Erik DIETMAN Erik DIETMAN - Musée d`art contemporain de Lyon

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Erik DIETMAN Erik DIETMAN - Musée d`art contemporain de Lyon
Erik DIETMAN
Œuvres entrées dans la collection en
1988 à l’issue de l’exposition Erik
Dietman – Entre lard et l’art (1988) :
L’Art mol et raide ou l’Épilepsismesismographe pour têtes épilées : mini male
head coiffée du grand mal laid comme une
aide minimale…, 1985-1986
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Dimensions variables : environ 80 m
Œuvre acquise en 1988, n° d’inventaire :
988.5.1
Sans titre, 1963
Dimensions : 20 x 12,5 cm
Don de l’artiste en 1988, n° d’inventaire :
988.5.2
Sans titre, 1962
Dimensions : 20 x 12,5 cm
Don de l’artiste en 1988, n° d’inventaire :
988.5.3
Pain, 1967
Dimensions : 50 x 90 cm
Don de l’artiste en 1988, n° d’inventaire :
988.5.4
Sans titre, 1965-1966
Dimensions : 3 éléments de 16,5 x Ø
13 cm
Don de l’artiste en 1988, n° d’inventaire :
988.5.5
L’Art mol et raide ou l’Épilepsismesismographe pour têtes épilées : mini male
head coiffée du grand mal laid comme une
aide minimale…, 1985-1986
Dimensions : dessin de 65 x 50 cm
Don de la galerie Claudine Papillon en
2007, n° d’inventaire : 2007.13.1
Erik Dietman, Pain, 1967. ©Blaise Adilon
©Adagp, Paris 2010.
Nous organisons la première rétrospective française consacrée à l’œuvre de George Brecht en
1986, puis nous acquérons la Recherche sur l’origine de Robert Filliou en 1986, il était dès lors
évident que l’œuvre d’Erik Dietman serait convoquée d’une manière ou d’une autre assez
promptement.
Erik Dietman arrive à Paris en 1959 alors que les Nouveaux Réalistes sont en pleine expansion
(le Manifeste ne sera signé que l’année suivante). Il descend à l’hôtel Carcassonne, et c’est là,
place de la Contrescarpe, qu’il rencontre Robert Filliou, Daniel Spoerri, Mark Brusse. Il
collectionne les déchets de toutes sortes qu’il assemble en sculptures ou reliefs qu’il tient le
plus possible éloignés du bon goût.
« Ramassez beaucoup de choses, achetez des clous et de la colle, ne pensez pas trop et
assemblez le tout n’importe comment, allez boire une bière (ou deux), rentrez chez vous,
cassez ce que vous avez fait, réassemblez. Buvez une bière et recassez tout. Ramassez à
nouveau des choses, réassemblez encore une fois. Buvez une bière et cassez tout.
Assemblez, buvez une bière, cassez, ramassez encore du matériel, assemblez, buvez une
bière, cassez tout, etc., etc., etc., continuez comme ça jusqu’à ce que ça vous mène quelque
part (mais essayez de ne pas perdre la mémoire).
P.-S. : J’ai poursuivi cette action plusieurs mois dans ma chambre de l’hôtel Carcassonne.
L’idée de base, qui date de 1955, était la suivante : on déchire ou on découpe une peinture sur
toile et on l’expose. Après l’exposition, on déchire et on découpe à nouveau, puis on expose le
résultat. On répète le processus, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. »
En 1965, Dietman expose son Abri antiatomique à la Biennale des Jeunes de Paris, tandis
qu’Aillaud, Arroyo et Recalcati assassinent Marcel Duchamp. Plus tard, la même année, il
s’installe à Tourrettes-sur-Loup, puis à Entrecasteaux, non loin de Ben, et de son magasin
© Musée d’art contemporain de Lyon - 2010
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niçois, et à proximité de Villefranche où Filliou et Brecht ont ouvert leur antre Fluxus : La Cédille
qui sourit (voir notices).
En 1968, à Bratislava, Erik Dietman crée un Rideau de fer belge, assemblage d’élastiques
reliés par des agrafes, derrière lequel il suspend le mot « PAIN » réalisé en pains (en anglais :
douleur). L’œuvre est donnée par l’artiste au Musée en 1988, à l’issue de la rétrospective Entre
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lard et l’art, organisée par Olle Granath, alors directeur du Moderna Museet de Stockholm .
De 1969 à 1972, Erik Dietman réalise plusieurs pièces, qui, finalement, prennent la forme de
livres : c’est le cas de For Gentlemen, qu’il qualifie lui-même de « DEP-ART », à la fois rupture,
départ et expression de la dépression. Le Grand Livre Sterling l’occupe toutes les années 70.
