Dick ANNEGARN chansons

Transcription

Dick ANNEGARN chansons
Dick Annegarn
ACCORDONS
Accordons, accordons, accordons nos violons
Tambours et trompettes, cornemuses, accordons
Accordons, accordons, accordons nos violons
Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones
Rondes et bonde
Le cul de Cunégonde
Rondes et bonde
Comme une cerise ronde
Accordons, accordons, accordons nos violons
Tambours et trompettes, cornemuses, accordons
Accordons, accordons, accordons nos violons
Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones
Des petits pas balancent
Des petits pas ballants
Des petits pas qui dansent
Des petits pas pétants
Folle farandole
Peuple populaire
Papi épie les poules
Qui picorent parterre
Accordons, accordons, accordons nos violons
Tambours et trompettes, cornemuses, accordons
Accordons, accordons, accordons nos violons
Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones
Demain c'est dimanche
Comme l'anné)e passée
On aura la chance
De se retrouver
Accordons, accordons, accordons nos violons
Tambours et trompettes, cornemuses, accordons
Accordons, accordons, accordons nos violons
Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones
Dick Annegarn
ADIEU VERDURE
Adieu verdure, je vais faire ma cure d'intoxication
Salut la ville, agonie de la civilisation
Au revoir, châtaignier, au revoir
Salut l'ombre, qui souvent me protégeait
Contre les éclats de cette chaleur désespoir
Du soleil, autour de contrastes nuancés
Adieu verdure, je vais faire ma cure d'intoxication
Salut la ville, agonie de la civilisation
Dis, la ville, ouvre tes débits,
Remplis du meilleur vin tes tonneaux,
Je paye une cuite à tous mes bons amis,
Fêter la victoire de l'automobile
Adieu verdure, je vais faire ma cure d'intoxication
Salut la ville, agonie de la civilisation
Dis, Nature, pourrai-je revenir
Je fais mes bagages, j'en ai pas pour longtemps,
Un an ou deux, le temps de repartir,
Et si tu veux je travaillerai tes champs
Dick Annegarn
AGOSTINHO
Chaque fois que je monte cette côte de honte
Je pense aux boyaux d'Agostinho
Au secours d'un bénévole qui m'emmène en haut du col
Qui m'entraîne dans son envol bicycole
Avis à l'ami qui lamine la piste
Du fond de son maillot jaune
Agostinho c'est toi le plus beau
Et j'appuie un peu plus fort sur le pédalier du sort
Et j'appuie encore plus fort plus fort encore
Le Tour de France est terrible le peloton flexible
Les échappées probables les écuries rentables
Personne n'est vraiment contre la course contre la montre
Mais tout le monde est pressé de savoir qui va tomber
Agostinho c'est toi le plus beau
Au passage de pic à col, la caravane caracole
La caravane crie et passe des agneaux des rapaces
À cause d'un chien, on peut tomber d'un chien on peut chuter
À cause d'un chien, on peut buter culbuter
Ta Maria ria de ton mariage
Au fur et à mesure que le voyage t'éloigna
Agostinho c'est toi le plus beau
Trois ou quatre échappées et les cannes sont cannées
Trois ou quatre échappées et les bases sont jetées
Trois ou quatre échappées et les jeunes sont distances
Trois ou quatre échappées et le tour est joué
T'auras ton tombeau là où la vitesse te tue
T'auras ton tombeau là une voie sans issue
Agostinho c'était toi le plus beau
Dick Annegarn
ALAIN
Une maison abandonnée
Que tu aurais visitée
Une maison inachevée à moitié
Tu es entré sans sonner
Aucune porte t'a résisté
Tu es entré sans forcer
Une rivière souterraine
Un fleuve souterrain
Une cave suburbaine
Abrite ton butin...
Une avenue abandonnée
Au milieu de la chaussée
Une rue sans issue
Tu t'es cru dissimulé
Dans les antres du chantier
Quelle idée t'a guidé
Une rivière souterraine
Un fleuve souterrain
Une cave suburbaine
Abrite ton butin...
Un voleur abandonné
Au milieu de la chaussée
Un voleur inassouvi la nuit
Tu t'es cru débarrassé
Des objets de ton méfait
Quelle erreur que t'as pas fait...
Une rivière souterraine
Un fleuve souterrain
Une cave suburbaine
Abrite ton butin...
Putain
ALBERT
Je suis dire, je suis soupir, plus rien ne m'inspire
Pourtant, rien qu'un brin de scintillement me ferait frémir
Y a rien à dire, personne ne m'aime, on m'évite, on m'ignore
La faune m'embête, la flore me snobe, méprise mon sort
Je m'appelle Albert, le merle noir et gris
Je m'appelle Albert Pompourrie
Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit
L'on ne m'aime pas, parce que je chante faux, c'est dégueulasse
Je ne chante pas plus faux que le corbeau qui lui croasse
Mais lui, il est beau, oh lui, il est fort, ce grand oiseau noir
Et moi je suis petit et noir et gris
Je m'appelle Albert, le merle noir et gris
Je m'appelle Albert Pompourrie
Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit
Merle las, merle lascif, manque de punch
Y a même pas une mouche, pas un moucheron pour mon lunch
Je vis d'eau-de-vie, à la lueur d'une bougie, je jette des dés et
Je jette un sort à chaque chiffre qui sort, je dédie un vu meurtrier
Je m'appelle Albert, le merle noir et gris
Je m'appelle Albert Pompourrie
Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit
La terre est rouge, la nuit aussi, plus rien ne vit
Y a que moi qui bouge, dans la carie de mon arbre brûle
Y a plus qu'une fleur au pied de mon arbre, une fleur de malheur
Je la jouerais bien à mon jeu macabre, mon jeu dévastateur
Je m'appelle Albert, le merle noir et gris
Je m'appelle Albert Pompourrie
Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit
N'ayez crainte, mon hyacinthe, pour votre fleur
Je ne lui ferai pas de mal, je vous le promets sur mon honneur
Nous voila, ici, dans ce pays, complétement désert
Vous étiez bien la seule à pas m'avoir maudit, appelez-moi Albert
Je m'appelle Albert, le merle noir et gris
Je m'appelle Albert Pompourrie
Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit
Dick Annegarn
APPROCHE-TOI
Approche-toi de moi
Pour que je te comprenne mieux
Approche-toi de moi
Pour que je te sente mieux
La nuit va saigner
Des rasades de voies galactées
La lune va semer des flopées
De flocons par milliers
Accroche-toi au mat
Du radeau de nos amours
Accroche-toi à moi
Tombe pas par-dessus bord
Les murs vont céder
Sous le poids de la terre bouillonnant sous la mer
Les murs vont céder
Aucun toit aucune pierre aucun homme comme hier
Petit homme déjà grand
Même si le filet se serre
Petit homme déjà grand
Tu me flanques comme un frère
L'horloge a parlé
Pour me dire tout le temps à passer
L'horloge a parlé
Pour me dire tout le temps qui a passé
Éloigne-toi de moi
Pour que je te comprenne mieux
Éloigne-toi de moi
Pour que je sente mieux
Dick Annegarn
L’ARBORESCENCE
Le ciel plombe depuis des semaines
Les masses passent des masses de laines tracent
Le thermomètre n’est pas très net
Varie peut-être avec le temps, c'est important
Ami, ami, le temps
Le ciel tombe dessus les plaines
Rien ne bouge le temps traîne un vieux blues
Au baromètre, aucune tempête,
Depuis perpette depuis longtemps maintenant
Ami, ami, maintenant
Plus haut qu’ici, plus haut qu’en bas
Plus c’est haut, plus c’est bas en bas
Je suis Jésus, je suis Joseph
Je suis Daniel prophète au fief de canaan
Je sors du trou, je quitte le sol
Je touche au ciel de la tour de babel, je hurle au loup
Ami, ami, au loup
Je suis Johnny, je suis Elvis
Je suis mister, je suis miss me in your neighbourhood
Je tourne en rond en doux ronron
Je suis zinzin comme une chanson de maintenant
Ami, ami, maintenant
Plus haut qu’ici, plus haut qu’en bas
Plus c’est haut, plus c’est bas en bas
L’arbre arbore l’arborescence par spiralité
Aspire l’eau en abondance l’aspire à là-bas
Dick Annegarn
ATTILA JOSZEF
Qu'est-ce que je sais de ce poète-là
Sauf qu'il avait le verbe bref
Et qu'il s'appelait Attila, Attila Joszef
En ancienne Transylvanie
Un pauvre jour il naquit
Son père était déjà parti, l'amour était bref
Pauvre magyar, t'aurais voulu valider ton histoire
Tu n'aurais pas mieux fait
Ses deux petites soeurs et sa mère
Vivaient dans le même deux pièces
Avec d'autres locataires peu avares de leurs fesses
Ils l'ont changé de famille
Qui l'ont changé de prénom
Ami en terre ennemi, enfant sans ballon
Pauvre magyar, t'aurais voulu valider ton histoire
Tu n'aurais pas mieux fait
Il a grandi puis vieilli
Lisant tout ce qui se lit
Vivant du peu de répit que lui laisse sa chance
On lui refuse son diplôme
Pour une fausse indécence
Et sans détour il nous prône le délit d'innocence
Pauvre magyar, t'aurais voulu valider ton histoire
Tu n'aurais pas mieux fait
Il a quitté le Parti,
Qui ne l'a pas accepté
Il a pris part et parti pour l'Éternité
Il a quitté la maison
Pour faire un tour pour toujours
Il a quitté le perron aller sans retour
Pauvre magyar, t'aurais voulu valider ton histoire
Tu n'aurais pas mieux fait
Dick Annegarn
AU NOM DE DIEU
Au nom de Dieu, auquel il faut croire
Ce monde est vieux, comme l'histoire
Le ciel est bleu, comme l'espoir
Mais faudrait faire mieux que ce foutoir
Personne n'est plus concerné, ni même moi non plus
Personne n'est plus consulté quant à la dîme due
Versailles n'a pas changé de proprio
Versailles n'a pas manqué de brio
Louis-soleil a des reflets nucléaires au derrière
Sans son pareil, sans sa suite militaire
Il est plusieurs, son château a plusieurs ailes
De Saint-Cloud par Boulogne, aux Élysées
Genève n'a pas tombé ses diplomates
Genève n'a pas bombé ses automates
Les secrets suisses sont des secrets fort bien gardés
Comme le sont, d'ailleurs, les secrets des forces armées
De Kiel au Caire, en passant par Seyne-sur-Mer
Le silence y est salutaire
Marseille n'a pas blessé son Belmondo
Marseille a plus d'un macchabée sur le dos
La Canebière honorerait l'orée de la rivière du Rhône
S'il n'y avait pas autant de zones mortuaires
La mise en bière s'y fait sans pompes funéraires futiles
Quand il s'agit d'enterrer en plein centre-ville
Au nom de Dieu, auquel il faut croire
Ce monde est vieux comme l'histoire
Le ciel est bleu comme l'espoir
Mais faudrait faire mieux que ce foutoir
Dick Annegarn
AUJOURD'HUI
Aujourd'hui, c'est pas comme hier
Aujourd'hui, c'est pas comme demain par exemple
Plus aucune vie n'est plus pareille
Aucune vie n'est plus la même
Personne ne parle plus le même langage
Personne ne gobe plus le même message
Qu'on avance mieux comme ça
Qu'on avance au delà
Mais qu'on avance vers un présent prospère
Puisqu'on pense, puisqu'on est
Je voudrais tellement de choses
Mais pas seul et pas là
C'est pas bien, ce qui s'est fait jusque-là
C'est pas bien, c'est pas ça
J'ai pas peur, enfin moins que toi
Mais j'ai honte devant les enfants
C'est un leurre y a pas de terre promise
Ou alors elle n'est pas encore conquise
L'utopie, je n'y crois pas
L'utopie, je n'y crois plus, j'y ai jamais cru
Mais y a mieux à faire, que de se complaire
Et y a mieux que ça et y a mieux que mieux que ça
Et y a mieux que mieux que mieux que mieux
Enfin j'espère
Dick Annegarn
UNE BALLADE
Une ballade
Jérémiade
À travers mes misères
Un interlude
De désuétude
Pantalonnade à l'envers
Fais du vélo rencontres-moi
Fais de la photo photographies-moi
Fais de la moto mais renverses-moi pas
Quand tu me vois
Les murs de pierres
Les feuilles de lierre
Sont à l'état de repos
L'herbe frissonne
Les cloches sonnent
Annoncent le soir au loin
Fais du vélo rencontres-moi
Fais de la photo photographies-moi
Fais de la moto mais renverses-moi pas
Quand tu me vois
Les mots me manquent
Le tango tangue
Mambo de mandibule
Les télés flambent
Les radios tremblent
Cruelle crépuscule
Fais du vélo rencontres-moi
Fais de la photo photographies-moi
Fais de la moto mais renverses-moi pas
Quand tu me vois
Dick Annegarn
BALLADE FUNÈBRE
J'ai fait ma descente seul. J'ai descendu les escaliers de l'abîme
J'ai découvert que c'est, sur terre, un enfer asphyxiant
Des tas de gens le long des rues
Des gens vivants, des gens vécus
Parmi la foule en transcendance
Une petite camionnette bleue avance
Le ciel est jaune, phosphore et gris
Entre les antennes de télévision
Les journaux crient, les radios hurlent:
Des super bons, pour la super supercherie
Super-super-supermarché, grande surface pour petite tête
Tout le monde y marche, tout le monde y tette
Tout le monde y somnambule peut-être
Je fais des rêves qui me font peur
Surtout quand je les rêve les yeux ouverts, grands
Et si j'en ris, j'en ris amer
De ce spectacle ici sur terre
Les rues pleines de bagnoles, comme un vendredi
Autour de la ville, une auréole de jaune et de gris
C'était un jour, comme tous les jours
Les gens rentraient de leur travail
C'était un jour, comme tous les jours
Dans tous ses monotones détails
Les mains tremblent encore des machines, les O.S. se couchent
Les trains du soir sont anonymes, dactylos ni touches
La carte orange, un million, ni reconnus, ni méconnus
La carte orange, un million, tous les records sont battus!
La maman va à la maison, le papa aussi
Les enfants sont à la maison, faut les mettre au lit
L'accordéon, l'amour toujours, la politique téléfiction
L'accordéon, l'amour toujours, et moi, ici, je fais le con
Je me balade dans les ténèbres de la rue Gambetta
Je swings tout seul, des ballades funèbres, quand la bombe éclate...
Je fis, je vis à peine
Dans les décombres, dans les décombres de la ville, dans les décombres
La suie me pique les yeux, je ne vois pas à deux doigts
Dans les décombres
De la ville, dans les décombres
Et j'en ris, j'en ris a peine, mais j'en ris quand même
Dans les décombres
Dans les décombres de la ville, dans les décombres
Dick Annegarn
BARBOTANT
Barbotant, gargotant, quel enfant ne a pas de maman?
Gargouillant, barbouillant, remuant tout nu dans l'eau?
Quel train aviatique
Quel drôle d'oiseau
Nage au fond du bassin?
Quelle nautomobile
Peut faire taire les klaxons qui résonnent
Le long des parois d'étain?
Viens petite mère, oublies tes chimères et lève-moi en l'air
Tiens ma tirelire, fais fuir les vampires pose-moi par terre
Tâtonnant, titubant, quel enfant veut pas être grand?
Ambulant, déambulant, traversant la chambre d'eau?
Quelle douce diligence
A la chance, forte chance
De me véhiculer?
Quelle rosse carabosse
Carrosse et se glosse
À la vue de mon nez?
Bien que sur terre, mes voeux vont en mer, où je veux aller
Rien ni personne ne prend ni ne donne autant de baisers
Baroudant, bourlinguant, quel enfant a toutes ses dents?
Vagabondant, matelotant, naviguant sur un bateau?
Quel beau paquebot
Assez beau pour croiser
La tracée de ma trace versée?
Quelle rame dans quelle dame
Dans quel drame se trame
Ma nouvelle destinée?
Chien d'océan, emmène-moi devant, où je ne peux aller seul
Vin de licorne, ivresse sans bornes, ne peuve m'y ramener
Barbotant, gargotant,
Gargouillant, barbouillant.
Dick Annegarn
BEAU BATEAU
C’est un beau bateau au milieu de la campagne
C’est un vieux vaisseau échu
C’est un paquebot tout en bas de la montagne
C’est un gros cargo perdu
La nature est témoin de mon naufrage
Un navire qui ne sait pas naviguer
La verdure est témoin de mon passage
Comme l’eau caresse le rocher
C’est un beau bateau au milieu de la campagne
C’est un vieux vaisseau échu
C’est un paquebot tout en bas de la montagne
C’est un gros cargo perdu
On y luque à travers les fentes
D’un plancher de planches mal ajustées
On y matte à travers l’étrave
D’une nef et d’une proue entremêlée
C’est un beau bateau au milieu de la campagne
C’est un vieux vaisseau échu
C’est un paquebot tout en bas de la montagne
C’est un gros cargo perdu
Cette histoire, on ne peut pas la dire
Je ne vais donc pas vous la raconter
Mais séparez-moi de mon navire
Et je ne saurais où aller
Dick Annegarn
BÉBÉ ÉLÉPHANT
J'ai perdu ma tribu, tous mes frères et mes soeurs
Que sont-ils devenus?
Et surtout pourquoi ne me cherchent-ils pas?
Je trouve ça ingrat pas sympa
Je suis un bébé éléphant égaré
Pourriez-vous s'il vous plaît me rechercher?
J'ai bien peur qu'ils se soient suivis
Dans le précipice au fond des profondis
Et moi qu'est ce que je deviens dans tout ça
Je me sens tout er ra ta a
Je suis un bébé éléphant égaré
Pourriez-vous s'il vous plaît me rechercher?
Je ne me sens pas chez moi dans cette jungle inconnue
À ma vue tous se sont encourus
Personne ne sait d'où je suis
Je suis un mal blanchi, impoli
Je suis un bébé éléphant égaré
Pourriez-vous s'il vous plaît me rechercher?
Quelle tribu voudrait m'adopter?
Je suis un égaré sans carte d'identité
Je me plierai à vos coutumes
Si vous acceptez mon volume
Dick Annegarn
BLACK LUNETS
Black lunets
Black lunets
Black lunets
Quand je l'ai vu dans la rue du restaurant d'en face
Je l'ai eu en face
Je descendais de mon char et il m'a eu en face
Et puis warm, c'était warm, et rapide plein de speed, de hot-dog
À la sortie du bar, du resto-bar-brasserie de la cheval blanche
Sur ses hanches une fourrure
Qu'il n'a pas dû payer dur, ça c'est sûr
Black lunets
Black lunets
Black lunets
Elle, elle se dit, il est gai quand il boit
Y a de la joie quand il rit
Mais alors quand vient le moment
"The" moment de ma vie
(c'est moi qu'elle vit)
Il me dit "tu viens chérie"
Black lunets
Black lunets
Black lunets
Pacotille nicolette, pacotille midinette
Pacotille midinette, pacotille starlette
Black lunets
Black lunets
Black lunets
T'es-tu vu vite remonter dans ce Mercedes
Ulysse et sa déesse
Dis-le haut!
Dis-le bas!
Dans ce foutu luxe, tout déçoit
Dick Annegarn
LE BLUES DE LONDRES
Pas de lumière sur ma moto.
Et ça peut me coûter cher, sur le boulevard des maréchaux.
Et si je quitte la route c'est qu'il n'est pas trop tôt
D'aller en déroute pour d'autres eaux.
Le blues de Londres, le spleen de Lille.
Le rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes.
Je m'egare le long de longues files de voitures en stationnement.
Et ces autos immobiles me font l'effet d'un enterrement.
Et quand par malheur, je trouve quelqu'un pour demander le chemin
Ce quelqu'un me dit, écoute-moi bien, tu vois, elle te mène à rien.
Le blues de Londres, le spleen de Lille.
Le rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes.
Je te dis que tous ces stars du grand monde ne manquent pas d’air
Et qu’en fait c’est vraiment pas bizarre quand tu voyages en Canadair
Underblues ça rend morose
Overblues underdose
Et que quand que tu as tout t’as beaucoup besoin de beaucoup de choses
Et qu’en fait c’est vraiment pas facile d’y éviter l’overdoe
De blues de Londres, de spleen de Lille.
De rock de Rotterdam et de smog de toutes les villes.
Pas de lumière sur mon auto
Dick Annegarn
BLUES DU BÉGAYEUR
Je ba, je ba, je ba, je ba, je bafouille parfois
Je bé, je bé, je bé, je bé, je bégaie aussi
Je n'ose pas commencer, ce que j'ai à dire
Ce n'est pas par timidité, c'est pire
C'est quelque chose dans la voix
Quelque chose qui me déroute
Quelque chose que j'aperçois
Quelque chose qui fait que je doudoute
Je ba, je ba, je ba, je ba, je bafouille parfois
Je bé, je bé, je bé, je bé, je bégaie aussi
C'est un défaut, c'est un défaut de langage
C'est un défaut de langage, c'est un défaut entre nous
Je ne voudrais pas paraître méchant
Méchant dur et tout, je vous appelle vous
Mais je ne voudrais pas vous indisposer
Mais pouvez-vous
Mais pouvez-vous me laisser seul avec moi
Pouvez-vous me laisser seul avec moi
Je ne demande rien, vous me répondez
Je de mande quelque chose, vous ne répondez pas
Alors laissez-moi seul, je ne vous aime pas
Alors laissez-moi seul, je ne demande rien
Ne me demandez pas
Alors laissez-moi seul, alors laissez-moi seul
Je ne demande rien
Ne me demandez pas
Pourquoi, pourquoi, pourquoi
Pourquoi, pourquoi, pourquoi, parce que
Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi
Pourquoi, pourquoi, parce que
Je dois avoir sale caractère
À croire ceux que j'aime pas
Je dois avoir sale caractère
À croire ceux qui m'aiment pas
Je suis méfiant, je crois, rarement
Vraiment, rarement vraiment
Je me méfie de ce que je vois, de ce que j'entends
Je suis méfiant, je crois
Je me méfie même parfois de ce que je dis moi-même
Je ba, je ba, je ba, je ba, je bafouille parfois
Je bé, je bé, je bé, je bé, je bégaie aussi
Mais ce n'est pas moi qui ai demandé
Ce n'est pas moi qui ai demandé à être là
Ce n'est pas moi qui es demandé
Ce n'est pas moi qui es demandé
Ce n'est pas toi qui es demandé, non plus
Personne a demandé personne
Personne a demandé personne
Personne a demandé personne d'être là
Dick Annegarn
BLUESABELLE
Jeté dans ton jet mobile
Jeté comme John Glenn tu files, galérien de l’an 2000
Tu cherche un air de repos
Pour y garer ton auto, au parking des commerciaux
Tu vas manger ton plat chaud,
Dans le fin fond du resto comme n’importe quel nabot
Tu demandes un œuf mayo,
Elle t’amène une carafe d’eau,
il n’y fait pourtant pas chaud, chaud…
Pas de doute c’est reparti pour un tour
Pas de date c’est pour la vie pour toujours
Ecoutes moi bien Bluesabelle
Je ne sais pas si t’es pucelle, ou bien pas du tout
Je ne sais pas Bluesabette
Je ne sais pas si c’est peut-être, ou bien pas du tout
Mais moi à ta place, moi j’aurais peur
D’être si belle une telle splendeur, j’en aurais eu des sueurs
Moi à ta place j'aurais la trouille
De faire les frais d’une telle embrouille, toi qui es si f elle…
Pas de doute c’est reparti pour un tour
Pas de date c’est pour la vie pour toujours
Il y a t'il quelqu’un qui m’aime ici ?
