Dick ANNEGARN chansons
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Dick ANNEGARN chansons
Dick Annegarn ACCORDONS Accordons, accordons, accordons nos violons Tambours et trompettes, cornemuses, accordons Accordons, accordons, accordons nos violons Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones Rondes et bonde Le cul de Cunégonde Rondes et bonde Comme une cerise ronde Accordons, accordons, accordons nos violons Tambours et trompettes, cornemuses, accordons Accordons, accordons, accordons nos violons Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones Des petits pas balancent Des petits pas ballants Des petits pas qui dansent Des petits pas pétants Folle farandole Peuple populaire Papi épie les poules Qui picorent parterre Accordons, accordons, accordons nos violons Tambours et trompettes, cornemuses, accordons Accordons, accordons, accordons nos violons Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones Demain c'est dimanche Comme l'anné)e passée On aura la chance De se retrouver Accordons, accordons, accordons nos violons Tambours et trompettes, cornemuses, accordons Accordons, accordons, accordons nos violons Clairons, clarinettes, saxophones, soubassophones Dick Annegarn ADIEU VERDURE Adieu verdure, je vais faire ma cure d'intoxication Salut la ville, agonie de la civilisation Au revoir, châtaignier, au revoir Salut l'ombre, qui souvent me protégeait Contre les éclats de cette chaleur désespoir Du soleil, autour de contrastes nuancés Adieu verdure, je vais faire ma cure d'intoxication Salut la ville, agonie de la civilisation Dis, la ville, ouvre tes débits, Remplis du meilleur vin tes tonneaux, Je paye une cuite à tous mes bons amis, Fêter la victoire de l'automobile Adieu verdure, je vais faire ma cure d'intoxication Salut la ville, agonie de la civilisation Dis, Nature, pourrai-je revenir Je fais mes bagages, j'en ai pas pour longtemps, Un an ou deux, le temps de repartir, Et si tu veux je travaillerai tes champs Dick Annegarn AGOSTINHO Chaque fois que je monte cette côte de honte Je pense aux boyaux d'Agostinho Au secours d'un bénévole qui m'emmène en haut du col Qui m'entraîne dans son envol bicycole Avis à l'ami qui lamine la piste Du fond de son maillot jaune Agostinho c'est toi le plus beau Et j'appuie un peu plus fort sur le pédalier du sort Et j'appuie encore plus fort plus fort encore Le Tour de France est terrible le peloton flexible Les échappées probables les écuries rentables Personne n'est vraiment contre la course contre la montre Mais tout le monde est pressé de savoir qui va tomber Agostinho c'est toi le plus beau Au passage de pic à col, la caravane caracole La caravane crie et passe des agneaux des rapaces À cause d'un chien, on peut tomber d'un chien on peut chuter À cause d'un chien, on peut buter culbuter Ta Maria ria de ton mariage Au fur et à mesure que le voyage t'éloigna Agostinho c'est toi le plus beau Trois ou quatre échappées et les cannes sont cannées Trois ou quatre échappées et les bases sont jetées Trois ou quatre échappées et les jeunes sont distances Trois ou quatre échappées et le tour est joué T'auras ton tombeau là où la vitesse te tue T'auras ton tombeau là une voie sans issue Agostinho c'était toi le plus beau Dick Annegarn ALAIN Une maison abandonnée Que tu aurais visitée Une maison inachevée à moitié Tu es entré sans sonner Aucune porte t'a résisté Tu es entré sans forcer Une rivière souterraine Un fleuve souterrain Une cave suburbaine Abrite ton butin... Une avenue abandonnée Au milieu de la chaussée Une rue sans issue Tu t'es cru dissimulé Dans les antres du chantier Quelle idée t'a guidé Une rivière souterraine Un fleuve souterrain Une cave suburbaine Abrite ton butin... Un voleur abandonné Au milieu de la chaussée Un voleur inassouvi la nuit Tu t'es cru débarrassé Des objets de ton méfait Quelle erreur que t'as pas fait... Une rivière souterraine Un fleuve souterrain Une cave suburbaine Abrite ton butin... Putain ALBERT Je suis dire, je suis soupir, plus rien ne m'inspire Pourtant, rien qu'un brin de scintillement me ferait frémir Y a rien à dire, personne ne m'aime, on m'évite, on m'ignore La faune m'embête, la flore me snobe, méprise mon sort Je m'appelle Albert, le merle noir et gris Je m'appelle Albert Pompourrie Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit L'on ne m'aime pas, parce que je chante faux, c'est dégueulasse Je ne chante pas plus faux que le corbeau qui lui croasse Mais lui, il est beau, oh lui, il est fort, ce grand oiseau noir Et moi je suis petit et noir et gris Je m'appelle Albert, le merle noir et gris Je m'appelle Albert Pompourrie Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit Merle las, merle lascif, manque de punch Y a même pas une mouche, pas un moucheron pour mon lunch Je vis d'eau-de-vie, à la lueur d'une bougie, je jette des dés et Je jette un sort à chaque chiffre qui sort, je dédie un vu meurtrier Je m'appelle Albert, le merle noir et gris Je m'appelle Albert Pompourrie Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit La terre est rouge, la nuit aussi, plus rien ne vit Y a que moi qui bouge, dans la carie de mon arbre brûle Y a plus qu'une fleur au pied de mon arbre, une fleur de malheur Je la jouerais bien à mon jeu macabre, mon jeu dévastateur Je m'appelle Albert, le merle noir et gris Je m'appelle Albert Pompourrie Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit N'ayez crainte, mon hyacinthe, pour votre fleur Je ne lui ferai pas de mal, je vous le promets sur mon honneur Nous voila, ici, dans ce pays, complétement désert Vous étiez bien la seule à pas m'avoir maudit, appelez-moi Albert Je m'appelle Albert, le merle noir et gris Je m'appelle Albert Pompourrie Je m'appelle Albert, le merle maudit, le merle maudit Dick Annegarn APPROCHE-TOI Approche-toi de moi Pour que je te comprenne mieux Approche-toi de moi Pour que je te sente mieux La nuit va saigner Des rasades de voies galactées La lune va semer des flopées De flocons par milliers Accroche-toi au mat Du radeau de nos amours Accroche-toi à moi Tombe pas par-dessus bord Les murs vont céder Sous le poids de la terre bouillonnant sous la mer Les murs vont céder Aucun toit aucune pierre aucun homme comme hier Petit homme déjà grand Même si le filet se serre Petit homme déjà grand Tu me flanques comme un frère L'horloge a parlé Pour me dire tout le temps à passer L'horloge a parlé Pour me dire tout le temps qui a passé Éloigne-toi de moi Pour que je te comprenne mieux Éloigne-toi de moi Pour que je sente mieux Dick Annegarn L’ARBORESCENCE Le ciel plombe depuis des semaines Les masses passent des masses de laines tracent Le thermomètre n’est pas très net Varie peut-être avec le temps, c'est important Ami, ami, le temps Le ciel tombe dessus les plaines Rien ne bouge le temps traîne un vieux blues Au baromètre, aucune tempête, Depuis perpette depuis longtemps maintenant Ami, ami, maintenant Plus haut qu’ici, plus haut qu’en bas Plus c’est haut, plus c’est bas en bas Je suis Jésus, je suis Joseph Je suis Daniel prophète au fief de canaan Je sors du trou, je quitte le sol Je touche au ciel de la tour de babel, je hurle au loup Ami, ami, au loup Je suis Johnny, je suis Elvis Je suis mister, je suis miss me in your neighbourhood Je tourne en rond en doux ronron Je suis zinzin comme une chanson de maintenant Ami, ami, maintenant Plus haut qu’ici, plus haut qu’en bas Plus c’est haut, plus c’est bas en bas L’arbre arbore l’arborescence par spiralité Aspire l’eau en abondance l’aspire à là-bas Dick Annegarn ATTILA JOSZEF Qu'est-ce que je sais de ce poète-là Sauf qu'il avait le verbe bref Et qu'il s'appelait Attila, Attila Joszef En ancienne Transylvanie Un pauvre jour il naquit Son père était déjà parti, l'amour était bref Pauvre magyar, t'aurais voulu valider ton histoire Tu n'aurais pas mieux fait Ses deux petites soeurs et sa mère Vivaient dans le même deux pièces Avec d'autres locataires peu avares de leurs fesses Ils l'ont changé de famille Qui l'ont changé de prénom Ami en terre ennemi, enfant sans ballon Pauvre magyar, t'aurais voulu valider ton histoire Tu n'aurais pas mieux fait Il a grandi puis vieilli Lisant tout ce qui se lit Vivant du peu de répit que lui laisse sa chance On lui refuse son diplôme Pour une fausse indécence Et sans détour il nous prône le délit d'innocence Pauvre magyar, t'aurais voulu valider ton histoire Tu n'aurais pas mieux fait Il a quitté le Parti, Qui ne l'a pas accepté Il a pris part et parti pour l'Éternité Il a quitté la maison Pour faire un tour pour toujours Il a quitté le perron aller sans retour Pauvre magyar, t'aurais voulu valider ton histoire Tu n'aurais pas mieux fait Dick Annegarn AU NOM DE DIEU Au nom de Dieu, auquel il faut croire Ce monde est vieux, comme l'histoire Le ciel est bleu, comme l'espoir Mais faudrait faire mieux que ce foutoir Personne n'est plus concerné, ni même moi non plus Personne n'est plus consulté quant à la dîme due Versailles n'a pas changé de proprio Versailles n'a pas manqué de brio Louis-soleil a des reflets nucléaires au derrière Sans son pareil, sans sa suite militaire Il est plusieurs, son château a plusieurs ailes De Saint-Cloud par Boulogne, aux Élysées Genève n'a pas tombé ses diplomates Genève n'a pas bombé ses automates Les secrets suisses sont des secrets fort bien gardés Comme le sont, d'ailleurs, les secrets des forces armées De Kiel au Caire, en passant par Seyne-sur-Mer Le silence y est salutaire Marseille n'a pas blessé son Belmondo Marseille a plus d'un macchabée sur le dos La Canebière honorerait l'orée de la rivière du Rhône S'il n'y avait pas autant de zones mortuaires La mise en bière s'y fait sans pompes funéraires futiles Quand il s'agit d'enterrer en plein centre-ville Au nom de Dieu, auquel il faut croire Ce monde est vieux comme l'histoire Le ciel est bleu comme l'espoir Mais faudrait faire mieux que ce foutoir Dick Annegarn AUJOURD'HUI Aujourd'hui, c'est pas comme hier Aujourd'hui, c'est pas comme demain par exemple Plus aucune vie n'est plus pareille Aucune vie n'est plus la même Personne ne parle plus le même langage Personne ne gobe plus le même message Qu'on avance mieux comme ça Qu'on avance au delà Mais qu'on avance vers un présent prospère Puisqu'on pense, puisqu'on est Je voudrais tellement de choses Mais pas seul et pas là C'est pas bien, ce qui s'est fait jusque-là C'est pas bien, c'est pas ça J'ai pas peur, enfin moins que toi Mais j'ai honte devant les enfants C'est un leurre y a pas de terre promise Ou alors elle n'est pas encore conquise L'utopie, je n'y crois pas L'utopie, je n'y crois plus, j'y ai jamais cru Mais y a mieux à faire, que de se complaire Et y a mieux que ça et y a mieux que mieux que ça Et y a mieux que mieux que mieux que mieux Enfin j'espère Dick Annegarn UNE BALLADE Une ballade Jérémiade À travers mes misères Un interlude De désuétude Pantalonnade à l'envers Fais du vélo rencontres-moi Fais de la photo photographies-moi Fais de la moto mais renverses-moi pas Quand tu me vois Les murs de pierres Les feuilles de lierre Sont à l'état de repos L'herbe frissonne Les cloches sonnent Annoncent le soir au loin Fais du vélo rencontres-moi Fais de la photo photographies-moi Fais de la moto mais renverses-moi pas Quand tu me vois Les mots me manquent Le tango tangue Mambo de mandibule Les télés flambent Les radios tremblent Cruelle crépuscule Fais du vélo rencontres-moi Fais de la photo photographies-moi Fais de la moto mais renverses-moi pas Quand tu me vois Dick Annegarn BALLADE FUNÈBRE J'ai fait ma descente seul. J'ai descendu les escaliers de l'abîme J'ai découvert que c'est, sur terre, un enfer asphyxiant Des tas de gens le long des rues Des gens vivants, des gens vécus Parmi la foule en transcendance Une petite camionnette bleue avance Le ciel est jaune, phosphore et gris Entre les antennes de télévision Les journaux crient, les radios hurlent: Des super bons, pour la super supercherie Super-super-supermarché, grande surface pour petite tête Tout le monde y marche, tout le monde y tette Tout le monde y somnambule peut-être Je fais des rêves qui me font peur Surtout quand je les rêve les yeux ouverts, grands Et si j'en ris, j'en ris amer De ce spectacle ici sur terre Les rues pleines de bagnoles, comme un vendredi