Production de volailles de chair fermières
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Production de volailles de chair fermières
Avec le soutien financier de : PRODUCTION DE VOLAILLES DE CHAIR FERMIERES Lise CHEVALLIER – MAJ août 2015 (rédaction F.GRILLON, 2012) 1 Pour commencer… L’utilisation de l’appellation produit « fermier » en volaille est régie par le règlement de la Commission n° 1538/91, qui définit des conditions particulières d’élevage : densité d’animaux par bâtiment (<12 poulets/m²) et par parcours (2 m²/poulet), surface totale des bâtiments d’élevage (<1600 m²), accès à un parcours extérieur, aliment composé d’au moins 70% de céréales au stade d’engraissement, âge minimal d’abattage (81 jours pour les poulets). Dans la Vienne, les exploitations s’appuient sur deux types de productions : Production régulière : poulets, canards à rôtir et pintades Production festive : chapons, poulardes, oies, voire canards gras La production de volailles de ferme est généralement orientée vers la vente directe. Toutefois, la vente à des intermédiaires permet bien souvent d’écouler une partie de la production et d’assurer aux producteurs un volume de vente régulier sur l’année. 2 Les 5 questions fondamentales Temps disponible : Les activités de commercialisation et d’abattage s’avèrent très « chronophages » sur ces systèmes, il est donc important de bien estimer la main d’œuvre disponible et mobilisable pour l’élevage, l’abattage, la transformation et la commercialisation des volailles. On compte en moyenne 34 minutes/volaille pour réaliser l’ensemble des tâches. A noter que les circuits de vente directe sont plus gourmands en temps que la vente à des intermédiaires. Investissements : Les investissements liés à la production sont peu élevés, notamment dans le cas d’aménagement de bâtiments déjà existants. En revanche, les investissements liés aux ateliers d’abattage et de transformation s’avèrent beaucoup plus lourds à l’échelle de l’exploitation et doivent notamment être réfléchis en fonction de l’environnement de l’exploitation (ateliers collectifs, prestataires), du volume de volailles abattues et transformées et du temps de travail à consacrer à l’activité Goûts et aspirations : Il apparaît évident qu’une bonne connaissance de la production avicole est nécessaire, d’autant plus qu’au niveau du département il n’existe pas de soutien technique. En outre, au vu de l’équilibre des systèmes volailles de chair, un goût marqué pour la transformation des produits et une aptitude à la commercialisation sont la clé de voûte de la réussite de cet atelier. Outils disponibles : L’installation sur un élevage entièrement neuf reste risquée au niveau du retour sur investissement, un recensement des bâtiments aménageables est donc fondamental. Les vides sanitaires entre deux lots de volailles et les bâtiments ou parcours disponibles conditionnent le nombre de bandes produites par an. Il en va de même pour les surfaces céréalières présentes, qui définiront le degré d’autonomie alimentaire de l’élevage. La production à partir de poussins d’un jour nécessite par ailleurs la présence d’un bâtiment isolé et chauffé (poussinière) ainsi que du matériel de démarrage spécifique. Marchés et environnement : Il est essentiel de définir son système de commercialisation avant de démarrer l’atelier volailles. La fixation du prix de vente doit être mûrement réfléchie pour assurer la rentabilité de l’activité et se positionner sur le marché local (concurrence). La proposition de produits découpés ou transformés apporte une plus-value très intéressante par rapport à la vente en volaille entière (+70% du prix). Production de volailles de chair fermières – 01/08/2015 – Page 1 sur 5 Chambre d’agriculture de la Vienne – Service ETF 2133 route de Chauvigny, CS 35001, 86550 MIGNALOUX-BEAUVOIR Tél. 05 49 44 75 40 – Email : [email protected] – site web : www.vienne.chambagri.fr 3 Contexte local