Le dessin, un outil pour documenter les spécimens
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Le dessin, un outil pour documenter les spécimens
Le dessin, un outil pour documenter les spécimens récoltés au cours des expéditions scientifiques Avant l’invention de l’appareil photo, la seule façon de documenter les spécimens en expédition était de les dessiner de façon très précise afin d’en retranscrire la morphologie. Sur chaque grande expédition, un dessinateur était présent pour réaliser de véritables dessins naturalistes. L’arrivée de l’appareil photo dans la caisse à outils du scientifique en mission a permis de raccourcir le temps de documentation des spécimens. Cependant, avant l’avènement du numérique, les scientifiques utilisaient des appareils photos à diapositives pour photographier les spécimens : impossible de savoir tout de suite si la photo était réussie ou non. C’est la raison pour laquelle les spécimens ont continué être dessinés. Dessin du Gibberule par Jesus Ortea L’objectif était et est toujours de transcrire sur le papier des informations qui permettront l’identification du spécimen et ce, dans un temps court, car les spécimens ne peuvent être conservés dans l’eau de mer que peu de temps. Ils sont en effet rapidement placés dans de l’alcool afin de garantir leur conservation, mais l’alcool entraîne leur décoloration dans un délai très court. En plus des couleurs, les détails retranscrits sont donc ceux qui pourraient échapper à la photo comme la présence d’un petit lobe sur la bordure de la coquille d’un mollusque. Jesus Ortea au travail Avec l’arrivée du numérique, le recours au dessin sur les expéditions s’est marginalisé et simplifié. A Madibenthos, seul Jesus Ortea, professeur retraité de l’Université d'Oviedo en Espagne, se prête à cet exercice, et uniquement pour les mollusques, dont il est un spécialiste. Ses outils de travail pourraient presque paraître rudimentaires : un carnet à feuilles blanches, un porte-mine et un pot de douze crayons de couleurs, mais il y a tellement de spécimens à documenter qu’il faut savoir être rapide et efficace ! Il faut dire que Jesus a un don : une mémoire photographique. Après la phase de tri, il observe les spécimens à loupe binoculaire : en un coup d’œil, il mémorise forme et couleurs qu’il retranscrit sur le papier en quelques minutes. Organisation d’une planche de Jesus Ortea sur l’expédition Madibenthos Matériel de dessin de Jesus Ortea Bien sûr, en six semaines de campagne, les organismes marins qui sont communs en Martinique se retrouvent plusieurs fois dans les récoltes. Ils sont quand même observés et s’ils présentent des petites différences avec leurs semblables déjà récoltés, Jesus refait un dessin afin de pouvoir documenter l’ampleur de la diversité intraspécifique de ces espèces. Diversité des spécimens de Cystisus récoltés à Madibenthos par Jesus Ortea © Natacha Ouvrié/ MNHN/madibenthos A chaque dessin de Jesus, correspond une photo numérique de Manuel Caballer Gutierrez, technicien de collections au MNHN, spécialiste des mollusques lui aussi. Ces documents sont rattachés au spécimen ainsi que la notification de son jour et de son lieu de collecte grâce à un numéro unique. De cette façon, chaque fois qu’un scientifique aura besoin d’informations sur le spécimen, il pourra y avoir accès. Dessin d’un spécimen de Cysticus de Jesus Ortea Photographie du spécimen de Cysticus de Manuel Caballer Remerciements : Jesus Ortea pour son temps et ses explications et Manuel Caballer pour ses photos.