Autour de la ville, une auréole de jaune et de gris C'était un jour, comme tous les jours Les gens rentraient de leur travail C'était un jour, comme tous les jours Dans tous ses monotones détails Les mains tremblent encore des machines, les O.S. se couchent Les trains du soir sont anonymes, dactylos ni touches La carte orange, un million, ni reconnus, ni méconnus La carte orange, un million, tous les records sont battus! La maman va à la maison, le papa aussi Les enfants sont à la maison, faut les mettre au lit L'accordéon, l'amour toujours, la politique téléfiction L'accordéon, l'amour toujours, et moi, ici, je fais le con Je me balade dans les ténèbres de la rue Gambetta Je swings tout seul, des ballades funèbres, quand la bombe éclate... Je fis, je vis à peine Dans les décombres, dans les décombres de la ville, dans les décombres La suie me pique les yeux, je ne vois pas à deux doigts Dans les décombres De la ville, dans les décombres Et j'en ris, j'en ris a peine, mais j'en ris quand même Dans les décombres Dans les décombres de la ville, dans les décombres Dick Annegarn BARBOTANT Barbotant, gargotant, quel enfant ne a pas de maman? Gargouillant, barbouillant, remuant tout nu dans l'eau? Quel train aviatique Quel drôle d'oiseau Nage au fond du bassin? Quelle nautomobile Peut faire taire les klaxons qui résonnent Le long des parois d'étain? Viens petite mère, oublies tes chimères et lève-moi en l'air Tiens ma tirelire, fais fuir les vampires pose-moi par terre Tâtonnant, titubant, quel enfant veut pas être grand? Ambulant, déambulant, traversant la chambre d'eau? Quelle douce diligence A la chance, forte chance De me véhiculer? Quelle rosse carabosse Carrosse et se glosse À la vue de mon nez? Bien que sur terre, mes voeux vont en mer, où je veux aller Rien ni personne ne prend ni ne donne autant de baisers Baroudant, bourlinguant, quel enfant a toutes ses dents? Vagabondant, matelotant, naviguant sur un bateau? Quel beau paquebot Assez beau pour croiser La tracée de ma trace versée? Quelle rame dans quelle dame Dans quel drame se trame Ma nouvelle destinée? Chien d'océan, emmène-moi devant, où je ne peux aller seul Vin de licorne, ivresse sans bornes, ne peuve m'y ramener Barbotant, gargotant, Gargouillant, barbouillant. Dick Annegarn BEAU BATEAU C’est un beau bateau au milieu de la campagne C’est un vieux vaisseau échu C’est un paquebot tout en bas de la montagne C’est un gros cargo perdu La nature est témoin de mon naufrage Un navire qui ne sait pas naviguer La verdure est témoin de mon passage Comme l’eau caresse le rocher C’est un beau bateau au milieu de la campagne C’est un vieux vaisseau échu C’est un paquebot tout en bas de la montagne C’est un gros cargo perdu On y luque à travers les fentes D’un plancher de planches mal ajustées On y matte à travers l’étrave D’une nef et d’une proue entremêlée C’est un beau bateau au milieu de la campagne C’est un vieux vaisseau échu C’est un paquebot tout en bas de la montagne C’est un gros cargo perdu Cette histoire, on ne peut pas la dire Je ne vais donc pas vous la raconter Mais séparez-moi de mon navire Et je ne saurais où aller Dick Annegarn BÉBÉ ÉLÉPHANT J'ai perdu ma tribu, tous mes frères et mes soeurs Que sont-ils devenus? Et surtout pourquoi ne me cherchent-ils pas? Je trouve ça ingrat pas sympa Je suis un bébé éléphant égaré Pourriez-vous s'il vous plaît me rechercher? J'ai bien peur qu'ils se soient suivis Dans le précipice au fond des profondis Et moi qu'est ce que je deviens dans tout ça Je me sens tout er ra ta a Je suis un bébé éléphant égaré Pourriez-vous s'il vous plaît me rechercher? Je ne me sens pas chez moi dans cette jungle inconnue À ma vue tous se sont encourus Personne ne sait d'où je suis Je suis un mal blanchi, impoli Je suis un bébé éléphant égaré Pourriez-vous s'il vous plaît me rechercher? Quelle tribu voudrait m'adopter? Je suis un égaré sans carte d'identité Je me plierai à vos coutumes Si vous acceptez mon volume Dick Annegarn BLACK LUNETS Black lunets Black lunets Black lunets Quand je l'ai vu dans la rue du restaurant d'en face Je l'ai eu en face Je descendais de mon char et il m'a eu en face Et puis warm, c'était warm, et rapide plein de speed, de hot-dog À la sortie du bar, du resto-bar-brasserie de la cheval blanche Sur ses hanches une fourrure Qu'il n'a pas dû payer dur, ça c'est sûr Black lunets Black lunets Black lunets Elle, elle se dit, il est gai quand il boit Y a de la joie quand il rit Mais alors quand vient le moment "The" moment de ma vie (c'est moi qu'elle vit) Il me dit "tu viens chérie" Black lunets Black lunets Black lunets Pacotille nicolette, pacotille midinette Pacotille midinette, pacotille starlette Black lunets Black lunets Black lunets T'es-tu vu vite remonter dans ce Mercedes Ulysse et sa déesse Dis-le haut! Dis-le bas! Dans ce foutu luxe, tout déçoit Dick Annegarn LE BLUES DE LONDRES Pas de lumière sur ma moto. Et ça peut me coûter cher, sur le boulevard des maréchaux. Et si je quitte la route c'est qu'il n'est pas trop tôt D'aller en déroute pour d'autres eaux. Le blues de Londres, le spleen de Lille. Le rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes. Je m'egare le long de longues files de voitures en stationnement. Et ces autos immobiles me font l'effet d'un enterrement. Et quand par malheur, je trouve quelqu'un pour demander le chemin Ce quelqu'un me dit, écoute-moi bien, tu vois, elle te mène à rien. Le blues de Londres, le spleen de Lille. Le rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes. Je te dis que tous ces stars du grand monde ne manquent pas d’air Et qu’en fait c’est vraiment pas bizarre quand tu voyages en Canadair Underblues ça rend morose Overblues underdose Et que quand que tu as tout t’as beaucoup besoin de beaucoup de choses Et qu’en fait c’est vraiment pas facile d’y éviter l’overdoe De blues de Londres, de spleen de Lille. De rock de Rotterdam et de smog de toutes les villes. Pas de lumière sur mon auto Dick Annegarn BLUES DU BÉGAYEUR Je ba, je ba, je ba, je ba, je bafouille parfois Je bé, je bé, je bé, je bé, je bégaie aussi Je n'ose pas commencer, ce que j'ai à dire Ce n'est pas par timidité, c'est pire C'est quelque chose dans la voix Quelque chose qui me déroute Quelque chose que j'aperçois Quelque chose qui fait que je doudoute Je ba, je ba, je ba, je ba, je bafouille parfois Je bé, je bé, je bé, je bé, je bégaie aussi C'est un défaut, c'est un défaut de langage C'est un défaut de langage, c'est un défaut entre nous Je ne voudrais pas paraître méchant Méchant dur et tout, je vous appelle vous Mais je ne voudrais pas vous indisposer Mais pouvez-vous Mais pouvez-vous me laisser seul avec moi Pouvez-vous me laisser seul avec moi Je ne demande rien, vous me répondez Je de mande quelque chose, vous ne répondez pas Alors laissez-moi seul, je ne vous aime pas Alors laissez-moi seul, je ne demande rien Ne me demandez pas Alors laissez-moi seul, alors laissez-moi seul Je ne demande rien Ne me demandez pas Pourquoi, pourquoi, pourquoi Pourquoi, pourquoi, pourquoi, parce que Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi Pourquoi, pourquoi, parce que Je dois avoir sale caractère À croire ceux que j'aime pas Je dois avoir sale caractère À croire ceux qui m'aiment pas Je suis méfiant, je crois, rarement Vraiment, rarement vraiment Je me méfie de ce que je vois, de ce que j'entends Je suis méfiant, je crois Je me méfie même parfois de ce que je dis moi-même Je ba, je ba, je ba, je ba, je bafouille parfois Je bé, je bé, je bé, je bé, je bégaie aussi Mais ce n'est pas moi qui ai demandé Ce n'est pas moi qui ai demandé à être là Ce n'est pas moi qui es demandé Ce n'est pas moi qui es demandé Ce n'est pas toi qui es demandé, non plus Personne a demandé personne Personne a demandé personne Personne a demandé personne d'être là Dick Annegarn BLUESABELLE Jeté dans ton jet mobile Jeté comme John Glenn tu files, galérien de l’an 2000 Tu cherche un air de repos Pour y garer ton auto, au parking des commerciaux Tu vas manger ton plat chaud, Dans le fin fond du resto comme n’importe quel nabot Tu demandes un œuf mayo, Elle t’amène une carafe d’eau, il n’y fait pourtant pas chaud, chaud… Pas de doute c’est reparti pour un tour Pas de date c’est pour la vie pour toujours Ecoutes moi bien Bluesabelle Je ne sais pas si t’es pucelle, ou bien pas du tout Je ne sais pas Bluesabette Je ne sais pas si c’est peut-être, ou bien pas du tout Mais moi à ta place, moi j’aurais peur D’être si belle une telle splendeur, j’en aurais eu des sueurs Moi à ta place j'aurais la trouille De faire les frais d’une telle embrouille, toi qui es si f elle… Pas de doute c’est reparti pour un tour Pas de date c’est pour la vie pour toujours Il y a t'il quelqu’un qui m’aime ici ? Tu t'interroge et tu te dis : est ce que c’est trop demander ? Donner de la voix et dire des mots Petit à petit tu deviens chaud, comme un chant qui prend du temps Tu grave revis et rererevis Tes mêmes scènes, les mêmes filles, même si tu ne les connais pas Tu te sens seul, et si sinistre, Tu te vois bien premier ministre d’un pays sans président résident… Pas de doute c’est reparti pour un tour Pas de date c’est pour la vie pour toujours Dick Annegarn BOILEAU De tous les animaux qui s'élèvent dans l'air Qui marchent sur la terre ou nagent dans la mer De Paris au Pérou du Japon jusqu'à Rome Le plus sot des animaux à mon avis c'est l'homme Voilà l'homme en fait il va du blanc au noir Il dénigre au matin ses sentiments du soir Si pénible aux autres, en soi-même incommode Il change d'attitude comme il change de mode Est-ce qu'on a déjà vu dans les plaines d'Afrique Saccager ça jusqu'au bout leur propre république Lions contre lions éléphant contre éléphant Se combattre jusqu'aux os pour le solde d'un tyran Calme-toi me diras-tu, ça ne sert à rien de s'exciter L'homme a toutes ces vertus dont on oserait douter Comme la mer il fait ces flots et il fait ces caprices Mais ces moindres défauts occultent mal ces vices Qui voudrait nous prouver par son discours profane Que l'homme est merveilleux et mérite mieux qu'un âne Un âne peut dire tout haut ce qu'il pense tout bas Mais entre nous dis, docteur, que ne dirait-il pas Dick Annegarn BOUGES TON BOULE Bouges ton boule Bouges ton boule Bouges ton boule Bouges ton boule Bouges ton boule Bouges ton boule Et quand t’as tout bougé tout jusqu’au cou Et que tu as tout blackboulé jusqu’au bout Bouges ton boule Bouges ton boule Danses ton saoul Danses ton saoul Danses ton saoul Danses ton saoul Danses ton saoul Danses ton saoul Et quand tu as tout défoulé tes genoux Et quand tu as tout chamboulé comme un fou Danses ton saoul Danses ton saoul Hurles au loup Hurles au loup Hurles au loup Hurles au loup Hurles au loup Hurles au loup Et quand tu as bien rugi chien andalou Et quand tu as bien perçu le caribou Hurles au loup Hurles au loup Dick Annegarn BRUXELLES Bruxelles, ma belle, je te rejoins bientôt Aussitôt que Paris m'ait trahi Et je sens que son amour aigri, depuis Elle me soupçonne d'être avec toi, le soir Je reconnais, c'est vrai Tous les soirs, dans ma tête C'est la fête des anciens combattants D'une guerre qui est toujours à faire Bruxelles, attends-moi, j'arrive Bientôt je prends la dérive Michèle, te rappelles-tu de la détresse De la kermesse de la gare du Midi? Te rappelles-tu de ta Sophie Qui ne t'avais même pas reconnue? Les néons, les Léons, les noms des gars Sublime décadence, la danse des panses Ministère de la bière, artère vers l'enfer Place du Broukère Bruxelles, attends-moi, j'arrive Bientôt je prends la dérive Cruel duel, celui qui oppose Paris névrose et Bruxelles L'abruti qui se dit que bientôt ce sera fini L'ennui de l'ennui Qui va me revoir, mademoiselle Bruxelles Mais je ne serai plus tel que tu m'as connu Je serai abattu, courbattu, combattu Mais je serai venu Bruxelles, attends-moi, j'arrive Bientôt je prends la dérive Paris, je te laisse mon lit... Dick Annegarn BUVANT SEUL Je suis solitaire à boire dans les fleurs Une cruche de Balthazar comme consoeur Je me lève et lève mon verre à la lune Sa silhouette me suit nous sommes trois La lune ne sait même pas boire que nenni C'est en vain et sans espoir qu'elle me suit Il fait vivre avec plaisance au printemps Quand la lune et la