La région Poitou-Charentes est au 5ème rang dans la production avicole (volailles de chair et poules pondeuses), loin derrière la Bretagne et les Pays de Loire. On dénombre 744 exploitations en filière volaille de chair en 2010 (source : RGA 2010). La majorité des élevages est localisée dans le département des Deux-Sèvres. D’après les données du référencement circuits courts de 2012 (source : CDA 86), 25 producteurs de volailles fermières ont été recensés dans le département de la Vienne. Les volailles maigres et grasses peuvent bénéficier de l’identification « Fermier signé Poitou-Charentes » mis en place par l’IRQUA. 4 Références technico-économiques En élevage de volailles fermières, le producteur se doit de produire des animaux homogènes dans le temps afin de fidéliser le consommateur. La définition d’un schéma de production précis est indispensable pour assurer la régularité des produits : choix de la souche : en poulet fermier, utilisation de souches à croissance lente choix de l’alimentation choix de l’âge d’abattage : variable en fonction des espèces, pour le poulet entre 100 et 120 jours. Au sein d’une bande, il faut éviter de dépasser le délai d’un mois entre le premier et le dernier animal abattu. choix des techniques de production et du plan de prophylaxie choix de présentation du produit En Poitou-Charentes, la production de volailles fermières est généralement associée à la production céréalière, dans le groupe de référence du PRDA Poitou Charentes les surfaces céréalières s’étendent de 40 à plus de 150 hectares. Dans quelques situations, cet atelier peut constituer la seule activité, alors les exploitations sont plus spécialisées et de plus petite taille (2 à 3 hectares). Les exploitations du réseau sont en moyenne composées de 1,9 UMO, dont 0,3 d’origine salariée qui interviennent principalement lors de l’abattage. Le nombre d’animaux par exploitation varie de 3000 à 19000, l’élevage de poulets est présent dans 100% des cas et représente 78% des volailles produites. Tableau 1 : Comparaison références techniques poulets fermiers et poulets label Nombre d’animaux produits Nombre de bandes/an Nombre d’UMO Dont MO salariée Densité bâtiments Taux de mortalité Age d’abattage Poids moyen à l’abattage Indice de consommation (kg aliment/kg poids vif poulet) Prix de vente en direct (TTC) Prix de vente à intermédiaire (TTC) Volailles fermières Poitou-Charentes (2012) 10 000 14 1,9 0,3 11,6 poulets/m2 5% 114 jours 1,97 kg Poulets Label Rouge Grand Ouest (2012) * 3,28 * * 11 poulets/m2 5,34 kg 2,941 kg 7,61 €/kg * 6,07 €/kg * 86,1 jours 2,275 kg De façon générale, 14 bandes de poulets sont mises en production chaque année, permettant une production régulière calée sur les mois. La production de pintades et canards à rôtir est réalisée de façon comparable avec respectivement 7 et 6 lots engagés par an. Le nombre de bâtiments nécessaires à la production de poulets dépend de l’âge d’achat des volailles : un jour ou démarrées (4-5 semaines). En outre, les producteurs peuvent jouer sur la durée du vide sanitaire, comprise entre 15 et 30 jours. On comprendra ces deux leviers d’actions sur les tableaux suivants, qui proposent une organisation des bandes sur l’année et présentent le nombre de bâtiments nécessaires à la production de 12 bandes/an. Pour les poussinières, une densité de 20 poussins/m² peut être retenue. Production de volailles de chair fermières – 01/08/2015 – Page 2 sur 5 Chambre d’agriculture de la Vienne – Service ETF 2133 route de Chauvigny, CS 35001, 86550 MIGNALOUX-BEAUVOIR Tél. 05 49 44 75 40 – Email : [email protected] – site web : www.vienne.chambagri.fr Tableau 2 : Planification de la production : poussins d'un jour abattus à partir de 120 jours Bat. 1 Bat. 2 Bat. 3 Bat. 4 Bat. 5 Bat. 6 Janvier Demarrage Février Demarrage Abattage Finition Abattage Finition Finition M ars Finition Avril M ai Abattage Finition Demarrage Juin Abattage Finition