Les "cancres" du théâtre français au Rond

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Les "cancres" du théâtre français au Rond
AGENCE FRANCE PRESSE MONDIALES
30 JAN 14
Quotidien Paris
11/15 PLACE DE LA BOURSE
75061 PARIS CEDEX 02 - 01 40 41 46 46
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30/01/2014 08:14:00
Les "cancres" du théâtre français au Rond-Point: festival
Les Chiens de Navarre (ENTRETIEN)
PARIS, 30 jan 2014 (AFP) - La bande des "Chiens de Navarre" s'installe pour un
mois au Théâtre du Rond-Point avec trois pièces à partir du 5 février, une consécration pour
les "cancres du fond de la classe", comme les définit leur fondateur Jean-Christophe
Meurisse.
Lorsqu'il crée la compagnie en 2005, le jeune metteur en scène a envie de "faire
tout ce qu'on nous avait appris à ne pas faire". "C'est un mélange d'insolence, d'idiotie,
comme des cancres du fond de la classe", ajoute-t-il.
En 7 ans, le collectif a conquis le public avec des pièces enragées, aussi hilarantes
que féroces. "II y a beaucoup de bouche-à-oreille. Des gens viennent nous voir qui
d'habitude ne vont jamais au théâtre", se réjouit Jean-Christophe Meurisse. Ce Breton,
grandi dans une famille "pas cultureuse", revendique un théâtre populaire "accessible tout de
suite". "J'ai l'ambition de décoller les gens de la télévision", dit-il.
Les pièces des Chiens de Navarre font rire, mais pas seulement. "On n'y va pas
avec le dos de la cuillère", résume Jean-Christophe Meurisse. Souvent très cru, leur théâtre
transgresse joyeusement le politiquement correct et la bienséance. "En tant que spectateur
et metteur en scène, j'ai besoin d'être ému, ça veut dire pleurer, rire, bander, avoir peur,
j'ai besoin que mon corps soit en activité".
Avec un talent certain pour les titres ("Une raclette", "Les danseurs ont apprécié
la qualité du parquet", "Quand je pense qu'on va vieillir ensemble"), la troupe travaille par
improvisation à partir d'une trame, toujours ancrée dans la réalité.
"Pour +Une raclette+, le point de départ c'était mon envie de faire un vrai repas
sur scène, avec l'odeur, le fromage qui fond dans les poêlons, du vrai vin", raconte le
metteur en scène. "Comme si c'était une fête des voisins. La fête des voisins c'est très
particulier: on se rassemble autour d'une table alors qu'on ne se connaît pas. A priori, notre
surmoi va nous tenir, on ne va pas parler de cul, ni de Dieu, ni de choses qui fâchent",
décrit-il, sauf ... que ça dérape, bien sûr. "Je pars de l'idée que dans son inconscient,
chacun de nous tue ou viole, je voulais représenter ça dans une raclette française".
Quand le masque social tombe
Que se passe t-il quand le masque social tombe et qu'explosent les pulsions?
C'est dans cette zone de transgression, entre le conscient et l'inconscient, que mordent les
"Chiens". "C'est forcément jubilatoire", sourit Jean-Christophe Meurisse.
Dans "Nous avons les machines", c'est la "réunionite aigue" qui est brocardée sur
scène. "On part de la réunion d'une municipalité qui doit organiser une journée au bénéfice
d'associations humanitaires. C'est très réel, c'est une utopie de notre société que d'essayer
de parler, de construire tout en restant calme". Evidemment ça dérape aussi.
Leur tout dernier spectacle en tournée, "Quand je pense qu'on va vieillir en
ensemble" part "de la mélancolie et du besoin de consolation", résume-t-il. II met
ROND-POINT
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notamment en scène des séances de coaching à la fois drôles et pathétiques. "Quand on
voit ces gens coachés pour être heureux ou sexy, ou refaire un appartement, on voit un tel
désespoir, un tel besoin d'amour et de consolation qu'on en rit comme on en pleure",
constate-t-il.
Au théâtre du Rond-Point, la petite troupe va aussi improviser en direct dans une
performance, "Regarde le lustre et articule". "Tous les soirs, on crée une pièce dont on ne
sait rien avant", avec un invité, comme l'acteur Nicolas Bouchaud.
S'ils s'autorisent la vulgarité, "le trash", la nudité, le théâtre des Chiens de
Navarre ne versent jamais dans le cynisme. "II y a toujours dans notre travail une forme de
tendresse pour notre humanité, il peut y avoir des élans très noirs, très pessimistes, mais il
reste quand même de l'amour. C'est ce qui nous sauve!"
mpf/fa
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