Au-delà des racines

Transcription

Au-delà des racines
CENTRE D’ART CONTEMPORAIN RAYMOND FARBOS
1bis-3, rue Saint-Vincent-de-Paul
Raymond
40000 Mont de Marsan
Farbos
Tél : 05 58 75 55 84
E-mail:[email protected]
Blog :cacrf.canalblog.com
Madame, Monsieur,
Veuillez trouver ci-joint le dossier de presse concernant l' exposition du centre
d'art contemporain de Mont de Marsan qui aura lieu du 9 octobre au 28
novembre :
Au-delà des racines
Textes et peintures
Sous le parrainage de Boualem Sansal
Nous vous convions au
vernissage le 8 octobre 2015 à partir de 18 h 30
au centre d'art.
Nous vous remercions de vous faire l'écho de cette manifestation qui met en
scène une trentaine de textes et autant de peintures.
Nous nous tenons à votre disposition pour tous renseignements et documents
complémentaires qui pourraient vous être utiles.
Nous vous adressons nos sentiments les meilleurs.
Jacques Brillaud
Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h, le samedi de 14h à 18h (fermeture
dimanche et jours fériés) Entrée 3 €, demi tarif pour les enfants de 12 à 18 ans, les étudiants et les demandeurs
d'emploi, gratuit pour les moins de 12ans, les groupes et les scolaires.
Dossier de presse
Au-delà des racines
Textes et peintures
Création de Katia Chibi
en collaboration avec le "centre d'art contemporain raymond farbos"
Sous le parrainage de Boualem Sansal
Centre d’Art Contemporain Raymond Farbos
Mont-de-Marsan
9 octobre - 28 novembre 2015
Vernissage jeudi 8 octobre à partir de 18h30
Sur une idée de Katia Chibi, passionnée de littérature, née en France et d'origine
kabyle, cette exposition met en scène des extraits de textes qu'elle a choisis, tous
d'auteurs liés à l'Algérie par leurs origines ou leurs attachements profonds, et
des peintures inspirées par ces textes. Ces morceaux choisis nous parle de leurs
liens avec un pays, l’Algérie, pays tout à tour aimé, défendu, désiré, perdu, rêvé.
Au-delà de ces histoires d’hommes, c’est de l’homme qu’il s’agit dans toute sa
grandeur et douleur d’être. Les peintres qui ont aimablement accepté de
participer prolongent l’esprit de ces textes.
Les peintures reproduites dans ce dossier ne sont pas celles de l'exposition qui
sont, elles, en train de se faire.
Les auteurs
Taos Amrouche
Jean Amrouche
Slimane Azem
Albert Camus
Tahar Djaout
Nabile Farès
Mouloud Feraoun
Jean Grenier
Yacine Kateb
Mouloud Mammeri
Aït Menguellet
Jean Pelégri
Boualem Sansal
Jean Sénac
Hamid Tibouchi
Les peintres
Maher Al Baroudi
Jean Claude Dutertre
Abraham Hadad,
Slimane Ould Mohand
Martine Pinsolle
Jean Charles Quillin
Farida Sakhri
Gérard Simoen
Hamid Tibouchi
Au-delà des racines,
…ou la recherche d’un Lieu pur et infini, un Lieu recherché jusqu’à l’obsession.
Un lieu d’une identité, une identité profondément humaine, celle de l’homme
avec l’homme et pour l’homme. Un lieu de communion. Un lieu infini, sans
frontière. Un lieu qui contiendrait l’Essence même de l’Homme.
Un lieu qui serait tous les lieux.
Tous les lieux du monde ne seraient tous ensemble que des points de repère tous
d’égale importance, chacun apportant sa propre couleur pour une variation à
l’infini de l’image du monde.
Parmi ceux-là, j’ai choisi l’Algérie, pays des origines, pays aimé…Le ventre de la
mère, elle-même rendue au ventre de cette terre, quelque part dans la montagne
kabyle.
« Au-delà des racines » est une exposition qui réunit des textes et des peintures
réalisées à partir d’eux, exposition que Boualem Sansal, écrivain algérien actuel,
nous fait l’immense honneur de parrainer.
Ces textes ont tous un lien avec le pays des origines, l’Algérie, dans lequel, née en
France, je n’ai pourtant pas vécu. Peu importe, le cocon aimant et nourricier de
l’enfance continuait de vivre, aimer, penser, agir comme il eût fait s’il n’avait
quitté ce pays quelques années auparavant. La langue kabyle fût ma première
musique.
