patrimoine naturel, patrimoine paysager

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patrimoine naturel, patrimoine paysager
Courrier des lecteurs
Cet espace vous est réservé. Exprimez-vous ! En attendant vos courriers, voici quelques
exemples d’autres formes d’expression vues dans les rues de Granville. Apparition furtive en
mai dernier d’une Marylin sur le port, messages d’amour pour Granville ou vision plus noire,
invitation à participer au Carnaval, commandes réalisées pour la Ville, tel est le florilège qui
peut être aperçu, en ouvrant attentivement les yeux...
AG E N DA
DÉCOUVRIR GRANVILLE
MUSÉES DE FRANCE
Musée Christian Dior- Villa Les Rhumbs
Rue d’ Estouteville - 50400 Granville
Jusqu’au 22 septembre : exposition « Impressions Dior »
Ouvert tous les jours de 10h à 18h30 sans interruption
Informations : 02 33 61 48 21 – www.ville-granville.fr
Musée d’art moderne Richard Anacréon- MamRA
Place de l’Isthme - La Haute-Ville - 50400 Granville
Jusqu’au 22 septembre : exposition « Maurice DENIS : Au fil de l’eau »
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h
Visites commentées adultes, animations enfants régulières, spectacles
Informations et réservations : 02 33 51 02 94 – www.ville-granville.fr
Musée du Vieux Granville
Candidature au label Villes et Pays d’art et d’histoire / le point sur la démarche
Les trois étudiants en Master II Restauration et réhabilitation du patrimoine
bâti – Romain Blanchard, Charles Cotteret et Teddy Congar - accueillis au
cours de l’année universitaire 2012-2013 ont rendu leur copie. Ils ont réalisé
l’inventaire systématique du bâti du centre-ville, en suivant une méthodologie scientifique d’inventaire préconisée par les services de l’Inventaire
général de Basse-Normandie, et en accord avec l’Architecte des Bâtiments
de France (ABF). Ils ont répertorié plus de 200 bâtiments au cours du premier
semestre. La plupart des façades des bâtiments des rues Lecampion, Paul
Poirier, Saint-Sauveur, Clément Desmaisons, Valory et Saintonge, ainsi que
celles du Cours Jonville et du Boulevard d’Hauteserve ont gardé leur apparence d’origine. Cette conservation de leur aspect originel peut être attribuée
en partie au fait que ce secteur du centre-ville entre dans un périmètre de
500 mètres autour d’un Monument Historique et que, en conséquence, toute
planification de modification extérieure doit être soumise à l’approbation de
l’ABF. Dans cette zone, les transformations les plus importantes ont touché
l’intérieur des bâtiments, elles n’ont donc pas d’incidence sur la lisibilité
architecturale de la zone depuis la rue. Les autres modifications notables
concernent les rez-de-chaussée et plus généralement les vitrines des commerces où on peut malheureusement constater un manque d’homogénéité.
Les étudiants de Rennes ont également travaillé sur la conception d’un livret
d’informations et de préconisations architecturales à l’attention des
propriétaires du centre-ville, des notaires et agences immobilières et
des entreprises qui peuvent être amenées à intervenir sur ce secteur. Ce
document contient des recommandations à suivre au cours de travaux sur
les façades de ce bâti. Il sera disponible à l’Office municipal de Tourisme de
Granville au cours de la seconde quinzaine de septembre. Un exemplaire
de l’inventaire du bâti du centre-ville sera remis aux médiathèques de
Granville et Saint-Pair-sur-Mer à la même période.
L’étude des commerces sera complétée par la mise en place d’une charte
pour les devantures commerciales, les enseignes et les terrasses, proposée par Éric Vimond, étudiant en Master II géographie, aménagement à
l’Université de Nantes, qui réalise un stage au sein du service urbanisme
de la Ville de Granville depuis début juin et jusque fin août. Ce travail est
mené suite à l’étude du cabinet Cibles et Stratégies sur la redynamisation
du commerce en centre-ville. Il est en outre réalisé en collaboration et
validé par l’ABF. Son objectif est d’accroître l’attractivité du centre commerçant de Granville, tout en respectant son harmonie et la qualité urbanistique de la ville.
