18 JOURS

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18 JOURS
Géographie - Éducation civique
Collège / Lycée
Dossier pédagogique
18 JOURS
Un film de Sherif Arafa, Yousry Nasrallah,
Mariam Abou Ouf, Marwan Hamed, Mohamed Aly, Kamla
Abou Zikri, Sherif El Bendari, Khaled Marei,
Ahmad Abdallah et Ahmad Alaa
Durée : 1 h 39 - Distribution : Eurozoom
Au cinéma à partir du 7 septembre 2011
Synopsis
Le Caire, du 25 Janvier au 11 février 2011
Des citoyens ordinaires pris dans des événements extraordinaires : les
patients d’un asile, une jeune vendeuse à la sauvette, un leader de la révolution, un grand-père et son petit-fils curieux, un internaute amoureux,
un couturier craintif, un couple déchiré, de sympathiques combinards, des
Un dossier proposé par Zérodeconduite.net
chameaux, des hommes de main violents, des jeunes idéalistes, un coifEn partenariat avec Warner Bros Distribution
feur héros malgré lui... Tous ces personnages, plus vrais que nature, ni
bons ni méchants, vivent dans l’instant des événements qui paraissaient
inimaginables et changeront leurs vies pour toujours.
Ce long-métrage de fiction présente en 10 chapitres, réalisés dans l’urgence et l’enthousiasme, sans budget et de manière bénévole, dix histoires
entre détresse et allégresse, vécues, entendues ou imaginées autour de la
révolution en Egypte.
CRÉDITS
Dossier rédigé par Valérie Marcon et Vital Philippot pour Zérodeconduite.net
Crédits photographiques : © Pacha Pictures
SOMMAIRE
Crédits et sommaire du dossier ..................................................
p. 2
Présentation ..................................................................................
p. 3
Résumé des films ............................................................................
p. 6
Activités Éducation civique
2 Dossier pédagogique
Cadre pédagogique .................................................................
p. 7
I Le déroulement de la révolution ...............................................
p. 8
II Les acteurs de la révolution ....................................................
p. 11
III Les causes de la révolution et de sa propagation .................
p. 14
Conclusion.................................................................................
p. 16
Documents d’accompagnement .................................................
p. 17
Ressources complémentaire .......................................................
p. 23
Éléments de correction ................................................................
p. 24
Présentation
provoquer la même sidération que les premiers films des
frères Lumière.
C’était acter l’évolution technique et esthétique d’un medium
bouleversé par la miniaturisation et la démocratisation des
moyens d’enregistrement (mini-caméras DV, appareils
photo et téléphones portables) : ceux-là mêmes qui ont
permis d’enregistrer en direct les images de la révolution, et
de les diffuser au monde entier (via internet et les réseaux
sociaux).
Ces 18 jours qui
ébranlèrent l’Égypte
« L’Egypte est un des grands pays
de cinéma, dont la présence a
toujours été assurée à Cannes,
notamment par Youssef Chahine,
mais pas seulement.
Cet hommage est pour dire le
passé et l’histoire, la gloire et la
grandeur mais aussi le présent et
le futur du cinéma égyptien. »
Thierry Frémaux, délégue
artistique du Festival de Cannes
3 Dossier pédagogique
De la place Tahrir
au Festival de Cannes
En mai dernier, le film 18 jours était présenté officiellement
au Festival de Cannes, qui avait choisi, grande première
dans l’histoire de la manifestation, de célèbrer ainsi
l’Égypte en tant que pays invité (voir ci-contre) ; et à travers
ce geste de saluer les soulèvements du récent « printemps
des peuples arabes ».
C’était un geste fort de la part du sélectionneur Thierry
Frémaux que de mettre ainsi sur le même pied les
prestigieuses et coûteuses productions internationales,
avec cet ensemble de courts-métrages tournés par des
équipes enthousiastes, sans moyen aucun mais un temps
record.
C’était montrer que, plus d’un siècle après sa naissance,
le cinéma reste une fenêtre ouverte sur le monde, et peut
Ces 18 jours qui donnent leur titre au film, c’est le temps
qu’il a fallu pour que le peuple égyptien renverse un régime
qui semblait indéboulonnable (Hosni Moubarak était au
pouvoir depuis 1981).
Le 25 janvier 2011, jour de la fête de la police (honnie des
Égyptiens), les premières manifestations ont lieu contre le
régime de Moubarak.
Le 11 février, alors que l’armée fraternise avec les
manifestants, le vice-président Omar Souleiman annonce
par une déclaration télévisée la décision du président Hosni
Moubarak de « renoncer à ses fonctions de président de la
République » et de « confier au Conseil militaire suprême
les affaires publiques ».
Entretemps, la société égyptienne sera descendue dans
la rue pour exprimer son ras le bol de la corruption et de
la prévarication, de l’arbitraire et des violences policières,
de la censure et de l’absence des libertés, de la pauvreté
et de l’inégale répartition des richesses, et de celui qui les
incarne.
Présentation
Repères
La genèse du film
Quatre chiffres symboles
d’explication des causes
de la révolte :
> 25% des jeunes
Égyptiens est au chômage.
(Source : La Banque
mondiale)
> 22% de la population vit
en dessous du seuil de
pauvreté, selon la Banque
Mondiale.
> 60% de la population a
moins de 30 ans.
> Plus de 450 prisonniers
politiques étaient,
jusqu’à la chute de
Moubarak, arbitrairement
emprisonnés (Source :
Human Rights Watch)
Dès le début des événements de nombreux cinéastes, comédiens,
techniciens se mobilisent aux côtés des manifestants, apportant,
en tant que simples citoyens, leur contribution à cette formidable
mobilisation.
Mais certains, conscients de leur devoir de documenter l’histoire
en train de s’écrire, décident d’aller plus loin et de filmer les
événements, malgré les risques encourus et l’issue incertaine du
mouvement. C’est ainsi que le producteur Fadi Fahim a l’idée de
contacter les cinéastes Marwan Hamed (L’Immeuble Yacoubian,
2007) et Yousri Nasrallah (La Porte du soleil, 2004, Femmes du
Caire, 2010), pour leur demander d’écrire et de réaliser chacun un
court-métrage sur les événements en cours, et de coopter huit de
leurs jeunes collègues pour qu’ils en fassent autant.
Les talents ne manquent pas : l’Égypte est un grand pays de
tradition cinématographique. Elle est surtout connue en Occident
pour ses grands auteurs comme Youssef Chahine, mais elle abrite
également une industrie cinématographique prospère, dont la
production rayonne sur l’ensemble du monde arabe (constituant
un important vecteur de l’influence culturelle et linguistique de
l’Égypte). Les bonnes volontés ne manquent pas non plus : pour
la plupart, les réalisateurs (dont deux réalisatrices) qui s’engagent
d’après Curiosphere.tv
http://www.curiosphere.
tv/revoltes-monde-arabe/
egypte.html
4 Dossier pédagogique
dans le projet appartiennent tous à la jeune génération (ils ont entre
vingt-cinq et trente-cinq ans), qui a eu le plus à souffrir de la censure
étatique qui pèse sur le cinéma égyptien.
La production s’engage autour de la société Pacha Pictures, avec
quelques mots d’ordre simples : des caméras légères, pas plus de
deux jours de tournage, pas ou peu de budget.
Le poids documentaire
Les dix chapitres qui composent 18 jours comportent évidemment
une forte dimension documentaire : nombre d’entre eux intègrent
des images tournées pendant les manifestations de la place Tahrir
(par des quidams, les cinéastes eux-mêmes, ou la télévision),
l’épisode intitulé Créature de Dieu parvenant même à brillamment
brouiller les pistes (en faisant disparaître la frontière entre les
images tournées pendant et celles reconstituées après, entre le
documentaire et la fiction).
Mais au-delà de ces images tournées « en direct », les films portent
leur poids de réel : on sent qu’ils ont été tournés dans les lieux
mêmes de « l’action », avec des acteurs encore tout imprégnés des
événements. On retrouve cette vieille idée selon laquelle le cinéma
est avant tout un procédé d’enregistrement du réel, et qu’une fiction
n’est finalement qu’un documentaire sur son propre tournage…
Présentation
Le choix de la fiction
Mais les cinéastes ne se sont pas contentés d’enregistrer les soubresauts du réel, de
rendre compte de la révolution en marche. Dès le départ, le projet était clair : il s’agit
bien de faire œuvre de cinéma, de se placer sur le terrain de la fiction.
