EXPOSITION / kunstmuseum basel / JUSQUrAU 18 SEPTEMBRE
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EXPOSITION / kunstmuseum basel / JUSQUrAU 18 SEPTEMBRE
exposition / kunstmuseum basel / jusqu’au 18 septembre Qu’est-ce que la sculpture contemporaine ? Installations, détournements d’objets, performances… En un peu moins d’un siècle, la sculpture a fait sa révolution en dépassant le strict cadre de la statuaire. Une impeccable exposition bâloise nous raconte cette histoire fascinante qui, des lignes pures d’Ellsworth Kelly aux sculptures vivantes de Gilbert & george, montre le potentiel illimité de cet art du volume. par Ann Hindry Ellsworth Kelly Blue Red Rocker Rirkrit Tiravanija Sans titre (Bon voyage monsieur Ackermann) Aménagée à l’origine en studio d’enregistrement mobile, l’Opel Commodore est devenue objet d’art. Le vieux véhicule définitivement immobilisé montre à travers des images enregistrées par ses téléviseurs incorporés, les trois voyages effectués à son bord par l’artiste. Ni objet souvenir ni relique, elle évoque une dimension temporelle du rapport dynamique de l’action humaine à son objet. 1995, installation, Opel Commodore GS Coach de 1969, cuisine embarquée dans le coffre, tabourets pliables, glacière, télévisions, dimensions variables. 102 Beaux Arts Le deuxième d’une série de petites sculptures au sol nées de la manipulation distraite que l’artiste faisait d’un couvercle de gobelet en papier. La structure de base des trois œuvres est semblable : un plan plié dont les deux flancs arrondis renvoient instantanément aux formes en aplats colorés des peintures de l’artiste. Le rouge vif des faces internes de Blue Red Rocker attire le regard et ouvre la sculpture. Un chef-d’œuvre à la lisière de la peinture et de la sculpture. 1963, aluminium peint, 185 x 101 x 155 cm. Beaux Arts 103 exposition / Qu’est-ce que la sculpture contemporaine ? ci contre Claes Oldenburg Poêle De gauche à droite Alberto Giacometti L’Homme qui chavire 1950, bronze, 60 x 14 x 22 cm. La cuisinière garnie d’ingrédients comestibles surdimensionnés fait partie des objets proposés dans l’installation The Store. Faits de bric et de broc, ils annoncent le destin de leurs modèles : une prompte disparition. Oldenburg dresse un parallèle ironique entre institutions muséales, qui vont leur assurer une pérennité, et banals lieux de négoce, entre œuvres d’art et objets de consommation. 1962, poêle et ustensiles de cuisine en toile plastifiée et peinte, 146 x 72 x 70 cm. Constantin Brancusi L’Oiseau 1923-1947, marbre et roche calcaire, 121 x 28 x 27 cm. en bas, à gauche Alberto Giacometti Quatre femmes sur socle L’artiste a décliné durant une trentaine d’années des variantes sculpturales tirées de la forme topologique continue du ruban de Möbius. Dans cette version, réalisée par des tailleurs de pierre à partir d’un bloc de 700 kilos, la compacité et le poids perceptibles du granit s’inscrivent en contrepoint subtil à la fluidité et à l’ouverture de la figure. Bill subvertit ainsi la pesanteur délibérée de la statuaire monumentale. 1950, bronze peint, 76 x 41,5 x 17 cm. Alberto Giacometti La Jambe 1958, bronze, 220 x 30 x 46,5 cm. Des attitudes plus que des personnages dans ces silhouettes humaines surgies de la matière et de la facture mêmes de leur socle. La rangée de quatre femmes tiges et la frêle silhouette en déséquilibre de Giacometti, comme la forme aérodynamique dressée pour l’envol sur son socle géométrique de l’Oiseau de Brancusi, remisent définitivement dans l’histoire l’emphase de la statuaire. Max Bill Endless Ribbon Version IV 1960–1961, granit gris, 130 x 175 x 90 cm. ci-dessous Pablo picasso La Guenon et son petit Cette petite sculpture s’inscrit dans ce qu’explore Picasso depuis les débuts du cubisme et les sculptures assemblages «figuratives» constituées à base d’objets trouvés des années 1910 et 1920 : la dynamique de la perception, la façon dont l’œil structure et reconstitue ce qu’il voit. Il confère ici une humanité à l’animal dont le museau est une petite voiture jouet et sa panse un vase. Le choix du bronze pour «unifier» le tout en une «statue» de facture classique ne manque pas d’ironie. 