La Fille du Samouraï - jean

Transcription

La Fille du Samouraï - jean
La fille du samouraï La Fille du Samouraï Conte Musical
Jean-Luc Feugeas
« Il était une fois trois enfants venus déposer une graine au creux de la main de leur papa. En lui refermant la main, ils lui demandèrent,
de ne pas oublier qu’il était comme eux avant … bien avant que l’on ne lui apprenne à marcher. Ils lui demandèrent alors de prendre
cette graine et de la faire grandir. »
THEME
« La fille du Samouraï » est le récit du voyage initiatique d’une enfant
parcourant le Japon sur les traces de ses racines.
風
PREAMBULE - Fû (le vent)
Le conteur - « Il était une fois … il était une fois, une enfant partie pour un
long voyage … un très long voyage sur les traces de son passé … »
Le conteur - « Les ombres bleuâtres des crépitements du néon dansent sur le
sol peint du hall de l’aérogare. Une jeune fille est endormie. Elle se nomme
Egüe Peuf. Elle est accompagnée d’un jeune moine bouddhiste, le Pulsar. Il la
guide et la protège depuis de nombreuses années. Il en fit le serment au père de
l’enfant auquel il promit allégeance. Les deux voyageurs attendent la navette
périspatiale pour le Kansaï Airport. »
Egüe est blottie endormie dans les bras du Pulsar.
Le Pulsar - « La Grèce, les Indes, la Chine … Nous avons suivi la piste des
cinq éléments aux origines de l’univers sensible, pour remonter à la source de
leur naturalisation : le Japon. Les traits qui dessinent ton visage sont encore
ceux d’une enfant. Notre voyage n’est pas terminé. »
Le conteur - « Voilà plusieurs années que le jeune moine et l’enfant parcourent
le monde, de continents en océans, de peuples en civilisations. La prochaine
destination de ce voyage initiatique est pourtant singulière. Le Japon est leur
point de départ. Le Pulsar sait Egüe prête à revenir sur les traces de son passé. »
Le conteur - « Dans la torpeur d’un réveil brutal, Egüe pousse un cri qui rompt
le rythme monotone du flash d’information infligé aux voyageurs. »
Egüe - « Le Pulsar ! … Où es-tu ? »
Le conteur - « La jeune fille recherche du regard, effrayée, son fidèle
compagnon.
-1-
La fille du samouraï Le Pulsar - « N’aie de crainte Egüe. Je suis là. Tu peux te rendormir. Notre
voyage ne fait que commencer. »
Le conteur - « Il la prend dans ses bras et lui caresse le visage du dos de la
main avec une douceur bienveillante toute paternelle. »
Egüe – « Mais, … où sommes-nous ? Que s’est-il passé ? »
Egüe – « Qui est cet homme assis sur le bord du quai ? »
Le Pulsar - « C’est le conteur. »
Egüe – « Le conteur ? ! »
Le Pulsar - « Oui, le conteur de notre voyage. Le conteur de ton histoire
Egüe. Il nous suit depuis le début. »
Egüe – « Depuis le début ? Mais comment se fait-t-il que je ne le remarque
qu’aujourd’hui ? »
Le Pulsar - « Aujourd’hui, c’est différent. »
Egüe – « Différent ? Mais pourquoi ? »
Le Pulsar - « Notre destination est différente. C’est ton point de départ et ton
point d’arrivée. »
Egüe – « Je sais … le Japon. Je suis folle de joie. Mais pourquoi est-il là ce …
conteur ? D’où vient-il ? »
Le Pulsar - « C’est un personnage singulier. Il est l’héritier moderne des héros
de l’histoire de l’autre monde … ceux qui ont guidé ses navigations d’enfant sur
la toile. Tu peux avoir confiance en lui. »
Egüe – « Coucou, salut, mon nom à moi c’est Egüe. Egüe Peuf. Et toi, qui estu ? »
Le Pulsar - « C’est inutile Egüe, il ne t’entend pas. C’est un simple
hologramme. »
Egüe – « Oh non, pas un de ces programmes sans vie. Mais, d’où vient-il ? »
Le Pulsar - « Il s’appelle Ase. »
Egüe – « Ase ! LE ASE des romans d’aventures interactifs ! Non, c’est
incroyable ! Je dévore tout les forums le concernant depuis que je suis toute
petite. »
Le Pulsar - « Il s’est effectivement illustré par son intelligence et son courage
dans ses différentes vies au sein des jeux de rôles modernes du réseau. »
Egüe – « Il est encore aujourd’hui considéré comme le plus grand testeur de
toutes les générations. »
Egüe – « Ase ! C’est formidable, j’ai assisté à toutes vos aventures. Vous êtes
formi … »
Le Pulsar - « Egüe. Il ne t’entend pas. Tu parles à un hologramme. Arrête ça,
c’est ridicule. »
Le conteur - « La jeune fille se laisse délicieusement porter par Le Pulsar, si
pragmatique habituellement, vers une spiritualité à laquelle elle aspire depuis
longtemps. Avec la compréhension des cinq éléments, c’est tout l’univers du
sensible qui s’ouvre enfin à elle. L’univers du possible. Le cinquième élément
est là, prés d’elle, à portée de main. »
Egüe – « Il est formidablement intelligent. Tu sais que son Equivalent
Puissance Calcul a été évaluée à celle de plusieurs centaines de nœuds
génétiques des biocalculateurs actuels. Non, mais tu t’imagines ? »
-2-
La fille du samouraï Le Pulsar - « Je sais, au cours des formidables aventures, il a affronté des
personnages virtuels féroces, des virus retords et a résolu les énigmes les plus
complexes. »
Le conteur - « Le Pulsar se rassoit pour reprendre le court de leur attente. Egüe
le rejoint et s’assoit prés de lui. »
Le Pulsar – « Le ballet des décollages verticaux des navettes périspatiales de
l’aérogare en ébullition est somptueux. »
Le conteur - « Les boucles de l’épaisse chevelure d'Egüe flotte aux vents
artificiels des bouches d’aération de la station. Son regard est rempli de joie. Le
moment est venu. Enfin. Cette dernière étape est la fin de sa formation. Il est
maintenant temps de quitter son enveloppe d’enfant. »
Le conteur - « Le voyage initiatique d’une shôjo au cœur pur est un parcours
semé d’embûches et de désenchantements. Poétique, pourtant, cette histoire est
le trajet onirique et baroque d’une enfant qui traverse la vie, en équilibre sur les
traces de ses racines. »
水
Acte I - Sui (l’eau)
KANSAI AIRPORT
1969 Guitare écho
scène 1 : la navette périspatiale
Le conteur – « Egüe prend place dans la navette périspatiale de la compagnie
japonaise All Nippon Spaceways en partance pour Kansai. Elle est envahie par
l’ambiance de ces atmosphères en suspension. »
Le conteur – « Les navettes aux formes ovoïdes transportent ses passagers par
couples solidement harnachés dos à dos. »
Le Pulsar - « Quelques secondes seulement sont nécessaires pour rejoindre la
couche mésosphérique. Ferment les yeux Egüe. »
Le conteur – « Le Pulsar et Egüe basculent la tête en arrière solidement
imbriqués l’un dans l’autre. Les passagers sont plongés brièvement dans un
sommeil superficiel entre conscience et inconscience. La tension paradoxale
ainsi créée dégage une énergie mise à profit pour supporter la violence les
accélérations. Leur trajectoire est par endroit tapissée par le scintillement
magique des météores spatiaux venus se consumer dans le rempart
thermosphèrique. La sublime apparition des nuages nocturnes lumineux
transporte les deux voyageurs. »
Le conteur – « En ces lieux où la frontière entre la vie et la mort est si
palpable, Egüe se sent formidablement vivante et lucide. »
-3-
La fille du samouraï Le conteur – « Le bien-être qu’elle ressent alors ne lui inspire ni joie ni peine.