Par l’écriture, les choix de mise en scène, le montage, chacun de ces films porte un
point de vue sur la révolution, chacun essaye d’en livrer sa propre interprétation.
18 jours vaut donc à la fois pour sa cohérence et sa diversité. La cohérence tient aux
trois unités, parfaitement respectées : unité d’action (la lutte entre les manifestants
et le régime, entre la nouvelle Égypte et l’ancienne), unité de lieu (la place Tahrir est
l’épicentre géographique du film) et unité de temps (la plupart des courts-métrages
sont scandés par les dates marquantes de la révolution égyptienne).
Mais des constantes (le rôle de la jeunesse) se dégagent des films, des thèmes
reviennent (l’enfermement). On remarquera que tous ces films sont à l’image de cette
révolution du peuple : aucun des cinéastes n’a choisi de se placer du côté du pouvoir,
aucun n’a cherché à distinguer des leaders ou des grands hommes parmi les opposants.
Tous ces films sont tournés au ras de la foule, à la hauteur de l’homme de la rue, et
nous montrent le point de vue d’égyptiens ordinaires, pris dans les événements.
Une radiographie
de la société égyptienne
Un fois dégagées ces constantes, on reconnaîtra que le film est également passionnant
par la diversité des approches et des points de vue. Les dix courts-métrages films
abordent ainsi des genres très différents : la parabole (Rétention), la romance (Fenêtre),
le drame (1919), la comédie picaresque (Quand le déluge survient)…
Ils couvrent un spectre qui va du réalisme le plus cru (les images de manifestation de
Créature de Dieu) au symbolisme le plus travaillé (Rétention)…
Ils montre la richesse et la diversité de la société égyptienne, à l’image des huit
personnages (l’enseignant, l’islamiste, l’étudiant, le professeur, le businessman…)
réunis dans le huis-clos de l’épisode qui ouvre le film, Rétention.
5 Dossier pédagogique
D’un épisode à l’autre on passe ainsi de la haute bourgeoisie au lumpen-prolétariat,
des quartiers chics aux bidonvilles, des meneurs qui agitent la place Tahrir (le jeune
homme de Créature de Dieu) aux séides du régime (les deux flics de 1919)… Entre
ces deux extrêmes, le film met en scène les contradictions de la société égyptienne
et la diversité des attitudes par rapport à la révolution : indifférents, inconscients,
opportunistes…
Le « premier film égyptien libre »
« Premier film libre » du cinéma égyptien, dégagé de toute crainte de censure, 18 jours
échappe ainsi également aux travers des cinémas post-révolutionnaires ou post-indépendance, qui figent les événements historiques dans le moule de l’histoire officielle.
A l’heure actuelle l’issue du mouvement reste incertaine : si le régime d’Hosni Moubarak a bien été renversé, la transition démocratique reste entre les mains de l’armée.
Mais quand les historiens tenteront de comprendre le printemps égyptien et de tirer
une signification des événements, gageons que 18 jours constituera un document
précieux.
Présentation
18 jours, résumé des dix courts-métrages
Rétention, réalisé par Sherif Arafa
Des personnages représentatifs de la société égyptienne (un islamiste, un journaliste,
un homme d’affaires, un professeur d’histoire, un colonel de police, etc.) sont enfermés
dans un établissement psychiatrique. Ils y ont été internés pour des raisons qui sont
moins liées à leur santé mentale, qu’à l’arbitraire du régime.
A travers les images diffusées par la télévision ou les rumeurs qui montent de la rue, ils
prennent connaissance des événements et réagissent chacun à leur manière. Invisible
et omniprésente, la direction de l’hôpital tente de canaliser leurs réactions, comme le
pouvoir tente de mater l’insurrection populaire.
Créature de Dieu, réalisé par Kamla Abu Zikry
Des personnages représentatifs de la société égyptienne (un islamiste, un journaliste,
un homme d’affaires, un professeur d’histoire, un colonel de police, etc.) sont enfermés
dans un établissement psychiatrique. Ils y ont été internés pour des raisons qui sont
moins liées à leur santé mentale, qu’à l’arbitraire du régime.
19-19, réalisé par Marwan Hamed
Un homme qui vient d’être arrêté, pour sa participation supposée à la révolution, est
interrogé et torturé. Il est accusé d’avoir troublé la sécurité du pays. Un décalage grandissant apparaît entre la révolution en cours (dont on aperçoit quelques images via un
poste de télévision) et ses deux bourreaux, incarnation de la brutalité et de l’arbitraire
de «l’ancien régime».
Quand le déluge survient, réalisé par Mohamed Ali
Un pauvre hère tente de profiter de la révolution en vendant des drapeaux aux manifestants pro et anti-révolutionnaires. Il reçoit l’aide inattendue d’un vieux monsieur,
admirateur de Moubarak.
Couvre-feu, réalisé par Sherif El Bendary
Suez, l’aube du vendredi 11 février 2011
En rentrant en voiture de l’hôpital, Ali et son grand-père se perdent dans les rues de la
ville de Suez en essayant de rentrer chez eux. La nuit, les rues appartiennent à l’armée
et aux « comités populaires de quartier » qui surveillent certains quartiers et bloquent
de nombreuses routes. Le vieux monsieur et son petit-fils ne parviennent à rejoindre
leur domicile qu’au petit matin, quand l’armée a levé le couvre-feu.
6 Dossier pédagogique
Les gâteaux de la révolution, réalisé par Khaled Marei
Un jeune homme naïf souffrant de diabète sort d’un coma de 4 jours et rentre dans sa
boutique de couturier le 28 janvier sans même se rendre compte que la révolution est
en marche. Il est pris de panique quand il entend des coups de feu, imagine que le
pays est envahi par Israël.
Il s’enferme dans sa boutique pendant les 15 jours qui suivent. Il se décide à sortir de
sa boutique, mais pris pour un policier, il est attaqué par les manifestants.
# Tahrir 2.2, réalisé par Mariam Abou Ouf
Le film raconte en parallèle l’histoire de deux hommes qui ont participé à la manifestation sur la place Tahrir du 2 février (jour de la « bataille des chameaux »).
L’un d’eux, vivant avec sa femme et ses deux enfants dans un bidonville du Caire,
est engagé pour participer à la contre-manifestation du 2 février, contre une somme
d’argent.
Parallèlement un autre homme raconte à un micro l’enfer qu’a été de cette journée
pour ceux qui ont manifesté contre Moubarak.
Fenêtre, réalisé par Ahmad Abdalla
Le film raconte l’histoire d’un jeune homme, enfermé dans sa chambre, qui ne participe
pas à la révolution mais la suit sur son ordinateur. De sa fenêtre, il passe son temps à
observer sa jeune voisine, qui tous les jours part manifester.
Interior/ Exterior, réalisé par Yousry Nasrallah
Au lendemain de la « Bataille des Chameaux », un ménage bourgeois, Mona et Mustapha, se déchire sur la conduite à tenir. Mustapha veut resté terré à leur domicile, tandis
que Mona veut aller manifester place Tahrir. Ils se retrouvent finalement tous les deux
dans la manifestation.
Ashraf Seberto, réalisé par Ahmed Alaa
A proximité de la place Tahrir, le salon d’un coiffeur se transforme en hôpital qui accueille les manifestants blessés. Alors qu’il est en butte aux reproches de sa femme
(qui lui reproche de ne pas gagner d’argent et décide d’aller vivre à nouveau chez ses
parents), Ashraf Seberto se transforme peu à peu en héros de la révolution.
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
Cadre pédagogique
Depuis la mi-décembre 2010 et le mouvement déclenché en Tunisie par l’immolation de Mohamed Bouazi, le monde arabe vit des transformations historiques
qui n’en finissent pas de s’étendre et de faire vaciller les régimes en place : Tunisie, Égypte, Lybie, Syrie…
Ce « printemps arabe » qui a fait pendant de nombreux mois la une des journaux et des actualités télévisées n’a pas manqué d’interpeller nos élèves, fortement
en demande d’explications, de repères, et de discussions pour saisir la portée de ces bouleversements.