C’est à Moissac que s’installa ma famille en 1965. Moissac, ville du chasselas,
haut lieu de l’art roman avec sa célèbre abbaye… ville où, par les hasards de la
vie, s’installait aussi Slimane Azem, l’immense chanteur et poète kabyle qui avait
choisi cette même voie de l’exil. Slimane et mon grand-père étaient de grands
amis. C’était là ma première expérience de l’exil portée par des figures
bienveillantes. En 1983 Slimane nous quitta, puis deux ans plus tard, mon
grand-père disparaissait. Slimane est inhumé dans le cimetière de Moissac, tout
au fond, devant le mur d’enceinte. Mon grand-père, lui, repose sur ses terres, sur
une colline de Moissac. Jusqu’à la fin, ils ne pouvaient complètement « se mêler »
aux autres, préférant l’isolement, poursuivant l’exil jusqu’après la mort.
Je vivais ainsi entre ma famille et l’école. Cette dernière avec son « monde du
dehors » fut l’occasion de découvrir une culture bien différente qui me semblait
tellement plus « développée ». Ce n’est que plus tard que je sus mon erreur
d’avoir accordé trop d’importance à ce terme banal si trompeur ; c’est justement
là le centre de mon propos.
Mais à ce moment-là, les mots de ma grand-mère qui nommait la grande route
qui passait au bas de la maison, « abrid aroumi », le chemin du Français, ne
pouvaient que m’interpeller.
Ainsi, par la suite je ne pus m’empêcher de comparer ces deux mondes qui me
semblaient imperméables l’un à l’autre, avec en outre l’impression dérangeante
que l’un dominait l’autre, car plus riche, plus moderne, plus libre : la société
occidentale contre notre société traditionnelle. J’avais alors la perception de ce
« décalage » dont je sus des années plus tard que Pierre Bourdieu l’avait nommé
« violence symbolique ».
Avant de trouver une réponse chez les sociologues, la littérature m’avait déjà
« réconciliée » avec ce monde « du dehors » avec la lecture des auteurs classiques.
Je découvrais alors Sophocle, Racine, Rousseau, Voltaire, Baudelaire, Proust,
Stendhal et tant d’autres. Un monde d’une richesse inouïe, un monde sans
limite… et sans frontière.
Par la suite, je découvrais les premiers auteurs kabyles de langue française,
Mouloud Féraoun, Mouloud Mammeri, Jean Amrouche, Taos Amrouche, Fatma
Amrouche et Malek Ouary. Je retrouvais l’enthousiasme de la lecture des
classiques, avec en plus, le bonheur de lire l’histoire des miens. Ces auteurs
avaient choisi la langue française, « leur butin de guerre » disait Kateb Yacine, la
langue kabyle restant une langue principalement orale. Me vint alors l’idée de
faire une anthologie de leurs textes, projet que je soumis au professeur Salem
Chaker, linguiste berbère à l’Inalco, qui m’apprit alors que mon travail pouvait
participer à l’élaboration de la notion de « champ littéraire kabyle ».
En effet il me semblait par une espèce d’intuition que ces auteurs devaient être
connus car ils contribuaient par la beauté de leurs textes, la force de leurs
témoignages, leurs profondes réflexions, leurs intentions, à faire connaître une
société, celle dont j’étais issue, à travers ses aspects singuliers, un monde qui
jusque-là ne me semblait exister que dans l’ombre, mais aussi, et surtout, ils
participaient à une pensée universelle dont le sujet est l’homme, un homme en
parfaite harmonie avec les autres hommes. Dans la préface de « La terre et le
sang » de Mouloud Féraoun, Mouloud Mammeri disait à propos de son auteur
qu’il « voulait montrer que ce qui arrivait aux hommes et aux femmes de notre
pays, valait la peine d’être dit, parce qu’il avait la même valeur humaine que ce
qui arrivait aux hommes et aux femmes dont traitaient les grandes littératures
mondiales ». Tout est dit.
