1 LA FRANCE DEPUIS 1945 Plan du cours : I) Du point de vue
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1 LA FRANCE DEPUIS 1945 Plan du cours : I) Du point de vue
1 LA FRANCE DEPUIS 1945 Plan du cours : I) Du point de vue institutionnel, deux Républiques vont se succéder A) Pourquoi la IVe a-t-elle échoué ? B) Une nouvelle République : naissance de la Ve II) La vie politique en France sous la Ve : comment ont fonctionné les institutions ? A) La République gaullienne B) L’après de Gaulle (1968-1981) C) L’alternance à partir de 1981 III) La politique extérieure de la France depuis 1945 A) La France face à ses colonies sous la IVe B) Décolonisation et coopération avec le Tiers-Monde depuis 1958 C) La France et l’Europe D) La France et les blocs I) DU POINT DE VUE INSTITUTIONNEL, DEUX REPUBLIQUES VONT SE SUCCEDER A) Pourquoi la IVe République a-t-elle échoué ? CHRONOLOGIE p.285 1) la reconstruction politique de la France : la IVe République a) Le rejet de la IIIème R Depuis 1944 (Libération), la France est dirigée par le GPRF (Gvt Provisoire de la République française) présidé par De Gaulle Nécessité à la fin de la guerre de donner au pays une légitimité institutionnelle : retour à la IIIème ou nveau régime ? 21 oct 1945, un référendum rejette, à une très forte majorité un retour à la IIIème (régime symbole de la défaite) Election d’une assemblée constituante au suffrage universel (SU), assemblée dominée par trois partis (DOC 4 p.287) : - PC (grd rôle durant la résistance, 1er parti de Frce) - SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière, socialistes, « ancêtre » du PS) - MRP (Mouvement Républicain Populaire, rassemblant des résistants chrétiens) Tandis que les partis de droite, compromis dans la collaboration, sont laminés b) Le conflit entre De Gaulle et l’Assemblée constituante Conflit qui éclate à propos des nouvelles institutions : - Constituante = pour un régime où l’essentiel des pvrs sont à l’Assemblée (régime parlementaire) - De Gaulle = pour un exécutif fort (régime présidentiel) 2 Conflit qui aboutit à la démission de De Gaulle le 20 janvier 1946, De Gaulle s’exprime publiquement le 16 juin 1946 : discours de Bayeux (DOC 1 p. 287) : marque son refus d’un gvt contrôlé par le législatif + explique qu’il voit le prsdt comme la « clé de voûte des institutions » Malgré opposition de De Gaulle, le 13 oct 1946, le projet de la Constituante est adopté par référendum : OUI = 53% des votants mais une très forte abstention (oui en fait = 36% des inscrits). Lassitude des Français (2ème consultation). La IVème République se met en place sans véritable enthousiasme c) la nouvelle Constitution consacre la prépondérance de l’Assemblée DOC 3 p. 287 + PRÉAMBULE p.298 2) La IVème République : un régime fragile et instable a) la fin du Tripartisme fragilise le fctnement des institutions Arès le OUI au référendum = élections législatives DOC 1 p. 288 : Majorité aux 3 partis : PC, SFIO, MRP qui s’allient pour former un gvt = TRIPARTISME présidé par le soc P. RAMADIER tandis qu’un autre soc, V. Auriol (Bio p.286) est élu prdt de la Rép Mais, dès 1947, les communistes s’opposent à leurs partenaires du tripartisme : - La France de l’après guerre doit faire face au pb de l’inflation. Le gvt décide de bloquer les salaires. La CGT, soutenue par le PC lance alors des mvts de grèves (cf. ci-dessous : très forte agitation sociale + DOC 2 p.289) - Le PC se désolidarise également de la politique du gvt en Indochine (rappel Ho Chi Minh) - 1947 : débuts de la guerre froide ; alors que le gouvernement choisit le bloc occidental, les communistes eux soutiennent systématiquement l’URSS. Le fait que, sur beaucoup de questions, les communistes se désolidarisent du gvt conduit à leur éviction le 5 mai 1947 (situation analogue en Italie et en Belgique) Deux conséquences à cette éviction : - communistes sont désormais dans l’opposition (jusqu’en 1981) - fin du Tripartisme. : le fonctionnement des institutions va s’en retrouver perturbé. Dès lors la 4ème est marquée par le pb de l’instabilité b) Instabilité et paralysie Pour gvner sans le PC, SFIO et MRP s’allient aux radicaux = 3ème force (nov. 47 /mars 52) : cf. le discours de Blum (DOC 3 p.289) 3ème Force doit faire face à une dble opposition/menace : - Le PC qui lance avec la CGT, des grèves importantes fin 47/48. Certains y voient la volonté de prendre le pvr avec l’aide de la rue (rappel : PC = 1er parti de France et débuts de la guerre froide). 