L`Aventure du Chat aux yeux verts
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L`Aventure du Chat aux yeux verts
Pastiche SHERLOCK HOLMES L’Aventure du Chat aux yeux verts Histoire inédite par Saeko (Écrit en Juin 1998) Cela faisait plusieurs mois que mon ami Sherlock Holmes n’avait pas eu d’affaire digne de son merveilleux cerveau. Je n’aimais pas du tout ces moments d’inactivité, car pendant ces périodes, mon ami pouvait faire preuve d’une lassitude très fâcheuse pour sa santé. Mais heureusement, sa manie de la drogue s’estompait depuis que je lui faisais des remontrances à ce sujet. Ce jour-là, Holmes était d’une humeur exécrable, bien que j’en avais l’habitude, cette fois-ci, le voir roulé en boule sur son canapé dans sa robe de chambre gris souris et avec sa pipe la plus malodorante m’exaspéra. En mon for intérieur, je priais pour qu’une affaire se présenta le plus tôt possible. - Je l’espère également ami Watson, fit Holmes. Encore une fois, il s’était immiscé dans mes pensées. - Je vois à votre regard incrédule, reprit-il, que mes méthodes vous étonnent toujours ! - Comment en serait-ce autrement ? J’avoue que je ne vois pas ce qui vous permet de deviner mes pensées cette fois ! - Tut, Watson, je déduis. - Comment vous y êtes-vous pris ? - J’ai l’impression que je me déprécie quand je vous révèle mon enchaînement de déductions. Mais cela dit, c’est simple, quand vous êtes sorti de votre chambre, vous avez regardé si j’avais reçu du courrier intéressant, j’ai vu à votre soupir que vous constatiez que ce n’était pas le cas. Ensuite, vous avez jetez un coup d’œil sur ma babouche, et vous vous êtes dit sans aucun doute que ma réserve à tabac allait encore diminuer très rapidement ! Votre regard s’est ensuite porté sur le journal et enfin sur la porte, tout en fronçant les sourcils vous m’avez regardé. Voilà comment j’en ai déduit que vous espéreriez qu’un client vienne bientôt nous faire un récit qui susciterait mon intérêt. Et je vous ai alors interrompu dans votre réflexion en vous déclarant que je le souhaitais également. - Vraiment Holmes ! Vous m’étonnerez toujours ! Mais je vous signale que vous me tourniez le dos, comment diable avez-vous pu m’observer ainsi ? - Elémentaire ! J’ai simplement devant moi une argenterie bien astiquée. - Cher Holmes ! … Soudain, Mrs Hudson, notre logeuse, frappa à la porte et entra affolée dans notre appartement. Elle était pâle et ses yeux montraient qu’elle était désemparée, pendant un moment j’eus l’impression qu’elle allait faire une crise nerveuse. - Calmez-vous Mrs Hudson, fit Holmes usant de sa voix la plus rassurante. - Mon Dieu…, murmura-t-elle, c’est terrible… Je ne pensais pas faire appel à vos services un jour Mr Holmes ! - Prenez un siège, lui dis-je en lui tendant un verre d’eau. - Merci, finit-elle par balbutier. C’était la première fois que je la voyais dans cet état. C’était une femme patiente, elle supportait les défauts de mon ami Sherlock Holmes sans broncher. Elle m’appelait parfois à son secours quand elle voyait Holmes s’entraîner au tir dans notre salon, l’une des excentricités que je lui reprochais. Mais autrement, je ne la connaissais que du fait qu’elle nous logeait. Je savais juste qu’elle vivait seule après la mort de son mari, mais à part cela je ne savais pas grand chose sur sa vie privée. 