Au-delà de la beauté des textes et la profondeur des idées, m’a touchée encore la
personnalité de ces écrivains : un attachement profond à leur peuple, de
l’indulgence, de l’empathie, mais sans jamais verser dans un misérabilisme
humiliant, tout en dépassant les limites faciles et caricaturales du folklore, ce qui
n’empêchait pas une grande lucidité et un esprit critique qui dénonçait ce qui
devait l’être. Tous révélaient également un esprit humble et généreux. Tous
étaient des humanistes, des hommes et des femmes justes dont les maitres-mots
étaient liberté, fraternité et justice.
Au fil du temps, je découvrais d’autres auteurs algériens qui suivaient les mêmes
traces, parmi lesquels Tahar Djaout, Kateb Yacine, Nabile Farès, Hamid
Tibouchi, poète et peintre, et Boualem Sansal. Hamid, grand ami de Tahar
Djaout, nous offre ses peintures qui prolongent à merveille ses fins poèmes quand
« la poésie déserte les mots ». Boualem a cette particularité de nous entrainer de
l’actualité la plus immédiate, grave et insupportable, aux éthers baudelairiens.
Les poèmes mis en musique de Slimane Azem, chantre de l’exil, nous l’avons vu,
et de Lounès Aït Menguellet, écrits et chantés en kabyle puis traduits en
français, vinrent compléter ces auteurs.
Puis vint l’idée d’associer à ces premiers auteurs d’autres noms tels qu’Albert
Camus, Jean Grenier, son professeur de philosophie, Emmanuel Roblès, Jean
Sénac, l’ami de Tahar Djaout, et Jean Pelégri. Pouvait-il en être autrement tant
ils avaient connu et aimé l’Algérie de la même manière. D’autant que de forts
liens d’amitié et de fraternité s’étaient noués entre eux, tels A. Camus, E. Roblès
et M. Féraoun dont la vocation d’écrivain fut révélée par ses deux amis, en
témoignent les correspondances qu’ils entretenaient.
Voici comment ma quête incessante du Lieu de tous, nourrie de ma propre
histoire et ses heureux hasards, m’a permis de jouir de la richesse de ces textes
qui devenaient eux-mêmes l’aboutissement de cette quête. Ce lieu recherché, ce
sont ces auteurs qui le créent, des auteurs dont on peut dire aujourd’hui qu’ils
prolongent l’esprit des Lumières.
J’eus alors l’idée d’extraire de ces œuvres, les passages beaux et lourds de sens
qui résonnaient si fort en moi, pour ensuite les assembler et créer un espace
dédié à une pensée humaine qui dépasserait la simple définition des origines, en
un « au-delà des racines » algériennes. Loin de prétendre à une étude exhaustive
de la littérature algérienne, je trouvais là le moyen de partager une idée à partir
de ma propre expérience littéraire tout en faisant évoluer mon projet initial
d’anthologie.
Le choix se porta sur les auteurs précédemment cités dont les textes furent
répartis en rubriques : Terres, Identités plurielles, Exil, Libres, Femmes et
Poètes.
Les textes qui expriment la douleur de l’exil et le déchirement de la doubleculture, sont poignants de vérité alors que la terre « noire de soleil » et ses
hommes regorgent de splendeurs. Le peuple se veut libre, de cette liberté
essentielle, universelle, que chacun d’entre nous recherche, cette liberté qui
manque au plus « aisé » d’entre nous même s’il n’en a pas conscience, cette liberté
toute entière contenue dans le mot « amazigh » qui désigne l’homme berbère. Les
femmes, Nedjma et Malika, sont fortes et saisissantes ; la poésie, puissante.
Ils sont de ces textes pleins dont Marguerite Duras disait qu’ils « s’incrustent
dans la pensée et disent le deuil noir de toute vie, le lieu commun de toute
pensée », contrairement aux textes simplement « charmants, sans prolongement
aucun, sans nuit. Sans silence »
Le silence, nécessaire, prolongeant chacun d’eux...
Puis devenus « autonomes », ils se libèrent, d’autres liens se tissent entre eux,
d’autres mots surgissent. Dépassant leurs significations premières, ils creusent
au plus profond de la vérité de l’homme, dépassant la question des origines. Ainsi
de la solitude de Taos Amrouche qui n’a plus de village, qui s’est « toujours vue
seule, en face de la masse des autres » (Solitude ma mère), rejoignant la solitude
de L’Etranger de Baudelaire qui « ignore sous quelle latitude (sa patrie) est
située », préférant « les nuages qui passent … » (Spleen de Paris). Ces textes
suffisent à nous ouvrir l’infini, l’infini du monde et de la pensée humaine, arme
joyeuse de reconstruction massive contre la finitude de l’homme enfermé dans le
carcan d’un quotidien dérisoire.
