Rennes.maville.com Ils étaient bénéficiaires, ils deviennent bénévoles

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Ils étaient bénéficiaires, ils deviennent bénévoles
Madina, étudiante tchétchène, vient chaque après-midi aider au libre-service du Secours
populaire.
Ils viennent au Secours populaire chercher une aide alimentaire, des vêtements, ou
suivre des cours.Pas rares sont ceux qui, un jour, décident à leur tour d'aider les
autres.
Reportage
« Je suis étudiante, j'ai du temps. Et venir ici aider, c'est l'occasion pour moi de
perfectionner mon français. » La première fois que Madina est venue au Secours populaire,
c'était avec sa mère, pour de l'aide alimentaire. « Nous avons 380 € par mois pour vivre à
trois avec ma soeur qui est handicapée. » Arrivée en France en 2007, Madina, Tchétchène,
âgée de 19 ans, a obtenu le statut de réfugiée. Étudiante en licence de russe, elle a appris le
français au Cirefe (Centre international rennais d'études de français pour étrangers) à
l'université Rennes 2. « Un jour, je suis revenue au Secours avec une amie. J'ai
sympathisé avec des bénévoles. J'ai eu envie de venir donner un coup de main. »
Chaque jour de cet été, elle vient prêter main-forte au libre-service alimentaire. Avant
d'apprendre le français, Madina parlait russe, polonais, anglais. « Beaucoup d'étrangers
viennent au Secours populaire. Je les aide à traduire leurs papiers, à téléphoner. »
Madina veut terminer sa licence et tenter le concours de médecine. « Et dès que j'aurai du
temps, je reviendrai au Secours populaire. Il y a trop de gens qui n'ont rien à manger,
ça fait mal au coeur. »
« Devenus amis »
Armen, 21 ans, est là aussi presque tous les jours. « Je passe, j'aide pour les livraisons de
meubles, décharger les cartons d'aide alimentaire. J'accompagne aussi des
compatriotes chez le médecin et l'avocat, pour des traductions. » Armen est Arménien. Il
a reçu des promesses d'embauche. Dans l'espoir d'une régularisation, le jeune homme
préfère garder l'anonymat. Il est arrivé en France en 2004, pour rejoindre son père.
Naturellement, avec des copains, il est arrivé au Secours populaire, pour prendre des cours
de français. « Au début, c'était difficile. Très vite, je me suis lancé, j'ai discuté avec les
bénévoles. Ils sont toujours de bonne humeur. » Armen a fait preuve de curiosité : « Je
voulais savoir comment ils vivaient, comment était leur logement, pour mieux connaître
la vie quotidienne en France, et m'intégrer. Et apprendre la langue, ça vient en
pratiquant. L'humour, les blagues ne s'apprennent pas en cours. Avec les bénévoles,
on est devenu ami. »
Il n'est pas rare que des personnes accueillies au Secours deviennent bénévoles. Sur les 100
bénévoles que compte l'antenne d'Ille-et-Vilaine, 20 % environ ont été ou sont bénéficiaires.
Une manière de renvoyer l'ascenseur. « C'est valorisant pour eux d'aider des personnes
prises dans des situations qu'ils ont connues eux-mêmes, témoigne Erwan Motel, du
Secours populaire d'Ille-et-Vilaine. Il ne s'agit en aucun cas d'un bénévolat intéressé. Ils
deviennent bénévoles à part entière, sans privilège, ni aides supplémentaires par
rapport aux autres personnes accueillies. Ils apportent leur propre savoir, notamment
en matière de traduction, ce qui est précieux. »
Aujourd'hui, Armen parle peu de sa situation, de son arrivée en France. Il regarde devant.
« J'aime voir les gens contents, apporter du réconfort. Et mon temps libre, c'est pour
aider les autres. »
Agnès LE MORVAN.
Ouest-France
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