Elle se contente d’être simplement là, sans engagement ni revendication. »
Le conteur – « À son réveil elle aperçoit, par le hublot de sa cabine, l’océan à
peine voilé par la caresse d’une légère houle. La surface de sa peau et son corps
tout entier sont dominés par le défilement des stimuli de sa mémoire. Le doux
ronron du long courrier la plonge alors dans un doux sommeil sans
profondeur. »
Le conteur – « La navette traverse alors le petit matin brumeux de la baie
d’Osaka. L’insulaire Kansai-Airport est le lieu magique qui offre à Egüe les
premiers contacts avec une population qu’elle quitta voilà maintenant trop
longtemps. »
scène 2 : le Kansaï Airport
Egüe – « Regarde le Pulsar. La baie d’Osaka. L’aéroport flotte sur la mer. Nous
sommes enfin rentrés. »
Le conteur - « Les messages d’embarquement de l’aéroport replongent
immédiatement Egüe dans un univers tout maternel. L’aéroport n’est que cohue,
espoir et fuite des voyageurs en arrivée et en partance. Cette marmite humaine
bouillonnante ressemble à une immense salle d’attente perpétuelle, cyclique et
récurrente. Le Pulsar consulte les panneaux lumineux pour se diriger. »
Le Pulsar - « Alors, … le passenger terminal bulding 1F … voyageurs en
provenance de l’international … A voilà … accès aux High Speed Limousine
Buses … sorties nord et sud. »
Egüe - « Allons-y. »
Kansai
Fly,fly Direct fly
Land, land
To Kanzaï
Go, go You Bobo
Maybe You may be
Maybe …
You may be
You may be
You may be
Play, play
Don’t you
Please me
Yeah, yeah
Play the game
Lose again
Want to try
Let me fly
Away
Fly away
Fly away
Fly away
Fly fly
Direct fly
Direct fly to Kansaï
With me
-4-
La fille du samouraï Day, day
Yesterday
Play, play
Perfect day
Love, Love Love in town
Don’t, don’t Stay alone
Alone …
Stay alone
Stay alone …
Stay alone …
Suck, suck
Trust, trust
Cry, cry
Babe suck
Make me trust
Babe cry
Fly fly Fly boy fly
Away Fly away
Fly fly
Direct fly
Direct fly to Kansaï
With me
Hum Hum Hum
Fly girl fly
Fly girl fly
Try try Babe try
With me
Baby fly
YuppieYuppie you
Don’t you
Think it’s true
It’s you
Think it’s you
Think it’s you Think it’s you
I don’t need any miracle
I don’t believe in a miracle
For me
scène 3 : le souvenir de la mère
Egüe – « C’est bizarre. Ces lieux me sont familiers alors qu’il me semble les
découvrir. »
Le Pulsar – « C’est normal, tu as vécu ici, Egüe»
Egüe – « Oui, mais ces gens aussi me semblent à la fois proches et lointains.
J’ai le sentiment d’être sur un chemin, comme guidée. Comme si depuis
toujours ces lieux et ces gens étaient autour de moi. En fait, je me sens bien. Je
me … sens bien. Je me sens un peu comme un enfant dans … »
Le Pulsar – « … le ventre de sa mère. »
Egüe – « Oui. C’est ça … mais comment … !? »
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La fille du samouraï Le Pulsar - « Je le sais … »
Egüe - « Tu l’as connue, toi. »
Le Pulsar - « Non. Ton père évitait le sujet. Sa douleur était trop grande. »
Le conteur – « Egüe Peuf est la fille d’un prestigieux samouraï originaire de la
région de Koshi. Il a occupé diverses fonctions officielles au Shogounat de
Tokyo. Elle n’a jamais connu sa mère : elle est morte en lui donnant la vie. »
Le Pulsar - « Tu fut la chair de sa chair et l’ultime don de celle qu’il aima plus
que tout. »
Egüe - « Je ne peux m’empêcher de me sentir coupable. »
Le Pulsar - « Coupable !? »
Egüe - « Oui coupable. Responsable de sa mort. »
Le Pulsar - « Tu ne l’es pas. »
Egüe - « Triste présent pourtant. Une vie contre une autre. »
Egüe - « Mais tu sais, il me reste cet hologramme de mère. Je le conserve
précieusement dans la mémoire centrale qui m’a été greffée le jour de mes cinq
ans. Je suis allé pirater ce fichier sur le robot de stockage généalogique du
serveur qui héberge notre famille depuis plusieurs dizaines de versions. Je
n’étais encore qu’une petite fille. Lorsque je suis triste, je la regarde. Elle danse.
Elle vire. Elle vole. Elle flotte suspendue dans les airs. Libre de tout. Elle
fredonne un texte ancien de l’autre monde. »
Egüe – « Je regrette que tu n’aies jamais pu me serrer dans tes bras maman. Je
voudrais tant que tu sois là. J’aurai tellement de choses à te dire. »
Dépenser nos blessures
Sentir la rosée du matin
L’amour traverser mon visage
Son réveil pincer les nuages
La brume se dissiper sans fin
Traverser l’enfant mais pas moins
Amour cadeau choisi l’amer
L’oiseau roi est un enfant père
Embrasser la vie de trop loin
Parce que la terre n’est que ronde
Maître à dépenser nos blessures
Parce que la terre n’est que ronde
Une si bleuâtre répulsion
Les trajectoires du vent sans peine
Envolent ces amours lointaines
Sèche tes ailes sans aversion
Parce que rien ne changera
Les désirs construits à mains nues
D’aussi loin que mes amours muent
Autour ta violence errera
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La fille du samouraï Parce que la terre n’est que ronde
Maître à dépenser nos blessures
Parce que la terre n’est que ronde
Sentir la rosée du matin
L’amour traverser mon visage
Son réveil pincer les nuages
La brume se dissiper enfin
scène 4 : le départ pour Osaka
Le conteur - « Durant les plus jeunes années d’Egüe, les fonctions de son père
au Shogounat le contraignirent à parcourir le Japon. Il confia alors l’éducation
de sa fille au Pulsar, un jeune moine bouddhiste. Les références génétiques de
ce moine étaient parfaites. »
Egüe - « Père était exceptionnel. Les responsabilités de son travail l’ont fatigué.
Lorsqu’il est mort de cette crise je n’étais qu’une enfant. »
Le Pulsar – « Il voulait pour toi ce qu’il y a de mieux, Egüe. »
Le conteur - « À sa mort, Egüe et le jeune moine partirent parcourir le monde à
la découverte des cinq éléments qui constituent l’essence de la vie. L’univers du
sensible. L’univers du possible. C’est le parcours initiatique que son père
souhaitait pour sa fille. Aujourd’hui, c’est cœur d’un Japon métamorphosé
qu’elle vient achever son voyage. »
Le Pulsar - « Que sais-tu du passé de samouraï de ton père ? »
Egüe – « Rien, malheureusement. Ces personnages martiaux sont très secrets.
Je respecte ça. »
Le Pulsar – « Ton était un samouraï extraordinaire. Il maniait le sabre comme
personne. Son sens de l’espace rendait ses déplacements magiques. »
Egüe - « Montre moi. »
Le Pulsar – « Quoi ? Que veux-tu que je te montre ? »
Egüe - « Montre moi, comment combattre, comment me déplacer. Je veux être
un samouraï. »
Le Pulsar – « Un samouraï ?! Non, non, mais tu n’y pense pas. Tu es beaucoup
trop jeune. »
Egüe - « Je peux apprendre. Je suis la fille du plus grand des samouraïs après
tout. Regarde. »
Le Pulsar – « Oui, c’est exactement ça, tu es LA FILLE du plus grand des
samouraïs, et les filles ne comb… »
Un coup de poing porté au ventre puis derrière la nuque projette le jeune moine
surpris, au sol. Il est à quatre pattes. Egüe, un pied sur sa nuque, les bras
croisés, jubile sur son trophée.