Film collectif de 10 courts-métrages dédiés à la « révolution égyptienne », du 25 janvier au 11 février, signés par 10 réalisateurs différents (Sherif Arafa, Yousry
Nasrallah, Mariam Abou Ouf, Marwan Hamed, Mohamed Aly, Kamla Abou Zikri, Sherif El Bendari, Khaled Marei, Ahmad Abdallah et Ahmad Alaa) et tournés
dans le sillage des événements, 18 jours est l’occasion d’aborder cette actualité avec les élèves et de leur donner quelques clés de compréhension.
Sous la forme, très accessible, de la fiction, il livre en effet un passionnant témoignage « à chaud » sur le « printemps égyptien ».
Dans le cadre des programmes du collège et du lycée, c’est principalement en
Éducation civique-ECJS, en classe de troisième et en classe de première, que le
film 18 jours peut être utilisé.
Les programmes portent certes sur la France, mais à la faveur de l’actualité récente,
l’exemple égyptien peut être utilisé comme étude de cas pour mener une réflexion sur
la notion même d’engagement civique, politique ou social.
> En classe de 3e :
« la citoyenneté politique et sociale : les acteurs et le citoyen dans la vie sociale ».
> En classe de 1ère :
« L’analyse d’un fait d’actualité, comme le déroulement d’un débat politique, d’un
conflit social, d’une mobilisation citoyenne avec leurs enjeux, leurs acteurs et les
formes d’action qu’ils suscitent. »
Notions : démocratie, média, citoyen, engagement politique et social
7 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
I. Le déroulement de la révolution
A/ Le temps de la révolution
1/ Pour reconstituer le déroulement des événements pendant ces 18 jours, vous remplirez le tableau suivant :
Jour
Chapitre
Événement
25 janvier 2011
Rétention [1], Créature de Dieu [2],
Ashraf Seberto [10]
« La Journée de la colère » :
28 janvier 2011
Rétention [1], 19-19 [3]
Fenêtre [8]
« Le Vendredi de la colère » :
1er février
Ashraf Seberto [10]
2 février
# Tahrir 2.2 [7]
Jeudi 10 février
Rétention [1]
Ashraf Seberto [10]
Vendredi 11
février
Couvre-feu [5]
Rétention [1], Ashraf Seberto [10]
8 Dossier pédagogique
« La bataille des chameaux » :
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
2/ A quoi voit-on que le pouvoir en place ne maîtrise plus les événements ?
Vous pouvez vous servir des films Couvre-feu [5] ou de Interior / Exterior [9].
5/ À quel moment la révolution s’inscrit-elle dans l’actualité (document 2) ?
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3/ A quel moment voit-on que le régime d’Hosni Moubarak a basculé ?
Vous pouvez vous servir de Couvre-feu [5] ou de Fenêtre [8].
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4/ Dans quel contexte historique cette révolution intervient-elle (document 1) ?
Pourquoi un personnage de Rétention [1] dit-il que « l’histoire se répète » ?
Servez-vous de la chronologie.
Vous justifierez également le titre du chapitre 19-19 [3].
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9 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
B/ Les lieux de la révolution
1/ Dans quelles villes ont lieu les manifestations, d’après les informations
contenues dans les courts-métrages ?
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2/ Comment s’appelle la place qui a rassemblé les manifestants au Caire (document 3). Dans quel chapitre cette place est-elle filmée ? Quel rôle joue-t-elle
dans la révolution ?
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10 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
II. Les acteurs de la révolution
Les courts-métrages mettent l’accent sur les individus qui sont pris dans l’Histoire et la révolution. Ce ne sont pas des leaders révolutionnaires ou des acteurs de
premier plan qui font l’objet des histoires.
Remplissez le tableau suivant sur les acteurs des courts-métrages et leur rôle dans la révolution :
Personnage
Créature de Dieu [2],
une jeune fille
19-19 [3], un détenu
torturé
Quand le déluge survient [4], deux jeunes
hommes et un vieux
monsieur
Tahrir 2.2 [7], un père
de famille au chômage
Fenêtre [8], un jeune
homme et une jeune
fille
Interior / Exterior [9],
Mona et son mari
Ashraf Seberto [10],
coiffeur
11 Dossier pédagogique
Statut social
Quel rôle joue-t-il dans la révolution ?
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
A/ Le rôle des jeunes
B/ Le rôle des femmes
1/ Quel est le profil de ceux qui participent activement aux manifestations ?
Vous pouvez vous servir plus précisément du film Rétention quand les manifestations sont commentées par les internés et les documents 3 et 4.
3/ Quelles femmes participent aux manifestations ?
Vous vous servirez des courts métrages suivants : Créature de Dieu [2] ;
Fenêtre [8] ; Interior / Exterior [9].
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2/ Comment expliquer d’après le document 4 l’importance de cette jeunesse
dans la société égyptienne et son rôle nouveau ?
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12 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
C/ L’engagement des citoyens ordinaires
D/ Les réalisateurs des films
4/ Quelle évolution peut-on noter au fur et à mesure des événements dans la
participation des personnes ?
Vous pouvez vous servir des courts-métrages suivants : Quand le déluge survient [4] et Interior / Exterior [9] ainsi que du document 3.
5/ D’après le document 5, qui sont les réalisateurs de ces courts-métrages ?
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6/ Quel est leur rôle dans le mouvement ?
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NB : En amont des courts-métrages, l’enseignant peut travailler sur les autres
organisations qui ont joué un rôle dans la mobilisation, notamment les syndicats qui ont appelé à la grève générale, mais aussi sur le fait que tous les partis
d’opposition se sont rassemblés dans ce mouvement.
13 Dossier pédagogique
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ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
III Les causes de la révolution et de sa rapide propagation
A/ L’Égypte, un régime dictatorial
1/ Expliquez le sens des éléments qui composent l’affiche du film (document 6). 4/ Quelles personnes ont été la cible de ce régime dictatorial d’après le film
Rétention [1] ?
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2/ Dans les manifestations, les drapeaux jouent un rôle important. Lequel en
particulier ?
Vous pouvez vous servir du chapitre Quand le déluge survient [4].
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B/ Les valeurs pour lesquelles se battent les manifestants
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1/ Relevez dans les différents films les différents slogans scandés par les manifestants.
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3/ D’après les courts-métrages 19-19 [3] et Rétention [1], décrivez le régime
politique d’Hosni Moubarak avant sa chute ?
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2/ Pour quoi manifestent-ils ? Vous pouvez utiliser le document 9.
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14 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
C/ La crise économique et sociale
D/ Le rôle des médias dans la révolution
1/ Décrivez les conditions de vie des personnages principaux des courts-métrages suivants : Créature de Dieu [2], Quand le déluge survient [4], Tahrir 2.2 [7],
Ashraf Seberto [10]. De quoi vivent-ils ? Vous pouvez également vous servir des
documents 7 et 8.
1/ Quel rôle joue la télévision dans les courts-métrages ?
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2/ Quels outils permettent à la révolution de se propager ?
Vous pouvez utiliser le film Fenêtre [8] et le document 4 ?
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2/ Quelle contradiction constatez-vous entre la situation de ces personnages et
les informations du document 8 ?
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3/ Comment le régime tente d’enrayer les manifestations et donc la révolution
dans Fenêtre [8] ? De quoi est accusé le prisonnier de 19-19 [3] ?
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3/ Comment s’exprime au quotidien la frustation du peuple égyptien ?
Vous pouvez utiliser le film Ashraf Seberto [10] ?
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4/ Quelle notion est ainsi mise en avant pour expliquer la diffusion de cette révolution ? Vous vous servirez du document 9.
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15 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
Conclusion
1/ Montrez que la révolte dépeinte dans les courts-métrages n’est pas une
révolution d’origine politique.
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4/ En quoi le mouvement égyptien a joué un rôle primordial dans le mouvement
du « printemps arabe » ?
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2/ Les réalisateurs de 18 jours parlent de révolution à propos du mouvement
enclenché en Égypte à partir du 25 janvier. Pourquoi selon vous le terme de
« révolution » est discutable ?
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3/ Comment la violence de cette révolution est montrée dans les courts-métrages ?