3 - le RPF (Rassemblement du Peuple Français) crée en avril 47 par De Gaulle dont l’objectif affiché est de changer de régime ème 3 Force est donc une coalition de partis, des partis qui s’accordent sur un point, la défense du régime mais qui par ailleurs sont divisés sur des points essentiels : Par exple : le MRP prône la baisse des impôts, alors que la SFIO veut des mesures fiscales afin de financer la politique sociale ; augmentation ou pas des crédits de l’armée lors du vote du budget (SFIO contre, MRP pour) ; aide aux écoles privées (MRP) ou défense de l’école laïque (SFIO)… DOC 4 p. 289 + DOC du sujet n°3 ("les crises gouvernementales sous la IVe République") p.299 Dans ces conditions, il est difficile de gvner : - Les majorités se succèdent, signe de l’instabilité : sur la période 1946/1958, 23 gvts ! Dès qu’un pb intervient, qu’il y a un désaccord entre les partis de gvt, c’est la crise : le gvt est mis en minorité à l’Assemblée et doit donc démissionner (= instabilité) - Autre mal : la paralysie = ne rien faire pour ne pas être renversé, pour durer Mai 1952, fin de la 3ème Force (SFIO rentre dans l’opposition) et expérience de Centre droit avec MRP, radicaux + qques gaullistes (De Gaulle furieux de leur ralliement au régime honni, dissout le RPF = début de la « traversé du désert » jusqu’en 1958) Cette nvlle majorité s’oppose sur la question de l’armée européenne (CED). L’expérience P. Mendès France (juin 1954/ février 1955) : PMF (BIO p.289) va alors tenter de sauver le régime par une nvlle méthode de gvt DOC 5 p. 289 * PMF rad-soc rallié à De Gaulle en 1942, ministre du GPRF * Est appelé par le prsdt R. Coty à former un gvt alors que les partis sont divisés par la question de l’armée européenne et que l’armée frçaise vient d’être défaite à Dien Bien Phu (7 mai 1954) * PMF ambitionne une nvelle manière de gvner - régler les questions en suspend : Indochine, CED - rétablir l’autorité de l’ exécutif par une nvelle manière de gvner : il refuse les négociations pour la formation de son gvt, demande à être seul investi, sur son programme (idée du contrat qui lie législatif et exécutif) * PMF va effectivement régler un certain nombre de questions : - accords de Genève (fin de la guerre d’Indochine) - débat sur la CED et refus de ratifier - engage la voie de l’indépendance de la Tunisie … mais se heurte au début de la guerre d’Algérie Cpdt, la méthode et les résultats créent une hostilité croissance vis-à-vis de PMF (le MRP ne lui pardonne pas d’avoir « enterré » la CED). Le 5 fév 1955, son gvt est renversé : la IVème Rep a échoué dans sa tentative de rénovation 3) la crise algérienne précipite la chute de la IVème République DOC 1 p. 288, Janv 1956, élections législatives et mise en place d’un gvt dit de Front Républicain (SFIO + Radicaux) présidé par Guy Mollet (BIO p.290) 4 Le nveau gvt est résolu à l’emporter en Algérie et s’engage dans une guerre à outrance contre le FLN (DOCS 1, 2 et 3 p.290-291 + le sujet de bac "Les Français face à la guerre d'Algérie", p.296-297) : - envoi du contingent (450 000 hommes) - pratique de la torture lors d’« interrogatoires renforcés » notamment au cours de la bataille d’Alger qui prend fin en oct 57, après le « nettoyage » de la casbah sous la direction du général Massu Cette guerre à d’importantes conséquences - à l’extérieur : affaiblissement de la France sur la scène internationale (Suez 1956, mise en accusation de la France à l’ONU après le bombardement du village tunisien de Sakhiet Sidi Youssef) - à l’intérieur : * détérioration des finances publiques * opinion publique de + en + réticente * paralysie du régime : impasse politique. Mai 1957, gvt Guy Mollet est renversé . Ses successeurs se révèlent tout aussi incapables de reprendre la situation en mains (en Algérie, c’est l’armée qui commande. Cf. aussi l’accueil, en fév, avec des tomates du nveau gvneur gl réputé favorable à des négociations et aussitôt remplacé par Paris). Crise du 13 mai 1958 confirme à quel point la crise de régime est grave 13 mai 1958, le prsdt appelle P. PFLIMLIN pour former le nouveau gvt. A l’annonce de cette nomination, l’armée prend le pouvoir à Alger. Pflimlin démissionne et R. COTY appelle, le 1/06 De Gaulle qui à 68 ans sort de l’ombre et apparaît comme l’arbitre de la situation (le 19 mai, celui-ci se déclare "prêt à assumer