Egüe - « Surveille ton langage Le Pulsar ? Tu sais pas à qui tu as affaire. »
Le Pulsar – « Tu ne devrais pas faire preuve d’une telle arrogance jeune fi... »
Le Pulsar – « …jeune enfant. Ton Pulsar n’est pas préparé, il manque de
sommeil, mais il ne faut pas lui manquer de respect. »
Egüe prend alors une posture ridicule, prête au combat. Elle défit Le Pulsar.
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La fille du samouraï Egüe - « Hum, hum, je vois tu as crains la comparaison. Allez, viens … n’est
pas peur, je ne te ferai pas mal. »
Le Pulsar – « Egüe, mon petit ... Je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni
encore moins grossier. Le moine bouddhiste, quoique rude, sait rester courtois,
mais la vérité m'oblige à te le dire …. »
D’un bras il s’empare de l’enfant et l’emporte.
Le Pulsar – « … tu n’es pas prête et nous reprendrons cette leçon plus tard si tu
le veux bien. »
Egüe - « Soit. Tu as de la chance pour cette fois.
Le Pulsar – « Maintenant, partons Le Pulsar. Je suis impatiente de retrouver
Osaka. »
地
Acte 2 - Chi (la terre)
OSAKA
scène 1 : l’arrivée à Osaka
Le conteur – « En région de Kinki, Osaka est La mégalopole. Elaborée à
l’image du Cosmos infini et immense, elle synthétise et amplifie la perception
de ses habitants. »
Egüe - « La démesure de ces lieux la prive de toute humanité. Aujourd’hui,
Osaka me fait peur. »
Le Pulsar - « Tu sais Egüe, la ville est devenue la capitale mondiale de
l’hébergement virtuel. Elle possède les plus puissants biocalculateurs du
réseau. »
Egüe - « Je sais, c’est aujourd’hui la ville plus importante de la planète … enfin
virtuellement. Les habitants ne sont pas vraiment ici. Osaka ne fait qu’héberger
leur compte. En fait, c’est une capitale mondiale désespérément vide … »
Le Pulsar - « … vide et oppressante. Que s’est-il passé ? »
Le conteur - « Les premières cellules de biomémoires autorégénérantes ont été
mises au point dans les laboratoires de l’Osaka Space Agency. »
Egüe – « Depuis notre arrivée, la tension est ici omniprésente et écrasante. Je
n’aime pas ça. J’ai l’impression que nous sommes suivis, traqués … »
Le Pulsar - « Oui, j’ai moi aussi remarqué ces deux hommes. Ils nous suivent
depuis l’aéroport. »
Egüe - « Pourquoi ? Que veulent-ils ? Je ne me sens pas en sûreté. Viens,
partons. »
scène 2 : le souvenir du père d’Egüe
-8-
La fille du samouraï Egüe - « L’Osaka Space Agency a fait de cette ville un lieu de stockage sans
corps ni âmes. Père, quel est ce monde … Qu’est-il devenu … »
Egüe - « Je me souviens … Je me souviens de nos marches au hasard des
chemins … Je me souviens de mes courses d’enfant infatigable … Je me
souviens … de tes regards sans paroles … de ce bonheur sans partage … de tes
pas assurés qui me donnaient force et direction. Enivrantes altitudes de ces
matins quiétudes, au goût de déjà né comme si tout y menait. A l’évidence
d’une fin inévitable qui pourtant m’étreignait. A l’évidence du pire. »
A l’évidence du pire
Un chemin familier
A ce geste emprunté
Comme si depuis toujours
La vie était autour
Parcouru sans faim
Suivant notre destin
Ce bonheur sans outrage
Est vécu sans partage
A l’évidence du pire
A l’évidence du pire
Et sans crainte à nourrir
C’est l’évidence du pire
Le vent est apaisé
Par nos pas assurés
Une force apprivoisée
Déjà par le passé
Enivrantes altitudes
De ces matins quiétudes
Au goût de déjà né
Comme si tout y menait
A l’évidence du pire
A l’évidence du pire
Et sans crainte à nourrir
C’est l’évidence du pire
Les toiles de cigarettes
De ce wagon couchette
Nous glissent vers l’aurore
D’un voyage à bon port
A l’évidence du pire
C’est l’évidence du pire
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La fille du samouraï Une vie sans détour
Une apaisée bravoure
Un geste familier
Un chemin dessiné
A l’évidence du pire
A l’évidence du pire
Et sans crainte à nourrir
C’est l’évidence du pire
scène 3 : le femme générique
Le conteur - « Les cinq éléments sont enseignés aux enfants japonais dès leur
plus jeune âge. La terre, l’eau, le feu, le vent et le vide sont les étapes
nécessaires à leur maturation. L’espace est ainsi parcouru dans toutes ses
dimensions les unes après les autres. »
Egüe – « La volonté de père de me faire parcourir le monde est un merveilleux
cadeau. »
Le Pulsar - « C’est ce qu’il souhaitait. Nous avons traversé les cinq océans pour
ouvrir tes cinq sens aux précieux cinq éléments … »
Egüe – « comme les cinq doigts de ma main. »
Egüe – « Je me souviens de mes premières leçons
Un
/
Chi
/
la terre est sur un fil /
Deux /
Sui
/
l’eau sur un plateau /
Trois /
Ka
/
le feu crépite au ciel /
Quatre
/
Fû
/
le vent compte le temps /
Cinq /
Kû
/
le vide est aux limites / »
Egüe – « Comment tu les trouve, toi les filles ici, Le pulsar ? »
Le Pulsar - « Euh, Je ne sais pas et je n’ai pas le temps d’avoir ce genre de
considérations. »
Egüe – « Non, mais … a ton avis, que serai-je devenue si nous n’étions pas
partis comme le souhaitai père ? »
Le Pulsar - « Je ne sais pas Egüe. »
Le Pulsar - « Il est vrai que tous les habitants d’Osaka sont bien étranges … »
Egüe – « Une femme artificielle, une combattante à cœur ouvert, une
opportuniste. Un animal traqué comme tous ici. Que serais-je devenue ? Une
sorte femme générique en peur panique. »
Femme générique
Femme générique en peur panique
Au coeur à coeur qui tombe à pique
En corps battant de dilettante
Pour un présent de combattante
Sollicitudes bisexuelles
Ambiguïté couleur dentelle
- 10 -
La fille du samouraï Pour un mélange à corps ouverts
Ni à l’endroit ni à l’envers
Femme générique never panic
Ce long chemin est artistique
Opportuniste féministe
Pour un lynchage médiatique
Actualité réalité
Sur un rockeur qui doit payer
Une société trop consumée
Aux fondations alvéolées
Dans des déchets télévisés
Que nous réserve le passé
Femme générique never panic
Ce long chemin est artistique
Mélange les genres sexués
Désirs clonés différenciés
D’un corps voilé aux yeux volés
Ambiguïté d’une vie violée
Femme générique désirs critiques
Aux sautes d’humeurs élastiques
Ta confusion dérange les anges
Ton corps pourtant lui s’en arrange
Femme générique never panic
Ce long chemin est artistique
scène 4 : la confession du Pulsar
Le conteur - « Dans les rues d’Osaka, Le Pulsar a du mal à dissimuler son
inquiétude. »
Le conteur - « À leur descente de la navette péri-spatiale, Egüe et Le Pulsar ont
été soumis à un contrôle d’identité génétique de routine. Après avoir autorisé la
jeune fille à entrer sur le site, lorsque est venu le tour du Pulsar, une singularité
sembla alerter les agents de sécurité de l’aéroport. Egüe ne prêta pas alors
attention à ce contretemps dont son compagnon de route semblait s’acquitter.
