Allocution Laurent Coste samedi 13.9.14[1]

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Allocution Laurent Coste samedi 13.9.14[1]
 67e FETE DU PEUPLE JURASSIEN (12, 13 et 14 septembre 2014) – DELEMONT Réception officielle – samedi 13 septembre 2014 Allocution de M. Laurent Coste, président du MAJ Mesdames et Messieurs, chers amis jurassiens, Notre secrétaire général ayant déjà salué les personnes présentes en leurs titres et fonctions, permettez-­‐moi cette salutation plus sommaire, mais très sincère, lorsque je vous dis "chers amis jurassiens". Et pour être plus précis, je devrais dire « chers amis jurassiens et chers amis du Jura ». En effet, nous avons le plaisir et l'honneur d'accueillir cette année une délégation qui nous vient du Val d'Aoste. Chers amis valdôtains, soyez les bienvenus. Nous nous réjouissons beaucoup de passer avec vous ces deux journées de la Fête du peuple, et nous attendons avec impatience le concert de la fanfare de Pont-­‐Saint-­‐Martin ce soir sous le chapiteau de la fête. Votre participation illustre la solidarité et l'amitié qui existent entre les peuples qui partagent une même langue, et surtout une même volonté de défendre leur identité. Au nombre de ces peuples, il y a bien entendu le peuple écossais qui a lié son destin à celui de l'Angleterre en 1707, il y a donc 307 ans de cela, et qui désire aujourd’hui suivre sa voie. Tous les regards sont tournés vers l'Écosse et les Ecossais. Nous saurons bientôt s’ils décident de prendre leur destin en main. Car c'est bien cela le moteur, c'est bien cela qui pousse les peuples à s'engager pour l'indépendance : prendre son destin en main. Ne plus dépendre de décisions prises par des gens qui majoritairement ne partagent pas votre culture, vos aspirations, et qui bien souvent vous regardent de haut sans pouvoir dissimuler un certain mépris. Entre le scrutin du 23 juin 1974, celui du 24 novembre 2013 et celui de ce week-­‐end en Écosse, il y a bien entendu des similitudes. Chez les partisans du non, ce sont toujours les mêmes craintes et le même discours destiné à effrayer ceux qui seraient tentés de dire « oui ». Nous sommes trop petits pour former un État. Nous ne bénéficierons plus des mêmes aides. Nous n'aurons pas les moyens de conduire une politique de la santé. Que vont devenir nos entreprises ? Nous concourrons à l’atomisation de notre environnement politique. Le paradoxe pour l’Ecosse est qu’on lui reprochera d’affaiblir l’Europe au même moment où l’Angleterre l’a prise en grippe ou la déteste. En Suisse, on continuera de nous jeter à la figure les théories de regroupement de cantons et de taille critique, comme si la Confédération souffrait aujourd’hui de sa diversité cantonale ! Etc, etc… Il est facile de faire peur. L'être humain n'aime pas l'inconnu. Nous sommes toujours craintifs à l'idée d'ouvrir une porte lorsque nous ne savons pas ce qui se cache derrière. Et pourtant, en 1974 le peuple jurassien a montré qu'il avait cet esprit d'entreprise, cette foi en l'avenir, cette confiance en lui, qui lui ont permis de devenir un état souverain au sein de la Confédération helvétique. La deuxième constante que l'on retrouve dans ces scrutins, ce sont les promesses faites par l'État dominant. Tout à coup, tout devient possible. « Ne partez pas ! Nous allons vous donner ceci est encore cela ». Cette générosité a toutefois des limites, et le canton de Berne a fait très fort en inventant le concept de « statu quo plus ». Le statu quo plus, c'est le statu quo, sans plus. Les choses ne seront pas simplement comme avant, elles seront confortées dans cet « avant » que le pouvoir bernois présente comme un « après » de lumière et de régénération. C'est comme la lessive qui lavait blanc et qui maintenant lave plus blanc que blanc. En termes de générosité, les Bernois se comportent un peu en Ecossais. Que va-­‐t-­‐on nous proposer, à Moutier, pour nous inciter à ne pas quitter le canton de Berne ? Eh bien, peu importe ce que l'on nous fera miroiter. Car, quoiqu'il arrive, il vaut mieux gagner sa liberté en pariant sur l’avenir que de vivre dans un accommodant conservatisme en perdant son âme. Moutier est une ville jurassienne, et comme on dit ici, « Moutier doit au Jura ». Qu'en sera-­‐t-­‐il du sort des Écossais ce week-­‐end ? Je ne le sais pas, mais ce que je sais, c'est qu'ils nous ont montré la voie à suivre pour mener campagne. J'ai encore devant les yeux les images de ces militants arpentant les rues, frappant à toutes les portes, quitte à ce que celles-­‐ci leur soit fermées au nez. Ils n'ont pas eu peur, ils ont compris que s'il faut des affiches, s'il faut des discours, s'il faut des textes brillants, cela ne suffit pas. Ce qu'il faut aussi et par-­‐dessus tout, c'est de la conviction, de l'engagement, et cette foi qui permet d'oser aller vers l'autre pour lui dire qui on est et ce pourquoi on s'engage, ce pour quoi on se bat. Ce que les Écossais ont fait, nous le ferons. Nous irons frapper à toutes les portes, nous rencontrerons tous les Prévôtois, et nous leur dirons pourquoi nous voulons demain rejoindre l’Etat jurassien. Pourquoi, fondée sur le bon sens, le sentiment d’appartenance et de nouvelles perspectives de développement, cette aspiration est légitime et utile. Et tout cela, nous le ferons avec le soutien indéfectible de la population jurassienne qui, le 24 novembre 2013, a une nouvelle fois manifesté avec force son amour de l'unité du Jura. Le jour venu, ne doutons pas que les Prévôtois sauront choisir leur destin. Ce jour-­‐là un cycle s'achèvera. Et à l'instar de ce qu'écrivait Alain Charpilloz dans le dernier Jura Libre, nous pourrons nous retourner et dire : « ça valait le coup ». Vive Moutier ville jurassienne vive la République et Canton du Jura ! Laurent Coste Seule la version orale fait foi