Tu t'interroge et tu te dis : est ce que c’est trop demander ?
Donner de la voix et dire des mots
Petit à petit tu deviens chaud, comme un chant qui prend du temps
Tu grave revis et rererevis
Tes mêmes scènes, les mêmes filles, même si tu ne les connais pas
Tu te sens seul, et si sinistre,
Tu te vois bien premier ministre d’un pays sans président résident…
Pas de doute c’est reparti pour un tour
Pas de date c’est pour la vie pour toujours
Dick Annegarn
BOILEAU
De tous les animaux qui s'élèvent dans l'air
Qui marchent sur la terre ou nagent dans la mer
De Paris au Pérou du Japon jusqu'à Rome
Le plus sot des animaux à mon avis c'est l'homme
Voilà l'homme en fait il va du blanc au noir
Il dénigre au matin ses sentiments du soir
Si pénible aux autres, en soi-même incommode
Il change d'attitude comme il change de mode
Est-ce qu'on a déjà vu dans les plaines d'Afrique
Saccager ça jusqu'au bout leur propre république
Lions contre lions éléphant contre éléphant
Se combattre jusqu'aux os pour le solde d'un tyran
Calme-toi me diras-tu, ça ne sert à rien de s'exciter
L'homme a toutes ces vertus dont on oserait douter
Comme la mer il fait ces flots et il fait ces caprices
Mais ces moindres défauts occultent mal ces vices
Qui voudrait nous prouver par son discours profane
Que l'homme est merveilleux et mérite mieux qu'un âne
Un âne peut dire tout haut ce qu'il pense tout bas
Mais entre nous dis, docteur, que ne dirait-il pas
Dick Annegarn
BOUGES TON BOULE
Bouges ton boule
Bouges ton boule
Bouges ton boule
Bouges ton boule
Bouges ton boule
Bouges ton boule
Et quand t’as tout bougé tout jusqu’au cou
Et que tu as tout blackboulé jusqu’au bout
Bouges ton boule
Bouges ton boule
Danses ton saoul
Danses ton saoul
Danses ton saoul
Danses ton saoul
Danses ton saoul
Danses ton saoul
Et quand tu as tout défoulé tes genoux
Et quand tu as tout chamboulé comme un fou
Danses ton saoul
Danses ton saoul
Hurles au loup
Hurles au loup
Hurles au loup
Hurles au loup
Hurles au loup
Hurles au loup
Et quand tu as bien rugi chien andalou
Et quand tu as bien perçu le caribou
Hurles au loup
Hurles au loup
Dick Annegarn
BRUXELLES
Bruxelles, ma belle, je te rejoins bientôt
Aussitôt que Paris m'ait trahi
Et je sens que son amour aigri, depuis
Elle me soupçonne d'être avec toi, le soir
Je reconnais, c'est vrai
Tous les soirs, dans ma tête
C'est la fête des anciens combattants
D'une guerre qui est toujours à faire
Bruxelles, attends-moi, j'arrive
Bientôt je prends la dérive
Michèle, te rappelles-tu de la détresse
De la kermesse de la gare du Midi?
Te rappelles-tu de ta Sophie
Qui ne t'avais même pas reconnue?
Les néons, les Léons, les noms des gars
Sublime décadence, la danse des panses
Ministère de la bière, artère vers l'enfer
Place du Broukère
Bruxelles, attends-moi, j'arrive
Bientôt je prends la dérive
Cruel duel, celui qui oppose
Paris névrose et Bruxelles
L'abruti qui se dit que bientôt ce sera fini
L'ennui de l'ennui
Qui va me revoir, mademoiselle Bruxelles
Mais je ne serai plus tel que tu m'as connu
Je serai abattu, courbattu, combattu
Mais je serai venu
Bruxelles, attends-moi, j'arrive
Bientôt je prends la dérive
Paris, je te laisse mon lit...
Dick Annegarn
BUVANT SEUL
Je suis solitaire à boire dans les fleurs
Une cruche de Balthazar comme consoeur
Je me lève et lève mon verre à la lune
Sa silhouette me suit nous sommes trois
La lune ne sait même pas boire que nenni
C'est en vain et sans espoir qu'elle me suit
Il fait vivre avec plaisance au printemps
Quand la lune et la nuit dansent pour un temps
Nous sommes sobres et solidaires camarades
Nous sommes ivres et nos chimères nous baladent
La bonne nuit nous envahi bien trop tôt
Nous vivrons dans d'autres vies d'autres eaux
Dick Annegarn
C'EST DANS LES RÊVES
C'est dans les rêves que les hommes s'en vont
Vers d'autres horizons que la voie de leurs ombres
C'est dans les songes que ses ombres s'assombrent
Devant tant de monstres et de demi misères
Un voyage voyageable si les voiles de mon char
Voudrait bien surseoir au vent de la bise
Une valise invisible un boulet de canon
Bien plus gros qu'un ballon envoyé sur la touche
Tu peux partir
Tu peux vivre libre ta vie d'amour
Voilà les dires
Les doux désirs de ma mère d'amour
C'est dans les latrines que les mômes se plaignent
Soupirent et geignent de ne peu pouvoir vivre
C'est dans les cuisines que l'on forge des plats
Qui font des petits plats d'un étain bien tendre
Une terrible tornade ou d'humaines cascades
Dévalent par vague dévalent les étages.
Une croisade incroyable ou peuples barbares
Et châteaux tartares défient le diable
Tu peux partir
Tu peux vivre libre ta vie d'amour
Voilà les dires
Les doux désirs de ma mère d'amour
C'est dans les rêves que les astres s'élèvent
Une école sans élèves aux problèmes insolubles
C'est dans les sous-caves que gisent les braves
Qui inspectent les zouaves et insectes insipides
Une vie invivable où succèdent bipèdes
Et piètres acerbes vers le fond de mon âme
Demain il fera beau je le veux, je le vaux
Demain il fera jour pour toujours ineffable
Tu peux partir
Tu peux vivre libre ta vie d'amour
Voilà les dires
Les doux désirs de ma mère d'amour
Dick Annegarn
C'EST LA MISÈRE CÉLIBATAIRE
La nuit de samedi à dimanche
Était blanche à demi
Morning dew
Fin de fête
Le jeune lou de velvet
Était saoul
Il m'appelait par le pouce
Dans la main
Une trousse d'employé
Sa silhouette se reflète
Dans la pluie de la place
De la Bastille
C'est la misère célibataire
C'est la moue de l'amour
Illusions de mes nuits
Je reprends mes esprits
Et mes billes
La petite fête qu'on m'a faite
N'était pas vraiment une fête
Bien réussie
Il avait le style look
Le style plouc
Le style jobard
Moi le doux grand poète
Je serais fou je serais bête
De croire en ses histoires
Il avait un accent
Mi-anglais mi-allemand
Mi-loubard
Et me dis que ma voiture
Est le plus sûr moyen
D'aller chez lui
Chez lui c'est chez l'autre
C'est cet autre apôtre
De la bande à Jésus
Mais son trousseau plein de clefs
Ne comporte pas la clef de cette porte-ci
Nous dévalons l'escalier
Comme pour mieux oublier l'événement
Il m'arrête me demande
Si vraiment il ne me dérange pas
La porte d'entrée
Qu'est une porte vitrée est brisée
C'est sans doute sa louloute
Qui est allée faire foutre ailleurs
Dick Annegarn
ÇA PUE
Ça pue, ça pue la puanteur
Ça pue, ça me soulève le coeur
Comme ça pue
Comme ça pue!
Sous le caniveau, auprès des eaux usées
Les eaux, municipaux, les eaux munies
De peaux et d'épluchures
Et d'autres pourritures, comme ça pue
Je traîne la savate dans cette épaisse pâte
Je traîne la savate, au fait, il faut que je vous relate
Il était tard il était marre
Dans cette rame de métro de show
Et entre deux gares, le train se gare
Et je descends, au culot
Comme un ver de terre sans trou à creuser
Comme un ver de terre qui aurait la nausée
Comme ça pue
Comme ça pue!
Le train reredémarre, redémarre dans le noir
Et je reste là, je reste la penaud
Comme ça pue!
Comme ça pue!
Combien de temps, combien de gens
Passeront ici, devant cette bouche d'égout?
Dick Annegarn
CHANSON DU VIEUX CHANTEUR
Un jour j'étais riche et plein de sous plein de ça
J'avais des amis plus que ne comptent mes doigts de pieds aussi
J'étais prolixe produit à prix fixe
J'étais pas cher une bonne affaire
Puis les jours ont passés comme on passe son tour pour jouer
La folle farandole a cessé de tourner assez de tourner
La vie va vite beaucoup trop vite
L'amour est court beaucoup trop court
Personne non personne ne te connaît plus connais pas
Quand tu es las et dans la rue avec les rats
Quand tu te sens lourd sur le pavé
Que tu as fait ton tour pour t'en retourner
Un jour j'étais beau une belle putain putain
J'aimais mes clients comme on aime son chien et nom d'un chien
J'étais aimé acidulé
J'étais surtout un naïf fou
Dick Annegarn
CHANSON FLEUVE
Pierre qui brûle au soleil terre qui porte le deuil des merveilles, fleuve qui
brille dans le ciel, montagne qui arrête le temps d'une intempérie, d'une
intempérie... Chienne qui baille dans l'oseille dont l'âme a franchi le seuil
du sommeil ce temps serait un temps pour amants s'il n'y avait pas eu tant
d'intempéries tant d'intempéries
Bien que là-haut sur le plateau
Je vais à vau-l'eau la vallée je regagne
J'ai beau être loin sur le chemin
J'ai beau être beau je vais d'où je viens
Feu au milieu d'îles de feu... j'en veux si peu que c'en est difficile
Riche est le pauvre de ses pieds une biche ne pourrait sauter plus léger
Je me sens lourd en cette circonstance
Je me sens sourd à l'appel des vacances
Je me sens riche de toutes sortes de misères
Et me sens chiche de mener bien des galères
C'était dans les Flandres une grande famille
J'y suis allé m'y rendre vendre mes habitudes
De souche nomade pas de no man's land
Ils vivaient de bravade pas de contrebande...
Elle a été rivetée à Baasrode au chantier
Et étourdie elle a été baptisée
Elle a été couverte dès son plus jeune âge
Par l'eau de la mer et par les bittes d'amarrage
Ce n'est pas l'eau qui nous relie c'est le halo
De l'hallali de par milieu reconnaissable
On est matelot ou bien marin mais on est beau
Que quand on est bien de par milieu navigable...
Elle a connu sa toute première guerre de derrière les fagots
Avec les marinières et avec les matelots
De Douai à Béthune de Dunkerque à l'estuaire de l'Escaut
Elle a vu digues et dunes de par toutes sortes de hautes eaux
Oser franchir la mer au niveau de la Manche
C'est du pur délire donné aux barges du port d'Avranches
Toutes ses soeurs ont eu la poupe coupée
Pour transporter les armes des forces armées
Ce n'est pas l'eau qui nous relie c'est le halo de l'hallali de par milieu
Reconnaissable
On est matelot ou bien marin mais on est beau
Que quand on est bien de par milieu navigable...
De blé et du sable, de gré et du charbon
Par voie navigable et ça en toute saison
Moult marées se sont depuis lors écoulées
Moult marées et moult raz de marées
Ainsi navigue mon bateau
Entre les rives sur les canaux
Ce n'est pas vraiment, vraiment mon bateau
J'y suis monté en tant que matelot
Dick Annegarn
CHÂTEAU D'EDGAR POE
Je suis un château d'Edgar Allan Poe
Un château à faire frémir les corbeaux
Chez moi y'a pas d'eau, il n'y fait pas chaud
Si tu as peur: Vade rétro
Si tu veux rentrer, pousse les orties
Attention une trappe
Je vais te montrer ma sacristie
Personne ne m'échappe
Mon colimaçon est un peu raide
Attention elle glisse
De toutes façons, je te possède
Célébrons l'office
Tu as bravé tous les dangers
Attention une poulie
Salut ave adieu étranger
Ça en est fini
Dick Annegarn
CHEVAUX DE MES RÊVES
Je marche au pas dans la forêt
Les feuilles frémissent sous mes sabots
Je marche au petit trot et je m'approche
De la prairie où je pais
Tu lèves la tête, tu tournes les yeux
Tu me regardes et je vois tes yeux
Belle, tu es belle, jument de mes rêves
Et beau, je suis beau, le plus beau des chevaux
Près de moi, distante pourtant
Je te vois et te sens
Te regarde, tes yeux précieux
Précieux, précieux si prés de moi
J'aime, oui que j'aime cette jument de mes rêves
Et je songe, oui je songe que tu défies tous mes rêves
Tu me surélèves
Tu me rends plus beau
Plus beau qu'un puceau
J'aime, oui j'aime aimer
Un étalon et une jument
Tendrement jumelés
Attendri, je suis parti
Moi-même pris dans mon poème
Blême, je suis blême comme tous les faux dieux
Mais je veux, oui je veux cet amour de chevaux
Trop beau
Dick Annegarn
COUTANCES
Un dimanche après-midi, à Coutances
Dans une chambre d'hôtel moyen, sans étoiles
Le soleil passait à travers des rideaux de voiles
Un soleil frais
Je me suis levé bien tard, ce matin
Trop tard pour le petit déjeuner
Je suis sorti, sans rien manger
Je me suis rangé derrière la queue de la boulangerie
La ville était toute habillée de dimanche et de soleil
Un soleil frais
Sur un banc d'un jardin public, je me suis recueilli
Avec un sablé et un pain raisin comme seule compagnie
Mais qu'est ce que je suis venu faire ici?
Entre deux vacances
Un dimanche après-midi à Coutances
Dick Annegarn
CRAINTE DE L'EAU
Crainte de l'eau
Crainte
Crainte de l'eau tout a coup
De l'eau de ça
Plainte des morfondeurs
Plainte
Plainte des morfondeurs
Dessous de sable
Dick Annegarn
CRÉPUSCULE
Après le jour c'est le crépuscule qui brûle
Le ciel est d'or et de miel ses tentacules
Sur les pourtours de l'eau perlent les bulles
Il y a là des lianes des lierres et des luzules
L'attente est longue une langoureuse attente
Lumière oblongue avatar de l'Atalante
La vie est brève plus brève que le jour
Elle nous élève nos rêves pour toujours
Après l'amour pullulent les libellules
La pluie du corps renonce aux renoncules
Un autre tour, qui n'avance pas recule
C'est parti pour qu'éclatent les cellules
Après la mort la nuit n'est pas si nulle
La toison d'or éclaire le crépuscule
Quel triste sort, pas dit en préambule
De voir son corps voué aux vestibules
L'attente est longue une langoureuse attente
Lumière oblongue avatar de l'Atalante
La vie est brève plus brève que le jour
Elle nous élève nos rêves pour toujours
Dick Annegarn
DECADONS
Décadons, revenons au temps des Nérons
Dégénérons, rendez-vous dans les bas fonds
Tous les matins je reprends le train
Vers le manoir oùd je prospère
Tous le matins je reviens refaire
La danse de l’insignifiance
Sublime décadence
Infime succulence
Evoluons, révoluons ce qui est passé
Révolutions de roues rondes rayonnées
Je suis las d’être las
A m’ennuyer à m’ennuyer
Danser dans la redondance
La danse de l’insignifiance
Sublime décadence
Infime succulence
Dick Annegarn
D’ABORD UN VERRE
D’abord un verre
D’abord du feu
Sais pas quoi faire
Suis malheureux
Fais-moi manger
Seul toi sais faire
Fais-moi rêver
Fais-moi distraire
Des fleurs des nappes de nos tables à la musique de nos voix
Tout est si doux si désirable que c’en est une grande joie
Je sens le mal
Je le sens bien
Le mal de vivre
Ce mal de chien
Je sens la mule
Qui m’a suivi
Je sens le soufre
Qui suinte aux plis
Des fleurs des nappes de nos tables à la musique de nos voix
Tout est si doux si désirable que c’en est une grande joie
Encore un verre
Encore du feu
C’est pas l’enfer
C’est beaucoup mieux
Encore du pain
Encore du beurre
Ne m’en lasse pas
C’est du bonheur
Des fleurs des nappes de nos tables à la musique de nos voix
Tout est si doux si désirable que c’en est une grande joie
Dick Annegarn
DE BÉMOLS ET DE DIÈSES
Tu es si fragile, tu es si frêle
Tu es si fragile, un agneau qui bêle
Tes yeux de porcelaine regardent le monde violent
Et ton nez saigne du vent
Le vent aère ma chanson
Le vent aère
L'air que j'ai respiré
Est fait de bémols et de dièses
J'ouvre les fenêtres, le vent peut entrer
Vent, venez, veuillez entrer
Bienvenue, vent, ami de la pluie
Qui elle aussi est ici
Il pleut dans ma maison
Il pleut des gouttelettes
Il pleut, je suis mouillé
Couvert de gouttes, de bémols et de dièses
Sur le sol doré de ma mélopée
Sur le sol doré, il commence à neiger
La neige ensevelit ma guitare et mes arpèges
Chanson, tu seras aussi couverte de neige
Il neige sur ma chanson
Des flocons de blanc
Il neige, je suis couvert
De flocons, de bémols et de dièses
Dick Annegarn
DE TUINMAN
De tuinman is zoekend naar een kei in de grond
De tuinman is zoekend in de klei als een hond
Hij moet
Hij moet wroeten
Hij moet van moeder de vrouw
Hij moet
Zijn handen en voeten zijn stevig gebouwd
Voor werken en wroeten voor behoed en behoud
Hij moet
Hij moet wroeten
Hij moet van moeder de vrouw
Hij moet
Het was niet mijn oma maar de vrouw was de baas
Het was niet mijn oma maar haast
Hij moet
Hij moet wroeten
Hij moet van moeder de vrouw
Hij moet
Weten is eten en eten niet vergaan
Zweten is zweten en bestaan maar bestaan
Hij moet
Hij moet wroeten
Hij moet van moeder de vrouw
Hij moet
Es
Dick Annegarn
DE ZEE, LA MER
De zee La mer
De zee La mer
J'ai attendu depuis si longtemps
J'ai attendu et j'attends, j'attends
J'attends plus, ça y est
Maintenant c'est fait
Je suis plus sot, ça y est
Je suis marin
Je suis la mer
La mer m'emmène loin derrière les côtières
Elle m'emmène au-delà de l'horizon
On s'apprête pour la tempête
Mon bateau et moi, et la mer
De zee La mer
Je me retiens, enfin, je fais de mon mieux
Mais y'a du vent, le vent se lève
Le vent enlève. Un ouragan
S'élance dans l'océan dense
Les vagues d'effroi se dressent
Et accumulent, accumulent
Accumulent l'eau
Bousculent, bousculent mon bateau
Redressent, reculent, avancent
Et un encombrement envahit les flancs de mon bateau
Projette le ciel
De statifix
Épanoui. Épanoui
De zee La mer
Aucune des mers que je traverserai
Ne vaut cette mer qui m'a apprivoisé
Appris à voler au-dessus des vagues
Des mouvements de vents et de courants
Me viennent, allègrement
Me divaguent dans le vague
Mon bateau et moi
Et la mer
Dick Annegarn
DÉSOLÉ
Bourre ta valise de tickets de train
Et n'oublie pas de fermer la télé
Ferme le gaz, ouvre grand les fenêtres
C'est la saison des démons et des fées
L'un a un tout gentil chapeau melon
L'autre a une robe à dessus à jabot
Mais tous s'en vont à la traîne d'une fête
Qui est peut-être une fête de trop
Désolés, ravalés
Ce qui reste de leurs pensées
Rends la monnaie à la dama à la caisse
Fais-lui une bise, n'oublie pas tes journaux
Regarde l'heure, la tension est en baisse
Ce train n'attend pas les rigolos
Désolés, ravalés
Ce qui reste de leurs pensées
Zorro, tout seul dans un imperméable
Dans un soufflet, entre deux wagons-lits
Ça va et vient, c'en est insupportable
À la pipi-partie, toute la famille
Désolés, ravalés
Ce qui reste de leurs pensées
La Traviata d'une course à la montre
Tout le monde presse, c'est une autre télé
Toutes les hôtesses qui s'échangent des adresses
Et changent de peau, tout selon la mêlée
Désolés, ravalés
Ce qui reste de leurs pensées
Ce qui leur reste, c'est une bien vieille histoire
C'est pas possible, de mener cette époque
Sans avocats, sans amis, à Stammheim
Désolés, ravalés
Ce qui reste de leurs pensées
Dick Annegarn
DITHYRAMBOS
Évohé iobacchos sont les cris de Dionysos
Affolé par ces fées je commets un Dithyrambos
Dithyrambos, Dithyrambos
Parmi les légendes de pain et d'esprit
Il y a celle qui demande aucun répit
C'est celle du fou de nymphes, du temps des lentes
Du temps de la fonte des neiges début de l'année
Dithyrambos, Dithyrambos
C'était devenu un rite: fêter les Sylvestres
Quand bacchant et bacchant s'agitent, danses et orchestres
Dithyrambos, Dithyrambos
Évohé iobacchos sont les cris de Dionysos
Affolé par ces fées je commets un Dithyrambos
Dithyrambos, Dithyrambos
Parallèle à cette histoire, des Dieux de l'Olympe
Il n'a jamais voulu avoir à porter la gympe
Il agitait juste son thyrse, du haut de sa main
Il agitait juste son thyrse, comme tout commun
Dithyrambos, Dithyrambos
Il était vainqueur du concours de l'eskyliasmos souple et ruse
Il fallait surtout pas tomber d'une outre huilée
Dithyrambos, Dithyrambos
Par un malheur de Zeus il est né rené
De sa cuisse creuse
Car dans cette grande famille il y avait point de place
Pou ce qui menace Dithyrambos
Dithyrambos, Dithyrambos
Dithyrambos, Dithyrambos
Dick Annegarn
DODO JE T'AIME TWIST
Ça doit être ça l'amour classique
Pareil depuis les temps antiques, cet unique moment,
Cet infime instant, abominable tourment
Je ne le connaissais qu'en musique
Cette chose aussi épique lyrique
Sais-tu bien que ce seul tic
M'a fait fondre un seul instant
Ce qui me fait infiniment, vachement plaisir
Je t'aime quand tu dors je t'aime
Je t'aime quand tu dors je t'aime
Toi, tu dors, tu fais le mort
Je parie que tu ne m'as même pas vu
Alors tu fais semblant et pourtant
La tendresse de ton enfant la sagesse de ta maman
Je l'aime, je l'aime, je l'aime, je l'aime
Ça doit être ça l'amour classique
Pareil depuis les temps antiques, cet unique moment,
Cet infime instant, abominable tourment
Déjà l'oubli fait son boulot
Réduit à bien, ce qui était beau
D'ailleurs, c'est peut-être mieux ainsi
Toi dans ton lit, moi à tes chevilles, chacun dans sa vie
Je t'aime, quand tu dors je t'aime
Je t'aime quand tu dors je t'aime
Dick Annegarn
DUDUCHE'S BLUES
Qu'est qu'il advenu de Franck Alamo
De Richard Anthony
L'amour l'amour toujours le même
Toujours toujours toujours chouette
Je n'y étais pas à cette époque-là
J'étais au lycée et je m ennuyais
Je m'ennuyais à mort
Que est ce que il est devenu Cohn-Bandit. Dites
Et Jean-Philippe Smet et sa motobécane
Dick Annegarn
ENFANT DE LA GUERRE
Miasme humide, un ciel critique
Un ciel de vide cataclysmique
Y'a quelques grues, aucune grenouille
Y'a juste le bruit de l'eau qui grouille
Je suis un enfant d'après-guerre
Je ne suis pas encore bien né
Déjà je suis déterminé
Histoire de classe, histoire de masse
Histoire d'espèce, histoire d'espace
Je suis un enfant de la guerre
Les temps se perdent dans les milliards
Quand les étoiles se font éparses
Du temps des masses moléculaires
Aux grandes classes du quaternaire
Je suis un enfant de la guerre
L'Europe des six, l'Europe des onze
L'Europe des fiscs, l'Europe des bonzes
Les grandes puissances en jactances
Se disputent le bout, mais le gras est rance
Je suis un enfant d'entre-deux-guerres
Et de là, ce sera peut-être la dernière
Des dernières des dernières des dernières, j'espère
J'espère, j'espoir, mais je voudrais voir
Ce qui en sort de cette histoire
Je suis un enfant d'avant-guerre
De l'empire turc à l'empire ottoman
De Bonaparte aux vingt-quatre heures du Mans
De villes nouvelles à bec bop beloubap
De l'apogée au déclin de l'Europe
Je suis un enfant d'après-guerre
Le gueguerre des grands, la gueguerre des durs
La gueguerre des glands, la gueguerre des purs
La guerre des parades, la guerre des morts
La guerre qui assure un nouvel essor
Je suis un enfant d'après-guerre
Dick Annegarn
ENFANT SANS MÈRE
Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère
Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère
Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère
Loin de chez moi, loin de chez moi
Temps en temps je me sens comme si j’étais parti
Temps en temps je me sens comme si j’étais parti
Temps en temps je me sens comme si j’étais parti
Loin de chez moi, loin de chez moi
De toute façon une maison c’est une raison de vivre
De toute façon une maison c’est une raison de vivre
De toute façon une maison c’est une raison de vivre
Loin de chez soi, loin de chez soi
Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère
Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère
Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère
Loin de chez moi, loin de chez moi
Dick Annegarn
ENFANTS SANS PATRIE
Tant que le temps coule à flot, on en a du pot
Tant que le sang coule dans nos veines, on en a de la veine
Tant que l'or brille, autant que l'argent
Temporairement, on a le temps
Tant que ça tourne rond, c'est bon!