Elle était trop occupée à reprendre contact avec des lieux qu’elle avait quitté
quelques années auparavant. »
Egüe - « Je ne reconnais pas cette inquiétude dans ton regard. Que s’est-il passé
à l’aéroport, lorsque nous sommes arrivés. Tu as des problèmes ? »
Le Pulsar se retourne, baisse la tête, et s’accroupit.
Egüe - « Qu’y a-t-il ? … »
- 11 -
La fille du samouraï Elle s’accroupit prés de lui.
Le Pulsar – « Un jour, il y a plusieurs années de cela, un homme, que je ne
connaissait pas, me donna un mystérieux rendez-vous dans un parc. »
Egüe - « dans un parc ? … »
Le Pulsar – « Nous avons marché longtemps. Cet homme avait fait un long
voyage pour me rencontrer. L’intensité de notre échange fut un véritable
enchantement encore intact dans ma mémoire. »
Egüe – « mais … mais tu trembles … »
Le Pulsar – « Les lieux que nous traversions étaient propices au
recueillement. »
Egüe – « et … »
Le Pulsar – « Il me parla alors de sa fille … de son amour sans mesure pour
elle. »
Egüe - « … sa fille !!? mais pourquoi ? »
Le Pulsar – « Il insista sur l’importance que l’enfant avait à ses yeux. Je
compris que la dimension de cette jeune fille dépassait sans nul doute cet amour
sans limite. Son destin était unique. »
Egüe - « unique ? mais comment cela ? »
Le Pulsar – « Son destin était unique et m’était lié. »
Egüe - « à toi, mais pourquoi ? »
Le Pulsar – « Ton destin était le mien Egüe. »
Egüe - « Ton destin … le mien … Mais cela veut dire que … »
Le Pulsar - « …cet homme était ton père. »
Egüe - « … mon père ?! mais pourquoi toi ? »
Le Pulsar - « Il m’apprit alors que j’étais ton clone. Plus exactement ton clone
palindromique asynchrone. »
Egüe – « Mon … quoi … ?! »
Le Pulsar - « Il était ton père biologique et toi ma source génétique. »
Le conteur – « Le Clonage Palindromique Asynchrone est une technique
d’inversion du caractère génétique qui produit deux sujets complémentaires. Le
caractère asynchrone confère cependant au clone dans ses premières années un
vieillissement plus rapide que la normale. »
Egüe - « Mais c’est impossible ! Le clonage est formellement interdit depuis les
horreurs de la dernière guerre. »
Le Pulsar - « Ton père s’en moquait. »
Le Pulsar - « Il m’a créé pour te guider et te protéger. »
Le conteur – « La différence d’âge biologique permet d’anticiper toute
dégénérescence ou anomalie cellulaires du sujet source. Cette technique fut
formellement condamnée et interdite par le Comité d’Ethique International. »
Le Pulsar - « Comment aurait-t-il pu choisir un profil génétique mieux adapté.
Je suis en quelque sorte ton alarme génétique, Egüe. Lors de mes premières
années, j’ai artificiellement vieilli plus vite que toi. Je suis donc en mesure de
prévenir toute dégénérescence cellulaire à laquelle tu serais exposé. »
Egüe - « Oh Pulsar … tu as toujours été là … toujours été là pour moi … »
scène 5 : le survivant
- 12 -
La fille du samouraï Le Pulsar prend tendrement la jeune fille dans ses bras. Leur conversation est
pourtant interrompue ...
Un homme git sur le trottoir
Egüe - « Regarde cet homme. Que fait-il ? »
Le Pulsar – « Cette ruelle est sombre. »
Egüe - « Ses mains noueuses trempent dans le caniveau. »
Le Pulsar – « Egüe, ne t’approche pas, il a l’air dangereux … »
Egüe retient l’intention du Pulsar. Pour la première fois, la jeune fille prend la
situation à son compte. Elle prend le pas sur celui qui l’accompagne et la
protège depuis tant d’années. Elle est peu à peu aspirée vers celle qu’elle doit
devenir.
Egüe - « Non. Il ne nous veut aucun mal. »
Egüe – « Son allure n’est pas celle d’un mendiant ni celle d’un homme sans
situation. Nous n’avons d’ailleurs pas croisé de mendiant à Osaka.
Le Pulsar - « Tu as raison, cette ville est singulière ! »
Egüe - « Monsieur, que vous arrive-t-il ? Levez-vous, il ne faut pas rester
là … »
Le survivant – «
Torturé, les mains nouées,
Paniqué.
Prisonnier par un passé.
Tremblant muscles saillants,
Haletant.
Combattant pour un présent.
Enivré, geste mal aimé,
Inquiété.
Par un passé mal asséné.
Egüe - « Regarde, il revient à lui. Monsieur … »
Le conteur - « L’homme reprend connaissance. Il se redresse brutalement. Il
porte costume gris et tient une mallette à la main. Il cherche un taxi. »
Le survivant - « Où suis-je ? J’attendais mon taxi et me voilà. Mon costume est
trempé. Que s’est-il passé ? Est-ce déjà la fin ? Je m’en doutai. La journée avait
mal démarrée. Pas de café. La voiture en panne. J’appelle un taxi. Après, une
longue heure assis sous la pluie, une ambulance transperce le silence de la nuit.
C’est quoi ma vie ? »
Le survivant
Une journée démarrée sans café
Le jour ne s’est même pas levé
Ce n’est vraiment pas le plan rêvé
J’aurais pourtant pu me méfier
- 13 -
La fille du samouraï La Renault est en rideau
J’commande un taco par texto
Ca part comme un roman-photo
C’est quant même chouette d’être un bobo
Grève annoncée, rien à péter
Today, je me fais cabdriver
J’ai une vie d’homme pressé
Je ne suis plus un bérurier
I Fuck you
I tell you
Mr. Cabdriver
I’m a survivor
Une heure assis là sous la pluie
Je croise les reflets dans la nuit
D’une alarme qui retentit
Non, Mais qu’est ce qu’il fout ce taxi
Un proprio très parano
Et un DG trop mégalo
Ma vie se noie dans une flaque d’eau
Ca va se finir à l’hosto
J’suis un quadra qui dégénère
En méandres adultères
Qui font de moi un grand faussaire
Construit autour d’un monde amer
I Fuck you
I tell you
Mr. Cabdriver
I’m a survivor
Crise annoncée, ça va péter
Aujourd’hui je n’me fais pas driver
J’ai une vie d’homme blessé
La bombe humaine est amorcée
Nouveau texto très à propos
Pour me tirer de ce boulot
Pour de fausses raisons perso
Et puis aussi la météo
Crise digérée, c’est du passé
Aujourd’hui je reste bien pieuté
Sous ma couette emmitouflé
Ni bérurier ni homme pressé
I Fuck you
I tell you
Mr. Cabdriver
I’m a survivor
- 14 -
La fille du samouraï Le survivant - «
Eclatant, un combattant.
Mais vivant,
Dans un présent pour un enfant.
Apaisé, corps allongé,
Rassasié.
Assez crié par le passé.
Apaisé.