nuit dansent pour un temps Nous sommes sobres et solidaires camarades Nous sommes ivres et nos chimères nous baladent La bonne nuit nous envahi bien trop tôt Nous vivrons dans d'autres vies d'autres eaux Dick Annegarn C'EST DANS LES RÊVES C'est dans les rêves que les hommes s'en vont Vers d'autres horizons que la voie de leurs ombres C'est dans les songes que ses ombres s'assombrent Devant tant de monstres et de demi misères Un voyage voyageable si les voiles de mon char Voudrait bien surseoir au vent de la bise Une valise invisible un boulet de canon Bien plus gros qu'un ballon envoyé sur la touche Tu peux partir Tu peux vivre libre ta vie d'amour Voilà les dires Les doux désirs de ma mère d'amour C'est dans les latrines que les mômes se plaignent Soupirent et geignent de ne peu pouvoir vivre C'est dans les cuisines que l'on forge des plats Qui font des petits plats d'un étain bien tendre Une terrible tornade ou d'humaines cascades Dévalent par vague dévalent les étages. Une croisade incroyable ou peuples barbares Et châteaux tartares défient le diable Tu peux partir Tu peux vivre libre ta vie d'amour Voilà les dires Les doux désirs de ma mère d'amour C'est dans les rêves que les astres s'élèvent Une école sans élèves aux problèmes insolubles C'est dans les sous-caves que gisent les braves Qui inspectent les zouaves et insectes insipides Une vie invivable où succèdent bipèdes Et piètres acerbes vers le fond de mon âme Demain il fera beau je le veux, je le vaux Demain il fera jour pour toujours ineffable Tu peux partir Tu peux vivre libre ta vie d'amour Voilà les dires Les doux désirs de ma mère d'amour Dick Annegarn C'EST LA MISÈRE CÉLIBATAIRE La nuit de samedi à dimanche Était blanche à demi Morning dew Fin de fête Le jeune lou de velvet Était saoul Il m'appelait par le pouce Dans la main Une trousse d'employé Sa silhouette se reflète Dans la pluie de la place De la Bastille C'est la misère célibataire C'est la moue de l'amour Illusions de mes nuits Je reprends mes esprits Et mes billes La petite fête qu'on m'a faite N'était pas vraiment une fête Bien réussie Il avait le style look Le style plouc Le style jobard Moi le doux grand poète Je serais fou je serais bête De croire en ses histoires Il avait un accent Mi-anglais mi-allemand Mi-loubard Et me dis que ma voiture Est le plus sûr moyen D'aller chez lui Chez lui c'est chez l'autre C'est cet autre apôtre De la bande à Jésus Mais son trousseau plein de clefs Ne comporte pas la clef de cette porte-ci Nous dévalons l'escalier Comme pour mieux oublier l'événement Il m'arrête me demande Si vraiment il ne me dérange pas La porte d'entrée Qu'est une porte vitrée est brisée C'est sans doute sa louloute Qui est allée faire foutre ailleurs Dick Annegarn ÇA PUE Ça pue, ça pue la puanteur Ça pue, ça me soulève le coeur Comme ça pue Comme ça pue! Sous le caniveau, auprès des eaux usées Les eaux, municipaux, les eaux munies De peaux et d'épluchures Et d'autres pourritures, comme ça pue Je traîne la savate dans cette épaisse pâte Je traîne la savate, au fait, il faut que je vous relate Il était tard il était marre Dans cette rame de métro de show Et entre deux gares, le train se gare Et je descends, au culot Comme un ver de terre sans trou à creuser Comme un ver de terre qui aurait la nausée Comme ça pue Comme ça pue! Le train reredémarre, redémarre dans le noir Et je reste là, je reste la penaud Comme ça pue! Comme ça pue! Combien de temps, combien de gens Passeront ici, devant cette bouche d'égout? Dick Annegarn CHANSON DU VIEUX CHANTEUR Un jour j'étais riche et plein de sous plein de ça J'avais des amis plus que ne comptent mes doigts de pieds aussi J'étais prolixe produit à prix fixe J'étais pas cher une bonne affaire Puis les jours ont passés comme on passe son tour pour jouer La folle farandole a cessé de tourner assez de tourner La vie va vite beaucoup trop vite L'amour est court beaucoup trop court Personne non personne ne te connaît plus connais pas Quand tu es las et dans la rue avec les rats Quand tu te sens lourd sur le pavé Que tu as fait ton tour pour t'en retourner Un jour j'étais beau une belle putain putain J'aimais mes clients comme on aime son chien et nom d'un chien J'étais aimé acidulé J'étais surtout un naïf fou Dick Annegarn CHANSON FLEUVE Pierre qui brûle au soleil terre qui porte le deuil des merveilles, fleuve qui brille dans le ciel, montagne qui arrête le temps d'une intempérie, d'une intempérie... Chienne qui baille dans l'oseille dont l'âme a franchi le seuil du sommeil ce temps serait un temps pour amants s'il n'y avait pas eu tant d'intempéries tant d'intempéries Bien que là-haut sur le plateau Je vais à vau-l'eau la vallée je regagne J'ai beau être loin sur le chemin J'ai beau être beau je vais d'où je viens Feu au milieu d'îles de feu... j'en veux si peu que c'en est difficile Riche est le pauvre de ses pieds une biche ne pourrait sauter plus léger Je me sens lourd en cette circonstance Je me sens sourd à l'appel des vacances Je me sens riche de toutes sortes de misères Et me sens chiche de mener bien des galères C'était dans les Flandres une grande famille J'y suis allé m'y rendre vendre mes habitudes De souche nomade pas de no man's land Ils vivaient de bravade pas de contrebande... Elle a été rivetée à Baasrode au chantier Et étourdie elle a été baptisée Elle a été couverte dès son plus jeune âge Par l'eau de la mer et par les bittes d'amarrage Ce n'est pas l'eau qui nous relie c'est le halo De l'hallali de par milieu reconnaissable On est matelot ou bien marin mais on est beau Que quand on est bien de par milieu navigable... Elle a connu sa toute première guerre de derrière les fagots Avec les marinières et avec les matelots De Douai à Béthune de Dunkerque à l'estuaire de l'Escaut Elle a vu digues et dunes de par toutes sortes de hautes eaux Oser franchir la mer au niveau de la Manche C'est du pur délire donné aux barges du port d'Avranches Toutes ses soeurs ont eu la poupe coupée Pour transporter les armes des forces armées Ce n'est pas l'eau qui nous relie c'est le halo de l'hallali de par milieu Reconnaissable On est matelot ou bien marin mais on est beau Que quand on est bien de par milieu navigable... De blé et du sable, de gré et du charbon Par voie navigable et ça en toute saison Moult marées se sont depuis lors écoulées Moult marées et moult raz de marées Ainsi navigue mon bateau Entre les rives sur les canaux Ce n'est pas vraiment, vraiment mon bateau J'y suis monté en tant que matelot Dick Annegarn CHÂTEAU D'EDGAR POE Je suis un château d'Edgar Allan Poe Un château à faire frémir les corbeaux Chez moi y'a pas d'eau, il n'y fait pas chaud Si tu as peur: Vade rétro Si tu veux rentrer, pousse les orties Attention une trappe Je vais te montrer ma sacristie Personne ne m'échappe Mon colimaçon est un peu raide Attention elle glisse De toutes façons, je te possède Célébrons l'office Tu as bravé tous les dangers Attention une poulie Salut ave adieu étranger Ça en est fini Dick Annegarn CHEVAUX DE MES RÊVES Je marche au pas dans la forêt Les feuilles frémissent sous mes sabots Je marche au petit trot et je m'approche De la prairie où je pais Tu lèves la tête, tu tournes les yeux Tu me regardes et je vois tes yeux Belle, tu es belle, jument de mes rêves Et beau, je suis beau, le plus beau des chevaux Près de moi, distante pourtant Je te vois et te sens Te regarde, tes yeux précieux Précieux, précieux si prés de moi J'aime, oui que j'aime cette jument de mes rêves Et je songe, oui je songe que tu défies tous mes rêves Tu me surélèves Tu me rends plus beau Plus beau qu'un puceau J'aime, oui j'aime aimer Un étalon et une jument Tendrement jumelés Attendri, je suis parti Moi-même pris dans mon poème Blême, je suis blême comme tous les faux dieux Mais je veux, oui je veux cet amour de chevaux Trop beau Dick Annegarn COUTANCES Un dimanche après-midi, à Coutances Dans une chambre d'hôtel moyen, sans étoiles Le soleil passait à travers des rideaux de voiles Un soleil frais Je me suis levé bien tard, ce matin Trop tard pour le petit déjeuner Je suis sorti, sans rien manger Je me suis rangé derrière la queue de la boulangerie La ville était toute habillée de dimanche et de soleil Un soleil frais Sur un banc d'un jardin public, je me suis recueilli Avec un sablé et un pain raisin comme seule compagnie Mais qu'est ce que je suis venu faire ici? Entre deux vacances Un dimanche après-midi à Coutances Dick Annegarn CRAINTE DE L'EAU Crainte de l'eau Crainte Crainte de l'eau tout a coup De l'eau de ça Plainte des morfondeurs Plainte Plainte des morfondeurs Dessous de sable Dick Annegarn CRÉPUSCULE Après le jour c'est le crépuscule qui brûle Le ciel est d'or et de miel ses tentacules Sur les pourtours de l'eau perlent les bulles Il y a là des lianes des lierres et des luzules L'attente est longue une langoureuse attente Lumière oblongue avatar de l'Atalante La vie est brève plus brève que le jour Elle nous élève nos rêves pour toujours Après l'amour pullulent les libellules La pluie du corps renonce aux renoncules Un autre tour, qui n'avance pas recule C'est parti pour qu'éclatent les cellules Après la mort la nuit n'est pas si nulle La toison d'or éclaire le crépuscule Quel triste sort, pas dit en préambule De voir son corps voué aux vestibules L'attente est longue une langoureuse attente Lumière oblongue avatar de l'Atalante La vie est brève plus brève que le jour Elle nous élève nos rêves pour toujours Dick Annegarn DECADONS Décadons, revenons au temps des Nérons Dégénérons, rendez-vous dans les bas fonds Tous les matins je reprends le train Vers le manoir oùd je prospère Tous le matins je reviens refaire La danse de l’insignifiance Sublime décadence Infime succulence Evoluons, révoluons ce qui est passé Révolutions de roues rondes rayonnées Je suis las d’être las A m’ennuyer à m’ennuyer Danser dans la redondance La danse de l’insignifiance Sublime décadence Infime succulence Dick Annegarn D’ABORD UN VERRE D’abord un verre D’abord du feu Sais pas quoi faire Suis malheureux Fais-moi manger Seul toi sais faire Fais-moi rêver Fais-moi distraire Des fleurs des nappes de nos tables à la musique de nos voix Tout est si doux si désirable que c’en est une grande joie Je sens le mal Je le sens bien Le mal de vivre Ce mal de chien Je sens la mule Qui m’a suivi Je sens le soufre Qui suinte aux plis Des fleurs des nappes de nos tables à la musique de nos voix Tout est si doux si désirable que c’en est une grande joie Encore un verre Encore du feu C’est pas l’enfer C’est beaucoup mieux Encore du pain Encore du beurre Ne m’en lasse pas C’est du bonheur Des fleurs des nappes de nos tables à la musique de nos voix Tout est si doux si désirable que c’en est une grande joie Dick Annegarn DE BÉMOLS ET DE DIÈSES Tu es si fragile, tu es si frêle Tu es si fragile, un agneau qui bêle Tes yeux de porcelaine regardent le monde violent Et ton nez saigne du vent Le vent aère ma chanson Le vent aère L'air que j'ai respiré Est fait de bémols et de dièses J'ouvre les fenêtres, le vent peut entrer Vent, venez, veuillez entrer Bienvenue, vent, ami de la pluie Qui elle aussi est ici Il pleut dans ma maison Il pleut des gouttelettes Il pleut, je suis mouillé Couvert de gouttes, de bémols et de dièses Sur le sol doré de ma mélopée Sur le sol doré, il commence à neiger La neige ensevelit ma guitare et mes arpèges Chanson, tu seras aussi couverte de neige Il neige sur ma chanson Des flocons de blanc Il neige, je suis couvert De flocons, de bémols et de dièses Dick Annegarn DE TUINMAN De tuinman is zoekend naar een kei in de grond De tuinman is zoekend in de klei als een hond Hij moet Hij moet wroeten Hij moet van moeder de vrouw Hij moet Zijn handen en voeten zijn stevig gebouwd Voor werken en wroeten voor behoed en behoud Hij moet Hij moet wroeten Hij moet van moeder de vrouw Hij moet Het was niet mijn oma maar de vrouw was de baas Het was niet mijn oma maar haast Hij moet Hij moet wroeten Hij moet van moeder de vrouw Hij moet Weten is eten en eten niet vergaan Zweten is zweten en bestaan maar bestaan Hij moet Hij moet wroeten Hij moet van moeder de vrouw Hij moet Es Dick Annegarn DE ZEE, LA MER De zee La mer De zee La mer J'ai attendu depuis si longtemps J'ai attendu et j'attends, j'attends