La valeur qu’il accorde désormais aux mots joue comme fonction critique à l’égard d’un art qu’il
juge toujours trop promptement engoncé dans ses propres certitudes, qu’il soit d’« avantgarde » ou « conventionnel ». Il trouve en Roland Topor un « sparring-partner » idéal. Dietman
crée alors Entre astronomie et pâtisserie, Lézards et Kleinkunst par Outil O’Tool, puis
s’autoproclame peintre de paysages. C’est au cours de ces années-là qu’il dirige quatre grands
projets collectifs à Bruxelles, Stockholm, Humlebæk et Paris, sous forme d’ateliers accueillant
des enfants. Il constate, non sans satisfaction, que les moins bien notés sont ceux qui font le
plus souvent preuve de créativité et d’imagination. Dans les années 80, Dietman s’engage
délibérément sur une voie étonnamment classique, celle de la sculpture, mêlant bronze, pierre,
glaise et bois. L’une de ses toutes premières réalisations est Le Béret de Rodin, qui dévoile
non sans humour ses formes féminines. La période leucoplast et sparadrap (1962-1967), qui
consacrait
l’objet
manufacturé
malade d’amour, trouve ici sa
symétrie inversée : le dévoilement
des matériaux à des fins tragiques
et mutines, synthèse aventureuse
mais achevée entre grand et petit
art.
C’est Jacques Guillot, directeur du
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Magasin , qui nous signale la
rétrospective
Dietman
en
préparation. Notre rencontre en
Suède est chaleureuse, si la
température l’est moins. Lyon sera
la dernière étape du circuit
européen. Nous y consacrerons les
trois étages disponibles du Musée
Erik Dietman, Vue de l’exposition L’Art mol et raide ou
Saint-Pierre
Art Contemporain, alors
l’Épilepsisme-sismographe pour têtes épilées : mini male head
installé dans une aile vacante du
coiffée du grand mal laid comme une aide minimale…, 1985Musée des beaux-arts, dans
1986. ©Blaise Adilon ©Adagp, Paris 2010
l’enceinte du Palais Saint-Pierre.
C’est à l’occasion de cette première rencontre que nous découvrons : L’Art mol et raide ou
l’Épilepsisme-sismographe pour têtes épilées : mini male head coiffée du grand mal laid
comme une aide minimale… (1986). Il s’agit ni plus ni moins de l’ultime incarnation sculptée,
selon Dietman, de cette tragi-comédie que l’on nomme la vie. Nous la retenons immédiatement
et l’acquérons en 1988. À cette occasion, outre Pain déjà cité, l’artiste donne deux
dessins/sparadrap, Sans titre, 1962, et Sans titre, 1963, un ensemble de boîtes, Sans titre,
1963, ainsi que l’ébauche préparatoire de l’Art mol et raide… : 39 crânes humains fixent d’un
seul élan un petit carré (3 x 3 cm environ) dessiné sur le mur, point de fuite et perspective
d’avenir. Chaque crâne est délicatement déposé sur une carotte de béton, accompagné d’un
élément de bronze. Certains semblent sourire. Dietman, né à Jönköping en Suède en 1937,
nous a quittés en 2002.
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L’exposition est successivement présentée au Moderna Museet du 21 février au 5 avril 1987, à la
Malmö Kunsthalle du 25 avril au 7 juin 1987, au Nordiskt Konstcentrum à Sveaborg du 5 août au 6
septembre 1987, au Stedelijk Museum d’Amsterdam du 16 janvier au 1 mars 1988, et enfin au Musée StPierre Art Contemporain du 13 mars au 9 mai 1988.
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Jacques Guillot (1941-1988), premier directeur du Magasin, Centre national d’art contemporain de
Grenoble.
© Musée d’art contemporain de Lyon - 2010
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Erik Dietman :
« Mon seul sujet, c’est la création,
incompatible donc avec les airs de
famille. Par exemple, mes relations avec
Filliou, Brecht ou Nam June Paik sont
bien connues, mais à l’époque si je
pouvais aider mes amis de Fluxus, je
n’ai jamais voulu m’intégrer au groupe,
aux réunions, aux concerts, les
périphéries m’ont toujours beaucoup
plus passionné que les centres. […] »
« Je ne fais aucune différence entre un
tableau, un dessin ou une sculpture, la
seule différence pour moi est entre des
idées. Lentement, j’ai des mots, parfois
une phrase, j’oublie des mots, d’autres
viennent, une autre phrase s’organise, Erik Dietman, Vue de l’exposition L’Art mol et raide ou
un poème, un petit poème, et c’est l’Épilepsisme-sismographe pour têtes épilées : mini male
toujours sur la base d’un poème qui head coiffée du grand mal laid comme une aide minimale…,
lentement s’est élaboré que je cherche 1985-1986. ©Blaise Adilon ©Adagp, Paris 2010
les meilleurs moyens de lui donner une
existence matérielle. […] »
« Depuis quelques années, l’art moderne, suivant la mode, est devenu topless ; les nudistes
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Gauguin, Picabia, Barnett Newman ou Polke en montrent quand même plus. »
Erik Dietman
Né en 1937 à Jönköping (Suède), décédé en 2002 à Paris (France)
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Extraits d’un entretien entre Bernard Lamarche Vadel et Erik Dietman, La Criée, Halle d’Art
contemporain, 1986.
© Musée d’art contemporain de Lyon - 2010
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