Par ailleurs, après avoir analysé les patrimoines de Granville et de SaintPair-sur-Mer et pris connaissance du bilan des politiques patrimoniales
menées par les deux communes, les services de la Direction Régionale des
Affaires Culturelles (DRAC) ont donné leur verdict : Granville et Saint-Pairsur-Mer disposent d’atouts qui leur permettent de faire acte de candidature au label Pays d’art et d’histoire auprès du ministère de la Culture
et de la Communication. Afin de mener cette candidature à terme, nous
bénéficierons de l’expertise de la DRAC, qui nous accompagne désormais
dans la constitution du dossier définitif de candidature.
2 rue Lecarpentier - La Haute Ville – 50400 GRANVILLE
Collections permanentes sur l’histoire de Granville Pêche à Terre-Neuve, pêche côtière, bains de mer, collections ethnographiques
normandes - Jusqu’au 30 septembre : tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h et de 14h
« Le nouveau nom de la pêcherie est une référence à la géologie de Granville.»
Une étape décisive du travail mené par l’association les Amis de la
pêcherie de la Tranchée a été atteinte le 24 juin dernier. En effet, c’est
ce jour-là qu’a été posé le linteau du goulet de la pêcherie (illustration).
La pêcherie, appelée Pêcherie Cavey, d’après le nom de son dernier
propriétaire connu, a pour l’occasion été rebaptisée. Elle s’appelle
désormais la pêcherie de la Tranchée. Ce nom est une référence à
la géologie de Granville et un rappel historique de la tranchée qui
a initialement été creusée par les Anglais pendant leur présence
à Granville (1439-1442) au cours de la guerre de Cent Ans, afin de
séparer la presqu’île du Continent à marée haute et qui a été élargie
par la suite, notamment aux XIX ème et XX ème siècles, pour favoriser
l’implantation d’infrastructures liées à la pratique des bains de mer.
REDACTION / PHOTOGRAPHIE / GRAPHISME...
D irec teur de la publica t i o n / Daniel C ARUHEL - D i re c te u r d e l a ré d a c t i o n / Pa trick B AILBÉ
Co ordina tion de la ré d a c t i o n / Marlène TUR GIS
Comité de rédac tion / Pa trick B AILBÉ, M ichèle CHARTR AIN, le Conser va toire du littoral, François et Marie -Louise DEL AMARE – Asso c ia tion S aint-Pair-Vivum,
A n to i n e L E R I C H E, B ri g i tte RICHART, Joris SANSON, B er trand SORRE, Marlène TUR GIS
Crédits photos / S e r v ice tourisme - communica tion, musée d’ar t mo derne R ichard A nac réon, musée Christian D ior, musée du Vieux G ranville, François DEL AMARE
– A s s o c i a t i o n S a i n t - Pa ir-Vivum, Marie -Louise DEL AMARE – Asso c ia tion S aint-Pair-Vivum, Luc CHATEL AIS – O ffice de Tourisme du canton de Montmar tin-sur-Mer,
N i co l a s S E R RU R I E R
Conception / réalisa t i o n / Eric QUESNEL - ww w.quesnel- creation.fr - I m p re s s i o n / Imprimerie Renouvin
Journal du patrimoine granvillais
Démarche de candidature au label Ville et Pays d'Art et d'Histoire
N°5
à 18h30
Du 1er octobre au 31 mars : le mercredi, samedi et dimanche de 14h à 18h et sur rendez-vous
Informations : 02 33 50 44 10 – www.ville-granville.fr
Halle au Blé – rue du Roc – 50400 GRANVILLE
Du 1er septembre au 5 janvier 2014 : Exposition « Autour de l’Aimable
Grenot, frégate corsaire sous le règne de Louis XV »
Ouverture : Jusqu’au 30 septembre : tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h et de 14h à 18h30
Du 1er octobre au 5 janvier : le mercredi, samedi et dimanche de 14h à 18h et sur rendez-vous
Informations : 02 33 91 88 39 ou 02 33 50 44 10 – www.ville-granville.fr
MUSÉE PRIVÉ
Le Roc des Harmonies
Pointe du Roc – boulevard Vaufleury – 50400 GRANVILLE
Collections permanentes jardin des papillons, aquarium, palais minéral, féérie des coquillages.