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16 Dossier pédagogique
5/ Pourquoi peut-on considérer que la révolution n’est pas terminée ? Quelle est
la situation de l’Égypte aujourd’hui ? Vous pouvez utiliser le document 11.
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ÉDUCATION CIVIQUE
documents d’accompagnement
Document 1 – Chronologie succincte de l’histoire de l’Égypte
19191922
Soulèvement nationaliste en Égypte qui réclame un gouvernement
constitutionnel parlementaire
1923
La constitution égyptienne est promulguée. Le royaume est officiellement indépendant, mais il reste de fait sous la domination britannique.
1952
Le roi Farouk est renversé par un coup d’État militaire des « officiers
libres » dirigés par Gamal Abdel Nasser. Le pays s’affranchit de la
domination britannique.
1953
La république est proclamée par les officiers
1956
Nationalisation du canal de Suez. Nasser s’affirme comme le leader
du Tiers-Monde
1970
A sa mort, Nasser est remplacé par Anouar El Sadate, officier, qui
crée le Parti national démocratique.
1977
Violentes émeutes dites du pain, réprimées brutalement.
1981
Assassinat de Sadate par des militaires islamistes. Le vice-président
Hosni Moubarak lui succède. Il proclame la loi d’urgence.
Elle sera maintenue jusqu’à aujourd’hui.
2005
« Kefaya », mouvement d’opposition au gouvernement de Moubarak.
17 Dossier pédagogique
Document 2 – Carte du « printemps arabe
Source :
ÉDUCATION CIVIQUE
documents d’accompagnement
Document 3 – « Le tambour de la place Tahrir »
Document 4 – « Des tweets comme des pavés »
C’est, depuis deux semaines, le coeur battant de la contestation. La place Tahrir, au
centre du Caire, là où ont convergé encore mardi plus d’un million de manifestants
selon des sources indépendantes. Pourtant, nulle bousculade, pas d’altercations dans
cette foule dense qui reflète désormais toute la société égyptienne, alors que, au début, les manifestants étaient majoritairement des jeunes de la classe moyenne. De tout
âge, de tout milieu social, paysan venu exprès d’Assouan ou jeune banquier cairote,
jeune femme en niqab ou cheveux au vent, copte ou musulman, on crie les slogans les
plus divers, avec une préférence pour, simplement, « Moubarak dégage ». Son effigie,
souvent en boucher, apparaît sur la plupart des affiches improvisées à partir de draps
de lit, plaques de polystyrène, cartons. On y réclame, en arabe mais aussi en anglais,
plus souvent la liberté ou la dignité que du pain...
On est venu en famille, les affrontements avec des nervis du régime ayant cessé.
Pour accéder à cette place grande comme trois fois celle de la Concorde il faut se
faufiler entre les automitrailleuses et passer deux ou trois contrôles, assortis parfois
d’une fouille, de l’armée et des organisateurs, en brandissant sa carte d’identité afin
de prouver qu’on n’est pas un provocateur. Puis, photo-téléphone brandi au-dessus de
la tête, chacun déambule dans cette kermesse sans leader ni vrai discours politique,
parsemée de stands en haut desquels des chefs improvisés lancent au mégaphone
des slogans, que la foule reprend ou pas suivant son inspiration.
[…] Un peuple uni aux côtés d’une armée « qui n’a jamais tué ou torturé personne à
l’inverse de la police », unanimement haïe. Les photos des huit manifestants tués lors
des affrontements jeudi dernier, lancés, croit-on savoir, par des policiers en civil ou des
voyous payés 5.000 livres (600 euros, l’équivalent de six mois de salaire moyen) par
de mystérieux hommes d’affaires, ornent les abords des « hôpitaux de campagne »,
en fait de sommaires dispensaires où sont soignés les blessés des combats et, désormais, les malaises. Nombre de manifestants se disant neutres politiquement avouent
avoir basculé à la vue de ces affrontements. Certains ont fait voeu de ne pas partir
avant Moubarak ; ils campent depuis plus de dix jours, dans des conditions épouvantables, sous des abris de fortune. […]
La place vibre ainsi, jour et nuit, indifférente au couvre-feu qui suspend la vie ailleurs
à 20 heures. Elle constitue une sorte de territoire autonome, où chacun peut nourrir
l’illusion de se battre pour le même futur que son voisin. […] ».
« Merci Facebook ! » Griffonnée par un manifestant sur un mur du centre de Tunis
parmi d’autres slogans appelant à la démocratie et à la liberté pour la Tunisie, cette
inscription a priori incongrue illustre bien, en mode graf, le rôle joué par le réseau social dans les révoltes du « printemps arabe ». Entre eux d’ailleurs, dès les premiers
jours du mouvement, les jeunes mobilisés ne parlaient pas de « révolution du jasmin »
mais de « révolution Facebook ».
Du Maghreb au Yémen en passant par l’Egypte et la Syrie, la vague de rébellion a été
portée par le Web et le téléphone mobile via Facebook et Twitter. Avides de démocratie, les citoyens de ces pays, privés de liberté d’expression avec une presse écrite et
des médias audiovisuels aux ordres, se sont appuyés sur ces réseaux sociaux qui se
jouent autant de la censure que des frontières pour organiser la révolte à travers des
échanges d’informations et de vidéos, et contraindre le pouvoir à céder du terrain.
[…] La cybermobilisation qui secoue depuis plusieurs mois le monde arabe se révèle
d’autant plus efficace qu’elle concerne des nations où la jeunesse - plus éduquée et
connectée que les aînés - est nombreuse (les 15-24 ans représentent 20,5 % de la
population en Algérie, 19,3 % en Tunisie, 20,5 % en Syrie, 20,2 % en Egypte, pour
12,2 % en France) et la part des sans-emploi importante chez les 15-29 ans (37 % en
Algérie et en Egypte, 26 % en Tunisie, 32 % en Syrie, pour 13,5 % en France, selon
des statistiques des Nations unies, de l’OCDE, du FMI et de l’Unesco publiées en juin
dans le « hors-série » du Monde Bilan géostratégie 2011).
Des jeunes gens pas forcément équipés de coûteux smartphones ou abonnés à Internet mais reliés au Web grâce à des cybercafés ou autres publinets où, pour l’équivalent de 50 centimes d’euro de l’heure, chacun peut se connecter à son compte
Facebook ou Twitter et dialoguer avec la terre entière. Des garçons et des filles qui ont
découvert sur la Toile la liberté d’expression et pour lesquels le muselage imposé par
des régimes autoritaires est devenu inacceptable.
[…] Signe des temps, lors de la manifestation qui a réuni des dizaines de milliers
d’Egyptiens place Tahrir vendredi 8 juillet comme lors des rassemblements qui ont précédé, davantage de téléphones mobiles étaient brandis à bout de bras par la foule que
de drapeaux ou de banderoles appelant au changement. Des téléphones qui, au-delà
du simple message de ralliement permis par Twitter et les 140 signes de son espace
de dialogue, relaient la mobilisation par échange de vidéos et de photos glissées en
liens et qui circulent ainsi aux quatre coins du pays et au-delà des frontières.
Source : Yves Bourdillon, « Le tambour de la place Tahrir », Les Échos, 10 février
2011
18 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
documents d’accompagnement
Tous les observateurs l’ont remarqué dès le début de la vague de contestation : de
Tunis au Caire, la même colère, les mêmes slogans, les mêmes attitudes ont été exprimés, les réseaux sociaux abattant les frontières entre les internautes militants. Les
Tunisiens, les premiers à donner une grande ampleur à leur protestation, ont très vite
transmis grâce au Web à leurs camarades d’autres nations en révolte des conseils
pour rendre leur mouvement plus efficace et se jouer des forces de l’ordre - « Restez
en petits groupes », « Evitez d’être reconnaissables » - et surtout de prendre le plus
de photos possible, qui seront autant de témoignages immédiats à destination des
citoyens du monde entier.