Mais quand ça tournera mal, que dalle!
T'as pas intérêt à avoir peur de l'odeur du feu
T'as pas intérêt à avoir peur de l'ampleur de jeu
L'enjeu c'est ta vie, ta vie est en jeu
Si tu te débines, tu vas voir un peu
Tant que ça tourne rond, c'est bon!
Et quand ça tournera mal, que dalle!
Patricia Hearst c'est une copine, la S.L.A. des copains
On les a grandis à la grenadine américaine
Maintenant, on les chasse comme des rapaces
Qui on? les bigs-trusts-bosses des grandes surfaces
Tant que ça tourne rond, c'est bon!
Mais quand ça tournera mal, que dalle!
Menace de chasse, de chasse à l'homme, par l'homme
J'y crois sans vouloir, je te prie de me croire, ou alors fais comme
Mais assure tes arrières, assure tes avants
Enlève tes oeillères, sens le sens du vent
Tant que ça tourne rond, c'est bon!
Mais quand ça tournera mal, que dalle!
Allons enfants sans patrie
Faut pas s'asseoir sur ses lauriers
Contre nous les gros cous rouges
Contre nous les ventripotents
Faut pas laisser l'avenir aux courtisans!
Allons enfants sans patrie!
Dick Annegarn
ERIC ÉLECTRIQUE
Il mène une drôle de vie
Il mène une drôle de drôle de vie
Il mène une folle de vie
Il mène sa vie de vie envie
Il est un gars extraordinaire
C'est un faf fatalique
Un aigre-doux amer
Eric
Rockcosmique Eric
Électrique Eric
Il suffoque le rock, il se moque de toi
Il suffoque le rock, et toi
Tu te moques, tu te toques de lui, n'est pas.
T'as envie de lui
T'as envie de lui dire, yeah!
Moi aussi, j'ai envie de désir
Enfumé de super size long filter gold tip extra
Enfumé de super size long filter gold extra
La nicotine dégouline des murs galvanisés
La ptialine dégouline de sa bouche parfumée
De doux de tendre de gourmandrogyne
Eric
Rockcosmique Eric
Électrique Eric
C'est un vilain voyou
C'est un vilain vilain voyou
Un grand gamin qui fait joujou
Il va te faire
Il va te faire son grand câlin, hein?
Attention à ta tension
tu es dans un aimant
Un aimant à tentation
Eric
Rockcosmique Eric
Électrique Eric
Le juke-box est cassé
Le juke-box est en panne
Dick Annegarn
EST-CE QUE C'EST LOIN?
Est-ce que c'est loin, dis, le sable du Sahara?
Est-ce que c'est loin?
Est-ce que c'est bien, dis, Haoud-Berkaoui-Bol-El-Barri?
Est-ce que c'est bien? Est-ce que c'est bien?
Âme vagabonde, âme qui abonde dans le bon sens du monde
Âme furibonde, ce monde gronde en silence d'impatience
La route était longue à travers l'Atlas
Ai parlé plusieurs langues, ai dû faire la grimace
Est-ce que c'est loin, dis, le sable du Sahara?
Est-ce que c'est loin?
Est-ce que c'est bien, dis,
Haoud-Berkaoui-Borl-El-Bahri?
Est-ce que c'est bien? Est-ce que c'est bien?
Ane itinérant, traversant des traces de vieux pneus
Ane malveillant, t'as failli me faire une peur bleue
Que fais-tu sur ma route, mulet de malheur
Tu mets mes freins en doute, tu redoutes mon ardeur?
Canne de berger d'agneaux de paix
Tu m'as pas frappé, d'ailleurs t'as bien fait
De m'avoir fait un thé aromatisé
Et d'y être invité ça m'a laissé bouche bée
Est-ce que c'est loin, dis, le sable du Sahara?
Est-ce que c'est loin?
Est-ce que c'est bien, dis,
Haoud-Berkaoui-Borl-el-Bahri?
Est-ce que c'est bien? est-ce que c'est bien?
Dick Annegarn
EVANESCA
Tout a commencé à la mi-journée
L'air était limpide, rien à signaler
Je faisais mon tour autour de mon quartier
Pour y chercher l'amour que j'aurais pu trouver
Le ciel grattait américain
La foule était nombreuse
Le temps comptait contemporain,
Souffrait la sulfateuse
Tout a commencé par se dessiner
Par se préciser par traits réguliers
Je pouvais te voir, t'étais de l'autre côté
Sur le bord du trottoir peut-être trop entourée
Le ciel grattait américain
La foule était nombreuse
Le temps comptait contemporain
Souffrait la sulfateuse
Tout a commencé par se précipiter
Comme ça dans le vide d'une quelconque journée
L'âme qui m'était chère, celle que j'ai aimée
D'un seul coup, d'un éclair s'est évanescée
Le ciel grattait américain
La foule était nombreuse
Le temps comptait contemporain
Souffrait la sulfateuse
Dick Annegarn
FAUBERT WALTZ
Ne me rappelle plus, ai tout oublié
Sait pas si j'ai su, ni vous non plus
On se rappelle de plus rien
On a tout oublié tout nettoyé
Et le Faubert fauche la poussière
Et le balai entasse les crasses
Rejoignez vos places, enlevez vos grimaces
Embrassez l'espace
Il est propre, il est propre
Il est propre l'espace
Avec cet espace va se passer quelque chose
Une biosymbiose entre le cosme et l'osme
C'est fou mais c'est normal
Pour un balayeur tout ça c'est normal
Et le Faubert fauche la poussière
Et le balai entasse les crasses
Rejoignez vos places enlevez vos grimaces
Embrassez l'espace
Il est propre, il est propre
Il est propre l'espace
Maintenant qu'il est propre on va y ranger
Des choses bien et belles
De belles et bonnes choses
Qu'on va se faire qu'on va s'y plaire, récréation
Et le Faubert fauche la poussière
Et le balai entasse les crasses
Rejoignez vos places, enlevez vos grimaces
Embrassez l'espace
Il est propre, il est propre
Il est propre l'espace
Dick Annegarn
FRANÇOISE PARODIE
Tous les garçons et les filles de mon âge
Voudraient bien un jour un moog ou deux
Tous les jours et toutes les nuits au moins un sage
Se fait sauter les plombs, bon dieu
C'est génial, c'est extra
Vachement chouette et tout ça
C.R.S., c'est raté
P.T.T. renvoyé
Oui mais moi, je ne colle pas
Je suis mal aimanté
Oui mais moi, je suis seul
Et pas seul à être seul
Tous les garçons et les filles de mon âge
Ne sont pas fabriqués comme moi
Tous les garçons et les filles de mon âge
Vont plutôt pique-niquer dans les bois
C'est moderne, naturel
Méga-cool, psychédel
On se comprend, on se consulte
On s'ausculte jusqu'au culte
Oui mais moi, je sex-prime
Dans ma piaule ma déprime
Oui mais moi, je suis seul
Et pas seul à être seul
Mes jours, comme mes nuits
Sont en tout point virgule
Sans joie et plein d'ennui
Personne ne murmure, je t'aime, à mon bidule
Françoise
Bonheur obligatoire
Françoise
Bonheur obligatoire
Bonheur obligatoire
Bonheur obligatoire
Françoise
Didn't you...
Dick Annegarn
FRÈRES?
De Saabra et Chatila, à la prison d'Attica
J'incrimine le crime
Ce n'est pas toujours ceux qu'on croit
Qui sont cloués à la croix, peu devine, des victimes
Toutes les victoires sont provisoires
Versatiles et illusoires, pour un homme sans colonne
Quelle est la loi? Sous quel empire?
De quel droit peut-on détruire une personne qu'on soupçonne?
Frères, j'y voudrais bien croire
Frères sans ce désespoir
Frères, frères
Frères, frères d'Afrique, d'Asie
Frères, frères de Sibérie
Frères, frères
De Tunis à Varsovie, pour le prix du pain
On tue sans scrupules, on annule
On n'y fait pas dans la broutille, surtout quand il s'agit de vie
Ou de mort de l'état fort
Y'a des frontières qui ne sont pas tendres
Pour celui qui veut s'y rendre sans visa sans mandat
Ce monde libre n'est pas libre
Tant que l'on peut y vivre sans justice-armistice
Frères, j'y voudrais bien croire
Frères sans ce désespoir
Frères, frères
Frères, frères d'Afrique, d'Asie
Frères, frères de Sibérie
Frères, d'Australie
Frères des États-Unis
Aussi
De Rabat à Santiago on fait de la vidéo
Sous réaliste, utopiste
On change de chef comme de chemise
Et on double pas ma mise pour autant, cependant
Les juntes jonglent dans la jungle
Une nomenclature dingue, appliquée, pratiquée
Les dictatures ont la dent dure
Surtout ceux que l'on endure, à son insu, de visu
Frères, j'y voudrais bien croire
Frères sans ce désespoir
Frères, frères
Frères, frères d'Afrique, d'Asie
Frères, frères de Sibérie
Frères, frères
Dick Annegarn
FRYZOSCHÉNIE
Je n'entends plus ma voix qui chante
Je n'entends que la nuit
J'attends en épouvante fryzoschénie
Visage opale, visage frappé
Par un éclat sous-exposé
Dans cette fêlure éclafêlée, un autre moi est né
C'est doux parterre, mes genoux
Dans l'herbe bleue rougissent
J'ai atterri dans la lumière de l'ombre
De l'ombre de l'arbre
C'est éternel, cette multitude
D'images de rien, qu'un interlude
Aussitôt né déjà mourant, l'instant d'un moment
Des moments font des secondes
Des minutes, des heures, cependant
Quelques siècles me séparent de mon âme frère
J'ai pas de corps pour m'abriter
Pas de façade pour me cacher
Dans cette fêlure éclafêlée, un autre moi est né
C'est éternel, cette multitude
D'images de rien, qu'un interlude
Aussitôt né déjà mourant, l'instant d'un moment
Cheveux de feu, un corps aime
Sur les chevilles de fumée.
Dans cette fêlure éclafêlée, un autre moi est né
Dans cette fêlure éclafêlée, un autre moi péri
Dick Annegarn
GANAËL
T'as tout laissé à 18 ans
T'as dit merci à tes parents
Y en a qui seraient jaloux de toi
Beau garçon au visage flou
Une couverture dans ta musette
Aucune idée derrière la tête
À part fêter des expériences
De chien de luxe en vacances
Ganaël Ganaël tu ne voudrais pas que je m'en mêle
Ganaël Ganaël c'est bien trop beau pour être réel
Tu te sens poète créateur
Dionysos en chaleur
Ton passé t'as pas appris à assurer ta survie
Il te faut de l'encre dans ta plume
Il te faut manger je résume
Faut que tu brilles indépendant
Pour rayonner au firmament
Ganaël Ganaël tu ne voudrais pas que je m'en mêle
Ganaël Ganaël c'est bien trop beau pour être réel
Dehors menace une voie publique
De jeunes cadres et de vieux flics
On te bouscule sur le trottoir
Il n'y a pas que toi dans ce trafic
Et si c'est difficile à dire
C'est que c'est dur à définir
Ce que je sens, ce que je pressens
C'est quelque chose comme une guerre
Ganaël Ganaël tu ne voudrais pas que je m'en mêle
Mais Ganaël Ganaëll c'est trop beau pour être réela
Dick Annegarn
GILGAMESH
D'Uruk ou de Kish d'où devient Gilgamesh
Anou veilla sur les toits du brouhaha
Brouhaha brouhaha brouhaha brouhaha
Mille et quelques nuits mille et quelques fruits
Mille et quelques nuits
Célébrant Mardouk dans les caves d'Uruk
Sous les voûtes de Kish
Gilgamesh est saoul est sous influence d'Enkidu
Enkidu demi-dieu du désert et du feu
Anou le créa pour qu'il soit comme toi
Hors-la-loi, hors-la loi, hors-la-loi, hors-la-loi
Ami d'animaux. Enkidu est beau. Enkidu est doux
Fallut qu'elle y aille, le prenne par la taille, lui tienne compagnie
Enkidu est saoul est sous influence de Gilgamesh
Bijoux et cervoise, Gilgamesh en pavoise
Jaloux, tu t'exposes, Enkidu en impose
Au corps à corps, au corps à corps
Au corps à corps, au corps à corps
La lutte s'apaise l'amitié leur pèse, les pousse au défi
Bravant de glèves la forêt des cèdres garde jour et nuit
Humbaba est fou, Humbaba est fort, Humbaba est où
Ninsun d'Egalama vient voir ça ces deux-là
Kidu et Ganesh rien ne les en empêche
De braver Humbaba, Humbaba, Humbaba, Humbaba
Grâce à Shamash ce ne sont pas des lâches
Ce sont des héros
Du bois du Liban preuve de leur sang
Preuve de leur proue
Uruk, reçois-nous, reçois tes deux fous
Fais-leur folle tête
D'Uruk et de Kish d'où s'enfuit Gilgamesh
Anou le rappela, Enkiku reste là
Reste là, reste là, reste là, reste là
Dick Annegarn
GISÈLE
C'était une boîte toute noire
La manivelle pour faire mouvoir
Les souvenirs d'avant naguère, manquait
Avec une clé nostalgique
Je remonte la boîte à musique
Dont nous attendons le son prison
Vous êtes la plus belle de La Rochelle
Vous êtes la plus belle, Mademoiselle Gisèle
Étonné qu'une boîte peut encore
Fonctionner avec un ressort
Étonné d'être encore étonné
Un moment se crispent nos corps
Un éclair et la voix ressort
Sillonné pour une éternité
Vous êtes la plus belle de La Rochelle
Vous êtes la plus belle, Mademoiselle Gisèle
Au milieu du cinquième couplet
Couplet je t'aime et tu me plais
Petit frangin vient montrer son train
Petit frangin devient tout fou
Lorsque son train casse son cou
Entre tête et bras du phonographe
Vous êtes la plus belle de La Rochelle
Vous êtes la plus belle, Mademoiselle Gisèle
Dick Annegarn
GOLDA
Il s'appellera jamais Golda, ce pauvre chien du vil voisin
Il s'appellera jamais Golda, ce chien d'en face, c'est pas le mien
Pourquoi j'ai plus de chien?
Pourquoi est-ce qu'il aboie, le chien?
Le chien du voisin d'en face a eu des coups
Le chien aboie, appelle le mai-maître
Le mai-maître est au chaud, il a bu
Et foutu des coups de panard à son clébard
Se plaint entre les murs de parpaings
Des bouts de verre, fil barbelé
Cadenas de fer, chien enferré
Chien de faubourg, chien de banlieue
Chien de la cour de ce vieux galeux de monsieur
De la rue Jules-Vallès, jusqu'à la rue Jules-Vallès
Ce monde est trop petit pour un chien en détresse
Il s'appellera jamais Golda, Golda est loin, peut-être même mort
Il s'appellera jamais Golda
Et je ne veux pas encore un chien
Ici, près des carrefours, ici, il ne pourrait pas courir
Un chien a besoin de se défouler
Un chien a besoin de mains pour le caresser
Chien de faubourg, chien de banlieue
Chien de la cour de ce vieux galeux de monsieur
Je cherche un chien qui cherche un copain
Je trouverai bien ce chien, gardien de coeur
Il s'appellera peut-être Bruno ou bien Judas, je ne sais pas
Il s'appellera peut-être fredo, Zarapousta, je ne sais pas
J'attends d'avoir un champ, j'attends d'avoir une maison
Avec des tas de fenêtres et des portes ouvertes
Et que le chien coure!
Que le chien coure!
Dick Annegarn
GRANVELLE
Fils de ministre de Charles-Quint
Fils du garde des sceaux du Royaume de Naples et de Sicile
Secrétaire d'état
Chef du conseil des Pays-Bas
Archevêque de Malines
Vice-roi de Naples
Président du Conseil des affaires italiennes à Madrid
Archevêque de Besançon
Granvelle, je me rebelle contre tes Maures d'occasion!
Je me rebiffe derrières mes tifs, mais t'ai à l'oeil, ainsi que l'autre
Philippe II, c'est une croyance; d'abord le Pape et puis le Roi
Le Roi combien? Quels sont tes dieux?
De quelles épées envahiront nos comtés
Quelle est sa classe, de cette limace, qui colle de sang d'Inquisition
Et quoiqu'il soit, je veux être ombre, après sa mort non pas la mienne!
Granvelle, te rappelles-tu de ton discours à Augsbourg?
T'y as gagné de derrière les tentes
De derrière les hommes de femmes nourris
Nourris de quoi? Quelle est la solde
Que tu leur donnes donc à tes soldats?
Pantin du Roi, t'es sous hypnose
Ne vois-tu pas la nécropole de ta prose?
Philippe II, c'est une façade, une sépulture de fosse commune
Oublie nos terres toi, va voir ailleurs, ne blesse nous pas dans tes cachots
Consuls de cet escroc, tombez à l'eau, faites pas surface!
Vos surveillants, vos hommes de paille sont dignes de quoi, sinon de mort!
Je veux leur mort, non pas leur sang, je veux la paix dans mes rangs
Je veux la gloire et j'en suis saoul, j'en suis soumis à la risée de la plèbe
Egmont est mort!
Non, pas encore, ce n'est qu'une question d'aube et d'aurore.
Egmont est mort!
Ne me laissez pas, c'est de votre sort qu'il en va
Granvelle, je me rebelle contre tes Maures d'occasion!
Je me rebiffe derrières mes tifs, mais t'ai à l'oeil, ainsi que l'autre
Granvelle, général! Granvelle, cardinal!
Granvelle, colonial!
Granvelle, que dalle!
Granvelle!
Granvelle!
