Crash / Ils n`ont pas vu les lignes électriques

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Crash / Ils n`ont pas vu les lignes électriques
Crash / Ils n'ont pas vu les lignes électriques
Publié le lundi 23 août 2010 à 10H09
Les premiers éléments recueillis sur les lieux du drame permettent d'orienter l'enquête vers un « bête » accident à
l'occasion d'un exercice d'entraînement.
MONTIGNY-SUR-VENCE (Ardennes). Les premières explications du crash dramatique
du biplace Robin DR 400, samedi dans une pâture de Montigny-sur-Vence, ont été
apportées par le président des Ailes Ardennaises.
GILBERT HULOT, 64 ans, originaire des Ardennes et Jacques Martinez, 62 ans, originaire de la
Drome, mais résident à Reims dans le cadre de son activité professionnelle, tous les deux
pilotes à l'aéro-club Les Ailes Ardennaises ont tragiquement trouvé la mort, samedi aprèsmidi à Montigny-sur-Vence, dans le crash de l'avion qu'ils pilotaient, un biplace Robin DR 400.
Hier, dimanche, l'annonce de la triste nouvelle s'est répandue telle une traînée de poudre sur
au moins trois Régions (Champagne-Ardenne, Picardie et Lorraine) dans la mesure où les
deux hommes étaient connus pas seulement dans le monde de l'aéronautique mais aussi dans
le cadre de leur profession respective.
Gilbert Hulot, domicilié à Charleville-Mézières, qui aurait eu 64 ans en novembre prochain,
était le PDG de l'entreprise Forgeavia, basée à Biesles (près de Chaumont, en Haute-Marne).
Une société employant une cinquantaine de salariés et réalisant des pièces pour
l'aéronautique (80 % de son activité), mais aussi l'industrie agricole et paramédicale.
Jacques Martinez, instructeur et ancien mécanicien à la base aérienne 112 de Reims était
devenu moniteur dans le civil. Il a dispensé son savoir-faire dans de nombreux clubs de la
région : Rethel, Compiègne, Laon ainsi que Charleville à l'aéro-club de Belval. Son souvenir
reste présent au lycée François-Bazin de Charleville-Mézières où il a assuré une formation de
brevet d'initiation aéronautique (BIA) à six élèves de l'établissement scolaire. Les lycéens
ayant passé, avec succès, l'épreuve écrite, ils avaient piloté un avion Robin DR48 pendant
plus d'une heure en compagnie précisément de Jacques Martinez.
Sur les circonstances de ce crash, les premiers éléments de l'enquête menée par les
gendarmes du transport aérien de Reims et du bureau enquête accident de la direction de
l'aviation civile de Metz sous la direction parquet de Charleville-Mézières se dirigent vers un «
bête » accident à l'occasion d'un exercice d'entraînement qui n'était même pas prévu au
programme de Gilbert Hulot et de son instructeur Jacques Martinez.
« Panne en campagne »
En effet, samedi, Gilbert Hulot, adhérant depuis plus de trois ans aux Ailes Ardennaises décide
d'aller voler, ce qu'il avait l'habitude de faire à chaque fois qu'il avait un moment libre. Il était
titulaire du brevet de base qui l'autorisait à faire des vols locaux sur un rayon de 30 km.
En arrivant à l'aéro-club, il croise par hasard, Jacques Martinez sur le parking. C'est là que le
pilote ardennais décide de prendre un cours dans le cadre d'une licence de PPL (private pilote
licence), un brevet européen qui lui aurait permis d'aller dans le monde entier avec son avion.
Il avait déjà obtenu la partie théorique du PPL et s'entraînait pour obtenir la pratique. Aussi,
la rencontre avec l'instructeur a été un hasard qui faisait bien les choses dans la mesure où
cela lui permettait d'avancer dans sa préparation.
Jean-Pierre Leclet, président des Ailes Ardennaises explique : « C'est comme des leçons de
conduite. Pour obtenir le permis, il y a des figures imposées qu'un pilote doit connaître. Aussi,
dans l'évolution de l'entraînement pour obtenir sa licence, Gilbert avait plusieurs choses à
apprendre dont l'exercice appelé la panne en campagne ».
Dans le cadre de cette opération, l'instructeur simule une panne moteur. Lors de cette
manœuvre, il demande au pilote de mettre l'avion en configuration pour la faire planer.
« C'est cet exercice que Gilbert était en train effectuer lorsque le drame est arrivé » poursuit
le président du club : « Mais je peux vous dire que le pilote avait réussi à 100 % la manœuvre
».
Selon tous les éléments récupérés et constatés sur place, Gilbert Hulot avait remis les gaz
lorsque l'avion a touché le fil électrique. En effet, samedi il y avait un très beau soleil. Et
comme l'avion se trouvait face au soleil, le pilote et son instructeur n'ont pas pu voir les
câbles électriques, ni les poteaux qui permettent de savoir qu'il y a un câble électrique, car les
poteaux étaient cachés par la forêt.
La verrière recouvrant le cockpit a touché le câble, ainsi que le bout de l'aile gauche qui a été
sectionné et qui a arraché l'aileron gauche. L'instructeur n'avait plus la maîtrise de l'appareil
qui a piqué du nez et s'est retourné pour se fracasser sur le sol. L'hélice a été retrouvée à
l'endroit exact où l'avion a touché le sol en premier. La suite vous la connaissez.
Bernard DORDONNE