Apaisé enfin. »
scène 6 : la fuite
Le conteur – « Egüe et le Pulsar laissent le survivant repartir seul lorsque deux
hommes, se présentant comme des inspecteurs de la sécurité nationale,
interpellent les deux voyageurs prétextant un contrôle. Les deux officiers ont
des allures de yakusa et n’inspirent aucune confiance au Pulsar. Il ne souhaite
en outre plus se soumettre à un nouveau contrôle d’identité génétique qui ne
pourrait lui occasionner que des ennuis. Il est un clone. Un clone illégal. Un
arrêté international autorise les agents fédéraux à éliminer sur le champ les
clones. L’instinct d’Egüe et du Pulsar les pousse à profiter d’un bref moment
d’inattention pour fuir. »
Le conteur « Egüe se sentait blessée dans sa chair par cette ville menaçante et
sans âme. Elle veut fuir …, très vite, ces deux hommes, cette ville … Elle court
… Le souffle lui manque. Elle s’engouffre dans une ruelle puis une autre. Elle
pousse une porte. Un couloir. Une autre porte. Ses pieds ne touchent plus le sol.
Elle tombe. Elle perd pied. Désespérément elle s’enfonce dans les entrailles
d’une ville qui est en train de la dévorer … Sa chute est interminable désespérée
et sans retour. Ses cris restaient prisonniers. Elle perdit alors connaissance … »
火
Acte 3 – Ka (le feu)
UNDERGROUND
scène 1 : l’arrivée en sous-sol
Le conteur - « Le Pulsar et Egüe sont au sol allongés, l’un dans l’autre,
imbriqué « palindromiquenment ». Après une chute vertigineuse Egüe se
retrouve allongée sur le sol, inconsciente. »
- 15 -
La fille du samouraï Le Pulsar - « Egüe, … ça va … »
Le conteur - « Tout deux se relèvent, ils sont assis dos à dos et ils dévisagent
ceux qui les entourent. »
Egüe - « Où sommes nous ? »
Le Pulsar - « Je ne sais pas exactement … »
Egüe - « Je me souviens … une chute … interminable … nous avons
définitivement quitté Osaka ? le monde du dessus ? nous avons rejoint les
entrailles de la ville ? Mais regarde … Qui sont tous ces gens ? Que nous
veulent-ils ? »
Le conteur – « Ce qui les entourait alors, plonge Egüe et le Pulsar dans une
atmosphère insupportable de crasse assourdissante. L’air y est vaporeux et
vicié. »
Egüe - « Quel est cet univers insolite. »
Le conteur – « Le brouhaha de cette fourmilière humaine à la moiteur
malodorante est à peine supportable. »
scène 2 : la rencontre avec Dvoriak
Le conteur - « Très vite, un groupe de curieux entoure les deux voyageurs. »
L’un d’entre eux s’approche. Un personnage facétieux. Il prend la main d’Egüe
pour l’entraîner.
Dvoriac – « Entre dans ce monde, l’antre de ce monde, ventre de la ville. »
Egüe – « Bonjour, mon nom est Egüe Peuf et voici Le Pulsar. »
Dvoriac - « Mon nom est Dvoriak. Viens,… viens, suis moi … »
Le conteur – « Dvoriak tourne autour des deux voyageurs, d’une manière
obsessionnelle et oppressante. Le Pulsar est sur la défensive. Sa main est sur son
sabre. Prêt à s’en servir. Ils ne savent pas si leurs ôtes sont hostiles ou
accueillants. Il est à la fois vigilant et écoutent attentivement Dvoriak. Le
Pulsar et Egüe sont debout, dos à dos et tournent en suivant Dvoriak du regard.
Cette posture leur permet d’accroître leur vigilance. Lorsque le conteur prend la
parole, le mouvement et les dialogues des personnages stoppent. »
Dvoriac - « Laisse moi te guider. Je suis, comme tous ceux que tu rencontreras
ici … un Sous-terrien, comme ils disent … Hii hii hii … Touchez ma bosse …
Hii hii hii »
Egüe - « Un Sous-terrien ! ? « Ils » ? Mais qui ça « ils » ? De qui me parles-tu ?
Qu’est-ce que tout ceci signifie ? »
Le Pulsar - « Pour qui se prend-t-il celui là ? »
Egüe – « Où sommes nous ? Que faisons-nous ici ? »
Le conteur - « Dvoriac est un petit personnage, facétieux perturbé et léger qui
rebondit sur le cœur des gens. »
Dvoriac - « Les Entredeuxterriens… Ce sont les derniers habitants du monde du
dessus, de l’Entredeuxterre. Enfin je ne parle pas des habitants virtuels. Il ne
reste plus en surface que les notables de la ville. Les VIP… Les Very Important
Persons … les Vrais Imposteurs Politiques … les … Vraiment Ils Puent …
enfin c’est comme tu veux Egüe … »
Egüe - « Qui sont-ils ? »
- 16 -
La fille du samouraï Dvoriac – « Des dirigeants, des privilégiés, des nantis. Oui madame ! Ils ont fait
fortune avec l’incroyable explosion boursière de l’Osaka Space Agency. Et,
n’ayons pas peur des mots : ce sont des o p p o r t u n i s t e s, des s p é c u l a
t e u r s! »
Egüe - « Pourquoi, que s’est-il passé ? »
Dvoriac – « Depuis que l’OSAKA SPACE AGENCY a mis au point cette
technique révolutionnaire de biomémoires autorégénérantes la ville d’Osaka a
été propulsée en quelque mois Capitale mondiale virtuelle. Pendant ce temps,
snif snif snif, nous, les habitants de chair et de sang, snif , ils nous ont oublié snif
snif snif. Enterrés vivants … »
Egüe - « Vous avez tous été contraints de quitter la ville et vivez aujourd’hui
reclus ici. »
Le conteur - « Les habitants virtuels qui peuplèrent la surface avec les
dirigeants eurent les mêmes droits que les vrais habitants mais furent
rapidement infiniment plus nombreux. »
Dvoriac – « Nous sommes aujourd’hui devenus un enjeu
po-li-ti-que, tic tic, éco-no-mi-que, mic mic, é-ta-ti-que, tic tic, ta-que-ti-que, tic
tic, né-gli-geable. Hic. On ne nous reconnaît plus le droit d’exister en surface.
Mais non ! ne soit pas triste jeune et belle princesse. Ici, comme tu vois, un
nouvel équilibre s’est créé pour nous tous … Nous sommes peut-être pauvres
mais remplis d’espoir. La résistance s’organise. Les dirigeants de l’OSAKA
SPACE AGENCY nous ont tout pris sauf notre âme. Maintenant suis-moi, je
vais te faire découvrir ce monde enchanté … toi ma fée … si il te plait … »
Egüe – « Mais quelle technique prétendument innovante peut plonger une ville
et ses habitants dans une situation si désespérée ? »
Le conteur - « Dvoriak mime un funambule en équilibre sur un fil en premier
plan de la scène. »
Dvoriac - « Les biomémoires mises au point dans les laboratoires de l’OSAKA
SPACE AGENCY ont bouleversé l’équilibre mondial de l’hébergement.
Maison virtuelle. Maison pas réelle. Moi, j’me fais la belle … »
Le conteur - « Le mécanisme des biomémoires autorégénérantes est un
effrayant consommateur de ressources énergétiques naturelles. Ces mémoires
organiques à la croissance vertigineuse s’alimentent par un mécanisme
biochimique photosynthétique ancestral qui, à l’image des plantes et de
certaines bactéries, convertit l'énergie du soleil en énergie chimique. »
Dvoriac - « Maison virtuelle. Maison pas réelle. Moi, j’me fais la belle … »
Le conteur - « Ce processus puise ses ressources dans les cinq éléments qui
constituent la matière : la terre, l’eau, le feu, l’air et le vide … »
Egüe – « le vide … c’est à dire l’espace. »
Dvoriac - « Oui, c’est ça. Comme un rapace, dévore l’espace. La terre, l’eau, le
feu, l’air, le vide, la terre, l’eau, le feu, l’air, le vide, la terre, l’ea … »
Egüe - « Mais, comment peut-on mettre en danger les précieux cinq éléments.
