DOSSIER PEDAGOGIQUE

Transcription

DOSSIER PEDAGOGIQUE
DOSSIER PEDAGOGIQUE
FICHE 1 – RESUME DE LA PIECE
Maria, Irma, Anna, Giulia, Carmela…
Il y a 50 ou 60 ans, elles vivaient quelque part en Italie. Un beau Jour, l’Histoire a orienté leur
destin. Elles ont pris conscience, contraintes ou libres, que leur vie allait changer.
Nous ne demandions qu’à écouter, elles ne demandaient qu’à raconter. Leurs témoignages
sont généreux, forts, émouvants.
L’Histoire de l’immigration italienne a été marquée par l’arrivée massive en Belgique des
travailleurs destinés à la mine. Aujourd’hui encore, c’est l’image que tout un chacun garde en
mémoire. Pourtant, bien que l’histoire de ces hommes soit profondément importante, la
mémoire collective a tendance à oublier les femmes et les enfants qui ont emprunté leur sillage.
La fêlure de l’immigration n’a pas été vécue uniquement par des hommes mais par tout un
peuple.
La transmission de ces histoires nous semble essentielle. Même si cela parait évident aux yeux
de chacun, cette transmission est bien trop rare. En poursuivant une recherche personnelle de
nos origines, nous sommes parties à la découverte de l’histoire de ces femmes qui, un jour, ont
quitté leur village, leur famille, la chaleur du soleil… Grâce à elles, nous avons eu la chance
de pénétrer dans un univers méconnu, rempli de souvenirs émouvants, de sourires, de
blessures, de force et de courage. Cet univers nous a amené à renouer avec un passé ignoré,
avec des histoires singulières qui nous permettent aujourd’hui d’oser une traduction modeste
de ce que fut le parcours de ces femmes, sorties de l’ombre le temps d’une interview.
Leur regard sur la vie nous a ouvert les yeux sur nos questionnements les plus intimes : savoir
qui nous sommes vraiment, comprendre les liens qui nous unissent à nos aînés, tisser une
trame entre notre histoire individuelle et l’Histoire universelle. A travers ces témoignages, c’est
peut-être nous-mêmes que nous avons rencontrées.
Extraits de presse
« (…) Avancée dans un monde qui s’anime progressivement dans un espace scénique fermé
de rideaux noirs. Une mélodie à la guitare, un halo de lumière, le guitariste est assis sur une
chaise de bois, quatre autres attendent d’être occupées. Un homme chante puis entre en
scène, précédant trois femmes. Des femmes qui évoquent l’Italie et chantent en langue
vernaculaire. Le chant appellerait-il d’autres voix ? S’entendent celles, enregistrées, de femmes
âgées, au français embelli d’accents italiens (…)
Guilia, Maria, Irma, trois femmes nées d’entretiens et de rencontres effectuées par Sandrine
Bergot, Martine De Michele et Valérie Kurevic qui leur prêtent vie, se mettant elles-mêmes en
jeu : « Elle m’a dit » revient pour un récit, en dialecte, repris en français par une autre, ou
directement en français. Une judicieuse et vivante manière de poser l’émigration, le passage
de main, la transmission (…)
Un spectacle d’une grande simplicité et suscitant une palette d’émotions, d’une remarquable
qualité, musicale, vocale, et progressant par images sollicitant l’imaginaire : trio de femmes
unies et se consolant, ou assises sur des chaises au lointain comme à la porte des maisons
dans un village des Abruzzes, s’avançant pour parler, s’accordant aux musiciens qui, du
regard, les soutiennent pour chanter. Une entente fraternelle et attentive circule entre les cinq
artistes. Et quand, en fin, les voix originales s’entendent, ce sont ces femmes, maintenant
âgées qu’on pense avoir rencontré tant la transmission a été aussi vive que respectueuse. Que
faire du témoignage au théâtre ? Une belle réponse est fournie qui dispense une vérité sur
l’émigration (et non les postures habituelles de derrière les bureaux), sur l’importance des
origines et sur le travail. L’accueil a été vibrant, là encore de la part d’un tout public, et les
langues se délièrent : une femme me confia que son père avait émigré de Pologne pour venir
travailler dans les mines. Je perçus des bribes de souvenirs d’Italie. Qu’il soit vu d’ailleurs,
dans beaucoup de lieux, Montenero, c’est aussi une participation à l’Europe, à la mémoire
ouvrière, à la lutte des femmes, et contre la xénophobie. De l’importance de la culture.