[…] Dès le début du mouvement, en Tunisie comme en Egypte, en Syrie ou au Yémen,
internautes et blogueurs ont été pourchassés, arrêtés, tués même parfois. Pour empêcher les manifestants de communiquer entre eux, les réseaux de téléphonie mobile
ont été momentanément interrompus, poussant les internautes à des stratégies de
contournement sur des espaces épargnés par la censure. […]
Si les réseaux sociaux continuent, par-delà les frontières des dictatures, de porter le
vent de la liberté, ils se révèlent néanmoins encore inaptes à construire l’avenir. Faute
de véritables leaders, de groupes vraiment organisés, les vieilles structures d’hier risquent fort de reprendre la main. En Egypte, Twitter et Facebook ont certes permis les
rassemblements de la place Tahrir qui ont conduit à la chute de Moubarak, mais la
transition vers un régime plus démocratique est assurée par l’armée […]. Les réseaux
sociaux se sont cependant révélés de formidables porte-voix et d’indispensables diffuseurs d’images. Désormais, tous les dirigeants devront compter avec eux.
Source : Sylvie Kerviel, « Des tweets comme des pavés », Le Monde, 17 juillet 2011.
Doc.5 – « 18 jours » de la révolution égyptienne au Festival de Cannes
[…] C’est une première au festival de Cannes : un pays est mis à l’honneur de cette
64e édition. La direction du festival salue ainsi le renversement de l’ancien président
Hosni Moubarak. Mais pas seulement. […]
L’oeuvre collective a été tournée dans l’urgence. Mais ces dix courts-métrages ne sont
pas des documentaires sur la révolution. Ce sont des pièces de fiction, évoquant chacun à sa manière ces 18 jours, du 25 janvier dernier au 11 février, où l’Egypte a changé
de tête et peut-être, car ce n’est pas encore consolidé, de régime.
Réalisés pour la
plupart par des cinéastes trentenaires, ces films mettent en avant le rôle des jeunes. Et
c’est aussi comme un passage de témoin cinématographique. Une façon de montrer
que la relève de Youssef Chahine, décédé il y a trois ans, est bien debout.
Extraits d’un article publié sur le site de RFI, le 19 mai 2011
http://www.rfi.fr/france/20110519-18-jours-revolution-egyptienne-festival-cannes
Le 18 mai, c’était la journée spéciale Egypte (le principe d’un pays invité est une
nouveauté qui sera renouvelée par le festival chaque année dorénavant), avec entre
autres la diffusion d’un film collectif, intitulé 18 jours, et composé de courts-métrages
de dix réalisateurs.
Le même jour, le Pavillon Cinémas du monde accueillait plusieurs cinéastes du monde
arabe (Egypte, Tunisie, mais également Maroc et Algérie) pour évoquer les conséquences du tsunami de ces deux révolutions sur leur métier. A l’invitation de la SRF
(Société des Réalisateurs de Films), née en mai 68 et très mobilisée sur le sujet, les
cinéastes ont engagé une vive discussion menée par le cinéaste égyptien Yousry Nasrallah. Chacun a rappelé la façon dont les réalisateurs ont accompagné le mouvement
dans leur pays : certains en filmant, d’autres en manifestant.
Comme le résume Yousry Nasrallah : « Ils protestaient et ils tournaient ». Non seulement des images documentaires mais aussi des fictions via des courts-métrages.
Sans budget, dans l’urgence, dix réalisateurs ont tourné 18 jours en se passant quelques caméras numériques légères.
« Le défi c’était deux jours de tournage maximum et des fictions courtes » raconte
Yousry Nasrallah. « Ce qui est intéressant, c’est que sans nous concerter, nous avons
fait quasiment tous des films qui traitent de l’enfermement : cette cohérence thématique est née d’un sentiment collectif. »
Extraits d’un article de Valérie Ganne publié sur le site de Afrik.com (http://www.afrik.
com/article22889.html)
19 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
documents d’accompagnement
Document 6 – Affiche du film 18 Jours
Document 7 – « L’Égypte, une économie aux pieds d’argile »
C’est la vitrine de l’Égypte. Le « Smart Village », au Caire,
regroupe les plus grands noms mondiaux des nouvelles
technologies. Microsoft, Oracle, Vodafone ou encore IBM
y font travailler 22 000 Égyptiens. Et le pays a exporté un
milliard de dollars en nouvelles technologies l’année dernière. Mais il ne s’agit, justement, que d’une devanture à
l’heure où les manifestants envahissent les rues des grandes villes.
L’arrière boutique égyptienne est moins attirante. Un peu
plus de 18% de la population vit avec moins de deux dollars par jour, contre environ 13% en Tunisie et 14% au Maroc, selon les chiffres de la Banque mondiale. Et encore,
cette proportion a baissé de 14% entre 2005 et 2008 grâce
au dynamisme de l’économie, estime l’institution. Ce chiffre global cache de grandes disparités régionales, rappelle
l’organisation internationale.
Culminant à 5,5% en 2010, la croissance est en effet
robuste, tirée par la construction et le développement des
télécommunications. Mais, avec 700.000 nouveaux entrants sur le marché du travail chaque année, c’est insuffisant pour faire baisser le chômage. Résultat, un tiers des
jeunes ne trouve pas d’emploi, selon les estimations de
BNP Paribas. […]
En Égypte, l’explication est notamment à chercher du côté
d’un système éducatif largement insuffisant. En 2003, 87%
des jeunes Égyptiens atteignaient le bac, mais seuls 32%
poursuivaient des études supérieures, selon la Banque
mondiale (contre 53% en France). Ces prochaines années, l’institut national de la statistique égyptien a calculé
qu’il faudra créer, chaque année durant 15 ans, 73 300
places supplémentaires en université. Et ce, seulement
pour stabiliser le taux de diplômés. […]
20 Dossier pédagogique
Seul débouché pour les exclus du marché du travail, l’économie souterraine a gagné du terrain, avec ses salaires de
misère et sa faible productivité. Elle représentait en 2006
plus de 60% des emplois. « En conséquence, le salaire
réel moyen a baissé constamment ces dernières années,
augmentant le nombre de travailleurs pauvres, surtout parmi les femmes », analyse l’Unica. Les chiffres officiels ne
traduisent déjà pas un niveau de vie reluisant. Le salaire
moyen hebdomadaire atteignait 252 livres égyptiennes (31
euros) en 2007, selon les derniers chiffres dont dispose le
Bureau international du travail (OIT).
Pour éviter à ces masses de travailleurs pauvres de sombrer dans la misère la plus noire, le gouvernement subventionne les prix de l’alimentaire et ceux du carburant.
Et pour cause: l’inflation oscille autour de 10%. Combien
de temps pourra-t-il mener cette politique ? Cette aide aux
ménages engloutit 30% du budget de l’État, selon les économistes de la banque Nomura. « Conjugué à la charge
des remboursements d’une dette publique s’élevant à plus
de 70% du PIB, c’est la moitié du budget qui se trouve bloqué par des dépenses incompressibles », souligne Pascal
Devaux, économiste chez BNP Paribas. […]
Extraits de Guillaume Guichard, « L’Égypte, une économie
aux pieds d’argile », Le Figaro, le 27 janvier 2011
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/01/27/0401620110127ARTFIG00619-l-egypte-une-economie-auxpieds-d-argile.php
ÉDUCATION CIVIQUE
documents d’accompagnement
Document 8 – L’Égypte en chiffres
Document 9 – « Printemps arabe » : l’Histoire n’a pas dit son dernier mot...
Population en millions d’habitants (2010)
82
Population du Caire en millions d’habitants (2010)
16
Taux d’accroissement démographique en % (2000-2009)
2,1
Taux de fécondité (enfants par femme)
2,8
PIB par habitant en $ (2010)
2771
Taux de croissance du PIB en % (1990-2009)
2,6
Taux de chômage en % (2009)
9,4
Taux de pauvreté en % (2008)
22
Taux d’alphabétisation en % (2009)
66
Taux d’alphabétisation des jeunes en % (15-24 ans)
85
Taux de scolarisation en % (école primaire)
94
Incontestablement, ce qui a rendu ce « printemps arabe » possible, c’est ce qu’il est
convenu d’appeler la mondialisation - qui n’est pas simplement un phénomène économique, mais qui est aussi et peut-être avant tout un phénomène culturel. Aujourd’hui,
les communications sont immédiates. Elles mettent en relation des sociétés, des régimes, voire des civilisations qui se trouvent à des moments différents de leurs évolutions respectives. […]
De nos jours, on constate, au contraire, ce phénomène inouï : les sociétés les plus «
arriérées » et les plus avancées sont en contact permanent, en particulier du fait des
migrations. Là est le vrai choc des civilisations, qui fait circuler les idées. Et l’Occident
a été une formidable vitrine. Cette vitrine a été le déclencheur des révolutions du bloc
communiste à la fin des années 1980, tout simplement parce qu’elle était là : les populations « passaient devant » et cette vision leur donnait des idées ! On assiste à la
même évolution pour le monde arabe qui, du fait des flux migratoires, des médias et
des moyens de communication, est en relation constante avec les pays occidentaux.