Dick Annegarn
HÉ HÉ HÉ
Sur la plus haute branche du bouleau, je crie: hé hé hé!
Je suis content, c'est bien d'être assis ici, hé hé hé!
À perte de vue, une forêt qui n'en finit plus
Qu'est-ce que c'est vaste ce pays
Qu'est-ce que c'est que ça, là loin, ce château, là-bas?
Je suis bien curieux
Je vais m'y rendre sur mon cheval de feu
Ça va me prendre un jour ou deux
J'ai grand besoin de voir du monde
J'ai besoin qu'on me reponde
Au bord des douves, en bas du château, je crie: hé hé hé!
Je voudrais qu'on m'ouvre, qu'on abaisse ce pont-levis, hé hé hé!
Ça fait trois jours et trois nuits que je n'ai pas dormi
Je suis un chevalier
Un gentilhomme vous demande de vous recevoir
Rien que pour une nuit
Il n'y a personne, c'est ça qui m'étonne
Un château solitaire
Mauvais présage, soyons sage
Passons par derrière
De la plus haute tour du château, je crie: hé hé hé!
La plaine est vaste, la terre est infinie, hé hé hé!
C'est bien d'être seul, c'est bien d'être chevalier
Dans un château délaissé
Et seul à seul avec ma destinée
Je crois que je vais rester
Mais il me manque une compagne ou un compagnon
J'avais oublié
Vaudrait peut-être mieux que je regagne la plaine et les monts
Et mon bouleau
Dick Annegarn
IL PLEUT
Il pleut des rivières
Le gris confond le vert
Le temps de mon enfance
Je suis content!
La rue mute en miroir
J'y vois un nuage noir
C'est lui qui fait qu'aujourd'hui
Je suis content!
La pluie, mon ami, revient de temps en temps
Le temps de faire rire l'atmosphère pesant
L'épicier couvre vite ses fruits
Les fruits, qui eux, aiment la pluie
La pomme découverte brille
Je suis content!
Le bruit de l'eau écrase les autos
Ils ont de la peine à percer le rideau
Les éléments se déchaînent vraiment
Je suis content!
La pluie, mon ami, revient de temps en temps
Le temps de faire rire l'atmosphère pesant
Dick Annegarn
INFORMOL
Bug buffer
Break box
Bulk basic
Baud bus
Reset restore
Read ram
Write rom
Reckon rate
Port printer
Peak pitch
Poke patch
Pixel program
Format folder
Flag font
Fill file
Follow frame
Set up save it
Snap screen
Send switcher
Synchro system
Dick Annegarn
JACQUES
Jacques, je te tutoie comme un ami
Qui fait partie de la famille des brelles
Jacques, je te perçois comme un marquis
Qui est parti dans le maquis rebelle
Tu es passé, et repassé
Ton pantalon, trop bien plissé
Qu’est ce qui se passe, quelles sont tes nuits
Pourquoi qui tu te caches, pourquoi tu fuis?
Jacques, je ne te vois pas au paradis
C’est un pays bien trop petit bégueule
Jacques, dans quelle tempête t’es tu mis ?
Une grande fête comme le peignit Breughel
Des œufs sur pattes traversent l’enfer
Des femmes en nattes, les fesses à l’air
Des basiliques sur des collines
Et toi qui erres vers Grenadine
Jacques, je ne sais pas ou t’es parti
Un maquisard a des amis a vie
Jacques, je te perçois comme un marquis
Qui est parti dans le maquis rebelle
Dick Annegarn
J'ÉCHOUE
Quatorze, donne-moi la clef de quatorze
Ça marche
Ça m'a tout l'air, ça se déroule
Ça tourne
Au gré de l'air et de sa houle
Ça monte
Une montgolfière mastodonte qui monte
En sens contraire à la ponte
J'échoue, comme une montgolfière
Au bordel amer de ma liberté
J'échoue, en douceur c'est vrai
Mais mon coeur est près de se dilater
J'étais aux anges, j'étais au-dessus de tout ça
J'étais un mélange de jazz et de java
J'étais haut placé auprès de Lucifer
J'étais bien placé là, dans la stratosphère
J'échoue, cassée ma nacelle
Ai perdu mes ailes, le vent a tourné
J'échoue, comme un beau projet
Qui ne s'est pas fait comme faire se fait
J'en chie, j'aurais dû mourir
Dû me repentir, j'aurais dû morfler
J'en chie, j'en mords la poussière
De cette maudite terre qui m'a atterré
J'étais éperdu, éperdument éperdu
J'étais dans les nues, dans les nuages
J'étais esseulé, esseulé et aliéné
J'étais affolé de me voir dévier
J'ai pris la mauvaise pente
La mauvaise tangente, le vent a tourné
J'ai pris en moins d'un, deux, trois
Un contact étroit avec la poussière
Dick Annegarn
JAVER
Javer, sous terre et je ne le savais pas
Il a tout fait pour ça
Sa mère bergère surveille la route d'en bas
La route de Pristina
Mon cheval a soif dans la montagne
C'est une chance qu'il m'accompagne
Car la pente est raide la côte est haute
Cette terre accueille mal ses hôtes
Et je tends la seule main qui me reste
La voûte céleste à portée de geste
Cette terre est rude la route est longue
Ma monture en est exsangue
Javer, sous terre et je ne le savais pas
Il a tout fait pour ça
Sa mère bergère surveille la route en bas
La route de Pristina
Mon cheval m'oublie broutant pâture
Cavalier en aventure
Déjà à mi-pente je sens la chose
Les épines qui accompagnent les roses
Les nuages abondent la tonnerre gronde
Ce cheval ne craint pas la fronde
Mais le ciel menace mon escalade
Je m'attends à l'embuscade
Javer, sous terre et je ne le savais pas
Il a tout fait pour ça
Sa mère bergère surveille la route en bas
La route de Pristina
A-t elle prise racine? Créature féline
Bondissante et clandestine
Si sa main est lourde et sûre de son choix
Cuivre et cuir la magnifique proie
Et je tire rudement sur ses épaules
Tous les deux avons le beau rôle
Mon cheval hennit trépigne de joie
Ce voleur s'en accapare pas
Dick Annegarn
JE TE VOIS
Belle journée, un jour de libre aujourd'hui
C'est une belle journée, vilain soleil tu m'éblouis
Je me faufile, me méandre entre les gens, je les évite
Je face, je pile, je gauche entre les gens, je marche vite
Et je boussole et traverse la rivière de la rue
Et tu es là, sur le trottoir, de l'autre côté, je crois te voir
Et je te vois
C'est encore toi, que je vois devant mes yeux, je te vois
Je te vois
Où que tu sois
Où que je regarde, je te vois
Je te vois
Et je revis et je me dis, que je n'ai rien vu, ni toi non plus
Je cligne des yeux, encore un peu, t'as disparu, mais je t'ai vu
Dans les vitres de l'autobus je regarde et...
Dans les vitres de la vitrine je regarde, tiens, je me fascine
La vitre reflète les peut-être, je suis si seul, je ne suis pas seul
Tu es là sur le trottoir de l'autre côté, je crois te voir
Je te vois
C'est encore toi, que je vois devant mes yeux
Je te vois
Je te vois
Où que tu sois
Où que je regarde, je te vois
Je te vois
Dick Annegarn
JOHNNY JOHNNY
Matin, matin de blues bluesé
Matin de tes songes à peine éveillés
Ce jour, ce jour ne t'appartient pas
Ce jour te prolonge ton forcenat
Tu vas, tu vas où ton corps va
Ce corps qui te plonge dans l'embarras
Tu vas, tu vas où ton corps va
Ce corps qui te ronge, mais ton corps va
Midi déjà, t'as déjà bien bossé
Et la fée carabosse ne s'est pas révélée
T'as faim, tu vas t'alimenter
Et l'assiette sur la table t'a été enlevée
Johnny, Johnny rase les murs
Johnny, Johnny est un dur
Johnny, Johnny fait la fête, ouais!
Johnny, Johnny est une bête, ouais!
Johnny, Johnny est une bête
Le soir, le temps de rentrer chez toi
Chez toi, c'est la tasse, le désarroi
C'est bien une ville dortoir
Une ville de mômes en réservoir
La nuit, le jour est à toi
Quarante mille dormeurs qui... Y'a pas un chat
Fait froid, en attendant
Devant le feu rouge. C'en est révoltant!
Johnny, Johnny rase les murs
Johnny, Johnny est un dur
Johnny, Johnny fait la fête, ouais!
Johnny, Johnny est une bête, ouais!
Johnny, Johnny est une bête, ouais, ouais, ouais!
Dick Annegarn
JUDAS ISCARIOTH
Judas jouait aux échecs avec Judas Iscarioth, avec
Judas jouait aux échecs avec Judas Iscarioth et
Judas en gagnait autant qu'il en perdait, évidemment!
Quoique Judas était des apôtres
Il n'avait aucun autre ami que lui-même
Pour jouer aux échecs ou pour jouer au poker, ouais!
Judas jouait au poker avec Judas Iscarioth avec
Judas jouait au poker avec Judas Iscarioth et
Judas en perdait autant qu'il en gagnait, évidemment!
Quoique Judas était des apôtres
Il n'aimait pas cet autre-là
Cet énergumène vertueux et faux
Si Eric Satie était de cette époque-là lui aussi
Il aurait trahi le maître, il aurait miné les églises
De sciences et de croyances fanatiques et strictes
Les églises de sciences fanatiques et strictes
Les palais de justice, les maisons de culture
Les églises d'amour, les églises de toujours
Les églises de jamais au grand jamais
Jamais je ne croirai que Judas brûle dans un enfer!
Dick Annegarn
KATINGA TANGO
Plein de bijoux qui vous mettent plein la gueule
Plein de suze, saoule comme toute la Cologne
Elle confond mambo et twist
Elle tourne en rond comme un trapéziste
Elle fait des pas, des petits pas charmants
Pour un éventuel amant
Katinga tango
Katingo mambo
Katinga calypso
Katinga rumba
Katinga samba
Cha-cha-cha
La salle de danse comme une carrousel tourne autour d'elle
Et elle, elle pense que tout le monde danse comme elle
Bien que saoule elle distingue encore bien la foule
De son Umberto, de son hidalgo
Il danse le rock comme le kasatchok
Il ne se rend pas compte qu'il est rigolo
Il danse le slow comme un taureau
Il se rend pas compte qu'il est toc
Umberto tango
Umberto mambo
Umberto calypso
Umberto rumba
Umberto samba
Cha-cha-cha.
La salle de danse telle une toupie tourne autour de lui
Et lui pense que tout le monde danse comme lui
Dick Annegarn
L'ÉGOTISTE
Est-ce que je le dis? Oui, je le dis!
J'ai un amant qui m'aime, qui me ment
Il dit qu'il ne m'aime pas
Il joue à cache-cache, il joue, je me fâche
Il tend et puis il lâche
Il joue avec mes pieds et je me laisse jouer
J'aime ça jouer
Je joue à être à deux, comme ça
Je suis heureux et je m'aime
Je suis un égotiste
Je suis un égotiste latent
Est-ce que je le dis? Oui, je le dis!
Je m'aime beaucoup, je suis mon grand loup
Je m'aime farouche et doux
Je me plais, je me fais plaisir
Ça me plaît de me faire plaisir
Je change de gamme, comme je change de rame
Je mène mon bateau, haut
Je joue à être deux comme ça
Je suis heureux et je m'aime
Je suis un égotiste
Je suis un égotiste latent
Est-ce que tu le sais? Oui, tu le sais!
Tu as un ami qui t'aime, qui te suis
À travers ta vie, ici-bas
Tu es cet ami, tu es cet amant, tu es omniprésent
Et si t'as besoin d'un voisin, d'une oreille
Pour ta bouche; eh bien, louche!
Tu joues à être deux, comme ça
Tu es heureux, et tu m'aimes
Tu es un égotiste
Tu es un égotiste latenta
Dick Annegarn
L'ÉTERNITÉ
(Arthur Rimbaud)
Elle est retrouvée
Quoi?
L'éternité
C'est la mer mêlée avec le soleil
Âme sentinelle, murmurons l'aveu
De la nuit si nulle et du jour en feu
Des humains suffrages de communs élans
Là, tu te dégages et voles selon
Puisque de vous seules braises de satin
Le devoir s'exhale sans qu'on dise enfin
Là, pas d'espérance nul oréatur
Science et patience le supplice est sûr
Elle est retrouvée
Quoi?
L'éternité
C'est la mer mêlée avec le soleil
Dick Annegarn
L'HOMME DE L'AUBE
... Frédéric Nietzsche
De Rozenlaui à Austerlitz, de Vienne à Vincennes
Des études de philo à Leipzig, que l'on ne s'y méprenne
Son père est mort d'une mort chrétienne
Perdu la tête, il a rendu l'âme
Et l'orphelin laisse au soins, aux bons soin de sa mère.
Sa mère, sa femme, sa soeur, trois femmes trois mélagomadames
Des amis à mort, des amours à vie, des psychodrames
Il ne voulait pas en avoir l'air
Mais il avait l'air d'avoir pas mal souffert
Des amis à mort, des amours à vie, l'homme de l'aube
C'est une longue histoire que cette histoire-là
Celle de l'homme de l'aube
Il est venu me voir, il est venu s'asseoir, l'homme de l'aube
Dans l'avenue, à l'orée du bois
Dans les hautes collines de l'Engadine
Éternel parcours, éternel retour, l'homme de l'aube
Quand je l'ai vu, j'étais étonné
Tant qu'il était nu et fatigué
Vide, foutu, morfondu, comme une vieille violoncelle
Il boitait
Il boitait
Tellement qu'il était fatigué
Tellement qu'il était fatigué
De marcher
Il sanglotait en avançant, l'homme de l'aube
Mais il avançait, le front en avant, l'homme de l'aube
Dans l'avenue, à l'orée du bois
Dans les hautes collines de l'Engadine
Il est venu, une dernière fois, l'homme de l'aube
Dick Annegarn
L'INSTITUTRICE
Madame l'institutrice est morte ce matin
Ce matin à l'aube dans l'eau de son bain
Y'en a qui disent qu'elle est décédée
Moi je dis elle s'est suicidée
Elle était petite et grisonnante
Habillée et habile comme une gouvernante
Ses armoires de fards et de devoirs
Ne protégeaient plus son histoire
C'était hier au cours d'histoire
L'Empire romain contre les barbares
"C'est", elle dit, "le début de la fin"
"L'empire romain périra demain"
Elle était petite et grisonnante
Habillée et habile comme une gouvernante
Ses armoires de fards et de devoirs
Ne protégeaient plus son histoire
Sans doute que peut-être que c'est mieux ainsi
L'empire romain au Paradis
Et nous ici sans institution
Sans institutrice à chignon
Elle était petite et grisonnante
Habillée et habile comme une gouvernante
Ses armoires de fards et de devoirs
Ne protégeaient plus son histoire
Sa vie à elle était loin d'être belle
Mademoiselle madame veuve et mademoiselle
Voyez ce que je veux dire, voyez peut-être pas
Ce que je veux dire je ne le dirai pas
Elle était petite et grisonnante
Habillée et habile comme une gouvernante
Ses armoires de fards et de devoirs
Ne protégeaient plus son histoire
Dick Annegarn
L'ORAGE
Tout seul dans ma grotte
Je mijote des recettes
Je trouve ça chouette
La chouette c'est ma mascotte
Depuis cinquante mille ans nous réglons le temps
De temps en temps nous la déréglons
Mon oiseau et moi nous sommes maladroits
De temps en temps
De temps en temps
Rassemblez les nuages et à mon signal
Larguez l'orage
Éclair lumière descend sur terre
C'est la victoire du noir sur le blanc
Choeurs chantez
Alléluia, olé, hourra
Choeurs, chantez
Alléluia, olé hourra
Olé hosanna
Olé hourra
Éclate tonnerre, déclame ta colère
Et pète la tempête et pète et repète
Choeurs, chantez
Alléluia, olé, hourra
Choeurs chantez
Alléluia, olé, hourra
Olé hosanna
Olé hourra
Les nuages s'éloignent
Au revoir mes amis noirs
Il est temps que je regagne
Ma marmite, mes herbes et mon grimoire
Plus tard, la chouette
Tu m'embêtes
Remettons tout ça à une autre fois
Plus tard la chouette
Pourquoi pas maintenant, pourquoi pas
Dick Annegarn
L'UNIVERS
Citoyens qui êtes de ce monde
Fils de terre et fille qui les fécondent
La terre n'est qu'un trou dans l'univers
Un nid de fourmis, un nid plein d'humains
Qui je le crois et vous avertis
Est à sa fin, sur son déclin
Bientôt on sera plus qu'un raisin
Dans l'uni, l'uni, l'uni, l'uni, l'univers
Est beaucoup plus vaste que l'on croit connaître
Que l'on croit pouvoir contenir dans nos sciences
L'univers est absolunivers et absolunique corpusculaire
Immensément grand
Relatif est notre avenir, relatif à son désir
Le désir du maître des êtres
Qui peut-être va nous faire disparaître
Relatif est notre avenir
Sa colère sera éphémère
Petit saut d'humeur et la terre ne sera plus que vapeur.
Par Jupi, Jupi, Jupi, Jupi, Jupiter
Il se fâchera quand il s'apercevra
Qu'une petite sphère faite de mer et de terre
Va trop vite, sur son orbite
Il nous fera disparaître
Il nous fera qu'une pitch'nette
Mais moi j'aurai déjà disparu
Je m'éclipserai dès demain
Je m'en vais dès demain
Sur mon char, je me barre dardar
Je m'en vais
Je suis mon nez
Je vais loin
Dick Annegarn
LA BAGARRE
Deux mecs se battent, ivres
Deux mecs se battent, se livrent
À la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir
Un pied touche une tête
Deux mecs se couchent après la fête
C'est la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir
C'était une histoire à la West Side Story
À part que le noir était un hippy
L'autre bagarreur était un ancien
Champion lutteur, buveur de vin
Et c'est la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir
Café bouffe ferment
Finie la Mouffe ferme
C'est la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir
Le lendemain tôt
Aucun des journaux ou radios
Ne parlent de la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir
Dick Annegarn
LA FILLE M'A DIT
La fille m'a dit: "fais de beaux rêves"
Je lui ai dit: "merci fille"
Et puis elle s'est couchée dans son lit
Et puis elle s'est couchée dans son lit
Tant pis, ce ne sera pas pour moi, tant pis!
Tant pis, je vais me coucher je crois, tant pis!
J'ai pas envie de pleurer ma tristesse
Mes larmes me font peur
J'ai pas envie de montrer me détresse
Devant une fille de fleur, tant pis
Ce mur de pierres, entre elle et moi
Sous le même toit sur le même sol, Sol
C'est vraiment trop bête, c'est dommage
Un mur en béton massif
Comme Pyramus et Thysbe, Roméo enrhumé, seul
Quelle vie, la vie que je mène, quelle vie!
Quelle vie, la vie sans Hélène, quelle vie!
Bientôt, mes ailes ne seront plus souples
Bientôt ma vie se courbera
À bientôt solitude à bientôt
Mais il est déjà tôt, le dernier soleil
Se lève pareil à tous les soleils
Il fait déjà clair et j'ai beaucoup à faire
C'est le jour de mon au revoir, fille
C'est le jour de mon départ, fille
Et tous les jours je pars un peu
Au revoir
Dick Annegarn
LA GUERRE À L'ARMÉE
Derrière les fougères errent
Derrière les fougères, quelques écuyers
Ils reviennent de faire la guerre
Ils reviennent de faire la guerre à l'armée
C'est des militaires habillés de fer
C'est des hommes armés d'un moral d'acier
C'est des baroudeurs
C'est des n'aie-pas-peur
C'est des déserteurs
C'est des résistants
En temps de paix
Derrière les poubelles bêlent
Derrière les poubelles bêlent les bébés
Leurs mères viennent de faire taire
Leurs mères viennent de faire taire la télé
C'est des courageuses, lourdes comme des gueuses
C'est des femmes musclées à force de lessiver
C'est des douloureuses
C'est des ténébreuses
C'est des orageuses
C'est des bonnes bûcheuses
En attendant
Devers cette manse immense
Devers cette manse, qu'est-ce que c'est devenu?
Qu'est devenu la France, Byzance
Qu'est devenu la France, et le Luxembourg
Des États-Unis des états amis?