Ils sont à l’origine de la vie. »
Dvoriac - « Le besoin toujours croissant des biomémoires contraint très
rapidement l’OSAKA SPACE AGENCY à trouver des solutions.
Plus de place en surface. (+) Plus de place en surface. Plus de place en surface.
(+) Plus de place en surface. »
- 17 -
La fille du samouraï Le conteur - « Le contrôle du processus photosynthétique devint très
rapidement une priorité nationale. Le cycle naturel ne suffisant pas à alimenter
le mécanisme, il fallut l’entretenir artificiellement. »
Dvoriac - « La ville fut alors progressivement envahie d’immenses dômes
couverts de cellules phyto-électriques pour capter les rayons du soleil. Pustules
de surface qui puent. Blop, blop blop. »
Le conteur - « Cette situation ne laissa rapidement plus le moindre espace vital
aux habitants. »
Dvoriac - « Viens, viens écoutes ça… »
scène 3 : l’underground
Le conteur - « Osaka digérait alors ses premières victimes. Les cinq éléments
vitaux s’affaiblissaient à mesure que les dômes se multipliaient. »
Dvoriac - « Blop, blop, blop … »
Le conteur - « Egüe se sentit alors traversée par la fulgurance poétique des
lieux. Elle découvrit un univers sous terrain foisonnant et baroque dont
l’Entredeuxterre ignoraient jusqu’à l’existence. Les yeux de la jeune fille étaient
envahis peu à peu de cette folie jubilatoire. Cette hystérie collective apparente
prit rapidement la dimension d’une démesure organisée et onirique chargée de
l’histoire slave, africaines et orientale, berceau reconstruit des cinq éléments. »
Egüe - « Le langage de ces habitants m’est familière. C’est comme une langue
universelle. Cette musicalité enivre mon corps et mon âme. Les chants, et les
cris … comme une seule et même voix. »
Le conteur - « Au fil du réseau de ce paysage de galeries improbables, Egüe
parcourait de longues artères rythmées par des poches de vie. Elle était
immergée dans une atmosphère postmoderne, bouillonnante et douce. »
Egüe - « La vie semble bien différente ici. Ces gens sont splendides. Le monde
du dessous est extraordinaire. Sous ces haillons se cachent des êtres magiques. »
Dvoriac - « Tu apprendras à les connaître. Tu apprendras à nous connaître. Tu
apprendras à me connaître Egüe. Nombre d’anciens chevaliers, samouraïs et
personnages de magie peuplent le monde du dessous. Ils ont fuit
l’Entredeuxterre au profit de la vérité des bas-fonds. La résistance vaincra. »
Egüe - « Regarde Le Pulsar ! Regarde et écoute ! C’est ici un formidable
berceau d’une humanité en reconstruction ! Le monde du dessus détruits
l’univers du sensible. Eux le reconstruise. »
Les filles qui téléphonent
Les filles qui téléphonent
Dans la rue sont des fleurs
Qui s’isolent et fredonnent
Leur vision du bonheur
Elles virevoltent et s’envolent
Au grés des courants d’air
Sur les trottoirs qu’elles frôlent
Marelles imaginaires
- 18 -
La fille du samouraï Souvent elles s’abandonnent
Suspendues dans les airs
Du trafic monotone
Des passants débonnaires
Au creux d’un accoudoir
D’un couloir de métro
Allongées sur un banc
Connectées au réseau
Les filles qui téléphonent
Dans les rues sont des fleurs
Livrées aux p’tits bonheurs
Au nez des îlotiers
Elles bousculent leur tailleur
Déhanchent leur chemisier
Et nous donnent leur cœur
Leurs silhouettes offertes
Aux talons provocants
Qui cambrent leurs dentelles
Et dévoilent leurs amants
Parfois sur leur visage
Se bousculent des larmes
Qui nous prennent en otage
Nous supplient, nous désarment
Les filles qui téléphonent
Dans les rues ou ailleurs
Sont des femmes qui s’adonnent
Au doux goût du bonheur
Les filles qui téléphonent
Dans les rues sont des fleurs
Livrées aux p’tits bonheurs
Las Chicas / en las calles
Al teléfono son flores
Suspendidas en aires
Las Chicas en las calles
Al teléfono son flores
Flottando en los aires
- 19 -
La fille du samouraï A la buena de Dios
scène 4 : Slavka et la prophétie
Slavka - « Bonjour, Egüe Peuf. »
Egüe - «Egüe Peuf ?! Je ne crois pas vous connaître. Comment connaissezvous mon nom ? »
Slavka – « Tu es le portrait de ta maman. »
Egüe – « Vous avez-vous connue ma mère ! »
Slavka - « Oui, nous étions amies … il y a fort longtemps. Mon nom est Slavka.
»
Egüe - « Amies ?! »
Slavka - « Je l’ai rencontrée bien avant que le moine ne lui dévoile la
prophétie. »
Egüe - « Le moine !? La prophétie ! Mais de quelle prophétie me parlez-vous
? Qu’est-ce que c’est que cette histoire … ? »
Le Pulsar - « Je ne sais rien de tout ceci Egüe. »
Slavka - « Bien des années avant sa rencontre avec ton père, ta mère me raconta
qu’un moine Shintoïste lui fit part de ses visions. Il lui prédit alors tout ce que
nous vivons aujourd’hui. La prise de pouvoir économique et politique de
l’Osaka Space Agency, Osaka, capitale mondiale de l’hébergement virtuel, les
dômes qui envahissent la surface, les habitants … »
Egüe - « Il n’avait aucun moyen de les arrêter ? »
Slavka - « Il était trop tard. Le processus de destruction de l’univers du possible
était enclenché, inexorablement. Le seul espoir pour protéger les mythologiques
et précieux cinq éléments reposait sur la principale divinité du shinto. »
Slavka - « Amaterasu. »
Dvoriac - « Amat – Amat -Amat … Amataretchoum ! A mes souhaits ! »
Slavka - « Enfin Dvoriac ! »
Dvoriac - « Euh pardon, … tchoum »
Slavka - « Amaterasu est la déesse du soleil, longtemps considérée comme
l'ancêtre de la lignée impériale. »
Le conteur - « La religion bouddhiste offre l'espoir de la réincarnation. Tout ce
que le moine shintoïste prédit se produisit. »
Slavka - « Après cet entretien, ta mère ne fut plus jamais la même. Un jour elle
disparu et je ne la revis jamais. »
Egüe - « Qu’est-elle devenue ? »
Slavka – « Le moine qui fit cette prophétie est notre guide. Aujourd’hui, nous le
vénérons. Tu peux le rencontrer à Kyoto. Il t’attend. »
Le conteur - « Les êtres fantastiques rencontrés dans le monde du dessous
maîtrisent les magies noire, verte ou bleue. Ce sont des seigneurs de la guerre,
pacifiques et discrets. C’est accompagnée de ce cortège merveilleux, qu’Egüe
s’envole pour Kyoto. »
Slavka - « Bon voyage. Sois prudente et courageuse Egüe. Prends grand soin de
toi. Sillonne les cieux et poursuit ton destin. Ta monture est divine mais ton
armure si fine. »
- 20 -
La fille du samouraï Silver Surfer Dreams
空
Acte 4 – Kû (le vide)
KYOTO
scène 1 : l’arrivée à Kyoto
Le conteur – « À leur arrivée à Kyoto, la sérénité des lieux apaise enfin les
voyageurs. Egüe et ses compagnons se laissent porter par la douceur et
l’humanité des habitants et des rues. Le cauchemar d’Osaka serait bien loin sans
le souvenir de ceux qu’ils y quittèrent. »
Egüe – « Cette ville est fantastique. Je voudrais pouvoir vivre ici. »
Love in this town
Everybody is just wandering around
Wondering this town
Wandering around
