Frissons au camp

Transcription

Frissons au camp
Vivre ensemble
Par Katia, permanente pédagogique
et Christophe, animateur fédéral
Frissons au camp ?
Partir au camp, c’est la grande aventure de l’année que l’on a bien préparée. Malgré tout,
c’est un saut vers l’inconnu qui n’est pas toujours évident, pour le staff comme pour les
scouts. Destination lointaine, activités nouvelles, nuit sous la tente ou premier départ
peuvent inquiéter et rendre le camp moins formidable qu’on l’aurait voulu.
Un cadre
pour chacun
Évitons de faire peur.
Organisons les activités à sensation en toute sécurité.
Aidons à apprivoiser la peur.
Parlons pour apaiser les émotions négatives.
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Qu’est-ce que la peur ?
La peur fait partie de ces émotions difficilement contrôlables. Lorsque nous sommes confrontés à une situation
qui fait peur, notre cerveau sécrète de l’adrénaline et
autres neurotransmetteurs. Le corps réagit alors de façon
plus ou moins intense, selon notre capacité à interagir avec
ces substances. Parfois stimulante, ou à l’inverse paralysante, la peur induit des réactions différentes selon les
individus.
De l’enfant à l’ado
Les facteurs héréditaires et l’environnement social sont des
composantes importantes du déclenchement et de l’intensité de la peur.
À la puberté, les bouleversements hormonaux peuvent également renforcer l’anxiété et intensifier la peur.
Certaines angoisses sont spécifiques à l’âge : les monstres
pour les tout-petits, le noir pour les enfants, le jugement des
autres du côté des ados.
Les ados aiment avoir peur
La peur procure aux ados de l’excitation et une euphorie
qui les stimulent. C’est aussi un moyen pour eux d’entrer
dans le monde des adultes en montrant de quoi ils sont capables. En grandissant, ils se découvrent de nouvelles capacités physiques et un besoin d’être reconnus par le groupe
qui les poussent à vivre des sensations fortes.
Il y a un côté très social dans la recherche de cette sensation, puisqu’ils la vivent souvent en groupe et apprécient la
reconnaissance de leurs capacités par les pairs.
Une animation qui fait peur ?
La plupart des scouts sont, entre autres, motivés par les
activités qui leur procurent des montées d’adrénaline.
Le camp, c'est le moment d'imaginer avec eux des animations qui procurent des sensations fortes, tout en
garantissant un cadre rassurant et sécurisant.
Ton rôle d’animateur est de veiller à ce que le jeune
sente qu’il se trouve dans un environnement où la situation est contrôlée, que le danger n’est pas réel, tout en
lui procurant une sensation de plaisir. Ton œil bienveillant permettra à chacun de se sentir bien.
J’ai moins peur quand
je sais ce qui m’attend
Pour un scout, partir 7, 10 ou 15 jours au camp sans
savoir ce que l’on va y vivre, c’est dur ! D’un autre côté,
en tant qu’animateur, on aime préparer des surprises
pour les scouts et se garder une marge de manœuvre
dans le programme des activités.
Alors, le sacro-saint-planning-secret du camp, on y
tient ! Mais tu l’auras bien compris : pour certains, un
peu plus de certitude et un peu moins de surprise, c’est
beaucoup plus rassurant… Au staff d’équilibrer le connu
et l’inconnu pour mettre tout le monde à l’aise !
Informer les scouts et les parents avant de partir,
réaliser un carnet de camp (lire en pages 16-17), définir le thème en cogestion ou concevoir des activités
ensemble à vivre au camp, permet de partir vers quelque
chose de familier et beaucoup plus rassurant.
Peur du soir, peur du noir
Un grand nombre d’enfants ont peur de la nuit. « Comment aller faire pipi la nuit ? » « C’est quoi ces bruits ? »
Pour les aider à apprivoiser la pénombre, les rassurer et
les mettre en confiance, aide-les à découvrir la nuit, par
des balades notamment. Tu peux aussi, par exemple,
installer des petites veilleuses dans le dortoir et sur le
chemin des toilettes.
Assure-toi aussi que les scouts sachent te trouver en
cas de besoin durant la nuit.
Aie confiance
Une relation de confiance aide le scout à avoir moins peur.
Apprendre à affronter ses craintes est une étape importante
de son développement. Par conséquent, tu joues un rôle
essentiel en l’aidant doucement et progressivement à combattre et vaincre ses peurs.
On ne doit pas négliger la peur et la passer sous silence car
elle est réelle pour celui qui la vit. Lorsque tu constates
qu’un scout a peur, prends le temps de l’écouter et de
le rassurer. Les mots ont le pouvoir d’affaiblir les émotions
négatives.
Effrayer davantage ne permet pas de combattre la peur. Au
contraire, le scout pourrait perdre confiance en toi, se sentir
ridicule et votre relation s’en trouverait entachée.
Les enfants aussi !
Très souvent, les enfants jouent à se faire peur. Cela leur
permet de mettre leurs craintes à l'épreuve et de tester des
réponses pour les dominer. Il ne s’agit pourtant pas, dans
l’animation, de confronter volontairement l’enfant à ses
peurs, mais de l’aider à les apprivoiser en lui apportant des
solutions.
Au camp, loin de ses parents, l’enfant compte sur toi pour
le sécuriser.
Chez les scouts, chaque animateur et intendant s’engage à
développer une animation centrée sur la confiance, le respect et la fraternité. Le premier article du Code qualité de
l’animation chez Les Scouts (« Développer une relation centrée
sur la confiance, le respect et la fraternité ») te rappelle cette
volonté de soigner la relation avec tes scouts.
Plus d’informations sur lesscouts.
be > Animer > Code qualité de
l’animation.
Plus d’infos dans
Balises
pour l’animation scoute
pp.240-241
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