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« Smells like teen spirit »
Nirvana
Enquête :
Coopaname,
l’alternative ?
S’émanciper
du travail salarié subordonné
et du travail indépendant précarisé
La rédac’
Célia Rodrigues, 17 ans
Lucie
Journal : Grain de Sell’ – Lycée Henri Sellier, Livry-Gargan (93)
Ce que j’aime : Harry Potter, 5 Seconds of Summer
Ce que je n’aime pas : Kendji Girac, Jul, les légumes
Ce qui me représente : Broken Home de 5 Seconds of Summer
Maurine Bordeau, 15 ans
Journal : Ouragan – Lycée Charles le Chauve, Roissy en Brie (77)
Ce que j’aime : Mötorhead, Placebo, Metallica, Claude Monet et Tim Burton
Ce que je n’aime pas : les blettes
Ce qui me représente : Paint it, Black des Rolling Stones
Anaïs
Anaïs Denediou, 16 ans
Célia
Journal : L’Hébo – Lycée Hélène Boucher, Paris 20e (75)
Ce que j’aime : lire, écrire, dessiner, le rock, les jeux vidéos d’horreur, le chocolat
Ce que je n’aime pas : quand mon personnage préféré meurt, Donald Trump
Ce qui me représente : Just like fire de Pink
Lucie Bendaoud, 16 ans
Journal : Le Grain de Sell’ – Lycée : Henri Sellier, Livry-Gargan (93)
Ce que j’aime : les films de Tarantino, Peaky Blinders (série TV), me promener et faire du sport
Ce que je n’aime pas : les cacahuètes, les films d’horreur
Ce qui me représente : ma chaîne YouTube Il était une fois Lulu.
Louis
Maya Cissé, 18 ans
Journal : PPL Actus– Lycée : Paul Painlevé , Courbevoie (92)
J’aime : dormir, ma famille
J’aime pas : la trahison
Ce qui me représente : je n’oublie jamais rien je vis avec …
Maya
Sharone Mitory, 18 ans
Journal : PPL Actus – Lycée : Paul Painlevé, Courbevoie (92)
J’aime : manger, danser, film d’action et séries passions, du shopping l’apprentissage
J’aime pas : l’hypocrisie, trahison et l’égoïsme
Ce qui me représente : je baisse jamais les bras, la persévérance paye, vouloir c’est pouvoir…
Tom Lefèvre, 16 ans
Site : ThéoNet – Lycée Théophile Gautier, Tarbes (65)
J’aime : la photo, la vidéo, le sport
Je n’aime pas : le fenouil et (surtout) Touche pas à mon poste
Ce qui me représente : mon tee shirt
Maurine
Sitpi Rajendran, 15 ans
Sitpi
Journal : Ouragan, Lycée Charles le Chauve, Roissy en Brie (77)
J’aime : l’informatique tech
Je n’aime pas : la musique classique / Ceux qui disent que des segways c’est des hoverboards
Ce qui me représente : un téléphone
Louis Lefèvre, 16 ans
Site : ThéoNet – Lycée Théophile Gautier, Tarbes (65)
J’aime : la montagne
Je n’aime pas : Pour que tu m’aimes encore de Céline Dion
Ce qui me représente : le bureau (désordonné) de mon ordinateu
Sharone
Tom
DOREMI, journal et reportage vidéo réalisés dans le cadre du stage de 5 jours
offert par l’EMI, l’École des métiers de l’information (coopérative – www.emi-cfd.fr)
aux lauréats de Médiatiks, concours de médias scolaires et lycéens, organisés
par le Centre de liaison de l’enseignement et des moyens d’information (CLEMI).
Directeur de publication et formateur : Pascal FAMERY, responsable des journaux lycéens au CLEMI, CANOPÉ, ministère de l’éducation nationale
Photos : Louis et Tom LEFÈVRE, Sitpi RAJENDRAN. Photo page 6 extraite du site de Dominique Poisson. Photo page 3 de Jérémie Wach.
Rédaction, édition : Célia RODRIGUES, Maurine BORDEAU, Anaïs DENEDIOU, Sharone MITORY, Maya CISSÉ, Lucie BENDAOUD, Sitpi RAJENDRAM
Maquette : Pascal FAMERY avec les stagiaires  Couverture : Pascal FAMERY et Sitpi RAJENDRAM
Retrouvez la vidéo Coopaname l’alternative sur https://youtu.be/ilySYRuPbrc
réalisée par Tom et Louis LEFÈVRE avec les conseils de Eric SCHWEITZER du CLEMI
COOPANAME, L’ ALTERNATIVE ?
L’alternative ?
Dans un contexte de crise financière durable, engendrant
chômage et précarité, il est devenu difficile de choisir
le bon statut professionnel. Pour éviter le salariat contraignant et inadapté aux idées novatrices de la nouvelle
génération, on encourage les jeunes à adopter le statut
plus libre d’auto-entrepreneur. Mais cette casquette,
créée au départ pour les activités secondaires, ne propose
pas les protections sociales et le cadre de travail suffisants
pour permettre la stabilité de l’entreprise et l’épanouissement des personnes, souvent isolées. C’est pourquoi de
nouvelles alternatives se créent, permettant à la fois un
travail indépendant et des conditions de travail facilitées.