Laquelle et pourquoi ? (…) »
Extrait de Micheline B. Servin dans Les Temps Modernes n° 642
« Immigration et mémoire au cœur d’un spectacle remarquable de sincérité, drôle et
émouvant » 
Le Soir
« Montenero apparaît comme une transmission des souvenirs entre générations (…) On en
ressort avec le cœur rempli de ces histoires belles et difficiles à la fois. A revoir, on l’espère,
on le pressent »
La Libre Belgique
« L’un des plus beaux spectacles féminins liégeois de ces dernières années (…). Coup de
foudre assuré »
Elle in Liège
« Trois femmes parlent et chantent, des chants de travail, des chants de lutte, des chants
populaires, des chants que l’on sent venus de très loin ; avec elles, deux musiciens, une
guitare, un accordéon. Sobriété, émotion, le ton est donné par la musique, merveilleuse et
envoûtante, dès le début du spectacle et ne se démentira pas jusqu’à la fin.
Julia, Maria et Irma ont quitté leur village d’Italie, Montenero, un jour pour venir travailler en
Belgique. C’est leur parcours qu’elles racontent, depuis leur enfance et leur jeunesse au soleil,
jusqu’à leur aujourd’hui dans ce pays froid et gris du Nord.
Sandrine Bergot, Martine de Michele et Valérie Kurevic, les comédiennes ont recueilli le
témoignage de ces femmes pour monter leur spectacle, à la recherche de leur propres racines,
c’est donc de théâtre documentaire qu’il s’agit, basé sur la vérité et la force des récits de ces
femmes, avec la vigueur du langage parlé, parfois en dialecte, la couleur des anecdotes, la
simplicité de l’échange. Mais, au-delà, on sent une volonté de transmission, de préserver ce
qui n’est pas dit, voire enfoui, dans l’histoire de ces femmes, ce qui donne toute sa profondeur
à Montenero et son intérêt brûlant.
Enfin un spectacle qui parle autrement de l’immigration italienne, en mettant les femmes en
avant, des femmes que l’Histoire relègue au second plan. Enfin, un ton neuf et original, loin du
misérabilisme, de la plainte ou de la revendication qui mènent souvent ce genre de sujet. Les
trois comédiennes de Montenero jouent à l’inverse la modestie, le sourire, l’optimisme,
l’émotion simple et quotidienne et nous révèlent que la mémoire, malgré l’exil, le
déracinement, l’exploitation et le drame, est pour chacun de nous un instrument de survie et de
foi en l’avenir. »
Patrick de Lamalle. Journaliste
FICHE 2 – DISTRIBUTION
Initiatrice du projet et coordinatrice : Martine De Michele
Interprétation et conception : Sandrine Bergot, Martine De Michele, Valérie Kurevic
Musiciens : Alberto Di Lena, Carmelo Prestigiacomo
Eclairages : Pierre Clément, Emmanuel Deck
Son : Pierre Dodinval
Regard extérieur : Patrick Bebi assisté de Florelle Naneix
Presse et communication : Catherine De Michele
Recréation : En Compagnie du Sud, Arsenic2, Festival de Liège. Avec l’aide de la FGTB LiègeHuy-Waremme.
Durée du spectacle : 1h.
FICHE 3 – CONTEXTE HISTOIRIQUE ET POLITIQUE
L’IMMIGRATION ITALIENNE EN
BELGIQUE APRES 1945
La « Bataille du charbon » et l’accord économique « Minatori-Carbone »
Au lendemain de la 2e guerre mondiale, la Belgique doit entamer sa reconstruction et relancer
son économie. Pourtant, la plupart des secteurs industriels (métallurgie, ciment, fours à chaux,
textile, cuirs, etc.) ne peuvent pas satisfaire la demande de biens en raison de la pénurie de
charbon, principale source d’énergie à l’époque. La chute de la production s’explique
essentiellement par la diminution de la main-d’œuvre employée dans le secteur du
charbonnage : 136 530 ouvriers étaient répertoriés en 1940, alors qu’ils ne sont plus que 87
566 à la fin de la guerre. De nombreux anciens mineurs y ont été tués. D’autres ne veulent
plus reprendre un travail aussi pénible et dangereux. Or, la reconstruction nationale de la
Belgique dépend principalement de la capacité à gagner « la bataille du charbon », selon les
termes historiques de Achille Van Acker, alors Premier ministre et ministre des Charbonnages.
