" Déficience intellectuelle – Développement cognitif" ( PDF
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Déficience intellectuelle – Développement cognitif Raphaëlle Tsao MCF Psychologie cognitive ; IUFM Aix-Marseille, Psyclé (EU 3273 ; U. de Pce) Temps des Ulis – novembre 2010 1 Introduction – évolution des concepts débile, imbécile, idiot, mongole, arriéré mental, crétin, handicapé mental, handicapé intellectuel, déficient mental, retardé mental… personne présentant une DI, un RM, un retard intellectuel, une incapacité intellectuelle, personnes à Besoins Particuliers. Eviter les termes à connotation négative La personne doit primer sur ses incapacités. Ex : mongolisme, mongole, trisomique → personne porteuse de T21. 2 Classifications internationales Systèmes de classifications principaux : CIM-10 (Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes - 10éme révision) adoptée par l’Organisation mondiale de la santé, OMS, 1992). DSM IV (Manuel Diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’American Psychiatric Association, APA, 1994). Retard mental Déficience intellectuelle (AAIDD, 2007). 3 Classifications CIM 10 et DSM-IV RM CIM 10 DSM-IV Définition Arrêt ou développement incomplet du fonctionnement mental caractérisé par une altération, durant la période du développement, des facultés qui déterminent le niveau global d’intelligence (fonctions cognitives, langage, motricité et capacités adaptation sociales). 3 critères : 1) Fonctionnement intellectuel général inférieur à la moyenne 2) Limitations significatives du fonctionnement adaptatif 3) Début avant l’âge de 18 ans RM léger QI de 50 à 69 (chez adulte : AM de 9 ans à QI de 50-55 à 70 environ 12 ans) RM moyen QI de 35 à 49 (chez adulte : AM de 6 à 9 QI de 35-40 à 50-55 ans) RM grave QI de 20 à 34 (chez adulte : AM de 3 à 6 QI de 20-25 à 35-40 ans) RM profond QI au dessous de 20 (chez adulte : AM en QI inférieur à 20-25 dessous de 3 ans) 4 Description des niveaux de RM (DSM III) Niveau de RM QI Léger 50-55 à 70 Modéré 35-40 à 5055 5 % de la pop RM 80% 12% Niveau scolaire Communication Utilisation de l’argent Autonomie Fin du primaire Lit des textes simples avec compréhension : écrit de petits messages, capable de compléter des formulaires, ne pourrait écrire sur des sujets abstraits. Peut rendre la monnaie, a des difficultés à gérer son budget. Insertion sociale et professionnelle : vit de façon indépendante ou au sein des structures protégées. 1° année du primaire Lit et comprend des phrases simples, déchiffre des enseignes. Peut l’appoint. Bénéficie d’une autonomie au prix d’une assistance modérée. Vit généralement en structures protégées. Travail en CAT. faire Description des niveaux de RM (DSM III) Niveau de RM QI % de la pop RM Sévère 20-25 à 3540 Profond Au dessou s de 20-25 6 Niveau scolaire Communication Utilisation de l’argent 7% Reconnaît des mots et des symboles, ne peut pas lire de phrase avec compréhension. Sait que l’argent a une valeur marchande mais ne connaît pas la valeur des pièces. Moins de 1% Reconnaît quelques mots et symboles Autonomie Vit communauté (foyer). en Vit dans un environnement très structuré. Variabilité(s) Différents degrés de sévérité du RM en fonction des déficits intellectuels de l’enfant et de ses difficultés d’adaptation. Les troubles classifiés sous la rubrique RM ont des origines multiples et des trajectoires développementales différentes = des manifestations très diverses. D’où la notion de « profil développemental » 7 Epidémiologie Entre 1 et 2 % de la population (Hodapp & Dikens, 1996). Scolarisation des élèves handicapés (d’après les statistiques de l’éducation nationale, 2010) 1° degré 2° degré Total Etablissements hospitaliers et médicosociaux Handicaps 120 180 67 310 187 490 74 845 Troubles intellectuels et cognitifs 58 115 23 925 82 040 - 8 Etiologie Difficile à établir en raison de la diversité des troubles non connue pour 30 à 40% des cas (Dionne et al., 1999; Inlow & Restifo, 2004). RM sévère/profond = étiologie établie dans 60 à 75% des cas = facteurs biologiques RM Léger = étiologie établie dans 25 à 50% des cas : plusieurs facteurs = biologiques et/ou psychosociaux 9 Développement cognitif des personnes porteuses de T21 et du Syndrome Williams Notion de profil syndromique : Le cas de la Trisomie 21 et du Syndrome Williams. Définition, prévalence Développement physique et pubertaire Développement cognitif et Processus d’apprentissage 10 T21 - Historique et cause 19ème siècle - En France, description clinique par Esquirol (1838) et Seguin (1846) ; En Angleterre par L. Down (1866). 