1 - Il est arrivé un malheur, ce matin… - La personne que vous êtes allée chercher à la gare n’est pas à vos côtés ? coupa Holmes. Que Holmes veuille impressionner nos clients était habituel, mais ici je lui en voulais un peu d’user de ses qualités particulières envers Mrs Hudson, qui était à mon goût assez bouleversée ainsi. - Mr Holmes ! Co… Comment le savez-vous ? ! demanda-t-elle avec de grands yeux étonnés. - Vous êtes habillée de manière très élégante ce matin, de plus cette fine poussière grise qui se trouve sur vos chaussures me montre que vous vous êtes rendue à la gare. J’en déduis donc que vous y êtes allée pour chercher quelqu’un. Qui plus est cette personne doit vous être proche car je ne vous connais pas d’ami intime à Londres. Est-elle de votre famille ? - Oui, Mr Holmes, il s’agit de ma nièce. Elle se nomme Isabelle Hudson, c’est la fille unique de mon frère Albert Hudson. - Vous voulez dire votre beau-frère, précisa Holmes, qui s’était calé au fond de son fauteuil, l’extrémités des doigts se joignant. C’était sa position favorite pour réfléchir. - C’est exact. - Qu’est-il arrivé ? m’empressais-je de demander. - Je vais tout vous raconter. Ma nièce, qui a vingt-cinq ans, devait venir me rendre visite ce matin par le train de sept heures trente. Mais, en arrivant à la gare, je ne la trouvais nulle part j’ai d’abord pensé qu’elle avait raté son train, c’est pourquoi je suis allée me renseigner auprès du guichetier si elle ne m’avait pas câblé. Mais, un homme à l’allure aimable se présenta devant moi et me demanda si j’étais Mrs Hudson. Je fus très surprise par cette question, mais néanmoins je lui répondis que c’était exact. Il me dit alors qu’il m’avait reconnu grâce à une photographie qu’Isabelle avait toujours sur elle. Imaginez ma stupéfaction, Mr Holmes, quand cet homme me tendit la fameuse photo et un mot de ma nièce ! Le voici : "Ma chère Tante, il m’est arrivé une histoire bien étrange en montant dans le train, mais le temps ne me permet pas de vous en expliquer davantage. Sachez seulement qu’un danger est susceptible de me menacer. Je sais que vous avez un illustre locataire, priez-le s’il vous plaît de vous aider ! " Mais voyez-vous Mr Holmes, c’est la fin du message qui m’inquiète le plus ! "Les yeux du Chat sont aussi verts que Scotland Yard le pense. Votre sincère Isabelle. " - Voilà qui est incompréhensible, dis-je. - Pas du tout Watson, c’est très clair au contraire ! - Vraiment Mr Holmes ! ? Je vous en prie éclairez-moi ! J’aime ma chère Isabelle de tout mon cœur et celui de son père se briserait s’il lui arrivait quoi que ce soit ! - Allons mon cher ami ne nous faites pas languir, insistais-je, si la vie de cette jeune femme est en jeu! - Reprenez votre calme, Watson, dit Sherlock Holmes gentiment. Cette dernière phrase nous aide beaucoup ! Avez-vous entendu parler du vol d’une statuette égyptienne représentant un chat, il y a trois ans ? - Non, je le crains, répondis-je. - Et bien, cette statuette avait des yeux en jade, pierre précieuse de couleur verte, comme vous le savez sans doute. C’était un ornement superbe, le corps était en or massif, un collier de rubis était de plus incrusté sur le cou du félin. Un joyau unique Watson, vous pouvez me croire. Il était exposé à la National Gallery, célèbre musée de Londres. Son vol fut un cas fort intéressant et Scotland Yard n’a jamais réussi à remettre la main sur ce bijou. Je fus amené à enquêter sur cette affaire. J’ai résolu la manière dont le vol a été commis, mais hélas la statuette ne fut pas retrouvée. - Mais Mr Holmes, qu’a donc pu faire ma nièce pour être mêlée à cette histoire ? - Elle a dû voir ce matin quelque chose en rapport avec ce vol. Probablement qu’elle a été témoin de la passation de ce Chat. - Mais que ferait ce Chat dans ce train ? 