[…]
Ce qui prime, l’élément majeur qui domine tous les autres reste, bien sûr, la soif de
liberté. Cette aspiration est le fondement des révolutions arabes. Quant à la porosité
entre les sociétés - porosité renforcée par Internet et par des médias comme Al Jazeera, vous avez raison -, elle a rendu ces bouleversements possibles.
[…] Dans le monde arabe, aujourd’hui, la liberté est mise en avant. C’est stupéfiant,
car rien ne l’annonçait. Les thèses culturalistes soulignaient, à l’inverse, la spécificité
profonde des cultures, qui s’oppose à l’existence de valeurs communes, universelles.
Or on voit en ce moment que, comme je viens de le dire, au-dessus des civilisations
se trouve LA civilisation. […]
Extraits d’un entretien avec Jacques Julliard, revue Politique internationale, n°131 printemps 2011 (http://www.politiqueinternationale.com/)
21 Dossier pédagogique
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documents d’accompagnement
Document 10 – L’Égypte dans le « printemps arabe »
Document 11 – L’avenir de l’Égypte
« […] De la Tunisie au Yémen en passant par l’Égypte, Bahreïn ou la Syrie, l’uniformité
du mot d’ordre scandé par les manifestants – « le peuple veut faire tomber le régime »
en arabe classique – signale l’existence d’un rapport commun au politique au sein des
quatre sous-espaces – Maghreb, vallée du Nil, Machrek, péninsule Arabique – qui
composent le monde arabe. Une nouvelle géographie arabe de la contestation est
née.
Le « moment » égyptien a joué un rôle considérable dans l’émergence de cette nouvelle géographie, puisque c’est la duplication égyptienne du précédent tunisien qui a
donné à un événement qui aurait pu demeurer confiné à son foyer tunisien la dimension d’un séisme généralisé dont Le Caire est aujourd’hui l’épicentre et dont les amplitudes se manifestent en tous les points du Maghreb, du Machrek et de la péninsule
Arabique. Faire « chuter le régime », pour reprendre le slogan emblématique des manifestations arabes, ne vaut cependant pas adhésion claire à un programme politique
de substitution.
En Égypte, c’est dans la plus grande tension que se renégocient aujourd’hui les nouvelles alliances entre un régime en fragments et des espaces sociaux recomposés. Le
référendum de mars 2011 sur les amendements constitutionnels, approuvé par plus de
77% des suffrages exprimés, a scellé la réconciliation entre les Frères musulmans et le
Conseil suprême des forces armées. La décision prise, contre l’avis des représentants
libéraux de la « société civile », de différer la rédaction d’une nouvelle Constitution
après la tenue, en fin d’année, d’un scrutin parlementaire et présidentiel consacre un
rapport de forces défavorable pour ceux qui voulaient accélérer la mutation du régime
vers un ordre politique conforme aux canons de la démocratie libérale. »
On l’aura compris : les défis auxquels se trouvent confrontés les Égyptiens sont énormes, autant que les attentes. À ce stade, tout reste à faire pour transformer une révolte
en véritable changement, sans basculer dans le chaos. La principale raison d’espérer
tient certainement à la volonté manifeste de la population de prendre son destin en
main. Elle tient, aussi, au formidable moteur que constituent d’ores et déjà pour la
mémoire collective ces journées de sursaut populaire.
Extraits de Bernard Rougier, « Une nouvelle géographie arabe », Les Collections de
L’Histoire n°52, juillet-septembre 2011, p. 88-89.
22 Dossier pédagogique
Extraits de Sophie Pommier « L’Égypte entre coup d’État et révolution », revue Politique internationale, n°131, PRINTEMPS 2011
http://www.politiqueinternationale.com/
ÉDUCATION CIVIQUE
ressources complémentaires
Sitographie
Bibliographie
http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2011/revolarabe.aspx
(Un dossier du Café pédagogique sur « Les Révolutions arabes » en mars
2011)
GUIBAL Claude, SALAÜN Tangi, L’Égypte de Tahrir. Anatomie d’une révolution, Seuil, 2011.
http://www.curiosphere.tv/revoltes-monde-arabe/
Un dossier de Curiosphere.tv sur le « printemps arabe »
http://iremam.univ-provence.fr/
Le site de l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman commente l’actualité du monde arabe
http://www.ceri-sciencespo.com/cerifr/kiosque.php?do=2
Un dossier du CERI, Science po sur le « printemps arabe »
23 Dossier pédagogique
« D’où viennent les révolutions arabes ? 150 ans de combats politiques », Les
Collections de L’Histoire n°52, juillet-septembre 2011.
Revue Politique internationale, n°131, PRINTEMPS 2011
http://www.politiqueinternationale.com/
Alternatives internationales, « Un nouveau monde arabe », n°50, mars 2011.
A écouter également :
4 émissions diffusées du 7 février au 10 février 2011 « Modernités, libertés,
démocratie dans le monde arabe » présentées par Emmanuel Laurentin dans
La Fabrique de l’histoire sur France Culture
http://www.franceculture.com/emission-la-fabrique-de-l-histoire.html-0
ÉDUCATION CIVIQUE
ÉLÉMENTS DE CORRECTION
NB : Ceci n’est pas un corrigé exhaustif, mais quelques indications quant aux réponses attendues des élèves.
I. Le déroulement de la révolution
1/ Pour reconstituer le déroulement des événements pendant ces 18 jours, vous remplirez le tableau suivant :
Jour
Chapitre
Événement
25 janvier 2011
Rétention [1], Créature de Dieu [2],
Ashraf Seberto [10]
« La Journée de la colère » :
Le jour de la fête de la police premières manifestations demandant le départ du président Hosni Moubarak.
28 janvier 2011
Rétention [1], 19-19 [3]
Fenêtre [8]
« Le Vendredi de la colère » :
Manifestations
Le président Moubarak décrète le couvre-feu et appelle l’armée en renfort.
Il annonce la démission du gouvernement, la formation d’un nouveau cabinet et la
nomination d’un vice-président.
Coupure du téléphone et de l’internet.
1er février
Ashraf Seberto [10]
Discours de Moubarak : celui-ci annonce qu’il ne se représentera pas à la prochaine
présidentielle en septembre.
2 février
# Tahrir 2.2 [7]
« La bataille des chameaux »
Violente manifestation pro-Moubarak : armés de bâtons et de couteaux, les contre-révolutionnaires s’attaquent aux manifestants.
Jeudi 10 février
Rétention [1]
Ashraf Seberto [10]
Allocation de Moubarak à la télévision : il annonce une réforme constitutionnelle, mais
réitère son refus de quitter le pouvoir.
Manifestations violentes
Vendredi 11 février
Couvre-feu [5]
Rétention [1], Ashraf Seberto [10]
Fin de la révolution : l’armée sympathise avec les manifestants.
Annonce à la télévision, par le vice-président Omar Souleiman, de la décision d’Hosni
Moubarak de « renoncer à ses fonctions de président de la République » et de
« confier au Conseil militaire suprême les affaires publiques ».
24 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
ÉLÉMENTS DE CORRECTION
2/ A quoi voit-on que le pouvoir en place ne maîtrise plus les événements ?
Vous pouvez vous servir des films Couvre-feu [5] ou de Interior / Exterior [9].
Dans les quartiers, les gens constituent des milices (« comités populaires de
quartier ») pour surveiller certains quartiers qui sont la cible de pilleurs.
3/ À quel moment voit-on que le régime d’Hosni Moubarak a basculé ?
Vous pouvez vous servir de Couvre-feu [5] ou de Fenêtre [8].