C’est le cas de la coopérative « Coopaname », que l’équipe
de Dorémi a suivi et analysé pour en comprendre
les enjeux et le fonctionnement.
Photo Jérémie Wach
Luc Mboumba, lors de
l’assemblée générale de
Coopaname. Luc est l’un
des 3 dirigeants élus de la
coopérative. Son mandat
ayant déjà été renouvellé,
il ne pourra pas
prétendre à un 3e.
« Je vais devoir passer
le relais et transmettre »
sourie-t-il.
Coopaname,
comment ça marche ?
Coopérative polyvalente, Coopaname
a vu le jour en 2004. Elle compte environ 800 personnes (750 salariés, 26
permanents). De nombreux métiers
se côtoient : « graphiste ou rempailleur
de chaises, consultante ou e-commerçant, développeur informatique ou
magicienne » comme l’explique son
site de présentation. Ils jouissent d’une
véritable protection sociale, d’un
accès à la formation et bénéficient
du système démocratique propre à
toute coopérative. Cette « mutualité
de travail », leur permet une meilleure
organisation et donc une ambiance
plus confortable pour travailler. Coopaname a plusieurs locaux en Île-deFrance. Elle s’ est exportée au Mans.
La collaboration représente un point
clé de Coopaname. Elle permet aux
salariés de faire de nombreuses rencontres, de concevoir de nouveaux
projets, d’apporter des idées innovantes
aux uns et aux autres, dans un cadre
bienveillant. « Notre projet utopique et
atypique » affirme Luc Mboumba l’un
des trois membres de la direction générale « c ’est de s’émanciper du travail
salarié subordonné et du travail indépendant précarisé. »
page 3 < juillet 2016 < DOREMI
COOPANAME, L’ ALTERNATIVE ?
Photocoop
Jérémie, photographe, raconte sa « Coopanamisation »
et son investissement pour promouvoir l’esprit coopératif auprès de la jeunesse.
J
érémie Wach, jeune photographe,
à l’allure décontractée, a rejoint
Coopaname il y a cinq ans. Convaincu, il
développe un programme de promotion
de l’esprit coopératif auprès de la nouvelle génération. Trentenaire bavard et
farceur, Jérémie a longtemps vagabondé
à la recherche de ses conditions de travail
idéales. Après des études en informatique, le jeune homme à la barbichette
et aux cheveux bruns décide en 2008 de
partir pendant neuf mois en Amérique
Latine pour vivre pleinement l’une de ses
nombreuses passions : la photographie.
Il y réalise un reportage social : Au cœur
des classes laborieuses.
De retour en France, il anime des ateliers théâtre sur la « communication
orale », car ce qui l’intéresse, c’est « mettre
à l’aise la personne d’ en face ». Auparavant sensibilisé et informé des enjeux Jérémie Wach dans la cuisine de Coopaname,
du fonctionnement coopératif, c’est tout dans le XXeme arrondissement de Paris.
naturellement qu’il fait en 2011 le choix
d’intégrer une coopérative pour monter tif de Coopaname, où il peut librement
sa propre entreprise. Déjà très engagé développer de front ses deux activités : la
et investi, il devient vite un membre ac- photographie et le théâtre.
« Quand on est jeune et qu’on veut entreprendre,
ce n’est pas facile »
Une alternative au travail salarié
subordonné ?
D’après une étude de 2014 publiée par
les cabinets de prévention des risques au
travail Technologia, environ 3 millions
de salariés seraient concernés par le syndrome d’épuisement professionnel plus
connu sous le nom « burnout ». Existe-til une alternative au modèle classique de
la réussite professionnelle ? Coopaname
propose d’inventer un nouveau rapport
au travail.
Certains coopanamiens sont d’anciens
salariés, qui ont quittés leur emploi car
les conditions de travail ne leurs convenaient pas. Les raisons sont variées
comme par exemple l’instabilité ou le
mal être.
DOREMI > juillet 2016 > page 4
Marijo, la soigneuse psychique (voir p.
8) a décidé de créer une SCOP (société
coopérative de production) avec l’aide
d’une fidèle amie. Cette dernière est
consultante enressources humaines. La
coopérative voit le jour à Nantes. Deux
personnes rejoignent le groupe pour une
courte durée, car ils abandonnent le projet peu de temps après. Ce qui pousse le
binôme à dissoudre la SCOP. Par la suite,
ayant toujours l’envie de développer leur
projet, elles vont prendre part aux activités de Coopaname.