les pouvoirs de la République" : DOC 4 p.291). L’Assemblée Nationale l’investit et lui donne les pleins pouvoirs (6 mois) pour rétablir l’ordre en Algérie et préparer une nouvelle constitution. La 4ème Rép disparaît dans l’indifférence générale pour n’avoir pas su doter la France d’institutions solides et stables (ms dans les domaines de la pol étrangère et de l’éco, elle n’a pas déméritée : cf. le bilan de la IVe proposé aux p.292-293) B) Une nouvelle République : la naissance de la Ve CHRONOLOGIE p.303 Rappel des origines institutionnelles de la Vème République (discours de Bayeux). Constitution présentée aux Français le 4 septembre 1958 (DOC 1 P.305) et adoptée par référendum par plus de 79% des suffrages le 28 septembre. 1) les institutions politiques : la constitution de septembre 1958 ORGANIGRAMME : DOC 2 p.305 + TP SUR LES INSTITUTIONS DE LA Ve (à partir du site d'Isabelle Breil) a) La prééminence du président de la République dans un pouvoir exécutif bicéphale 5 1958 : élection du Président pour 7 ans par un collège d'environ 80 000 notables. Son rôle est celui d'un arbitre national au dessus des partis : il incarne l'Etat et la Nation. Les prérogatives présidentielles sont nettement renforcées par rapport aux régimes précédents. Ses pouvoirs sont considérables : - droit de dissolution de l'Assemblée nationale, - droit de soumettre un projet de loi à référendum, - droit d'exercer les pleins pouvoirs dans des circonstances exceptionnelles (art. 16 appliqué 1 fois en 1961 pdt la guerre d'Algérie) - nommer le Premier ministre et présider le conseil des ministres - négocie les traités Le gouvernement ne procède que du chef de l'Etat: - le premier ministre, nommé par le Président, choisit ses ministres avec l'approbation du chef de l'Etat. Il dirige l'action du gouvernement ; l'administration et l'armée - le « gouvernement détermine et conduit la politique de la nation » (art.20). b) La limitation des prérogatives du Parlement (deux chambres) Le Parlement (AN+Sénat) discute et vote les lois et le budget, Le bicamérisme est marqué par la supériorité des pouvoirs de l'Assemblée nationale sur ceux du Sénat : - mode d'élection des députés (SU direct) et des sénateurs (SU indirect) - vote de la loi par le Parlement tout entier mais prééminence de l'Assemblée en dernier recours - AN investit le premier ministre - l'Assemblée contrôle l'exécutif par la motion de censure et la question de confiance Le pouvoir du Parlement est restreint par le Conseil constitutionnel composé de 9 membres nommés pour 9 ans dont le rôle est de veiller à la constitutionnalité des lois, de valider les élections législatives et présidentielles c) les rapports entre les pouvoirs le processus législatif met en relation les deux pouvoirs exécutif et législatif. - L'initiative des lois appartient aux deux : le gouvernement propose des projets de lois et le Parlement des propositions de lois mais c'est le gouvernement qui est maître de l'ordre du jour - le Parlement vote les lois après discussion et amendement. - La promulgation des lois est faite par le Président de la République. En cas de désaccord entre les pouvoirs: - le gouvernement peut faire appel à la procédure du «vote bloqué» pour éviter de trop importants amendements à ses projets de lois (art. 44.3) ou même éviter tout débat et faire adopter sa loi par la procédure du 49.3 (par exemple la mise en œuvre de la politique de dissuasion nucléaire de 1959 à 1962). - L'arsenal dont dispose le pouvoir exécutif pour mettre sous tutelle le pouvoir législatif (art. 40 à 49) est très important ; * le gouvernement peut légiférer par ordonnances (art. 38) 6 * le Président peut dissoudre l'Assemblée (avec certaines limites) mais il est irresponsable devant elle sauf cas de haute trahison. - l'AN peut renverser le gouvernement 2) la fin de la guerre d'Algérie et le tournant de 1962 a) La fin de la guerre d’Algérie cf. la partie "cours" de votre MANUEL p.304 (2nd paragraphe : "le règlement de la question algérienne") b) Election du président de la République au SU direct Les conséquences sont très importantes - La fonction présidentielle assurée d'une durée de 7 ans et du soutien populaire devient la fonction suprême. - L'équilibre entre les différents pouvoirs est bouleversé au profit du Président et au détriment du Premier ministre et du Parlement. II) LA VIE POLITIQUE EN FRANCE SOUS LA VEME REPUBLIQUE : COMMENT