Engagez-vous, qu`ils disaient

Transcription

Engagez-vous, qu`ils disaient
édito
« Engagez-vous, qu’ils disaient ! »
les places de Représentants des Usagers (RU) laissées
vacantes. Comme le souligne avec nuance Alice Maindron,
responsable formation du CISS (Collectif Interrassociatif
Sur la Santé) « être un Représentant des Usagers, ce n’est
pas devenir un expert (par exemple de l’établissement
de santé dans le cadre d’une CRUQPC – Commission
des Relations avec les Usagers et de la Qualité de la Prise
en Charge). On est là pour être un relai de la parole des
usagers mais pour cela, il faut quand même se former ! »
(voir son interview complète en page 29).
Le vocable, relativement récent, de "patient-expert" ou
"patient-ressource" en dit aussi assez long sur le niveau
d’exigence que l’on attend des bénévoles. Dans le domaine
de l’ETP (Éducation Thérapeutique du Patient), (cf. trois
expériences qui ont été menées avec la FNAIR, pages 16,
18 et 20), le vécu d’une maladie chronique est considéré
comme une connaissance à part entière. Aussi, sa mise
en valeur exige-t-elle un savoir-faire qui n’est pas inné.
En passant du statut de témoin à celui d’interlocuteur, le
"patient-expert" ou "patient-ressource" se doit d’acquérir
une qualité d’écoute et de transmission de ses savoirs
dits "profanes" (ou "expérentiels" comme disent les
universitaires). Se former comme bénévole : au sentiment
d’être utile et d’aider les autres s’ajoute le plaisir d’acquérir
une nouvelle qualification, même tard dans sa vie.
La magie de l’engagement
«E
ngagez-vous, qu’ils disaient ! » La phrase
prononcée par un centurion romain mis à
terre par l’invincible Obélix dit avec un peu
d’exagération ce que peuvent être les turpitudes du
bénévolat dans le monde associatif. L’action de terrain
n’est pas sans difficulté et l’on fait même appel à une
rhétorique martiale pour désigner le travail des bénévoles :
il est en effet question de "combat", de "lutte" pour
sauvegarder la qualité de vie des patients, en "montant
au front" (voir à ce propos notre plaidoyer sur l’EPO en
page "Tribune").
L’engagement dans le plaisir
Il n’est cependant pas d’engagement viable sans plaisir. Le
monde associatif est à la fois un vecteur de développement
personnel, de moments de convivialité et de belles
rencontres. Le plaisir n’est pas une option, il est un prérequis à tout engagement et c’est ce que nous enseignent
les résultats d’une récente enquête sur le bénévolat.
En 2013, 24,6% des Français (12,5 millions) étaient
engagés bénévolement dans une association contre
22,6% (11,5 millions) en 2010, soit une hausse de 2%
en deux ans, mais "l'engagement régulier hebdomadaire"
a, quant à lui, reculé. En 2013, il se situe à 10,5% de
la population (5,5 millions) contre 12,5% (6,3 millions)
en 2010. Les bonnes volontés s’amenuisent lorsque le
niveau d’exigence augmente, ce qui explique toutes
Mars 2014 - Revue FNAIR n°137
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Tous ceux qui se sont mêlés à de grandes et belles
entreprises savent que, souvent, un sentiment exaltant
d’efficacité les accompagne. La force du nombre n’est
pas la seule responsable. Qu’il soit ici permis de citer ces
quelques lignes d’un texte de W. H. Murray, explorateur et
écrivain écossais (souvent faussement attribué à Goethe) :
« Tant que nous ne nous engageons pas, le doute règne, la
possibilité de se rétracter demeure et l’inefficacité prévaut
toujours.
En ce qui concerne tous les actes d’initiatives et de
créativité, il est une vérité élémentaire dont l’ignorance
a des incidences innombrables et fait avorter des projets
splendides. Dès le moment où l’on s’engage pleinement, la
providence se met également en marche. Pour nous aider,
se mettent en œuvre toutes sortes de choses qui sinon
n’auraient jamais eu lieu.
Tout un enchaînement d’évènements, de situations et de
décisions crée en notre faveur toutes sortes d’incidents
imprévus, des rencontres et des aides matérielles que nous
n’aurions jamais rêvé de rencontrer sur notre chemin…
Tout ce que vous avez toujours voulu faire ou rêvé de faire,
entreprenez-le. L’audace renferme en soi génie, pouvoir et
magie. Commencez maintenant ! »
Romain Bonfillon
Rédacteur en chef