à l`impôt sur la fortune Savoir évaluer ses biens
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à l`impôt sur la fortune Savoir évaluer ses biens
ESTIR Investir-Le Journal des Finances N°2208 30 AVRIL 2016 M l IMPÔTS l INVESTIR l DOSSIER l INVESTIR l DOSSIER l INVESTIR l DOSSIER Savoir évaluer ses biens immobiliers… MOYENNE Les redressements d’ISF proviennent souvent de la mauvaise évaluation des biens immobiliers. Il s’agit donc d’un sujet clé de la déclaration. Le montant à déclarer est la valeur vénale des biens immobiliers que vous détenez. C’est la valeur à laquelle vous vendriez ces biens en l’état au 1err janvier de l’année de déclaration. Comparer Cette valeur se détermine avant tout par comparaison avec des biens similaires vendus. L’administration dispose de beaucoup d’éléments, mais elle mène en général des analyses statistiques qui ne tiennent pas compte des spécificités des biens immobiliers. Il faut donc, dans la plupart des cas, s’appuyer sur les valeurs moyennes que recensent nombre de sites spécialisés (Chambre des not a i r e s , F n a i m , g u i d e Fo n c i a , MeilleursAgents…), en privilégiant néanmoins le site Patrim, mis en ligne par l’administration fiscale, qui est censé recenser les ventes réalisées au titre des dernières années. Il faudra toutefois corriger cette valeur moyenne : à la baisse si votre bien nécessite de très gros travaux ou souffre de défauts, à la hausse si la situation est très prisée (étage élevé, absence de vis-à-vis…) ou si le bien est rare. Attention, la méthode qui consiste à rehausser chaque année la valeur antérieure du bien ne peut être utilisée que pour les biens d’acquisition récente ou très récente : au-delà de trois ans, elle est déconseillée, sauf si vous disposez, comme à Paris, d’une analyse très fine de l’évolution des prix médians par quartiers. Pour les biens loués à usage d’habitation, l’administration retient l’approche métrique, ou « méthode par comparaison ». Il faut privilégier l’approche par la valeur libre et opérer une décote liée à la contrainte plus ou moins forte de l’occupation. Appliquer une décote Une fois la valeur du bien immobilier libre estimée, certaines décotes de valeur peuvent être opérées, à commencer par un abattement légal de 30 % sur la valeur vénale des résidences principales. La pratique des décotes s’appuie sur une question : le bien immobilier est-il libre (non loué, non grevé d’une interdiction, d’une restriction…) et puis-je le vendre, sans contrainte d’occupation, sans avoir à solliciter l’autorisation d’une autre personne ? Concrètement, il sera possible de décoter le bien en cas de : – location : la décote sera d’autant plus importante que le loyer pratiqué est faible ou encadré ; – indivision : la valeur d’un bien possédé en indivision peut être diminuée en raison, en particulier, de la nécessité d’obtenir l’accord de tous les indivisaires tant sur le principe de la vente que sur le prix à demander. En revanche, la jurisprudence a jugé qu’aucune décote n’était possible en cas de démembrement (usufruitier/ nu-propriétaire) ; – détention en SCI, dont les statuts peuvent rendre peu liquides les parts sociales. Mais encore faut-il que ce capital ne soit pas détenu à 99,99 % par une seule personne ou par un couple marié souscrivant une déclaration d’ISF commune. l INVESTIR l DOSSIER l INVESTIR l DOSSIER … et les autres VALEUR Ce sont souvent les règles ! Les titres de sociétés Pour les sociétés cotées, l’évaluation à retenir est le dernier cours connu avant le 1err janvier ou la moyenne des trente derniers cours connus précédant le 1err janvier (lire la cote, pp. P à T). Dans le cas de titres de sociétés étrangères cotées détenus sur des places financières étrangères situées hors zone euro, l’évaluation doit être convertie en euros d’après le taux de change à la date ou aux dates considérées. Pour chaque ligne de titres, on peut opter pour l’une ou l’autre des méthodes et, ainsi, diminuer l’évaluation de son portefeuille taxable. ! Les meubles meublants Ils sont évalués soit sur la base d’un inventaire détaillé établi par un commissaire-priseur, soit en retenant un forfait de 5 % calculé sur l’ensemble de l’actif brut du contribuable (solution le plus souvent très défavorable), soit compte tenu d’une évaluation globale déterminée par le contribuable en un seul chiffre sans qu’il soit besoin de détailler la nature et la valeur de chaque objet. En l’absence de toute mention, c’est le forfait de 5 % qui peut être retenu. ! Les voitures Le mieux est de se référer à la cote Argus ou autre publiée dans nombre de magazines. nature, les actions et droits sociaux, les contrats d’assurance-vie ou de capitalisation souscrits auprès de compagnies d’assurances établies en France. Toutefois, sont taxables sous conditions les titres de sociétés à prépondérance immobilière (pour la fraction correspondant aux immeubles), les actions ou parts détenues directement ou indirectement à plus de 50 % par des nonrésidents dans des personnes morales ou organismes propriétaires d’immeubles ou de droits réels immobiliers situés en France. notamment d’un engagement d’exploitation pendant 30 ans, d’un bilan de mise en œuvre du document de gestion durable… Pour les parts de groupements forestiers acquises à titre onéreux, il faut également un délai de détention minimal de 2 ans. Les biens ruraux à bail cessible ainsi que les parts de groupements fonciers agricoles bénéficient de cette même exonération dans la limite de 101.897 € (au-delà, l’exonération est limitée à 50 % de la valeur de