Le désherbinage, une technique innovante
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Le désherbinage, une technique innovante
« Le désherbinage, une technique innovante » Auteur : Journal « L'Agriculture Drômoise » Date de parution : 30 juin 2016 Ce document est la propriété exclusive du Journal L'Agriculture Drômoise Reproduction interdite sans accord préalable. Grandes cultures ENTRETIEN DES CULTURES / Le désherbinage combine désherbage chimique localisé sur le rang et binage de l'inte-rang. Une demi-journée sur le terrain vient d'être consacrée à cette technique, avec démonstrations, retours d'expérience et échanges. Le désherbinage, une technique innovante D ébut juin, la chambre d'agriculture de la Drôme a organisé une matinée sur le désherbinage en culture de maïs. Cette rencontre s'inscrivait dans le cadre du programme d'action des captages prioritaires de la plaine de Valence (captages des Couleures et Tromparents). Une action portée par la régie Eau de Valence, dont le volet agricole est animé par Valence Romans Sud Rhône-Alpes (VRSRA). Via une convention avec cette communauté d'agglomération, la chambre d'agriculture assure une animation spécifique auprès des agriculteurs exploitant au sein des bassins d’alimentation des captages. Ceci, pour les conseiller dans la mise en place de pratiques compatibles avec la préservation de la ressource en eau. La matinée s'est articulée autour de démonstrations, du témoignage de deux agriculteurs et d'échanges, d'abord chez Christophe Ollat à Alixan, puis chez Philippe Gauthier à Montélier. 60 à 70 % d'herbicides en moins Le désherbinage est une technique innovante, a souligné François Dubocs, conseiller à la chambre d'agriculture. Elle associe les avantages du désherbage chimique localisé sur le rang et du binage. Son intérêt est de limiter l'usage d'herbicides (de l'ordre de 60 à 70 %), donc de réduire leur incidence sur le milieu naturel car ils sont susceptibles de se retrouver dans l'eau. Et c'est une économie financière importante. Mais il y a aussi des contraintes (voir encadré cicontre). « Depuis longtemps, je binais mes maïs et, en même temps, enfouissait l'engrais pour limiter les pertes par volatilisation, explique Christophe Ollat, qui cultive aujourd'hui 70 hectares de maïs. Un jour, je me suis dit : pourquoi ne pas en profiter pour traiter sur le rang et désherber mécaniquement l'inter-rang ? » Il a franchi le pas en 2011 en investissant dans une désherbineuse de la marque Carré (30 000 euros). Pour cette acquisition, il a bénéficié d'une aide à hauteur de 40 % dans le cadre du plan végétal pour l'environnement (PVE). Du trois voire quatre en un Le pulvérisateur est monté sur le relevage avant du tracteur et le semoir à engrais à l'arrière, sur le chassis de la bineuse. Le désherbage chimique est régulé par DPAE (régulation proportionnelle à l'avancement) et la bineuse La désherbineuse de Philippe Gauthier. Démonstration de désherbinage chez Christophe Ollat à Alixan. guidée avec des palpeurs. Au début, l'agriculteur pratiquait un seul passage d’herbicide, en post-levée. Mais, d'année en année, maîtriser les graminées est devenu de plus en plus compliqué. C'est pourquoi, depuis deux ans, il désherbe sur le rang au semis pour éliminer un maximum d'adventices. « C'est plus simple à gérer et plus efficace », fait-il remarquer. Un deuxième passage est réalisé autour du stade « sixsept feuilles » du maïs : rattrapage chimique avec un herbicide anti-dicotylédones de contact sur le rang, binage de l'inter-rang et premier apport d'urée. Un second binage est réalisé vers le stade dix feuilles du maïs avec le deuxième apport d’urée. La désherbineuse est en outre équipée pour semer des intercultures sous couvert du maïs. Il l'a fait certaines années, au deuxième binage, avec du trèfle ou du ray-grass et le refera peut-être cette campagne. L’implantation de ces couverts reste assez aléatoire. Du « fait maison » Philippe Gauthier, lui, est équipé d'une bineuse Carré huit rangs guidée par caméra avec incorporation de l'urée sur l'inter-rang (la trémie est placée à l'avant du tracteur). Un « bricolage fait maison » permet en plus, grâce à l'ajout de deux cuves sur la bineuse, d'apporter du zinc, un stimulateur de croissance ou un insecticide en localisé sur le rang. Annie Laurie DÉSHERBINAGE / Les atouts et contraintes Le désherbinage présente plusieurs intérêts. Il permet de réduire les doses d'herbicide appliquées et une meilleure efficacité sur les adventices (pulvérisation de précision). Le binage casse la croûte du sol et l'oxygène. En outre, combiner en un seul passage désherbage chimique, binage, épandage d'engrais, voire même le semis d'une interculture génère une économie de carburant. Par contre, la fenêtre d'utilisation de cette technique peut être étroite. Il faut pouvoir entrer au bon moment dans la parcelle. La bineuse requiert des conditions sèches, le désherbage chimique une bonne hygrométrie de l'air et l'absence de vent. Il faut donc trouver le meilleur compromis. Cela n'est pas toujours évident, notamment les années comme 2016 où il pleut assez régulièrement. Et pendant que le sol ressuie, les adventices se développent. L’organisation des chantiers est aussi plus complexe puisqu’il faut gérer simultanément l’herbicide et l’urée. Le désherbinage présente plusieurs intérêts. Mais la fenêtre d'utilisation de cette technique peut être étroite.