Everybody is just watching this girl
In love with this girl
Watching this girl
Everybody is just watching this girl
Everybody is just watching this girl
Your mind seems to be so high in this life
Looking alive
Floating on life
Everybody feels in love in this town
This wonderful town
In love with this town
Everybody feels in love in this town
Everybody feels in love in this town
Everybody plays with love in this town
Everybody plays with love
Everybody plays with love in this town
Everybody loves loves loves
- 21 -
La fille du samouraï Loves loves loves …
I’m wondering you walking in this town
Loving them all
In love in this town
You’re walking so free the head in the sun
This town is your home
Your head in the sun
You’re walking so free the head in the sun
You’re walking so free the head in the sun
Nobody wants to make love all alone
Lone sole love
Love all alone
It’s just like the wind blowing in my hair
Those dreams in the air
Blowing in my hair
It’s just like the wind blowing in my hair
It’s just like the wind blowing in my hair
Everybody plays with love in this town
Everybody plays with love
Everybody plays with love in this town
Everybody loves loves loves
Loves loves loves …
scène 2 : le moine
Le conteur – « Egüe avait rendez-vous à l’Est de la ville, dans le parc de
Mayurama. Le moine semblait l’attendre depuis toujours. »
Le moine – « Te voilà. »
Egüe – elle le salue à la japonaise, cérémonieuse « Je suis là. »
Le conteur – « Leur marche silencieuse les conduisit à emprunter le magique
« Chemin de la Philosophie ». La douceur extrême du décor fait de temples et
de jardins transporta Egüe dans un profond état méditatif. »
Le moine – « Vois-tu ce cercle, Egüe ? Où commence-t-il et où finit-il ? Bien
sûr, tu ne peux répondre à cette question puisqu'elle est sans réponse. Pourtant,
ce cercle existe. Il devrait avoir un début et une fin, mais il n'en a pas. Ton
histoire est à son image. »
Egüe – « Sans début ni fin ? … »
Le moine – « Eternelle. »
Egüe – « Eternelle ? … »
- 22 -
La fille du samouraï Le moine – « Chi, Sui, Ka, Fû, Kû sont les cinq précieux éléments qui
constituent la matière. Ils sont liés l’un à l’autre. La terre crée l’eau, l’eau crée
le feu, le feu crée l’air et l’air le vide. »
Egüe – « Le terre est sur un fil, l’eau vit en surface, le feu crée le volume, le
vent donne le temps et le vide l’insaisissable. »
Le moine – « Le besoin toujours croissant du processus mis en place par
l’Osaka Space Agency est aujourd’hui une menace. Les dômes envahissent nos
villes, notre pays et bientôt le monde tout entier. Les cinq éléments
s’affaiblissent à mesure de leur développement. La population, privée de la vue
du ciel et du soleil, est aujourd’hui menacée. »
Le moine – « Je suis shintoïste. »
Egüe – « Shintoïste ? »
Le moine – « Oui. Le shinto s'exprime par des rites de communion avec la
nature. Au cours de cérémonies religieuses les esprits sont invoqués par des
chants, des danses et des prières, entrent en communion avec les hommes. »
Le moine – « C’est au cours de l’une de ces matsuri que j’eu le privilège de
communiquer avec …
Le moine – « ... Amaterasu … »
Egüe – « oui...oui, la déesse du soleil … »
Le moine – « Amaterasu m’avait choisi pour porter la prophétie qui guida le
reste de mon existence. Elle est le seul espoir de ce monde. »
Egüe – « Pourquoi avez-vous confié cette prophétie à maman ? »
Le moine – « Ta mère devait jouer un rôle déterminant. Elle avait été choisie
par les divinités du Shinto. »
Egüe – « Choisie ! ? »
Le moine – « Oui, choisie. Les Kamis l’ont désignée pour porter l’enfant. »
Egüe – « Mais comment ça ! ? »
Le moine – « Elle ne connaissait pas même ton père, que je lui apprenais
qu’elle donnerait naissance à une enfant … une enfant qui réincarnerait la
déesse … Amaterasu … toi Egüe … »
Le moine – « Sans début ni fin, éternelle. »
Egüe - « Eternelle ?! »
Le moine – « Pour que la prophétie se réalise, il lui faudrait sacrifier sa vie à la
naissance de l’enfant. »
Egüe - « Elle savait donc … »
Le moine – « Son destin était tragique et exceptionnel. »
Egüe - « … elle savait qu’elle allait mourir en me donnant la vie. »
Le moine – « Oui. »
Egüe - « Elle savait et pourtant … elle l’a fait. »
Le moine – « Le rôle qui fut alors le sien lui imposa les plus grandes prudence
et discrétion. »
Le conteur – « Si les dirigeants de l’Osaka Space Agency en étaient arrivés à
apprendre l’existence de cette prophétie, ils auraient envoyé leurs yakuzas pour
la tuer … elle et son enfant. »
Le moine – « Il me fallait alors la protéger. J’ai chargé un jeune samouraï de
veiller sur elle jour et nuit. Il connaissait les enjeux de sa mission, l’importance
exceptionnelle de cette femme. Il était prêt à sacrifier sa vie. »
- 23 -
La fille du samouraï Egüe - « … un samouraï … »
Le conteur – « L’amour ne mit naturellement pas longtemps à naître entre ces
deux êtres. Ils étaient si beaux. Comme si leurs destins étaient liés depuis
toujours. Rien ni personne n’aurait pu aller à l’encontre de ce qui se produisit. »
Egüe – « mais … »
Le moine – « Il la protégea et l’aima. Elle l’aima et lui offrit le plus beau. Un
enfant. Une enfant. L’un et l’autre connaissaient pourtant l’issue inévitable et
tragique de ce choix. L’enfant réaliserait la prophétie et … Ils s’aimaient tant.
Leur déchirement fut immense. Leur âme était si belle qu’elle leur donna la
force du sacrifice. Les kamis les avaient élus. Il étaient des personnages
d’exception. »
Le conteur – « Le soir de la mort de la mère d’Egüe, la douleur de son père fut
… immense. Il faillit ne jamais s’en remettre … »
scène 3 : Le père
Le conteur – « Ce soir là pourtant … »
Egüe – « … je l’imagine … oui … je le vois … »
Elle ouvre les yeux, il est là. Egüe est transportée comme par magie dans le
passé. Le soir de la mort de sa mère. Son père rentre chez lui avec l’enfant. Il ne
la voit pas. Il s’effondre peu à peu. Elle s’effondre, elle aussi en position fœtale.
Il se redresse peu à peu et la prend dans ses bras comme un enfant, un bébé.
Egüe – « Papa ! »
Le conteur – « L’appartement est vide. Le silence est assourdissant.
Egüe – « Papa ! Qui attends tu ? »
Il s’assoit sur une chaise.
Le père – « Préparer sa venue. Son retour. Notre nid. Notre amour. »
Le conteur – scande « Il ne sait pas. »
Dvorak – scande « Il ne veut pas savoir. »
Slavka – scande « Il ne la voit pas. »
Le conteur – scande « Il ne sait pas. »
Egüe – douce « Là au creux d’une nuit pourtant si pleine. Papa ! »
Le conteur – « Il ne sait pas, non. »
Dvorak – « Il ne l’entend pas. »
Slavka – « Il ne se doute pas. »
Le conteur – « Il a oublié. »
Dvorak – « Il veut oublier. »
Le conteur – « Il ne sait plus. »
Le père – « Retenir l’instant … encore.
Du bout des doigts.
Du creux des ongles.
Le voir disparaître.
L’oublier.
