Echanger de la paille contre du fumier

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Echanger de la paille contre du fumier
Echanger de la paille contre du fumier
des repères pour un échange équitable
Le coût des engrais ainsi que le prix et la disponibilité de la paille en cette année
exceptionnellement sèche, incitent éleveurs et céréaliers à envisager d’échanger du fumier contre
de la paille. Une fois réglée la difficulté du transport du fumier et la nécessité de trouver un
agriculteur à une distance raisonnable pour procéder à l’échange, vient la question de
l’équivalence entre la paille et le fumier.
Nous vous proposons ici une méthode pour faire un échange le plus juste possible entre éleveur et
céréalier. Mais compte-tenu de la diversité des situations, des qualités différentes de fumier entre espèces
et au sein d’une même espèce, et du fait qu’il n’existe pas de cours officiel du fumier, la méthode proposée
ne peut être qu’une indication servant de base de négociation entre les deux parties.
Les pailles contribuent peu à l’augmentation du taux de matière organique des sols
L’enfouissement de la paille après récolte permet de restituer au sol du
carbone et des éléments minéraux prélevés par la culture. Cet enfouissement
favorise l’activité des micro-organismes qui réorganisent une partie de l’azote
minéral présent après la moisson, ce qui l’empêche d’être lessivé pendant
l’interculture. Lorsqu’elle est laissée sur la parcelle, la paille protège le sol de
l’action érosive des pluies, en particulier.
Cependant, la contribution des pailles à augmenter le taux de matière
organique est faible. La quantité d’humus stable laissée dans un sol par les
pailles d’une récolte de céréales ne représente qu’un très faible pourcentage du
stock des matières organiques présentes dans l’horizon labouré du sol. Une
augmentation du stock d’humus du sol ne peut se faire qu’avec un apport massif
de matière organique. Un fumier pailleux, du compost peuvent y contribuer.
Forte variabilité de la teneur en éléments fertilisants des fumiers
Le fumier a un effet humique non négligeable. Il permet la production
d’humus stable favorable à un bon fonctionnement physico-chimique du sol.
La catégorie d’animaux élevés (bovins lait ou viande, porcs...), les modes
de paillage pratiqués, l’alimentation distribuée, les techniques et durées de
stockage des fumiers, entraînent une forte variabilité des éléments contenus
allant du simple au triple.
Un échange gagnant - gagnant
• Un éleveur disposant de quantités de fumier importantes sur son exploitation pourra mieux le valoriser en
l’échangeant contre de la paille ou en le vendant. Augmenter excessivement le stock de matière organique
du sol (> à 2.5%) n’a pas d’intérêt et risque d’être préjudiciable à l’environnement (excès de minéralisation)
via le lessivage de nitrates.
• Un céréalier disposant de paille améliorera plus rapidement le niveau de matière organique de son sol par
l’échange “paille-fumier” plutôt qu’en enfouissant simplement les pailles.
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Synthèse réalisée par Camille Ducourtieux, Olivier Dejean, Julien Michau, Richard Raynaud et Florent Wieczorek
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Valeur de la paille sur la base des éléments fertilisants
• En conditions de végétation normales, la production de paille peut être
estimée à 60 kg par quintal de grain récolté, soit environ 4 T de paille/ha
(variable selon la hauteur de la céréale, la variété, la hauteur decoupe,…). La
paille contient essentiellement de la potasse, puis en moindre proportion du
phosphore, de la magnésie, du CaO,… L’azote contenu dans la paille n’est
pas disponible, il sera utilisé pour décomposer le carbone.
Valeur fertilisante
de la paille
13,5 € / T
• Le prix de la valeur fertilisante de la paille est fonction du prix des engrais :
Valeur du fumier sur la base des éléments fertilisants
La teneur en éléments minéraux du fumier dépend du type d’animaux,
du niveau de paillage, de la durée éventuelle de stockage,… La valeur
fertilisante en éléments minéraux du fumier peut être estimée par le calcul
suivant :
Cet exemple concerne du
fumier de bovins. Les valeurs
seront très différentes avec
des fumiers d’ovins ou de
volailles, beaucoup plus
riches en éléments
fertilisants (cf tableau
"composition moyenne des
déjections animales")
Valeur fertilisante du
fumier de bovin
11,5 € / T
L'équivalence paille-fumier doit tenir compte de la valeur fertilisante et
de la valeur humique
L’équivalence paille-fumier sur la valeur fertilisante en éléments
minéraux est de 1 tonne de paille pour 1,2 tonnes de fumier (13,68 / 11,53 = 1,19)
Outre les éléments minéraux, le fumier et la paille contiennent également de la matière organique
source d’humus
L’intérêt d’un amendement organique est essentiellement lié à son potentiel de transformation en humus. Compte tenu
de sa composition en lignine et en cellulose, de son taux de matière sèche et du coefficient d’humification (c’est à dire le
pourcentage de matière sèche transformée en humus stable), l’équivalence paille-fumier en humus se situe autour de 1
tonne de paille pour 1,5 tonnes de fumier (de 1 pour 1,3 à 1 pour 2) (source : A.Ansett 1962 et JC Rémy et A.Marin-La
Flèche 1976)
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En partant de l’hypothèse que, pour un agriculteur, l’apport d’humus sur une parcelle est
aussi important agronomiquement que l’apport d’éléments fertilisants, on peut estimer que
l’équivalence globale paille - fumier est de 1,35 tonnes de
fumier par tonne de paille (=(1,2 + 1,5)/2)
Cette équivalence s’entend paille au champ en andain et fumier sorti de la stabulation. Il faudra tenir compte
des travaux qui pourront être réalisés soit par le céréalier (pressage, livraison), soit par l’éleveur (livraison
bout de champ, épandage).
Composition moyenne des déjections animales (source : CORPEN 2008)
Espèce et nature des déjections
en kg/t pour les fumiers et fientes
N
P2O5
K2O
Lisier de bovins
4
2
5
Fumier de bovins
5.5
2.6
7.2
Lisier de porcs charcutiers
5
4
3
Lisier de truies
2
1,5
1
Fumier de porcs (toutes catégories)
4.1
3.2
3.4
Fientes sèches de poules pondeuses
20
35
20
Fumier de volailles de chair
29
29
20
Fumier de canards
5
8
4
Fumier d’ovins
10.8
6.3
17.6
en kg/m³ pour les lisiers
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