Sé ance de travail IV (matin) -- La discrimination

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Sé ance de travail IV (matin) -- La discrimination
Sé ance de travail IV (matin)
-La discrimination religieuse dans l’é ducation
Pré sident: Mme Pascale Charhon, CEJI, Belgique
Rapporteur: M. Yé ra Dembele, FAFRAD, France
Introduction
En introduction Pascale Charhon indique que l’intitulé de ce work shop l’interpelle
particulièrement du fait que nous observons tous comment cette question d’é ducation a pu
s’exprimer de façon controversé e, comme le dé montre un article de Gisèle HALIMI, paru
dans le Monde du 24 octobre 2003. Cet article parle d’une loi sur les signes distinctifs à
l’é cole.
Objectif de la sé ance de travail :
•
•
Étudier la signification et les implications que repré sente l’interdiction de
discrimination religieuse dans l’accès à l’enseignement
Formuler des recommandations concrètes pour alimenter la politique d’ENAR
relative à la discrimination religieuse.
Elé ments à prendre en compte :
Le rô le de l’Etat
• Dans quelle mesure l’ETAT joue son rô le pour l’accès des enfants à l’é ducation
scolaire, notamment quand ils victimes d’exclusion à cause leur appartenance
religieuse ?
• Quelle doit être l’attitude de l’Etat vis-à -vis de l’Ecole privé e, dans quelle mesure
l’Etat peut empêcher la discrimination pour l’accès à ces é coles d’enfants issus des
minorité s religieuses ?
La question de l’éducation religieuse
• Dans quelle mesure peut-on concevoir l’é ducation religieuse dans les é tablissements
publics ?
• Faut-il envisager cette question sous l’angle du Curriculum d’enseignement : cours
d’enseignement du fait religieux qui permettrait un dialogue entre religion ?
La question des congés :
• Peut-on envisager la possibilité d’avoir des congé s à l’occasion des fêtes des minorité s
religieuses ?
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Points de discussion
Le rô le de l’Etat
L’Etat doit garantir l’accès à l’é ducation pour tous.
Mais, comment doit-il intervenir pour ce qui est la pré sence des religions à l’Ecole ou des
signes exté rieurs de religion à l’é cole publique ?
• Lé gifé rer
Ou
• Laisser aux é tablissements la liberté d’appré ciation ?
Quelques cas ont é té pré senté s :
• Le cas de l’é cole laïque en France considé ré e comme moyen de garantir l’accès de
l’é cole pour tous et notamment quand les enfants sont d’origines diverses. Mais il a é té
indiqué que l’é cole laïque dé coule du principe de la sé paration de l’é glise et de l’Etat.
L’instruction religieuse est admise mais en dehors de l’é cole publique. Mais il a é té
remarqué que le cas français est quand même assez spé cifique en Europe.
• Le cas de la Belgique où il a é té possible d’introduire des cours de religion pour les
religions dominantes reconnues : cours de religions catholiques, juives, musulmanes,
et cours de morale etc...
• Le cas de l’Italie où des cours de religion catholique sont donné s dans les é coles
publiques avec des enseignants payé s par l’Etat mais relevant de l’é vêque. N’ayant
gé né ralement accès qu’à l’é cole publique, les enfants d’immigré s de plus en plus
nombreux (10 à 20 % dans certains é tablissements et pouvant atteindre 500 000 vers
2010 à 2015) vont être confronté s à de plus en plus de difficulté s. À « l’heure de
religion », ils n’ont d’autres alternatives que de suivre des cours de soutiens pour
lesquels il y a de moins en moins d’enseignants disponibles. Cela touche même des
enfants entrant à la maternelle.
• Le cas de l’Angleterre (cf. à la Publication d’ENAR) où la question de la
discrimination est plus explicites et plus dé battue.
Ces questions sont très larges et vont s’é largir avec l’é largissement de l’Union et
notamment en Pologne où il y a un vé ritable système de religion d’Etat.
Il faut que l’on se positionne avec ce que l’on a de commun. La solution pourrait être
l’é cole laïque dans un environnement de diversité religieuse et culturelle.
Mais en qui concerne l’enseignement de l’histoire des religions, il soulève une question
subjective très difficile suivant l’origine de l’enseignant: qui doit faire l’enseignement de
l’histoire de religions et comment garantir une objectivité dans ce domaine ? Comment
sortir de la moule d’une religion donné e pour enseigner d’autres religions ?
En ré ponse à cette question il a é té proposé de former des historiens de façon à ce qu’ils
enseigner en toute neutralité et de mettre en place des comité s pluridisciplinaires inté grant
des historiens avec diffé rents niveaux d’expertise.
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Mais est-ci une obligation à imposer à toutes é coles ou doit laisser le choix de
l’enseignement du fait religieux à la discré tion de chaque é cole ?
Plusieurs possibilité s sont envisagé es :
• Instruction religieuse à l’é cole mais hors programme,
• Instruction religieuse en dehors de l’é cole ;
• La reconnaissance de la diversité religieuse à travers l’enseignement du fait
religieux.
La question de l’école privée
L’é cole privé e peut se ré server le droit d’accepter des enfants selon leur origine religieuse.
A l’absence de loi, rien n’interdit un phé nomène de discrimination religieuse qui
viendrait s’ajouter à d’autres formes d’obstacles à l’accès à ces é coles. Les faits montrent
que ces é coles apparaissent souvent assez peu mixtes sur le plan religieux.