Malgré les améliorations apportées aux conditions de travail des mineurs de fond et
l’augmentation de leurs salaires, le recrutement de travailleurs nationaux reste difficile.
Le gouvernement décide donc de reprendre la politique menée avant-guerre : le recrutement
de travailleurs étrangers. Ce sont d’abord les prisonniers de guerre qui sont mis à contribution
jusqu’à leur libération en 1947.
Le 20 juin 1946, à Rome, est signé un protocole entre la Belgique et l’Italie. C’est l’accord
« Minatori-Carbone », qui prévoit l’envoi de 50.000 travailleurs italiens contre un
approvisionnement de 200 kilos de charbon par mineur et par jour, payés au prix plein par
l’Italie. Au total, ce sont 65.056 hommes qui arriveront entre 1946 et 1948.
La dure réalité qui se cache derrière l’Eldorado belge
Dès leur montée dans le train qui les mène en Belgique, les mineurs sont confrontés à une
profonde désillusion: ils sont accompagnés de gendarmes, d’hommes de la Sûreté de l’Etat
habillés en civil, d’un médecin et de deux ingénieurs des mines. Au terme d’un long voyage,
les Italiens sont débarqués dans plusieurs gares. En région liégeoise, ils descendent à Vivegnis
où ils sont rangés par numéro de puits. Ensuite, un camion de la mine les emmène vers leur
nouveau destin.
Ils attendent très peu de temps avant de descendre au fonds. Les mineurs italiens, anciens
paysans devenus des prolétaires, sont peu expérimentés et composent avec des conditions de
travail difficiles liées à la vétusté de l’outil. L’obsolescence des installations apparaît plus
clairement dès 1947 lorsque les voisins allemands et français inaugurent les nouveaux
charbonnages. La formation des nouveaux mineurs se réalise sur le terrain. Le contrat-type,
approuvé par le protocole du 20 juin 1946, ne prévoit d’ailleurs aucune période d’initiation.
Certains hommes ne supportent pas ce changement. Ils sont considérés comme étant en
rupture de contrat et sont arrêtés, écroués à la prison de leur arrondissement puis regroupés à
la caserne du Petit Château de Bruxelles en attendant leur renvoi en Italie.
Les logements proposés aux Italiens constituent la plus grande désillusion. Ils sont placés dans
les camps construits par les nazis pour les prisonniers russes occupés aux travaux de la mine
situés à proximité des terrils ou dans des terrains vagues à peine aménagés. Le mobilier se
compose de cadres en bois superposés garnis de matelas de paille et de couvertures
dégoûtantes.
Accueillis dans ces conditions, beaucoup d’Italiens de cette génération considèrent qu’ils ont
été des déportés économiques vendus par l’Italie pour quelques sacs de charbon.