Des états amis des États-Unis
Des états-majors
Des états malades
Le tueur du Pape était un curé
Le tueur de l'Oise était un gendarme
Derrière les fougères errent
Derrière les fougères, quelques écuyers
Ils reviennent de faire la guerre
Ils reviennent de faire la guerre à l'armée
Dick Annegarn
LA LIMONADE
La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l'eau
Les enfants boivent de l'eau et du sirop
La rigolade prend d'assaut les bécassines au bord de l'eau
La vie est suave, la vivre la peine vaut
Dans mon épicerie, Jean qui pleure Jean qui rit
Dans mon bar sans tabac goujat
Je m'y voyais déjà tavernier d'opéra
Créateur d'apéros bios
La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l'eau
Les enfants boivent de l'eau et du sirop
La rigolade prend d'assaut les bécassines au bord de l'eau
La vie est suave, la vivre la peine vaut
Dans mon estaminet il y a des mets pour gourmets
Des menus pour enfants gourmands
De ma timonerie je vois passer la vie
De petits et de grands clients
La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l'eau
Les enfants boivent de l'eau et du sirop
La rigolade prend d'assaut les bécassines au bord de l'eau
La vie est suave, la vivre la peine vaut
Dans ma petite famille, il y a de la mélancolie
Y a de l'alcoolémie aussi
Dans mon latifundia du raffut de loufiat
Du grabuge de vieux rat ingrat
La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l'eau
Les enfants boivent de l'eau et du sirop
La rigolade prend d'assaut les bécassines au bord de l'eau
La vie est suave, la vivre la peine vaut
Dick Annegarn
LA TRANSFORMATION
Près de l'eau prés de l'au-delà
Près de l'eau de la fontaine
Près de l'eau de la fontaine
Près de l'eau de la fontaine se trouve mon mécène
Que j'aime autant que les arbres, le vent
Qui battent le temps, le temps d'une mesure
Et au fur et à mesure que le chant avance
La faune et la flore et les métaphores
Entrent en transcendance en transformation
Dieu des dieux
Dieu du feu
Dieu de toutes les fibrilles
Il est beau le bruit du bois
Il est beau le bois
Il est beau le bois
Le bruit du bois
Il est beau le bois duquel je viens et je viens
Vous dire que j'ai rien à dire
Mais que l'on respire mieux là-bas
Sur le haut plateau, près de l'eau de là
Fontaine qui insuffle la vie
Près du zéphyr celui qui inspire à la transformation
Dieu des dieux
Dieu du feu
Dieu de tous les chaînons
Je ne mangerai pas ta pomme, pas ta pomme
Non je ne mangerai pas ta pomme
Non je ne mangerai pas de ta nourriture
Nourriture d'une terre dont la sève est sûre
Et le fruit amer, d'une culture forcée
Par la main de l'homme
En dépit des dieux
Ceux qui avec nous sont prêts à tout
Pourvu qu'on leur laisse la transformation
Dick Annegarn
LANCELOT
On m'a demandé de vous conter une histoire
Que vous êtes sensés ne pas connaître déjà
Je peux demander votre attention, attention c'est trop tard
On y va, on démarre dans l'histoire
Dans un pays de cendres et de ruines sans époque
Dans une odeur de marchand d'héroïne qui suffoque
Sous la poussière, la terre tremble encore
Dans un cratère un enfant qui dort
Un enfant qui a survécu
Innocent et imprévu
Il était fort, il était beau, Lancelot
Le seul enfant intelligent restant
Et Lancelot avait un ami vipère
Tous les matins, ils quittaient leur cratère
Empoisonner et détériorer
Les choses pourries et pour cause
Un beau matin comme tous les matins faisait faim
Et Lancelot et l'ami vipère et son venin
Se mettent en quête d'hommes pour les manger
L'ami vipère empoisonne les tarés
Ce matin-là, il y avait plus personne
Y avait plus que les bons et les bonnes
Puisque les mauvais sont dévorés, digérés
Avalés, sécrétés, oubliés, périmés
Y a plus que les bons et les beaux
Hissez tous vos drapeaux
Les ruisseaux ont de l'eau à nouveau
Dick Annegarn
LE BLUES DE LONDRES
Les buildings et les bulldogs consomment tout l'air pour mon bubblegum
Les buildings et les bulldogs en somme little bibendum
Les buildings et les bulldogs consomment tout l'air pour mon bubblegum
Les buildings et les bulldogs in the bubblegum jungle
Pas de lumière sur ma moto
Et ça peut me coûter cher sur le boulevard des maréchaux
Et si je quitte la route c'est qu'il est pas trop tôt
D'aller en déroute pour d'autres eaux
Le blues de Londres le spleen de Lille
Le rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes
Je m'égare le long de longues files de voiture en stationnement
Et ces autos immobiles me font l'effet d'un enterrement
Par malheur je trouve quelqu'un pour me demander le chemin
Ce quelqu'un me dit "écoutes-moi bien cette rue tu vois elle te mène à rie n"
Le blues de Londres le spleen de Lille
Le rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes
Comment s'appelle encore le smog quand ça te tombe
Sur le coin de la gueule
Comment s'appelle encore la vogue de ces messieurs
Quand ils sortent de l'hôtel de l'Elysée d'un choix de loi
De Buckingham Palace et de petits pois
Je te dis que tous ces stars du grand monde ne manquent pas d'air
Et qu'en fait c'est vraiment pas bizarre quand tu voyages en Canad'air
Et que quand que tu as tout t'as beaucoup besoin de beaucoup de choses
Et qu'en fait c'est vraiment pas facile d'y éviter l'overdose
De blues de Londres de spleen de Lille
De rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes
Ce que Belleville et Soho et Naples ont de commun
C'est que toutes leurs sacrés sonos gueulent dans tous les coins
Et que toutes ces foutues autos font le bruit d'une lourde industrie
Et qu'en fait c'est vraiment pas facile d'y éviter l'avarie
Dans ce blues de Londres ce spleen de Lille
Ce rock de Rotterdam et ce smog de toutes les villes
Pas de lumière sur mon auto
Dick Annegarn
L’EAU EST LÀ
L’eau est là,
Ça se voit dans les yeux des enfants et des vieux d’Essaouira
L’eau est là,
Ça s’entend dans la voix des bergers qui saluent l’étranger que l’eau est là
Il n’y a pas si longtemps, canicule dans la plaine
Aussi sec et cassant que de la porcelaine
Rien ne pousse plus, aucune plante ne résiste
Dans un tel cagnard dans un tel sinistre
Mais l’eau est là,
Dans les puits, sous la terre, dans les tiges des fougères, l’eau est là
L’eau est là,
Dans les airs, dans la mer dans le ciel planétaire, l’eau est là
Silence immense, un vide évident
Personne ne sort d’ici vivant
Rien ne tient plus, ou alors par béquilles
En ville, c’est bien pire, les murs s’écarquillent
L’eau est là,
Ça se voit dans les voiles qui caressent les fesses des femmes que l’eau est là
L’eau est là,
Ça se voit dans les yeux des neveux de Séville qui scintillent la nuit que l’eau est là
Tout périt pire que dans la misère
Touchant n’importe qui, touchant n’importe quand
Canicule dans la plaine le museau dans la laine
Un sirocco chaud balaye mes yeux clos
L’eau est là,
Elle nous draine dans nos veines un mélange d’oxygène, d’hydrogène et de gènes
L’eau est là,
On arrête bien le feu, mais on n’arrête pas l’eau, parce que l’eau c’est la vie,
L’eau est là
Dick Annegarn
LE GRAND DÎNER
Six heures du soir, ils vont arriver
Je vais m'asseoir me reposer
Pour avoir l'air décontracté je vais me raser
Je crois que je sens un peu les légumes
Je vais mettre mon costume
Oh puis non, ils vont rire de moi comme l'autrefois...
Que j'avais ciré mes chaussures pour aller en voiture
Mes amis ne sont jamais à l'heure
Ils ont toujours à faire
Mais ils ne repartent jamais de bonne heure
Allez encore un verre
Jean et Mariane, Suzanne et François
Robert et Danièle, Joëlle et Michel
Il n'en manque qu'un, j'ai dressé pour neuf
Le neuvième c'est qui, ah oui c'est le veuf
Le veuf c'est moi et j'attends
Pendant que je bois mon troisième verre de vin blanc
Mes amis ne sont jamais à l'heure
Ils ont toujours à faire
Mais ils ne repartent jamais de bonne heure
Allez encore un verre
Il se fait tard, pourvu qu'ils viennent
Tout le caviar je l'ai donné à la chienne
Et si ça continue les bouteilles seront vides
Je crois que je vais partir en Floride
Une table vide que je préside
C'est le bide
Mes amis ne sont jamais à l'heure
Ils ont toujours à faire
Mais ils ne repartent jamais de bonne heure
Allez encore un verre
Dick Annegarn
LE GRIS
J'ai le gris
J'ai le gris de ma vie
J'ai le gris
J'ai le gris de ma vie
De mes nuits
Et au total, au total
Ça va pas mal mal
Quand j'ai le gris
Quand j'ai le gris de ma vie
De mes nuits
J'ai la moelle de l'épine dorsale qui me fait mal
Quand j'ai le gris
Quand j'ai le gris de ma vie
De mes nuits
Le rouge flamboie
Le vert déprime
Le blanc voit pas
Ce que le bleu devine
Dick Annegarn
LE PIANO PLEURE
Le piano pleure
Des touches qui coulent
Des larmes de pleurs
Le piano pleure
Porcelaine
Pétales d'ébène
Les pizzizzicato
Syncopent encore le contrepoint
Les pizzizzicato
Plantent des plumes, plantent des plumes
Mais quel vent t'a emportée?
Le papillon frôle
Le verre brûlant
Du réflecteur
Le papillon meurt
À la lumière
Du réverbère
Tango de Gdansk
Tango vodka
Tango mazurka
Slovack tango
Mais quel vent t'a emportée, idée?
Les violons shuntent
Ils shuntent et redressent
Leur allégresse
Les violons chantent
Un mouvement
Qui sent la menthe
Piano ma nonne troppo
Piano, pianissimo
Piano ma nonne forte
Piano
Mais quel vent t'as emporté, idée inexprimée?
Dick Annegarn
LE ROI DU MÉTRO
Le 7 mars de l'année 1972
À 10h32 précise
Le roi d'une petite pelle
Fit éclater sa cour d'applaudissements pervers
En attribuant humble participation à ce métro prolétaire
Place de Brouckère
729623 ouvriers
Après le roi manièrent la pelle
Quoique non dorée
Et sans jour précis
Vous n'entendrez plus jamais parler d'eux
Ni de leurs bleus ni de leurs "nom de dieu"
Ils sont la concrétisation de le matérialisation moderne
Moderne métro remplace l'auto
Qui remplace la moto qui remplace le vélo
Et bientôt aussitôt que le métro devient rôt
Faut sortir les chevaux
Le 7 mars de l'année 1972
À 10h32 précise
Le roi d'une petite pelle
Fit éclater sa cour d'applaudissements pervers
Le 7 mars de l'année 1972
À 10h32 précise
Le roi d'une petite pelle
Creusa la tombe de Bruxelles
Dick Annegarn
LE SAULE
Saoule le saule
Qui saoule la Marne
Qui marne le saule
Souille la vague
Qui va à la vase
De ton tronc d'eau
L'eau lave l'eau lave l'eau lave l'air
Saule pleureur saule pleure
Houle des hanches
Tes hanches de branches
Tes branches de fleurs
Voue à la voile
Atoll d'étoiles
Tes larmes de pleurs
L'eau lave l'eau lave l'eau lave l'air
Saule pleureur saule pleure
Voûte l'épaule
Pieuvre de gaule
Pieuvre de bois
Bois le calice
Calice propice
Aux ombres d'eau
L'eau lave l'eau lave l'eau lave l'air
Saule pleureur saule pleure
Dick Annegarn
LE TRAVERSIN
Je croyais que t'étais dans mon lit enfin j'espérais
C'est ma dernière nuit ici dans cette maison
Et je meurs d'envie d'être ailleurs ou ici avec un comme toi
Oui je vis une absence une non-existence un état de manque
Ta tête n'est plus sur le traversin
Le traversin à travers le lit
Les draps sont sales
Sentent l'animal de plusieurs nuits chaudes nuits chaudes
Je croyais que t'étais dans mon lit je te devinais
Je devinais déjà le chaud de ton corps sous les couvertures
Une dure surprise qui m'attendais là une drôle d'embrouille
Quand j'ai vu que tu n'étais plus là une drôle de trouille
Ta tête n'est plus sur le traversin
Le traversin à travers le lit
Les draps sont sales
Sentent l'animal de plusieurs nuits chaudes nuits chaudes
Chaque fois que mon sang bondit dans le lit de mes veines
Et à chaque marche que mon pas franchit dans la nuit de mes peines
Et à peine j'oublie son azalée que je vois son soleil
Pareil à tout ce qui peut s'interploser entre deux orteils
Ta tête n'est plus sur le traversin
Le traversin à travers le lit
Les draps sont sales
Sentent l'animal de plusieurs nuits chaudes nuits chaudes
Dick Annegarn
LES ENFANTS
Tous les enfants dans leurs draps dorment d'un sommeil innocent
Innocent enfant
La nuit est un doux refuge de rêves
Des fils de soie reposent sur les cils de l'enfant
Innocent enfant
Que le blanc linge te protège!
J'aurais bien été ton grand grand frère
Je t'aurais gardé dans ton lit
Je t'aurais monté de longues histoires
Sapristi, tu te serais endormi!
Tous les enfants dans leurs draps dorment d'un sommeil innocent
Innocent enfant
La nuit est un doux refuge de rêves
Des fils de soie reposent sur les cils de l'enfant
Innocent enfant
Que le blanc linge te protège!
Dors, de ton sommeil d'or, dors!
Petits et grands
Les enfants sont d'or et d'argent
Faufilés de fils blancs
Grands et petits
Les enfants aiment la vanille
Dans le train de spéculoos
Dans le train de massepain
Dans le train de l'enfant
Sur le dernier wagon un coffre fort
Avec la gomme des parents, dedans
Le ciel est plein de nuages et de paysages
Nuages coton bleu blanc blond au-dessus du village
Le vent descend dans la rue, prend le chapeau du passant
Que l'enfant prend, le lance dans le vent
Le chapeau du passant dans les nuages de l'enfant
Au-dessus du village
Le ciel des grands est beaucoup plus petit
Que le ciel des enfants
Enfant, ne deviens jamais grand!
Dick Annegarn
LES GUEUX
Des murs de gris, des murs de prières
Entre de mines de nicotine sulfite de fer
Des femmes attendent entre des murs de rouille tâchés
Tâchés d'eau-de-vie d'une vie trop dure à supporter
Les hommes sont sortis pour parler de la grève
La grève du siècle
Ouvriers
Ils sont fâchés. Ils ne sont pas contents
Ils viennent cracher leurs mécontentements
Ils sont nombreux l'ombre dans les yeux
Sombres et ombrageux
Les gueux
Les gueux ne capituleront plus devant le culot des autorités
Les gueux se manifesteront à toutes les saisons et
À tous les mois s'il le faut ils ne lâcheront pas
Les gueux ne capituleront plus devant le culot des autorités
Qui elles reculeront bien sûr selon toute opportunité mais
Aucun discours n'apaisera plus la colère
La colère du siècle
Ouvriers
Ils sont fâchés. Ils ne sont pas contents
Ils viennent cracher leurs mécontentements
Ils sont nombreux l'ombre dans les yeux
Sombres et orageux
Les gueux
Où c'est qu'il est le grand et fort poilu
Monsieur qui marchait ici devant a disparu
Derrière les gueux et devant moi
C'était lui le chef, je crois
Ça s'est passé en un éclair: enlevé
Trois mecs trois masques et trois matraques puis quelques coups
Personne ne l'a vu ce tout à coup a passé inaperçu
Et eux les gueux, ils continuent
Ils sont fâchés. Ils ne sont pas contents
Ils viennent cracher leurs mécontentements
Ils sont nombreux l'ombre dans les yeux
Sombres et orageux
Les gueux
Dick Annegarn
LES TCHÈQUES
À quoi pensent les tchèques?
Quand ils pensent à quelque chose?
Pensent-ils comme des tchèques?
Pensent-ils rouge ou pensent-ils rose
Ou pansent-ils leurs plaies?
Jolie dame dans le tram
Jolie parapluie
Êtes-vous déjà une madame
Ou bien une petite fille?
Vieux monsieur aux yeux si bleus
Vieil imperméable
Est-ce que Prague est à vos voeux
Ou bien insupportable?
Jeune garçon aux yeux si claires
Vas-tu à l'école?
Vas-tu voir ton grand père?
Ou bois-tu son alcool?
Tendre mère avec sa fille
Petit sac à dos
Êtes-vous parti pour la vie?
Ou seulement pour Brno?
Dick Annegarn
LILLE
Colombophile à Lille
Dans les gouttières d'hier
Il vaque à ses occupations
S'occupe de ses chers oisillons
Haltérophile à Lille
Dans les vestiaires de hier
Il voit passer des drôles d'archanges
Des arcs et des flèches étranges
Sans domicile à Lille
La vie est bien trop chère
Il va, vit et veut voir tout ce qu'il peut
Se mouche dans les étoiles quand il pleut
Dick Annegarn
LOIN DE LÀ
Loin de là
Loin de là
Loin de l'agglomération
Loin de là
Au-delà de l'horizon
Au delà
Loin de la circulation
Loin de là
Pas loin de dix ou douze millions
D'humanoïdes paranoïdes
Pas loin de ça
Pas loin de dix ou douze millions
D'humanoïdes
Qui se piétinent
Qui s'ignorent
Qui baratinent
L'inodore
Pari-Pari-Parinoïa
Loin de là
Loin de l'agglomération
Loin de là
Au delà de l'horizon
Au delà
Loin de là
Dick Annegarn
MAISON À VENDRE
Maison à vendre avec vue sur la mer
Et sur les polders
Maison en Hollande, c'est pour pas très cher
Nous sommes experts
C'est une bonne affaire à faire
Mais l'annonce ne dit pas que ma mère, elle, naquit là
Ainsi que sa grand-mère et son grand-papa
Ainsi que son frère mort entre deux guerres
Et l'annonce ne parle guère du passé qu'elle y enterre
Huis te koop, goed voor de sloop
Niet te huur, dat komt je te duur
Koop het gauw, koop het nou
Wij geven ook krediet
Krediet, krediet, wij geven ook krediet
Maison à vendre, avec vue splendide
Sur le Zuiderzee
Maison en Hollande, construction solide
Intérieur rustique
C'est une bonne affaire à faire
Et l'annonce oublie bien sûr de parler de la clôture
Et des fils barbelés pour séparer les maisonnées
Ce que l'annonce ne dit pas enfin tu le verras
Huis te koop, goed voor de sloop
Niet te huur, dat komt je te duur
Koop het gauw, koop het nou
Wij geven ook krediet, krediet, krediet
Wij geven ook krediet
Maison à vendre, cette maison est à moi
Mais c'est la loi
Maison en Hollande, si vous avez les sous
Le monde est à vous
C'est une bonne affaire à faire
Dick Annegarn
MAISON ROSE
À chaque étage des visages par milliers
À chaque fenêtre des peut-êtres familiers
Chacun sa gloire, chacun l'histoire de son passé
Personne n'est dupe, personne ne bouge dans ces obsèques
Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait ce qui s'est passé
Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait comment ça s'est fait
Dans cette famille y avait des filles et des garçons
Y avait de la tante y avait de la rente et du viager
Y avait de quoi partager comme désarroi
La désareine s'est prise la peine de s'évader
Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait ce qui s'est passé
Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait comment ça s'est fait
Irène Boulin rebroussait chemin nonchalamment
Vers son destin elle faisait sien
Des yeux humains transhumains
Un soir sursit où elle fit fi d'un fidèle chien
Ce chien de race avait la classe d'un chien de chasse
Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait ce qui s'est passé
Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait comment ça s'est fait
Une maison rose une maison close à Gournay
Une maison vide chaleur torride dans les bosquets
Elle brûle le feu elle joue l'enjeu de son forfait
Ne se souvient de presque rien de rien de bien
Dick Annegarn
MAL DE DENTS
Poésie, alchimie, arsenic et phosphore
Alambic, eau de lie, névralgie dehors!
Voulez-vous que je vous dise mes moments les plus forts?
Voulez-vous que j'anatomise mes dedans dehors?
Je n'ai plus foi en personne et j'envoie tout en l'air
Quand ça me rerésonne dans la masse molaire
Mmmmmmmmmmmmmmmmmal de dents
Ça revient comme une fièvre, faut descendre sur terre
Ça se lit pas sur les lèvres, c'est derrière: l'enfer
Comme un champ magnétique, que survolent les faucons
Dont je suis la victime, dont je suis le con
Oui, je me plains d'un mal bien peu pathétique
Mais c'est un mal quand même, c'est un mal de dents
Tous mes crocs se délabrent, il m'en reste plus guère
C'en devient même macabre, comme un cimetière
Un problème insoluble dans l'eau, dans de là
Dent de lit, dent de lait, j'ai donné déjà
Oui, je me plains d'un mal qui rapporte du fric
Mais ça m'enlève quand même pas le mal dedans
Mal dedans, mal dedans, mal dedans, mal dedans, mal dedans
Dick Annegarn
MAMAN MAMAN
Maman, Maman, tu m'as mis au monde il y a bien longtemps
Maman, Maman, je t'en suis toujours reconnaissant
Parti pour pays Ouïgour qui m'attends personne
Parti pour le Kirghizistan c'est qui m'attend ?
