Symposium de l`O.I.E. sur les aspects sanitaires du contrôle et de l

Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1983, 2 (2), 605-608.
Symposium de l'O.I.E.
sur les aspects sanitaires
du contrôle et de l'utilisation
des anabolisants en production animale*
Paris, 15-17 février 1983
CONCLUSIONS**
Sir William M. HENDERSON
Il était tout à fait approprié que ce Symposium sur l'utilisation des
agents anabolisants en production animale soit confronté à la situation mondiale d'une demande alimentaire croissante pour une population humaine de
plus en plus nombreuse. Le fossé qui sépare les nantis et les indigents est bien
connu mais l'importance des moyens à mettre en œuvre pour y remédier n'est
pas suffisament connue. A cet égard, le Professeur H . Jasiorowski (Université de Varsovie, Pologne) a apporté, dans son r a p p o r t de synthèse, une contribution importante qui mérite réflexion. Selon lui, bien q u ' o n s'oriente vers
une augmentation de la production totale de viande et de lait, cette tendance
correspond en fait à une opposition croissante entre la production par tête
dans les pays développés et les pays défavorisés. Dans ce deuxième groupe de
pays, le n o m b r e d'animaux a augmenté mais ceci ne s'est pas accompagné
d ' u n e amélioration de la productivité. P o u r atteindre ce but, il conviendrait
d'augmenter le potentiel génétique du bétail, tout en modifiant les systèmes
de production animale. En l'absence de changements fondamentaux qui
seraient d'ailleurs d'une grande complexité, il semble qu'il y ait de faibles
perspectives d'améliorer la productivité des systèmes fondés sur le n o m a disme et la transhumance. Or ce sont les principaux systèmes de production
animale dans les régions du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Asie.
Les Professeurs Jasiorowski et G . C . Poppensiek (Université de Cornell,
U.S.A.) ont évoqué le sujet délicat de l'alimentation des animaux par les
céréales. Leurs conclusions sont complémentaires. Selon le Professeur Jasiorowski, le problème résulte d'une distribution inégale compte tenu de fortes
différences de pouvoir d ' a c h a t entre les différents groupes sociaux. Le P r o fesseur Poppensiek a considéré qu'il fallait surtout augmenter l'emploi et le
pouvoir d ' a c h a t parmi les pays défavorisés. Selon l'auteur de ces lignes, tant
que les céréales seront disponibles sur le marché mondial à des prix auxquels
* La publication complète des documents du Symposium est actuellement en préparation.
** Traduit de l'anglais.
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peuvent s'adapter les coûts de production des systèmes d'élevage intensif, les
céréales seront distribuées aux animaux étant donné que cette contribution
correspond à une mise en œuvre plus facile. Le m o n d e se trouve confronté à
des problèmes très difficiles d ' o r d r e social, économique et politique. Ils
empêchent certaines populations d'acquérir les ressources minimales nécessaires pour satisfaire leurs besoins alimentaires de façon juste et équitable
Beaucoup de moyens sont disponibles pour améliorer de façon substantielle la productivité de l'industrie animale : entre autres, l'amélioration génétique, l'amélioration des pâturages, la culture des fourrages, la prévention des
maladies, une meilleure gestion des stocks et une amélioration de l'efficacité
alimentaire. Mais beaucoup de ces moyens ne peuvent être mis en œuvre q u ' à
long terme. On peut atteindre le même objectif par un raccourci qui consiste à
utiliser les agents anabolisants chez les bovins. Le potentiel d'amélioration
résultant de l'utilisation des anabolisants peut être de l'ordre de 1 5 % en gain
de poids vif, ce qui correspond à une production complémentaire de 20 à
30 kg de viande. Il convient de souligner que ceci s'applique aux bovins en
bonne santé, qui reçoivent une ration correcte, à qui on applique un implant
selon les recommandations et qui sont élevés dans de bonnes conditions.