1951, bronze, 59 x 35 x 63 cm. Q uiconque atterrit à l’aéroport de Bâle jusqu’au 18 septembre ne pourra manquer d’apercevoir sa tour de contrôle couverte sur presque toute sa hauteur d’un gigantesque kakémono montrant, en majesté, une image de Blue Red Rocker, une sculpture emblématique du grand artiste américain Ellsworth Kelly. Une façon pour le moins tonitruante d’annoncer l’exposition «Sculpture on the Move (1946-2016)», organisée par le Kunstmuseum de Bâle à l’occasion de l’ouverture de son nouveau bâtiment. Cette vaste extension, reliée au musée d’origine par un passage intérieur, démultiplie les espaces d’exposition en évitant toute rupture dans le parcours. «Sculpture on the Move (1946-2016)» est le deuxième volet d’une exposition récapitulative organisée en 2002 et intitulée «Painting on the Move». Toutefois, à l’opposé de cette dernière, à qui l’on pouvait reprocher une tendance très muséale à cartographier un médium présenté comme monovalent dans une approche historiciste, l’exposition consacrée à la sculpture parvient à montrer, sans didactisme aucun, l’exceptionnelle dispersion formelle et le large déploiement sémantique qui caractérisent les 104 Beaux Arts quatre dernières décennies de l’art «dans le volume». Tandis que l’exposition picturale privilégiait une chaîne évolutive linéaire depuis l’avènement de l’ère moderne, celle d’aujourd’hui, par le biais d’une sélection de quelque 70 œuvres triées sur le volet (presque systématiquement une seule par artiste), réussit à montrer que le vaste champ hétéroclite de propositions artistiques, toujours réunies, par une convention tacite persistante, sous le vocable de «sculpture», est tout aussi défrichable par le biais des simultanéités, des thématiques ou des rapprochements d’intentions, que par un système de filiations arbitraires. L’enjeu est certes plus complexe que celui de l’exposition de 2002. Ainsi la peinture, malgré les bouleversements et les itinérances matérielles qui ont marqué les dernières décennies, reste, bon an mal an, physiquement dans le domaine du plan. Ce plan est logiquement circonscrit, cadré, quelles que soient la taille ou la matière du support, qu’il s’agisse d’une toile, d’un mur, d’un sol, d’un plafond, d’un corps, d’une reproduction numérique ou autre, d’une projection lumineuse (un environnement de James Turrell n’est-il pas en même temps de l’ordre de la peinture dès lors qu’il s’appuie sur le plan ?), d’une adéquation à l’architecture (un dessin de Sol LeWitt reste une fresque, une mise en couleur architecturale de Christophe Cuzin épouse les plans et reliefs du lieu). En revanche, la notion de volume libre que sous-tend le terme de «sculpture» laisse celui-ci applicable à des métamorphoses aussi radicales que variées. Un objet devenu itinérant Au tournant du XXe siècle, un glissement sémantique et ontologique s’est néanmoins produit entre la catégorie de la statuaire, monument fonctionnel renvoyant à un lieu, un personnage ou un fait hors d’elle-même et qui était resté jusque-là considéré comme un art secondaire par rapport à la catégorie de la peinture. Ce fut l’émancipation de ce que l’on allait désormais nommer «sculpture». Celle-ci est devenue