Demarrage Abattage Juillet Demarrage Septembre Finition Demarrage Abattage Finition Demarrage Abattage Août Novembre Abattage Finition Abattage Finition Finition Demarrage Finition Demarrage Demarrage Abattage Finition Demarrage Octobre Demarrage Abattage Finition Abattage Décembre Tableau 3 : Planification de la production : volailles démarrées 4 semaines abattues à partir de 120 jours Janvier Bat. 1 Bat. 2 Bat. 3 Bat. 4 Bat. 5 Février Finition M ars Avril Abattage Finition Abattage Finition Abattage Finition M ai Juin Juillet Finition Abattage Finition Août Septembre Abattage Finition Abattage Finition Abattage Abattage Finition Abattage Finition Octobre Finition Abattage Novembre Décembre Finition Finition Abattage Abattage Finition Les besoins en énergie, protéines, minéraux et vitamines des volailles évoluent en fonction de l’âge des animaux. L’apport d’énergie est généralement couvert par les céréales, l’apport de protéines principalement par les tourteaux et les légumineuses, et les besoins en minéraux et vitamines sont apportés par des compléments. Ainsi, jusqu’à 8 semaines usuellement, les poussins sont alimentés avec un aliment complet de commerce. De 8 à 14 semaines, la ration est établie avec 70 % de céréales et 30 % de complément riche en protéines et compléments minéraux vitaminés. Au-delà de 14 semaines l’apport simple de céréales suffit aux volailles, qui complètent leur ration sur parcours. D’après les données du CERD (fiche 2014), il faut compter 7000 volailles fermières vendues en circuits courts pour dégager un revenu pour une personne. Tableau 4 : Charges liées à l’élevage (Source : RCC, 2011-2013) Charges opérationnelles (€/volaille) Achat poussin d’un jour Achat volaille démarrée Alimentation Litière Produits d’entretien Parcours Fournitures diverses Frais vétérinaires 0,53 3,24 3,18 0,06 0,05 0,09 0,17 0,11 Charges de structure élevage Eau Electricité Carburant Assurances Fermage Entretien/Réparation Autres frais intermédiaires et honoraires 0,08 0,22 0,16 0,20 0,07 0,11 0,44 Tableau 5 : Marges après élevage et abattage (Source : RCC, 2011-2013) Ensemble échantillon (€) Chiffre d’affaire/volaille Marge sur poussin/aliment Marge brute par volaille Marge après élevage Marge après élevage avec MO Marge après abattage Marge après abattage avec MO 12,93 8,5 7,16 6,9 4,2 4,7 0,7 Production de volailles de chair fermières – 01/08/2015 – Page 3 sur 5 Chambre d’agriculture de la Vienne – Service ETF 2133 route de Chauvigny, CS 35001, 86550 MIGNALOUX-BEAUVOIR Tél. 05 49 44 75 40 – Email : [email protected] – site web : www.vienne.chambagri.fr 5 Contexte réglementaire Tout élevage de plus de 250 volailles doit être déclaré à la DDPP du département d’installation. La vente directe fait l’objet d’une déclaration complémentaire. L’élevage de volailles est soumis à la réglementation environnementale comme toutes les autres productions animales (distances d’implantation des bâtiments et d’épandage, capacité de stockage des effluents, …). En général, les producteurs de volailles fermières sont concernés par la Règlement Sanitaire Départemental (moins de 5000 équivalents-volailles en simultané sur l’exploitation). Sur le plan sanitaire en élevage, il existe certaines règles de base, notamment le fait que dans un bâtiment tous les volatiles présents doivent avoir le même âge et provenir d’un même couvoir et ceux jusqu’à l’abattage. Entre chaque bande, le bâtiment doit être vidé, nettoyé et désinfecté, ce qui constitue le vide sanitaire. En outre, des contaminations peuvent se propager d’un bâtiment à l’autre. Il n’existe pas de normes de distance entre 2 bâtiments toutefois un espace de 30 mètres et l’implantation d’une barrière végétale sont fortement recommandés. D’autre part, la principale barrière sanitaire est le changement de tenue de l’éleveur (bottes, cotte…) à l’entrée dans chaque bâtiment. En lien avec la commercialisation des volailles, la