ONT FONCTIONNE LES INSTITUTIONS ? A) La république gaullienne DOCS p.306-307 Sous de Gaulle, grande stabilité politique jusqu'à l'ébranlement du pouvoir avec la crise de mai 68 Les élections législatives de novembre 1958 se déroulent conformément à la Constitution. - large victoire des gaullistes de l'UNR (Union pour la Nouvelle République) ; de Gaulle peut s'appuyer sur une majorité forte. - le général de Gaulle est élu président de la République: M. Debré nommé premier ministre en janvier 1959. Début d'une période de stabilité gouvernementale : 3 premiers ministres en 11 ans. 1) le renforcement de l'aspect présidentiel du régime De Gaulle fait une lecture personnelle de la Constitution et use largement des pouvoirs qu'elle lui confère : - article 16 utilisé en 1961 lors du putsch des généraux en Algérie - dissolution de l'Assemblée nationale en 1962 et 1968. - idée d'un domaine réservé au chef de l'Etat : la politique étrangère avec mise en œuvre d'une politique d'indépendance nationale (cf.III) 2) le départ du général 7 De Gaulle n'est élu qu'au 2ème tour aux élections présidentielles de 1965 (contre F. Mitterrand) et gagne de justesse les législatives de 1967 La crise de 1968 ébranle l'autorité du général et le conduit à l'échec. La politique gaullienne ne fait pas l’unanimité. Aux présidentielles de 1965, De Gaulle est réélu, mais seulement au 2nd tour avec 55 % des voix face au candidat de gauche. La gauche est dans l’opposition, critiquant la « monarchie républicaine » qui réduisent le pouvoir du parlement. Mais le pouvoir est surtout ébranlé par la crise de 1968. Elle commence à Paris par une agitation étudiante réprimée par la police. Cette agitation gagne ensuite le monde ouvrier. La France est paralysée par les grèves. La Gauche demande le départ de De Gaulle (F. Mitterrand se déclare prêt à assurer la « relève républicaine »), tandis qu’un million de gaullistes descendent dans le rue pour manifester leur soutien au Général, sur appel du général après que celui-ci ait disparu pendant 2 jours. Le 30 mai, De Gaulle dissout l’Assemblée Nationale. Par peur du désordre, le vote gaulliste l’emporte lors des élections de juin. De Gaulle semble triompher. Mais il est considérablement affaibli par ce printemps 68. Triomphe de courte durée : lors du référendum sur la régionalisation en 1969, le non l’emporte à 53 %. Désavoué, de Gaulle démissionne le 28 avril 1969. B) L'après de Gaulle (1969-1981) DOCS p.308-309 1) Georges POMPIDOU : 1969-1974 Thème de campagne : "ouverture dans la continuité" c'est-à-dire que Pompidou se montre fidèle aux principes gaullistes + innovation - la continuité : * nomme un gaulliste historique comme 1er ministre : Jacques Chaban Delmas puis Messmer * affirme la suprématie du prsdt sur le 1er ministre * renforce la force de frappe poursuivant ainsi la politique gaulliste d'indépendance nationale mais accepte l'entrée de la Grande Bretagne dans la CEE - la volonté d'ouverture : * ouverture aux centristes (Valéry Giscard d'Estaing ministre) * projet de "société nouvelle" : prendre en compte les revendications de mai 68 : libéralisation de la TV, création du SMIC indexé sur la croissance Parallèlement la gauche s'organise : en 1972 le PS (F. Mitterrand) signe un programme commun de gouvernement avec les communistes et les radicaux Dans un contexte de crise économique (choc pétrolier de 1973) Pompidou meurt le 2 avril 1974 2) Valéry Giscard d'Estaing 1974-1981 8 Victoire difficile contre F. Mitterrand (50,8%) grâce au soutien des gaullistes. Aussi nomme -t-il J. CHIRAC (1974-1976) 1er ministre. Giscard doit affronter la crise économique : 10% d'inflation, chômage qui passe de 420 000 à 2 millions de chômeurs : - deux politiques économiques : refus de la politique de relance de J Chirac qui démissionne en 1976. Il est remplacé par Raymond BARRE qui mène quant à lui une politique de rigueur et doit affronter le 2d choc pétrolier de 1979 - une politique de réformes : * abaissement de l'âge de la majorité à 18 ans * création d'un secrétariat à la condition féminine et dépénalisation de l'avortement (loi Veil de 1978) * simplification de la procédure du divorce * mesures d'indemnisation des chômeurs Mais la crise éco fait des ravages. Ni le gouvernement du premier ministre Chirac (19741976), ni celui du suivant, R. Barre (1976-1981), ne parviennent à enrayer le chômage (1,5 million de chômeurs en 