Maman, Maman, tu m'as mis au monde prématurément
Maman, Maman, je serais bien resté un peu plus longtemps
A l'abri du mur de bruits qui dehors résonne
A l'abri d'un ciel qui brille et trop fort rayonne
Maman, maman, je ne t'ai pas trouvé au firmament
Maman, maman, toi qui déplaces les mers qui déplace les vents
Souffle fort un vent du Nord mouillé par l'Ouest un temps qui peste
Souffle fort traverse les ports vent de l'est rafales funeste
Maman, Maman, ce n'est pas le moment de faire le ménage
Maman, Maman, pose ton seau, pars en voyage
Elle est belle, dis, qu'est ce qu'elle est belle, maternelle pucelle
Elle belle si éternelle, immortelle, sempiternelle
Maman, Maman, tu me manques toujours énormément
Maman, Maman, rendez-vous plus tard au firmament
Dick Annegarn
MAUDIT MAL
Joao Joao le romano
Et Jean fils de gitan
Ne vont ni en colo
Ni à l'école ni en vacances
Ils pensent qu'on ne peut pas se vanter
D'être un aventurier
Sans avoir fait la route
Rodent comme on peut roder
Quand on a quitté son domicile adoré
Sur les murs
Des loups hurlent
Doucement
Maudit mal maudit mal maudit mal maudit mal de tête
Maudit mal de siècle maudit mal de l'âme maudit mal maudit mal
Maudit mal maudit mal maudit mal maudit mal de l'être
Maudit mal de l'autre maudit mal de vivre maudit mal maudit mal
Joao porte le sac à dos
Et Jean accoste les passants
Dit pardon de demander pardon
Auriez-vous l'heure ou un cigarette
C'est bête que d'avoir quatorze ans
Et d'avoir ni le temps
Ni l'argent pour vivre
Vaudrait peut-être mieux voler
Ou bien se rebeller
Plutôt que d'être
Dans la brume
Deux enfants fument
Doucement
Maudit mal maudit mal maudit mal maudit mal de tête
Maudit mal de siècle maudit mal de l âme maudit mal maudit mal
Maudit mal maudit mal maudit mal maudit mal de l'être
Maudit mal de l'autre maudit mal de vivre maudit mal maudit mal
Dick Annegarn
MELCHIOR
En plein dans la fleur de l’âge
Ce garçon a tout pour plaire
C’aurait pu être mon petit frère
Bon teint et beau tatouage
Ce garçon a tout pour lui
C’aura pu être mon ami
Un dieu presque vieux
Une peau de pomme
Un mec presque sec
Un homme
Enclin au vagabondage
Ce garçon a les bras lourds
Par le poids de trop d’amour
Sans vin et sans baroudage
Ce garçon à l’âme pur
Vu s’il mène la vie dure
Enfin, enfin quelqu’un de sage
Qu’a-t-il vu ou entendu
Pour en être si mordu
Combien y a-t-il de rois-mages
Qui se sont mis à genoux
Devant la couche d’un si petit bout
Prochain et lointain virage
Ce garçon a pris son sac
Il a dû sentir l’arnaque
Chagrin et baragouinage
N’ont pas vraiment prise sur lui
Il s’en va, mais ne s’en fuit
Dick Annegarn
MÊME EN HIVER
Même en hiver ce pays est beau même si les oiseaux sont de proie
Merveille sur terre qu’un champs plein d’agneaux dont la laine tient chaud dans le froid
Derrière les nues, derrière les nuées, derrière les nuages
Hiver astral les étoiles sont loin et le vide est interminable
J’aime quand il pleut, j’aime quand il plie,
J’aime quand il meurt dans mes yeux
J’aime quand il rit, quand il sourit,
J’aime il vit dans mon lit
C’est au printemps que la sève monte celle qui alimente les plantes
Sacré printemps plus que d’habitude une plénitude en attente
C’est des nimbus, cumulonimbus, venu de Venus dans les strates
Pluie éclaircie un effet de pompe sur les composantes chlorophylles
J’aime quand il pleut, j’aime quand il plie,
J’aime quand il meurt dans mes yeux
J’aime quand il rit, quand il sourit,
J’aime il vit dans mon lit
C’est en été, que le temps s’étend, temps qu’on attend tant, tous ensemble
Temps des vacances, temps des transhumances avant les errances de septembre
Pendant ce temps, le monde paysan s’en va moissonnant sa souffrance
Roundebalant, balançant la danse en glanant l’essence des semences
J’aime quand il pleut, j’aime quand il plie,
J’aime quand il meurt dans mes yeux
J’aime quand il rit, quand il sourit,
J’aime il vit dans mon lit
C’est en automne que le tonnerre tonne une dernière donne pour les dames
Noces de nonnes feuille d’or entonne chansons polytone de l’âme
Gris est le ciel, jaune est le miel, les monde est providentiel
Moraine médiane, moraine souterraine quand le lac de glace s’avance
J’aime quand il pleut, j’aime quand il plie,
J’aime quand il meurt dans mes yeux
J’aime quand il rit, quand il sourit,
J’aime il vit dans mon lit
Dick Annegarn
MIROIR
Dis-moi ce que tu penses de l’ambiance ce soir
Ça balance en cadence
Et toi tu fais ta tête noire
Souplesse jeunesse, le monde est à toi
Miroir, je te déteste te hais
Devoir te voir comme un portrait
Ça m’exaspère
Dis-moi toi, tu me déçois moi
Que je ne te revoie plus chez moi
Tu m’étudies me déshabille de tes yeux galvanisés
Tu me défies, je t’en prie, je ne t’ai pas invité
Miroir, je te déteste te hais
Devoir te voir comme un portrait
Ça m’exaspère
Dick Annegarn
MIREILLE
Permettez-vous
Que j'empreinte votre oreille
Histoire de vous raconter
L'histoire de Mireille
Mireille est une mouche
Comme toutes les mouches
Le soir elle se couche
A l'aube elle se réveille
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum
Un jour elle atterrit
Dans la cellule d'une crapule
Raymond était son nom
Il tirait vingt ans de prison
violeur voleur tueur
Raymond attend son heure
Abruti par l'ennui la mouche le surprit
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum
Raymond bonjour la mouche
Mireille bonjour Raymond
Soyons de bons amis
Des amis pour de bon
La brute apprivoisée
Passant toute sa journée
A jouer avec Mireille
Pour bonne conduite est libéré
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum
Qu'est ce qu'on peut bien faire
Quand on sort de prison
Dans une poche une mouche
Dans l'autre quelques ronds
Si je me faisais dompteur
De puces de cafards et d'abeilles
Je serais manager la bête de scène
Serait Mireille
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum
Voyons ce que ça donne
Voyons si tu étonnes
Les clients de ce bistrot
Mireille va faire ton numéro
Tiens une mouche, pardon dit le garçon
Et d'un pouce farouche
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum zoum zoum zoum
Zoum
Mireille
Dick Annegarn
MIROIR
Dis-moi, ce que tu penses
De l'ambiance, ce soir
Ça balance en cadence
Et toi tu fais la tête noire
Souplesse jeunesse
Le monde est à toi
Miroir je te déteste, te hais!
De voir te voir comme un portrait
Ça m'exaspère
Dis-moi, toi, tu me déçois, moi
Que je ne te revoie plus chez moi!
Tu m'étudies, me déshabille
De tes yeux galvanisés
Tu me défies je t'en prie
Je ne t'ai pas invité
Miroir je te déteste, te hais!
Devoir te voir comme un portrait
Ça m'exaspère.
Dick Annegarn
N.O.S AMITIÉS
Je t'aurais bien vu
Être de la fête
Faire la guindaille
Je t'aurais bien vu
Perdre le tête
Finir ripaille
Mais ça n'aurait pas plu
À l'entourage
Qu'on se partage
Nos amitiés
Et nos ambages
Pour initiés du voyage
Je me serais bien vu
Être moins bête
Avoir du culot
Je me serais bien vu me compromettre
Me jeter à l'eau
Mais, ça n'aurait pas pu
Se faire sans heurt
Sans peine et sans peur
Sans provoquer
La terreur
Sans éhonté nos petites soeurs
Dick Annegarn
NI ÇA NI LÀ
Après l'école l'enfant reprend le chemin des grands
Après l'école l'enfant décolle
Ni ça ni là ni responsable
Comme seul bagage un seul cartable
Cartable d'ailleurs d'un autre monde
Que celle lequel ses rêves l'inondent
Ni ça ni là ni responsable
Comme seul bagage un vieux cartable
Cartable d'ailleurs d'un autre monde
Que celle lequel ses rêves l'inondent
Dick Annegarn
NICOTINE QUEEN
Au bar du bar-tabac, en formica
Tu planes avec ta gitane, tu racontes des histoires
Mais le correspondant que t'as téléphoné est occupé
Alors tu tires encore un coup sur ta cigarette
Tu fumes, comme un nicotine queen
Qui frime, comme un nicotine queen
Tu blases le sexe et le luxe, tu les mets dans ta poche
À t'en croire, ta bagnole, ça c'est autre chose
C'est ton char de tueur de prime
Tu envoies tout le monde sur les roses
Tu domines et tu fascines
Comme un nicotine queen qui fuzz
Comme un nicotine queen qui punk
Au bar du bar-tabac, en formica
Tu planes avec ta gitane, faut te voir
Quand tu lis le grand journal, journal de boulevard
Tu te dis: "ça me regarde pas" et tu ranges ton foulard
Comme un nicotine queen qui frime
Comme un nicotine queen qui fuzz
Maintenant que tu es propre et clean
Maintenant que t'es un mec réussi
Tu es pop et rock, en même temps
Que tu bois du gin-fizz
Tu écoute du Tamla-Motown à longueur de nuit
Tu te crois né à Tennessee
Mais il n'y a que tes poumon,
Il n'y a que tes lunettes qui sont noires
Tu n'es qu'un nicotine queen
Tu n'es qu'un nicotine queen
Qu'un nicotine
Qu'un nicotine
Qu'un nicotine queen... Blanc
Dick Annegarn
NOGENT-SUR-MARNE
Nogent-sur-Marne, Nogent
Nogent la môme, le ventre en avant
T'es malade du coeur, Nogent
T'es toujours en sueur, ou alors le foie trop grand
Tu dénigres tous ces jeunes, qui fichent plus rien
C'est pas comme toi, tu en chies, tu cuves ton vin
Et dès que ça se présente, tu te souviens
De tes trois coups en quarante, c'est ton Verdun
Tabac et baguette, Nogent
Petite anisette ou petit vin blanc
Tu ne crois pas que c'est assez, Nogent
D'être la risée de tes enfants
La délinquance juvénile, ça te connaît
N'ont qu'à se rendre un peu plus utiles, dans le progrès
Mais au bistrot t'auras jamais tort, jamais raison
Tant que tu bois et que tu décores le patron
Ton pont de Mulhouse, Nogent
Petite écluse pour petit agent
À jeun il est gentil et pourtant
Vaut mieux se faire petit ou alors être blanc
Ou avoir plein de fric, Nogent
Et ne pas faire de politique
Et si c'est le cas tu es un cas
Faut te caser dans un casier
Nogent-sur-Marne, Nogent
Honoris patria, papa triumvirat
Comme aux États-Unis, Nogent
Tu fais taratata et toute l'armée suit
Dans tes impasses se passent des choses, que tu redoutes
Pendant que tu forces sur la dose, pendant que tu broutes
Y a d'autres outres qui construisent d'autres demeures
Sans moyens et sans devises, mais pas pour du beurre
Pas pour rien
Pas pour des prunes
Pas en vain
Dick Annegarn
NOTHING
Nothing to say, nothing to long for
Nothing to sing, nothing to wait for
Nothing but love, love of your neighbour
Nothing, no dove, nothing, no harbour
Nothing, this is a life of nothing
But a joke, just to make records
Smoke, to build the town
And coke, for the guerillas
Pills, for the trills
Ai-ai-ai, Maria
Ai-ai-ai, me-love
Ai-ai-ai, Dolorès
Ai-ai-ai enough, of nothing
Nothing
Nothing
Nothing
Nothing, this is a life of nothing
Nothing, the Bee Gees
No one; the fly flees
To tight, reflections of
No light from above
Ai-ai-ai, Maria
Ai-ai-ai, me-love
Ai-ai-ai, Dolorès
Ai-ai-ai enough, of nothing
Nothing
Nothing
Nothing
Nothing
Dick Annegarn
OISEAU
Froid comme un piano
Qui aurait froid dans le dos
Et le mi bémol, fa
Froid comme une vidéo
Dont le bleu halo
Inonde l'atmosphère...
Coi, comme un mort oiseau tombé sans tombeau
Au bord de la route
Coi, comme un bruit sourdeau donné par silence
Pour diligence...
Oiseau, oiseau, tu viens de haut, tu viens de loin...
Tu viens de franchir les chemins aériens...
Oiseau, oiseau, ton dos me porte en quelque sorte
Tes ailes me mènent par dessus plaines et vallée morte
Oiseau, oiseau
Bouleau, bouleau ne cède pas dessous mon poids
Je ne serais pas un bon tombeur
Bouleau, bouleau, ton doux feuillage me fait l'hommage
De son ombrage c'est un adage pour moi...
Bouleau, bouleau
Auto, autocar, tu dévales la côte à toute berzingue
T'es devenu dingue avec des bagages sur le toit
Auto, autocar
Et je m'accroche au carénage de ta carcasse
À chaque virage c'est l'exploit
Auto, autocar
Froid comme un piano
Qui aurait froid dans le dos
Et le mi bémol, fa
Froid comme une vidéo
Dont le bleu halo
Inonde l'atmosphère...
Coi, comme un mort oiseau tombé sans tombeau
Au bord de la route
Coi, comme un bruit sourdeau donné par silence
Pour diligence...
Dick Annegarn
Où ES-TU MOHAND ?
Où es-tu Mohand pas dans nomansland ?
Pas dans Nederland mon ami Mohand ?
Parmi les oiseaux parmi les flûtiaux
Parmi les pipeaux parmi les troupeaux
Et ta famille va-t-elle si bien que tu les dis ?
La prophétie est ce qu’elle te convient ou est ce qu’elle te convie ?
Et mon ami de Berbèrie est ce qu’il me confie ?
Les doux soucis de son pays de sa patrie ?
Les rois et les reines s’encore maintiennent encore
Les jours vont et viennent sans peine sans mort
Et toi mon ami ou vas-tu la vie ?
Dans quelle barbarié t’es tu mis ?
Où vas-tu Mohand pas dans nomansland ?
Pas dans Nederland mon ami Mohand ?
Omnis Mundi
C'est quand il neige que cette histoire remonte
A la surface de ma mémoire c'est quand il neige
C’est quand il gèle, que je la vois venir à moi
Cette sentinelle venu du froid c’est quand il gèle
Vilaine vengeance, a chaque graine une autre graine
A chaque peine une autre peine nouvel engeance
C'est bien leur fête, c'est bien leur fils,
C'est bien leur frère, c’est bien germain, de francs cousins,
c’est bien leur fête
Omnis mundi créatura quasi liber et pictura
Nostrae vitae nostrae mortis nostri status nostrae sortis
Pas d'armistice, ils se savent condamnés à venger
En échange d'être vengé pas de justice
Pas d’indulgence, la spirale d’une famille en folie
Qui décide un jour de faire le tour du voisinage
Un tour de rage, la petite cousine refuse net,
Et c'est même pas peut-être, un faux mariage
Une folle offense, une folle outrance,
Qu’elle paye cher par exil par répudiance
Omnis mundi créatura quasi liber et pictura
Nostrae vitae nostrae mortis nostri status nostrae sortis
Un autre monde, c’est de l’autre côté
Que la paix soit louée du bout du monde
Quelques nuages accompagnent les bagages
D’un exil, double exil, d’un long voyage
Passage à l’âge, il a vu et revu
Et prévu et prévenu son héritage
Testamentaire, la famille est brisée,
Pour toujours abonné chez le notaire
© 2004 dae
Dick Annegarn
ORBRE
Il y a de l'or aux arbres il y a du bleu au ciel
Il y a du blond aux barbes il y a du goût au miel
Il y a de l'eau au fleuve il y a de l'eau de pluie
De l'eau qui abreuve les veines de la vie
Je te nomme chevalier de la feuille d'or
C'est tout comme gentilhomme
Je te somme de faire mieux encore
Que les hommes à la peau de porc
Il y a de la rhubarbe il y a du caramel
Il y a des veines au marbre il y a des arcs-en-ciel
Et si je veux qu'il pleuve c'est de savoir ici
Je ne suis veuf ni veuve garçon aguerri
Je te nomme chevalier de la feuille d'or
C'est tout comme gentilhomme
Je te somme de faire mieux encore
Que les hommes à la peau de porc
Il y a des ducs d'Hollande il y a des hirondelles qui ensemble
Demandent une partie du ciel
Il n'existe au monde d'été éternel
Que dans le creux d'une onde d'une main fraternelle
Je te nomme chevalier de la feuille d'or
C'est tout comme gentilhomme
Je te somme de faire mieux encore
Que les hommes à la peau de porc
Dick Annegarn
PALADIN BRACONNIER
La lune éclaire la clairière où je passe la nuit
Devant le grand tribunal des sapins
Au grand jury, je prêterai serment
Je dois prouver ma prouesse
Je dois faire preuve de sagesse
Et je le prouverai!
À vous, magiciens, astrologues, cosmologues
Alchimistes, braconniers, et sorciers
Je vous prouverai!
Je n'ai point peur!
Je me sens dru!
Je me sens fort!
Le monde dort, loin dans la plaine
Le monde ignore ma grande veine
Je vais peut-être être admis
Parmi le clan des noctambules braconniers
Depuis plusieurs nuits
Je guette le loup, je le sais près d'ici
Le monde dort, loin dans la plaine
Le monde ignore ma grande veine
Que j'ai à ramener des poils de loups
Au clan des noctambules braconniers
Je vais tâcher d'amadouer
Ce loup farouche avec une souche imbibée d'éther
À nous le loup!
À nous deux voeux!
Mais ne pars pas, par mes aïeux!
Loup ne fuit pas dans ta cachette
Je ne suis pas à la requête, ni de ta tête, ni de ta queue
Je voulais seulement quelques touffes de poils de ton pelage
Le monde dort, loin dans la plaine
Le monde ignore ma grande déveine
Je ne serai pas admis
Parmi ce clan des noctambules braconniers
Dick Annegarn
PANGÉE
Bientôt quatre milliards et six cents millions d'années
Que déjà la terre s'est formée
Même pas encore aucune espèce en vue
Même encore aucun individu
Devine le vide
Devine le vent
Devine le feu
Devine l'eau
Par photosynthèse composée
Spores de gymnospermes germés
Des annélides spirographes
Aux urodèles à colonne unique
Devine des stipes
Devine des prêles
Devine des palmes
Devine des nimbes
Des prédécesseurs aux coléoptères
Aux ornitholestes archéoptéryx
Des nautiloïdes ichtyosaures
Aux poïkilothermes diplodocus
Devine de longues coquilles
Devine d'énormes crustacés
Devine de larges chenilles
Devine d'étranges vertébrés
Sans aucun cousin ni cousine connue
Sans aucune commune affiliation
Membre d'aucun clan, d'aucune famille
Espèce d'espèce en voie de perdition
Devine un météore
Devine un météore qui va vite
Devine une bombe qui tombe
Devine une couche d'iridium
PANGÉE GONDWANA
TETHYS L'AURASIA
Dick Annegarn
PATERA
Patera ça sent fort le bois qui craque.
Patera du bois blanc avec une flaque
Gibraltar est une pute sacrée
Faut payer le passeur en pesetas
Passé l’heure, c’est trop tard les gens s’entassent
L’aventure commence à Fuerteventura
Carralejo
La patera passe
Carralejo
La patera passe
Compagnon de menu embarcation
Cro-Magnon au milieu de l’océan
Sommes-nous faits pour que nos voix s’entendent
À bâbord y a de l’eau jusqu’Agadir
À tribord y a du grain jusqu’Arrecife
Au milieu une barque dérive
Carralejo
La patera passe
Carralejo
La patera passe
Près de l’eau vit un homme dans une baraque
Fabriqué de bois blanc comme sa barque
Demander le passage est un acte de foi
Avant lui les passeurs ont passé l’arme
Arrêtés par les flots ou les gendarmes
Et le vent souffle fort sur les cendres
Carralejo
La patera passe
Carralejo
La patera passe
Dick Annegarn
PAUVRE PECHEUR
je pêche je pêche je pêche par paresse
paraisse paraisse qui peut
qui peut qui peut qui peut peu
qui peut pas peut peu
peut-être peut-être peut-être une touche
une touche une touche une touche à la mouche
la mouche la mouche la mouche à l'amende
amende amende amende amère
je suis un pauvre pécheur
j'ai failli faire un gros malheur
amère amère amère amertume
tu me laisse tu me laisse tu me laisse bredouille
bredouille bredouille bredouille sous la lune
lunettes lunettes, lunettes à grenouille
grenouille grenouille grenouille à la poêle
la poêle la poêle la poêle à, beurrer
beurré beurré beurré comme personne
personne personne personne ne m'empêche
je suis un pauvre pécheur
j'ai failli faire un gros malheur
Dick Annegarn
PISTE
Sur son vélo
Sous le chapiteau
Les clés sous la liquette
Surtout que Madeleine
Assure à elle toute seule toute une arène
Du haut de ces estrades
Dusse le ciel tomber sur la tête
Nul n'a le droit de rentrer
Sauf la lumière du jour
Pierre
Ma mémoire à des déboires
Ne me souviens plus très bien
J’ai dû faire trop la foire
Fêté trop de festins
Chaque soir lune noire
Je pense à nos histoire
Bois de houe ou bois de haie
De quel bois Pierre est fait
Pierre, Pierre, c’est quand même fou
Cette folle idée que Pierre est parmi nous
Pierre, Pierre, tu te trouves où
Tu n’as qu’à m’appeler, mon Pierre, voyons-nous
Son gros corps lui pèse pas
Et son coeur est gros comme ça
Mais moi je sais que Pierre est au dessus de ça
Pierre, Pierre, on est bien né
Dans un monde con, dans un monde compliqué
Ces machines ne marchent pas
Ces machine nous approchent pas
C'est ma Chine à moi qui m'éloigne de toi
Pierre Pierre, tu es trop loin
Je te sais comme moi, la nuit ne nous voit pas
© 2004 dae
Dick Annegarn
POTRON MINET
Mon nez me dit que je suis né ici heureux
Mon âme aussi a son ciel bleu
Mon héritage je la partage aussi à deux
Mon chien et moi on cligne des yeux
L’aurore redore le minaret
L’aurore redort dés potron-minet
Qui peut me dire ce qui va venir demain matin
Qui peut prédire l'avenir
Qui peut me dire si je pourrais un jour
Lever paupière à rebours
L’aurore redore le minaret
L’aurore redort dés potron-minet
Le jour se pointe à la fin d'une nuit dormie
Sa fin s’annonce par une lueur
La faim me creuse, je ne serais pas parti
Sans avoir flairé quelque fleur
L’aurore redore le minaret
L’aurore redort dés potron-minet
Dick Annegarn
POLYMORPHOSES
Je suis moi
Comme je suis toi
Je suis il et je suis elle
Je suis nous
Aussi je suis vous
Je suis toujours et partout
Et puis je ne suis rien qu'une soustraction
Une division
Une multiplication
Chaud comme un soleil
Ou froid comme un glaçon
Pour moi, c'est pareil
Salsepareille
C'est moi, et mes polymorphoses
Je suis mon père
Je suis mon fils ainé
Je suis ma fiancée
Je suis ma grande mère
Et je suis ma petite-fille
Je suis papa et mamie
Je suis plusieurs
Je suis toute une famille
Je m'aime et je m'hais
Chaud comme un soleil
Ou froid comme un glaçon
Pour moi, c'est tout pareil
Salsepareille
C'est moi, et mes polymorphoses
Formes et morphoses forment la musique
De la différence
Différence
Couleurs et nuances
Divers divergences
Chaud comme un soleil
Ou froid comme un glaçon
Pour moi, c'est pareil
Salsepareille
C'est moi, et mes polymorphoses
Haut, je suis haut
Au-dessus de vos sphères
Je suis le rien
Qui vous a accouchés
Je suis le rien
Qui nous a accouchés
Je suis le néant
Dick Annegarn
PROSPER
Prosper pourquoi coupes-tu les arbres
Que ton père a plantés
Mais non, tes pommes ne sont pas âpres
Ils tentent de te chanter
Ces messieurs n'ont qu'un voeu
Mener Prosper à bout de nerfs
Que ils disent: "tête de dieu"
Je ne peux mener misère
Pour quelques stères
Et puis tu te reposeras
Prés de ta Sophie
Qui ne te supplie même plus
Prosper, pourquoi vends-tu ta terre
Tu vas le regretter
Tes enfants n'en voudront à leur père
Ils vont se coaliser
Pour aller dans les cités
Courir leur chance
Revenir dimanche soir
Prosper mari, au revoir
Et puis tu te reposeras
Prés de ta Sophie
Qui ne te supplie même plus
Prosper, pourquoi quittes-tu ton île
De travail et de fruit
Que dis-tu pour aller vers la ville
Salut, Prosper, bonne nuit
Tiens, Prosper, je t'achète ta terre
Et tes arbres aussi
Le citadin devient agraire
Et Prosper, mélancolie
Et puis tu te reposeras
Prés de ta Sophie
Qui ne te supplie même plus
Dick Annegarn
PUY DE DÔME
Dans le puits du Puy de Dôme vit un homme dans un oeuf
Il cultive des chromosomes déjà môme il était veuf
Même si le vent l'a pris au gré d'une tempête
Et qu'il a atterri sur la pente d'un volcan
Il était tout petit pas plus grand qu'un grain de fève
Il était tout pas beau pas plus beau qu'un oripeau
Dans le puits du Puy de Dôme vit un homme dans un oeuf
Il cultive des chromosomes déjà môme il était veuf
Même s'il y avait cette fille revenue d'une autre fête
Qui était assis aussi sur la pente du volcan
Ils étaient vite amis comme seuls deux enfants peuvent l'être
Ils étaient pour l'amour pour que la vie voit le jour
Dans le puits du Puy de Dôme vit un homme dans un oeuf
Il cultive des chromosomes déjà môme il était veuf
Même si leur lune de miel était pire qu'une croisade
Avec le feu au ciel et la lave à leur pieds
À cause d'un éboulis de la cime de la crête
Il l'a enseveli sans vouloir son enterrement
Même si le phacochère qui traînait le long des plaines
Louant son âme frère sans savoir pourquoi? comment?
