erik dietman

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erik dietman
erik dietman
Sans titre, 2012
Erik Dietman est un sculpteur et dessinateur suédois
né en 1937, et mort à Paris en 2002. En 1959, en
recherche de liberté artistique, il s’installe à Paris. Il se
lie d’amitié avec de nombreux artistes liés au courant
du Nouveau Réalisme et plus tard à Fluxus. Cependant
il ne revendiquera jamais une appartenance à aucun
de ces groupes, préférant garder son indépendance.
Dans son œuvre, il cherche à jouxter art conceptuel et
poésie visuelle, faisant appel à la polysémie des mots
notamment dans ses titres.
Ce bronze monumental de 3m12, réalisé en 2002, est sa
dernière œuvre. Elle appartient à une série de grands
bronzes réalisés pour une exposition au Centre Georges
Pompidou en 1994. L’ensemble évoque une créature
fantomatique dans laquelle on tente de percevoir des
éléments anthropomorphes et animaux. Au travers
de ces formes étirées on peut voir les traces de doigts
laissées par l’artiste, rappelant ainsi les petits modèles
préparatoires en terre ou autre matériaux malléables
qu’il transpose en une version monumentale. Au
moment de son installation en France, Dietman dans
sa série des Objets pansés, Objets pensés, recouvre
entièrement des objets de sparadraps, matériau qu’il
appelait alors avec humour « le bronze du pauvre ».
Cette relation étroitement tactile avec le matériau se
retrouve dans toute son œuvre et particulièrement
dans ses sculptures en bronze. L’artiste a toujours
eu un attrait particulier pour ce matériau, véritable
gageure du sculpteur depuis l’Antiquité. L’utilisation
du bronze pour cette œuvre ultime n’est donc, selon
sa volonté même, pas anodine : il s’inscrit ainsi dans le
champ de l’histoire de l’art consacrée.
texte rédigé par l’artiste en 1990 dans Opus Oh! Puce
Aux puces, Livre II. Dans ce texte, il suggère que Dieu
avait un frère aîné qui créa un prototype d’Adam et
Ève. Dieu lui vola son idée. Découvrant sa traîtrise, le
frère aîné se laissa mourir. A travers ce texte ironique et
amusant, Dietman s’identifie à ce frère talentueux mais
dépossédé de son œuvre car, comme il aimait le dire en
plaisantant, tous les artistes se positionnent comme les
frères de Dieu en voulant égaler et imiter son travail.
Cette sculpture aurait donc deux visages : un premier
qui serait une sorte d’autoportrait de l’artiste sous la
forme du «Frère de Dieu», ou un deuxième qui serait
une création de ce Frère de Dieu - en réalité Dietman
lui-même - à la fois créature et créateur.
Alexandra Guerrero et Léa Janiaud
Elèves de l’Ecole du Louvre
Cette sculpture est restée sans titre à cause de la
mort prématurée de l’artiste. Cependant, elle est
communément nommée Frère de Dieu en écho à un
Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large
public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude
et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com