Jusqu’au 30 septembre : ouvert tous les jours de 10h à 19h
Du 1er octobre au 31 mars : tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30
Informations : 02 33 50 19 83
VILLAGE DU MARITÉ
Exposition permanente : rétrospective de l’histoire du Marité, dernier terreneuvier français, et de l’histoire granvillaise de la Grande Pêche à Terre-Neuve.
Exposition extérieure, accès permanent. Gratuit.
Animations régulières, spectacles,
Vacances d’été : tous les jours de 15h00 à 19h00
Et jusqu’à fin septembre : tous les week-ends, ponts et fériés de 15h00 à 18h00
visites commentées du Marité proposées régulièrement
Informations – calendrier - réservations : 02 33 06 69 15 – lemarite.com
VISITES COMMENTÉES – VISITES THÊATRALISÉES
Nouvelle jeunesse et
nouveau nom pour la pêcherie
Août 2013
Visites-découvertes thématiques de la ville
rendez-vous à l’Office municipal de tourisme
Granville balnéaire, les plus beaux panoramas
les mardis 20 et 27 août à 11h
Granville maritime et portuaire
le jeudi 22 août à 11h
Vieilles pierres
les samedis 17 et 24 août à 15h et le mercredi 28 août à 15h
Visites-conférences de l’église de Notre-Dame
organisées par les Amis de l’Église Notre-Dame: tous les mardis 20 et 27 août à 15h et le
mercredi 28 août à 15h - Gratuit - sans réservation
Visites commentées de la pêcherie de la Tranchée
organisées par les Amis de la pêcherie de la Tranchée : Réservation obligatoire - prévoir un
équipement adapté (bottes ou chaussures fermées).
Réservations - informations - Office municipal de Tourisme de Granville : 02 33 91 30 03
AGENDA CULTUREL
Jusqu’au dimanche 18 août : Salon des Artistes Granvillais
Du vendredi 9 au dimanche 18 août : Festival Jazz en Baie
Dimanche 11 août : Marché aux livres et aux vieux papiers de la Haute-Ville
Du mercredi 21 au dimanche 25 août : Festival des voiles de travail
Samedi 14 et dimanche 15 septembre : Journées européennes du Patrimoine
Samedi 5 et dimanche 6 octobre : Festival « Toute la mer sur un plateau »
Samedi 2 et dimanche 3 Novembre : Salon des Métiers d’arts et créateurs
Du vendredi 28 février au mardi 4 mars 2014 : 140e édition du Carnaval de Granville
patrimoine naturel, patrimoine paysager
L’ensemble des évolutions significatives de l’histoire de Granville sont liées à la nature qui nous entoure
DOSSIER
Au commencement fut le Big Bang, qui engendra la création de milliards
d’étoiles. Parmi celles-là, naquit le Soleil, autour duquel vinrent graviter
huit planètes dont la Terre fait partie. Grâce à une couverture composée
à 70 % d’eau, la vie fut rendue possible sur notre planète. Mais l’eau
subit l’attraction conjointe de la Lune, satellite de la Terre, et du Soleil,
autour duquel la Terre tourne. Et en Europe, ce phénomène atteint son
paroxysme dans la Baie du Mont-Saint-Michel que Granville ouvre par
le nord. Ce phénomène naturel indomptable rythme depuis toujours la
vie à Granville, dont elle n’a de cesse d’opposer « fièrement son rocher
à l’assaut épouvantable des vagues, qui tantôt apportent du nord les
fureurs discordantes des courants de la Manche, tantôt roulent de l’ouest
un long flot toujours grossi dans sa course de mille lieues qui frappe de
toute la force accumulée dans l’Atlantique… » (Jules Michelet, La Mer,
1861), y laissant parfois des vies humaines.