Eve Bruant a, pour sa part, travaillé 25
ans dans les cantines sur les tournages
de cinéma (voir p.10). «J’avais un statut
de salarié tout en faisant un travail de
patron » se souvient-elle. Son mal être
« Depuis 2009, [Jérémie] est photographe
professionnel à multiples spécialités :
expert en portraits, en photographie
d’entreprise et également photographie
de mode », indique son site internet, où
l’ on peut voir certaines de ses créations.
Il compte parmi ses clients Coopaname,
pour qui il réalise des photos d’entreprise.
Salarié, formateur et associé, il crée l’initiative « Jeunes 2 Coop », avec laquelle il
présente « l’ économie sociale et solidaire »
jusque dans les lycées Pro, les structures
jeunesse et même Pôle Emploi. « Quand
on est jeune et qu’on veut entreprendre, ce
n’ est pas facile », nous explique Jérémie,
lui-même passé par le « projet jeune »
pour entrer dans l’entreprise.
« C’est quoi la richesse dans la vie ? », questionne le jeune coopanamien aux potentiels futurs adhérents, à qui il témoigne
de l’importance de l’épanouissement
personnel par rapport à la richesse matérielle. La « vraie richesse », en tout cas,
il semble l’avoir trouvée, très heureux
d’avoir plus de temps libre et de meilleures conditions pour exercer le métier
qu’il aime faire et dont il arrive désormais à vivre. n
Maurine Bordeau
au travail provenait du fait qu’elle travaillait selon des conditions physiquement
et psychiquement éprouvantes : « c’ était
épuisant de devoir faire le flic tout le
temps », résume-t-elle.
Jean-Philippe Dahm, ancien cadre, salarié chez Microsoft (voir p. 5) a quitté son
poste car ce n’était pas la vie qu’il s’imaginait en finissant ses études: « je crame ma
vie sur des choses futiles qui n’ apportent
rien à la société. » À un certain moment
beaucoup de personnes de son entourage se sont rendus compte que « c’est pas
rose du tout et que ça manque cruellement
de sens. » Il préfère travailler sur quelque
chose de plaisant pour ses trente, quarante dernières années avant la retraite.
Dominique Poisson, elle, a travaillé plus
COOPANAME, L’ ALTERNATIVE ?
de 20 ans dans l’agroalimentaire et a décidé de changer de métier. « L’entreprise
dans laquelle je travaillais changeait souvent de patron et j’éprouvais un sentiment
d’instabilité » (voir p. 6).
Coopaname offre donc une nouvelle option innovante. Qui permet aux coopanamiens d’exercer une profession de leur
choix avec plus de liberté, ce qui produit
une bien meilleure ambiance.
Une alternative au travail
indépendant précarisé ?
Si Coopaname attire autant de jeunes
qui veulent créer leur activité, c’est tout
simplement parce que la coopérative
offre, outre son système démocratique,
de nombreux avantages par rapport
au statut d’entrepreneur classique. Par
exemple : la possibilité d’être polyvalent,
un cycle de formation obligatoire sur le
fonctionnement de la coopérative lors-
Coopaname en chiffres
817entrepreneurs dont 550 entrepreneurs-salariés et 267 en convention
d’accompagnement (démarrage d’activité)
8 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2015
200 associés (environ)
6 permanents
12 ans d’existence
 présidents, un homme et une femme
6 agences dont 5 en Île-de-France
qu’on la rejoint, de nombreuses formations et ateliers variés selon les besoins de
chaque salarié, des savoirs-faires partagés
et une préparation pour devenir entrepreneur. « Les avantages de Coopaname ?
explique Aurélie Fouquet (voir p. 9), ne
pas être seul(e), une qualité de vie au tra-
vail, la solidarité, la multi-activité et l’entraide, la polyvalence, la sécurité sociale…
». Jérémie Wach, (voir p. 4) pour sa part,
prône les mérites de « l’accompagnement
des salariés, l’enseignement du savoir-faire
relatif aux activités, les nombreuses formations et surtout la prise en charge de la
L’homme qui ne voulait plus
faire gagner d’argent à Bill Gates
De directeur du service clientèle de Microsoft France à artisan métallier, tel est
le parcours de Jean-Philippe Dahm. Il revient sur son choix du mouvement coopératif.
J
ean-Philippe, un homme de
grande taille aux cheveux taillés très court, n’aimait plus la façon et
l’ambiance de son lieu de travail. Il décide donc en 2008 de quitter sont poste
de Directeur du Service Client chez Microsoft France pour repartir de zéro, il
reprend les études et se forme dans le
domaine de la métallurgie. « C’est une
orientation qui me passionnait » nous
confie-t-il, et grâce à la coopérative
Coopaname, il crée son activité de façonnage d’acier, les Ateliers du 4. « Je ne
travaille pas moins qu’ avant, mais je ne
le vis pas de la même façon (…) Je suis
beaucoup plus épanoui, même si mon
salaire est moins élevé ».