ces biens ou parts). "# Certains titres. Ils sont, sous certaines conditions, également exonérés à concurrence de 75 % de leur valeur. C’est le cas des parts ou actions de sociétés faisant l’objet d’un engagement collectif de conservation. Mais encore faut-il respecter un ensemble de conditions de durée, de portée de l’engagement… Sont également concernés les titres de certaines sociétés, lorsque le redevable y exerce son activité principale comme salarié ou mandataire social (s’il s’agit d’une société soumise à l’IS), et à condition que ces titres soient conservés pendant au moins 6 ans à compter du 1 er janvier de l’année au titre de laquelle l’exonération est demandée pour la première fois. d’évaluation retenues en matière de succession qui s’appliquent. ! Les comptes courants Les soldes à fin décembre sont à déclarer. Les soldes négatifs constituent un passif. ! Les produits d’épargne Assurance-vie : tout dépend des termes du contrat. S’il est « non rachetable », seules sont à déclarer les primes versées après les 70 ans du souscripteur au titre des contrats conclus après le 20 novembre 1991. Si, au contraire, le contrat est rachetable, le souscripteur doit, quelle que soit la date de conclusion de celui-ci, inclure dans sa déclaration ISF la valeur de rachat au 1er janvier de l’année d’imposition telle qu’elle est fournie par la compagnie d’assurances Sicav-FCP : les actions de Sicav et les parts de FCP doivent être évaluées pour la TROIS dernière valeur de CONSEILS rachat connue avant POUR L’ÉVALUATION le 1er janvier de IMMOBILIÈRE l’année d’imposition, Se tenir informé sans pouvoir retenir des prix des mètres carrés. une autre méthode. Adapter les prix Bons anonymes : « médians » donnés ils n’ont pas à être par les journaux. déclarés à l’ISF. Etre attentif au métrage. à l’impôt sur la fortune tiers ou donataires, comme l’éventuel acquéreur de ces droits, devront inclure la valeur de capitalisation de ceux-ci dans leur patrimoine taxable. De même, le contribuable qui a déposé un brevet, un dessin, un modèle ou encore une marque de fabrique lui reconnaissant un droit exclusif peut exclure de la base de son ISF la valeur de ce droit, mais cette exonération ne bénéficiera pas à ses ayants droit ou aux acquéreurs. "# Les rentes assimilées à des retraites. En principe, les biens ne sont taxables à l’ISF que s’ils présentent une valeur patrimoniale. Selon ce principe, les pensions de retraite servies après la cessation d’une activité professionnelle et en raison de cette activité échappent à l’ISF. Sous certaines conditions, cette exonération est applicable à la valeur de capitalisation de rentes constituées dans le cadre d’un plan d’épargne retraite populaire (Perp), d’un plan d’épargne collectif pour la retraite (Perco) et d’un plan d’épargne retraite d’entreprise (Pere). "# Les sommes ou rentes allouées au titre de la réparation de dommages corporels. La valeur de capitalisation des rentes ou indemnités perçues en réparation de dommages corporels liés à un accident ou à une maladie est exclue du patrimoine des personnes bénéficiaires. En revanche, l’exonération n’est pas applicable aux sommes accordées en réparation de dommages matériels. Cette exonération bénéficie également aux sommes perçues par la victime avant son décès et transmises par succession à son conjoint survivant ou à son partenaire de Pacs. Les concubins notoires, ascendants ou descendants sont, en revanche, imposables à l’ISF sur de telles sommes. "# Les titres de PME ou parts de certains fonds. Les titres reçus en contrepartie de la souscription au capital de PME ayant leur siège de direction dans un Etat membre de l’Union européenne, en Norvège, en Islande ou au Liechtenstein peuvent être exonérés d’ISF. L’exonération ne s’applique que si la société répond à la définition communautaire de la PME. L’exonération est ouverte aux souscriptions directes ou indirectes (viaa des sociétés holdings, par exemple). La même exonération s’applique aux parts de certains fonds (FIP, FCPI, FCPR) sous réserve de certaines conditions : « De tels produits sont souvent proposés par les établissements financiers, notamment pour permettre au contribuable de prétendre à la réduction d’ISF qui y est attachée. Pensez à déduire de la valorisation de vos actifs, telle qu’elle a été effectuée par les banques, la valeur de tels placements s’ils sont effectivement éligibles à l’exonération. Pensez également à recueillir de l’établissement en question les documents à fournir à l’appui de l’exonération sollicitée », conseille Isabelle Emin, avocate associée chez Fidal (lire aussi pages N et O). "# Les placements financiers des non-résidents. Afin d’inciter les redevables domiciliés hors de France à maintenir leurs placements financiers en France, il a été prévu une exonération d’ISF sur certains placements tels que les dépôts à vue ou à terme, les comptes courants d’associés détenus dans une société ayant en France son siège social, les bons et titres de même $ LES EXONÉRATIONS PARTIELLES "# Les bois et certains biens ruraux. Les bois bénéficient d’une exonération de 75 %, sous réserve du respect de certaines conditions. Il s’agit DÉDUCTIBILITÉ DES DETTES ATTENTION, les dettes contractées par un redevable pour l’acquisition de biens exonérés d’ISF ne sont pas déductibles de l’assiette imposable. Le cas échéant, ces dettes sont imputables à concurrence de la fraction de la valeur de ces biens qui n’est pas exonérée, c’està-dire dans la même proportion que celle dans laquelle les biens concernés sont imposables à l’ISF.