L’infini encore car derrière les mots et leur sens premier, courent des émotions,
des images, des couleurs, des formes… toutes ces choses qui convoquent nos sens.
Chacun en fera son miel à sa guise.
Ainsi de Tipasa, dont les sons et les couleurs évoquent l’allégresse du Cantique
des Cantiques, répondent au Djurjura de Mouloud Féraoun, se laissent porter
par la rivière de la fiancée du soir de Mouloud Mammeri…. « Comme de longs
échos qui de loin se confondent… Les parfums, les couleurs et les sons se
répondent », Correspondances de Baudelaire.
« Ces cœurs blessés » qui vivent « dans l’ombre et le silence », parmi lesquels les
cœurs de mon enfance construits par la douleur, le mot les transcende et les
sublime. Ces textes naturellement érigés au rang d’œuvres d’art, il devenait
possible de les associer à la peinture, en prolongeant ainsi sans fin
l’émerveillement. Aussi ont-ils été confiés à des peintres qui ont accepté de les
« ré-exprimer » en toute liberté, sans directive particulière… le mystère de la
création étant, parait-il, impénétrable… Chacun d’eux a ainsi apporté sa « note
personnelle ».
Gérard Simoen nous fait pénétrer son monde minéral des origines. Jean-Claude
Dutertre poursuit avec son Arlequin et sa lecture de Rue Darwin de B. Sansal.
Martine Pinsolle, au travers de son questionnement « socratique » tout en finesse,
se plonge dans sa propre histoire. Slimane Ould Mohand exprime complètement
son pays natal avec ses personnages vivants et son âne si attachant. Hamid
Tibouchi réemploie les techniques et matériaux de son enfance en Kabylie. JeanCharles Quillin nous fait pénétrer le mystère de ses figures. Farida Sakhri, aux
« traits de dessin agiles », nous offre sa peinture tout en mouvement. Abraham
Hadad invite ses personnages aux regards à la fois doux et puissants, comme en
extase. Maher Al Baroudi transcende les cultures par sa peinture et ses dessins
allégoriques.
Ces textes, nous les lirons comme nous regardons une toile, un mot sera plus
qu’un mot. Ces peintures, nous en imaginerons la genèse à partir de ces textes,
ces textes qui auront été mêlés à la propre histoire, la propre expérience, la
mémoire de chacun des peintres avant d’être ré-exprimés. Fabuleuse alchimie, le
mystère de la création réinventé…
La création. On retrouvera encore dans l’unisson de ces textes et de ces toiles la
jubilation de l’amour qui court dans le Cantique des Cantiques, ce texte de
l’Ancien Testament qui porte en lui des accents païens :
« -….par les gazelles et les biches, ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour,
avant qu’il le veuille.
- … Mon bien-aimé parle et me dit : Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !
car voici, l’hiver est passé ; la pluie a cessé, elle s’en est allée. Les fleurs
paraissent sur la terre, le temps de chanter est arrivé, et la voix de la
tourterelle se fait entendre dans nos campagnes. »
Ces textes et ces peintures sont offerts sans retour. Puissent-ils convoquer amour
et générosité qui nichent au coeur de l’être, l’au-delà des racines, qui ont bercé
notre enfance, lorsque nos mères réalisaient les offrandes le jour de la fête de
l’Aïd, générosité du salut musulman, celui qui vous sert la main portant ensuite
sa propre main sur son cœur.
Fraternité aussi. Des religions qui se parlent, et l’homme, toujours au centre.
Que le visiteur quitte l’exposition avec toutes ces saveurs douces et puissantes à
la fois, et la joie d’être, de connaitre et reconnaitre son semblable égal à lui-même
car disait Montaigne, « chaque homme porte en lui la forme entière de l’humaine
condition ». Ce que nous dit Boualem Sansal à travers « En to pan » : l’Unité dans
le tout.
Au « je » seul et ignorant, préférons le « nous » fédérateur, généreux, nécessaire,
ce « nous » qui sublime l’homme, chacun s’enrichissant de l’autre..
Mais le « je » existe-t-il vraiment lorsque chacun d’entre nous est déjà un « nous »
fait d’identités multiples.