« Associé depuis 2 ans, nous explique ce
motard fort occupé, je suis très impliqué
dans la coopérative ». Par exemple, outre
son rôle d’administrateur, il assure des
Jean-Philippe Dahm dans l’autre site de Coopaname, à Paris dans le XIIIème arrondissement.
formations à la création de devis. « Artisan métallier, je crée, en acier, du mobilier (tables, portes, fenêtres,...) et des
objets du quotidiens (des luminaires, des
suspensions,...) en collaboration avec des
architectes. Je suis aussi artiste plasticien
et sculpteur d’acier ». n
Sitpi Rajendram
« Je ne travaille pas moins qu‘avant, mais je ne le vis pas de la même façon »
page 5 < juillet 2016 < DOREMI
COOPANAME, L’ ALTERNATIVE ?
Un grand débat et une réflexion approffondie:
les 11,5% de contribution des salariés
« Le changement du taux de la contribution financière des salariés à la coopérative, notre dernière
grande décision collective a été le fruit d’un long processus », rappelle Luc MBoumba, membre
de la direction collégiale élue de Coopaname. « C’est très technique, prévient ce grand black
chaleureux doté d’un talent pédagogique indéniable, mais symptomatique de notre vie démocratique et de notre volonté d’ innovation économique et de justice sociale. »
Cette contribution finance le fonctionnement de la coopérative. «Jusqu’ alors elle était fixée à 10
% du chiffre d’affaire de chacun. Elle incluait donc les achats de marchandises, les achats liés à la
production et la sous-traitance. » Constat : ce mode de calcul n’était pas équitable et défavorisait
ceux qui avaient des frais importants. Par exemple un photographe qui pour une prise de vue
importante a besoin d’embaucher ponctuellement un deuxième photographe paye 10 % de
contribution sur ces frais-là. « Des exceptions individuelles ont alors été aménagées et cela a créé
des inégalités de traitement. Nous avons alors décidé en AG d’engager une reflexion sur ce sujet. »
Débat, expérimentation et consensus. Le CA s’est vu confié le pilotage de cette réflexion
menée par une commission de travail. « Deux principes l’ont guidée: parvenir à un systéme équitable et ne pas réduire le fonctionnement de la coopérative. Et comme l’AG n’est pas une simple
chambre d’enregistrement, cette problématique a soulevé de nombreux débats. » Une première
proposition de définition ayant été jugée trop floue, la décision est prise de procéder à une expérimentation. Son bilan a donnera lieu à des plusieurs ajustements.« Notre AG de la semaine
dernière a donc adopté une hausse de la cotisation à 11,5 % mais calculée sur la marge brute, c’est
à dire une fois déduits tous les frais évoqués plus haut ainsi que les frais de missions. Une décision
adoptée avec une majorité très confortable. »
Propos recueillis par Maurine Bordeau et Anaïs Jourdain-Denediou
Nutritionniste épanouie
Dominique Poisson est associée et administratrice de
Coopaname, où elle a « trouvé sa place ».
onsultante et formatrice en
nutrition depuis 2008, Dominique Poisson intervient en entreprises sur l’hygiène de vie dans le cadre
du travail. Ingénieure diplômée, elle a
travaillé durant 23 ans dans l’agroalimentaire en recherche et développement puis en tant qu’assistante technico commerciale.
« Mais à l’approche de la cinquantaine,
explique-t-elle, j’ai commencé à être
mise en difficulté comme dans beaucoup
d’entreprises. J’ai alors décidé de me réorienter vers une activité individuelle. »
Elle développe désormais son activité
au sein de Coopaname où elle a le sentiment d’avoir réellement « trouvé sa
place. » Même si elle gagne moins bien
sa vie qu’avant et qu’elle a eu des difficultés à se relancer dans sa nouvelle
activité, Dominique se sent mieux : « Il
y a un vrai sentiment d’âme dans la coopérative. Ça m’ a aidé à retrouver de la
Photo extraite du site Novéquilibres
C
confiance en moi. » Également membre
du conseil d’administration à Coopaname, elle fait partie du groupe de travail
Coopagenre. Celui-ci fait la promotion
de l’égalité hommes/femmes au travail
et mène des ateliers de sensibilisation.
« Ici, conclue-t-elle, enthousiaste, les
inégalités hommes/femmes pèsent moins
car il y a une véritable prise de conscience
du problème. » n
Célia Rodrigues
« Il y a un vrai sentiment d’âme dans la coopérative. »
DOREMI > juillet 2016 > page 6
comptabilité ! », idéale, selon lui, pour tous
les jeunes « entrepreneurs » qui détestent
s’occuper de leur comptabilité ou du fisc
et qui n’ont pas à s’en charger sous leur statut de salariés Coopaname. Contre 11,5%
du revenu de ses membres (voir encadré
ci-joint) , la coopérative prend en charge
la majorité de la « paperasse », comme par
exemple les dépenses professionnelles des
entrepreneurs avec la note de frais, remboursée par la suite grâce au système de
trésorerie. Cette prise en charge permet
aux Coopanamiens de gagner du temps.