2 - A mon avis, Moriarty a dû trouver un acheteur intéressé par ce bijou, ici, à Londres. - Comment ! MORIARTY ! ? C’était lui l’auteur du cambriolage ? ! - Sans aucun doute mon brave Watson. Même si cela n’a pas pu être prouvé, étant donné son alibi. Mais c’est bien lui le cerveau de l’affaire, le roi du crime ! - Oh ! Mon Dieu, ma pauvre Isabelle ! ! sanglota Mrs Hudson. - Je ferais tout pour la retrouver, lui murmura Holmes en posant une main sur son épaule. - Je vous en serais éternellement reconnaissante Mr Holmes ! ******************* Une fois notre logeuse partie, Holmes arpenta pendant un moment notre salon en fumant de son tabac le plus fort. - Holmes, pensez-vous qu’on puisse sauver cette pauvre jeune fille ? - Je le souhaite en tout cas Watson. Vous connaissez Moriarty, peu de personnes peuvent lui échapper. Mais, si c’est ce cas qui malheureusement arrive, je ferais tout pour la venger. - Que comptez-vous faire ? - Me rendre à la gare et interroger les passant avec cette photo de Miss Hudson, et surtout inspecter les lieux. - Puis-je vous accompagner ? - Bien entendu, venez dépêchons-nous ! Nous hélâmes un cab. Pendant le trajet, Holmes me raconta l’incroyable disparition du "Chat au yeux verts" . - Imaginez Watson, un vol commis en plein jour dans un des musées le plus fréquenté de Londres. De plus, ce vol s’est produit le jour de l’inauguration de la Salle au thème de l‘Egypte. - De plein jour ! Mais comment avait-il réussi ce coup de maître ? - Avec un peu d’astuce et beaucoup d’imagination . Il a utilisé une méthode de magie couramment employée par les prestidigitateurs, un tour avec des miroirs. - Des miroirs ? - En effet, les magiciens arrivent à créer une illusion d’optique avec ces miroirs et à nous faire croire à la disparitions d’objets. Les acolytes de Moriarty ont donc fait croire à la disparition subite du "Chat". Et pendant l’instant de panique, ils ont pu simplement s’emparer de la statue qui n’avait pas bougé d’un pouce. Les journaux, à l’époque, ont parlé de sorcellerie. Un tour magnifiquement joué par un faux maire. Au moment de soulever le foulard qui recouvrait le Chat, il l’a fait disparaître, devant toute l’assemblée. - Incroyable ! - Nous arrivons Watson, je vous serai gré si vous pouviez aller interroger les diverses personnes qui auraient pu apercevoir la nièce de Mrs Hudson. J’irai observer les lieux. Je vous propose donc de nous retrouver ce soir à notre appartement. - Entendu, je suis tout à fait d’accord, Holmes, à ce soir. - Soyez prudent nous avons affaire à Moriarty ne l’oubliez pas ! Je vis donc Holmes et sa silhouette élancée s’éloigner. Je sortis de mon veston la photographie de Miss Hudson. C’était ma foi une charmante personne, mince, de taille moyenne avec un visage gracieux et de superbes cheveux bruns. Elle arborait un sourire fin qui me donnait l’impression d’une attitude réservée, et sans doute l’était-elle. Utiliser les méthodes de mon ami ne me réussissait pas souvent, mais je faisais de mon mieux pour les appliquer. Je passais donc la journée à interroger les personnes susceptibles d’avoir vu cette demoiselle. Mais hélas sans succès. Je me disais que Holmes avait sûrement découvert quelque chose. Je rentrais vers neuf heures à notre appartement de Baker Street, j’aperçut de la lumière à notre fenêtre, mais à ma surprise, deux ombres se dessinaient à la lueur. 3 L’une était celle de Holmes assurément. L’autre était une ombre de plus petite taille, mais il s’agissait sûrement d’un homme, car il portait encore son haut-de-forme quand je pénétrais dans notre salon. - Bonsoir Watson. Avant de vous présenter notre invité, j’aimerai que vous descendiez et que vous appeliez Mrs Hudson s’il vous plaît. J’allais chercher Mrs Hudson comme me l’avait demandé mon ami, mais j’étais intrigué de savoir qui pouvait bien être ce jeune homme qui avait fière allure. Cependant, quelque chose me dérangeait chez lui. C’étaient ses