FICHE 4 – DOCUMENTS
L’immigration italienne
« L’apport italien de main d’œuvre reste à ce jour le plus important phénomène
migratoire que la Belgique ait connu. La colonie italienne a frôlé dans les années 1970
le chiffre-record de trois cents mille ressortissants, chiffre qui n’a encore été égalé par
aucune communauté étrangère et qui est, dans l’absolu, impressionnant pour un pays
de moins de dix millions d’habitants. A ces ressortissants de nationalité italienne, il
convient en outre d’ajouter tous ceux qui sont devenus Belges par option,
naturalisation, mariage, ou à la suite de la « loi Gol »1 et des autres lois modifiant
l’acquisition de la nationalité. Il est donc admis aujourd’hui que les Italiens sont une
composante très importante de la société belge actuelle. Socialement diversifiés, on les
retrouve dans des groupes professionnels variés et aussi à l’avant-plan du monde
syndical, politique, sportif, culturel ou du spectacle, même s’ils restent surreprésentés
aujourd’hui en tant qu’ouvriers dans le monde du travail, et en tant qu’élèves dans
l’enseignement professionnel. […]
L’accord italo-belge du 20 juin 1946 […] prévoyait l’envoi par l’Italie de deux milles
ouvriers par semaine, pour venir combler le déficit en main d’œuvre des mines belges,
en échange de la vente à l’Italie d’une certaine quantité de charbon. Officiellement, le
recrutement doit se faire via les offices de placement, mais dans la pratique, les mines
belges organisent leur recrutement sur place en privilégiant les candidats politiquement
inoffensifs et originaires du Nord. […]
Si la communauté italienne, en tant d’années de permanence en Belgique, a acquis
bon nombre d’habitudes locales, il est encore à étudier tout ce qu’elle a communiqué
d’italianité, notamment linguistique et culinaire, à ceux parmi lesquels elle vit. Ces
voisins ne sont pas seulement des Belges, mais aussi, de plus en plus, d’autres
étrangers. La venue de ceux-ci plus noirs et plus pauvres que ne le sont les Italiens de
Belgique, a marqué pour les Italiens une ascension dans l’échelle sociale. Leur image
s’est surtout améliorée dans les régions où une forte immigration turque et marocaine
s’est installée. »
Anne MORELLI (sous la dir. de)
« Histoire des étrangers et de l’Immigration en Belgique de la
préhistoire à nos jours » éd. Couleur Livres, 2004.
Cette loi prévoit la nationalité belge pour les enfants de mariages mixtes. A partir de 1922, les enfants nés de
parents étrangers (ou d’un parent étranger) né lui-même en Belgique sont automatiquement belges à leur naissance.
Cette nouveauté législative, appliquée avec effets rétroactifs, a fait fondre les effectifs officiels d’Italiens en Belgique.
1
La dure réalité qui se cache derrière l’Eldorado belge
“Issu d’un village des Abbruzes, mon père est en 1947 dans un groupe de 12 hommes
du même village. Pour eux, c’était un saut dans l’inconnu : on ne leur fournissait pas au
départ la moindre information sur leur destination. C’est pourquoi, en débarquant à la
gare du Palais, ils se tenaient tous bras “dessus-dessous” pour ne pas se perdre. C’est
comme ça qu’ils se sont retrouvés dans le même camion, celui d’un tenancier de
Grâce-Berleur, qui les a amenés dans l’une des quatre cantines locales, à l’ancien
charbonnage du Corbeau.”
Source : L’arrivée de mon père à Grâce-Berleur,
dans La Wallonie, décembre 1996, éd. spéciale, p.8.
La « Bataille du charbon » et l’accord économique « Minatori-Carbone » de
juin 46
“La situation du pays reste difficile. Elle ne sera maîtrisée qu’au prix d’efforts
individuels, de courage collectif et de sacrifices civiques (...).
C’est un truisme de dire que le charbon est, pour la Belgique, aussi indispensable que
le pain. L’industrie charbonnière est à la base de notre activité économique. Aussi le
gouvernement n’a-t-il pas hésité à inscrire cette question vitale en tête de son
programme. Pour la résoudre, il estime nécessaire de concentrer, en une seule main,
tous les services (miniers) (...).
La production de celui-ci (le charbon) doit être augmentée. Elle le sera. Nos mines ont
besoin d’une main-d’oeuvre qualifiée. Le statut de l’ouvrier mineur, à l’achèvement
duquel le gouvernement s’est immédiatement attelé, contribuera à fournir aux
charbonnages le personnel qu’ils requièrent. (...) Le gouvernement achèvera et
complétera l’oeuvre entreprise dans le domaine de la sécurité sociale des mineurs (...).
(...)Le ravitaillement du pays doit être assuré. Pour cela, il faut mobiliser toutes nos
ressources intérieures, les distribuer de manière rationnelle et équilibrée.”
Discours d’Achille Van Acker, dans Annales Parlementaires-Chambre
des Représentants, 14/02/1945, p. 154, col. 1 et 2.