Un avantage qui n’aurait pas été possible
s’ ils avaient gardé le statut d’entrepreneur,
jugé « chronophage » par Jérémie Wach,
qui préfère « passer moins de temps à
[s]’occuper de la fiscalité au profit du développement de [son] activité ».
Eve Bruant, tenancière d’une buvette à
Montreuil dans le parc des Guillands
(voir p. 10), raconte ses déboires lors de sa
brève tentative pour devenir auto-entrepreneuse : « On m’avait dit « l’auto-entreprenariat c’est bien » mais j’ai essayé avec
le food-truck comme test. C’était difficile
toute seule. En plus, je n’avais pas d’eau
pas d’électricité sur place. » Au bout de
quelques mois, isolée, débordée et épuisée, Eve déclare forfait.
C’est alors qu’elle contacte la mairie de
Montreuil pour son projet de buvette
à deux pas de chez elle, Elle s’appuie
sur Coopaname pour répondre à l’appel d’offre du département propriétaire
et gestionnaire du parc. « Je ne crois pas
que j’aurais réussi sans eux. Autant pour
la rédaction de mon dossier que pour la
fiscalité en général : j’ allais à la Chambre
de Commerce et j’en ressortais désespérée !
Maintenant, Coopaname gère la fiscalité
et les charges pour moi, ce qui est un grand
soulagement ! »
«Le statut d’auto-entrepreneur a été énormèment mis en avant. Pôle emploi en fait
même la promotion ! nous résume Luc, le
dirigeant de Coopaname. Mais il a été détourné de son objectif initial.» Au départ
ce dispositif a été en effet pensé en 2009
comme un statut régissant une activité
salariée complémentaire permettant d’obtenir une source de revenus supplémentaires ou de vivre une passion. « Comme
ces utilisateurs étaient censés conserver
une activité principale bénéficiant d’une
protection sociale normale, les charges d’un
auto-entreneur ont été calculées à un taux
COOPANAME, L’ ALTERNATIVE ?
Paysagiste en son jardin secret
Léa développe son activité d’artiste passionnée tout en conservant sa polyvalence.
L
éa, jeune entrepreneuse, développe une activité de paysagiste
en tant que salariée de Coopaname. En
parallèle, elle a monté sa propre boutique
d’illustration avec l’aide de Piments, un
programme soutenu par la coopérative
(voir encadré ci-dessous). C’ est une
passionnée de dessin qui nous explique
ses activités. Ses études en arts appliqués
terminées en 2013, elle découvre Coopaname grâce au bouche à oreille et s’y intéresse fortement. « Mais j’ai d’abord préféré
consacrer mon temps à mes activités du
moment avant d’intégrer la coopérative. »
Ses secteurs d’activité, l’illustration et le
paysagisme, étant en crise, et sachant que
les entreprises du secteur « viraient des
gens plus qu’[elles] ne les embauchaient »,
Léa a rencontré quelques difficultés dans
le monde du travail traditionnel. Avec
Coopaname, elle a pu maintenir sa polyvalence, sécuriser son avenir. Cette
jeune femme à quelques pas de la trentaine, les cheveux remontés en chignon,
souhaite élargir son réseau de diffusion
dans des « points de ventes physiques ».
Un café avec Léa, à la fois dessinatrice et paysagiste, dans la cuisine de Coopaname.
Elle vend des cartes, des marque-pages
représentant des créatures délicatement
dessinées, aux teintes sombres agrémentées de quelques touches de rouge vif. Un
univers poétique qui existe sous le nom
de Moon Tribes. Un e-commerce, soit
un site qui permet des achats via inter-
net, vient d’ouvrir récemment. L’illustratrice de Moon Tribes dessine, découpe
puis numérise. Léa le dit tout haut et avec
un large sourire, c’est un « grand plaisir de
travailler à la main », cela lui permet de
se ressourcer. n
Lucie Bendaoud
Un e-commerce qui permet des achats via Internet vient d’ouvrir.
très bas.» Cela devient un gros probléme
quand cela reste l’activité principale, ce
qui est désormais le cas pour la majorité d’entre eux : le niveau de protection
sociale est ridicule. Il y a d’ailleurs une
prise de conscience de ce problème par le
législateur. « À Coopaname, conclue Luc,
nous sommes très critique sur ce statut qui
ajoute l’isolement à la précarité. »
La rémunération à Coopaname :
un régime spécifique
À Coopaname, les revenus des salariés
varient en fonction de leur production
ou de leur activité : si leur niveau diminue, le salaire baisse, ce qui peut entraîner un changement de contrat. Géré par
l’administration de la coopérative, le versement des salaires se fait par le biais de
la trésorerie.