1959 – 1ère description d’une anomalie chromosomique chez (Lejeune, Gaultier & Turpin) Cause du syndrome : Présence de 47 chromosomes dans les cellules au lieu de 46 rencontrées. Chez l’humain, les cellules du corps contiennent 46 chromosomes répartis en 23 paires. Cette anomalie génétique est causée par la présence supplémentaire d’un chromosome au niveau de la paire 21. 11 T21 -Fréquence et incidence La trisomie 21 est la plus fréquente des anomalies chromosomiques. Existe depuis longtemps (Czarnetski et al., 2003). Le risque de naissance d’un enfant trisomique est relativement stable (1 cas sur environ 1000 naissances) ; il augmente avec l’âge des parents (Céleste & Lauras, 1997; Dalla Piaza & Dan, 2001). Allongement 12 de l’espérance de vie (Rasore-Quartino, 1999). T21- caractéristiques physiques Visage plutôt arrondi et d’aspect aplati Yeux et fentes palpébrales confèrent au visage un aspect pseudo-asiatique Taille normale à la naissance (retard de croissance après 4 ans) Aspect trapu Obésité légère Périmètre crânien + plus petit (réduction du volume du système cérébral) Malformations oculaires et troubles de l’audition Malformations cardiaques et digestives 13 T21-Croissance & Puberté La croissance des enfants porteurs de trisomie 21 est parallèle à celle des enfants tout-venant mais reste le + souvent à un niveau inférieur (Lauras & Celeste, 1997). Tendance au surpoids Grande variabilité La puberté intervient sensiblement au même âge chez les jeunes porteurs de trisomie 21 que chez toutes les jeunes ordinaires. 14 SW : historique et causes du syndrome En 1961, J.C. Williams décrivit plusieurs enfants présentant : une malformation cardiaque, une déficience intellectuelle et des traits faciaux caractéristiques. En 1964, Beuren décrivit la même association, lui ajoutant une sténose de l’artère pulmonaire et des anomalies dentaires. En 1993 : découverte de la base chromosomique du syndrome. Étiologie et incidence : Anomalie du chromosome 7. Ce syndrome est relativement rare (1 personne sur 10.000 à 20.000). 15 T21- Manifestations cliniques A la naissance : Hypertonique, faible poids à la naissance, croissance ralentie, problèmes alimentaires, coliques, diarrhées, troubles du sommeil. Difficultés relationnelles avec l’entourage. Dysmorphisme facial : Visage d’elfe : front large, tempes étroites, plis épicanthiques (bordure de peau couvrant l’angle intérieur des yeux), fentes palpébrales, nez retroussé à la base large, pommettes saillantes, bouche large, petites dents irrégulières, petit menton. Signes biologiques : Malformation cardiovasculaire, puberté précoce avec une taille moyenne faible, strabisme (35% des cas), otites chroniques (50% des cas). 16 SW- Croissance & Puberté A la naissance, la taille est inférieure à la normale. A l’âge adulte, le retard de croissance est habituel. Prépuberté chez les filles (Partsch, 1999; Coucchi, 1999) : un groupe avec puberté précoce (9 ans) : menstruations à 10,4 ± 1,4 ans. un groupe avec puberté + tardive (11 ans) : menstruations vers 12,6 ± 1,3 ans. 17 Comment caractériser le développement psychologique d’enfants porteurs de T.21 ? Problématique de retard-différence : Par rapport à une personne sans DI = le développement est-il simplement ralenti (retard simple) ou est-il troublé (différences qualitatives du fonctionnement cognitif) 2 façons d’aborder le développement cognitif des personnes T21 1) analyse des processus ou mécanismes : études comparatives développement normal vs troublé ou intersyndromique = langage, mémoire, capacité visuo spaciale …) 2) produit du fonctionnement cognitif (Q.I) = intérêt et limites des tests psychométriques 18 Le bilan psychologique chez l’enfant T21 Pas de test spécifique pour l’évaluation des personnes porteuses de T.21. Il est rare qu’une épreuve conçue pour évaluer les enfants typiques convienne pour l’évaluation des enfants atypiques (Tourette, 2006). Nature des épreuves, Modalités de réponse, Degré de difficulté, Durée de passation, Etalonnage à partir d’une population tout-venant. Devant la carence d’outil adapté, il est assez fréquent d’utiliser les épreuves existantes, voire de les adapter. Grande prudence dans l’interprétation des résultats. 