Et dire qu'il y a eu un homme, ici bas sous cette terre
Qui s'est enseveli, dans le dôme du volcan
Dans le puits du Puy de Dôme vit un homme dans un oeuf
Il cultive des chromosomes déjà môme il était veuf
Dick Annegarn
QUE TOI
Si tu n'as pas connaître
Le profond de mon être
C'est tant pis
Tu sais pertinemment
Que ça fait un petit moment
Que c'est long
Je fais tout pour l'amour
Et toi tu dis toujours
Pas comprendre
Ah que tu es pour moi
Ah que beaucoup de joie
Et de peine
Que toi que toi que toi y en a que pour toi
Et moi et moi et moi ça n'existe pas
Si tu n'as pas comprendre
Que mon coeur est si tendre
Et bleu
Quel ami quel amant
A vu passer le vent
Si prés
Ça souffle fort tu ne trouves pas
Est-ce qu'on ferait pas
Une pose
Toutes nos piles sont à plat
Et tu me fais malgré ça
Quelque chose
Que toi que toi que toi y en a que pour toi
Et moi et moi et moi ça n'existe pas
Carte sur table
Pose-cartable
Moi non plus
Je ne suis peut-être pas net
Mais j'ai failli que n'être
Pour rien
Ce n'est pas un hasard
Il fallait tôt ou tard
Que je te vois
Il fallait que tu sache
Chaque fois que je me fâche
C'est pour toi
Que toi que toi que toi y en a que pour toi
Et moi et moi et moi ça n'existe pas
Dick Annegarn
QUELLE BELLE VALLÉE
Quelle belle vallée avec ses plaines avec ses prés
Avec ses reines avec ses fées ailées
Quelle belle vallée que je m'en vais te raconter
Que je m'en vais te rencontrer à pied
Les oiseaux ont les os creux comme des haricots
Les radis font leurs nids aux racines des pissenlits
Les rats d'eau ont le dos qui font frémir les roseaux
Les radis sont petits "c'est pour ouvrir l'appétit"
Quelle belle vallée avec ses fermes et ses fermiers
Avec ses gaines et ses greniers bondés
Quelle belle vallée avec ses cucurbitacées
Avec ses cultures labourées l'été
Les saisons font le con à travers toutes les saisons
Le ciel fond tout en larme à chaque coup de feu d'une arme
Les charrues les chariots les chenus et les chevaux
Tombent en rade quelle salade à chaque coup de claironade
Quelle belle vallée avec son ciel ensoleillé
Avec son seigle avec son blé semé
Quelle belle vallée avec ses chênes ses châtaigniers
Avec ses frênes ses peupliers plantés
Quelle belle vallée avec ses fleuves et ses cités
Avec ses neuves destinées tracées
Quelle belle vallée avec ses papes et ses papiers
Avec ses pompes et ses pompiers
Les campeurs n'ont pas peur de faire peur aux autres campeurs
Les touristes ne sont pas tristes pollueurs et optimistes
Les pêcheurs sont songeurs à l'approche des buldos
Les brochets aux aguets d'un beau banc de barbiquets
Quelle belle vallée avec ses digues et ses bateaux
Avec ses zigues et ses autos zozos
Quelle belle vallée avec ses ponts et ses chaussées
Avec ses ronds et ses carrés carrément
Dick Annegarn
QUELLE POULE POND TANT ?
Quelle poule pond tant ?
Quelle poule pond tant ? Pour qu’il ait tant de pierres sur terre
Quelle poule pond tant ?
Quelle poule pond tant ? Pour qu’il ait tant de coques calcaires
Quelle poule pond tant ?
Est elle belle et grosse ?
Ou bien frêle et rousse ?
A t’elle le coq au trousses ?
Ou est ce qu’elle fait pousser poussin ?
Est elle dans les astres ?
Un cruel désastre ?
Est-ce qu’elle en ferait pas trop ?
J’ai peur qu’elle fasse de vieux os
Quelle poule pond tant ?
Quelle poule pond tant ? Pour qu’il y ait tant de frères sur terre
Quelle poule pond tant ?
Quelle poule pond tant ? Pour qu’il y ait tant de sœurs sur terre
Quelle poule pond tant ?
Serait elle divine
Ou bien orpheline
Assise sur son arrière-trône
Polluant la couche d’ozone
Est ce qu’elle consciente
Que sa divine fiente
Produit des coques aussi durs
Qu’une résine de manucure
Quelle poule pond tant ?
Quelle poule pond tant ? Pour qu’il y ait tant de verres sous terre
Quelle poule pond tant ?
Quelle poule pond tant ? Pour qu’il y ait tant de pieds sous terre
Quelle poule pond tant ?
Il n’y a pas de poule
Qui ne sorte du moule
Et le mal n’est plus à faire
Le désert avance lunaire
Si ses os sont frêles
C’est qu’elle est mortelle
Et que même avicole
Elle passera à la casserole
Quelle poule pond tant ?
Dick Annegarn
QUELQU'UN D'AUTRE
I can't get no
I can't get no
I can't get no satisfaction
Ce n'est pas vraiment grave tu me diras
Ce n'est pas vraiment grave je sais
Mais ça me pose des problèmes
Ça me pose de sérieux problèmes
Ça me pose des putains de problèmes
Que d'être comme ça quelqu'un d'autre aussi
Ça me pose des problèmes
Ça me pose des putains de problèmes
Et il y a quelque chose
Que tu n'as pas encore vraiment compris
Il y a quelque chose
Que tu n'as pas encore vraiment décelé
C'est que je suis quelqu'un d'autre
Que toi tu crois savoir
C'est que je suis quelqu'un d'autre
Que toi tu crois comprendre
Avec d'autres amours et d'autres soucis que toi
Et avec d'autres inquiétudes
Et avec d'autres cauchemars dans d'autres solitudes
Oui je vis ma vie comme je le puis
Et je rêve mes rêves selon la sève disponible
I can't get no
I can't get no
J'aime
J'aimerai
J'aimerai aimer
J'aimerai aimer quelqu'un d'autre aussi
Mais je n'arrive pas
Je n'arrive pas
Je n'arrive pas à me satisfaire
Dick Annegarn
QUI M’ENTEND
Qui m’entend, quelqu’un m’entend-t-il ?
Il me semble que je ne suis pas seul.
Apparemment, il n’y a personne.
Je sais bien que le monde est grand.
Beaucoup trop grand, pour un enfant,
Petit ou grand
Beaucoup trop lourd, trop de désamour,
Beaucoup trop gourd, beaucp trop sourd
Qui me voit quelqu’un me voit-il ?
Il me semble que je sois visible.
Qui perçoit mon fruste refuge ?
Dans la brume du bois du grand soir.
Beaucoup de temps passé à attendre,
Un temps qui passe, un temps qui lasse
Beaucoup de temps passé à attendre,
L’âme sœur, l’âme frère
Qui m’endort quelqu’un m'endort-il ?
Il me tarde de ne plus tarder
Qui m ‘aime tant que toi parmi d’autres.
Train qui passe, il est bien trop tard.
Pleures-moi, déplores-moi
Je meurs de ça, de fausses joies.
Engueules-moi, insultes-moi,
Ecœures-moi, je ne suis plus là.
Qui me sent quelqu’un me sent-il?
Il est fort probable que non
Qui consent admet l’admissible
Mon église n’a plus de disciples
Aimes-moi, aimantes moi,
Mentholes-moi, tolères-moi.
Amis-moi, déshabilles-moi,
Regardes-moi, ne me désole pas.
Dick Annegarn
QUI SOMMES-NOUS?
Je voudrais bien savoir
Je voudrais bien savoir
Qui sommes-nous?
Je voudrais savoir
Je voudrais savoir
Qui sommes-nous?
Et ce "nous", il va où, ce "nous"?
D'abord
Comment savoir
Comment savoir
Qui sommes-nous?
Quand je peux pas te voir
Autre que nu
Dans quel décor
Dans quel voyage
Mouves-tu?
Sur la route de l'est
Sur la route de l'ouest
Je préfère encore la route de l'est
Mais de la route du nord
À la route du sud
Je préfère encore la route qui tourne
De la route à toi
À la route à moi
Je préfère encore la route à nous.
Curieux
Curieux de savoir
Qui sommes-nous?
J'aimerais
J'aimerais savoir, j'aimerais savoir
Qui sommes-nous?
Dans quel panneau
Sous quel drapeau
Tomberons-nous?
Dick Annegarn
RABBI JÉSUS
Sidna aïssa lama ou rabbi Jésus
Il a déjà tout vu
Sidna aïssa lama ou rabbi Jésus
Il a déjà tout su
Vagues et vents vont vaguement au gré de l'eau
De l'eau de mer qui couvre la terre avec beaucoup de
Vagues de vents qui vont devant de vrais volcans
Crachant la lave qui va avalant avec beaucoup de vagues
Avec beaucoup de vagues
Avec beaucoup de vents
Avec beaucoup de vi... rements
Génésareth au nord du mont Tabor
Jésus s arrête au bord du lac de
Génésareth au sud de Bethsaïd
Jésus veut être le guide
Jésus va où vont ces quatre pauvres amis
Amis dans la tempête dans la nuit camarades de
Jésus va où vont ces quatre pauvres vies
Il calme ciel et terre par l'esprit
Avec beaucoup de grâce
Avec beaucoup de force
Avec beaucoup de métaphores
Sidna aïssa lama ou rabbi Jésus
Il a déjà tout vu
Sidna aïssa lama ou rabbi Jésus
Il a déjà tout su
Sous la mer se trouvent d'autres eaux salées
La pêche n'y est ni sûre ni prospère pour le bédouin
Sous le chèche le soleil se fait moins ardent
Quand ciel et terre conjurent l'enfer
Palestinien du nord palestinien du sud
Palestinien du mont Tabor
Pierre le zélote le frère aîné d'André
Fils de Jonasz bien né il s'agit de
Jean et Jacob le fils de zébédée
Enfants d'essénée
Paraboles de vierges sages de vierges folle
Y a pas d'amour sans huile dans la fiole
Parabole du pharisien qui dit donner beaucoup d'oboles
S'il n y va pas le pauvre lui y vole
Au paradis des oiseaux
Au paradis des angelots
Au paradis du bien du beau
Dick Annegarn
RENARD
Y a des bois
Y a des champs
Y a des bêtes
Puis y a des chasseurs
Y a des lois
Et des flingues
Et des sous-bois
Et des doux dingues
Renard! Viens me trouver
Si tu cherches un trou, viens me trouver
Veinard! Celui qui peut
T'héberger, t'héberger
Y a des mois
Y a longtemps
Que j'attends
Moi aussi traqué
Mais dis-moi
T'es confiant
Tu n'attends plus
D'être repéré
Renard! Viens me trouver
Si tu cherches un trou, viens me trouver
Veinard! Celui qui peut
T'héberger, t'héberger
Y a des bois
Y a longtemps
Moi, aussi traqué
Y a des lois
T'es confiant, tu penses peut-être
Te goupiller
Renard! Viens me trouver
Si tu cherches un trou, viens me trouver
Veinard! Celui qui peut
T'héberger, t'héberger
Dick Annegarn
RÉSONNE
Je rêve d'aller, là-haut, dans les sphères
Là où le vert est d'or brodé
D'après ce qu'on dit, ici-bas sur la terre
On y boit de la bière dans des chopes dorées
Je parie que
Les anges me plairont
Résonne, résonne, résonne le cor
Pigeonne, pigeonne, emmène-moi à l'aurore
Une fois là-haut, là où il fait beau
Quand il crache en bas, je rigoleras
Une fois là-haut, j'enlèverai mon tricot
Je mettrai mes habits au portemanteau
Je parie que
Les anges me plairont
Résonne, résonne, résonne le cor
Pigeonne, pigeonne, emmène-moi à l'aurore
Le cake, il est bon, y'a des raisins dedans
Le cake, il est meilleur que le cake de maman
Je vais y aller, peut-être y rester
En tout cas, je verrai. Laissez-moi rêver
Je parie que
Les anges me plairont
Résonne, résonne, résonne le cor
Pigeonne, pigeonne, emmène-moi à l'aurore
Dick Annegarn
RHAPSODE
Rhapsode rhapsode que racontent tes odes
Qu'est ce que tu vantes l'exode des tiens
Rhapsode rhapsode t'écouter c'est commode
Quand tu changes de mode lydien
Manque rien ni le vin ni le vent
Manque rien ni le temps
Manque rien ni le pain sur la planche
Manque rien ni la chance
Dans les hautes plaines d'Anatolie plaines de steppes
Vivait un homme nommé Abdel ZEYNIKI élève d'Alep
C'était un vieux chanteur turc un chanteur aveugle
Bon poète et joueur de luth plume d'aigle comme ongle
Il chantait ce qu'il ne voyait pas la faune et la flore
De la vie des hommes et de leur trépas maudite soit l'aumône
Pour qu'il chante fallait une belle veillée digne d'ancêtres
S'il chantait c'était pour parjurer le mauvais sort fait aux êtres
Dans une haute ferme d'Anatolie fume une chambre
Dans laquelle chante Abdel ZEYNIKI quittant son ombre
Il pouvait psalmodier jusqu'à l'aube lorgnant l'aurore
Son soleil et sa lumière chaude venant du dehors
Il tâtait comme ça en avançant une canne comme épée
Quand soudain il sent le corps brûlant d'un oiseau à ses pieds
De ses deux mains il l'enveloppa le portant à ses lèvres
Il lui chante un poème kizil bach plus beau que l'or des orfèvres
Dans les hautes coutumes d'Anatolie il y a celui de l'accueil
On ne laisse un oiseau ni gir ni gémir esseulé sur son seuil
Et le geste d'Abdel ZEYNIKI est celui d'un enfant
Qui va faire de son âme si petit un amour bien plus grand
Et l'oiseau ne pouvant plus voler était bien à l'écoute
Du rhapsode à la voix voilée par la poussière de la route
C'est en écoutant tout le temps restant que ses ailes ont poussés
Et qu'Abdel bien moins aveugle qu'avant à fini par migrer
Dick Annegarn
ROBERT CAILLET
Robert Caillet
Sans domicile
Sautait dans le Doubs
Pour quelques centimes
Il savait nager, il était maître nageur
Et savait nager, par misère et pour l'honneur
Quarante-huit ans, il a sauvé beaucoup d'enfants
Quarante-huit ans qui ne l'ont pas sauvé pourtant
Robert Caillet
Sans domicile
Sautait dans le Doubs
Pour quelques centimes
Du pont battant, en aval de Besançon
Du pont battant, des gens lui jettent de l'argent
L'eau était son lot, et les roseaux son cimetière
L'eau était son lot, et l'air ce que son âme espère
Robert Caillet
Sans domicile
Sautait dans le Doubs
Pour quelques centimes
Il avait flambé tout son argent et sa santé
N'avait plus plongé depuis le début de l'été
Le Doubs est en crue, tellement qu'il a beaucoup plu
Le Doubs est en crue, personne ne l'a vraiment voulu
Robert Caillet
Sans domicile
Sautait dans le Doubs
Pour quelques centimes
Une première fois, il remonte à la surface
Une seconde fois, il remonte à la surface
Une dernière fois, il remonte à la surface
Une dernière fois, il remonte
Et leur fait face
Dick Annegarn
ROSY
Va dire à Rosy
Va dire à Rosy
Va dire à Rosy
Sa vieille oie grise est morte
Celle qu'elle a fait vivre
Celle qu'elle a fait vivre
Celle qu'elle a fait vivre
Pour faire son traversin
Celle qu'elle a fait paître
Celle qu'elle a fait paître
Celle qu'elle a fait paître
Pour faire son édredon
Bravant la basse-cour
Bravant la basse-cour
Bravant la basse-cour
Elle joue du jeu de l'oie
Becquetant Bécassine
Becquetant Bécassine
Becquetant Bécassine
Elle s'est mise hors la loi
Voleuse et gendarme
Voleuse et gendarme
Voleuse et gendarme
Sifflante contre sifflet
Va dire à Rosy
Va dire à Rosy
Va dire à Rosy
Sa vieille oie grise est morte
Dick Annegarn
SACRÉ GÉRANIUM
Sacré géranium
Tu sens bon la terre
Et toi aussi l'anémone
Tulipe je te préfère
Puis de toute façon vous sentez toutes bon
Vous êtes toutes belles mes demoiselles
Ah ce qu'on est bien dans ce jardin
Loin des engins hein!
Pas besoin de sous pour être bien
Pas besoin de vin pour être saoul
Les poules et le coq
Se content fleurette
C'est vrai qu'il est seul ce lapin
Je crois que ça l'embête
Dis, toi le chien, je ne te prive de rien
Remue donc ta queue fais moi tes beaux yeux
C'est vous les légumes enfin je présume
Vous n'êtes pas reconnaissables
Il vous faut dire qu'hiver vient de partir
Le temps est encore variable
Un coup d'arrosoir avant la tombée du soir
Un coup de râteau autour des poireaux
Dick Annegarn
SAINT-ANDRÉ DES ARTS
Saint-André des Arts qui mène une drôle de vie bizarre.
Dans cette histoire qui se purge loin du purgatoire
Saint-Pierre des vieux, Saint-Pierre qui bosse chez Renault
T'es pas de ceux qui râlent ou renâclent au boulot
Le jour se lève toi t'es déjà bien parti
Tu ne connais pas de trêve tu ne connais pas de répit
Ta paye se solde à la course au galop
Tu ne connais pas le bol de ceux qui vivent sur ton dos
Papa cool papa
Papa poule papa
Saint-André des Arts qui mène une drôle de vie bizarre
Dans cette histoire qui se purge loin du purgatoire
Saint-Pierre des vieux, Saint-Pierre qui bosse chez Renault
T'es pas de ceux qui râlent ou renâclent au boulot
De Boulogne à Flins tu mobilises toute l'usine
T'as qu'à faire le malin tu paralyses la cantine
Mais ton contrat d'entretien stipule bien ta venue
Et ça même quotidien s'il le faut, vu l'imprévu
Papa cool papa
Papa poule papa
Saint-André des Arts qui mène une drôle de vie bizarre
Dans cette histoire qui se purge loin du purgatoire
Saint-Pierre des vieux, Saint-Pierre qui bosse chez Renault
T'es pas de ceux qui râlent ou renâclent au boulot
Ta femme te trompe comme toi trompe ta femme
Elle te dit pas tout ce qu'elle fait de tes sous
Tes fils te flambent toute ta paye en sono
Et puis t'en redemandes papa prête nous les clés de ton auto
Papa cool papa
Papa poule papa
Saint-André des Arts qui mène une drôle de vie bizarre
Dans cette histoire qui se purge loin du purgatoire
Saint-Pierre des vieux, Saint-Pierre qui bosse chez Renault
T'es pas de ceux qui râlent ou renâclent au boulot
L'argent que tu gagnes c'est pour tes fils
C'est pour ta femme c'est pour le fisc
Et quand viens le temps Saint-André t'es déjà vieux
T'as déjà fais ton temps t'as déjà fait de ton mieux
Papa cool papa
Papa poule papa
Dick Annegarn
SANGLIER
OYEZ OYEZ
TAIAUT
VAILADI VAILADI
VLO
Mobilisez vos modestes armes à feux
Vaudrait peut-être mieux ça que de dire adieu
Solidairement solidaire d'une terre prospère
Oserions-nous tuer ou laisser faire
Les sangliers lui va voguant à sa vacation
Les rats musqués de saison
Les chats sauvages divaguant à ses occupations
Des marécages
OYEZ OYEZ
TAIAUT
VAILADI VAILADI
VLO
Rodant par là suivi de quelques marcassins
Cette bête-là connaît trop bien son terrain
Positivement pourvu de dents et de défenses
Oserions-nous commettre cette imprudence
Aux sangliers lui va voguant à sa vacation
Aux rats musqués de saison
Aux chats sauvages divaguant à ses occupations
Des marécages
OYEZ OYEZ
TAIAUT
VAILADI VAILADI
VLO
Englué embourbé enclavé dans un pré
Sauvagement poursuivi dans la forêt
Fauve banni du ban de Rambouillet
Bauge piégé et bois empoisonné
Oserions-nous encore les pourchasser
Les sangliers lui va voguant à sa vacation
Les rats musqués de saison
Les chats sauvages divaguant à ses occupation
Des marécages
Dick Annegarn
SANS FAMILLE NI PATRIE
Maman murmure misère d’une moue joyeuse
Papa parti pour faire une famille nombreuse
Les poules picorent pécores dans la basse cour
Les enfants se dévorent tout autours
Est ce qu’on peut vivre sans famille ?
Je me pose souvent cette question
Est ce qu’on peut vivre sans patrie ?
Nous sommes plusieurs millions !