nomade, un objet itinérant, libre de sa signification et, dès lors, ouvert de facto à tous les possibles. Il ne restera, jusqu’à aujourd’hui, de ce qui a précédé cette mutation signifiante, que l’usage sporadique du socle, avatar de la statuaire qui l’isolait de la réalité de son lieu, et désormais utilisé le plus souvent à des fins critiques ou ironiques (le Rabbit de Jeff Koons [ill. p. 108], dans Beaux Arts 105 exposition / Qu’est-ce que la sculpture contemporaine ? ture chronologique stricte de celle-ci, ancrant délibérément la peinture dans une tradition séculaire inattaquable, participait du débat du tournant du siècle, aujourd’hui obsolète, sur la menace d’une mort possible de cet art, le parti pris de l’exposition présente est tout autre. Ce n’est pas l’obsolescence qui guette la sculpture, mais bien la nécessité imparable pour le regardeur de repositionner son regard et avec lui son rapport à l’art, face à la multiplicité exponentielle des propositions. Il s’agit désormais de faire face à une dispersion difficile à intégrer, sans avoir recours à quelque appui historique qui la légitimerait en quelque sorte, mais en prenant en considération les problématiques socioculturelles, politiques, psychologiques, scientifiques, pour ne citer qu’elles, qui ont motivé les œuvres qu’il contemple. Jean Tinguely Méta-Herbin no 1 (Mécanique sonore) En parlant de la difficulté du peintre à choisir l’instant où l’œuvre est achevée, Jean Tinguely disait avoir choisi le volume et le mouvement pour «échapper à cette pétrification, à cette fin». Ici, la sculpture à la référence picturale précise à l’artiste abstrait Auguste Herbin est éclatée et sonore. Tous les attributs conventionnels de la sculpture – immobilité, solidité, plénitude –, sont pulvérisés par une logique mécanique retournée sur elle-même dans une irrationalité à la fois chaotique et organisée. 1955, 6 roues et 7 parties mobiles, en métal partiellement peint, moteur de gramophone manuel, 127 x 48 x 45 cm. le crépuscule du vertical Paul Thek Dwarf Parade Table Cette parade loufoque fait partie d’une série d’installations modulables. L’agencement hétéroclite, hasardeux et éphémère met à mal avec humour la notion de pérennité de l’œuvre d’art. 1969, table en bois, chien empaillé, plastique, cartes postales, photographies, dessin, nain et champignons en céramique, vaisselle et chaises, environ 87 x 235 x 75,5 cm. Andy Warhol White Brillo Boxes En contradiction ironique avec la «non-identité» caractéristique de la production de masse, les Brillo Boxes sont devenues des icônes de l’art contemporain et ont acquis un statut unique. Où est l’objet standard, où est l’art ? Dans l’intention de l’artiste. 1964, sérigraphie sur bois, 24 pièces, 44 x 43 x 35,5 cm chacune. 106 Beaux Arts l’exposition, par exemple, est le seul dont l’artiste ait exigé, sans doute à juste titre par rapport à son propos, qu’il bénéficie d’un socle haut). La très rigoureuse exposition de Bâle traite implicitement toutes ces questions en déployant avec sobriété sa sélection historique exigeante d’œuvres représentatives du «Champ élargi de la sculpture», pour reprendre le titre du célèbre article de l’historienne Rosalind Krauss. Sa répartition géographique en trois sections, déterminant trois grandes périodes chronologiques, rappelle quelque peu l’organisation de «Painting on the Move». Or, tandis que la struc- L’itinéraire souple de l’exposition débute au premier étage du nouveau bâtiment, dont les neuf salles sont dédiées aux années 1946-1980 pour se poursuivre avec un voisinage passionnant dans la très grande salle du rez-de-chaussée consacrée aux années 1980. Enfin, la partie contemporaine, depuis