La marge de gain de poids étant de 10 à 2 0 % au moins, en raison de la
meilleure transformation des aliments, on peut se demander p o u r q u o i
128 chercheurs et représentants de 23 pays ont consacré trois jours à discuter
du sujet au cours de ce Symposium ?
A la lecture des rapports présentés et en fonction des discussions qu'ils
ont suscitées, on constate que l'on dispose maintenant de beaucoup plus
d'éléments sur l'évaluation des risques liés à l'utilisation des anabolisants,
que ce qui était connu lors des réunions précédentes. Le cheminement de ces
réunions a été bien décrit par le Dr. A . Koulikovskii de l ' O . M . S . Le développement des dosages radio-immunologiques est un élément important qui a
contribué à une meilleure connaissance des substances. La mise en œuvre de
ces dosages, ainsi que des autres techniques, a fourni des données sur les
niveaux nouveaux des hormones endogènes aux différents stades physiologiques, ainsi que sur les résidus tissulaires des mêmes substances ou de leurs
analogues utilisés comme anabolisants. Depuis q u ' o n dispose de méthodes de
dosage beaucoup plus sensibles, il est devenu de plus en plus difficile de
détecter de très faibles doses d ' h o r m o n e s dans les tissus, puisqu'elles correspondent souvent à des valeurs qui vont de parties par milliard (ppb) à parties
par trillion (ppt).
On distingue deux classes d'anabolisants. Dans les deux cas, les anabolisants orientent les fonctions métaboliques vers une augmentation de la production de protéines. Une classe comprend des hormones Stéroides sexuelles
endogènes ou naturelles, c'est-à-dire les androgènes, les oestrogènes et les
progestagènes. L'autre classe comprend des Stéroides de synthèse. Ce sont
des analogues des hormones naturelles qui présentent habituellement u n plus
grand potentiel anabolisant et un effet plus spécifique sur la croissance.
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L'inquiétude suscitée p a r les effets secondaires possibles des h o r m o n e s
Stéroides, qu'elles soient naturelles o u artificielles, endogènes ou exogènes,
est liée à la relation connue depuis plusieurs années, entre les Stéroides sexuels
endogènes et certains phénomènes cancéreux.
Les Stéroides endogènes.
Des informations très complètes ont été apportées sur la production
d'oestrogènes chez l ' h o m m e , le femme et l'enfant, de même que sur la concentration d'œstrogènes naturels dans les tissus consommables des bovins, la
concentration d'oestrogènes dans les mêmes tissus de bovins ayant reçu des
implants et ayant été soumis o u n o n à un délai d'attente avant l'abattage. Des
informations ont également été apportées sur les teneurs en œstrogènes de
certains produits animaux et végétaux. Il semble y avoir un accord unanime
pour affirmer que les hormones
endogènes, à
l'estradiol17 ß , la progestérone et la testostérone, employés sous contrôle comme anabolisants en production animale, sont sans danger pour la population
humaine.
Stérod
i es
savoir
Les Stéroidesexogènes.
La situation des anabolisants exogènes est plus préoccupante. Il semble y
avoir un consensus contre l'emploi du dyethylstilbestrol, stilbène œstrogénique qui a été classé comme cancérigène pour l ' h o m m e et les animaux de laboratoire. Les xénobiotiques, à savoir le zéranol, le mélengestrol et la trenbolone, dont l'utilisation est autorisée dans un certain n o m b r e de pays, appartiennent à une catégorie plus sûre. Plus d ' u n e douzaine de rapports ont été
présentés sur les différents aspects que présentent les xénobiotiques, leur
m o d e d'utilisation, leur activité anabolisante, leur métabolisme, l'évaluation
de leur toxicité et le perfectionnement des méthodes de détection ou de
dosage de leurs résidus dans les tissus animaux. E n matière d'évaluation du
risque toxicologique, les anabolisants de synthèse présentent un inconvénient
par r a p p o r t aux
endogènes : leur absence de production p a r
l ' h o m m e , et donc l'absence d ' u n e base de comparaison. Cependant, beaucoup d'informations ont été recueillies sur la persistance de leurs métabolites,
évaluée quantitativement, et sur le degré de toxicité de leurs résidus.