1979) et l’inflation. Le mécontentement de l’opinion publique s’accroît, encore aggravé par la politique d’austérité de Barre (augmentation de impôts, diminution des dépenses publiques et tentative d’empêcher l’augmentation des salaires). Les conflits sociaux se multiplient. Montée de l'opposition de gauche (+ affaire des diamants de Bokassa ?) : aux présidentielles de 1981, Giscard est battu par Mitterrand qui a bénéficié au 2d tour du report des voix communistes C) L’alternance (1981-1995) DOCS p.308-309 et p.312-313 1) Les deux septennats de F. Mitterrand (1981-1988 puis 1988-1995) a) Alternance de 81 et les réformes Dissolution de l'Assemblée nationale permet à F. Mitterrand d'obtenir une majorité. Il nomme P. Mauroy qui prend des ministres communistes. Il entend satisfaire les "aspirations du peuple de gauche" : - politique de nationalisations (sidérurgie, banques, Matra, Thomson...) - abolition de la peine de mort - réduction de la durée hebdomadaire de travail de 40 à 39 heures et 5ème semaine de congés payés, - augmentation des bas salaires et des prestations sociales = une politique de relance par la consommation b) la fin de « l'état de grâce » et la rigueur : Politique qui entraîne une augmentation du déficit budgétaire, inflation et chômage, aussi dès 1982, changement de cap et mise en place d'une politique de rigueur : blocage des prix 9 et des salaires, augmentation des impôts pour réduire les déficits… Tout cela mécontente l’opinion : les grèves se multiplient dans les usines, les paysans manifestent contre la PAC… P. Mauroy est remplacé en 1984 par L. Fabius. Le nouveau gouvernement ne comporte plus de communistes, qui sont opposés à la politique de rigueur. c) La 1ere cohabitation (1986-1988) : La gauche perd les législatives de 1986 : l’UDF (Union pour la Démocratie Française) et le RPR (Rassemblement pour la République) obtiennent la majorité absolue. L’extrême-droite entre à l’Assemblée. Pour la première fois, un président de la Ve République ne dispose pas d’une majorité en accord avec lui. Mitterrand nomme donc le RPR J. Chirac au poste de Premier Ministre. C’est la première des cohabitations. Cela n’empêche pas les institutions de fonctionner correctement : la Constitution n’est pas remise en cause. Dans une cohabitation, le président s’occupe de la politique étrangère et de la Défense nationale, alors que la premier ministre décide de l’essentiel de la politique intérieure. En matière de politique extérieure, le président et son premier ministre ne connaissent pas de divergences profondes. En ce qui concerne la politique intérieure, J. Chirac prend des mesures éco ouvertement libérales : - liberté des prix… - suppression de l'impôt sur les grandes fortunes - privatisations d’entreprises nationalisées - procédures de licenciement favorisées d) Le 2nd septennat (1988-1995) La cohabitation est favorable à F. Mitterrand : il est réélu aux présidentielles de 1988, face à J. Chirac. Il nomme M. Rocard premier ministre. Ayant dissous l’Assemblée, de nouvelles élections ont lieu en juin. Mais si la droite perd la majorité, elle ne la donne pas pour autant aux socialistes. Les gouvernements de gauche se succèdent : M. Rocard (1988-1991), E. Cresson (1ère femme premier ministre 1991-1992), puis P. Bérégovoy (1992-1993) et poursuivent la politique de rigueur, tout en préparant la France à entrer dans le marché unique européen (1993). Une nouvelle cohabitation voit le jour en 1993 : la droite étant majoritaire, F. Mitterrand nomme le RPR E. Balladur premier ministre. e) 1995 : élection de J. Chirac Aux présidentielles de 1995, J. Chirac l’emporte face au socialiste L. Jospin (Mitterrand ne peut se représenter ayant déjà effectué 2 mandats, mais il est surtout très malade). Son premier ministre est alors A. Juppé. Mais lorsqu’il dissout l’Assemblée nationale en 1997, les élections législatives sont remportées par la gauche et L. Jospin devient premier ministre. C’est une nouvelle cohabitation. 