Les hommes ne passent pas assez souvent à la maison
Les mômes languissent oncles et tantes
Les femmes n’y retrouvent pas leurs petits
Ni les berger leurs brebis
Est ce qu’on peut vivre sans famille ?
Je me pose souvent cette question
Est ce qu’on peut vivre sans patrie ?
Nous sommes plusieurs millions !
Aucune famille se suffit à elle même
Aucune fratrie ni clan
Mon ami de la frousse dense
Cher payé l’intransigeance
Est ce qu’on peut vivre sans famille ?
Je me pose souvent cette question
Est ce qu’on peut vivre sans patrie ?
Nous sommes plusieurs millions !
Dick Annegarn
SÉCHERESSE
Nom de nom de Dieu
C'est qu'il n'y a aucun nuage
Dans le ciel de bleu!
Un pur paysage
De rien
Que du soleil
Et de sécheresse
Aride
J'ai la gorge aride et vide
J'ai le bide avide d'eau fraîche
Le débit diminue, dans toutes les rivières
Les rivières à nu suent de leurs pores de vase
Sèche
Les lacs
Et les nappes d'eau à sec
Anticyclone de haute zone, un temps d'obsèques
L'été
Dromadaire exténue
Cimetière de l'été
Sécheresse
Aride
Sécheresse
Sécheresse
Sèche
Sécheresse
Dick Annegarn
SEND MY BODY HOME
Send my body home not alone
Let me live a second life in a children's paradise
Save my flesh and bones on a boat
Wind and winter follow by as tomorrow never dies
You're the best of worse of friends
Praise the sea it never ends
You're the sea and i'm the sky
We together lullaby
Send my body home not alone
Let me live a second life in a children's paradise
Save my flesh and bones on a boat
Wind and winter follow by as tomorrow never dies
You're no good and i'm too soon
You need food for your typhoon
When I'll be to old for thee
I'll be free under your tree
Dick Annegarn
SOLEIL DU SOIR
Je n’aime pas voir le soleil descendre si bas
Je n’aime pas beaucoup ça, ça me fout le cafard
Ça me fait voir, ce que je ne veux pas
Ça me fait boire, ce que je ne veux pas
Je ne veux pas que le monde me voie
Dans cet état-là
Je ne veux pas paraâtre piètre
Mais je ne veux pas de la vie d’une star au noir
Je ne veux pas que le ciel descende plus bas
Je n’accepte pas ça, ça me rabat ma joie
La nature est toute gorgée d’eau
Mais ma nature à moi elle va à vau l’eau
Je ne veux pas que le monde me voie
Dans cet état-là
Je ne veux pas paraâtre piètre
Mais je ne veux pas de la vie d’une star au noir
J’ai hâte de voir le soleil se lever plus tôt
J’ai hâte de voir le ciel bien avant l’aube
Bien avant le commencement
Bien avant le bataclan
Je ne veux pas que le monde me voie
Dans cet état-là
Je ne veux pas paraâtre piètre
Mais je ne veux pas de la vie d’une star au noir
Dick Annegarn
SOLDAT
Soldat ou soldanelle, solfatare
Soleil ou nuit éternelle, sol solennel
Je n’arrive pas à voir le mal qui rôde, Hérode aussi ignorait ça
Et j’en suis même pas malade, tellement que je suis si loin de ça
À'cb chaque feuille, son automne, le firmament attend l’hiver
Mais à choisir entre les hommes et les fleurs, je ne choisis guère
Une faune aphone au Liban
Une zone atone au Golan
Soldat ou soldanelle, solfatare
Soleil ou nuit éternelle, sol solennel
Dans la toundra, il y a des rats et rares sont ceux qui s’y aventurent
Dans la pampa, il y des chats et des chardons qui les endurent
Dans ces contées, on ne badine pas avec tant d’allégresse
Dans ces vallées, on ne s’arrête pas sans que beauté blesse
Une faune aphone au Liban
Une zone atone au Golan
Soldat ou soldanelle, solfatare
Soleil ou nuit éternelle, sol solennel
Dick Annegarn
SOLEYMAN
Soleyman de Brasio tombé de l’avion
Il ne pesait que trois kilos un petit garçon
Saut de si haut sursaut de si haut un si sot saut de haut
Les mots se fondent les mots sous les mots se morfondent monde immonde
Un enfant naît un autre renaît un de trop un petiot
Laissé pour compte laissé sans un acompte au comptoir u hasard
Soleyman de Brasio tombé de l’avion
Il ne pesait que trois kilos un petit garçon
L’air désaltère la soif que procure Agadir
Vilipendé ville jérichosé en ruine orpheline
Mère mercenaire ni père militaire n’ont le temps pour l’enfant
Dans leur bagage dans leur badinage ils en oublient leur petit
Soleyman de Brasio tombé de l’avion
Il ne pesait que trois kilos un petit garçon
Dans le mais par malin malice on la trouve l’enfant louve
Quand on est père et quand on les perd, on les couve où qu’ils errent
Enfant voulu ou enfant échu c’est pour quand qu’il sera grand
Marin pêcheur ou bien enchanteur ou alors aviateur
Dick Annegarn
TAXI
Taxi, j’attends le taxi
Taxi Taxi
Dans mon agenda,
J’ai mis deux ou trois semaines
Voyage avec amis
Taxi
Nous étions déjà
Pour une presqu’île lointaine
Partis comme promis
Taxi, j’attends le taxi
Dans le fin fond de la Finlande, assis seul sur un champignon
Taxi Taxi
Dans ce sauna
il y avait toi et moi
Et ta chaude Sarah
Je n’y voyais rien
Trio ni entrechat
Une danse que je ne danse pas
Taxi, j’attends le taxi
Dans le fin fond de la Finlande, sara- sara- sarabande
Taxi Taxi
Deux fenêtres en face
Du vent de l’amitié
Un vent qui souffle et passe
Un lac de glace
Une femme est au milieu
Et moi je suis de trop
Taxi, j’attends le taxi
Dans le fin fond de la Finlande,rien de plus je ne demande
Taxi Taxi
Taxi Taxi
Dick Annegarn
THEO
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent
Faudrait que j’achète de la peinture bleu azur
Faudrait que je trouve des tubes de jaune chrome citron
J’ai un grand besoin de noir et de vert Véronèse
Faudrait que je trouve de la toile de trente sur quarante treize
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent
On peint à deux c’est ce qu’on s’est dit chez nos neveux
Nos âmes proviennent de la même mère
On peint à deux et tu nous vends si tu le veux
Toi et tes visionnaires
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent
Je dois mon mois à la mère d’Adeline Ravoux
Faudrait peut-être que je règle le compteur d’eau avant mardi pardi
Faudrait que je paye la boisson jaune au poison vert clair de lune
Faudrait peut-être que je touche terre
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent
Penser tableau à l’aune de l’univers
Voilà le lot de mon âme frère
Tremper pinceau dans l’eau de la rivière
La plaine de Caux comme phalanstère
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies dans le vent
Dick Annegarn
TCHERNOBYL BLUES
Je suis blanc-bec russe un prince sans Prusse
Un prince sans roi y en a d'autres comme moi
Qui écoutent John Lennon sur leur vieux gramophone
Ils écoutent Jimmy Hendrix sur leur vieux tourne-disque
Tchernobyl blues Tchernobyl blues
J'écoute la radio je vois la télé
Je lis les journaux je suis sur-informé
Deux ou deux-mille face ou bien pile
De rems ou de rads de quel mal malade
Tchernobyl blues Tchernobyl blues
J'ai pris mon vélo pour faire du chemin
Je croise des silos où il n'y a pas que du grain
Mes pieds ont brûlé mes pneus ont crevé
Ma tête est malade mes yeux irradiés
Tchernobyl blues Tchernobyl blues
La ville était déserte on avait évacué
Tout ce qui encore un peu remuait
Mon corps était inerte sur le sol de la tour
De la cour derrière le parapet
Je fais le sourd je fais le mort je fais le muet
Tchernobyl blues Tchernobyl blues
J'entendais le silence derrière le mur
Du jardin du voisin citadin mitoyen
La femme est opulente luquant de ses yeux
Curieux yeux derrière les mailles
Je suis né dans un monde terrible monde de son filet
Tchernobyl blues Tchernobyl blues
Les hommes étaient alertes les sirènes
Des autos de secours hurlaient
Mes amis seraient indemnes
Si seulement ils auraient pu éviter
Ça de justesse
Dick Annegarn
TO KNOW YOU
Sometimes it is nothing but a sad and poor child sying
Sometimes it is nothing but a bomb
Sometimes it is nothing but low clouds slowly passing by
Sometimes it is nothing but no light
I'm a today-one and a tomorrow too
Where did I put my gun in a dead issue
I'm a nowhere non a priest without true
Where do I find my fun it is to know you
It is to know you
It is to know you
Boys all around travelling bound sailors of the first hour
Beating and rambling midnight gambling bold world of your birth
Striking along fighting along has no sense alone
But a seat or a saddle for a rebel are just restworth
I'm a today-one and a tomorrow too
Where did I put my gun in a dead issue
I'm a nowhere non a priest without true
Where do I find my fun it is to know you
It is to know you
It is to know you
While I'm not dead
I'll be ahead
While I'm alive
I'll have my pride
I'm a today-one and a tomorrow too
Where did I put my gun in a dead issue
I'm a nowhere non a priest without true
Where do I find my fun it is to know you
It is to know you
Dick Annegarn
TROIS PETITS COCHONS
Trois petits cochons qui se donnent la main
En se titillant du groin
Ils s'en vont en guerre au petit matin
Comme on va chercher son pain
Y en a parmi eux un dont le pè'8fre est un porc
Vendrait de la moutarde à'88 l'adversaire
Big Ben de la reine avec garç'8don des vaches
Ç'82a sent bon la campagne on entend les coups de hache
Trois petits cochons qui se donnent la main
En se titillant du groin
Ils s'en vont en guerre au petit matin
Comme on va chercher son pain
Le Napolé'8eon s'est fait pousser la moustache
Pour mieux orner son blaze
Un petit cochon noir au milieu d'un cloaque
Dans la forê'90t tché'8ecoslovaque
Trois petits cochons qui se donnent la main
En se titillant du groin
Ils s'en vont en guerre au petit matin
Comme on va chercher son pain
Ils ont mê'90me inventé'8e un si joli jeu de cartes
Ou chaque gé'8ené'8erale cache des femmes qui s'é'8ecartent
Ils ont instigué'8e un si funeste empire
Entre croisé'8es et vizirs
Trois petits cochons qui se donnent la main
En se titillant du groin
Ils s'en vont en guerre au petit matin
Comme on va chercher son pain
Y a pas de morale y en a jamais eu
C'est une mauvaise manie d'un temps é'8echu
Chacun sa carcasse chacun sa chair rose chacun sa chose
Chacun bouge dans sa bauge
Dick Annegarn
TRAVAIL TROP CHER
Peuple n'est pas simple
Tu t'es mis dans la rue
Meuble pas affable
Tu te serais mis nu
Agrandir ta chambre
C'est ce que t'aurais voulu
Éviter mon ombre
Sur nos déconvenues
T'aurais tant voulu te baigner au soleil dans la mer
T'aurais tant voulu te régaler des merveilles de la terre
Travail trop cher
Travail trop cher
Antre n'est pas ventre
Ça c'est bien entendu
On est pas exempt
D'un malentendu
Être ou bien n'être
Erreurs irrésolues
Naître ou faire naître
L'envie continue
T'aurais tant voulu te baigner au soleil dans la mer
T'aurais tant voulu te régaler des merveilles de la terre
Travail trop cher
Travail trop cher
Partir en vacances
Vers des terres inconnues
D'une longue absence
Qu'on ne se soit plus vu
Tu es partance
À peine bien revenu
Un vacuum dense
Le coq est cocu
T'aurais tant voulu te baigner au soleil dans la mer
T'aurais tant voulu te régaler des merveilles de la terre
Travail trop cher
Travail trop cher
Dick Annegarn
TU CAILLES
Tu dis que t'as chaud dans ton for intérieur
Tu serais plein de chaleur et t'aurais pas de maux?
Tu dis, tout te va bien, tout te va pour le mieux
Moi je vois dans tes yeux qu'il n'en est beaucoup rien
Tu cailles, tu as froid dans le dos
Tu cailles, tu cherches tes mots
Tu cailles, tu bailles et t'es beau
Mais tu cailles, tu cailles
Tu viens de dehors, un très triste décor
De te voir prendre l'air, comme si t'avais pris l'air!
Ta vie serait succès, les succès te succèdent
Tout te plie, tout te plaît, tout te sied, tout te cède
Tu parles, t'as pas froid aux yeux
Tu parles, tu bourres comme un boeuf
Tu parles, comme si t'étais heureux
Tu parles, parles moins, un peu
Tu noies le poisson, mais le poisson est pas con
Le poisson est pas mort, le poisson nage encore
Tu noies le noyau dans la peau de la pèche
Mais ça manque de corps, et les pores sont sèches
Tu cailles, t'as froid dans le dos
Tu cailles, tu cherches tes mots
Tu cailles et t'es beau
Mais tu cailles, tu cailles
Dick Annegarn
TU MÈNES TA VIE
Tu mènes ta vie comme tu le puis
Tu mènes ton corps plus fort encore
Les sentiments ne mentent pas
Tu iras ou tu seras mieux je veux
Tu plais aux filles et aux garçons
Faut dire que t'es joli comme une chanson
Je ne chante pas cette chanson là
Si c'est jeune moi je suis vieux
Ma vie est vide je te dis pas
Lumière livide le ciel est bas
Plus tard je serais clochard devant l'éternel
Un enfant qui a mal au nez nuphar
Y a pas y a pas y a pas pire que ça
D'être trompé par pire que soi
Y a pas y a pas y a pas mieux que moi
Pour toi sauf moi pour toi
Y a pas y a pas y a pas
Y a pas y a pas y a pas
Dick Annegarn
UBU
Dans un pays pas très loin d'ici
Dans un pays plat
Aussi plat qu'un plat
Aussi petit qu'un petit confetti
Il n'y avait pas de loi
Et chacun pour soi
Il avait un tout petit zizi
Et un grand cul le père Ubu
Sa madame était une femme infâme
Et toute dodue la mère Ubu
Bêtes et méchants
Les deux emmerdants
N'aimaient que l'argent
Et la crème Mont-Blanc
Ils avaient un plan pour un coup d'état
Pour un pim poum pan
A coup de bazooka
Il avait un tout petit zizi
Et un grand cul le père Ubu
Sa madame était une femme infâme
Et toute dodue la mère Ubu
Puis un jour vena
Ou Ubu et le Roi
Se rencontra, twist ya ya ya
Après l'entrevue, tout à cul
Merdre dit Ubu, et le Roi est mouru
Il avait un tout petit zizi
Et un grand cul le père Ubu
Sa madame était une femme infâme
Et toute dodue la mère Ubu
Dick Annegarn
UNE BOURRE
Tu veux des histoires des histoires de quoi?
De quel espoir est-ce que je me vantes?
Y'a pas de quoi pavoiser
Y'a pas de quoi se croire indemne
D'une bourre
Quand tu te prends
Une bourre
De trop
Ai pas de peau ma peau c'est toi
Ma peau c'est toi et tout les autres
Ai pas de veines ai pas d'artères
Ma voie à moi vient de l'enfer
Quand je me prends
Une bourre
Je me suis pris
Une bourre
De trop
Les syndicats la C.I.A.
La méfiance de l'État
Les espions les contre-espions
Les contres-contres-contres espions
De trop
Quand tu me vois
Dick Annegarn
VERS NOUVEAUX
Qu'est-ce pour nous, mon coeur, que les nappes de sang
Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris
De rage, sanglots de tout enfer renversant
Tout ordre; et et l'aquilon encore sur les débris
Et toute vengeance? Rien... Mais si, tout encore
Nous la voulons! industriels, princes, sénats
Périssez! Puissance, justice, histoire, à bas!
Ça nous est dû, le sang! Le sang! La flamme d'or!
Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur
Mon esprit! Tournons dans la morsure; ah passez!
Républiques de ce monde! Des empereurs
Des régiments, des colons, des peuples, assez!
Qui remueraient les tourbillons de feu furieux
Que nous et ceux que nous nous imaginons frères
À nous! Romanesques amis: ça va nous plaire
Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux!
Europe, Asie, Amérique, disparaissez
Notre marche vengeresse a tout occupé
Cités et campagnes! Nous serons écrasés!
Les volcans sauteront! Et l'océan frappé...
Oh, mes amis! Mon coeur, c'est sûr, ils sont des frères
Noirs inconnus, si nous allions! Allons! Allons!
Ô malheur! Je me sens frémir, la vieille terre
Sur moi de plus en plus à vous! La terre fond
Ce n'est rien! J'y suis! J'y suis toujours
Dick Annegarn
VOLETS FERMÉS
La bouilloire est sur le feu de la cuisinière
La bouilloire bout
L'eau frémit sur le café de la cafetière
Je vais vite chercher du pain à la boulangerie
La rue réveille mes cheveux endormis
Il est tôt
J'ai envie de croissants chauds
Ça c'est bien dommage "fermé"
C'est pourtant jeudi
Sans tarder, sans hésiter
Je cours vite chez le pâtissier
Je vais vite chercher du pain de mie
C'est pas loin mais mon bon café refroidit
J'ai envie de pain de mie
Ça c'est bien dommage "fermé"
C'est marqué sur le papier collé
Sur le volet fermé
Sans tarder sans hésiter je cours vite chez Louise
Louise l'épicière
Pain de mie et pain de lait
Louise ne ferme jamais
Il me faudrait des biscottes ou bien des biscuits
J'en ai plein les bottes, il est bientôt dix heures et demie
J'ai envie de pain de mie
Ça c'est pas de chance "fermé"
C'est marqué sur le papier collé et ensanglanté
Dick Annegarn
VOLEUR DE CHEVAUX
De castel en belle demeure
Je vends du vent
Marchand de chants
Marmonnant mon morne chant
Les yeux bandés de soie
Les pieds attelés de bois
J'ai fini par finir par venir
Je suis parti de bien plus loin
Qu'aucun héron qu'aucun faucon ne peut jamais atteindre
La lyre et le luth sont moins lourds
Que le ballot que le boulot que c'est de les traîner
Un château m'attend
Des chéneaux d'étain versent l'eau dans l'auge
Un cheval m'attend
Un royal cheval altier et noble
Pousse la mousse sur les douves
Du bourg ou faire un tour c'est trouver d'autres troubadours
Passe la barque sous les murs
Clapotent les rames concocte l'entame d'une nouvelle mélopée
Mon carême prend fin
Les abeilles les fleurs se sèment
Mon poème atteint
Les oreilles du roi et de sa reine
Souffrez madame que je vous baise les mains
Soufflez câlin du haut de votre majesté
Plaise à monsieur que je vous taise
La fin de mon festin vous ne pourriez y résister
Mon ami a pris
Le royal cheval altier et noble
Nous sommes vite partis
Par la barbacane les gardes sont ivres
Dick Annegarn
XILINJI
Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine prise aux flammes
Xilinji dans le heiljongyang bengaline tramontane
Le dragon n'est pas mort plusieurs têtes à son corps défendant le flot des flammes
Le feu s'est déclare en multiples foyers épars simultanés
C'est comme ça depuis des siècles
Un lourd et long spectacle d'arbres de sable
Le couloir de Kansou le désert de GOBI avancent de folie dense
Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine prise aux flammes
Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine bengaline tramontane
La ville était couchée les enfants ont joué jusque tard sous oeil des vieux
Ombre d'arbre bleutée ciel de marbre moucheté de particules qui circulent
L'air est sec et chargé d'une odeur de crâmé titillant le nez mandchou
Le moment est critique les dégâts seront iniques au secours du fleuve Amour
Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine prise aux flammes
Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine bengaline tramontane
En pays frontalier quelques minorités travaillent reboisent
Des murs verts sont dressés pour faire face au danger qui veille qui toise
En pays forestier tout un peuple a dressé des arbres contre le sable
Aucune route aucun fleuve ne peut guider l'épreuve du plus grand tisonnier
Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine prise aux flammes
Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine bengaline tramontane
Dick Annegarn
Y ALLIONS
Quand nous étions de grands enfants adolescents
Nous trouvions tout intéressant le monde est grand
Tambourinant bandoulinant
Que de mouvements sans fin sans cesse
Balancinant cabriolant
Jusqu'à ne plus en pouvoir d'ivresse
Y allions
Quand nous allions par quatre chemins y allions
Nous y allions jusqu'au refrain y allions
Tambourinant bandoulinant
Que de mouvements sans fin sans cesse
Balancinant cabriolant
Jusqu'à ne plus en pouvoir d'ivresse
Y allions
Quand nous mettions les chars devant les boeufs
Nous étions riches et sans argent des gueux
Tambourinant bandoulinant
Que de mouvements sans fin sans cesse
Balancinant cabriolant
Jusqu'à ne plus en pouvoir d'ivresse
Y allions
Quand nous étions en rébellion en rébellion
Nous étions pour l'abolition de la répression
Tambourinant bandoulinant
Que de mouvements sans fin sans cesse
Balancinant cabriolant
Jusqu'à ne plus en pouvoir d'ivresse
Y allions
Dick Annegarn
paroles
Dick Annegarn
YOUP YOUP
La caisse de ma guitare est usée jusqu'au fil
Elle m'a l'air toute médusée
Elle en a marre de se trimbaler de ville en ville
J'ai dû trop en abuser
Et quand elle me regarde
Elle me dit, elle me dit:
"Aussi, prends bien garde
À ta vie, à ta vie"
La caisse de ma guitare m'a causé comme une femme
Elle m'a dit toutes ses vérités
Elle en marre de se rappeler tous ses drames
Mais "c'est trop tard, c'est signé"
Et chaque fois que ses cordes
Tremblent d'effroi
Moi, moi je l'accorde
Je cède de moi, je cède de moi
La caisse de ma guitare peut paraître fragile
Mais elle n'a rien d'une fée
Elle voudrait bien ce petit rien de gracile
Mais elle peut pas, elle est faite de bois
Et chacune des pièces que composent sa caisse
Sa vieille caisse
Est faite de bois de rose
Du bois de messe
Du bois de mes ancêtres
Et de ses fesses, fesses
Tagada, gadap
Tagada
Fesse, fesse