19 Comparaison sur « Le langage » Profils syndromiques langagiers (Wang & Bellugi, 1993 ; Rondal, 2001) De façon générale compréhension > que production. Composantes langagières Syndrome de Down Syndrome de Williams Phonétiquephonologie -- ++ Lexique - + Morpho-syntaxe -- + (compréhension) Pragmatique + 20 -- Coparaison sur Capacités visuo-spatiales Différentes formes de déficits visuo-spatiaux chez des sujets porteurs du syndrome de Williams et de Down (Bellugi & col., 1999). 21 Le K-ABC : profil cognitif Performances à différentes tâches basées sur des processus auditifs versus visuels du K-ABC (Dykens et al. 2005). Hodapp et al. (1992) Powell et al. (1997) Mouvements de mains Fenêtre magique Mémoire de chiffres Suites de mots 5.58 (AM) 5.40 3.18 3.75 5.81 5.41 4.16 4.38 Implications pédagogiques : Présentation des données sur modalité visuo-spatiale pour T21. 22 Mémoire à court terme Avantage relatif pour les tâches requérant des traitements visuospatiaux, comparées aux tâches requérant des traitements auditifs chez les personnes T.21 (Bellugi & col., 1999). 23 Rappel libre dans diverses tâches de MCT chez des sujets DS et WS. Mémoire à court terme Les capacités auditives de mémoire à court terme des personnes T.21 sont inférieures à celles de sujets tout-venants 7 (Comblain, 2001). 5 Évolution de l’empan de chiffres selon l’A.C. 6 4 Défaut de stratégie ? 3 2 1 0 < 9 ans 9-12 ans 24 16-20 ans Ordinaires 21-29 ans T21 > 30 ans Augmenter les capacités de M.C.T. Effet bénéfique de l’entraînement à la récapitulation subvocale chez personnes T21. 25 Évolution de l’empan moyen durant les 18 mois qui ont suivi l’entraînement. Mémoire à long terme Profils syndromiques du fonctionnement mnésique. Syndrome de Down (T.21) Syndrome de Williams Mémoire Implicite + - Mémoire Explicite - + Profil relativement normal des personnes trisomiques dans des tâches de mémoire implicite, alors que les performances en mémoire explicite sont nettement altérées (Vicari, 2001). 26 Différences interindividuelles ? Variabilité des profils cognitifs (Tsao & Kindelberger, 2009) F(3, 84)=23,70; p=<,0001 1,5 1,0 0,5 0,0 -0,5 -1,0 -1,5 Verbal 27 Pratique Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 En résumé T21 Capacités langagières - Capacités visuo-spatiales ++ Mémoire implicite ++ Capacité sociale et d’adaptation ++ Nécessité de s’appuyer sur les capacités relativement préservées pour proposer des projets personnalisés de scolarisation. 28 En résumé : SW Capacités langagières ++ Capacités visuo-spatiales - Mémoire explicite ++ Présenter les données d’un problèmes (consignes) plutôt par un support verbal. Travailler sur les stratégies d’apprentissage Baser interventions sur apprentissage explicite. 29 En conclusion, Appréhender l’individu dans sa singularité. Chaque enfant présente un profil particulier qui lui est propre et qui varie selon l’étendue du retard, la gravité des troubles observés et des mesures éducatives dont il a pu bénéficier. 30 Bibliographie Carlier, M. & Ayoun, C. (2007). Déficiences intellectuelles et intégration sociale. Wavre : Mardaga. Dalla Piazza, S. & Dan, B. (2001). Handicaps et déficiences de l’enfant. Bruxelles : De Boeck Université. Dumas, J.E. (2005). Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent. Bruxelles : De Boeck Université. Guidetti, M. & Tourette, C. (1996). Handicaps et développement psychologique de l’enfant. Paris :A. Colin. Rondal, J.A. & Comblain, A. (2001). Manuel de psychologie des handicaps : sémiologie et principes de remédiation. Sprimont : Mardaga. Tourette, C. (2006). Evaluer les enfants avec déficiences ou troubles du développement. Paris : Dunod. Enfance (2005). Numéro spécial. Les enfants en retard : des enfants qui se développement autrement. Numéro thématique coordonné par D. Mellier & Y. Courbois. Psychologie française (2006). Numéro spécial sur la trisomie 21, 4, 377-480. 