Néanmoins, grâce à sa nature ultra-adaptable, l’être humain parvient
à tirer profit des marées, tout en exploitant une ressource naturelle
disponible en abondance sur l’archipel de Chausey. En effet, la puissance
marémotrice est utilisée pour soulever et transporter d’énormes blocs
de granit qui servent dès le XIème siècle à alimenter le chantier du MontSaint-Michel. Les constructions de la ville fortifiée de la Haute Ville
débutent au XVème siècle sur le site de la Roque de Lihou, après que
les Anglais au cours de la guerre de Cent Ans, aient sélectionné le site
pour sa situation géographique stratégique, en hauteur et bercé par les
flots marins de parts et d’autres, leur offrant l’opportunité de mieux se
ÉDITO
défendre. Par la suite, les infrastructures portuaires sont édifiées à
partir du XVIIIème siècle, afin de satisfaire de nouveaux besoins nés
de la proximité de la mer : la Grande Pêche à Terre-neuve, ainsi que
la pêche côtière aux huîtres permettent à Granville de prospérer et de
se développer jusqu’au XIXème siècle. Le déclin de ces activités lié au
tarissement des ressources naturelles et à l’évolution navale laissera
toutefois à la postérité la tradition du Carnaval.
XIXème siècle
correspond au début d’une nouvelle ère
Par chance, le
marquée par un changement de la vision qu’on avait jusque-là de la
mer. Considérée auparavant comme dangereuse, elle devient salvatrice. On s’y déplace en masse pour pratiquer des bains de mer dans
un premier temps thérapeutiques. Afin de satisfaire les besoins liés
à cette nouvelle activité, le Casino, des hôtels sont construits et des
villas à l’architecture bien particulière poussent en haut de la falaise.
Un nouveau quartier se développe et son église, construite sur un
promontoire selon une tradition séculaire, s’annexe naturellement
au paysage.
L’ensemble des évolutions marquantes de l’histoire de Granville sont
liées à la nature qui nous entoure, aux ressources qui nous sont immédiatement disponibles, et qui ont contribué, au fil du temps, à
forger la ligne d’horizon de Granville. Cet héritage naturel et paysager est un bien commun qui fait désormais partie intégrante du
patrimoine identitaire de Granville et des Granvillais.
Granville à 360°
L A L E T T R E D U PAT R I M O I N E
Outre des informations sur les activités culturelles et patrimoniales,
nous avons choisi de consacrer une large place de ce numéro de la
Lettre au patrimoine environnemental de notre territoire.
Longtemps délaissé et le plus souvent exploité par l’activité humaine,
l’environnement apparaît aujourd’hui comme un patrimoine qu’il
y a lieu de protéger, d’expliquer et de valoriser.
La démarche que nous avons entreprise au titre de la candidature
au label Villes et Pays d’Art et d’Histoire intègre cette dimension.
Il ne s’agit pas seulement de valoriser l’attrait touristique de nos
sites et de nos paysages mais aussi de contribuer à construire des
démarches citoyennes et éco-responsables.
La mer, les rivières, le littoral tout comme le rétro-littoral sont
l’objet désormais d’une attention toute particulière. La voix des
spécialistes est fondamentale tout autant que celle des amateurs
de nature. Tous concourent à rendre plus vive encore la conscience
que nous nous devons d’avoir à l’égard des espaces naturels et de
la biodiversité.
Lecteurs de la Lettre du patrimoine, nous savons que nous pouvons
compter sur vous et vous souhaitons de beaux regards estivaux
sur le spectacle de la nature.
Patrick BAILBÉ
Adjoint au Maire
de Granville
chargé de la vie culturelle
Bertrand SORRE
Premier Adjoint au Maire
de Saint-Pair-sur-Mer,
en charge de la culture et
du patrimoine
Granville est ancrée sur un territoire à géographie variable. Elle dispose de points en hauteur qui sont autant de
points de vue panoramiques d’où son évolution peut être remarquée. Que ce soit depuis la Haute Ville ou de la
pointe du Roc, du parvis Saint-Paul, depuis le jardin Dior ou encore d’Hacqueville, ou même depuis la mer, elle
dévoile sur chaque site une facette différente de sa riche histoire. Ce numéro propose des vues panoramiques
glanées au fil de parcours-découvertes …
La Lettre journal du patrimoine Granvillais - N°5
L’archipel de Chausey
Les rivières, les puits,
un écrin de nature protégé, situé à 17 kilomètres de Granville...
Une prise de conscience liée à son intérêt est née tôt, à l’initiative de
la Société Civile Immobilière des Iles Chausey, propriétaire majoritaire,
qui œuvre activement depuis plusieurs décennies pour la préservation
du site. Ainsi, en 1968, Chausey devient réserve de chasse. En 1976,
l’archipel est classé en site naturel. En 2004, il intègre le réseau européen
Natura 2000. En 2005, il est désigné comme Zone de Protection Spéciale
du fait de la présence sur le site d’oiseaux marins d’importance communautaire. En 2007, ses aires marines sont confiées au Conservatoire du
littoral.
