Images de la guerre d`Algérie, 1954-1962

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Images de la guerre d`Algérie, 1954-1962
au programme / exposition / LNA#34
LNA
Imagesdelaguerred’Algérie,1954-1962*
ParYvesLEMANER
Agrégédel’Université
DirecteurduCentred’HistoireetdeMémoire
duNord–Pas-de-Calais
L
’Algérie est en passe de remplacer l’Allemagne comme
élément pivot de la mémoire historique du peuple
français.
En janvier 2003, la France a célébré, dans un climat de total
consensus, le 40e anniversaire de la signature du « traité de
l’Élysée », conclu entre de Gaulle et Adenauer, qui a marqué
l’aboutissement symbolique d’un phénomène de profonde
réconciliation entre deux peuples qui s’étaient affrontés de
manière sanglante à trois reprises en moins d’un siècle.
La commémoration d’une autre signature, celle des accords
d’Évian de mars 1962, a été moins sereine. La mémoire de
la guerre d’Algérie reste encore, quatre décennies après sa fin,
conflictuelle et douloureuse.
Certes 2003 est bien « l’année de l’Algérie » : l’année de la
découverte ou de la redécouverte d’une culture si proche et si
lointaine. Mais cette grande manifestation, qui concerne les
deux rives de la Méditerranée, n’a pu voir le jour que parce
que le travail des historiens, français mais aussi algériens – on
pense tout particulièrement à l’œuvre de Mohammed Harbi,
qui fut un militant de premier plan du FLN –, a permis de
briser les mythes et d’écrire une histoire rigoureuse, fondée
sur des archives nouvelles et sur un examen critique des
témoignages des acteurs du drame.
L’exposition proposée par La Coupole a été préparée en étroite
collaboration avec Benjamin Stora, né en 1950 à Constantine,
dans ce qui était alors un département français d’Afrique du
Nord. Il est aujourd’hui le grand spécialiste de l’histoire du
Maghreb, des origines de la colonisation française aux terribles
soubresauts de la guerre civile algérienne des années 1990.
Cette exposition est conçue comme une mise en perspective
historique de la mémoire visuelle du conflit franco-algérien
de 1954 à 1962.
Trois types de fonds photographiques ont été utilisés :
-
Celui, très abondant et très divers par ses thématiques,
du service photographique de l’Armée française. Il est
significatif que toute censure ait été abolie sur ce fonds
longtemps jugé « sensible » : c’est l’une des conséquences
paradoxales de l’« affaire Aussaresses » qui a permis de faire
sauter les derniers tabous, au sein de la société française ;
-
Les fonds des agences photographiques parisiennes
(Gamma, Keystone, et surtout, Paris-Match) qui ont
couvert les combats et surtout les troubles urbains, à une
époque où la politique occupait la rue ;
-
Les collections personnelles des témoins et acteurs du
conflit.
Tous les grands noms qui ont couvert le conflit algérien sont
là : Marc Garanger, Marc Flament, Marc Riboud, René Bail,
Eric Lessing, Robert Barrat. Leur œil a capté les multiples
facettes de ce qui est, à ce jour, le dernier grand drame collectif
vécu par la nation française.
L’exposition suit un « fil rouge » chronologique, qui conduit
de la « Toussaint sanglante » de 1954 aux troubles de 1962 qui
séparent les accords d’Évian de l’indépendance algérienne.
Des développements thématiques s’insèrent dans cette
chronologie pour analyser des temps forts et des questions
controversées : la « bataille d’Alger », les violences algéroalgériennes, la torture et les exactions de l’armée française, les
événements de mai 1958, la guerre des appelés, les Harkis…
Cette exposition est un travail de mémoire réalisé en toute
liberté, qui traduit bien la maturité de la société française visà-vis de son histoire récente, aussi douloureuse fût-elle.
Le site Internet de l’Académie de Lille (http://www2.ac-lille.fr/heg/default.htm)
diffuse, sous la rubrique « le casier du prof », le contenu de l’intervention de
Benjamin Stora lors de la journée d’information historique organisée par La Coupole,
le 11 décembre 2002, à l’attention des professeurs d’histoire du secondaire.
Si vous souhaitez en savoir plus sur La Coupole, consultez le site Internet
http://www.lacoupole.com.
Exposition réalisée par La Coupole, Centre d’Histoire et de Mémoire du NordPas de Calais (Saint-Omer)
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Du 5 novembre au 15 décembre, Espace Culture, vernissage le 5 novembre à 18h30
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