yeux brillants et d’un bleu éclatant. Il portait une fine moustache et des habits simples mais de bon goût. En entrant Mrs Hudson poussa un petit cri de surprise. - Comment vous ici ? ! - Vous le connaissez Mrs Hudson ? demandais-je. - Et oui Watson, elle le reconnaît, mais ayez la bonté Mrs Hudson d’expliquer à mon ami qui est ce jeune homme. - C’est l’homme qui m’a remis le billet et la photo ce matin ! - Vraiment ! m’exclamais-je. Bravo Holmes vous avez réussi à le retrouver ! - C’est plutôt lui qui m’a trouvé Watson. Pendant tout ce temps, notre visiteur n’avait pas décroché un mot. Il nous regardait tranquillement et calmement. Il avait un air paisible. - Mais Holmes, veuillez nous le présenter je vous en prie ! Le pauvre ami ne nous dit rien depuis tout à l’heure ! - Puisque vous le souhaitez Watson. Mrs Hudson vous feriez peut-être mieux de vous asseoir. - Pourquoi, Mr Holmes ! ! Il est arrivé quelque chose à Isabelle ? Qui êtes-vous monsieur ?… Grands Dieux ! ! ! Le jeune homme enleva son chapeau… De longs cheveux retombèrent sur ses épaules… Et il retira sa fausse moustache… - Ce n’est pas possible ! ! Mrs Hudson tomba évanouie, je la rattrapais juste à temps. - Ma Tante ! ! s’écria la jeune fille, qui n’avait plus du tout l’air d’un homme à présent. - Holmes ! Pourriez-vous m’expliquer à la fin ce qui se passe ! - Je vous présente Isabelle Hudson, mon cher Watson ! m’annonça Holmes d’un ton ironique. - Vous êtes… Miss Hudson ! ! fis-je, en n’en croyant pas mes oreilles. - Oui, docteur Watson, je suis d’ailleurs enchantée de vous rencontrer. Mais comment va ma chère Tante ? demanda-t-elle inquiète. - Elle est simplement évanouie, mais tenez elle reprend conscience. - Isabelle, Isabelle, c’est bien toi ? murmura Mrs Hudson, qui se remettait doucement de son choc. - Oui, ma Tante ! Je suis sincèrement désolée de vous avoir fait une telle frayeur ! Et de ne pas vous avoir révélé mon identité ce matin ! - En tout cas, Mlle, dit Holmes, vous êtes une excellente comédienne, réussir ainsi à tromper sa propre tante ! De plus avec un déguisement d’homme… - Qu’insinuez-vous Mr Holmes ? Pensez-vous qu’une femme ne peut pas se comporter en homme ? Sachez que j’ai lu toutes vos aventures, et que se travestir fait parti du métier d’actrice. répliqua Mlle Hudson en adressant un regard malicieux à mon ami. - Je ne voulais pas vous offenser, Mlle. - Mais que se trame-t-il ici ? Je meurs d’envie de le savoir ! m’écriais-je. 4 - Il s’agit d’un cas intéressant Watson. Après vous avoir quitté ce matin, je me suis rendu à l’arrière de la gare, car j’étais persuadé que si Mlle Hudson voulait fuir discrètement, elle aurait certainement emprunté ce chemin. Mais, des personnes interrogées, aucune n’avaient vu passer une jeune fille. Cependant, quelques-uns ont aperçu un jeune homme, mince et d’allure très élégante. En général, seuls les mendiants et sans-abri traînent par là, et souvenez-vous Watson, de l’homme à l’aspect aimable que Mrs Hudson avait rencontré quelques heures plus tôt. J’en ai tout de suite conclu qu’il s’agissait de la même personne. Il me semble, Watson, que je vous ai déjà parlé de ma petite brigade spéciale de Baker Street. Et bien le quartier avoisinant la gare est très bien surveillé par ces enfants. Avec l’expérience, ils commencent à être bien entraîné à observer tout ce qui n’est pas habituel. Je rencontrais rapidement Wiggins qui m’apprit effectivement qu’un homme de bonne famille était passé, et il m’indiqua même la direction prise par cet homme. Des détails m’informèrent que celui-ci, là où il passait, se faisait remarquer de manière subtile. J’en déduisais immédiatement qu’il me laissait volontairement une