Le Nouvel Observateur

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Le Nouvel Observateur
Le Nouvel Observateur
A l’attention de Monsieur Claude Weill
10-12, place de la Bourse,
75002 PARIS,
Sanary-sur-mer, le 25 Août 2011
De l’Association Aubes à Monsieur Claude Weill, directeur délégué à la rédaction.
Monsieur,
Nous faisons suite à l’article de Bérénice Rocfort-Giovanni paru le 18/08/11, intitulé
“ Les croisés du baclofène ”.
L’ Association des Utilisateurs du BaclofènE et Sympathisants, (AUBES) a été créée en janvier 2010, à l’initiative de Bernard Joussaume, médecin généraliste. Elle regroupe des centaines de malades et de médecins, et parmi eux les personnalités les plus cités médiatiquement sur le sujet : Renaud de Beaurepaire, Annie Rapp et Philippe Jaury notamment.
C’est ce dernier qui doit conduire les essais programmés en 2012. Nous tenons à réagir de
façon virulente contre ce que nous considérons comme une totale désinformation sur ce
traitement et surtout sur la réalité de sa prescription en France, depuis 2008, dans le cadre
de l’alcoolo-dépendance.
Nous luttons avec un acharnement quotidien, via notre forum internet : http://forum-baclofene.fr / mais aussi en organisant colloques et formations de médecins depuis bientôt
deux ans, afin d’ encadrer au mieux la prescription. Nous ne pouvons donc pas laisser
une journaliste, apparemment peu scrupuleuse, faire un tableau aussi erroné de l’état des
choses aujourd’hui !
D’ autant plus que cette personne a eu toutes les informations en mains pour faire un
travail sérieux ou au moins honnête.
Son article a deux ans de retard sur la réalité. Qu’elle se renseigne ou plutôt qu’elle prenne
en compte les informations fournies à sa demande, avant d’écrire.
Nous sommes donc scandalisés que l’auteur de l’article laisse entendre que les malades se regroupant sur internet auraient suivi seuls, sans accompagnement médical, les traces d’Olivier Ameisen, en s’auto-administrant comme lui le traitement.
( Au passage, si lui a pu le faire c’est qu’il est médecin et savait ce qu’il faisait ! ).
Non donc, “ des centaines d’alcooliques ne lui ont pas emboîté le pas “ enfin si, mais pas
tous seuls en tout cas !
Effectivement, des centaines de médecins ont suivi aussi... C’est précisément grâce, entre
autres, au travail que nous faisons quotidiennement sur notre forum : nous accueillons
les malades, leur transmettons informations et documents sur le baclofène afin qu’ils
convainquent leur médecin de le leur prescrire.
C’est de cette façon que nous sommes parvenus à étendre le réseau de prescripteurs à
toute la France. Surtout, nous mettons en contact les novices de la prescription avec leurs
confrères aguerris. Un médecin intervient régulièrement sur notre forum.
Nous ne sommes donc pas des illuminés ou des adeptes d’une croyance sans caution
scientifique comme nous sommes présentés dans l’article !
Pour avoir eu cette journaliste très longuement et plusieurs fois au téléphone, nous sommes
maintenant convaincus qu’elle avait décidé d’ emblée de faire un article contre, en tout cas
polémique. Les données que nous lui avons fournies n’ont pas été prises en compte, ni
même lues.... Un tel manque de rigueur intellectuelle n’est jamais tolérable, mais encore
moins pour ce qui concerne les métiers dits de l’information.
Pour preuve, prenant contact avec nous, elle recherchait surtout des témoignages de personnes n’ayant pas supporté les effets secondaires, bref : des cas d’échecs au traitement. Il
y en a, mais très peu, 20 % en moyenne, ce qui n’est rien par rapport au 80% de gens qui
sortent enfin de leur enfer grâce à ce traitement. Du jamais vu en matière d’alcoolisme !
Les malades en échec ne courent pas les rues et ne cherchent pas à témoigner...
N’ayant pas trouvé les témoins négatifs qu’elle espérait, elle s’est rabattu sur les très rares
cas d’auto-médication, donc risqués, existant encore aujourd’hui, pour faire un article à
charge destiné, évidemment, à discréditer le traitement .
Question déontologie journalistique, elle a produit du sensationnel et de la polémique
avant de faire de l’ information digne de ce nom : une information vérifiée, étudiée largement, nourrie et étayée de sources fiables.
Alors nous allons re-cadrer les choses et les remettre dans le contexte d’aujourd’hui :
Non, la pratique de l’automédication n’est plus la pratique répandue, même si elle l’était
au tout début en 2008 lors de la sortie du livre d’Ameisen. C’est l’Afssaps elle-même qui
estime aujourd’hui à entre 10 et 20 000 le nombre de prescripteurs en France dans le
cadre de l’alcoolo-dépendance. Elle se base pour ça sur le nombre exponentiel de boites
de baclofène vendues depuis 2008 !
Nous rapportons ici les propos du professeur François Paille expert à l’Afssaps : “ L’Afssaps a
recensé à peu près 20 000 prescriptions de Liorésal® qui seraient, compte tenu des posologies utilisées, probablement en rapport avec l’alcoolo-dépendance. Le phénomène de
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A ssociat i on de s U t il isat e urs du B acl of è nE e t S ympat hi sant s
la prescription hors AMM s’il est en augmentation, reste donc malgré tout limité ” ( Propos
tenus sur le site Créapharma ).