Rencontre avec Arnaud GUIGNY et Pierre SCOLAN, gardes du littoral
à Chausey
Comment fonctionne le Conservatoire du littoral ?
Le Conservatoire du littoral intervient sur 153 000 hectares, ce qui
représente plus de 1500 kilomètres de rivage en France métropolitaine
et Outre-Mer. Son rôle est de protéger le littoral dont elle est soit
propriétaire, soit attributaire. Cependant, selon les régions, elle en confie
la gestion à des organismes dont le statut peut parfois différer. Alors que
sur certains territoires, la gestion peut être confiée à des associations,
dans la Manche, elle est dévolue au SyMEL : le Syndicat Mixte des Espaces
Littoraux de la Manche.
Depuis quand le Conservatoire du littoral est-il présent à Chausey ?
Le Conservatoire du littoral est présent à Chausey depuis 1994. Chausey
fait figure de précurseur, puisque c’est le premier site en France dont le
domaine public maritime a été attribué au Conservatoire du littoral en
2007. Cela représente 5 000 hectares d’espace marin ou intertidal, soit
95% de la surface de l’archipel. Nous sommes présents à l’année sur
l’archipel depuis 2006.
et l’information du public : nous faisons des tournées de surveillance
sur la Grande Ile et en bateau dans l’archipel, nous informons les visiteurs
sur les bonnes pratiques liées à la pêche à pied, nous veillons à ce que
les quotas, les tailles et les périodes de pêche soient respectés. De
plus, nous nous assurons que l’interdiction de débarquement sur les
îlots soit respectée en période de nidification des oiseaux et que les
plaisanciers restent à bonne distance des îlots, afin de ne pas déranger
les espèces présentes.
Pas toujours facile de réprimander les gens ?
Si nous effectuons des contrôles, notre rôle n’est cependant pas
répréhensif. Nous sensibilisons le public et nous l’informons des droits
et interdictions liés au site. Il nous arrive de faire des tournées accompagnés de représentants des services de l’État, comme l’Unité Littorale
des Affaires Maritimes, la bridage de surveillance du littoral ou encore
l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. En vertu de la
mutualisation des moyens et des services, nous leur faisons bénéficier
de notre connaissance fine du terrain, mais eux seuls verbalisent les
éventuels contrevenants.
Quelles sont les réactions du public ?
Au cours de nos interventions, nous diffusons des brochures sur les
bonnes pratiques à adopter et le public y est généralement plutôt réceptif.
D’ailleurs, nous avons remarqué que depuis 2006, l’attitude des gens
est beaucoup plus compréhensive. Cela peut sans doute être attribué
au fait que ces dernières années, une conscience de l’environnement
et de sa fragilité soit née. Par ailleurs, nous effectuons des opérations
de sensibilisation préventive auprès des usagers qui fréquentent régulièrement l’archipel. Nous proposons deux chartes de pratiques respectueuses
Quelles sont les autres missions du Conservatoire du littoral ?
Elles sont de différents ordres. Nous intervenons sur les 7 hectares
d’espace public terrestre de la Grande Ile où nous entretenons les
sentiers, la végétation et les parcelles publiques.
Une autre facette de nos missions consiste à assurer la surveillance du site
des composants essentiels autour desquels la vie s’est organisée.
Exemple de Saint-Pair-sur-Mer...
Par ailleurs, ouvrir le robinet pour obtenir de l’eau courante est un
geste aujourd’hui très facile. Nous savons qu’il n’en a pas toujours
été ainsi. Autrefois on obtenait l’eau en la puisant dans un puits
avec un seau accroché à une chaîne qui tournait autour d’un axe
en bois grâce à une manivelle mécanique. Tous les puits encore
visibles à Saint-Pair-sur-Mer constituent un petit patrimoine bâti
intéressant.
Par Marie-Louise et François DELAMARE – association Saint-Pair-Vivum.
Illustration : avec l’aimable autorisation des propriétaires.