Le 11 février, on aperçoit des manifestants dans les films qui sympathisent
avec l’armée qui a donc choisi de ne pas soutenir Hosni Moubarak. Il démissionne ce jour-là.
4/ Dans quel contexte historique cette révolution intervient-elle (document 1) ?
Pourquoi un personnage de Rétention [1] dit-il que « l’histoire se répète » ?
Servez-vous de la chronologie.
Vous justifierez également le titre du chapitre 19-19 [3].
Cette révolution intervient alors que le président Hosni Moubarak est au pouvoir depuis près de 30 ans. L’Égypte a déjà connu une révolution en 1919,
visant à établir une constitution, d’où le numéro du détenu dans le chapitre
19-19.
5/ À quel moment la révolution s’inscrit-elle dans l’actualité (document 2) ?
La révolution ne surgit pas en période électorale, par exemple, mais elle
s’inscrit dans un mouvement plus général qui touche les pays arabes (les
manifestations commencent en Égypte quand les différentes manifestations
en Tunisie sont parvenues à chasser le dirigeant tunisien Ben Ali, le 14 janvier).
25 Dossier pédagogique
B/ Les lieux de la révolution
1/ Dans quelles villes ont lieu les manifestations, d’après les informations
contenues dans les courts-métrages ?
C’est essentiellement dans la capitale du Caire que se déroulent les courtsmétrages ; seul Couvre-feu [5] se déroule à Suez.
Dans Fenêtre [8], le personnage lit un article sur Facebook évoquant les
manifestations à Alexandrie. Les manifestations durant les 18 jours se dérouleront dans les principales villes d’Égypte.
2/ Comment s’appelle la place qui a rassemblé les manifestants au Caire (document 3). Dans quel chapitre cette place est-elle filmée ? Quel rôle joue-t-elle
dans la révolution ?
La place Tahrir ou place de la libération, devenue le symbole du mouvement.
Dans les courts-métrages, les événements se déroulent souvent dans des
lieux adjacents à la place (la boutique du couturier de Révolution cookies
[6] ou le salon de coiffure d’Ashraf Seberto [10]).
Elle est filmée dans Interior / Exterior [9]. C’est là qu’ont eu lieu les principaux rassemblements pendant les 18 jours : les Égyptiens y ont installé des
tentes, l’ont entretenu (on les voit nettoyer la place), alors que l’accès à la
place était contrôlé (Mona doit montrer une carte d’identité à l’armée).
Cette place est devenue un symbole et dans d’autres pays arabes révoltés,
les manifestants ont appelé « place Tahrir » des places d’autres capitales
arabes.
ÉDUCATION CIVIQUE
ACTIVITÉS
II. Les acteurs de la révolution
A/ Le temps de la révolution
Les courts-métrages mettent l’accent sur les individus qui sont pris dans l’Histoire et la révolution. Ce ne sont pas des leaders révolutionnaires ou des acteurs de
premier plan qui font l’objet des histoires.
Remplissez le tableau suivant sur les acteurs des courts-métrages et leur rôle dans la révolution :
Personnage
Statut social
Quel rôle jouent-ils dans la révolution ?
Créature de Dieu [2],
une jeune fille
Milieu modeste, vendeuse de
thé à la sauvette
Se retrouve prise malgré elle dans une manifestation
19-19 [3],
un détenu torturé
Cadre dans une entreprise
Il a participé à une manifestation.
Quand le déluge survient [4], deux jeunes
hommes et un vieux
monsieur
Marginaux, milieu modeste
Vieux monsieur de milieu modeste
Sans opinion au départ, ils finissent par aller manifester et par vouloir le départ d’Hosni Moubarak
Tahrir 2.2 [7], un père
de famille au chômage
Milieu pauvre, vit dans des
conditions précaires
Engagé pour participer à une manifestation pro-Moubarak. Il subit la révolution sans y participer.
Fenêtre [8], un jeune
homme et une jeune
fille
Le jeune semble de milieu aisé :
il possède un ordinateur.
Le jeune homme se tient au courant mais ne participe pas physiquement aux manifestations
Interior / Exterior [9],
Mona et son mari
Milieu très aisé : ils ont un domestique à leur service
La jeune fille manifeste, fabrique des pancartes.
Mona souhaite manifester et finit par le faire, alors qu’au départ son mari était indifférent à la révolution.
Ashraf Seberto [10],
coiffeur
Classe moyenne : il a repris le
salon de son père et vit difficilement.
De façon fortuite, son salon de coiffure devient un hôpital où sont soignés les blessés de la place Tahrir.
Il devient ainsi un héros de la révolution.
26 Dossier pédagogique
ÉDUCATION CIVIQUE
ÉLÉMENTS DE CORRECTION
A/ Le rôle des jeunes
1/ Quel est le profil de ceux qui participent activement aux manifestations ?
Vous pouvez vous servir plus précisément du film Rétention quand les manifestations sont commentées par les internés et les documents 3 et 4.
Dans plusieurs épisodes il est évoqué la jeunesse des manifestants de la
place Tahrir. On a parlé à propose de ces 18 jours de « révolution de la jeunesse » pour évoquer le poids des jeunes dans le départ du mouvement.
Dans Rétention Quand les internés se demandent en regardant à la télévision les manifestations ce qui est en train de se passer le jeune s’exclame :
« ils sont moi » !
2/ Comment expliquer d’après le document 4 l’importance de cette jeunesse
dans la société égyptienne et son rôle nouveau ?
La jeunesse égyptienne représente une part importante de la population
totale (« Les 15-24 ans représentent 20,2% [de la population] en Égypte. »),
elle est « éduquée » (document 8 : 66% de la population est alphabétisée et
ce taux atteint 85% chez les jeunes de 15 à 24 ans). Enfin, elle est connectée
à l’internet et aux réseaux sociaux.
B/ Le rôle des femmes
3/ Quelles femmes participent aux manifestations ?
Vous vous servirez des courts métrages suivants : Créature de Dieu [2] ;
Fenêtre [8] ; Interior / Exterior [9].
La femme sort de l’espace domestique pour entrer dans l’espace politique en
devenant soit un martyr [2], soit une participante à la révolte [8, 9].
Mona (Interior / Exterior[9]) se sent libre en participant à cette révolution.
27 Dossier pédagogique
La participation des femes s’explique par les différentes transformations de la
société égyptienne, à la fois culturelles (rôle de l’instruction) mais aussi démographique (choix du conjoint, de la contraception : [9], [10]).
C/ L’engagement des citoyens ordinaires
4/ Quelle évolution peut-on noter au fur et à mesure des événements dans la
participation des personnes ?
Vous pouvez vous servir des courts-métrages suivants : Quand le déluge survient [4] et Interior / Exterior [9] ainsi que du document 3.
Le mouvement qui rassemble plutôt au départ la jeunesse finit par rassembler l’ensemble des Égyptiens ; dans Quand le déluge survient [4], une
personne âgée pro-Moubarak finit par rejoindre les manifestations à la fin du
mouvement. Si le mouvement est au départ populaire, des personnes plus
aisées comme Mona et son mari (Interior / Exterior [9]) finissent par rejoindre le mouvement.
D/ Les réalisateurs des films
5/ D’après le document 5, qui sont les réalisateurs de ces courts-métrages ?
Ce sont tous des cinéastes égyptiens, parmi lesquels deux femmes.
Ils ont la trentaine pour la plupart.
6/ Quel est leur rôle dans le mouvement ?
Ils ont « accompagné le mouvement dans leur pays : certains en filmant,
d’autres en manifestant ». Ils ont donc à leur manière participé la révolution.
ÉDUCATION CIVIQUE
ÉLÉMENTS DE CORRECTION
III Les causes de la révolution et de sa rapide propagation
A/ L’Égypte, un régime dictatorial
1/ Expliquez le sens des éléments qui composent l’affiche du film (document 6).
La main tenant le drapeau rappelle les manifestants.
Les 18 barres rappellent celles faites par un prisonnier sur le mur de sa cellule pour compter la durée de son séjour. Elles sont au nombre de 18 : les 18
jours qu’a duré la révolution.
On peut interpréter le rouge du fond comme une allusion aux victimes de la
répression, auxquelles les réalisateurs veulent aussi rendre hommage (cf les
courts-métrages Créature de Dieu [2] et 19-19 [3].