Les racines, comme un refuge nécessaire que l’acte de vivre nous offre de
transcender. Car il faut accepter de vivre, c’est bien de cela qu’il s’agit. Vivre à
travers cette harmonie que nous recherchons en nous et créerons entre nous tous.
L’harmonie, pour dépasser la fin des choses et la nôtre.
Katia Chibi
Maher Al Baroudi
Né à Damas (Syrie) en 1955.
Vit et travaille à Orliénas dans la région Lyonnaise depuis 32 ans.
• Diplômé de la Faculté des Beaux-arts, Damas 1979.
• Diplômé de l'Ecole Nationale des Beaux-arts, Lyon 1982.
• Diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts, Paris 1983.
• Assistant en sculpture et dessin à l'école des Beaux-arts, Damas (Syrie), 1980/1981.
• Enseignant à l'école d'arts appliqués Bellecour, Lyon, 1985-1986.
• Professeur de sculpture à l'école Supérieure Emile Cohl, Lyon, depuis 1996.
Extrait de l'article de Philippe RIVIERE paru dans le magasine « ARTENSION »
« Ce qui rend si puissant cet art, sans parler de son véritable et salutaire anachronisme,
c'est, en réalité, son étrange pouvoir tragique de séduction, sa sulfureuse proximité
humaniste, et son évidente force d'attraction morale et esthétique. Sa deuxième qualité
est sa transcendance culturelle, sa propension à échapper à tout nationalisme et à se
proposer comme une pierre d'angle d'un art mondial. Si le monde de Maher Al Baroudi
est tragique, il n'est jamais ni triste ni ennuyeux ; Maher nous dit à chaque instant que
l'état des choses et du monde est désespérant mais qu'en même temps le grotesque,
l'absurde ou le dérisoire côtoient toujours de façon proche, le drame et l'injustice ».
Le printemps - fusain sur toile 100 x 70 cm
Jean Claude Dutertre
Né à Nantes en 1949. Vit et travaille dans le Landes à Mauvezin d'Armagnac
Il peint dès l'enfance. Etudes aux Beaux Arts de Paris
Expose très tôt et régulièrement dans des galeries parisienne (Marignan, Jacques
Debrières, l'Oeil Ecoute) de 1961 à 1974.
Il quitte Paris pour se retirer dans le pays gascon et exposera plus rarement à Paris
Réalise de nombreux travaux de sculpture de 1969 à 1988.
Pendant toutes ces années il expose dans en province et travaille surtout pour des
collectionneurs.
"Je produis assez peu, car j'ai tendance à vouloir que chaque toile soit une
totalité.
Au-delà d' un certain format, il faut qu'elle soit l'aboutissement d'un projet. Je
réalise un certain nombre de dessins et d'aquarelles. Et puis émergent des
urgences, ludiques ou graves. Il y a toujours cet arrière-plan de travail préalable,
de réflexion, de passages à travers un certain nombre d'émotions, d'expériences
et je passe alors de l'allusion qui est sur le papier à quelque chose de plus affirmé,
de plus mûr qui est la peinture à l'huile. Et là je ne suis à l'aise qu'au delà d'un
certain format car je sais que compte tenu du format, je vais me donner le droit
de passer suffisamment de temps pour pousser le plus loin possible ma
proposition. Parfois il y a un sujet, parfois il m'arrive de passer au travers d'un
jeu comme le rugby ou d'un art comme la tauromachie, l'opéra. Ça peut-être un
sujet érotique, une action, une situation, un conflit. Si je désire un sujet
relativement apparent, je garde de préférence un certain nombre de signes, de
blocs qui rappellent l'image. Soit au contraire je tire de mes recherches un
argument purement thématique qui devient le support d'une composition, d'une
figure, qu'il y ait ou non un
argument initial identifiable en
tant qu'histoire par l'image, il faut
exprimer cela avec une écriture,
des formes, des couleurs, des
valeurs,
des
intensités,
des
rapports de force qui servent le
sens ou le non-sens. Aussi calme
que soit une peinture, elle contient
de la violence ; aussi violente que
soit une peinture, elle contient des
zones de calme. Ce jeu là fait le
drame du tableau. Une peinture
doit
être
un
corps
vivant
immobilisé
par
cette
prestidigitation
qu'est
l'acte
créateur."
