Toute la musique qui bouge vient d`Afrique

Transcription

Toute la musique qui bouge vient d`Afrique
francishebert.wordpress.com – 7 NOVEMBRE 2012
Toute la musique qui bouge vient d’Afrique
Photo: Anouk Lessard
C’est Bernard Lavilliers qui le dit, ça doit être vrai. Au cours d’une de ses fameuses «improvisations» des
années 70, il lance ça, «toute la musique qui bouge vient d’Afrique». Il serait mal aisé de le contredire,
mais chose certaine la couleur africaine se marie parfois à merveille à la chanson francophone. Pensez à
«Gainsbourg percussions», un classique de 1964. On en passe, pour s’attarder au troisième album du
Montréalais Sébastien Lacombe. La meilleure surprise de l’automne. Un disque accrocheur, tantôt rythmé,
tantôt folk-pop, qu’on a envie de se repasser, avec un plaisir immédiat.
Lacombe a puisé une partie de son inspiration dans un séjour de neuf mois au Sénégal avec sa petite
famille. On a tellement aimé le résultat, un des opus les plus singuliers de l’année, qu’on lui a posé
quelques questions par courriel, histoire de saluer sa démarche.
Q : À quel endroit et pour qui as-tu été chroniqueur et vidéaste?
R : J’ai été vidéaste et chroniqueur pour mon blogue que je tenais sur le site de Radio-Canada.
Aussi, je viens du milieu de la vidéo ayant pratiqué le métier de producteur de clips et publicités.
Q : Étais-tu friand de musiques du monde avant ton séjour en Afrique?
R : Oui, j’ai toujours été friand de la musique du monde avant mon séjour en Afrique, je suis un fan de
longue date d’artistes tels Tiken Jah Fakoly, Habib Koite et Rokia Traore. Je suis aussi fan d’instruments
authentiques et anciens tels la cora et le balafon et des sonorités qui riment avec voyage. J’aime beaucoup
1/3 la musique du film Babel du compositeur Gustavo Santaolalla pour l’habillage organique et juste de la
bande sonore.
Q : Qu’est-ce que ce séjour en particulier ou les voyages en général t’ont apporté sur le plan humain et
artistique?
R : Sur le plan humain, ce voyage m’a apporté beaucoup. Il m’a ouvert à une autre culture , à des nouveaux
amis, je me suis débarrassé de pleins de préjugés et d’idées préconçues que je m’étais faits sur l’Afrique !
J’ai un peu délaissé mon ordinateur (il y avait beaucoup de coupures d’électricité) pour redécouvrir les
joies de la discussion et de prendre le temps de serrer des mains, de vivre une vie moins stressante et boire
le thé avec des amis pendant quelques heures.
Sur le plan artistique, ce voyage m’a permis de redécouvrir l’auteur et le musicien en moi qui s’étaient
égarés et essoufflés avec le temps. J’ai retrouvé le plaisir de jouer de la musique là-bas grâce à plusieurs
rencontres, je pense à mon ami Oumar Sall, guitariste et joueur de xalam, à mes répétitions avec l’orchestre
national du Sénégal dans le quartier populaire de la Médina en plein centre-ville de Dakar. Au niveau du
texte, j’ai retrouvé l’inspiration de parler des choses importantes pour moi. Des sujets m’ont réellement
touché comme celui des enfants de la rue (les talibés) qui a donné ma chanson «P’tit gars». Ma chanson Je
ne suis plus comme avant explique bien, je crois, les changements qui se sont effectués en moi, grâce à ce
voyage.
En étant éloigné de mon pays pendant plusieurs mois, j’ai pris le recul nécessaire et réalisé l’importance de
mes racines québécoises dans mon cheminement artistique.
Q : Tu as enregistré là-bas avec musiciens ou instruments africains sur place? Comment c’était? L’écriture
des chansons a-t-elle été transformée ou tout était déjà prêt avant d’entrer en studio?
R : J’ai apporté mon studio maison là-bas et même visité quelques studios et effectué des enregistrements
là-bas. Je n’ai pas gardé beaucoup de choses pour mon disque, disons que j’ai beaucoup expérimenté.
On a fait beaucoup de ménage dans le studio ici avec Pilou, le co-réalisateur de l’album. On a gardé que
l’essentiel : le xalam sur certaines chansons («Les maîtres du temps» ; «Adouna» et «Mr taximan»). Le
xalam est un instrument peul , ancêtre probable du banjo. Aussi l’enregistrement intégral d’une répétition
de «La batuka de la isla»* sur l’île de Tarafal au Cap-Vert. «Adouna» est chantée par mon ami Oumar Sall
qui me l’a offerte en cadeau pour notre amitié. Oumar est un peul, peuple berger.
À force de jouer avec des musiciens africains qui ne sont pas très scolaires pour la plupart mais très
instinctifs, je me suis plus fié à mon instinct dans la composition de mes morceaux et on peut voir aussi
l’influence de la musique africaine au niveau de la composition de mes morceaux; peu de changements
d’accords guidés par des mélodies fortes.
Q : Est-ce que cet apport «musique du monde» à tes chansons peut les conduire vers un nouveau public, a
priori moins adepte de chanson francophone?
R : Cet apport musique du monde à mon cd peut certainement me conduire vers un nouveau public, mais je
ne voulais pas faire un disque africain mais bel et bien un disque québécois reflétant une influence world,
en fait, j’espère que j’ai réussi ! Au contraire, je crois que les adeptes de la chanson francophone vont aimer
plus ce disque que mes précédents car ayant gardé le texte en avant, je crois que j »apporte un petit quelque
chose d’exotique, une plus-value!
Q : Pourquoi ne pas avoir inclus de livret dans ton cd?
2/3 R : Je n’ai pas inclus de livret de paroles pour plusieurs raisons; la première étant d’ordre écologique; mes
paroles étant téléchargeables sur mon site Internet.
L’autre était d’ordre esthétique, je voulais présenter un disque épuré au niveau du design de la pochette.
Q : Parle-nous de ta prochaine tournée, sera-t-elle différente?
R : Je pense que la prochaine tournée sera effectivement différente, je travaille à l’heure actuelle à la
préparation du spectacle. Ce sera un spectacle/documentaire où la vidéo et les images seront de mise.
J’aimerais que ce spectacle fasse voyager et réfléchir les gens qui vont y assister!
Sébastien Lacombe, Territoires (Productions Labombe)
(* le morceau caché de l’album)
3/3 

Documents pareils