31 Développement social Habiletés sociales ++ chez les personnes porteuses de T21 et du syndrome Williams (Hodapp, 1996 ; Fidler, 2005, Carlier & Ayoun, 2007) . Attention : présence de troubles psychiatriques. Population à risque. 32 T21 &Troubles psychiatriques 155 enfants et adultes T21 évalués à partir du CBCL (Dykens & al., 2005) Behavior Speech problem Stubborn Disobedient at home Can’t concentrate Disobedient at school Argues a lot Prefers playing with youngers kids Demands attention Impulsive Would rather be alone than with others Shy, timid Clumsy Daydreams 33 % 90 75 73 66 62 62 53 52 50 48 45 45 40 T21 & Troubles psychiatriques Risque + élevé par rapport à la dépression et maladie d’Alzheimer. Le diagnostic est difficile à poser en raison du profil de ces personnes : trouble du langage, trouble de la pensée abstraite, qui compliquent le déroulement de l’entretien de diagnostic. En général, ce sont les familles ou professionnelles qui alertent les spécialistes par rapport à des changements de comportements ou de l’humeur. Causes : Solitude, manque d’opportunité sociale, changements de résidences, difficulté habileté d’adaptation. 34 T21 & Troubles psychiatriques TABLE 1. PERCENTAGE OF DSM-IV SYMPTOMS OF DEPRESSION DISPLAYED BY SAMPLE (N=40) DSM-IV Symptoms of Depression 35 Percentage Sadness or unhappiness (also described as loss of liveliness, humor, or spontaneity) 100% Apathy, loss of interest/participation in activities including withdrawal from family and friends 100% Loss of self-care or independent skills 70% Noticeable change in eating habits: less\more 55% Noticeable change in sleeping habits: less\more 73% Psychomotor agitation 73% Psychomotor retardation (activity slowdown) 83% Loss of energy or overly fatigued 93% Loss of focus, concentration, or task completion 83% Self-absorbed, inattentive, or unresponsive (to people\things) 88% Increase in irritated mood or moodiness 78% Inappropriate fears or avoidances of people\things 60% Psychotic features (extreme withdrawal, hallucinatory self-talk, etc.) 70% SW &Troubles psychiatriques Peu de travaux. Etude de Woodruff-Borden & coll (2006) : Echantillon : 128 enfants du SW entre 4 et 16 ans. 80% présentent au moins un critère de diagnostic : autisme, déficit de l’attention sans hyperactivité et phobies spécifiques. Etude de WB & coll (2006) : Enquête réalisée auprès de 239 familles. troubles liés à l’anxiété et à la dépression (51% des cas) autres troubles psychiatriques (15% des cas). Tous ces chiffres sont élevés et montrent que ces personnes soient suivies. 36 Bibliographie Bellugi, U. , Lichtenberger, L., Mills, D., Galaburda, A. & Korenberg, J.R. (1999). Bridging cognition, the brain and molecular genetics : evidence from williams syndrome. Trends Neuroscience, 22, 197-207. Carlier, M. & Ayoun, C. (2007). Déficience intellectuelle et intégration sociale. Bruxelles : Mardaga. Dalla Piazza, S. & Dan, B. (2001). Handicaps et déficiences de l’enfant. Bruxelles : De Boeck Université. Fidler, D.J. (2005). The emerging down syndrome behavioral phenotype in early childhood implications for practice. Infants & Young behaviour, 18, 86-103. Guidetti, M. & Tourette, C. (1996). Handicaps et développement psychologique de l’enfant. Paris :A. Colin. Hodapp, R.M. (1996). Cross-domain relations in Down’s syndrome. In J.A. Rondal, J. Perera, L. Nadel & A. Comblain (Eds.), Down’s syndrome : Psychological, psychobiological and socio-educational perspectives (pp. 65-79). London : Athenaeum Press Ltd. Lambert, J.L. & Rondal, J.A. (1979). Le mongolisme. Sprimont : Mardaga. Rondal, J.A. & Comblain, A. (2001). Manuel de psychologie des handicaps : sémiologie et principes de remédiation. Sprimont : Mardaga. Vicari, S. (2001).Implicit versus explicit memory function in children with down et williams syndrome. Down syndrome research and practice, 7(1), 35-40. Wang, P.P & Bellugi, U. (1993). Williams Syndrome, Down Syndrome, and cognitive neuroscience. Cognitive Neuroscience, 147, 1246-1251. Enfance (2005). Numéro spécial. Les enfants en retard : des enfants qui se développement autrement. Numéro thématique coordonné par D. Mellier & Y. Courbois. 37