Propos de JC Dutertre
Abraham Hadad
Né en 1937 en Irak. Vit et travaille à Paris et dans le Gard.
Professeur à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris de 1977 à 2002.
Très nombreuses expositions particulières en France : Paris, Vitry, Mulhouse, Nantes,
Grenoble, Strasbourg, Orléans, Lyon, Nancy, Dieulefit, Le Mans, Esvres, Poitiers, Vichy,
Tours, Honfleur...à l'étranger : Israël (Tel-Aviv, Haïfa), Angleterre (Londres), Hollande
(Amsterdam), Danemark, Norvège, Suède, Suisse, Belgique, Espagne (Barcelone),
Tchéquie (Prague), Allemagne (Deggendorf), Grèce (Athènes).
Naître à Bagdad à la fin des années 1930. Porter le nom d’un Dieu sumérien –
celui de l’orage - et le prénom d’un patriarche - à la fois hébreu et arabe. Étudier
la peinture à Tel-Aviv ensuite. Puis, à l’âge adulte, s’installer à Paris. Passer
alors d’une abstraction sourde à une figuration subtile. Et demeurer peintre, un
demi-siècle durant.
Infatigablement, quotidiennement, se planter face à la toile pour incarner le
monde tel un théâtre silencieux, définitivement mystérieux, certainement
ineffable. Dans des tons infiniment nuancés, constellés d’une multitude de
touches les faisant vibrionner, imaginer encore et toujours l’allure d’une tribu,
intemporelle et universelle, allant et venant doucement, abîmée dans une
stupéfaction particulière.
(....)
Imberbes et décillés, les chairs et les yeux représentés se donnent définitivement
au Monde tout en le recevant pleinement. Nul voile, aucune frontière sur cette
planète à découvert. Pas d’ombres à ces tableaux où, respectueusement - de pères
en fils, d’hommes à femmes, de sœurs à frères, tous jumeaux – tout à chacun et
tout à tous est offert et comblé à la fois. Dehors et dedans s’épousent ici.
Connaissance et reconnaissance, aussi.
Françoise Monnin Paris, juin 2014
Djur Djura rëvée Huile sur toile 114 x 146 cm
L'atelier du peintre - huile sur toile 89 x 146 cm
Slimane Ould Mohand
Slimane Ould Mohand, né en 1966 à Birkhadem (Alger), est un peintre et graveur
algérien qui expose sous le nom de Slimane. Il vit et travaille à Niort
Slimane est né dans une famille kabyle. Ayant fréquenté l'École supérieure des beauxarts d'Alger de 1983 à 1987, Slimane réalise plusieurs expositions personnelles à Alger
(École des Beaux-Arts, Galerie El Mougar, Université de Bab-Zouar) et à Tizi Ouzou
(Maison de la Culture), participant à la création de fresques collectives. Installé depuis
1990 en France, il expose régulièrement à Paris et en province
L’avouerai-je ? J’ai eu de la difficulté, en contemplant les œuvres que l’Afrique du
Nord inspirait, à oublier que Picasso avait dit du tableau de Delacroix, les
femmes d’Alger, que c’était le plus grand tableau du monde.
À oublier que Paul Klee avait fait sur Hammamet et sur Sidi Bou Saïd des
lithographies dont les reproductions enchantent mon bureau.
À oublier enfin cette révolution picturale qui annonce, selon moi, le tachisme
nord-africain et dont Alfred Manessier est l’initiateur grâce à une inspiration
puisée à Ghardaïa, dans les mirages du Mzab.
Et puis, je dois dire, grâce, d’abord, à Abdallah Benanteur, en permanence
souverain, et à Baya Mahieddine, découverte par Aimé Maeght et célébrée par
André Breton, j’ai partagé le saisissement de Jean Lacouture devant les toiles et
les dessins de Slimane Ould Mohand.
D’abord, j’ai pensé à un peintre italien que Paulhan considérait comme le génie
des naïfs et qui s’appelle Campigli. Mais ensuite, la fureur ludique avec laquelle
Slimane Ould Mohand mêle le dessin d’enfant, le scintillement onirique et le
baroque féminin m’a procuré un sentiment de familiarité et même, bientôt,
d’intimité.