FICHE 5 – PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES
Proposition 1 : Analyse de documents
A partir des documents de la fiche 4
Objectifs :
- Pour les cours d’histoire, de sciences sociales et sciences économiques :
Analyser et comprendre les documents et leurs sources
- Pour le cours de français :
Compréhension de texte
Activités :
1) Concernant l’extrait sur « l’immigration italienne » :
a. Qui est Anne Morelli ?
b. De combien de temps après les faits décrits date ce texte ?
c. En quoi consiste l’accord de juin 1946 ?
d. Pourquoi le recrutement s’effectue-t-il sur place ?
e. Quelles sont les conséquences de cet accord sur la démographie
belge ?
2) Concernant l’extrait sur « la dure réalité » :
a. Quelle est la nature de ce document ?
b. Que signifie l’expression « Eldorado belge » ?
c. Où se trouvent les Abruzzes ?
d. Que craignaient ces immigrants ? Pourquoi ?
e. Quelle est la destination de leur voyage ?
3) Concernant l’extrait sur la « bataille du charbon » :
a. Qui est Achille Van Acker ?
b. Quelles fonctions occupe Achille Van Acker en février 1945 ?
c. Où Achille Van Acker prononce-t-il ce discours ?
d. Vocabulaire : que veut dire le mot « truisme » ?
e. Que pense-t-il de la situation économique du pays ?
f.
Quelle solution envisage-t-il à la situation économique du pays ?
g. Que signifie l’expression « la bataille du charbon » ?
Proposition 2 : Récolte de témoignages
Objectifs :
- Pour les cours d’histoire, de sciences sociales et sciences économiques :
récolte de témoignages à analyser et replacer dans un contexte.
- Pour le cours de français :
récolte de témoignages à rédiger.
Activités :
- Prendre rendez-vous et interviewer une personne de son entourage.
- Recueillir son témoignage et une anecdote significative.
- Recueillir son avis général sur un des 4 thèmes suivants :
-­‐
Y a-t-il dans votre entourage des personnes qui ont connu
l’immigration italienne ?
-­‐
Y a-t-il dans votre entourage des personnes qui sont issues de
l’immigration italienne ?
-­‐
Y a-t-il dans votre entourage des personnes qui ont immigré d’un
autre pays que l’Italie ?
-­‐
Y a-t-il dans votre entourage des personnes qui sont issues de
l’immigration d’un autre pays que l’Italie ?
Proposition 3 : Participation au Grand Jeu d’Arts « Mon Rêve Général »
Objectifs :
- Pour les cours d’histoire, de sciences sociales et sciences économiques :
actualisation d’une situation étudiée.
- Pour le cours de français :
expression écrite.
- Pour les cours artistiques :
appropriation personnelle d’un thème.
Activités :
Sur le thème « Mon Rêve Général… pour l’avenir économique et social de ma région » :
- écrire une nouvelle, un slam, le texte d’une chanson…
- enregistrer une chanson, une courte vidéo…
- réaliser une photo, un collage, une illustration…
Avant le 5 novembre 2013, les réalisations peuvent être proposées au Grand Jeu d’Arts, selon
les modalités du règlement.
Le 7 décembre 2013, à l’issue de la dernière représentation de Grève 60 - Ce n'est pas parce
qu'on a plus de beurre qu'on en a oublié le goût, sous le chapiteau d’Arsenic2 à Tilleur, les
participants au Grand Jeu d’Arts auront l’opportunité d’échanger leur œuvre avec celle d’une
autre personne. Chaque participant repartira donc avec une nouvelle œuvre.
Pistes de propositions pour aller plus loin :
- Rédaction d’une critique du spectacle
- Ecrire un plaidoyer pour un des personnages de la pièce
- Dégager le thème de la pièce : que dit le spectacle ?
- Travail de recherche sur l’immigration : Quelle est sa place dans la littérature
contemporaine de Tahar Ben Jelloun à Laurent Gaudé ? Quelle est la nécessité
d’un art engagé ?
FICHE 6 – EXTRAITS DU TEXTE DU SPECTACLE
Maria
Maria, elle, est née le 12 mars 1932 à Montenero di Bisaccia.