piste. Je me tenais par conséquent sur mes gardes, car la probabilité d’un piège était fort plausible. Un marchand avait aperçu l’homme entrer dans un hôtel. Je questionnais le groom qui à ma surprise m’attendait. - J’ai un message pour vous m’sieur Holmes ! - Comment sais-tu qui je suis ? - Un homme m’a dit que vous alliez venir et que vous alliez sûrement me poser des questions à son sujet. - Bien, quel est le message ? - Tenez ! Je fus étonné en voyant le message que le groom me tendit : "Echange Chat scintillant contre étoile brillante, au deux, avenue de Kellinger. " L’écriture était celle d’un homme cela ne faisait pas de doute. Pourtant une chose, un détail attira mon attention. Vous connaissez Watson mes études sur la calligraphie, l’écriture sous mes yeux était correcte, mais cependant un peu tremblante. Vous souvenez-vous de notre aventure que vous avez intitulé "Les propriétaires du Reigate" ? Celle où j’avais réussi à déterminer qu’un mot avait été écrit par deux personnes différentes, mais néanmoins de la même famille ? - Oui, bien sûr ! Je me rappelle que dans ce message, un mot sur deux était écrit par le fils, et les autres mots par son père. - Exactement, ami Watson. Et dans le cas présent l’écriture ne correspondait pas à la description d’un homme jeune. J’en ai déduis qu’il avait été rédigé par quelqu’un d’autre. - Ce qui est admirablement bien raisonné, Mr Holmes, déclara notre jeune amie. Holmes reprit son récit : - Le jeu était également bien mené, Mlle. Je me rendis donc au deux, avenue Kellinger. Il s’agissait d’une maison isolée, j’inspectais sans tarder les lieux et surtout les traces de pas laissés dans le jardin. Par chance, il avait plu hier, le sol était donc encore malléable et gardait parfaitement les empreintes de pas. Je distinguais en tout trois démarches différentes. Les deux premiers étaient des traces d’homme assurément. D’après leurs enjambées et la taille de leurs souliers. J’ajouterai même des souliers de bonnes qualité. Représentez-vous donc deux gentlemen habillés de façon fashionable, tout comme dans notre première rencontre (dans "Etude en rouge"), Watson. Les deux hommes avaient pris soin de contourner une flaque d’eau. Quand je vous dis Watson, que les crimes sont un éternel recommencement. Passons à la troisième empreinte, bien que c’étaient des chaussures d’hommes, les pas étaient petits et légers, tout comme la longueur des enjambées. J’ai tout de suite pensé au mystérieux jeune homme. Je remarquais en outre que l’empreinte de pas était légèrement plus profonde au niveau du talon. Il était facile ensuite de comprendre que ces chaussures étaient un peu trop grandes pour lui. J’en arrivais en somme à conclure que c’était une femme qui portait ces souliers. 5 Donc, le mystérieux jeune homme était une femme qui suivait les deux hommes, en essayant qu’ils ne la voient pas. Qui pouvait bien être cette femme, qui, à la fois avais remis à Mrs Hudson une photo et un message pour Sherlock Holmes et qui avait tout fait pour que je la retrouve ? Qui d’autre que Mlle Hudson elle-même ! - Stupéfiant ! Inouïe ! criais-je complètement admiratif devant le raisonnement de mon ami. - Mon ami, vous avez toujours en vous une candeur délicieuse qui me satisfait à chaque fois que je résolve un problème. - Je suis également impressionnée Mr Holmes ! Je ne pensais pas que mes chaussures pourraient me trahir ainsi ! Il est vrai qu’elles sont un peu grandes pour moi, mais j’étais pressée. - Mais, demandais-je, qui a écrit le message à l’hôtel ? - Je suppose que vous l’avez fait écrire par le réceptionniste ! N’est-ce pas Mlle ? - Vous avez parfaitement deviné Mr Holmes ! - Déduis, je préfère. Les