Sans doute l’univers de mes vertes années n’est-il pas étranger aux jaillissements
berbères. Cette étrange liberté soumise – j’ose cet oxymore – des femmes
rencontrées sur les pics de la
Haute Kabylie inonde de
tendresse
multicolore
désordre
de
nos
émerveillements. Et l’on n’en
finit pas, alors, d’admirer
cette fausse hébétude, cette
grâce hagarde et infantile, qui
frappent dans les récents
dessins de femmes de Slimane
Ould Mohand.
Tout le charme secret, et
allègrement capté d’une Kabylie
transfigurée.
Jean Daniel
Le rêve se niche technique mixte sur toile 40 x 50 cm
Martine Pinsolle
Née à Bordeaux, vivant au Pays Basque, je pratique les arts plastiques depuis de
nombreuses années, avec une prédilection pour le médium et les supports traditionnels
de la peinture et du dessin. Mes modes d’expression restent attachés à la figure humaine
: corps et portraits.
« Dans ma démarche, la représentation de la figure humaine est un jeu constant de
dévoilement de soi et des autres, ces proches qui ajoutent à ma propre identité. Habillé
ou nu, le corps est livré dépouillé sur des fonds uniformes, non habités, sans perspective,
invitant l’œil à se recentrer sur les regards ou les lignes de force corporelles qui
résument l’individu, assoient sa personnalité, le rendent souverain. Portraits et
autoportraits, souvent en plan frontal, souvent tronqués, allusifs ou au contraire outrés
«disent» l’importance de la relation du modèle avec l’artiste, du sujet devenu objet.
Martine PINSOLLE
La double interrogation ou Sous le regard de Delacroix - huile sur jute 186 x 146 cm
Jean Charles Quillin
Né en 1957 en Guadeloupe
Expose en France et à l'étranger (Angleterre Suisse Canada) depuis 1982.
Nombreuses expositions à Paris (actuellement galerie Vitoux) et en province.
Dans ma démarche, j’exprime ce qui me semble être le contenu des formes et des sens
appartenant à mon espace vital, où cohabitent la lumière et la matière. (....)
Matière passive, matière active… La matière passive est celle que l’être humain
se croit capable de dominer. La matière active est la même, mais elle se situe par
contre hors du champ de tout contrôle. Elle n’est pas une suggestion de la pensée
sociale, collective, ou individuelle, elle appartient à la vie dans une autre
dimension. Ma préoccupation en temps qu’artiste est de comprendre et de définir
le contenu de mon univers spirituel. (....)
La gamme de noir utilisée dans ma palette sous forme de pigment et de pâte doit
rester plastique, esthétique, sensible et provocante et qui entraîne une réaction
bien au-delà du conscient. Le résultat de toute cette alchimie réactive le
psychique et me renvoie à la quintessence de la matière dans sa naissance, peut
importe l’image figurative ou abstraite, le but est le même, m’affranchir de mes
connaissances, aller dans les profondeurs de mon être en expulsant tout
sentiment.
Je
peins,
car
mes
rêves
sont
imparfaits.
QUILLIN Jean-Charles, 2004
In and out light - technique mixte sur toile 114 x 146 cm
Farida Sakhri
Née en 1969 à Givors , elle voit et travaille toujours dans cette ville.
Expositions collectives et personnelles dans la région Rhone-Alpes et à Mont de Marsan.
Sakhri.F s’est toujours intéressée au corps et a su dépasser rapidement les
formes académiques pour une expression plus libre dans laquelle elle cherche
l’être par-delà l’enveloppe. Elle explore et creuse sans cesse en variant sa
technique, remettant toujours en question son travail pour accéder à plus de
« vérité ». Elle ne sait pas tricher ne cherche pas à plaire, elle est sincère comme
elle l’est dans la vie
Le parcours de Sakhri.F est marqué par un débat intérieur lié sa double culture
Berbère et occidentale. Elle fait preuve en ce sens d’une grande liberté et d’une
grande spontanéité, sans préjugé, en restant au plus près d’elle-même. Sa
curiosité est sans limite.
Ex- tradition - quadriptyque technique mixte sur bois 4 fois 60 x 160
Gérard Simoen
Gérard SIMOEN
Né à Paris en 1949
Vit actuellement dans les Landes
Expose depuis 1971
Participe à de nombreuses expositions personnelles et collectives en France et à
l'étranger
Gérard Simoën est un manipulateur tellurique. Il y a chez lui un terrassier de la
tectonique des plaques. La matière se plisse, ondule, multiplie ses ourlets et ses
crevasses. Comme une planète lointaine révélée par une sonde ou un télescope. Une
texture rythmée apparaît, un support cadencé, une écorce. On ne sait quelle épaisseur de
sable cosmique a été balayée pour accéder à la souche, au socle. A des noyaux et des
modules de résistance coriace, compacte : une ossature, un squelette du monde. A moins
qu’il ne s’agisse de fossiles animaux, hybrides, humains.(...)
