HISTOIRE DES ARTS – HG3 Massacre en Corée, Picasso, 1951

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HISTOIRE DES ARTS – HG3 Massacre en Corée, Picasso, 1951
HISTOIRE DES ARTS – HG3 Massacre en Corée, Picasso, 1951. Huile sur contreplaqué (110 x 120 cm), musée national Picasso, Paris. 06 : 05 min Période historique : XXe siècle Grand domaine artistique : Arts du visuel Thématique : Arts, États et pouvoir I. CONTEXTE Pablo Picasso (1881-­1973) 00 : 07 min Peintre, graveur et sculpteur espagnol, Pablo Picasso est une figure majeure de l’art contemporain. Il s’installe à Paris au début du XXe siècle et décide de passer le reste de sa vie en France. Le thème de la guerre a été pour lui une source d’inspiration et d’engagement, comme en témoigne son tableau Guernica en 1937. Tout au long de sa vie, Picasso a élaboré des œuvres faisant de nombreuses références aux grands maîtres du passé : inspiré du Tres de Mayo de Goya (1814) et de L’exécution de Maximilien de Manet (1867), Massacre en Corée dénonce l’intervention américaine en Corée dans le contexte de la Guerre froide. Le cubisme 00 : 52 min À partir de 1907 et de son œuvre Les Demoiselles d’Avignon, Picasso initie, avec Georges Braque, un nouveau style pictural, le cubisme. Ce courant artistique se caractérise par une recherche sur la géométrie et par la décomposition des formes du réel en figures parfois étranges. Les sujets sont représentés sous des formes géométriques, souvent des cubes. Brisant les lois traditionnelles de la peinture occidentale, il réinvente et reconstruit la réalité par la décomposition des plans et la présence simultanée de différents points de vue. La guerre de Corée dans la Guerre froide 01 : 28 min Les deux Grands, États-­‐Unis et URSS, s’affrontent indirectement lors de crises qui menacent la paix. En Europe, elles ont pour enjeu Berlin. Dans le reste du monde, les crises les plus graves sont celles de la guerre de Corée (1950-­‐1953) et celle des fusée de Cuba en 1962. En 1950, la Corée du Nord communiste, soutenue par l’URSS et la Chine, envahit la Corée du Sud, proaméricaine. Les États-­‐Unis interviennent. Ils reçoivent le commandement d’une force internationale de l’ONU pour repousser l’invasion par la Corée du Nord. Engagés dans le conflit idéologique opposant les deux blocs, certains artistes ont pu chercher à exalter un camp ou à stigmatiser l’ennemi. II. ANALYSE DE L’ŒUVRE Une impression de désolation 02 : 16 min Les ruines dans le fond du paysage donnent une impression de désolation et sont un rappel des bombardements aériens américains durant la guerre de Corée. Le thème du fleuve rappelle la frontière arbitraire du 38° parallèle qui sépare les deux Corée, mais aussi la séparation entre les civils et les soldats, les victimes et les bourreaux. La peur chez les civils 02 : 36 min La population civile est présentée en victime : des femmes et des enfants seulement. Ils sont nus et vulnérables. On lit sur les visages différentes expressions. Picasso montre le désespoir et la peur des civils qu’il représente de façon graduée de gauche à droite. Au premier plan à gauche, trois mères ont le visage déformé par l’angoisse et le désespoir de ne pouvoir protéger leurs enfants, nés ou à naître. Deux enfants sont effrayés, l’un se dissimulant derrière le dos de sa mère, l’autre accourant vers le groupe de femmes. Une très jeune fille dissimule dans un geste pudique un corps de femme à peine formé et semble saisie de stupeur. Les « soldats automates » 03 : 16 min Le groupe des soldats représente la force militaire brutale. Les militaires armés sont associés à des « soldats automates » aux armes simples ou sophistiquées, aux reflets métalliques et à la technicité aberrante (trois trous au bout des fusils). Les formes angulaires des corps cuirassés et des armes contrastent avec les formes arrondies des victimes. Les soldats sont « robotisés » et représentent la soumission de l’armée au pouvoir politique. Les cuirasses et les casques signifient l’aveuglement idéologique. Picasso montre ainsi que les combattants remplissent froidement leurs tâches comme de simples exécutants. La composition de l’œuvre 03 : 54 min La composition laisse apparaître deux groupes se faisant face séparés par le fleuve qui parcourt le centre du tableau. On distingue des dégradés de gris clair, de brun et de noir au premier plan. Le groupe des victimes est plus lumineux, ponctué de touches jaunes et oranges à gauche d’une ligne qui partage le tableau en deux, aux tons de gris plus foncés. Le paysage est visible à gauche, il est dominé par des tons de gris, de vert, de jaune-­‐
orangé. On ne le distingue plus à droite, l’espace est occupé presque entièrement par les soldats. Les lignes sont courbes et arrondies à gauche et s’opposent aux lignes droites et angulaires des soldats. III. PORTÉE DE L’ŒUVRE Un artiste engagé 04 : 35 min Pablo Picasso réalise ce tableau six mois après le début de la Guerre de Corée (1950-­‐
1953) alors que le Parti communiste français, dont il est membre, mène une violente campagne contre l’intervention américaine en Corée du Nord, sous couvert de l’ONU. Il témoigne de l’opposition des deux Grands, États-­‐Unis et URSS, dans la Guerre froide. Picasso dénonce la brutalité des crimes de guerre commis à l’encontre des civils, ici des femmes et des enfants, victimes inoffensives. Il cherche à exprimer la souffrance et le tragique de cette scène. Massacre en Corée dénonce les violences de la guerre contre les civils et témoigne de l’engagement pacifiste de Picasso. Tres de Mayo, Francisco de Goya 05 : 18 min En 1814, Goya représente les troupes françaises fusillant en 1808 des civils insurgés contre l’occupation de l’Espagne par les armées napoléoniennes. On retrouve des similitudes avec le tableau de Picasso dans la composition : les soldats, sans visages et rangés en ordre, et les insurgés alignés dans une longue file de victimes, forment deux groupes distincts. On voit peu ou pas les visages des soldats, en revanche les victimes sont très expressives (peur, tristesse, désolation...). Ces tableaux représentent la répression aveugle et brutale des soldats face aux civils sans défense et dénoncent les guerres et les crimes commis. 

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