Pour mieux le faire revenir.
Le traverser… encore. »
Dvorak – « Il a oublié. »
Le conteur – « Il est rentré. »
- 24 -
La fille du samouraï Egüe – « Ce soir l’enfant père est roi. »
Le père – « Fatigue au creux des tempes et des papilles
Un café, une cigarette, un verre.
Ma propre histoire au second plan.
Encore plus vivant pourtant … pourtant si évident.
Un et un font trois. »
Le conteur – « Il est rentré. »
Egüe – « Mais, non … non … Non, ce soir elle ne viendra pas. »
Dvorak – « Il comprend. »
Slavka – « Il se souvient. »
Dvorak – « Il a compris. »
Le conteur – « Il est rentré. »
Egüe – « Elle ne viendra plus, papa. »
Le conteur – « Il est rentré. »
Le conteur - « Ombres et pénombres s’enivrent aux battements du néon de la
salle de bain encore en éveil. »
Le père – « Elle ne viendra pas … elle ne viendra plus … Mes forces
m’abandonnent … je ne peux plus … »
Egüe – « Mais, moi … »
Le père – « Les odeurs rêches de lessive me vole les dernières traces de son
rire, de ses cris, de ses chants, de ses pleurs … Un téléphone, une chaise et une
valise … et des fleurs … je n’ai plus la force … »
Le conteur – « Il est rentré. »
Egüe - « Pourtant tu savais … »
Dvorak – « Pourtant il savait. »
Slavka – « Oui … »
Le père – « Pourtant je savais … »
Le père – « Je n’ai plus le talent d’avancer … plus la force de continuer … »
Egüe – « Mais, moi … je suis là … prends mes bras … »
Dvorak – « Prends ses bras. La laisse pas ! »
Egüe – « … prends mes bras … »
Prends mes bras
Mon courage vient de m’abandonner
Notre histoire vient de me rattraper
Je ne vois plus comment exister
A quoi bon et pourquoi continuer
Les battements
Du néon
Dans l’appartement
Mais, moi, je suis là
Prends mes bras, Je suis là
Mais, moi, m’oublie pas, Dans tes bras
Pense à moi
- 25 -
La fille du samouraï Je n’ai plus personne à aimer
Le souffle commence à me manquer
Je mesure combien je l’aimais
Je n’ai plus le talent d’avancer
Plus personne
Mon heure sonne
Mais, moi, je suis là
Prends mes bras, Je suis là
Mais, moi, m’oublie pas, Dans tes bras
Pense à moi
Je voudrai garder son odeur
Son rire ses chants et ses pleurs
Retenir encore le cours des heures
Mais pour la première fois j’ai peur
Du bout des doigts
Juste une fois
Mais, moi, je suis là, papa
Prends mes bras, Je suis là
Mais, moi, m’oublie pas, Dans tes bras
Pense à moi
Le père – « Egüe … ma fille. »
Egüe – « Papa … »
scène 4 : la fille du samouraï
Le moine – « Après la mort de ta mère, ton père t’aima plus que tout au monde.
Ses longs regards sans paroles en disaient long sur le bonheur de ta présence. »
Egüe et le père - «
Dépenser nos blessures
Sentir la rosée du matin
L’amour traverser mon visage
Son réveil pincer les nuages
La brume se dissiper sans fin
Traverser l’enfant mais pas moins
Amour cadeau choisi l’amer
L’oiseau roi est un enfant père
Embrasser la vie de trop loin
A deux voix avec Egüe
- 26 -
La fille du samouraï Parce que la terre n’est que ronde
Maître à dépenser nos blessures
Parce que la terre n’est que ronde
Une si bleuâtre répulsion
Les trajectoires du vent sans peine
Envolent ces amours lointaines
Sèche tes ailes sans aversion
Parce que rien ne changera
Les désirs construits à mains nues
D’aussi loin que mes amours muent
Autour ta violence errera
A deux voix avec Egüe
Parce que la terre n’est que ronde
Maître à dépenser nos blessures
Parce que la terre n’est que ronde
Sentir la rosée du matin
L’amour traverser mon visage
Son réveil pincer les nuages
La brume se dissiper enfin »
Le moine – « Très rapidement, les yakuzas, engagés par l’OSAKA SPACE
AGENCY te poursuivirent Egüe …
pour t’éliminer.
Ton père te protégea … »
Egüe – « Père n’est donc pas mort d’une crise cardiaque … n’est-ce pas ? »
Le moine – « … il donna sa vie au terme d’un combat sans merci … »
Egüe – « … après avoir sacrifié son amour au destin de son enfant. »
Egüe – « Serai-je assez forte ? Je ne suis qu’une enfant. »
Le moine – « La force ne se mesure qu’à la grandeur du coeur. »
Egüe – « Mais, j’ai tellement à apprendre. »
Le moine – « Seul le fou croit savoir. »
Egüe – « Comment faire ... »
Le moine – « Retiens d'une main ce en quoi tu as confiance, car c'est ton allié.
Retiens de l'autre ce que tu crains, car c'est ton ennemi. Comprends les tous
deux et tu comprendras le monde. »
Le moine – « Maintenant, va et dessine ta vie. »
La fille du Samouraï
La fille du samouraï
Atterri à Kansaï
Sa monture est divine
Mais son armure si fine
- 27 -
La fille du samouraï Androgyne comédie
D’héroïne fantaisie
Qui sillonne les cieux
A dos de dragons bleus
La fille du samouraï
Just landing on Kansaï
Voyages initiatiques
Créatures fantastiques
Magie noire, verte ou bleue
Son cortège impérieux
Pacifiques guerriers
Mystérieux et discrets
Chevaliers aiguisés
Et elfes affûtés
La fille du samouraï
Just landing on Kansaï
Ces seigneurs de la guerre
Ont des coups circulaires
Car leur lame est adroite
Et leur âme pure et droite
Ta magie les conduit
En région de Koshi
Aux issues sanguinaires
Pour leurs armes guerrières
La fille du samouraï
Just landing on Kansaï
Direction Osaka
Scénario Mangaka
La secrète blessure
D’une shojo au coeur pur
Pour un nouveau tableau
Changement de niveau
Batterie faible détectée
Le jeu est terminé
La fille du samouraï
Just landing on Kansaï
- 28 -
La fille du samouraï EPILOGUE
Le conteur - « Changement de niveau. Batterie faible détectée. Le jeu est
terminé. »
Le conteur - « Une enfant, son jeu à la main, regarde défiler le paysage urbain
que traverse son train de banlieue. Elle pleure. Un homme est assis prés d’elle. »
Le père – « Pourquoi ces larmes mon amour. »
La jeune fille – « Papa, maman est morte en me donnant la vie ? »
Le conteur
A leurs regards sans parole
Au bonheur qui parfois les frôle
Salut à tous les hommes libres
Qui passent leur vie en équilibre »
Silver Surfer Dreams
La mise en scène et la direction d’acteurs
Mélanie Feugeas
Les acteurs
Egüe Peuf
Le conteur
Le Pulsar
Dvoriac
Slavka
Le survivant
La mère
Le moine
Le père
Elise Le Dû-Motais
Mélanie Feugeas
Paul Castaing
Agnès Thomas
Michelle Coquet
Philippe Fargeaud
Elise Le Dû-Motais
Sarah Connay-Pistone
Ghislain Bondoux
L’illustratrice
Alice Morilleau
Les musiciens
Chant et guitare rythmique
Chant
Chant et Basse
Batterie, percussions et clarinette
Chant et Guitare lead et rythmique
Clavier et guitare rythmique
Ghislain Bondoux
Elise Le Dû-Motais
Philippe Fargeaud
Stéphane Galera
Romain Dupré
Jean-Luc Feugeas
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