Stérod
i es
Néanmoins, la trenbolone et le zéranol ne sont pas universellement admis.
L'utilisation du zéranol est toutefois agréée aux Etats-Unis p a r la « F o o d and
Drug Administration » et celle de ces deux produits l'est au Royaume-Uni.
Selon le Professeur L a m m i n g , le Groupe d'Experts de la C . E . E . dont il est le
Président n'est pas encore prêt à agréer l'emploi de la trenbolone ni du zéranol. Telle est aussi la position actuelle du Comité d'Experts F . A . O . / O . M . S .
sur les additifs alimentaires.
La discussion sur l'évaluation toxicologique a été d ' u n grand intérêt; des
progrès ont été réalisés en faveur d ' u n accord sur les informations qui pourraient être demandées par les autorités réglementaires, bien que des opinions
divergentes aient été exprimées quant au choix des méthodes. L a condition
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générale requise concerne l'acquisition de données biochimiques plus n o m breuses sur le mécanisme d'action et le mécanisme de toxicité de ces produits.
Les informations critiques souhaitées concernent la dose sans effet h o r m o n a l ,
compte tenu naturellement de la nécessité que l'action anabolisante du p r o duit soit préservée lorsqu'il est administré à cette dose. Il a été cependant souligné que l'agrément devrait être validé par les résultats d ' u n certain n o m b r e
de tests. Le r a p p o r t du Dr. Crawford, de la « Food and Drug Administration » des Etats-Unis, énumère les tests jugés appropriés par cette administrat i o n . Les rapporteurs ont décrit les méthodes d'analyse très sensibles qui ont
été mises au point pour les anabolisants, ce qui a représenté une contribution
très importante à la réunion.
Quoi que nous puissions penser en tant que scientifiques, nous ne serions
pas réalistes en ne tenant pas compte du fait q u ' u n e conclusion valide,
s'appuyant sur des preuves scientifiques, peut être annihilée par la pression
plus forte de considérations politiques ou commerciales. P a r conséquent, si
nous sommes disposés à réunir les données qui, j ' e n suis persuadé, ne m a n queront pas d'être obtenues, il faut que nous produisions tous les éléments
complémentaires requis pour convaincre les autorités réglementaires que la
trenbolone et le zéranol sont des produits sûrs. Je crois pouvoir interpréter le
sentiment de la réunion en disant que, pour bon n o m b r e d'entre n o u s , ces
produits ne sont pas dangereux, ce qui, apparemment, n'est pas la même
chose.
Assurément, nous ne devons pas m a n q u e r de conserver l'avantage des
produits anabolisants d'accroître la productivité chez les animaux d'élevage.
Dans le contexte économique actuel, nous devons privilégier l'efficacité et
recueillir les bénéfices d ' u n meilleur indice de conversion alimentaire. Selon
une estimation raisonnable, quelque 300.000 tonnes d'aliments p o u r animaux
par million de bovins amenés à leur poids d ' a b a t t a g e pourraient être épargnées grâce à l'utilisation des implants anabolisants. Dans son r a p p o r t , le Dr.
Emilio J. Gimeno estime qu'en Amérique Latine ces bénéfices équivalent à
750 millions de dollars US par an.
En dernier lieu, je voudrais souligner que l'utilisation des anabolisants
nous permet d'accroître la productivité du bétail, ce qui est particulièrement
important lorsque les protéines animales disponibles actuellement sont insuffisantes pour couvrir les besoins alimentaires de la population h u m a i n e . Ce
concept porte sur un long terme, mais il conduit à souligner à nouveau combien est nécessaire l'harmonisation internationale des réglementations qui
régissent l'utilisation des anabolisants.