J'attends plus, ça y est Maintenant c'est fait Je suis plus sot, ça y est Je suis marin Je suis la mer La mer m'emmène loin derrière les côtières Elle m'emmène au-delà de l'horizon On s'apprête pour la tempête Mon bateau et moi, et la mer De zee La mer Je me retiens, enfin, je fais de mon mieux Mais y'a du vent, le vent se lève Le vent enlève. Un ouragan S'élance dans l'océan dense Les vagues d'effroi se dressent Et accumulent, accumulent Accumulent l'eau Bousculent, bousculent mon bateau Redressent, reculent, avancent Et un encombrement envahit les flancs de mon bateau Projette le ciel De statifix Épanoui. Épanoui De zee La mer Aucune des mers que je traverserai Ne vaut cette mer qui m'a apprivoisé Appris à voler au-dessus des vagues Des mouvements de vents et de courants Me viennent, allègrement Me divaguent dans le vague Mon bateau et moi Et la mer Dick Annegarn DÉSOLÉ Bourre ta valise de tickets de train Et n'oublie pas de fermer la télé Ferme le gaz, ouvre grand les fenêtres C'est la saison des démons et des fées L'un a un tout gentil chapeau melon L'autre a une robe à dessus à jabot Mais tous s'en vont à la traîne d'une fête Qui est peut-être une fête de trop Désolés, ravalés Ce qui reste de leurs pensées Rends la monnaie à la dama à la caisse Fais-lui une bise, n'oublie pas tes journaux Regarde l'heure, la tension est en baisse Ce train n'attend pas les rigolos Désolés, ravalés Ce qui reste de leurs pensées Zorro, tout seul dans un imperméable Dans un soufflet, entre deux wagons-lits Ça va et vient, c'en est insupportable À la pipi-partie, toute la famille Désolés, ravalés Ce qui reste de leurs pensées La Traviata d'une course à la montre Tout le monde presse, c'est une autre télé Toutes les hôtesses qui s'échangent des adresses Et changent de peau, tout selon la mêlée Désolés, ravalés Ce qui reste de leurs pensées Ce qui leur reste, c'est une bien vieille histoire C'est pas possible, de mener cette époque Sans avocats, sans amis, à Stammheim Désolés, ravalés Ce qui reste de leurs pensées Dick Annegarn DITHYRAMBOS Évohé iobacchos sont les cris de Dionysos Affolé par ces fées je commets un Dithyrambos Dithyrambos, Dithyrambos Parmi les légendes de pain et d'esprit Il y a celle qui demande aucun répit C'est celle du fou de nymphes, du temps des lentes Du temps de la fonte des neiges début de l'année Dithyrambos, Dithyrambos C'était devenu un rite: fêter les Sylvestres Quand bacchant et bacchant s'agitent, danses et orchestres Dithyrambos, Dithyrambos Évohé iobacchos sont les cris de Dionysos Affolé par ces fées je commets un Dithyrambos Dithyrambos, Dithyrambos Parallèle à cette histoire, des Dieux de l'Olympe Il n'a jamais voulu avoir à porter la gympe Il agitait juste son thyrse, du haut de sa main Il agitait juste son thyrse, comme tout commun Dithyrambos, Dithyrambos Il était vainqueur du concours de l'eskyliasmos souple et ruse Il fallait surtout pas tomber d'une outre huilée Dithyrambos, Dithyrambos Par un malheur de Zeus il est né rené De sa cuisse creuse Car dans cette grande famille il y avait point de place Pou ce qui menace Dithyrambos Dithyrambos, Dithyrambos Dithyrambos, Dithyrambos Dick Annegarn DODO JE T'AIME TWIST Ça doit être ça l'amour classique Pareil depuis les temps antiques, cet unique moment, Cet infime instant, abominable tourment Je ne le connaissais qu'en musique Cette chose aussi épique lyrique Sais-tu bien que ce seul tic M'a fait fondre un seul instant Ce qui me fait infiniment, vachement plaisir Je t'aime quand tu dors je t'aime Je t'aime quand tu dors je t'aime Toi, tu dors, tu fais le mort Je parie que tu ne m'as même pas vu Alors tu fais semblant et pourtant La tendresse de ton enfant la sagesse de ta maman Je l'aime, je l'aime, je l'aime, je l'aime Ça doit être ça l'amour classique Pareil depuis les temps antiques, cet unique moment, Cet infime instant, abominable tourment Déjà l'oubli fait son boulot Réduit à bien, ce qui était beau D'ailleurs, c'est peut-être mieux ainsi Toi dans ton lit, moi à tes chevilles, chacun dans sa vie Je t'aime, quand tu dors je t'aime Je t'aime quand tu dors je t'aime Dick Annegarn DUDUCHE'S BLUES Qu'est qu'il advenu de Franck Alamo De Richard Anthony L'amour l'amour toujours le même Toujours toujours toujours chouette Je n'y étais pas à cette époque-là J'étais au lycée et je m ennuyais Je m'ennuyais à mort Que est ce que il est devenu Cohn-Bandit. Dites Et Jean-Philippe Smet et sa motobécane Dick Annegarn ENFANT DE LA GUERRE Miasme humide, un ciel critique Un ciel de vide cataclysmique Y'a quelques grues, aucune grenouille Y'a juste le bruit de l'eau qui grouille Je suis un enfant d'après-guerre Je ne suis pas encore bien né Déjà je suis déterminé Histoire de classe, histoire de masse Histoire d'espèce, histoire d'espace Je suis un enfant de la guerre Les temps se perdent dans les milliards Quand les étoiles se font éparses Du temps des masses moléculaires Aux grandes classes du quaternaire Je suis un enfant de la guerre L'Europe des six, l'Europe des onze L'Europe des fiscs, l'Europe des bonzes Les grandes puissances en jactances Se disputent le bout, mais le gras est rance Je suis un enfant d'entre-deux-guerres Et de là, ce sera peut-être la dernière Des dernières des dernières des dernières, j'espère J'espère, j'espoir, mais je voudrais voir Ce qui en sort de cette histoire Je suis un enfant d'avant-guerre De l'empire turc à l'empire ottoman De Bonaparte aux vingt-quatre heures du Mans De villes nouvelles à bec bop beloubap De l'apogée au déclin de l'Europe Je suis un enfant d'après-guerre Le gueguerre des grands, la gueguerre des durs La gueguerre des glands, la gueguerre des purs La guerre des parades, la guerre des morts La guerre qui assure un nouvel essor Je suis un enfant d'après-guerre Dick Annegarn ENFANT SANS MÈRE Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère Loin de chez moi, loin de chez moi Temps en temps je me sens comme si j’étais parti Temps en temps je me sens comme si j’étais parti Temps en temps je me sens comme si j’étais parti Loin de chez moi, loin de chez moi De toute façon une maison c’est une raison de vivre De toute façon une maison c’est une raison de vivre De toute façon une maison c’est une raison de vivre Loin de chez soi, loin de chez soi Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère Temps en temps je me sens comme un enfant sans mère Loin de chez moi, loin de chez moi Dick Annegarn ENFANTS SANS PATRIE Tant que le temps coule à flot, on en a du pot Tant que le sang coule dans nos veines, on en a de la veine Tant que l'or brille, autant que l'argent Temporairement, on a le temps Tant que ça tourne rond, c'est bon! Mais quand ça tournera mal, que dalle! T'as pas intérêt à avoir peur de l'odeur du feu T'as pas intérêt à avoir peur de l'ampleur de jeu L'enjeu c'est ta vie, ta vie est en jeu Si tu te débines, tu vas voir un peu Tant que ça tourne rond, c'est bon! Et quand ça tournera mal, que dalle! Patricia Hearst c'est une copine, la S.L.A. des copains On les a grandis à la grenadine américaine Maintenant, on les chasse comme des rapaces Qui on? les bigs-trusts-bosses des grandes surfaces Tant que ça tourne rond, c'est bon! Mais quand ça tournera mal, que dalle! Menace de chasse, de chasse à l'homme, par l'homme J'y crois sans vouloir, je te prie de me croire, ou alors fais comme Mais assure tes arrières, assure tes avants Enlève tes oeillères, sens le sens du vent Tant que ça tourne rond, c'est bon! Mais quand ça tournera mal, que dalle! Allons enfants sans patrie Faut pas s'asseoir sur ses lauriers Contre nous les gros cous rouges Contre nous les ventripotents Faut pas laisser l'avenir aux courtisans! Allons enfants sans patrie! Dick Annegarn ERIC ÉLECTRIQUE Il mène une drôle de vie Il mène une drôle de drôle de vie Il mène une folle de vie Il mène sa vie de vie envie Il est un gars extraordinaire C'est un faf fatalique Un aigre-doux amer Eric Rockcosmique Eric Électrique Eric Il suffoque le rock, il se moque de toi Il suffoque le rock, et toi Tu te moques, tu te toques de lui, n'est pas. T'as envie de lui T'as envie de lui dire, yeah! Moi aussi, j'ai envie de désir Enfumé de super size long filter gold tip extra Enfumé de super size long filter gold extra La nicotine dégouline des murs galvanisés La ptialine dégouline de sa bouche parfumée De doux de tendre de gourmandrogyne Eric Rockcosmique Eric Électrique Eric C'est un vilain voyou C'est un vilain vilain voyou Un grand gamin qui fait joujou Il va te faire Il va te faire son grand câlin, hein? Attention à ta tension tu es dans un aimant Un aimant à tentation Eric Rockcosmique Eric Électrique Eric Le juke-box est cassé Le juke-box est en panne Dick Annegarn EST-CE QUE C'EST LOIN? Est-ce que c'est loin, dis, le sable du Sahara? Est-ce que c'est loin? Est-ce que c'est bien, dis, Haoud-Berkaoui-Bol-El-Barri? Est-ce que c'est bien? Est-ce que c'est bien? Âme vagabonde, âme qui abonde dans le bon sens du monde Âme furibonde, ce monde gronde en silence d'impatience La route était longue à travers l'Atlas Ai parlé plusieurs langues, ai dû faire la grimace Est-ce que c'est loin, dis, le sable du Sahara? Est-ce que c'est loin? Est-ce que c'est bien, dis, Haoud-Berkaoui-Borl-El-Bahri? Est-ce que c'est bien? Est-ce que c'est bien? Ane itinérant, traversant des traces de vieux pneus Ane malveillant, t'as failli me faire une peur bleue Que fais-tu sur ma route, mulet de malheur Tu mets mes freins en doute, tu redoutes mon ardeur? Canne de berger d'agneaux de paix Tu m'as pas frappé, d'ailleurs t'as bien fait De m'avoir fait un thé aromatisé Et d'y être invité ça m'a laissé bouche bée Est-ce que c'est loin, dis, le sable du Sahara? Est-ce que c'est loin? Est-ce que c'est bien, dis, Haoud-Berkaoui-Borl-el-Bahri? Est-ce que c'est bien? est-ce que c'est bien? Dick Annegarn EVANESCA Tout a commencé à la mi-journée L'air était limpide, rien à signaler Je faisais mon tour autour de mon quartier Pour y chercher l'amour que j'aurais pu trouver Le ciel grattait américain La foule était nombreuse Le temps comptait contemporain, Souffrait la sulfateuse Tout a commencé par se dessiner Par se préciser par traits réguliers Je pouvais te voir, t'étais de l'autre côté Sur le bord du trottoir peut-être trop entourée Le ciel grattait américain La foule était nombreuse Le temps comptait contemporain Souffrait la sulfateuse Tout a commencé par se précipiter Comme ça dans le vide d'une quelconque journée L'âme qui m'était chère, celle que j'ai aimée D'un seul coup, d'un éclair s'est évanescée Le ciel grattait américain La foule était nombreuse Le temps comptait contemporain Souffrait la sulfateuse Dick Annegarn FAUBERT WALTZ Ne me rappelle plus, ai tout oublié Sait pas si j'ai su, ni vous non plus On se rappelle de plus rien On a tout oublié tout nettoyé Et le Faubert fauche la poussière Et le balai entasse les crasses Rejoignez vos places, enlevez vos grimaces Embrassez l'espace Il est propre, il est propre Il est propre l'espace Avec cet espace va se passer quelque chose Une biosymbiose entre le cosme et l'osme C'est fou mais c'est normal Pour un balayeur tout ça c'est normal Et le Faubert fauche la poussière Et le balai entasse les crasses Rejoignez vos places enlevez vos grimaces Embrassez l'espace Il est propre, il est propre Il est propre l'espace Maintenant qu'il est propre on va y ranger Des choses bien et belles De belles et bonnes choses Qu'on va se faire qu'on va s'y plaire, récréation Et le Faubert fauche la poussière Et le balai entasse les crasses Rejoignez vos places, enlevez vos grimaces Embrassez l'espace Il est propre, il est propre Il est propre l'espace Dick Annegarn FRANÇOISE PARODIE Tous les garçons et les filles de mon âge Voudraient bien un jour un moog ou deux Tous les jours et toutes les nuits au moins un sage Se fait sauter les plombs, bon dieu C'est génial, c'est extra Vachement chouette et tout ça C.R.S., c'est raté P.T.T. renvoyé Oui mais moi, je ne colle pas Je suis mal aimanté Oui mais moi, je suis seul Et pas seul à être seul Tous les garçons et les filles de mon âge Ne sont pas fabriqués comme moi Tous les garçons et les filles de mon âge Vont plutôt pique-niquer dans les bois C'est moderne, naturel Méga-cool, psychédel On se comprend, on se consulte