les années 1990 jusqu’à aujourd’hui, occupe un peu plus loin, à quelques minutes à pied, sur les bords du Rhin, l’annexe du Gegenwart. Dans les bâtiments principaux, quelques œuvres magistrales font également irruption dans les collections permanentes : un grand personnage en bois taillé de Beuys domine un escalier menant au foyer, un gisant en aluminium de Charles Ray occupe le milieu d’une salle médiévale, ou encore, isolé au niveau du sous-sol, se déploie le sombre champ de piques en acier du Bed of Spikes de Walter de Maria. L’accrochage est, de façon générale, particulièrement aéré, avec peu d’œuvres par salle, offrant ainsi des espaces de respiration qui permettent de s’approprier chaque sculpture à loisir et d’en appréhender plus facilement les voisinages. Ces derniers sont souvent inattendus, posent question, dialectisent les contenus. Ce parti pris, peu courant aujourd’hui, offre un contrepoint bienvenu à la pléthore de créations contemporaines qui se trouvent trop souvent accumulées à des fins de surenchère stratégique dans les foires et les expositions blockbusters et que l’on n’a par conséquent ni l’espace ni le temps d’approfondir. À l’orée de l’exposition, la partie moderne, délibérément succincte, propose un somptueux crépuscule de la statuaire pleine et verticale, immuable, avec quatre œuvres longilignes dont l’Oiseau de Brancusi [ill. p. 104] ou l’Homme qui chavire de Giacometti [ill. p. 104], lesquelles sont immédiatement suivies dans les deux salles Beaux Arts 107 exposition / Qu’est-ce que la sculpture contemporaine ? Gilbert & George The Singing Sculpture La Singing Sculpture fut présentée une première fois en 1969. À Bâle, on verra la vidéo d’une performance de 1991. Cette «sculpture humaine» introduit, outre l’artiste comme sa propre sculpture, une notion temporelle et matérielle nouvelle. Liée à la vie des artistes, qui chantent une bluette des années 1930, elle perdurera par des éléments indiciels : enregistrement sonore, photographie et vidéo. 1969, performance à la Sonnabend Gallery, New York, 1991, film de Philip Haas, film 16-mm et vidéo sur DVD en couleur et sonore, 20 min. Katharina Fritsch Warengestell mit Gehirnen Ce double cône est constitué de rangées de sphères de cerveaux humains en aluminium. Ainsi déshumanisé, l’organe humain, démultiplié et aligné à l’étalage, devient outil de sculpteur et élément de sculpture, mais aussi objet de série semblable à l’objet commercial. L’évocation d’une identité humaine mécanisée est une des constantes de la démarche critique de l’artiste. 1989-1997, aluminium, plastique, peinture, 250 x 120 cm. Jeff Koons Rabbit Avec la sculpture reine de la série des sujets enfantins, Koons déclare solliciter chez le spectateur une régression positive en le conviant à un moment de délectation simple et direct, propre à l’enfant que chacun conserve en soi. Il ébranle par là même la grande figure épique de la sculpture traditionnelle en intronisant sur socle, et dans un matériau rutilant et réfléchissant, la représentation du petit jouet animalier le plus banal qui soit. 1986, acier, 104 x 48 x 30,5 cm. 108 Beaux Arts attenantes par la matière éclatée des Five Branches With 1000 Leaves de Calder (1946) en vis-à-vis du Meta-Herbin no 1 de Tinguely [ill. p. 107], puis une Reclining Figure ouverte et paysagère de Henry Moore (1951). Réalisées également dans les années 1950, Australia de David Smith (1951) et Música callada (1955) d’Eduardo Chillida soulèvent toutes deux, par leur configuration linéaire ouverte et plate, la question de la relativité de la perception, en l’occurrence tributaire de la position du spectateur. Ce prélude donne le ton et l’esprit qui