10 III) LA POLITIQUE EXTERIEURE DE LA FRANCE DEPUIS 1945 A) La France face à ses colonies sous la IVème République 1- la métropole veut préserver les intérêts français outre-mer : Les dirigeants de la IVème République s'opposent à toute velléité d'émancipation, perçue comme une rupture inacceptable, et ne répondent pas à l'attente des élites indigènes de plus en plus nombreuses à revendiquer l'autonomie interne, voire l'indépendance totale. La Constitution de 1946 instaure l'Union française qui maintient pour l'essentiel l'emprise de la France sur ses départements et territoires d'outre-mer : les indigènes deviennent des « autochtones » à qui sont refusées à la fois une assimilation totale à la métropole et la possibilité d'aller vers l'autonomie. - Dès 1945, la répression des émeutes de Sétif et « statut de l'Algérie » - politique intransigeante en Indochine 2- L'échec de la IVe République a) le gouvernements tardent à prendre en compte les aspirations indépendantistes - 1954 : le gouvernement Mendès France engage des négociations, qui aboutissent en 1956 à l'indépendance du Maroc et de la Tunisie - C'est aussi en 1956 que la loi-cadre Defferre adopte une série de réformes ouvrant la voie à l'autonomie interne dans les territoires français d'Afrique Noire. b) La France perd la guerre d'Indochine et s'enlise dans la guerre d'Algérie - En Indochine, l'armée française est engagée à partir de 1946 dans une guerre de harcèlement qui l'oppose aux combattants Viêt-minh du général Giap, embusqués dans les montagnes. Le 7 mai 1954, le camp retranché de Diên Biên Phu doit capituler. En juillet, Mendès France signe les accords de Genève qui mettent fin à la présence française en Indochine. - Algérie : cf. la fiche. La IV République ne parvient ni obtenir une victoire militaire, malgré l'engagement massif du contingent français (à partir de 1956, gouvernement G. MOLLET), ni à négocier un compromis acceptable pour les Musulmans et pour les Français d'Algérie. En 1956 l'opération de Suez déclenchée contre l'Egypte de Nasser accusée de soutenir la rébellion algérienne discrédite la France dans le Tiers monde. B) Décolonisation et coopération avec le Tiers Monde depuis 1958 : Revenu au pouvoir grâce à la pression des partisans de l'Algérie française, de Gaulle doit cependant admettre que la décolonisation est désormais inéluctable et que le « grand dessein » qu'il entrevoit pour la France passe par l'instauration de nouveaux rapports avec le Tiers monde, fondés sur la coopération. 11 1- achèvement de la décolonisation sous de Gaulle a) La politique du général de Gaulle en Algérie L'autodétermination ouvre la voie à une Algérie algérienne, mais doit faire face au putsch des généraux d'Alger (1961), et enfin négocie les accords d'Evian qui débouchent sur l'indépendance ratifiée par référendum en 1962. Celle-ci intervient dans un climat d'extrême violence, entretenu par une vague d'attentats déclenchée par l'Organisation armée secrète (OAS) qui empêche tout rapprochement entre Musulmans et Européens et contraint ces derniers à quitter sans espoir de retour une terre où la plupart d'entre eux étaient nés. b) L'éphémère Communauté française achève la décolonisation de l'Afrique Noire préparée par la loi cadre-Deferre de 1956 En 1958, de Gaulle propose aux populations des territoires français d'Afrique Noire de choisir entre l'association avec la France au sein d'une communauté ou l'indépendance immédiate impliquant une rupture totale avec l'ancienne métropole. Seule la Guinée refuse d'adhérer à la Communauté française et proclame son indépendance dès 1958. En 1960-1961, tous les autres territoires accèdent à leur tour à l'indépendance, tout en conservant des liens privilégiés avec la France. 2- La France et le Tiers monde à partir de 1962 : d'une continuité remarquable depuis de Gaulle À partir de 1962, ayant levé l'hypothèque coloniale, le général de Gaulle puis Georges Pompidou développent une politique de coopération : économique (aide au développement, accords commerciaux), militaire (formation, armement) et culturelle (francophonie). Cette politique entend d'abord préserver l'influence de la France dans ses anciennes colonies. Mais elle cherche aussi à s'élargir aux pays arabes du Moyen-Orient, à l'Amérique latine et à l'Asie. En 1974, face à la crise mondiale Valéry Giscard d'Estaing souhaite qu'un dialogue NordSud permette d'établir de nouveaux rapports entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement. En 1981, à Cancun au Mexique, François Mitterrand préconise l'instauration d'un nouvel ordre économique international pour alléger la dette des pays les plus pauvres. En 86, il relance la francophonie, considérée comme un instrument de l'influence française dans le monde et en particulier, dans les pays en voie de développement, en organisant le premier sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant en commun l'usage du français. À partir de 1995, Jacques Chirac poursuit dans la même voie. C- La France et l'Europe : Contestée dans son Empire colonial, la France d'après-guerre reporte ses ambitions de grande puissance déchue sur l'intégration européenne. 