Travail d’archéologue qui sous les strates friables du temps atteint le lit des concrétions
profondes. Un champ d’archives et de traces. Fantômes irréfutables. Du tréfonds
tellurique nous reviennent des formes, oui des revenants radicaux. (...) C’est de l’informe
qui surgit. Peu d’angles, de références identifiables. Mais l’avènement flou de bosselures
zoomorphes. (...)
L’autre volet de l’œuvre ne manque pas de surprendre et de heurter par un effet inverse
de recouvrement. D’un côté Gérard Simoën paraît dépouiller, gratter, exhumer, dévoiler.
De l’autre, il peint l’archive, il y dépose une pellicule de couleur. Comme pour lire
autrement le texte par surimpression, transparence et palimpseste. Couleur violente.
Bleu cru, fluorescent. Jaune plus moelleux, plus doux, plus fécond, plus rustique, plus
comestible.
A
la
texture
tellurique du substrat raviné et
peint,
se
conjugue
un
ruissellement
aléatoire.
Les
formes et les masses sousjacentes s’arriment dans le
coriace. Elles ressortissent au
fondement. Tandis que la pluie
des coulures court et se ramifie,
sur son fond de couleur, dans un
mouvement vibratile et vivant,
de sueur, de semence et de sang.
Patrick Grainville
Sans titre techniques mixte
Hamid Tibouchi
Hamid Tibouchi est né en 1951 en Algérie. Peintre et poète, il vit et travaille en
région parisienne depuis 1981.
Sa production, abondante, est protéiforme : poèmes, peintures, dessins, gravures,
photos, livres d’artiste, livres-objets, estampes numériques, décors de théâtre,
vitraux, illustrations de livres et revues… Il expose régulièrement en France et à
travers le monde. Prix du public au Salon parisien « Découvertes » en 1994. Il
figure dans de nombreuses collections privées et publiques (notamment : Centre
Georges Pompidou, Paris ; The National Gallery of Fine Arts, Amman, Jordanie ;
The British Museum, Londres ; Musée national du Mali, Bamako).
Bon nombre de ses poèmes ont été traduits dans différentes langues (arabe,
anglais, espagnol, italien, serbo-croate, allemand, islandais, albanais…). Textes,
dessins et peintures dans diverses anthologies ainsi que dans de nombreux
périodiques comme Esprit, Europe, Traces, Le Fou parle, Solaire, Poésie 1, Le
Journal des Poètes, Poésie/Première, Area, Bacchanales, Phœnix, Le Monde
Diplomatique, Horizons Maghrébins, Les Lettres françaises, L’Étrangère, Les
Archers, Il Particolare, Friches, Souffles, L’Établi, Décharge, Les Cahiers du
Sens… Il est l’auteur d’une vingtaine de plaquettes et recueils de poèmes, parmi
lesquels on peut citer : « Mer ouverte » (Caractères, 1973) ; « Soleil d’herbe »
(Chambelland, 1974) ; « Parésie » (L’Orycte, 1982) ; « Nervures » (Autres Temps,
2004). Dernières publications : « Amulettes », avec Josyane de Jesus Bergey
(Encre & lumière, 2009) ; « La cendre des jours », avec Bernard Mazo (Voix
d’Encre, 2009) ; « Hamid Tibouchi, L’infini palimpseste » avec Pierre-Yves Soucy,
La Lettre volée, 2010) ; « Dans l’insomnie de la mémoire »
« Tibouchi violente les formes, les ébranle
et les disperse, les casse et les bouleverse,
bouscule les espaces, les explose et les
morcelle (...) Il écrit ; non, il compose après
qu’il
ait
décomposé.
Il
joue
méticuleusement avec des bouts, des
bribes, des morceaux, des bris, des
cassures et reconstruit un monde en
équilibre, fragile et diaphane. »
Laurence GRÜND
Ratissage du Pré de la demi-lune
acrylique blanche sur carton d'emballage,43 x 31 cm.