animera l’ensemble de l’exposition : peu d’œuvres, de grande qualité, dont le voisinage souple déclenche une réflexion consciente ou subliminale sur la dynamique de ce que l’on voit. Le point d’orgue de cette section pourrait être la Guenon et son petit, sculptureassemblage au museau/voiture et ventre/vase, coulée en bronze, de Picasso [ill. p. 105]. de l’éphémère au politique Les salles suivantes, «postmodernes» donc, sont distribuées selon des thématiques également souples, qui se chevauchent allègrement, et qui sont plus de l’ordre de la suggestion que de l’interprétation dirigée. Les années 1960 démarrent ainsi sur le concept de l’éphémère avec aussi bien les films de l’Hommage à New York de Tinguely ou le Corpo d’aria de Piero Manzoni que la photographie historique de Yard, l’«environnement» de Allan Kaprow à qui l’on doit également cette appellation qui deviendra une catégorie à part entière, et l’empilement adaptable des boîtes Brillo de Warhol ou la Wurstwolke périssable de Dieter Roth. Ce sont aussi les diverses démarches qui achèvent de mettre à mal la notion d’intégrité physique de l’objet sculpture : une Stone Line de Richard Long, une vidéo de la Spiral Jetty de Smithson, l’arte povera avec des œuvres de Pistoletto et Merz, une installation au sol de Beuys. Le corps de l’artiste se fait sculpture avec des vidéos de la célèbre Singing Sculpture de Gilbert & George et de la série des Wall/ Floor Positions de Bruce Nauman. L’ingénuité de l’accrochage au fil des salles s’impose avec un choix subtil démontrant la quasi-simultanéité, peu mise en avant dans la nomenclature acceptée, de nombre d’approches très diverses : Carl Andre et John Chamberlain, Ellsworth Kelly et Michelangelo Pistoletto, par exemple. À partir du tournant des années 1990 se profile un retour à la référence explicite au corps humain – Charles Ray, Martin Kippenberger ou Franz West – puis au rapport de celui-ci à sa condition, à son lieu immédiat – l’usage des objets enfantins chez Jeff Koons, Mike Kelley ou Robert Gober, les parodies d’habitats de Genzken ou Fischli & Weiss. Puis, dans les années 2000 se dessine une approche plus oppressive, forte d’une violence critique, notamment chez Damien Hirst, M atthew Bar- ney ou Maurizio Cattelan pour ne citer qu’eux. L’œuvre la plus explicitement politique de l’exposition est sans doute Tribunal, l’installation du très militant Christoph Büchel renvoyant à Guantánamo. Isolée dans le musée où elle est installée depuis 2007, elle offre également une conclusion très à propos à une grande exposition retraçant, sans surenchère, par des choix ciblés, le potentiel illimité de cette nouvelle acception du terme générique de «sculpture». n «Sculpture on the Move (1946-2016)» jusqu’au 18 septembre Kunstmuseum • St. Alban-Graben 20 • Bâle • +41 61 206 62 62 www.kunstmuseumbasel.ch à paris, picasso en volume Les expositions de sculptures sont trop rares pour ne pas se réjouir de cette double actualité, à Bâle et à Paris, qui célèbre le 2e art dans ses dimensions moderne et contemporaine. Il fallait bien à Picasso un musée entier (le sien en l’occurrence) pour témoigner du foisonnement de son œuvre sculpté, domaine de la création qui illustre au mieux, selon l’artiste, les «mouvements de la pensée». Le parcours, subtil et intelligible, réunit quelque 240 œuvres, figures de bois de ses débuts influencées par les arts dits alors «primitifs», verres d’absinthe modelés dans de la cire de sa période cubiste, personnages en tôle pliée des années 1950-1960. Éblouissant. D. B. «Picasso – Sculptures» jusqu’au 28 août • musée Picasso 5, rue de Thorigny • 75003 Paris • 01 85 56 00 36 www.museepicassoparis.fr Beaux Arts 109