L’eau fait partie des éléments essentiels à la vie humaine. Ainsi, la
sédentarisation a-t-elle été conditionnée par la proximité de sources
d’eau douce. Les rivières représentent alors des éléments prédominants.
Tandis qu’à Granville, Le Boscq traverse le centre-ville et a constitué
la frontière entre les paroisses de Notre-Dame et Saint-Paul à partir
de 1859 et jusqu’à la mutualisation des paroisses, La Saigue constitue, comme de nombreuses autres rivières ailleurs, une frontière
naturelle qui a permis de déterminer la délimitation administrative
entre Granville et sa voisine Saint-Pair-sur-Mer.
Certaines maisons avaient leur puits personnel, quelquefois intégré dans le mur. Lorsque l’habitation comprenait plusieurs
familles, chacune de ces familles avait accès à un puits commun.
Il existait un droit de puits. Les autres habitants de Saint-Pairsur-Mer devaient s’approvisionner aux deux puits publics dans le
bourg : un se situait sur la place de l’église, l’autre près de la
Chapelle Sainte-Anne. Le besoin en eau était tel que la commune
décida, en 1894, de creuser un second puits sur la place, pour
subvenir aux besoins générés par les 17 hôtels existants à cette
époque.
Chaque village avait un ou plusieurs puits, Kairon avait son puits
communal. Des venelles étaient tracées pour permettre l’accès des
usagers détenteurs d’un droit de puits au puits commun (là aussi
droit de passage jusqu’au puits).
Beaucoup de ces puits ont disparu, ils ont été rasés et couverts d’une
dalle de ciment car ils gênaient le passage d’une route ou l’implantation d’une construction.
Aujourd’hui, ceux qui ont été conservés donnent l’eau d’arrosage
des jardins, grâce à une pompe, ou servent de décoration dans une
cour. Ils sont souvent fleuris avec goût.
Néanmoins, de nombreux puits sont encore visibles. Ils ne présentent pas tous les mêmes caractéristiques. Ainsi, en voici quelques
exemples :
Des Puits « casquette » sont couverts d’une dalle inclinée vers
l’avant ou l’arrière ;
des puits « bonnet » qui ressemblent à une ruche, quelques-uns sont
surmontés d’une boule ou même d’une croix ;
des puits incorporés complètement dans le mur de la maison ;
des puits recouverts de pierres maçonnées.
Vous pourrez les découvrir au cours de promenades à Saint-Pairsur-Mer, en regardant au-dessus d’une haie ou d’un mur, vous
serez surpris de la diversité des formes de construction de ces bâtis
anciens.
Il existait un droit de puits.
Granville depuis l’église Saint-Paul
Le port de Granville
Les îles Chausey
Vous occupez l’ancien Sémaphore ?
Il constitue en effet une enclave publique dans l’espace privé de l’île et
appartient au Conservatoire du littoral, mais nous ne l’occupons pas. Il est
réservé pour l’accueil d’équipes scientifiques qui viennent mener des missions temporaires de recherche. Par exemple, des études ont été menées
sur les algues ou encore sur les herbiers ou les homards. Cette année, de
mars à octobre, il est occupé par une délégation du Museum national
d’Histoire naturelle qui mène une étude sur les facteurs influençant le
recrutement (arrivée de juvéniles au sein d’une population) des bivalves
avec un focus sur la praire. Cette étude est développée dans le cadre du
programme HEIMa (Habitats, Espèces et Interactions Marines). Nous leur
fournissons également des moyens nautiques et nous leur transmettons
notre connaissance du terrain, afin qu’ils travaillent dans les meilleures
conditions. Pour notre part, nous logeons dans l’autre bâtiment dont le
Conservatoire du littoral est propriétaire : le Fort de style Vauban, datant
de 1866.
projet de « sciences participatives ».
Ce module du programme HEIMa s’intéresse particulièrement au milieu
sous-marin de Chausey et vise à développer un réseau d’observateurs
en plongée parmi les différents clubs de plongée locaux. C’est donc
un programme spécifique de sciences participatives en plongée. Nous
avons mis en place un groupe de travail composé des représentants
des différents clubs et commissions biologies de la Manche, Calvados
et Orne, de la FFESSM (Fédération française d’études et de sports sousmarins) afin de développer les outils nécessaires aux observations
sous-marines (inventaires biologiques, description des habitats sousmarins). Nous développerons par ailleurs des solutions pour bancariser
les données recueillies et les valoriser. La participation des plongeurs
amateurs est intéressante en ce sens qu’ils sont nos «yeux sous la mer».