12 1. Le rôle fondateur de la IV République : L'échec de l'intégration militaire (CED) pousse les dirigeants de la IVème République à déplacer sur le terrain économique le défi de l'intégration européenne - 1950, le ministre de la Défense, René Pleven, lance un projet d'armée européenne qui implique le réarmement de la RFA. Mais le traité de Paris, instituant la Communauté européenne de défense (CED) en 1952, n'est pas ratifié par le Parlement français. - les débuts de la coopération économique : En 1951, à l'initiative de Robert Schuman et de Jean Monnet, est signé le traité de Paris donnant naissance à la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), la mise en place d'un marché commun dans le cadre de la Communauté économique européenne (CEE) instituée par le traité de Rome de 1957. Ce traité prévoit la réduction progressive des droits de douane à l'intérieur d'une Europe à Six (France, Allemagne de l'Ouest, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg) et l'adoption d'un tarif extérieur commun. 2- Sous la Ve République élargissement et approfondissement a) De Gaulle contre une Europe supranationale. Hostile à toute intégration susceptible de limiter la souveraineté française, de Gaulle impose la règle de l'unanimité pour les décisions importantes et oppose son veto à l'adhésion du Royaume-Uni qualifié de "cheval de Troie" des EU. Il tente de faire de l'axe francoallemand le pivot d'une « Europe des Etats », libérée du protectorat américain. b) Du Marché commun à l'Union européenne. À partir de 1969, la France se montre plus conciliante et participe à nouveau activement à toutes les initiatives visant à élargir et à approfondir la construction européenne : - En 1973, Georges Pompidou fait ratifier par référendum l'adhésion du Royaume-Uni. - En 1977, Valéry Giscard d'Estaing fait adopter le principe de l'élection au suffrage universel de l'Assemblée européenne . - Sous François Mitterrand, la France joue un rôle actif avec Jacques Delors qui préside la Commission européenne de 1985 à 1994 et, tout en préservant l'axe francoallemand, elle parraine l'adhésion des pays méditerranéens (1981 = Grèce ; 1986 = Portugal et Espagne). Elle élargit la coopération à la recherche avec le projet « Eurêka », accepte la réforme de la PAC qui réduit les subventions accordées aux agriculteurs et signe l'Acte unique européen qui supprime les frontières à l'intérieur de la CEE, transformée en Union européenne en 1993. La ratification du traité de Maastricht sur l'Union économique et monétaire, acquise de justesse par référendum en 1992, atteste que l'intégration européenne suscite encore en France de nombreuses résistances, à gauche comme à droite, des résistances que l'expérience des alternances et des cohabitations contribue finalement à surmonter. 13 D- La France et les blocs : La France, d'abord contrainte de choisir son camp dans un monde divisé en deux blocs à l'époque de la guerre froide, tente à partir de 1958 avec de Gaulle de jouer un rôle mondial et de préserver son indépendance. 1. La IVe République entre dans le bloc occidental Placée parmi les vainqueurs grâce à l'action de la Résistance, admise comme membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, la France, qui a conservé son Empire, a l'illusion après la guerre d'être encore une grande puissance et un pont entre l'Est et l'Ouest. Sa situation économique et financière désastreuse l'oblige cependant à accepter en 1947 le plan Marshall dont dépend la reconstruction et la modernisation de l'économie française. En 1949, elle adhère à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), alliance militaire tournée contre le bloc soviétique, placée sous contrôle des Etats-Unis, et dont le quartier général, le SHAPE, s'installe en France. 