diminuer le coût alimentaire en optimisant les ressources fourragères

Transcription

diminuer le coût alimentaire en optimisant les ressources fourragères
essentiel
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Augmentation du prix des matières premières
Diminuer le coût alimentaire
en optimisant les ressources fourragères
Thierry Boulic, éleveur laitier à Crozon dans
le Finistère, essaye d’utiliser au mieux le
parcellaire de l’exploitation pour valoriser un
maximum les fourrages produits, en jouant la
carte de la diversité : association graminéeslégumineuses, colza fourrager, luzerne... A
l’heure où les matières premières ne cessent
de flamber, l’organisation du système
fourrager est un levier pour améliorer
l’efficacité économique. Le coût alimentaire
de cet élevage est de 48 €/1 000 l en moyenne
en 2012, contre 81 € pour la moyenne
départementale.
Thomas Rocuët
Conseiller lait
[email protected]
Thierry travaille avec un
salarié à mi-temps. Il dispose d’une référence laitière de 452 784 l de lait qu’il
réalise avec une soixantaine de vaches holstein.
L’assolement se décompose
de la façon suivante : 66 ha
d’herbe, 18 ha de maïs ensilage, 5 ha de luzerne, 4,5 ha
de colza fourrager, 28,5 ha
de blé et 5 ha de colza pour
une SAU totale de 127 ha.
Le chargement était de
1,06 UGB/ha l’année passée et la part de maïs dans
la SFP était de 21 %. Sur
2012, 45 ares sont pâturés
par vache. Actuellement, les
vaches vont pâturer jusqu’à
1,5 km. Le niveau de lait
vendu était de 7 313 l vendu
par vache sur la campagne
passée avec 87 g de concentrés par litre de lait.
Thierry est vigilant sur la
conduite alimentaire du
troupeau. Il optimise le pâturage sur l’ensemble de l’année. Il met une priorité dans
la maîtrise de la reproduction des vaches. Il élimine
impitoyablement les vaches
improductives du troupeau
pour réduire autant que possible les gaspillages. Le but
n’étant absolument pas d'atteindre le quota mais plutôt
de faire un maximum de lait
par les fourrages équilibrés.
Le troupeau est conduit en
deux périodes de vêlage.
Deux vaches sur trois vêlent
au printemps (février, mars,
avril) et 1/3 entre le 15 août
et le 1 er octobre. Cette
répartition des vêlages a un
double objectif. Le premier
est d’assurer une régularité
dans les livraisons de lait,
le deuxième, de sécuriser
la production des fourrages
pour faire face à des printemps ou été parfois secs.
Gérer deux périodes de
vêlages permet également
de libérer du temps sur certaines périodes de l’année.
Sur l’exploitation de Thierry
Boulic, les vaches pâturent
10 mois de l’année. Elles
sortent le plus tôt possible.
Sur la période de mars à
la fin du mois de mai, les
vaches disposent de 3 kg de
MS de maïs au maximum,
sans complémentation azotée. Ce choix de ration, au
Evolution du coût alimentaire et comparaison au groupe
printemps, rassure l’éleveur
quant à la reproduction des
vaches. "En système vêlage
groupé, il est primordial de
réussir la reproduction pour
maintenir les périodes de
vêlages", déclare Thierry.
Par la suite, sur les mois
de juin jusqu’à fin août,
le silo de maïs est fermé.
En période hivernale, les
vaches reçoivent 12 kg de
MS de maïs, 1,5 kg de MS de
luzerne et 1 kg de correcteur.
"L’hiver dernier, avec ce type
de ration, les vaches ont produit 22 kg de lait", affirme
Thierry.
Un coût alimentaire
qui diminue
Le coût alimentaire VL est
passé de 58 €/1 000 l en
2010 à 47 €/1 000 l en 2012.
La moyenne départementale était à 81 €/1 000 l pour
les clôtures du premier trimestre 2012 (source CER
29). Ce coût alimentaire