Non, les médecins qui le prescrivent ne sont pas “ hors les clous “ : la prescription hors
AMM n’est pas interdite. Elle est même monnaie courante pour d’ autres pathologies. Les
médecins prescrivent régulièrement hors AMM, sans même le savoir et sans même se
poser la question.
Non, les prescripteurs ne tâtonnent plus sans savoir comment faire : le protocole existe, il
est facilement accessible pour ceux qui veulent bien se renseigner. Notre association met
d’ailleurs depuis deux ans “ les novices ” en contact avec des prescripteurs de la première
heure pour les aiguiller.
Non, les noms de prescripteurs ne se “ refilent plus sous le manteau ” comme il y a deux ans.
De plus en plus de médecins ne se cachent pas et prescrivent ouvertement ! Si, au départ,
nous n’avions qu’une dizaine de noms de prescripteurs connus, nous en avons plus d’une
centaine aujourd’hui sur toute la France et c’est sans compter les milliers d’autres qui le
font, selon l’Afssaps, sans le dire...
Non, les addictologues ne sont plus tous sceptiques ! Des réseaux publics tel le Réseau
addiction (Resad) Vaucluse Camargue, entre autres, ont inclus ( suite à notre intervention
pour une soirée d’information chez eux ) le traitement à leur protocole de soin.
Ils ont compris que le baclofène était un fabuleux outil, le meilleur, à utiliser en parallèle
à leurs traitements comportementaux et psychologiques au long court, pour sortir le plus
solidement possible de l’ addiction.
Bref, comme nous le disions au début, cette journaliste à deux ans de retard sur l’actualité
de ce traitement. A se demander même si elle a lu les articles de ses confrères sur le sujet, à
commencer par ceux d’ Hervé Ratel dans Science et Avenir... qui fait partie de votre groupe
pourtant...
Cet article fait fi de tous les autres articles sérieux parus depuis trois ans et de toutes les
publications scientifiques parues depuis plus de 10 ans sur le sujet.
Non les patients traités au baclofène ne sont pas les adeptes d’une poudre magique sortie
du chapeau d’un illuminé, quasi gourou ! Olivier Ameisen est un professeur en médecine
reconnu pour ses travaux et ses publications et, les médecins qui l’ont suivi ne sont pas
d’obscurs rebouteux sectaires obligés de se cacher pour le faire !
Cet article donne pourtant la sensation que la communauté médicale toute entière est
sceptique face à cette découverte. Il donne la parole à deux médecins, jusque là complètement inconnus au bataillon en matière de baclofène dans le traitement des addictions :
Madame Geiger-Blanchot et monsieur Craplet, dont personne n’avait jamais lu le nom
ni entendu la voix sur le sujet, jusqu’à maintenant ! Deux médecins qui ont l’air très peu
informés...
Pourtant madame Rocfort-Giovanni a eu tous les contacts possibles vers les prescripteurs
aguerris... à commencer par celui de Philippe Jaury, futur coordinateur des essais et ayant
traité déjà des centaines de patients... Curieux qu’elle ne les aie pas contactés .
Dans quel but ces choix pour le moins partiaux ?
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De la même manière pourquoi ne sortir que ce témoignage d’une personne qui au départ
s’est auto-médiquée, faute de prescripteur, alors qu’une dizaine d’autres témoignages de
personnes suivies médicalement étaient à sa disposition ?
Quel est le but de cet article ? Faire de la polémique gratuite, sans fondement en plus ?
Ne s’improvise pas polémiste qui veut et encore moins sur un sujet aussi grave que celui
là : une maladie qui cause la mort de 120 personnes par jour en France.
On n’ a pas le droit de jouer avec ça pour faire un “ bon ” papier !
Déontologiquement, il est scandaleux de traiter un tel sujet avec autant de désinvolture, de
manque de rigueur et de sérieux en le doublant en plus d’une ironie cynique et méprisante.
Les alcooliques ne sont pas des fanatiques se battant pour une croyance, les alcooliques
sont des malades qui veulent ne plus souffrir de leur maladie. Ils ont pour cela droit à des
soins efficaces. Comme tous les malades atteints de graves maladies.
Les gens traités au baclofène, qui trouvent enfin une qualité de vie décente grâce au traitement, ne sont pas des “ croisés ” voulant imposer au monde une vision délirante, ils veulent
juste enfin vivre !
Votre journaliste souffrirait-elle d’ une totale inculture doublée d’une totale immaturité pour
autant mélanger les genres et altérer sa réflexion ?
A la base, il est déjà totalement scandaleux de décider, d’écrire à priori un article contre
quelque chose. C’est encore plus scandaleux lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi dramatique.
C’est pire encore alors qu’on a toutes les informations en mains pour investiguer, de maintenir ce choix de départ en mettant de côté plus de la moitié des informations qu’on a
récoltées.
En publiant ce genre de choses, vous discréditez votre journal. Que cette personne fasse ses
armes de future éventuelle polémiste sur des sujets légers... où il n’y a pas mort d’hommes.
Et si elle le fait, qu’elle le fasse avec une rigueur intellectuelle et scientifique digne de ce
qu’on doit attendre d’elle.
Pour les milliers d’alcooliques qui meurent chaque année de cette terrible maladie, nous
vous demandons de publier ce droit de réponse et également de publier notre communiqué
de presse ci-joint.
Marion Gaud
Chargée de communication de Aubes
[email protected]
0626890706
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