Le principe de la trésorerie ? Lorsqu’un
Assidûment Piments
Un nom qui arrache pour une initiative qui décoiffe. Piments, acronyme de Plate-forme Initiative
et Mobilisation (des jeunes) pour
ENTreprendre Solidairement, est une initiative nationale, créée en 2009 à Grenoble,
qui « propose aux jeunes qui veulent créer leur activités d’être accompagnés dans leur
démarche», nous explique Clémentine, apprentie à Coopaname, cheville ouvrière de
ce programme. « Destiné aux jeunes de 15 à 30 ans, pousuit cette brune dynamique, ce
dispositif leur permet d’avoir accès aux différentes structures d’accompagnement. »
Des soirées organisées avec d’autres porteurs de projets et les représentants des
partenaires « leur fournissent l’occasion de trouver la structure qui leur convient le mieux.
Il y a aussi des anciens qui viennent faire part de leur expérience. » De plus, des ateliers
communs et des formations sont proposés pour s’initier à la création d’activité. Léa,
par exemple, a participé à PIMENTS pour développer sa double activité de paysagiste
et d’illustratrice (voir page 7). Sitpi Rajendram
page 7 < juillet 2016 < DOREMI
COOPANAME, L’ ALTERNATIVE ?
Quand le psychique
rencontre le coopératif
Avec Coopaname, Marijo, a réussi sa reconversion
dans l’art-thérapie.
D
epuis 2013, la douce Marijo
fait partie de la coopérative où
elle entretient un important projet avec
une amie de longue date. L’art thérapeutique est le mot clé de son programme,
où elle vient en aide à des personnes en
difficulté. « La majorité de mes patients,
décrit-elle, sont atteints mentalement
comme les schizophrènes. » Elle s’occupe
également des personnes âgées. « L’art
thérapeutique, poursuit-elle, exploite le
potentiel de l’art [quel qu’il soit] » dans
de nombreux domaines, comme la
musique, la peinture, le théâtre. Marijo propose des activités ludiques pour
« développer le lien social » entre les handicapés et le monde qui les entoure. L’art
thérapie « ce n’est pas guérir mais donner
envie de guérir » : Marijo donne de l’espoir et de la bienveillance à ses patients.
Elle est depuis un an associée à Coopaname. Cette soigneuse aux lunettes
papillons et au grand cœur a travaillé
19 ans dans une maison d’édition scientifique et médicale. Au fil du temps,
elle gravit les échelons pour obtenir
des postes plus importants. Ce n’était
pas sans peine, « j’ai beaucoup souffert »
nous confie Marijo. Devenue éditrice,
elle se retrouve prise entre la direction
et l’équipe, de quoi en perdre la tête.
C’est pourquoi, elle prend la décision
de quitter cet emploi pour se consacrer
à la SCOP (Société coopérative de production) qu’elle a conçu avec son amie.
Le projet voit le jour à Nantes. N’ayant
pas abouti à quelque chose de concret,
l’équipe dissout la SCOP. C’est à ce moment que Marijo se tourne vers Coopaname.
Marijo « retrouve le plaisir de travailler »,
elle apprend les bases de la gestion, soit
comment facturer, apprendre à être
une entrepreneuse et à concrétiser son
projet. « On était ravies de trouver Coopaname », ainsi, ce binôme téméraire
résiste encore et toujours ! n
Lucie Bendaoud
Coopaname, « l’école de
la démocratie par la pratique » ?
Marijo art-thérapeute, à Coopaname,
Paris XXeme.
« Je retrouve le plaisir de travailler. »
client contacte un salarié de Coopaname,
il doit signer un devis. Une fois la prestation assurée, le salarié adresse la facture
par mail à Coopaname, qui l’envoie au
client. Une fois la facture payée à la coopérative, Coopaname verse l’argent sur
le compte du salarié en déduisant des
DOREMI > juillet 2016 > page 8
générale. Aurélie Fouquet, traductrice
spécialisé dans le secteur alimentaire,
utilise ce système afin de se constituer un
salaire variable, mais qui ne lui permet
pas encore de vivre de son activité. « À
mes débuts à Coopaname, je n’avais pas
de revenus, expose-t-elle, puis au fur et à
mesure de la progression de mon activité
j’ai établi un salaire mensuel de 400€. » Au
début de l’année 2016, ses revenus avaient
diminué avec la fréquence de ses prestations, elle ne se versait donc plus qu’un
salaire mensuel de 50€. « À présent, avec
une nouvelle expansion de mon activité, je
m’attribue un salaire de 1000€ par mois. Je
souhaite atteindre le SMIC afin de vivre de
mon activité. »
Cependant, une question se pose : que
se passe-t-il lorsqu’une activité n’est plus
rentable ? Coopaname ne licencie pas
ses salariés, contrairement aux grandes
entreprises. Si un salarié voit son secteur
d’activité chuter, son activité est suspendue. Il continue alors de faire partie de
Coopaname, mais ne reçoit plus aucun
revenu tant que sa production ne reprend pas. Le salarié peut rester dans
Coopaname et participer à l’organisation
de la coopérative par des moyens autres
que financiers. Mais s’il souhaite quitter
Coopaname, il peut obtenir une rupture
conventionnelle de contrat et conserver
les droits chômages liés à son statut de
salarié de la coopérative.
charges telles que la TVA, les cotisations
sociales ou patronales, ou encore le remboursement des frais. En outre 11,5% des
revenus sont reversés à Coopaname. Le
salarié peut ensuite se verser un salaire à
partir du salaire net qui s’accumule sur
son compte personnel dans la trésorerie
« En Assemblée Générale, on vote très rarement », affirme Jérémie Wach, associé
et administrateur de Coopaname. Cela
peut paraître paradoxal, mais le vote sans
débat n’est pas toujours la manière la plus
démocratique de prendre des décisions.