2- La Ve République et l'indépendance nationale a) De Gaulle inaugure la politique des « mains libres" Tout en restant solidaire du monde occidental, en particulier au moment de la crise de Berlin en 1961, le général de Gaulle rejette l'hégémonie des États-Unis : Il refuse de signer le traité de 1963 sur l'arrêt des expériences nucléaires dans l'atmosphère, dote la France d'une force de dissuasion nucléaire lui permettant d'assurer sa propre défense et la retire du commandement militaire intégré de l'OTAN en 1966. Pour réduire sa dépendance financière à l'égard des États-Unis, il assainit sa situation budgétaire et monétaire. (création du nouveau franc) En même temps, il développe une politique d'ouverture tous azimuts : voyages en URSS , Pologne, Roumanie, mais aussi en Afrique et en Amérique latine ; reconnaissance de la Chine populaire en 1964 ; discours de Phnom Penh dénonçant la présence américaine au Vietnam en 1966 ; embargo sur les ventes d'armes françaises à Israël qui permet de renouer avec les pays arabes en 1967. C'est aussi la même année qu'il lance son très célèbre et provocateur « Vive le Québec libre ! », pour encourager le nationalisme canadien francophone. b) Après de Gaulle, la politique extérieure de la France connaît certains infléchissements Après 1969, la France maintient et modernise son armement nucléaire, symbole de son indépendance militaire et s'efforce de conserver de bonnes relations avec les pays communistes. Mais en même temps, les rapports entre la France et les Etats-Unis sont désormais moins tendus. Les armées françaises participent à nouveau aux manœuvres de l'OTAN. Ce changement, qualifié par la gauche sous Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing de « 14 dérive atlantique », n'est pas remis en cause par François Mitterrand qui, au début des années 80, encourage l'installation de fusées Pershing en Europe occidentale, face aux SS 20 soviétiques. À partir de 1995, Jacques Chirac ne rejette pas la possibilité d'un retour de la France au sein du commandement militaire intégré de l'OTAN, mais il conditionne ce retour à une réforme de l'Alliance fondée sur un nouveau partage des responsabilités, que récusent les Etats-Unis. 3- Aujourd'hui : Vers la fin de l'exception française ? a) La France conserve les attributs d'une puissance mondiale : Avec ses DOM-TOM, « confettis de l'Empire », la France dispose d'un vaste espace maritime : elle a utilisé l'atoll de Mururoa jusqu'en 1996 pour les expériences destinées à moderniser sa force nucléaire ; la Guyane accueille la base de lancement des fusées Ariane. L'Afrique Noire francophone reste le lieu privilégié de la coopération entre la France et les pays en voie de développement. La France est devenue le troisième vendeur d'armes dans le monde, ce qui lui permet de supporter le coût d'une production autonome d'armements condition d'une défense nationale indépendante. Depuis 1986, elle organise des sommets de la francophonie, ouverts depuis 1991 aux anciens pays communistes, pour renforcer son rayonnement culturel. b) Comment résister à l’hégémonie américaine ? Mais confrontée au « nouvel ordre mondial » issu de l'effondrement du bloc soviétique et de la disparition de l'URSS, la France a de plus en plus de difficultés à préserver sa différence face à l'hégémonie renforcée des États-Unis, a de plus en plus de mal à faire face à ses contradictions : la France prétend continuer de jouer un rôle mondial singulier, mais elle se rallie sans réserves aux Etats-Unis lors de la guerre du Golfe en 1991, au Kosovo en 1999. La fin des blocs lui ôte la possibilité de faire entendre sa différence et de contrebalancer l'hégémonie des Etats-Unis. Elle est tenue à l'écart du processus de paix israélo-arabe parrainé par les Etats-Unis. Elle maintient sa force de dissuasion nucléaire indépendante mais en même temps elle veut promouvoir une défense européenne et envisage de revenir dans le commandement militaire intégré de l'OTAN qui reste la « chasse gardée » des Etats-Unis et l'instrument de leur influence en Europe. Elle milite pour l'élargissement et le renforcement de l'Union européenne, mais redouté l'avènement d'une Europe dominée financièrement et économiquement par l'Allemagne. c) sa puissance est de plus en plus contestée : - la revendication de l'Allemagne unifiée et du Japon de devenir membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU contribue à y affaiblir la position de la France. - les rapports privilégiés qu'elle entretient avec son ancien Empire colonial sont gravement menacés par la montée de l'intégrisme musulman en Algérie et la décomposition de l'Afrique Noire qui la conduisent à redéfinir sa politique africaine