On s'ausculte jusqu'au culte Oui mais moi, je sex-prime Dans ma piaule ma déprime Oui mais moi, je suis seul Et pas seul à être seul Mes jours, comme mes nuits Sont en tout point virgule Sans joie et plein d'ennui Personne ne murmure, je t'aime, à mon bidule Françoise Bonheur obligatoire Françoise Bonheur obligatoire Bonheur obligatoire Bonheur obligatoire Françoise Didn't you... Dick Annegarn FRÈRES? De Saabra et Chatila, à la prison d'Attica J'incrimine le crime Ce n'est pas toujours ceux qu'on croit Qui sont cloués à la croix, peu devine, des victimes Toutes les victoires sont provisoires Versatiles et illusoires, pour un homme sans colonne Quelle est la loi? Sous quel empire? De quel droit peut-on détruire une personne qu'on soupçonne? Frères, j'y voudrais bien croire Frères sans ce désespoir Frères, frères Frères, frères d'Afrique, d'Asie Frères, frères de Sibérie Frères, frères De Tunis à Varsovie, pour le prix du pain On tue sans scrupules, on annule On n'y fait pas dans la broutille, surtout quand il s'agit de vie Ou de mort de l'état fort Y'a des frontières qui ne sont pas tendres Pour celui qui veut s'y rendre sans visa sans mandat Ce monde libre n'est pas libre Tant que l'on peut y vivre sans justice-armistice Frères, j'y voudrais bien croire Frères sans ce désespoir Frères, frères Frères, frères d'Afrique, d'Asie Frères, frères de Sibérie Frères, d'Australie Frères des États-Unis Aussi De Rabat à Santiago on fait de la vidéo Sous réaliste, utopiste On change de chef comme de chemise Et on double pas ma mise pour autant, cependant Les juntes jonglent dans la jungle Une nomenclature dingue, appliquée, pratiquée Les dictatures ont la dent dure Surtout ceux que l'on endure, à son insu, de visu Frères, j'y voudrais bien croire Frères sans ce désespoir Frères, frères Frères, frères d'Afrique, d'Asie Frères, frères de Sibérie Frères, frères Dick Annegarn FRYZOSCHÉNIE Je n'entends plus ma voix qui chante Je n'entends que la nuit J'attends en épouvante fryzoschénie Visage opale, visage frappé Par un éclat sous-exposé Dans cette fêlure éclafêlée, un autre moi est né C'est doux parterre, mes genoux Dans l'herbe bleue rougissent J'ai atterri dans la lumière de l'ombre De l'ombre de l'arbre C'est éternel, cette multitude D'images de rien, qu'un interlude Aussitôt né déjà mourant, l'instant d'un moment Des moments font des secondes Des minutes, des heures, cependant Quelques siècles me séparent de mon âme frère J'ai pas de corps pour m'abriter Pas de façade pour me cacher Dans cette fêlure éclafêlée, un autre moi est né C'est éternel, cette multitude D'images de rien, qu'un interlude Aussitôt né déjà mourant, l'instant d'un moment Cheveux de feu, un corps aime Sur les chevilles de fumée. Dans cette fêlure éclafêlée, un autre moi est né Dans cette fêlure éclafêlée, un autre moi péri Dick Annegarn GANAËL T'as tout laissé à 18 ans T'as dit merci à tes parents Y en a qui seraient jaloux de toi Beau garçon au visage flou Une couverture dans ta musette Aucune idée derrière la tête À part fêter des expériences De chien de luxe en vacances Ganaël Ganaël tu ne voudrais pas que je m'en mêle Ganaël Ganaël c'est bien trop beau pour être réel Tu te sens poète créateur Dionysos en chaleur Ton passé t'as pas appris à assurer ta survie Il te faut de l'encre dans ta plume Il te faut manger je résume Faut que tu brilles indépendant Pour rayonner au firmament Ganaël Ganaël tu ne voudrais pas que je m'en mêle Ganaël Ganaël c'est bien trop beau pour être réel Dehors menace une voie publique De jeunes cadres et de vieux flics On te bouscule sur le trottoir Il n'y a pas que toi dans ce trafic Et si c'est difficile à dire C'est que c'est dur à définir Ce que je sens, ce que je pressens C'est quelque chose comme une guerre Ganaël Ganaël tu ne voudrais pas que je m'en mêle Mais Ganaël Ganaëll c'est trop beau pour être réela Dick Annegarn GILGAMESH D'Uruk ou de Kish d'où devient Gilgamesh Anou veilla sur les toits du brouhaha Brouhaha brouhaha brouhaha brouhaha Mille et quelques nuits mille et quelques fruits Mille et quelques nuits Célébrant Mardouk dans les caves d'Uruk Sous les voûtes de Kish Gilgamesh est saoul est sous influence d'Enkidu Enkidu demi-dieu du désert et du feu Anou le créa pour qu'il soit comme toi Hors-la-loi, hors-la loi, hors-la-loi, hors-la-loi Ami d'animaux. Enkidu est beau. Enkidu est doux Fallut qu'elle y aille, le prenne par la taille, lui tienne compagnie Enkidu est saoul est sous influence de Gilgamesh Bijoux et cervoise, Gilgamesh en pavoise Jaloux, tu t'exposes, Enkidu en impose Au corps à corps, au corps à corps Au corps à corps, au corps à corps La lutte s'apaise l'amitié leur pèse, les pousse au défi Bravant de glèves la forêt des cèdres garde jour et nuit Humbaba est fou, Humbaba est fort, Humbaba est où Ninsun d'Egalama vient voir ça ces deux-là Kidu et Ganesh rien ne les en empêche De braver Humbaba, Humbaba, Humbaba, Humbaba Grâce à Shamash ce ne sont pas des lâches Ce sont des héros Du bois du Liban preuve de leur sang Preuve de leur proue Uruk, reçois-nous, reçois tes deux fous Fais-leur folle tête D'Uruk et de Kish d'où s'enfuit Gilgamesh Anou le rappela, Enkiku reste là Reste là, reste là, reste là, reste là Dick Annegarn GISÈLE C'était une boîte toute noire La manivelle pour faire mouvoir Les souvenirs d'avant naguère, manquait Avec une clé nostalgique Je remonte la boîte à musique Dont nous attendons le son prison Vous êtes la plus belle de La Rochelle Vous êtes la plus belle, Mademoiselle Gisèle Étonné qu'une boîte peut encore Fonctionner avec un ressort Étonné d'être encore étonné Un moment se crispent nos corps Un éclair et la voix ressort Sillonné pour une éternité Vous êtes la plus belle de La Rochelle Vous êtes la plus belle, Mademoiselle Gisèle Au milieu du cinquième couplet Couplet je t'aime et tu me plais Petit frangin vient montrer son train Petit frangin devient tout fou Lorsque son train casse son cou Entre tête et bras du phonographe Vous êtes la plus belle de La Rochelle Vous êtes la plus belle, Mademoiselle Gisèle Dick Annegarn GOLDA Il s'appellera jamais Golda, ce pauvre chien du vil voisin Il s'appellera jamais Golda, ce chien d'en face, c'est pas le mien Pourquoi j'ai plus de chien? Pourquoi est-ce qu'il aboie, le chien? Le chien du voisin d'en face a eu des coups Le chien aboie, appelle le mai-maître Le mai-maître est au chaud, il a bu Et foutu des coups de panard à son clébard Se plaint entre les murs de parpaings Des bouts de verre, fil barbelé Cadenas de fer, chien enferré Chien de faubourg, chien de banlieue Chien de la cour de ce vieux galeux de monsieur De la rue Jules-Vallès, jusqu'à la rue Jules-Vallès Ce monde est trop petit pour un chien en détresse Il s'appellera jamais Golda, Golda est loin, peut-être même mort Il s'appellera jamais Golda Et je ne veux pas encore un chien Ici, près des carrefours, ici, il ne pourrait pas courir Un chien a besoin de se défouler Un chien a besoin de mains pour le caresser Chien de faubourg, chien de banlieue Chien de la cour de ce vieux galeux de monsieur Je cherche un chien qui cherche un copain Je trouverai bien ce chien, gardien de coeur Il s'appellera peut-être Bruno ou bien Judas, je ne sais pas Il s'appellera peut-être fredo, Zarapousta, je ne sais pas J'attends d'avoir un champ, j'attends d'avoir une maison Avec des tas de fenêtres et des portes ouvertes Et que le chien coure! Que le chien coure! Dick Annegarn GRANVELLE Fils de ministre de Charles-Quint Fils du garde des sceaux du Royaume de Naples et de Sicile Secrétaire d'état Chef du conseil des Pays-Bas Archevêque de Malines Vice-roi de Naples Président du Conseil des affaires italiennes à Madrid Archevêque de Besançon Granvelle, je me rebelle contre tes Maures d'occasion! Je me rebiffe derrières mes tifs, mais t'ai à l'oeil, ainsi que l'autre Philippe II, c'est une croyance; d'abord le Pape et puis le Roi Le Roi combien? Quels sont tes dieux? De quelles épées envahiront nos comtés Quelle est sa classe, de cette limace, qui colle de sang d'Inquisition Et quoiqu'il soit, je veux être ombre, après sa mort non pas la mienne! Granvelle, te rappelles-tu de ton discours à Augsbourg? T'y as gagné de derrière les tentes De derrière les hommes de femmes nourris Nourris de quoi? Quelle est la solde Que tu leur donnes donc à tes soldats? Pantin du Roi, t'es sous hypnose Ne vois-tu pas la nécropole de ta prose? Philippe II, c'est une façade, une sépulture de fosse commune Oublie nos terres toi, va voir ailleurs, ne blesse nous pas dans tes cachots Consuls de cet escroc, tombez à l'eau, faites pas surface! Vos surveillants, vos hommes de paille sont dignes de quoi, sinon de mort! Je veux leur mort, non pas leur sang, je veux la paix dans mes rangs Je veux la gloire et j'en suis saoul, j'en suis soumis à la risée de la plèbe Egmont est mort! Non, pas encore, ce n'est qu'une question d'aube et d'aurore. Egmont est mort! Ne me laissez pas, c'est de votre sort qu'il en va Granvelle, je me rebelle contre tes Maures d'occasion! Je me rebiffe derrières mes tifs, mais t'ai à l'oeil, ainsi que l'autre Granvelle, général! Granvelle, cardinal! Granvelle, colonial! Granvelle, que dalle! Granvelle! Granvelle! Dick Annegarn HÉ HÉ HÉ Sur la plus haute branche du bouleau, je crie: hé hé hé! Je suis content, c'est bien d'être assis ici, hé hé hé! À perte de vue, une forêt qui n'en finit plus Qu'est-ce que c'est vaste ce pays Qu'est-ce que c'est que ça, là loin, ce château, là-bas? Je suis bien curieux Je vais m'y rendre sur mon cheval de feu Ça va me prendre un jour ou deux J'ai grand besoin de voir du monde J'ai besoin qu'on me reponde Au bord des douves, en bas du château, je crie: hé hé hé! Je voudrais qu'on m'ouvre, qu'on abaisse ce pont-levis, hé hé hé! Ça fait trois jours et trois nuits que je n'ai pas dormi Je suis un chevalier Un gentilhomme vous demande de vous recevoir Rien que pour une nuit Il n'y a personne, c'est ça qui m'étonne Un château solitaire Mauvais présage, soyons sage Passons par derrière De la plus haute tour du château, je crie: hé hé hé! La plaine est vaste, la terre est infinie, hé hé hé! C'est bien d'être seul, c'est bien d'être chevalier Dans un château délaissé Et seul à seul avec ma destinée Je crois que je vais rester Mais il me manque une compagne ou un compagnon J'avais oublié Vaudrait peut-être mieux que je regagne la plaine et les monts Et mon bouleau Dick Annegarn IL PLEUT Il pleut des rivières Le gris confond le vert Le temps de mon enfance Je suis content! La rue mute en miroir J'y vois un nuage noir C'est lui qui fait qu'aujourd'hui Je suis content! La pluie, mon ami, revient de temps en temps Le temps de faire rire l'atmosphère pesant L'épicier couvre vite ses fruits Les fruits, qui eux, aiment la pluie La pomme découverte brille Je suis content! Le bruit de l'eau écrase les autos Ils ont de la peine à percer le rideau Les éléments se déchaînent vraiment Je suis content! La pluie, mon ami, revient de temps en temps Le temps de faire rire l'atmosphère pesant Dick Annegarn INFORMOL Bug buffer Break box Bulk basic Baud bus Reset restore Read ram Write rom Reckon rate Port printer Peak pitch Poke patch Pixel program Format folder Flag font Fill file Follow frame Set up save it Snap screen Send switcher Synchro system Dick Annegarn JACQUES Jacques, je te tutoie comme un ami Qui fait partie de la famille des brelles Jacques, je te perçois comme un marquis Qui est parti dans le maquis rebelle Tu es passé, et repassé Ton pantalon, trop bien plissé Qu’est ce qui se passe, quelles sont tes nuits Pourquoi qui tu te caches, pourquoi tu fuis? Jacques, je ne te vois pas au paradis C’est un pays bien trop petit bégueule Jacques, dans quelle tempête t’es tu mis ? Une grande fête comme le peignit Breughel Des œufs sur pattes traversent l’enfer Des femmes en nattes, les fesses à l’air Des basiliques sur des collines Et toi qui erres vers Grenadine Jacques, je ne sais pas ou t’es parti Un maquisard a des amis a vie Jacques, je te perçois comme un marquis Qui est parti dans le maquis rebelle Dick Annegarn J'ÉCHOUE Quatorze, donne-moi la clef de quatorze Ça marche Ça m'a tout l'air, ça se déroule Ça tourne Au gré de l'air et de sa houle Ça monte Une montgolfière mastodonte qui monte En