Lors des Assemblées Générales organisées deux fois par an, les douze administrateurs, élus par les entrepreneurs qui
ont choisi au bout d’un an de s’associer
à Coopaname, échangent et se disputent
plus qu’ils ne votent. Toutefois, le débat
est encadré par une affiche de papier
plaquée au mur : Bienveillance, Confidentialité, Respect des horaires et Authenticité
sont les règles à respecter pour « travailler
l’échange et la liberté de parole sans faire
de nivellement par le bas », reprend Jérémie. Ce cadre de dialogue démocratique
est d’autant plus important que les déci-
COOPANAME, L’ ALTERNATIVE ?
Le goût des mots
Traductrice multifonctions, Aurélie s’est spécialisée
dans le domaine culinaire pour lequel elle
organise aussi des évènements.
S
ay it right ! , (Dis le bien), c’est la
devise d’Aurélie Fouquet. C’est
aussi le nom de son activité. « Ce que
je préfère dans mon travail, c’est trouver
le mot juste et voir les clients satisfaits. »
Cette jeune femme chaleureuse exerce
l’activité de traductrice français-anglais
spécialisée dans l’alimentaire. Dotée
d’une expérience dans la traduction
technique et une formation de traduction généraliste et littéraire, elle travaille
sur des cartes et menus de restaurants,
des documents marketing, des contenus web, mais aussi des articles de la
presse culturelle, scientifique ou économique, des chartes éditoriales, des
rapports, du sous-titrage. « J’interviens
également dans d’autres activités d’interprétariat, poursuit-elle, transcription,
révision et relecture de traduction, coaching en prononciation anglaise. » Très
active, elle participe enfin à l’organisation de nombreux évènements autour
de la gastronomie ou de l’économie sociale et solidaire.
« Coopaname me permet d’exercer mon
activité en free-lance, et de rester très
polyvalente. Ainsi je peux expérimenter
pas mal de choses. » La jeune femme,
passionnée par le Royaume-Uni, a passé trois ans à l’Université d’Artois afin
d’obtenir une licence d’anglais. Ensuite
elle a vécu à Londres dans une famille
anglaise durant une année scolaire, durant laquelle elle a enseigné dans un collège. À son retour, en France, elle passe
le concours d’admission à un Master
dans le but de terminer ses études de
traduction à Paris Diderot et Sorbonne
Nouvelle. Ses études terminées, elle
se lance dans l’entreprenariat. Malgré
quelques jobs étudiants, son travail à
« Ce que je préfère dans mon travail, c’est trouver
le mot juste et voir les clients satisfaits. »
sions prises au conseil d’administration
sont cruciales au fonctionnement de la
coopérative. On y a récemment voté une
augmentation de la cotisation versée à
Coopaname par les entrepreneurs (voir
encadré p. 6).
Mais le Conseil d’Administration n’est
certainement pas la seule instance importante au sein de la coopérative. À
plusieurs niveaux, les coopérateurs participent à la vie démocratique à travers
des élections et des réunions mensuelles
sous forme d’ « apéros thématiques ». Ce
mode de fonctionnement permet une
plus grande stabilité de la structure :
« une entreprise classique coule une fois
sur trois durant les trois premières années,
alors que chez les coopératives, c’est plutôt une fois sur quatre », précise Jérémie.
Ce système n’est cependant pas infaillible : la boulangerie La conquête du pain,
installée en coopérative, à Montreuil, se
trouve menacée de fermeture à cause des
tensions entre les coopérateurs.
Une coopérative sociale
et écologique
Coopaname, c’est aussi des valeurs communes et une certaine volonté de changer
le monde, à travers l’ « économie sociale
et solidaire ». Par de petites actions, les
adhérents de la coopérative participent
à créer un système plus centré sur l’humain et plus respectueux de la Terre. Du
jus de pomme bio proposé dans les bâtiments parisiens de Coopaname au choix
de fournisseurs du coin pour la buvette
du parc, l’écologie et le local semblent être
des problématiques qui rassemblent tous
les adhérents. Les entrepreneurs voient
arriver, grâce au réseau qu’offre la coopérative, de nouveaux clients plus proches
et plus locaux, amenés par d’autres adhérents ou des personnes de leur entourage.
Un citron, victime d’Aurélie.
Coopaname représente son premier
emploi officiel. « Ma mission : trouver
la bonne formulation. À la fois fluide et
fidèle, elle doit aussi savoir faire mouche,
tout en rendant un texte impeccable sur
le plan stylistique, grammatical, orthographique et typographique » affirme la
jeune coopanamienne.