est lié à un faible coût des
concentrés (24 €/1 000 l
en 2012 contre 50 €/1 000 l
pour la moyenne départementale). En effet, Thierry
travaille uniquement en
équilibre de la ration de base
en énergie azote. La luzerne
permet également de limiter
à 1 kg l’apport de concentrés
azotés sur la phase hivernale. En été, le colza fourrager pâturé permet de réduire
le coût alimentaire : 3-4 kg
de MS colza pâturé/VL/jour,
c’est 800 g de soja/ VL en
moins.
Du colza fourrager
pour refaire
les pâtures
Le colza fourrager est intégré dans la rotation suite
à des pâtures ou avant du
maïs. Les premiers colzas sont implantés vers le
15 avril et les semis s’éche-
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lonnent tous les 15 jours
pour proposer un colza
à pâturer disponible dès
début juillet. Une transition
alimentaire rigoureuse est
réalisée pour éviter d’éventuels problèmes sur les
vaches. Les vaches sont
laissées 1h30 sur ce colza
et sont ramenées sur les
pâtures par la suite ou alors,
lorsque cela est possible,
elles passent d’un paddock
à l’autre par un accès libre.
Jouer sur les mélanges
pour allonger les
périodes de pâturage
Pour allonger les périodes
de pâturage sur l’année,
Thierry se sert également
de mélanges plus élaborés
tels que RGA-TB, RGH-TV,
intégrés dans la rotation
pour une durée de 6 ans en
moyenne. Thierry est vigilant à ce que les paddocks
soient bien rasés entre
chaque passage pour éviter
qu’une espèce ne prenne
le dessus sur l’autre. Ces
paddocks rentrent dans un
cycle de pâturage de 21 à 28
jours. Les doses au semis
essentiel
Parcelle de dérobée qui va être pâturée.
de ce mélange mis en place
fin août sont : 17 kg de RGA,
1,8 kg de trèfle blanc, 8 kg de
RGH et 2 kg de TV. D’autres
mélanges sont également
testés sur l’exploitation,
comme chicorée et trèfle
blanc semé cette année en
avril. Ce mélange présente
un double intérêt, une bonne
appétence, mais aussi une
bonne adaptation aux terrains séchants.
De la luzerne
dans le système
fourrager
La luzerne a trouvé sa place
dans l’assolement de l’exploitation. Elle est implantée essentiellement dans
les parcelles les plus éloi-
Disponible sur le web
Cet article est le dernier d'une série programmée par
les chambres d'agriculture de Bretagne pour vous aider
à faire face à l’envolée du prix des matières premières.
l "Flambée du prix du tourteau de soja : quelques repères pour acheter"
l "Réduire le coût alimentaire des rations d’automne
et d’hiver"
l "Économisez le concentré de production,
pas le correcteur azoté"
l "Conséquences pour les rations hivernales
des génisses"
l "Des solutions mises en œuvre en élevage"
l "Réduire les concentrés en élevage"
l "L’autonomie fourragère en élevage"
"Un faible coût alimentaire en élevage"
➠
Ces éléments sont disponibles auprès de vos conseillers
de la Chambre d’agriculture et dans un dossier web :
http://www.synagri.com/synagri/faire-face-a-l-envolee-du-prix-des-matieres-premieres-2012
gnées, non épandables et
les parcelles bien orientées.
Le choix des parcelles est
primordial pour la réussite
de cette culture que Thierry
essaie de garder en place
cinq années environ. Ces
parcelles sont exploitées
en fauche pour un rendement moyen de 12 tMS, en
trois coupes : la première
en enrubannée fin avril,
la deuxième en foin début
juillet, et la troisième début
septembre. La luzerne est
valorisée par les vaches laitières. Au-delà de l’économie en concentré azoté, la
luzerne, distribuée tout au
long de l’année, favorise la
rumination des vaches.

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