Journée de Patrimoine du 21 septembre 2008 Jean
Transcription
Journée de Patrimoine du 21 septembre 2008 Jean
Journée de Patrimoine du 21 septembre 2008 Jean-Claude CHAUFFOURIER La Poste aux Chevaux à St Jean lès Deux Jumeaux Les routes Comme on le voit sur cette ancienne carte, avant le percement de la route royale N°3 (la RN3), la route reliant Trilport à St Jean passait par le carrefour du chêne au roy puis longeait la Marne vers la Ferté en passant par la Rue d’en bas (P. et M. Curie, rue des vallées) Le percement de la Route royale N°3, aura lieu sous Louis XV et donnera sa physionomie contemporaine à notre village (voir ci-dessous carte de l’atlas de Trudaine) Un peu d’histoire Les Postes : Les Postes furent organisées à partir du XVème siècle par un édit de Louis XI fait à Luxies le 19 juin 1464. Des dépôts de 4 ou 5 chevaux aptes à la course et gouvernés par un maître des "chevaux-courants au service du Roy" furent établis, de 4 lieues en 4 lieues sur tous les grands chemins du royaume. Ces chevaux servaient aux courriers officiels, mais les bourgeois eurent liberté de s'en servir moyennant 10 sols par poste de 4 lieues. Ce système ne paraît avoir subi aucune modification jusqu'en 1550, date à laquelle la Poste Royale put fournir aux voitures particulières les attelages nécessaires, moyennant 20 sols par cheval et par 4 lieues ce qui représente environ 25 € de notre monnaie actuelle. Avant 1673, les maîtres de poste achetaient leur charge. Après 1692, ils furent nommés directement par le roi, de sorte que le service des relais et voitures publiques devint en pratique un monopole d'État. Chacun conservait en théorie le droit de monter une entreprise de transport, mais celle-ci était presque immédiatement absorbée par la Ferme Royale qui faisait de l'entrepreneur un fonctionnaire toujours révocable. La situation du maître de poste était d'ailleurs enviable. Il percevait un traitement de 180 livres par an (2130€ d'aujourd'hui) mais les bénéfices secondaires étaient considérables. Le maître de poste était logé dans la maison de poste, toujours vaste et ordinairement aménagée en hôtellerie. Le maître de poste était exonéré du paiement des tailles, d'impôts pour les terres qu'il possédait, exempt de tutelle, de curatelle et de guet et, enfin, non obligé de loger les soldats en déplacement ou en campagne, c'est-à-dire non astreint de leur ouvrir sa cave aux vins. A la fin du XVIIIème siècle, il existait en France 1.200 relais de poste, au long des 9.500 km de routes alors desservies par les voitures publiques. La plupart de ces relais existent encore La chaise de poste : Sous Louis XIII on utilisait les Coches de terre, grandes charrettes bâchées sans ressort ni suspension, où les voyageurs s'asseyaient sur des banquettes suspendues à des ridelles de façon à amortir les chocs. Sous Louis XIV on mit en service des chaises de Poste, sortes de chaises suspendues par de grandes courroies au-dessus du train de roues. L'accident fréquent restait le bris du train de roues. Tel quel le progrès était néanmoins considérable. Malheureusement l'état des routes ne permettait aucune vitesse soutenue malgré la fréquence des relais, doublés depuis le XV° siècle et espacés maintenant de 2 lieues seulement. Sauf exception, on ne franchissait par jour qu'une étape de 30 km , souvent beaucoup moins. Aux environs de Paris seulement, les routes mieux entretenues permettaient des journées de 75 à 80 km. Une chaise de poste se louait, par relais de 2 lieues, 50 sous plus 25 sous par cheval de brancard et 20 sous par cheval de volée. Comme il fallait atteler en terrain plat 2 chevaux et en montée 3, cela représentait pour 8 km une dépense de 100 à 120 sous, soit une valeur actuelle de 11€. Lorsque la chaise de poste était louée par les 6 personnes qui pouvaient y prendre place, le tarif moyen était de 1.65€ par tête et par lieue de poste. Sous Louis XI, le trajet "Paris Rouen" à cheval coûtait 78€ d'aujourd'hui ; sous Louis XIV, en voiture, le même voyage ne coûtait que 28€, à condition d'être 6. La diligence : Vers 1760, les diligences apparurent sous leur forme définitive, voitures monumentales transportant 16 voyageurs et compartimentées : - à l'avant, le coupé avec 3 places de luxe et permettant de voir l'attelage et la route, - au centre, l'intérieur comportant 2 banquettes de 3 places chacune