ENTREVUE AVEC … - Salon de l`immigration et de l`intégration au

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ENTREVUE AVEC … - Salon de l`immigration et de l`intégration au
Salon de l’immigration et de l’intégration au Québec (SIIQ)
ENTREVUE AVEC …
JÉRÔME FERRER
Au Québec depuis 10 ans, Jérôme Ferrer est à la tête de
plusieurs restaurants de renom. Vous pouvez goûter à sa
cuisine à l’Europea, au Beaver Hall, à l’Andiamo, au Café
Birks et au Café Grévin par Europea.
Propos recueillis par Maël Cormier, Immigrant Québec
Photographie Josias Gob
Il y a 10 ans, vous avez choisi de quitter le Sud de la France
pour venir tenter l’aventure au Québec. Vos premiers pas
dans ce nouveau pays ont été un peu chaotiques…
Avec mes deux amis, qui sont également mes associés, nous avions
choisi de tenter l’aventure au Québec, voir si l’herbe était plus verte
ailleurs. Nous sommes arrivés les yeux pleins d’étoiles et avec peu
d’argent en poche. Suite à la vente de notre affaire en France, nous
attendions le transfert de notre capital au Canada. Mais quand nous
avons appris que le notaire qui s’occupait de cette transaction avait
disparu avec l’argent, la foudre nous est tombée dessus.
Une immigration, c’est comme refermer un livre pour redémarrer sur
une page blanche. Nous étions plein d’espoir en sachant ce que
nous quittions en France mais pas ce qui nous attendait. Et cette
mauvaise nouvelle qui nous est tombée dessus dès notre arrivée,
c’était l’enfer !
Après cet épisode difficile, vous auriez pu baisser les
bras et rentrer en France. Qu’est-ce qui vous a permis de
garder le cap dans cette tempête ?
Cet épisode-là a permis de nous construire au Québec et de créer
entre nous des liens de fraternité très forts. Nous avions tout perdu,
il ne restait plus que notre amitié. Comme on dit, c’est dans les
moments durs que l’on reconnaît réellement ses amis. Quand l’un
de nous craquait, les autres étaient là pour le soutenir.
Et puis, quand tu perds tout, quand tu tombes si bas, tu ne peux
que progresser. C’est ma philosophie : faire de chaque échec une
réussite. Après avoir cumulé les petits boulots, nous avons réussi à
économiser suffisamment pour acheter un petit local et lancer notre
première affaire à Montréal.
Malgré ces débuts compliqués, je n’ai aucun regret. Mon immigration,
si elle était à refaire, je la referais et même en partant encore plus
jeune. À toutes les personnes qui ont des envies d’immigration, je
leur dirais « fonce » ! Ne rêve pas ta vie, vis tes rêves !
Le mot intégration résonne-t-il en vous ?
Mon cœur est au Québec. Au bout de deux années d’immigration,
je savais déjà que j’avais été adopté. J’ai la double nationalité mais
je me sens avant tout canadien. Je ne me considère plus comme
français et je n’ai pas de nostalgie de ma vie là-bas, la page est
tournée.
J’ai troqué le bleu de la Méditerranée pour le bleu du Québec et j’en
suis fier. J’ai envie de rendre à ce pays ce qu’il m’a donné. Après
avoir tout perdu, avec moins de 1000 dollars en poche, on nous
a laissé notre chance et nous avons réussi à nous faire une place.
À travers ma cuisine, je suis fier de faire rayonner le meilleur des
produits du Québec.
C’est une véritable chance de pouvoir revivre ailleurs. Immigrer
a changé ma façon d’être. J’ai découvert une liberté de penser
différente. Le Québec, c’est l’acceptation de l’autre, sans préjugés.
On apprend à vivre en communauté et dans le respect de chacun.
Mon cœur est au Québec. Au bout de
deux années d’immigration, je savais
déjà que j’avais été adopté.

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