sens contraire à la ponte J'échoue, comme une montgolfière Au bordel amer de ma liberté J'échoue, en douceur c'est vrai Mais mon coeur est près de se dilater J'étais aux anges, j'étais au-dessus de tout ça J'étais un mélange de jazz et de java J'étais haut placé auprès de Lucifer J'étais bien placé là, dans la stratosphère J'échoue, cassée ma nacelle Ai perdu mes ailes, le vent a tourné J'échoue, comme un beau projet Qui ne s'est pas fait comme faire se fait J'en chie, j'aurais dû mourir Dû me repentir, j'aurais dû morfler J'en chie, j'en mords la poussière De cette maudite terre qui m'a atterré J'étais éperdu, éperdument éperdu J'étais dans les nues, dans les nuages J'étais esseulé, esseulé et aliéné J'étais affolé de me voir dévier J'ai pris la mauvaise pente La mauvaise tangente, le vent a tourné J'ai pris en moins d'un, deux, trois Un contact étroit avec la poussière Dick Annegarn JAVER Javer, sous terre et je ne le savais pas Il a tout fait pour ça Sa mère bergère surveille la route d'en bas La route de Pristina Mon cheval a soif dans la montagne C'est une chance qu'il m'accompagne Car la pente est raide la côte est haute Cette terre accueille mal ses hôtes Et je tends la seule main qui me reste La voûte céleste à portée de geste Cette terre est rude la route est longue Ma monture en est exsangue Javer, sous terre et je ne le savais pas Il a tout fait pour ça Sa mère bergère surveille la route en bas La route de Pristina Mon cheval m'oublie broutant pâture Cavalier en aventure Déjà à mi-pente je sens la chose Les épines qui accompagnent les roses Les nuages abondent la tonnerre gronde Ce cheval ne craint pas la fronde Mais le ciel menace mon escalade Je m'attends à l'embuscade Javer, sous terre et je ne le savais pas Il a tout fait pour ça Sa mère bergère surveille la route en bas La route de Pristina A-t elle prise racine? Créature féline Bondissante et clandestine Si sa main est lourde et sûre de son choix Cuivre et cuir la magnifique proie Et je tire rudement sur ses épaules Tous les deux avons le beau rôle Mon cheval hennit trépigne de joie Ce voleur s'en accapare pas Dick Annegarn JE TE VOIS Belle journée, un jour de libre aujourd'hui C'est une belle journée, vilain soleil tu m'éblouis Je me faufile, me méandre entre les gens, je les évite Je face, je pile, je gauche entre les gens, je marche vite Et je boussole et traverse la rivière de la rue Et tu es là, sur le trottoir, de l'autre côté, je crois te voir Et je te vois C'est encore toi, que je vois devant mes yeux, je te vois Je te vois Où que tu sois Où que je regarde, je te vois Je te vois Et je revis et je me dis, que je n'ai rien vu, ni toi non plus Je cligne des yeux, encore un peu, t'as disparu, mais je t'ai vu Dans les vitres de l'autobus je regarde et... Dans les vitres de la vitrine je regarde, tiens, je me fascine La vitre reflète les peut-être, je suis si seul, je ne suis pas seul Tu es là sur le trottoir de l'autre côté, je crois te voir Je te vois C'est encore toi, que je vois devant mes yeux Je te vois Je te vois Où que tu sois Où que je regarde, je te vois Je te vois Dick Annegarn JOHNNY JOHNNY Matin, matin de blues bluesé Matin de tes songes à peine éveillés Ce jour, ce jour ne t'appartient pas Ce jour te prolonge ton forcenat Tu vas, tu vas où ton corps va Ce corps qui te plonge dans l'embarras Tu vas, tu vas où ton corps va Ce corps qui te ronge, mais ton corps va Midi déjà, t'as déjà bien bossé Et la fée carabosse ne s'est pas révélée T'as faim, tu vas t'alimenter Et l'assiette sur la table t'a été enlevée Johnny, Johnny rase les murs Johnny, Johnny est un dur Johnny, Johnny fait la fête, ouais! Johnny, Johnny est une bête, ouais! Johnny, Johnny est une bête Le soir, le temps de rentrer chez toi Chez toi, c'est la tasse, le désarroi C'est bien une ville dortoir Une ville de mômes en réservoir La nuit, le jour est à toi Quarante mille dormeurs qui... Y'a pas un chat Fait froid, en attendant Devant le feu rouge. C'en est révoltant! Johnny, Johnny rase les murs Johnny, Johnny est un dur Johnny, Johnny fait la fête, ouais! Johnny, Johnny est une bête, ouais! Johnny, Johnny est une bête, ouais, ouais, ouais! Dick Annegarn JUDAS ISCARIOTH Judas jouait aux échecs avec Judas Iscarioth, avec Judas jouait aux échecs avec Judas Iscarioth et Judas en gagnait autant qu'il en perdait, évidemment! Quoique Judas était des apôtres Il n'avait aucun autre ami que lui-même Pour jouer aux échecs ou pour jouer au poker, ouais! Judas jouait au poker avec Judas Iscarioth avec Judas jouait au poker avec Judas Iscarioth et Judas en perdait autant qu'il en gagnait, évidemment! Quoique Judas était des apôtres Il n'aimait pas cet autre-là Cet énergumène vertueux et faux Si Eric Satie était de cette époque-là lui aussi Il aurait trahi le maître, il aurait miné les églises De sciences et de croyances fanatiques et strictes Les églises de sciences fanatiques et strictes Les palais de justice, les maisons de culture Les églises d'amour, les églises de toujours Les églises de jamais au grand jamais Jamais je ne croirai que Judas brûle dans un enfer! Dick Annegarn KATINGA TANGO Plein de bijoux qui vous mettent plein la gueule Plein de suze, saoule comme toute la Cologne Elle confond mambo et twist Elle tourne en rond comme un trapéziste Elle fait des pas, des petits pas charmants Pour un éventuel amant Katinga tango Katingo mambo Katinga calypso Katinga rumba Katinga samba Cha-cha-cha La salle de danse comme une carrousel tourne autour d'elle Et elle, elle pense que tout le monde danse comme elle Bien que saoule elle distingue encore bien la foule De son Umberto, de son hidalgo Il danse le rock comme le kasatchok Il ne se rend pas compte qu'il est rigolo Il danse le slow comme un taureau Il se rend pas compte qu'il est toc Umberto tango Umberto mambo Umberto calypso Umberto rumba Umberto samba Cha-cha-cha. La salle de danse telle une toupie tourne autour de lui Et lui pense que tout le monde danse comme lui Dick Annegarn L'ÉGOTISTE Est-ce que je le dis? Oui, je le dis! J'ai un amant qui m'aime, qui me ment Il dit qu'il ne m'aime pas Il joue à cache-cache, il joue, je me fâche Il tend et puis il lâche Il joue avec mes pieds et je me laisse jouer J'aime ça jouer Je joue à être à deux, comme ça Je suis heureux et je m'aime Je suis un égotiste Je suis un égotiste latent Est-ce que je le dis? Oui, je le dis! Je m'aime beaucoup, je suis mon grand loup Je m'aime farouche et doux Je me plais, je me fais plaisir Ça me plaît de me faire plaisir Je change de gamme, comme je change de rame Je mène mon bateau, haut Je joue à être deux comme ça Je suis heureux et je m'aime Je suis un égotiste Je suis un égotiste latent Est-ce que tu le sais? Oui, tu le sais! Tu as un ami qui t'aime, qui te suis À travers ta vie, ici-bas Tu es cet ami, tu es cet amant, tu es omniprésent Et si t'as besoin d'un voisin, d'une oreille Pour ta bouche; eh bien, louche! Tu joues à être deux, comme ça Tu es heureux, et tu m'aimes Tu es un égotiste Tu es un égotiste latenta Dick Annegarn L'ÉTERNITÉ (Arthur Rimbaud) Elle est retrouvée Quoi? L'éternité C'est la mer mêlée avec le soleil Âme sentinelle, murmurons l'aveu De la nuit si nulle et du jour en feu Des humains suffrages de communs élans Là, tu te dégages et voles selon Puisque de vous seules braises de satin Le devoir s'exhale sans qu'on dise enfin Là, pas d'espérance nul oréatur Science et patience le supplice est sûr Elle est retrouvée Quoi? L'éternité C'est la mer mêlée avec le soleil Dick Annegarn L'HOMME DE L'AUBE ... Frédéric Nietzsche De Rozenlaui à Austerlitz, de Vienne à Vincennes Des études de philo à Leipzig, que l'on ne s'y méprenne Son père est mort d'une mort chrétienne Perdu la tête, il a rendu l'âme Et l'orphelin laisse au soins, aux bons soin de sa mère. Sa mère, sa femme, sa soeur, trois femmes trois mélagomadames Des amis à mort, des amours à vie, des psychodrames Il ne voulait pas en avoir l'air Mais il avait l'air d'avoir pas mal souffert Des amis à mort, des amours à vie, l'homme de l'aube C'est une longue histoire que cette histoire-là Celle de l'homme de l'aube Il est venu me voir, il est venu s'asseoir, l'homme de l'aube Dans l'avenue, à l'orée du bois Dans les hautes collines de l'Engadine Éternel parcours, éternel retour, l'homme de l'aube Quand je l'ai vu, j'étais étonné Tant qu'il était nu et fatigué Vide, foutu, morfondu, comme une vieille violoncelle Il boitait Il boitait Tellement qu'il était fatigué Tellement qu'il était fatigué De marcher Il sanglotait en avançant, l'homme de l'aube Mais il avançait, le front en avant, l'homme de l'aube Dans l'avenue, à l'orée du bois Dans les hautes collines de l'Engadine Il est venu, une dernière fois, l'homme de l'aube Dick Annegarn L'INSTITUTRICE Madame l'institutrice est morte ce matin Ce matin à l'aube dans l'eau de son bain Y'en a qui disent qu'elle est décédée Moi je dis elle s'est suicidée Elle était petite et grisonnante Habillée et habile comme une gouvernante Ses armoires de fards et de devoirs Ne protégeaient plus son histoire C'était hier au cours d'histoire L'Empire romain contre les barbares "C'est", elle dit, "le début de la fin" "L'empire romain périra demain" Elle était petite et grisonnante Habillée et habile comme une gouvernante Ses armoires de fards et de devoirs Ne protégeaient plus son histoire Sans doute que peut-être que c'est mieux ainsi L'empire romain au Paradis Et nous ici sans institution Sans institutrice à chignon Elle était petite et grisonnante Habillée et habile comme une gouvernante Ses armoires de fards et de devoirs Ne protégeaient plus son histoire Sa vie à elle était loin d'être belle Mademoiselle madame veuve et mademoiselle Voyez ce que je veux dire, voyez peut-être pas Ce que je veux dire je ne le dirai pas Elle était petite et grisonnante Habillée et habile comme une gouvernante Ses armoires de fards et de devoirs Ne protégeaient plus son histoire Dick Annegarn L'ORAGE Tout seul dans ma grotte Je mijote des recettes Je trouve ça chouette La chouette c'est ma mascotte Depuis cinquante mille ans nous réglons le temps De temps en temps nous la déréglons Mon oiseau et moi nous sommes maladroits De temps en temps De temps en temps Rassemblez les nuages et à mon signal Larguez l'orage Éclair lumière descend sur terre C'est la victoire du noir sur le blanc Choeurs chantez Alléluia, olé, hourra Choeurs, chantez Alléluia, olé hourra Olé hosanna Olé hourra Éclate tonnerre, déclame ta colère Et pète la tempête et pète et repète Choeurs, chantez Alléluia, olé, hourra Choeurs chantez Alléluia, olé, hourra Olé hosanna Olé hourra Les nuages s'éloignent Au revoir mes amis noirs Il est temps que je regagne Ma marmite, mes herbes et mon grimoire Plus tard, la chouette Tu m'embêtes Remettons tout ça à une autre fois Plus tard la chouette Pourquoi pas maintenant, pourquoi pas Dick Annegarn L'UNIVERS Citoyens qui êtes de ce monde Fils de terre et fille qui les fécondent La terre n'est qu'un trou dans l'univers Un nid de fourmis, un nid plein d'humains Qui je le crois et vous avertis Est à sa fin, sur son déclin Bientôt on sera plus qu'un raisin Dans l'uni, l'uni, l'uni, l'uni, l'univers Est beaucoup plus vaste que l'on croit connaître Que l'on croit pouvoir contenir dans nos sciences L'univers est absolunivers et absolunique corpusculaire Immensément grand Relatif est notre avenir, relatif à son désir Le désir du maître des êtres Qui peut-être va nous faire disparaître Relatif est notre avenir Sa colère sera éphémère Petit saut d'humeur et la terre ne sera plus que vapeur. Par Jupi, Jupi, Jupi, Jupi, Jupiter Il se fâchera quand il s'apercevra Qu'une petite sphère faite de mer et de terre Va trop vite, sur son orbite Il nous fera disparaître Il nous fera qu'une pitch'nette Mais moi j'aurai déjà disparu Je m'éclipserai dès demain Je m'en vais dès demain Sur mon char, je me barre dardar Je m'en vais Je suis mon nez Je vais loin Dick Annegarn LA BAGARRE Deux mecs se battent, ivres Deux mecs se battent, se livrent À la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir Un pied touche une tête Deux mecs se couchent après la fête C'est la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir C'était une histoire à la West Side Story À part que le noir était un hippy