réglementation impose de mettre en place un système de traçabilité irréprochable sur l’élevage des volailles de l’achat à la commercialisation. La tenue du registre d’élevage et le remplissage de la fiche ICA à chaque lot abattu sont indispensables. Par ailleurs, à partir de 250 volailles (poulets ou dindes), le dépistage des salmonelles est obligatoire (prélèvements en élevage et après abattage). Le local d’abattage est soumis à la réglementation détaillée dans le paquet hygiène (cf. Fiche réglementation sanitaire) en lien étroit avec le Guide des Bonnes Pratiques d’Hygiène pour les petits abattoirs. Deux statuts sanitaires existent pour les établissements d’abattage : - non agréé (tuerie) : limité à 25000 volailles abattues/an et 500/semaine (volailles élevées sur l’exploitation) - agréé CE Il est également possible de faire appel à un prestataire de service (obligation d’atelier CE) ou d’abattre ses animaux au sein d’un atelier collectif. A ce jour, deux formations spécifiques sont obligatoires dans le cas d’un abattage à la ferme : - Pour tous les établissements : la gestion du bien-être animal des volailles à l’abattoir - Pour les établissements CE : le contrôle ante et post-mortem 6 Principales aides accessibles Intitulé But Mesure 4.2.1 PDR Investissements pour transformation et la commercialisation des produits par les agriculteurs Création de site internet rénovation et création d'ateliers de transformation et de commercialisation, actions de communication liées aux produits 7 8 Aider les entreprises à intégrer les TIC dans leurs projets d’évolution Montant de l’aide 40 % du projet 80 000 € max. 80 % des montants facturés 500 € max. Financeur(s) Contact FEADER Conseil Régional DDT Conseil Régional Conseil Régional Les interlocuteurs Gérard KERAVAL, Conseiller hors-sol PA, CDA 79 : 05.49.81.24.50. ITAVI (Institut Technique de l’Aviculture), www.itavi.asso.fr : 01.45.22.62.40. Lise CHEVALLIER, Conseillère d’entreprise, CDA 86 : 05.49.44.75.40 Anne BOULDOIRES, Direction Départementale des Territoires de la Vienne : 05.17.84.00.03 Formations CS avicole, IREO Les Herbiers (85) : 02.51.91.09.72 Conduire un atelier de production avicole en conventionnel et en bio, CFPPA-UFA Bressuire : 05 49 65 24 11 Formations gestion du bien-être animal / contrôles ante-post mortem, Chambre d’agriculture de la Vienne, sur demande Production de volailles de chair fermières – 01/08/2015 – Page 4 sur 5 Chambre d’agriculture de la Vienne – Service ETF 2133 route de Chauvigny, CS 35001, 86550 MIGNALOUX-BEAUVOIR Tél. 05 49 44 75 40 – Email : [email protected] – site web : www.vienne.chambagri.fr 9 En résumé… Opportunités Faibles investissements pour la production (bâtiments, matériel…) Peu de foncier nécessaire à l’installation Prix de la volaille compétitif Produit festif et de grande consommation Menaces Abattage, transformation et commercialisation chronophages Lourds investissements pour la transformation Nécessité de maîtriser 3 métiers : élevage, transformation et commercialisation 10 Pour aller plus loin… GBPH et application des principes HACCP pour les petites structures d’abattage et de découpe de volailles (maigres) et lagomorphes, juin 2010, ITAVI. Guide d’élevage aviculture fermières : Quelques repères pour les éleveurs professionnels commercialisant en circuits courts, 1er trimestre 2009, ITAVI. Produire des volailles destinées aux circuits courts de commercialisation, 2011-2013, RCC Volailles de ferme : un abattage aux normes obligatoire, octobre 2014, Diversifier, CERD. PRDA Volailles Fermières : observatoire régional des activités de diversification, décembre 2013, Chambres d’agriculture Poitou-Charentes Production de volailles de chair fermières – 01/08/2015 – Page 5 sur 5 Chambre d’agriculture de la Vienne – Service ETF 2133 route de Chauvigny, CS 35001, 86550 MIGNALOUX-BEAUVOIR Tél. 05 49 44 75 40 – Email : [email protected] – site web : www.vienne.chambagri.fr