 L’entreprise programme ensuite l’effort de formation et de support nécessaire au profit des nouveaux partenaires qui impliquent de dédier une ressource proportionnelle au nombre de partenaires. (par partenaire). > Coûts de formation : consultants (10 jours), fonctionnelle (2 jours), technique (2 jours), commerciaux (2 jours), > Support : technique sur les premières affaires (2 jours), commercial sur les premières affaires (5 jours), > Total ressources : 23 jours/hommes. Valorisé au taux standard prévisionnel de € 500 par jour, le coût variable par partenaire s’élève à € 15 500. Le tableau ci-dessous compare le coût commercial total et le CA net par partenaire. Il indique que le point mort commercial est atteint à partir de 8 partenaires. Au dessous de ce nombre, le CA est insuffisant pour couvrir les coûts fixes et variables commerciaux. La rentabilité progresse rapidement au delà de 40 partenaires, seuil correspondant à un CA de 2,6 M€ et à un pourcentage de marge sur coûts commerciaux de 58,4%. De 40 à 70 partenaires, le CA évolue de 2,6 M€ à 4,5 M€ et la marge de 58,4 % à 66,3% (1) . En 2012, le nombre effectif de partenaires était de 60 ; l’objectif de la société est d’augmenter son réseau d’une dizaine de partenaires pour porter leur nombre à 70. La société s’interroge sur la rentabilité prévisionnelle de ses partenaires. Leur coût prévisionnel est connu (22 K€ par partenaire), mais la rentabilité prévisionnelle de chaque partenaire, pour l’éditeur ou le constructeur, varie fortement en fonction du nombre d’affaires annuel d’un montant moyen de 16 K€ (en % de marge brute sur coûts commerciaux, par partenaire) : > 1 à 2 ventes /an = Perte ! > 3 à 4 ventes par an : 60% de marge brute (sur coûts commerciaux) > 5 à 6 ventes par an : 75% de marge brute > 7 à 8 ventes par an : 82% de marge brute On constate la forte sensibilité de la rentabilité au nombre de ventes réalisé par chaque partenaire. Il est donc indispensable de ne pas se limiter à l’examen du nombre moyen de ventes et du CA moyen réalisés mais d’examiner le détail de la répartition prévisionnelle ou réelle par catégorie. (1) Il faut souligner que la marge définie ci-dessus n’est pas une marge nette mais une marge brute, qui doit couvrir les coûts autres que commerciaux et dégager la marge nette. On peut utiliser le terme de contribution pour définir cette marge particulière. Sur la base de cette analyse, la société COPPERFIELD FRANCE est en mesure de déterminer le coût moyen global par partenaire, pour une fourchette de nombre de Coûts Nombre partenaires Coûts fixes variables Coût Total CA net / Marge/ Partenaire Partenaire Marge Totale 5 85,0 16,0 101,0 64,0 (37,0) (135,0) 10 42,5 16,0 58,5 64,0 5,5 55,0 20 21,3 16,0 37,3 64,0 26,7 534,0 40 10,6 16,0 26,6 64,0 37,4 1496,0 60 7,0 16,0 23,0 64,0 41,0 2460,0 70 6,0 16,0 22,0 64,0 42,0 2940,0 partenaires envisagée (en K€). Page 5/6 acting-finances.com La lettre direcon financière à la demande 46 Mai 2013 ANNEXE 2 Le cas de la société RUDGE SA a société, basée à Paris, a été crée il y a environ 5 ans par 2 professionnels expérimentés dans le secteur de l’édition et de la distribution de logiciel, l’un à profil commercial, l’autre docteur en sciences. Elle distribue des logiciels d’audit et de tableaux de bord de performance des grands systèmes informatiques, auprès de clients de type grandes entreprises et administrations auprès desquels elle est bien introduite. Les logiciels proposés étaient tous d’origine américaine jusqu’à une date récente ; toutefois, les dirigeants, convaincus de la qualité d’un nouveau logiciel développé par une société française émanation de la recherche d’un laboratoire proche d’un grand organisme public scientifique, étudient le potentiel et les risques liés à la signature d’un contrat avec cette société. Ils évaluent à 5 le nombre d’affaires potentiel la première année, à raison d’un montant de CA par affaire de 119 000 euros, soit un total de chiffre d’affaires de 595 000 euros. Les conditions du contrat imposent un pourcentage de marge sur chaque licence vendue de 25%. Les dirigeants commencent par déterminer l’investissement (immatériel) initial, à consentir par RUDGE SA, à la suite de la signature du contrat. L Montant de l’investissement initial (montants en euros) Rubriques de coût Nombre Nombre personnes jours /pp Coût / jour Coût total Coût d’adhésion (contractuel) 5 000 Formation (estimation) Commerciaux 2 2 500 2 000 Consultants techniques Consultants avant-vente Frais estimés : 2 5 400 4 000 2 5 400 4 000 - Déplacement 2 1 500 3 000 200 2 000 - Mission TOTAL 2 5 10 17 20 000 Dans un deuxième temps, ils mettent en évidence le coût marketing et commercial d’obtention d’une affaire (en euros) : Rubriques de coût Nombre Nombre personnes jours /pp Coût / jour Coût total Coût moyen du lead Coût des 1 commerciaux Coût total du lead Taux de transformation 1/3 Coût total direct par affaire 500 12 500 6 000 6 500 19 500 Les deux dirigeants calculent ensuite la marge sur coûts directs par affaire. A la différence des coûts marketing et commerciaux, les coûts directs par affaire ne posent pas de problème théorique mais des problèmes pratiques de mesure ; ce travail prend donc du temps car le système d’information de RUDGE SA ne fournit pas de réponse à ce type de question. Après recherche et discussions avec les commerciaux et le Directeur financier à temps partagé de la société, les dirigeants conviennent d’utiliser des coefficients de marge standard par activité ce qui leur permet de construire le nouveau tableau suivant : Rubriques de coût Marge sur CA clients % marge coûts directs Licence 50 000 25% 12 500 Maintenance 10 000 20% 2 000 Expertise 15 000 80% Sous-Total 75 000 Intégration 30 000 60% 18 000 6 000 50% 3 000 4 000 50% 2 000 4 000 119 000 60% 2 400 Formations utilisateurs Formation administrateurs Support niveau 1 TOTAL 12 000 26 500 51 900 Après cette dernière phase de calculs, la mise en évidence de la rentabilité par affaire est immédiate et peut être extrapolée au contrat : Marge nette par affaire (en euros) Rubriques CA net par affaire Marge coûts directs Coûts directs mg & commercial Contribution Montant par affaire Montant du contrat 119 000 595 000 51 900 259 500 - 19 500 - 97 500 32 400 162 000 Cette contribution, par affaire et au niveau du contrat global, peut alors être évaluée par rapport aux objectifs de rentabilité de l’entreprise, au regard de la proportion de charges d’exploitation restant à absorber : frais généraux administratifs, impôts et taxes, etc. Dans tous les cas l’analyse de point mort fournit un indicateur rapide aux dirigeants de l’intérêt de la signature du contrat ; dans notre exemple : investissement initial : 20 000 ; marge nette par affaire : 32 400 : point mort : 1 affaire ! Evidemment, dans cet exemple volontairement éloigné de la réalité de l’entreprise, le contrat se présente de manière caricaturalement favorable puisqu’il resterait 4 affaires potentiellement réalisables au delà de ce point mort, conduisant à une rentabilité exceptionnelle malheureusement jamais observée dans la vie réelle. Page 6/6 acting-finances.com