L'autre bagarreur était un ancien Champion lutteur, buveur de vin Et c'est la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir Café bouffe ferment Finie la Mouffe ferme C'est la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir Le lendemain tôt Aucun des journaux ou radios Ne parlent de la bagarre, rue Mouffetard, tard le soir Dick Annegarn LA FILLE M'A DIT La fille m'a dit: "fais de beaux rêves" Je lui ai dit: "merci fille" Et puis elle s'est couchée dans son lit Et puis elle s'est couchée dans son lit Tant pis, ce ne sera pas pour moi, tant pis! Tant pis, je vais me coucher je crois, tant pis! J'ai pas envie de pleurer ma tristesse Mes larmes me font peur J'ai pas envie de montrer me détresse Devant une fille de fleur, tant pis Ce mur de pierres, entre elle et moi Sous le même toit sur le même sol, Sol C'est vraiment trop bête, c'est dommage Un mur en béton massif Comme Pyramus et Thysbe, Roméo enrhumé, seul Quelle vie, la vie que je mène, quelle vie! Quelle vie, la vie sans Hélène, quelle vie! Bientôt, mes ailes ne seront plus souples Bientôt ma vie se courbera À bientôt solitude à bientôt Mais il est déjà tôt, le dernier soleil Se lève pareil à tous les soleils Il fait déjà clair et j'ai beaucoup à faire C'est le jour de mon au revoir, fille C'est le jour de mon départ, fille Et tous les jours je pars un peu Au revoir Dick Annegarn LA GUERRE À L'ARMÉE Derrière les fougères errent Derrière les fougères, quelques écuyers Ils reviennent de faire la guerre Ils reviennent de faire la guerre à l'armée C'est des militaires habillés de fer C'est des hommes armés d'un moral d'acier C'est des baroudeurs C'est des n'aie-pas-peur C'est des déserteurs C'est des résistants En temps de paix Derrière les poubelles bêlent Derrière les poubelles bêlent les bébés Leurs mères viennent de faire taire Leurs mères viennent de faire taire la télé C'est des courageuses, lourdes comme des gueuses C'est des femmes musclées à force de lessiver C'est des douloureuses C'est des ténébreuses C'est des orageuses C'est des bonnes bûcheuses En attendant Devers cette manse immense Devers cette manse, qu'est-ce que c'est devenu? Qu'est devenu la France, Byzance Qu'est devenu la France, et le Luxembourg Des États-Unis des états amis? Des états amis des États-Unis Des états-majors Des états malades Le tueur du Pape était un curé Le tueur de l'Oise était un gendarme Derrière les fougères errent Derrière les fougères, quelques écuyers Ils reviennent de faire la guerre Ils reviennent de faire la guerre à l'armée Dick Annegarn LA LIMONADE La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l'eau Les enfants boivent de l'eau et du sirop La rigolade prend d'assaut les bécassines au bord de l'eau La vie est suave, la vivre la peine vaut Dans mon épicerie, Jean qui pleure Jean qui rit Dans mon bar sans tabac goujat Je m'y voyais déjà tavernier d'opéra Créateur d'apéros bios La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l'eau Les enfants boivent de l'eau et du sirop La rigolade prend d'assaut les bécassines au bord de l'eau La vie est suave, la vivre la peine vaut Dans mon estaminet il y a des mets pour gourmets Des menus pour enfants gourmands De ma timonerie je vois passer la vie De petits et de grands clients La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l'eau Les enfants boivent de l'eau et du sirop La rigolade prend d'assaut les bécassines au bord de l'eau La vie est suave, la vivre la peine vaut Dans ma petite famille, il y a de la mélancolie Y a de l'alcoolémie aussi Dans mon latifundia du raffut de loufiat Du grabuge de vieux rat ingrat La limonade coule à flot, dans mon auberge au bord de l'eau Les enfants boivent de l'eau et du sirop La rigolade prend d'assaut les bécassines au bord de l'eau La vie est suave, la vivre la peine vaut Dick Annegarn LA TRANSFORMATION Près de l'eau prés de l'au-delà Près de l'eau de la fontaine Près de l'eau de la fontaine Près de l'eau de la fontaine se trouve mon mécène Que j'aime autant que les arbres, le vent Qui battent le temps, le temps d'une mesure Et au fur et à mesure que le chant avance La faune et la flore et les métaphores Entrent en transcendance en transformation Dieu des dieux Dieu du feu Dieu de toutes les fibrilles Il est beau le bruit du bois Il est beau le bois Il est beau le bois Le bruit du bois Il est beau le bois duquel je viens et je viens Vous dire que j'ai rien à dire Mais que l'on respire mieux là-bas Sur le haut plateau, près de l'eau de là Fontaine qui insuffle la vie Près du zéphyr celui qui inspire à la transformation Dieu des dieux Dieu du feu Dieu de tous les chaînons Je ne mangerai pas ta pomme, pas ta pomme Non je ne mangerai pas ta pomme Non je ne mangerai pas de ta nourriture Nourriture d'une terre dont la sève est sûre Et le fruit amer, d'une culture forcée Par la main de l'homme En dépit des dieux Ceux qui avec nous sont prêts à tout Pourvu qu'on leur laisse la transformation Dick Annegarn LANCELOT On m'a demandé de vous conter une histoire Que vous êtes sensés ne pas connaître déjà Je peux demander votre attention, attention c'est trop tard On y va, on démarre dans l'histoire Dans un pays de cendres et de ruines sans époque Dans une odeur de marchand d'héroïne qui suffoque Sous la poussière, la terre tremble encore Dans un cratère un enfant qui dort Un enfant qui a survécu Innocent et imprévu Il était fort, il était beau, Lancelot Le seul enfant intelligent restant Et Lancelot avait un ami vipère Tous les matins, ils quittaient leur cratère Empoisonner et détériorer Les choses pourries et pour cause Un beau matin comme tous les matins faisait faim Et Lancelot et l'ami vipère et son venin Se mettent en quête d'hommes pour les manger L'ami vipère empoisonne les tarés Ce matin-là, il y avait plus personne Y avait plus que les bons et les bonnes Puisque les mauvais sont dévorés, digérés Avalés, sécrétés, oubliés, périmés Y a plus que les bons et les beaux Hissez tous vos drapeaux Les ruisseaux ont de l'eau à nouveau Dick Annegarn LE BLUES DE LONDRES Les buildings et les bulldogs consomment tout l'air pour mon bubblegum Les buildings et les bulldogs en somme little bibendum Les buildings et les bulldogs consomment tout l'air pour mon bubblegum Les buildings et les bulldogs in the bubblegum jungle Pas de lumière sur ma moto Et ça peut me coûter cher sur le boulevard des maréchaux Et si je quitte la route c'est qu'il est pas trop tôt D'aller en déroute pour d'autres eaux Le blues de Londres le spleen de Lille Le rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes Je m'égare le long de longues files de voiture en stationnement Et ces autos immobiles me font l'effet d'un enterrement Par malheur je trouve quelqu'un pour me demander le chemin Ce quelqu'un me dit "écoutes-moi bien cette rue tu vois elle te mène à rie n" Le blues de Londres le spleen de Lille Le rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes Comment s'appelle encore le smog quand ça te tombe Sur le coin de la gueule Comment s'appelle encore la vogue de ces messieurs Quand ils sortent de l'hôtel de l'Elysée d'un choix de loi De Buckingham Palace et de petits pois Je te dis que tous ces stars du grand monde ne manquent pas d'air Et qu'en fait c'est vraiment pas bizarre quand tu voyages en Canad'air Et que quand que tu as tout t'as beaucoup besoin de beaucoup de choses Et qu'en fait c'est vraiment pas facile d'y éviter l'overdose De blues de Londres de spleen de Lille De rock de Rotterdam et le smog de toutes les villes Ce que Belleville et Soho et Naples ont de commun C'est que toutes leurs sacrés sonos gueulent dans tous les coins Et que toutes ces foutues autos font le bruit d'une lourde industrie Et qu'en fait c'est vraiment pas facile d'y éviter l'avarie Dans ce blues de Londres ce spleen de Lille Ce rock de Rotterdam et ce smog de toutes les villes Pas de lumière sur mon auto Dick Annegarn L’EAU EST LÀ L’eau est là, Ça se voit dans les yeux des enfants et des vieux d’Essaouira L’eau est là, Ça s’entend dans la voix des bergers qui saluent l’étranger que l’eau est là Il n’y a pas si longtemps, canicule dans la plaine Aussi sec et cassant que de la porcelaine Rien ne pousse plus, aucune plante ne résiste Dans un tel cagnard dans un tel sinistre Mais l’eau est là, Dans les puits, sous la terre, dans les tiges des fougères, l’eau est là L’eau est là, Dans les airs, dans la mer dans le ciel planétaire, l’eau est là Silence immense, un vide évident Personne ne sort d’ici vivant Rien ne tient plus, ou alors par béquilles En ville, c’est bien pire, les murs s’écarquillent L’eau est là, Ça se voit dans les voiles qui caressent les fesses des femmes que l’eau est là L’eau est là, Ça se voit dans les yeux des neveux de Séville qui scintillent la nuit que l’eau est là Tout périt pire que dans la misère Touchant n’importe qui, touchant n’importe quand Canicule dans la plaine le museau dans la laine Un sirocco chaud balaye mes yeux clos L’eau est là, Elle nous draine dans nos veines un mélange d’oxygène, d’hydrogène et de gènes L’eau est là, On arrête bien le feu, mais on n’arrête pas l’eau, parce que l’eau c’est la vie, L’eau est là Dick Annegarn LE GRAND DÎNER Six heures du soir, ils vont arriver Je vais m'asseoir me reposer Pour avoir l'air décontracté je vais me raser Je crois que je sens un peu les légumes Je vais mettre mon costume Oh puis non, ils vont rire de moi comme l'autrefois... Que j'avais ciré mes chaussures pour aller en voiture Mes amis ne sont jamais à l'heure Ils ont toujours à faire Mais ils ne repartent jamais de bonne heure Allez encore un verre Jean et Mariane, Suzanne et François Robert et Danièle, Joëlle et Michel Il n'en manque qu'un, j'ai dressé pour neuf Le neuvième c'est qui, ah oui c'est le veuf Le veuf c'est moi et j'attends Pendant que je bois mon troisième verre de vin blanc Mes amis ne sont jamais à l'heure Ils ont toujours à faire Mais ils ne repartent jamais de bonne heure Allez encore un verre Il se fait tard, pourvu qu'ils viennent Tout le caviar je l'ai donné à la chienne Et si ça continue les bouteilles seront vides Je crois que je vais partir en Floride Une table vide que je préside C'est le bide Mes amis ne sont jamais à l'heure Ils ont toujours à faire Mais ils ne repartent jamais de bonne heure Allez encore un verre Dick Annegarn LE GRIS J'ai le gris J'ai le gris de ma vie J'ai le gris J'ai le gris de ma vie De mes nuits Et au total, au total Ça va pas mal mal Quand j'ai le gris Quand j'ai le gris de ma vie De mes nuits J'ai la moelle de l'épine dorsale qui me fait mal Quand j'ai le gris Quand j'ai le gris de ma vie De mes nuits Le rouge flamboie Le vert déprime Le blanc voit pas Ce que le bleu devine Dick Annegarn LE PIANO PLEURE Le piano pleure Des touches qui coulent Des larmes de pleurs Le piano pleure Porcelaine Pétales d'ébène Les pizzizzicato Syncopent encore le contrepoint Les pizzizzicato Plantent des plumes, plantent des plumes Mais quel vent t'a emportée? Le papillon frôle Le verre brûlant Du réflecteur Le papillon meurt À la lumière Du réverbère Tango de Gdansk Tango vodka Tango mazurka Slovack tango Mais quel vent t'a emportée, idée? Les violons shuntent Ils shuntent et redressent Leur allégresse Les violons chantent Un mouvement Qui sent la menthe Piano ma nonne troppo Piano, pianissimo Piano ma nonne forte Piano Mais quel vent t'as emporté, idée inexprimée? Dick Annegarn LE ROI DU MÉTRO Le 7 mars de l'année 1972 À 10h32 précise Le roi d'une petite pelle Fit éclater sa cour d'applaudissements pervers En attribuant humble participation à ce métro prolétaire Place de Brouckère 729623 ouvriers Après le roi manièrent la pelle Quoique non dorée Et sans jour précis Vous n'entendrez plus jamais parler d'eux Ni de leurs bleus ni de leurs "nom de dieu" Ils sont la concrétisation de le matérialisation moderne Moderne métro remplace l'auto Qui remplace la moto qui remplace le vélo Et bientôt aussitôt que le métro devient rôt Faut sortir les chevaux Le 7 mars de l'année 1972 À 10h32 précise Le roi d'une petite pelle Fit éclater sa cour d'applaudissements pervers Le 7 mars de l'année 1972 À 10h32 précise Le roi d'une petite pelle Creusa la tombe de Bruxelles Dick Annegarn LE SAULE Saoule le saule Qui saoule la Marne Qui marne le saule Souille la vague