Ainsi, Moustapha El Ayoubi indique qu’en Italie où plus de 90% des é coles privé es sont
catholiques, celles-ci n’accueillent gé né ralement que des enfants de catholiques.
Mais il a é té dé montré que les choses se pré sentent diffé remment en France. Non
seulement les é coles confessionnelles sont de plus en plus ouvertes à d’autres enfants,
mais aussi et surtout de plus en plus de parents choisissent d’envoyer leurs enfants à ces
é coles indé pendamment de la religion. L’explication qui en est donné e est que ces é coles
sont de plus en plus sensibles à la liberté de culte et que les parents privilé gient la ré ussite
de leurs enfants, la discipline dans l’enseignement et la ré putation de l’é cole. La question
confessionnelle revient au second plan. Les grèves paralysant l’é cole publique n’ont fait
qu’augmenter les demandes d’inscription dans les é coles privé es même s confessionnelles.
La question des signes religieux à l’école
Cette question fait l’objet de l’article de Gisèle HALIMI.
Les arguments dé veloppé s sont les suivants :
• Le principe de la laïcité de l’Etat ;
• Le voile comme signe d’infé riorité de la femme, « c’est le sens même de la
prescription du coran » selon Gisèle Halimi, opinion qui ne serait pas forcé ment
partagé e par d’autres femmes portant ou non le voile ;
• Les valeurs fondamentales d’é galité et non-discrimination qui s’appliquent sur le
territoire de l’Union Europé enne, qui touche au genre, à l’orientation sexuelle, la
Charte des droits fondamentaux ;
• La soumission des femmes en opposition à leur é mancipation ;
• Le voile c’est en soit du prosé lytisme.
En face de ces arguments, on peut dire que le voile c’est aussi une façon :
• De s’é manciper, de sortir ;
• De faire des é tudes ;
La question est très complexe. Ceux qui ont le plus peur du port du voile ce sont les
musulmans.
Le MARX (en Belgique) a pris publiquement position contre l’interdiction du port du voile à
l’é cole. Il n’y a plus 8 é tablissements qui n’interdisent le port du voile en Belgique, et ce sont
des é coles techniques.
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L’interdiction du port du voile conduit à la fois à une certaine ghettoïsation et un sentiment de
stigmatisation. Les é lèves qui portent le voile sont souvent amené es à l’enlever d’elles-mêmes
en avançant dans leur é tude.
Se caler sur cette apparence d’identité n’est tactiquement et straté giquement pas une bonne
chose.
En tant MRAX, la seule chose qu’on puisse faire aujourd’hui, c’est clairement de soutenir
ceux qui sont discriminé s de notre point de vue.
Si en France, SOS-Racisme se positionne contre le port du voile à l’Ecole, la position du
MRAP semble rejoindre celle du MRAX.
On a vu qu’interdire le voile conduit aussi à cré er des situations bizarres dit Moustapha. Ainsi,
à Lille vient de s’ouvrir un Lycé e Islamique avec 12 é tudiants et 11 enseignants. C’est
incroyable de cré er un Lycé e avec 12 é tudiants qui vont être dé connecté s de la ré alité
citoyenne.
Mais on avait pensé que ce Lycé e serait ouvert, ré pond Anita, mais, à son ouverture, le voile
é tait tous les visages. Je suis passé e par toutes les positions :
• L’interdiction,
• La né gociation,
• La liberté de porter le voile.
Bout de parcours, j’en suis à la position de SOS-Racisme en France. Je suis pour l’interdiction
de tous les signes exté rieurs de religion quels qu’ils soient dit Anita, tout en sachant qu’il y a
effectivement le risque de ghettoïsation. Mais n’est-elle pas dé jà là ? Face à des situations
devenues ingé rables des mouvements se dé veloppent pour demander d’être ferme sur la
question. Exemple : Ni pute, ni soumise. Mais je suis sceptique sur le fait de lé gifé rer. En
né gociant on doit pouvoir arriver à un accord.
RECOMMANDATIONS
S’entendre sur un minimum commun en sortant des particularismes des pays :
1. Proposer l’introduction de l’enseignement du fait religieux, de l’histoire
des religions, l’accè s à la culture religieuse, dans les programmes
De ce point de vue, il a é té cité l’exemple d’un enseignant que du fait de sa propre
ignorance, a accusé un de ses é lèves d’avoir inventé une religion (cf. Document
d’ENAR).
Partir de la ré alité dans les diffé rents pays de l’Union Europé enne et lier la
reconnaissance de la diversité religieuse à l’enseignement du fait religieux pourra
permettre d’inté grer la pluralité religieuse et une valorisation identitaire de toutes
les religions.
2. Tendre vers la laïcité et permettre l’instruction religieuse à l’exté rieur de
l’é cole publique pour é viter la domination des religions dites majoritaires
sur celles qui sont minoritaires
Cela permettrait de garantir une certaine é galité entre religion majoritaire et
religion dite minoritaire.
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3. Pour ce qui concerne le port des signes distinctifs de religion le a é té trè s
vif et controversé , mais a permis les consensus suivants :
§ Se positionner contre l’interdiction lé gifé ré e des signes distinctifs de
religion mais pour l’obligation de se conformer au programme ;
§ Ré gler par né gociation et le dialogue ;
§ Éviter la stigmatisation par la trop grande mé diatisation.
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