2/ Dans les manifestations, les drapeaux jouent un rôle important. Lequel en
particulier ?
Vous pouvez vous servir du chapitre Quand le déluge survient [4].
4/ Quelles personnes ont été la cible de ce régime dictatorial d’après le film
Rétention [1] ?
Dans Rétention [1], un certain nombre de personnes se retrouvent enfermées dans un hôpital psychiatrique. Parmi elles :
— un islamiste, accusé de « terrorisme »
— un journaliste, qui n’a pas relayé la propagande du pouvoir
— un professeur d’histoire qui s’est écarté de la vérité officielle…
B/ Les valeurs pour lesquelles se battent les manifestants
1/ Relevez dans les différents films les différents slogans scandés par les manifestants.
Importance de l’effigie du raïs Hosni Moubarak qui est caricaturée pendant
les manifestations. Celui-ci a été à la tête du régime pendant plus de 29 ans.
« Dégage » (ce terme a d’abord été utilisé par les Tunisiens, puis repris par
les Égyptiens), « Le peuple veut la chute du régime », « Liberté, liberté ».
3/ D’après les courts-métrages 19-19 [3] et Rétention [1], décrivez le régime
politique d’Hosni Moubarak avant sa chute ?
2/ Pour quoi manifestent-ils ? Vous pouvez utiliser le document 9.
Le film 19-19 [3] montre l’importance de la torture utilisée par les services de
police du régime, qui a fait taire les principaux opposants.
Un travail peut être mené à partir du film Rétention [1] qui met en scène le
manque de libertés :
— les personnes ont tous été internés de manière arbitraire et pour des
motifs qui n’ont rien à voir avec leur santé mentale
— la télévision est d’abord coupée
— la fenêtre fermée
.
28 Dossier pédagogique
Pour leurs libertés et donc la fin du régime d’Hosni Moubarak.
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ÉLÉMENTS DE CORRECTION
C/ La crise économique et sociale
D/ Le rôle des médias dans la révolution
1/ Décrivez les conditions de vie des personnages principaux des courts-métrages suivants : [2], [4], [7], [10]. De quoi vivent-ils ? Vous pouvez également
vous servir des documents 7 et 8.
1/ Quel rôle joue la télévision dans les courts-métrages ?
Dans de nombreux courts-métrages, on observe des personnes qui vivent de
petits boulots informels (une vendeuse de thé à la sauvette [2], deux marginaux qui tentent de gagner de l’argent en vendant des drapeaux [4]) ou qui
sont sans travail (l’homme qui accepte de manifester contre Moubarak [7]).
Ashraf n’a pas de travail en tant qu’avocat, du coup il est devenu coiffeur. Le
taux de chômage des jeunes est très important en Égypte (selon le CAPMAS,
l’organisme central des statistiques, 47% des 20-24 ans sont au chômage).
2/ Quelle contradiction constatez-vous entre la situation de ces personnages et
les informations du document 8 ?
L’Égypte a connu une réelle croissance économique, mais celle-ci n’est pas
équitablement redistribuée et cela a au contraire contribué à créer un fossé
dans la population entre les plus riches et les plus pauvres et cette croissance n’a surtout pas profité à la classe moyenne en créant des emplois qui
lui conviennent.
3/ Comment s’exprime au quotidien la frustation du peuple égyptien ?
Vous pouvez utiliser le film Ashraf Seberto [10] ?
Les individus vivent des situations intolérables liées à leurs conditions de
vie et celles-ci engendrent des frustations. Ainsi la femme d’Ashraf Seberto
reproche à son mari sa situation sociale (leur logement se délabre et il ne
gagne pas suffisamment d’argent en tant que coiffeur).
29 Dossier pédagogique
La télévision est omniprésente dans les films et joue souvent un rôle essentiel
dans la retransmission des événements, livrant des images souvent violentes
des manifestations, mais aussi des différents discours de Moubarak ou de
son vice-président, informant ainsi ceux qui ne participent pas à la révolution.
Elle retranscrit donc le déroulement de la révolte.
2/ Quels outils permettent à la révolution de se propager ?
Vous pouvez utiliser le film Fenêtre [8] et le document 4 ?
Dans Fenêtre [8], le jeune homme suit les événements par l’intermédiaire
de Facebook. Il est en permanence connecté. Les téléphones portables ont
aussi été utilisés : on les voit brandis dans les manifestations (par exemple
dans Création de Dieu [2]), ils ont permis de faire circuler sur le Net photos
et vidéos.
L’internet, Facebook et plus généralement les réseaux sociaux ont joué un
rôle important : ils ont contribué à diffuser des informations, à permettre
d’organiser des manifestations. Ils ont donc contribué à rendre possibles les
révolutions. 23 millions d’Égyptiens avaient accès à Internet sans être nécessairement équipés chez eux.
Même si l’on pourra souligner que dans 18 jours cela ne transparaît pas de
façon importante.
3/ Comment le régime tente d’enrayer les manifestations et donc la révolution
dans Fenêtre [8] ? De quoi est accusé le prisonnier de 19-19 [3] ?
Le 28 janvier le régime coupe les cellulaires et l’internet. Le prisonnier de 1919 [3] est accusé — entre autres — de surfer sur le net.
4/ Quelle notion est ainsi mise en avant pour expliquer la diffusion de cette révolution ? Vous vous servirez du document 9.
La propagation de la révolution a été rendue possible par la « mondialisation ».
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ÉLÉMENTS DE CORRECTION
Conclusion
1/Démontrez que la révolte dépeinte dans les courts-métrages n’est pas une
révolution d’origine politique.
4/ En quoi le mouvement égyptien a joué un rôle primordial dans le mouvement
du « printemps arabe » ?
La révolte montre un fort engagement des citoyens. Mais ce n’est pas une
révolution d’origine politique car les partis politiques n’y participent pas. Ainsi,
la seule force politique d’opposition importante, le parti islamiste des Frères
musulmans, n’a pas pris une grande part aux manifestations.
« Le moment égyptien a joué un rôle considérable dans l’émergence d’une
nouvelle géographie, puisque c’est la duplication égyptienne du précédent
égyptien qui a donné à un événement qui aurait pu demeurer confiné à
son foyer tunisien la dimension d’un séisme généralisé dont Le Caire est
aujourd’hui l’épicentre et dont les amplitudes se manifestent en tous les points
du Maghreb, du Machrek et de la péninsule Arabique. »
Bernard Rougier, « Une nouvelle géographie arabe », Les Collections de L’Histoire n°52, septembre 2011.
2/ Les réalisateurs de 18 jours parlent de « révolution » à propos du mouvement enclenché en Égypte à partir du 25 janvier. Pourquoi selon vous le terme
de « révolution » est discutable ?
Le terme de « révolution » (employé par de nombreux personnages des films,
ainsi dans Rétention) est discutable car une « révolution » aboutit en principe
à une transformation des institutions et à un réel changement politique.
Or si le régime d’Hosni Moubarak a chuté, l’avenir politique de l’Égypte reste
pour l’instant incertain ; l’armée au pouvoir n’a pas encore transformé le pays
en véritable démocratie.
3/ Comment la violence de cette révolution est montrée dans les courts-métrages ?
La violence de la répression apparaît lors des manifestations qui sont montrées
à la télévision ou dans le film Créature de dieu [2], mais aussi par les victimes du mouvement : leurs photos apparaissent placardées, notamment dans
Ashraf Seberto [10].
Les films veulent aussi rendre hommage aux victimes (il y aurait eu entre 1000
et 2000 morts dont 26 policiers).
14 Dossier
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Dossier pédagogique
pédagogique
5/ Pourquoi peut-on considérer que la révolution n’est pas terminée ? Quelle est
la situation de l’Égypte aujourd’hui ? Vous pouvez utiliser le document 11.
Un référendum en mars 2011 a eu lieu sur les amendements constitutionnels
qui ont été approuvés par plus de 77% des suffrages exprimés.
Mais une décision prise a été prise par l’armée au pouvoir contre l’avis des
représentants libéraux de la « société civile » de différer la rédaction d’une
nouvelle Constitution après la tenue, en fin d’année, d’un scrutin parlementaire et présidentiel.

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