En plongeant régulièrement et sur des sites variés, ils contribuent, à
leur niveau, à améliorer les connaissances du paysage sous-marin de
Chausey et la vie qui y est associée. En s’impliquant dans ce programme
et en tant qu’usagers du milieu marin à part entière, ces plongeurs
seront également davantage sensibilisés à l’environnement et nous
espérons pouvoir mettre en place une nouvelle charte de bonne
conduite concernant les activités de plongée à Chausey.
L’implication des acteurs locaux est essentielle à nos yeux. Si la population locale ne se sent pas concernée par ces enjeux, qui pourrait l’être ?
Par exemple : une réserve de pêche avait été créée en 1964 dans le
chenal du Sound. Or, avec le temps, les mesures prises étaient tombées dans l’oubli. À notre arrivée en 2006, nous avons demandé aux
pêcheurs s’ils souhaitaient conserver ou non cette réserve, et respecter
les contraintes qui y étaient liées. Ils ont été d’accord, nous avons
donc remis en place cette réserve. Autre exemple : nous menons
REGARD
de l’environnement. La première est une charte de survol sur laquelle
nous communiquons notamment auprès des aérodromes de Brévillesur-Mer et du Val-Saint-Père. Nous établissons des plafonds indicatifs
de vols déterminés à 300 mètres, afin d’assurer la quiétude de la faune
et des habitants de l’archipel. Une autre charte est signée avec le
Centre Régional Normandie Canoë-kayak. Ce code de bonne conduite
inclut l’engagement des kayakistes à ne pas s’approcher trop près des
îlots et à ne pas faire trop de bruit, afin de ne pas perturber la vie animale. Par ailleurs, nous consacrons une journée par an à la formation
des encadrants autour de pratiques raisonnées de ces activités de loisirs, afin qu’ils transmettent à leur tour les bonnes pratiques à adopter.
Avez-vous d’autres missions ?
Oui. Le Conservatoire du littoral intervient également et surtout en
milieu marin et sous-marin. Un programme de recherches sur la biodiversité a été mis en place à Chausey. Il s’agit du programme HEIMa. Il
comporte trois domaines de recherches déployés sur trois ans et demi.
Il s’attache à approfondir les connaissances sur les habitats marins de
l’archipel et sur plusieurs espèces d’intérêt patrimonial. Il inclut des
opérations de gestion et de veille sur certains sites à enjeux écologiques, tout en tenant compte des interactions avec les usages. Enfin,
le troisième volet consiste à sensibiliser et impliquer les acteurs, par un
actuellement une réflexion sur l’organisation des mouillages à Chausey.
Les Chausiais, ainsi que l’ensemble des usagers concernés prennent une
part active dans ce travail.
Une sélection d’ acquisitions MamRA / Musée Christian Dior /
Musée du Vieux Granville...
Vos domaines de missions sont donc très larges ?
Oui, nous répondons aux objectifs liés à l’information, à la sensibilisation
des habitants et des usagers de Chausey. Nous assurons la préservation
de l’environnement terrestre, marin et sous-marin, nous favorisons et
prenons part à des campagnes de recherches scientifiques. Nous sommes
donc polyvalents.
Avez-vous remarqué des évolutions dans les pratiques des usagers
et pour la faune et la flore ?
Nous tenons des statistiques de fréquentation de l’archipel. Nous avons
constaté ces dernières années que la fréquentation diminuait. Cela
peut s’expliquer par le temps qu’il a fait ces dernières saisons et la crise
économique, qui a eu pour conséquence la diminution des activités de
plaisance. Mais nous ne considérons pas que ce soit une tendance à
long terme. Pour ce qui concerne la faune et la flore, 7 ans de présence représentent uniquement les débuts des recherches scientifiques que nous
effectuons. Il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions mais nous
y travaillons et il nous reste encore de nombreux domaines à explorer.