Maria a commencé à travailler à 10 ans dans les champs. Son papa et sa maman,
eux, s’occupaient du peu de terre qu’ils possédaient mais ce n’était pas suffisant. Alors
Maria les aidait en partant travailler toute la semaine. Elle quittait le village à 3 heures
du matin parce qu’il y avait 10 km à pied pour aller dans les champs. Ils mettaient le
pain qu’ils avaient coupé dans un drap avec de l’huile et un peu d’olives dedans ou un
fenouil.
Elle travaillait du lever au coucher du soleil, toutes les saisons…
Maria a fait de tout. Elle bêchait la terre pour planter la vigne ; elle la plantait, la
cueillait, mettait les bois…Quand c’était le temps de la cueillette, elle le faisait sans
chaussettes et sans chaussures.
Le soir ils faisaient à manger dans le noir à la campagne et si il y avait des grillons qui
tombaient dedans, ils ne les voyaient pas… Elle dormait, là où elle travaillait… dans
une grande ferme. Un jour, elle ne voulait pas dormir là, elle avait envie de rentrer au
village.
Irma
Pourquoi je suis partie ? Pas par nécessité, Non ! C’était la mentalité : parce que
j’avais 18 ans, je devais me marier !
Et puis tu vois, tout le monde revenait de Belgique et ils disaient que c’était bien… et
quand ils revenaient… quand ils rapportaient des valises et des valises et des
marchandises et de tout… pour manger mais aussi pour s’habiller.
On disait que la Belgique c’était l’Amérique.
Zia Giulia a proposé à mes parents un jeune homme qui était parti avec sa famille
travailler en Belgique ; les contacts se prennent, le jeune homme envoie sa photo…
Quand j’ai vu la photo, j’ai dit à ma mère : « moi je ne veux pas de celui-là, moi je ne
l’aime pas » ; et ma mère m’a répondu : « tu vas le marier ! »
Quelques jours après j’ai décidé de lui écrire, de lui dire que je ne voulais pas me
marier avec lui, que je ne voulais pas venir en Belgique…Et lui, au lieu de répondre à
ma lettre, il est venu en Italie !!
Quand il est venu chez moi… beh, un cadavre était plus beau que lui… alors moi, j’ai
dit à ma mère : je ne marie pas ça… pas ça !
Ma mère m’a frappé tous les jours, et puis, le mariage est arrivé.
On n’a même pas publié les bancs. Je ne sais pas comment ma mère s’est arrangée
mais le curé nous a mariés tout de suite. Il faut dire que quand lui est arrivé chez nous,
il est arrivé avec une valise aussi grande que la table et il y avait de tout… et il nous a
payé des bijoux… enfin il a fait le grand…
On avait commencé à discuter de mariage au mois d’août, et au mois de décembre,
j’étais mariée !
Giullia
Le jour après notre arrivée, quand je me suis levée, j’ai découvert l’endroit où j’allais
vivre. Il y avait 10 baraquements. On aurait dit des hangars énormes en tôles et là, il y
avait une pièce au milieu séparée par des plaques de bois. Il y avait du terril partout,
c’était des poussières, des débris de charbon.
Avec mon papa on se demandait où on était. Les toits noirs, les fumées, le ciel gris, la
pluie… comme si tout était éteint… On ne demandait qu’une chose, c’était de repartir
le jour d’après. Mon papa est resté ici pendant un mois. Et pendant le temps qu’il était
là, ça a été. Mais quand mon papa est parti… Je n’avais pas ma maman surtout et
mon petit frère Giovanni que j’avais laissé là-bas… Je pleurais en cachette de ma sœur
Nina.
Quelques semaines plus tard Nina m’annonce que les démarches pour mon inscription
à l’école ont échouées. Trois jours après, la police vient chez elle, mon visa était
terminé, je devais rentrer au village… J’étais toute contente. Je devais repartir avec un
couple.
Je ne sais pas ce qui s’est passé, le docteur Canti, un médecin de famille, a tout fait
pour me faire avoir mon permis de travail… Je ne pouvais pas aller travailler dans une
usine parce que j’étais trop jeune. Et donc j’ai été travailler comme femme d’ouvrage
chez le docteur Canti.
Je ne suis pas retournée. Je suis restée ici contre mon gré. Je n’ai pas osé dire, je n’ai
pas osé le dire.