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« JEUX DANGEREUX »
SYNTHESE DOCUMENTAIRE
1. Que sont les jeux dangereux ?
On distingue deux types de jeux dangereux :
- les jeux de non-oxygénation : ils consistent à freiner l’irrigation sanguine du cerveau par compression des
artères carotides ou de la cage thoracique. Les sensations ressenties sont intenses et s’accompagnent de visions
hallucinatoires. On retrouve, dans cette catégorie, les jeux nommés : « trente secondes de bonheur », « rêve
indien », « rêve bleu », « jeu du cosmos », « jeu de la tomate », « jeu du foulard », « jeu de la grenouille »…
- les jeux d’agression : ils peuvent être intentionnels (quand tous les enfants ont « choisi » d’y participer) ou
contraints (quand la victime est désignée sans son consentement). Les jeux intentionnels (« petit pont
massacreur », « jeu de la cannette », « jeu du cercle infernal »…) consistent, au sein d’un groupe, à se passer un
objet. Celui qui ne le rattrape pas est alors roué de coups par les autres participants. Les jeux contraints (« mort
subite », « jeu de la couleur », « jeu du taureau », « happy slapping »…) consistent à désigner une victime selon
un critère choisi par les participants et à se ruer sur elle pour le frapper ou l’humilier. Certains de ses jeux
(notamment le « happy slapping ») conduisent en outre à filmer l’agression puis à diffuser les images auprès des
autres élèves ou sur internet.
2. Quelle est leur fréquence ?
Le dénombrement des accidents liés à ces pratiques est compliqué par le fait qu’il n’existe pas de statistiques
officielles à ce sujet. Les estimations font état de quinze à vingt décès par an.
S’agissant de la pratique de ces jeux, un sondage de la société Ipsos, réalisé en 2007 auprès d’une population
de plus de quinze ans, montre que 4% des Français auraient pratiqué ces jeux et que 9% en auraient été témoins.
Selon une enquête TNS-Sofres de 2007, 26% des jeunes de 7 à 17 ans interrogés se seraient déjà vu proposer de
participer à de tels jeux, tandis que 12% d’entre eux y auraient effectivement participé.
Concernant l’évolution du phénomène, une enquête de 2009 de la Direction Générale de l’Enseignement
Scolaire (DGESCO) montrerait une régression de ces pratiques dans le cadre scolaire (130 signalements en
2007-2008 contre 74 en 2008-2009). Les associations concernées notent, elles, un accroissement des incitations
sur internet, par le biais de sites, blogs, forums, messagerie…
3. Quelles sont leurs conséquences ?
Les jeux de non-oxygénation peuvent provoquer maux de tête, somnolence, amnésie et tremblements. Ils
peuvent également causer des lésions cérébrales irréversibles, voire le coma ou la mort. Le risque mortel est
accru pour les enfants pratiquant ce jeu tout seul. Au niveau psychologique, la pratique répétée peut créer un
comportement de dépendance, dans lequel l’enfant recherche toujours plus de sensations.
Les jeux d’agression ont de nombreuses conséquences sur le plan physique : hématomes, fractures, séquelles
neurologiques. Pour les victimes, ils peuvent également produire des conséquences psychologiques telles que
troubles du sommeil, idées noires, syndromes anxio-dépressifs, phobie scolaire. Enfin, les conséquences
judiciaires, dans le cadre de violences perpétrées sur un mineur de moins de quinze ans, peuvent aller jusqu’à
une peine d’emprisonnement de 3 ans et 45.000 € d’amende.
4. Quelles sont les motivations des joueurs ?
Les participants aux jeux de non-oxygénation sont le plus souvent poussés par la curiosité ou par la contrainte
exercée par le groupe. Les plus réguliers sont surtout à la recherche de sensations.
Dans le cas des jeux d’agression, les « initiateurs » sont le plus souvent décrits comme des caractères
dominateurs et charismatiques, éprouvant un besoin de sensations fortes et manifestant une tendance à
l’impulsivité. Les « suiveurs » sont, pour la plupart, entraînés par l’effet de groupe.
Les spécialistes insistent néanmoins sur la signification différente de la prise de risque en fonction de l’âge, ce
qui implique un contenu différencié des messages de prévention à délivrer. Dans l’enfance, la prise de risque
renvoie à une expérimentation de ses capacités et à une méconnaissance des conséquences de ses actes et des
dangers potentiels qu’ils impliquent. Dans l’adolescence, la prise de risque est davantage liée à une mise à
l’épreuve de ses propres limites et de celles posées par la famille, l’école et la société.
Clément CHAUVEL – Atelier Santé-Ville – « Jeux dangereux – Synthèse documentaire »
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5. Comment repérer ces pratiques ?
Le repérage est d’autant plus difficile que les enfants participants n’en parlent pas, et encore moins aux adultes.
Il convient alors d’être attentif à certains signes d’alerte.
Pour les jeux de non-oxygénation :
Pour les jeux d’agression :
- traces rouges autour du cou
- joues rouges
- violents maux de tête réguliers
- troubles visuels passagers
- bourdonnements d’oreilles
- oublis, brèves absences de conscience,
défaut de la mémoire récente
- découverte d’un foulard, d’une écharpe ou d’un
lien que l’enfant garde sur lui en permanence
- questions posées par l’enfant sur les effets ou les
risques de la strangulation
- agressivité soudaine, violence verbale
- repli sur soi
- blessures, traces de coups, vêtements abîmés, vols
- sueurs, tremblements, douleurs abdominales, nausées
- manifestations anxieuses : troubles du sommeil, refus
d’aller en classe
- agressivité soudaine, violence verbale ou physique
6. Comment intervenir en prévention ?
Les professionnels de la prévention dans ce domaine insistent sur plusieurs points :
le message délivré doit présenter les signes d’alerte, rappeler les dangers encourus, informer sur les
motivations des joueurs (qui diffèrent selon les âges). Il doit, dans tous les cas, être ajusté en fonction de la
gravité de la situation.
la prévention doit avant tout concerner les adultes (enseignants, parents…), afin de leur donner les moyens
d’engager ou de poursuivre le dialogue avec les enfants. La prévention à destination des enfants ou des
jeunes intervient après, si nécessaire et en cas de pratiques repérées.
l’intervention en direction des enfants doit veiller à ne pas être moralisatrice ni sur-dramatisée. L’enjeu étant
de ne pas donner une importance excessive au phénomène, afin de ne pas courir le risque d’une incitation. Il
est préférable d’ouvrir le dialogue plutôt que de faire un exposé.
vis-à-vis des enfants ou des jeunes, il est important d’aborder la question des témoins de ces jeux et de
dissiper la confusion, fréquente à cet âge, entre signalement et délation.
Pour en savoir plus…
- « Jeux Dangereux et Pratiques violentes », Guide d’intervention en milieu scolaire, Eduscol
=> http://media.education.gouv.fr/file/51/6/5516.pdf
- Le site de l’APEAS (infos, vidéos, supports de prévention, documentation…) :
=> http://www.jeudufoulard.com
- Extraits de vidéos sur le jeu du foulard
=> http://www.curiosphere.tv/index.cfm?mot_clef=jeu+du+foulard&isSearchEngine=1
- Le site internet de Fil Santé Jeunes :
=> http://www.filsantejeunes.com/
- L’espace « Professionnels » de Jeunes Violence Ecoute :
=> http://www.jeunesviolencesecoute.fr/flexicontent-dp2.html
Clément CHAUVEL – Atelier Santé-Ville – « Jeux dangereux – Synthèse documentaire »
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