devinettes ne sont pas de mon ressort. - C’est vrai, excusez-moi. Mais, je tiens à vous dire que je suis nullement déçue par le petit test que je me suis amusée à vous faire subir. - Comment ! Isabelle ! C’était un jeu ? Comment as-tu pu me faire une chose pareille ! Et à Mr Holmes ! - Ce n’était pas seulement un jeu, Mrs Hudson. C’était plutôt sérieux et dangereux. Risquer votre vie Mlle, à suivre deux bandits ! Vous êtes bien téméraire. - Je l’avoue et je m’en excuse, je n’ai pas pu m’empêcher de me mêler de cette affaire. Je savais que c’était risqué, c’est pourquoi je me suis en quelque sorte transformée en homme. - Mais, votre récit n’est pas fini Holmes ! Comment avez-vous retrouvé Miss Hudson ? - C’est vrai Watson, je n’avais pas terminé mon histoire, qui n’est plus très longue à présent. J’entrais dans la maison prudemment, mais il n’y avait plus personne. Quand je suis ressorti, Mlle Hudson m’attendais. "Savez-vous qui je suis ? " me demanda-t-elle. D’ailleurs, parler de cette voix grave a dû être pénible, non ? - Un peu, répondit la nièce de notre logeuse en souriant, mais j’évitais de trop parler. - Donc, je lui révélais que je connaissais son identité. Et l’invitais à venir ici, à Baker Street pour rassurer Mrs Hudson. Maintenant, veuillez nous raconter tout ce qui vous a amené à jouer cette comédie. - Très certainement, Mr Holmes. Docteur Watson, ma Tante, il faut d’abord que vous sachiez que j’étais venue ici pour échapper un peu à ma vie quotidienne. - Vous désirez oublier votre rupture n’est-ce pas, interrompit Holmes doucement. - Vous avez beau être fort, sursauta Miss Hudson, mais là je ne vois pas ce qui vous fait dire cela ! Je n’en ai parlé à personne ! - Votre bague de fiançailles m’a mis sur la voie. Et précisément parce qu’elle ne se trouve plus à votre doigt, bien qu’une autre a été mise à sa place pour ne pas attirer l’attention sur votre main. - Alors comment pouvez-vous savoir qu’il y avait une autre bague ? En plus une bague de fiançailles ! - C’est simple, l’anneau que vous portez en ce moment est légèrement plus grand que l’ancien. J’ai pu remarquer la trace d’une ancienne bague. Cette marque est un peu rosée, ce qui veut dire qu’elle a été porté longtemps avant d’être enlevée, de plus avec un peu de difficultés. Il ne pouvait donc s’agir que d’une bague offert par votre fiancé puisque vous n’êtes pas mariée. - Vous êtes réellement à la hauteur de votre réputation, Mr Holmes ! Que pourriez-vous dire d’autre à mon sujet ? - Que vous êtes musicienne, et que notamment vous jouez du violon. - Ce qui est juste, encore une fois. Mais je connais vos observations sur les différentes formes et structures de mains. Je sais que vous pouvez reconnaître les mains d’une dactylographe ou de musicienne comme moi. 6 - Watson, là je ne peux que m’incliner devant vos nouvelles ! Cette jeune personne est bien renseignée ! - Merci, répondis-je avec un sourire de satisfaction, les paroles de mon ami Sherlock Holmes félicitaient rarement ma manière de rendre compte de ses exploits. - Chère Isabelle ! Je suis désolée de ce qui t’arrive. - Ne vous en faites pas ma Tante, je vais m’en remettre. Je reprend donc. Vous comprendrez aisément à présent que j’étais d’une humeur assez mélancolique. Cependant, en me rendant à ma place de wagons, ce matin, j’ai surpris par hasard une étrange conversation en passant devant un compartiment privé. Les deux protagonistes étaient un certain Porlock et un autre homme dont je n’ai pas entendu le nom. Ils parlaient du fameux Chat dérobé il y a trois ans, ils disaient qu’ils allaient pouvoir bientôt l’échanger à un collectionneur contre un diamant de très grande valeur, d’où dans mon