se faisant vis-à-vis, - à l'arrière, la rotonde où l'on pénétrait par le "cul" de la voiture et qui avait 2 places, - enfin l'impériale avec 3 places encore en plein vent - mais moins chères aussi sur la partie antérieure du toit. Dès le début des diligences, on prit la coutume pour monter les côtes, de faire descendre les voyageurs afin de soulager l'équipage. Quand la montée était trop rude, les voyageurs étaient même priés de pousser aux roues (sauf pour ceux des 1ères classes). La malle-poste : A partir de 1793 on mit en service, à côté des diligences massives les mallesposte, moyen de transport plus rapide. Elles ressemblaient aux "paniers à salade" de la police : vaste caisse rectangulaire, géométrique, en fer, posé très bas à 45 cm du sol, sur des roues de moyen diamètre, et pourvue seulement sur le toit d'un léger cabriolet pour le conducteur. A l'intérieur, il y avait une cabine pour les sacs postaux et un coupé de 3 places pour la location aux particuliers, mais seulement pour les longues distances. Ces malles circulaient grand train, à 4 chevaux et brûlaient les pavés avec un bruit de tonnerre qui s'entendait de loin. Le Carabas : Une 3ème sorte de voiture publique - le carabas - desservait dès le début du XVIII° siècle la banlieue des villes importantes. C'était une caisse ordinaire de carrosse, à portières latérales, prolongée à l'avant et à l'arrière par de vastes cages d'osier tressé. On entassait là-dedans les gens tandis que leurs colis s'amoncelaient sur le toit. Ces carabbas partaient à heure fixe et arrivaient à destination à heure variable, selon l'état des chemins et le poids du chargement. Les berlines : Enfin les gens très riches qui aimaient se déplacer possédaient leur propre berline de voyage et se bornaient à demander des attelages aux relais de poste. Ces berlines variaient beaucoup de forme et de structure. Quelques chiffres : En 1790, la vitesse atteinte par une diligence était d'environ 12 km/heure. Le trajet de : Paris-Lyon durait 5 jours, Paris-Liège accéléré, 3 jours, Paris-Marseille, 9 jours, Paris-Strasbourg, 6 jours, Cette lenteur n'était d'ailleurs pas due exclusivement au poids de la voiture ni même au mauvais état habituel du pavé. Les voyageurs aimaient leurs aises : ils s'attardaient outre mesure au dessert et prétendaient ne pas rouler de nuit. On n'accepta les trajets nocturnes qu'aux environs de 1820. Quant aux berlines privées, leur vitesse pouvait être presque nulle, comme elle pouvait en d'autres cas être considérable. En 1856, il existait encore 1.804 postes aux chevaux avec 2.245 diligences en service. Les 8 dernières ne furent vendues comme ferraille qu'en 1853 à Brest. Au lendemain de la première guerre mondiale, des diligences du type classique roulaient encore çà et là dans des cantons isolés. Le relais de Poste de Saint Jean Construit après le percement de la Route Royale N3 c'est-à-dire sous Louis XV, c’est un superbe et vaste bâtiment de style Louis XIV, avec une porte cochère, cour centrale pavée, avec les écuries et les cuisines au rez-de-chaussée, et audessus, les chambres où on logeait "à pied et à cheval". Tenu d’abord par la famille Gibert, il passa par mariage dans la famille Tronchon, deux familles formant de véritables dynasties de fermiers laboureur que l’on retrouve dans toute l’Ile de France. Ces gens étaient receveurs fiscaux, seigneurs pour certains, maréchaux ferrants pour d’autres, souvent vignerons et bien sûr maîtres de poste. Ainsi, en 1900 sur les 7 grandes fermes de Saint Jean, 3 appartiennent à la famille Tronchon : Saint-Jean-de-la Poste, fermier Robcy, les Aigrefoins, fermier Mariette et Saint-Jean-le-château exploité d’abord par Thévenin puis par Tronchon lui-même. Bernard Tronchon, né en 1856, fils de Stanislas Tronchon et de Aline Virginie Gibert a été maire de Saint-Jean en 1890, mort pour la France le 21 juillet 1916 à L'Ilot-d'Estrées, Estrées-Deniécourt, Somme à l’âge de 60 ans. Le relais de poste de Saint-Jean vit passer Napoléon de retour de Russie. L’empereur brisa sa calèche à l’entrée de Saint Jean et dans l’impossibilité de réparer, réquisitionna la malle-poste et les chevaux du relais. La calèche de Napoléon fut visible jusqu’à la dernière guerre pendant laquelle elle a disparu. Elle fut un but d’excursion pour les enfants de l’école communale guidés par MM Rousseau et Germain