Le musée du Vieux Granville conserve la mémoire et le patrimoine
Récemment, de nouvelles activités y ont vu le jour. Les animations à l’attention du public scolaire trouvent un écho particulier dans certains questionnements actuels liés au patrimoine
naturel, comme par exemple, l’épuisement des ressources halieutiques ou encore la nécessité de conserver la mémoire des pratiques traditionnelles de pêche. Au-delà d’une simple « visite
guidée », la visite du musée avec le médiateur peut s’avérer particulièrement riche. Le musée du Vieux Granville s’est constitué un matériel pédagogique composé de fac-similés ou d’objets
manipulables par les élèves, afin de favoriser leur sensibilisation. Le musée du Vieux Granville est présent sur différents réseaux sociaux qui offrent de nouvelles opportunités de communication autour de ces nouveautés.
La Houle - Léon-Augustin Lhermitte (1844-1925)
signé et daté en bas à droite, avec envoi: A mon ami Le Bas / L.LHERMITTE 1893
La Loge - Louis Valtat - peinture sur carton marouflée sur toile - 1919 - 28,5 X 27,5 cm.
Un joli duo de jeunes femmes hautes en couleurs va prochainement rejoindre les
cimaises du MamRA après l’acquisition en vente publique à Bayeux le 13 juillet dernier
de cette œuvre de l’artiste peintre Louis Valtat (1869 – 1952), La Loge (1919). Déjà
représenté dans les collections du musée par le petit Port Breton (1907), Louis Valtat
côtoie les peintres symbolistes et néo impressionnistes à la fin du XIXème siècle, avant
d’exposer en même temps que les artistes fauves au Salon d’automne de 1905. Cette
peinture très colorée, aux formes simplifiées, montre que l’artiste conserve ces héritages artistiques tout au long de sa carrière, et illustre une passerelle entre l’art des
Nabis (mouvement dont le peintre granvillais Maurice Denis fut le théoricien) et l’art
des Fauves.
Léon Lhermitte a séjourné à Granville chez son ami Aristide Le Bas et réalisé alors cinq
pastels de la ville, choisissant divers points de vue et différentes heures de la journée.
Le musée a acquis au fil des années deux de ces tableaux Le Marché à Granville et
Granville le matin. La Houle représente un quartier ancien et populaire de Granville où
l’artiste a été séduit par le côté pittoresque de cette rue Sainte-Geneviève du quartier
de la Houle où des petits escaliers extérieurs permettaient (quelques-uns existent
encore) d’accéder aux étages des maisons et où une vie intense régnait parmi les
familles de pêcheurs qui la peuplaient. C’est donc un document iconographique et
ethnographique rare en même temps qu’un superbe pastel.
Il a été acquis en vente publique avec autorisation de préemption au nom de l’État
et une aide du Fonds régional d’acquisition des musées (FRAM) égalant 60% du
prix d’achat.
Robe de Cocktail « Théâtre Sarah Bernhardt »
Yves-Saint-Laurent pour Christian Dior - automne-hiver 1959 - Satin de soie vert émeraude
Robe courte à manches 3/4, en satin de soie vert, ceinturée à la taille et rehaussée d’un
nœud orné d’un camélia. Cette acquisition vient étoffer le nombre de modèles créés
par Yves Saint-Laurent lors de son passage à la tête de la maison de couture, dans les
collections du musée.
L’intérêt tout particulier de ce modèle réside dans son lien avec le monde des arts de la
scène. Le nom de l’actrice Sarah Bernhardt et le camélia à la ceinture, rappel d’un de ses
rôles les plus célèbres, rendent ce lien évident et très parlant pour le public.
La fréquentation des musées...
Le MamRA
Le Musée Christian Dior
6 025 visiteurs entre février et juin 2013. 4 960 visiteurs entre le 21 avril
(date d’ouverture de l’exposition Maurice Denis, au fil de l’eau) et le
30 juin. La notoriété de l’artiste exposé, et la communication autour du
festival Normandie impressionniste laissent présager une fréquentation
supérieure à celle de l’an passé.
L’exposition estivale Impressions Dior, ouverte depuis le 4 mai
dernier a déjà accueilli 17 993 visiteurs.
La Halle au Blé
L’exposition-événement Autour de l’Aimable Grenot, frégate
corsaire sous le règne de Louis XV se tiendra du 1er septembre
2013 au 5 janvier 2014 à la Halle au Blé.
La Lettre journal du patrimoine Granvillais - N°5

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