message "l’Etoile brillante". L’idée m’est venue de les suivre à la descente du train. En connaissant les risques, j’ai subtilisé des vêtements d’homme, dans une valise qui traînait, d’ailleurs si je pouvais les lui rendre. Ce n’était pas très polie de ma part, mais le temps pressait ! Je vous ai ensuite avertie de la façon que vous connaissez ma Tante. Je savais à coup sûr qu’elle vous en parlerai Mr Holmes. Je vous ai déjà dit que je faisais du théâtre, n’est-ce pas ? Me déguiser en homme était en somme un rôle assez fréquent. Mais, réussir à tromper le regard de ma propre Tante était une sorte de défi gagné. La suite, vous nous l’avez raconté Mr Holmes, je me suis arrangée pour qu’on se souvienne de mon passage par divers moyens. Et vous êtes arrivé à l’adresse indiquée. Mais la transaction était déjà terminée, mais j’ai tout de même le nom du collectionneur. Le marchandage s’est passé entre lui et l’homme qui accompagnait Porlock, celui-ci les avait quitté et laissé entre eux dans la maison. Voilà toute l’histoire, j’espère ma Tante que vous me pardonnerez vite ! - Uniquement si tu me promets de ne plus jamais me donner de telles angoisses ! C’est tout ce que je te demande Isabelle ! Mais le plus important c’est que tu soit saine et sauve ! Et remercie Mr Holmes qui m’a conseillé d’attendre avant d’avertir ton père ! - Pauvre Papa ! Il aurait été tellement bouleversé ! Ne lui dites rien ! Un bruit sourd nous parvînt soudain aux oreilles. - Watson ! N’entendez-vous point le pas de notre ami Lestrade ? fit Holmes amusé. - En effet ! La porte s’ouvrit. C’était bien le célèbre inspecteur de Scotland Yard. Après nous avoir salué, il s’exclama : - Le gibier est pris, Mr Holmes ! ! Félicitations ! Décidément, la police anglaise aura toujours une dette immense envers vous ! Comment vous y êtes vous pris cette fois, pour retrouver la statuette Egyptienne ! ? Miss Hudson jeta un regard interrogateur à mon ami. Holmes lui répondit par un sourire, et répliqua d’un air blasé à Lestrade : - Tout à fait par hasard, mon cher Lestrade ! Que voulez-vous, le crime ne me lâche jamais ! - Vous vous moquez de moi ! Que vais-je écrire dans mon rapport ? - Vous avez de l’imagination, servez-vous en ! Personne ne le saura ! Ainsi, l’identité de mon informateur ne sera pas révélée. - Très bien Mr Holmes, je ne peux pas vous refuser cela après tout. Lestrade repartit. Isabelle Hudson remercia chaleureusement Holmes de ne pas avoir déclaré à la police son identité. - Ne me remerciez pas, vous m’avez apporté et agrémenté cette affaire, c’est moi qui vous en suis reconnaissant. - C’est vrai ! Il me disait justement ce matin qu’il s’ennuyait ! Vous l’avez sorti de sa torpeur, assurais-je à Mlle Hudson. - J’en suis heureuse ! Et je ne regrette pas du tout notre rencontre ! 7 - Pourquoi ne dînerions-nous pas tous ensemble ce soir ? proposais-je. - Avec grand plaisir ! annoncèrent Mrs Hudson et sa nièce. Qu’en pensez-vous Mr Holmes ? - Volontiers. Ces allées et venues m’ont ouvert l’appétit ! Le Chat égyptien fut restitué au Musée. L’antiquaire qui l’avait racheté ne savait rien de l’identité des hommes avec qui il a eu affaire. Un certain colonel Moran à ce qu’il paraît. Holmes m’affirma qu’il s’agissait d’un des hommes de main du professeur Moriarty, qui au moment de cette histoire était en train de discourir auprès de ses élèves à propos de méthodes mathématiques, à trente lieux de là, et avec comme témoin tout un amphi d’étudiants. Nous revoyions de temps en temps Mlle Isabelle Hudson, mais plus jamais elle ne nous apporta une telle aventure. Cependant, je pense que Holmes et moimême garderons un bon souvenir de cette jeune fille intrépide. FIN 8