Malgré le fait que son activité ne lui permette pas de subvenir encore à la totalité
de ses besoins, Aurélie semble heureuse
d’exercer un métier lui permettant de lier
sa passion pour l’anglais et la gastronomie. n
Anaïs Jourdain-Denediou
Il s’installe alors un « cercle vertueux de
bonnes actions », confie Jérémie Wach,
qui doit à Coopaname 30 % de sa clientèle. Ici, on se rend service, et « cela finit
tôt ou tard par nous revenir », continue le
photographe, qu’on peut parfois croiser
sur les marchés derrière le stand brocante
de la coopérative. L’ aspect social chez
les coopanamiens n’est pas non plus négligeable, au vu des efforts déployés par
Eve pour proposer dans son menu de la
viande halal et fixer des prix plus qu’abordables, refusant de n’attirer à la buvette
« que les bobos parisiens ». Le studio photo de Jérémie a même été transformé en
foyer d’accueil pendant quelque temps. n
Anaïs Jourdain-Denediou et Maurine
Bordeau avec Célia Rodrigues
et Lucie Bendaoud
page 9 < juillet 2016 < DOREMI
COOPANAME, L’ ALTERNATIVE ?
Une buvette pour se ressourcer
Eve s’est appuyée sur Coopaname pour ouvrir sa buvette dans le parc des Guilands.
«
Ah c’est vous ! » Perchée sur son
escabeau, une grande femme
blonde taille les arbres de son jardin.
Mais elle n’en a pas moins les pieds sur
terre. Eve Bruant, forte d’une expérience de plus de 25 ans dans les cantines de tournage du cinéma, se lance
aujourd’hui dans la nouvelle buvette du
Parc des Guilands à cheval entre Montreuil et Bagnolet. En mode coopératif !
Cela fait dix jours, qu’Eve Bruant a démarré. Son projet : proposer nourriture
et boisson à des prix très abordables
dans un parc dont la fréquentation est
très populaire. C’est ce qui a séduit le
conseil départemental de Seine Saint
Denis dont elle a remporté l‘appel
d’offre. Dans quelques jours aura lieu
l’inauguration… à la mode de cette personnalité joviale : elle a invité quelques
copines de 50 ans et plus qui, pour l’occasion, improviseront un défilé de majorettes kitchissime.
Avoir de la bouteille pour tenir une buvette, ça peut servir ! Et Eve n’en manque
pas. Durant 25 ans, elle a assuré la cantine de nombreux tournages de cinéma. Pour les plus récents : La Chambre
bleue de Mathieu Almaric, Deephan de
Jacques Audiard, Les Malheurs de So-
« Que la tourte soit avec toi ! »,
Eve en pleine action
dans sa nouvelle buvette
du parc des Guilands.
phie de Christophe Honoré, excusez du
peu ! Cette activité, elle l’exerçait en tant
qu’intermittente du spectacle, salariée
des sociétés de productions. Epuisée,
lassée de partir loin de chez elle pour
de longues durées, dans des conditions
souvent difficiles, elle aspirait à une activité plus stable et proche de chez elle.
Food-truck
En 2014, elle ouvre un food-truck en
bas de chez elle, rue de Chanzy à Mon-
« Auto-entrepreneur ? «C’est naze ! »
Dans le parc des Guilands à cheval
entre Montreuil et Bagnolet,
la buvette « Chez Noue »
du nom de la cité de La Noue qui la domine.
DOREMI > juillet 2016 > page 10
treuil. Cela ne durera que l’espace d’un
printemps : « C’était super mais trop fatiguant. Je n’avais pas d’eau, pas d’électricité sur place, il fallait que je me débrouille.
C’était difficile toute seule » se souvient
Eve qui a pourtant de l’énergie à revendre. Et le statut d’auto-entrepreneur
qu’elle avait alors choisi ? « C’est naze ! »
C’est alors qu’elle prépare durant deux
ans son dossier de candidature pour
tenir la buvette et prend contact avec
Coopaname : « pour casser l’isolement,
bénéficier de conseils et d’un cadre collectif ». C’est d’ailleurs Jerémie Wach (voir
p. 4) qui animait la séance d’accueil et
de formation de sa promotion baptisée
« Les bavards Organisés ».
Sa buvette se situe au rez-de-chaussée
d’un bâtiment flambant neuf, d’architecture très moderne et aux couleurs
acidulées que les promeneurs du parc
distinguent de loin. Ouverte de 12h
à18h30, du mercredi au dimanche, elle
y propose diverses boissons ainsi que
des salades et des tartes variées dont
elle a le secret. Attentive à son public,
elle suggère à ceux qui le souhaitent de
la viande halal. Attentive à l’environnement elle travaille avec des fournisseurs
locaux. Ratatouille ! n
Sharone Mitory et Maya Cissé

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