Qui va à la vase De ton tronc d'eau L'eau lave l'eau lave l'eau lave l'air Saule pleureur saule pleure Houle des hanches Tes hanches de branches Tes branches de fleurs Voue à la voile Atoll d'étoiles Tes larmes de pleurs L'eau lave l'eau lave l'eau lave l'air Saule pleureur saule pleure Voûte l'épaule Pieuvre de gaule Pieuvre de bois Bois le calice Calice propice Aux ombres d'eau L'eau lave l'eau lave l'eau lave l'air Saule pleureur saule pleure Dick Annegarn LE TRAVERSIN Je croyais que t'étais dans mon lit enfin j'espérais C'est ma dernière nuit ici dans cette maison Et je meurs d'envie d'être ailleurs ou ici avec un comme toi Oui je vis une absence une non-existence un état de manque Ta tête n'est plus sur le traversin Le traversin à travers le lit Les draps sont sales Sentent l'animal de plusieurs nuits chaudes nuits chaudes Je croyais que t'étais dans mon lit je te devinais Je devinais déjà le chaud de ton corps sous les couvertures Une dure surprise qui m'attendais là une drôle d'embrouille Quand j'ai vu que tu n'étais plus là une drôle de trouille Ta tête n'est plus sur le traversin Le traversin à travers le lit Les draps sont sales Sentent l'animal de plusieurs nuits chaudes nuits chaudes Chaque fois que mon sang bondit dans le lit de mes veines Et à chaque marche que mon pas franchit dans la nuit de mes peines Et à peine j'oublie son azalée que je vois son soleil Pareil à tout ce qui peut s'interploser entre deux orteils Ta tête n'est plus sur le traversin Le traversin à travers le lit Les draps sont sales Sentent l'animal de plusieurs nuits chaudes nuits chaudes Dick Annegarn LES ENFANTS Tous les enfants dans leurs draps dorment d'un sommeil innocent Innocent enfant La nuit est un doux refuge de rêves Des fils de soie reposent sur les cils de l'enfant Innocent enfant Que le blanc linge te protège! J'aurais bien été ton grand grand frère Je t'aurais gardé dans ton lit Je t'aurais monté de longues histoires Sapristi, tu te serais endormi! Tous les enfants dans leurs draps dorment d'un sommeil innocent Innocent enfant La nuit est un doux refuge de rêves Des fils de soie reposent sur les cils de l'enfant Innocent enfant Que le blanc linge te protège! Dors, de ton sommeil d'or, dors! Petits et grands Les enfants sont d'or et d'argent Faufilés de fils blancs Grands et petits Les enfants aiment la vanille Dans le train de spéculoos Dans le train de massepain Dans le train de l'enfant Sur le dernier wagon un coffre fort Avec la gomme des parents, dedans Le ciel est plein de nuages et de paysages Nuages coton bleu blanc blond au-dessus du village Le vent descend dans la rue, prend le chapeau du passant Que l'enfant prend, le lance dans le vent Le chapeau du passant dans les nuages de l'enfant Au-dessus du village Le ciel des grands est beaucoup plus petit Que le ciel des enfants Enfant, ne deviens jamais grand! Dick Annegarn LES GUEUX Des murs de gris, des murs de prières Entre de mines de nicotine sulfite de fer Des femmes attendent entre des murs de rouille tâchés Tâchés d'eau-de-vie d'une vie trop dure à supporter Les hommes sont sortis pour parler de la grève La grève du siècle Ouvriers Ils sont fâchés. Ils ne sont pas contents Ils viennent cracher leurs mécontentements Ils sont nombreux l'ombre dans les yeux Sombres et ombrageux Les gueux Les gueux ne capituleront plus devant le culot des autorités Les gueux se manifesteront à toutes les saisons et À tous les mois s'il le faut ils ne lâcheront pas Les gueux ne capituleront plus devant le culot des autorités Qui elles reculeront bien sûr selon toute opportunité mais Aucun discours n'apaisera plus la colère La colère du siècle Ouvriers Ils sont fâchés. Ils ne sont pas contents Ils viennent cracher leurs mécontentements Ils sont nombreux l'ombre dans les yeux Sombres et orageux Les gueux Où c'est qu'il est le grand et fort poilu Monsieur qui marchait ici devant a disparu Derrière les gueux et devant moi C'était lui le chef, je crois Ça s'est passé en un éclair: enlevé Trois mecs trois masques et trois matraques puis quelques coups Personne ne l'a vu ce tout à coup a passé inaperçu Et eux les gueux, ils continuent Ils sont fâchés. Ils ne sont pas contents Ils viennent cracher leurs mécontentements Ils sont nombreux l'ombre dans les yeux Sombres et orageux Les gueux Dick Annegarn LES TCHÈQUES À quoi pensent les tchèques? Quand ils pensent à quelque chose? Pensent-ils comme des tchèques? Pensent-ils rouge ou pensent-ils rose Ou pansent-ils leurs plaies? Jolie dame dans le tram Jolie parapluie Êtes-vous déjà une madame Ou bien une petite fille? Vieux monsieur aux yeux si bleus Vieil imperméable Est-ce que Prague est à vos voeux Ou bien insupportable? Jeune garçon aux yeux si claires Vas-tu à l'école? Vas-tu voir ton grand père? Ou bois-tu son alcool? Tendre mère avec sa fille Petit sac à dos Êtes-vous parti pour la vie? Ou seulement pour Brno? Dick Annegarn LILLE Colombophile à Lille Dans les gouttières d'hier Il vaque à ses occupations S'occupe de ses chers oisillons Haltérophile à Lille Dans les vestiaires de hier Il voit passer des drôles d'archanges Des arcs et des flèches étranges Sans domicile à Lille La vie est bien trop chère Il va, vit et veut voir tout ce qu'il peut Se mouche dans les étoiles quand il pleut Dick Annegarn LOIN DE LÀ Loin de là Loin de là Loin de l'agglomération Loin de là Au-delà de l'horizon Au delà Loin de la circulation Loin de là Pas loin de dix ou douze millions D'humanoïdes paranoïdes Pas loin de ça Pas loin de dix ou douze millions D'humanoïdes Qui se piétinent Qui s'ignorent Qui baratinent L'inodore Pari-Pari-Parinoïa Loin de là Loin de l'agglomération Loin de là Au delà de l'horizon Au delà Loin de là Dick Annegarn MAISON À VENDRE Maison à vendre avec vue sur la mer Et sur les polders Maison en Hollande, c'est pour pas très cher Nous sommes experts C'est une bonne affaire à faire Mais l'annonce ne dit pas que ma mère, elle, naquit là Ainsi que sa grand-mère et son grand-papa Ainsi que son frère mort entre deux guerres Et l'annonce ne parle guère du passé qu'elle y enterre Huis te koop, goed voor de sloop Niet te huur, dat komt je te duur Koop het gauw, koop het nou Wij geven ook krediet Krediet, krediet, wij geven ook krediet Maison à vendre, avec vue splendide Sur le Zuiderzee Maison en Hollande, construction solide Intérieur rustique C'est une bonne affaire à faire Et l'annonce oublie bien sûr de parler de la clôture Et des fils barbelés pour séparer les maisonnées Ce que l'annonce ne dit pas enfin tu le verras Huis te koop, goed voor de sloop Niet te huur, dat komt je te duur Koop het gauw, koop het nou Wij geven ook krediet, krediet, krediet Wij geven ook krediet Maison à vendre, cette maison est à moi Mais c'est la loi Maison en Hollande, si vous avez les sous Le monde est à vous C'est une bonne affaire à faire Dick Annegarn MAISON ROSE À chaque étage des visages par milliers À chaque fenêtre des peut-êtres familiers Chacun sa gloire, chacun l'histoire de son passé Personne n'est dupe, personne ne bouge dans ces obsèques Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait ce qui s'est passé Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait comment ça s'est fait Dans cette famille y avait des filles et des garçons Y avait de la tante y avait de la rente et du viager Y avait de quoi partager comme désarroi La désareine s'est prise la peine de s'évader Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait ce qui s'est passé Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait comment ça s'est fait Irène Boulin rebroussait chemin nonchalamment Vers son destin elle faisait sien Des yeux humains transhumains Un soir sursit où elle fit fi d'un fidèle chien Ce chien de race avait la classe d'un chien de chasse Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait ce qui s'est passé Qui c'est qui sait, qui c'est qui sait comment ça s'est fait Une maison rose une maison close à Gournay Une maison vide chaleur torride dans les bosquets Elle brûle le feu elle joue l'enjeu de son forfait Ne se souvient de presque rien de rien de bien Dick Annegarn MAL DE DENTS Poésie, alchimie, arsenic et phosphore Alambic, eau de lie, névralgie dehors! Voulez-vous que je vous dise mes moments les plus forts? Voulez-vous que j'anatomise mes dedans dehors? Je n'ai plus foi en personne et j'envoie tout en l'air Quand ça me rerésonne dans la masse molaire Mmmmmmmmmmmmmmmmmal de dents Ça revient comme une fièvre, faut descendre sur terre Ça se lit pas sur les lèvres, c'est derrière: l'enfer Comme un champ magnétique, que survolent les faucons Dont je suis la victime, dont je suis le con Oui, je me plains d'un mal bien peu pathétique Mais c'est un mal quand même, c'est un mal de dents Tous mes crocs se délabrent, il m'en reste plus guère C'en devient même macabre, comme un cimetière Un problème insoluble dans l'eau, dans de là Dent de lit, dent de lait, j'ai donné déjà Oui, je me plains d'un mal qui rapporte du fric Mais ça m'enlève quand même pas le mal dedans Mal dedans, mal dedans, mal dedans, mal dedans, mal dedans Dick Annegarn MAMAN MAMAN Maman, Maman, tu m'as mis au monde il y a bien longtemps Maman, Maman, je t'en suis toujours reconnaissant Parti pour pays Ouïgour qui m'attends personne Parti pour le Kirghizistan c'est qui m'attend ? Maman, Maman, tu m'as mis au monde prématurément Maman, Maman, je serais bien resté un peu plus longtemps A l'abri du mur de bruits qui dehors résonne A l'abri d'un ciel qui brille et trop fort rayonne Maman, maman, je ne t'ai pas trouvé au firmament Maman, maman, toi qui déplaces les mers qui déplace les vents Souffle fort un vent du Nord mouillé par l'Ouest un temps qui peste Souffle fort traverse les ports vent de l'est rafales funeste Maman, Maman, ce n'est pas le moment de faire le ménage Maman, Maman, pose ton seau, pars en voyage Elle est belle, dis, qu'est ce qu'elle est belle, maternelle pucelle Elle belle si éternelle, immortelle, sempiternelle Maman, Maman, tu me manques toujours énormément Maman, Maman, rendez-vous plus tard au firmament Dick Annegarn MAUDIT MAL Joao Joao le romano Et Jean fils de gitan Ne vont ni en colo Ni à l'école ni en vacances Ils pensent qu'on ne peut pas se vanter D'être un aventurier Sans avoir fait la route Rodent comme on peut roder Quand on a quitté son domicile adoré Sur les murs Des loups hurlent Doucement Maudit mal maudit mal maudit mal maudit mal de tête Maudit mal de siècle maudit mal de l'âme maudit mal maudit mal Maudit mal maudit mal maudit mal maudit mal de l'être Maudit mal de l'autre maudit mal de vivre maudit mal maudit mal Joao porte le sac à dos Et Jean accoste les passants Dit pardon de demander pardon Auriez-vous l'heure ou un cigarette C'est bête que d'avoir quatorze ans Et d'avoir ni le temps Ni l'argent pour vivre Vaudrait peut-être mieux voler Ou bien se rebeller Plutôt que d'être Dans la brume Deux enfants fument Doucement Maudit mal maudit mal maudit mal maudit mal de tête Maudit mal de siècle maudit mal de l âme maudit mal maudit mal Maudit mal maudit mal maudit mal maudit mal de l'être Maudit mal de l'autre maudit mal de vivre maudit mal maudit mal Dick Annegarn MELCHIOR En plein dans la fleur de l’âge Ce garçon a tout pour plaire C’aurait pu être mon petit frère Bon teint et beau tatouage Ce garçon a tout pour lui C’aura pu être mon ami Un dieu presque vieux Une peau de pomme Un mec presque sec Un homme Enclin au vagabondage Ce garçon a les bras lourds Par le poids de trop d’amour Sans vin et sans baroudage Ce garçon à l’âme pur Vu s’il mène la vie dure Enfin, enfin quelqu’un de sage Qu’a-t-il vu ou entendu Pour en être si mordu Combien y a-t-il de rois-mages Qui se sont mis à genoux Devant la couche d’un si petit bout Prochain et lointain virage Ce garçon a pris son sac Il a dû sentir l’arnaque Chagrin et baragouinage N’ont pas vraiment prise sur lui Il s’en va, mais ne s’en fuit Dick Annegarn MÊME EN HIVER Même en hiver ce pays est beau même si les oiseaux sont de proie Merveille sur terre qu’un champs plein d’agneaux dont la laine tient chaud dans le froid Derrière les nues, derrière les nuées, derrière les nuages Hiver astral les étoiles sont loin et le vide est interminable J’aime quand il pleut, j’aime quand il plie, J’aime quand il meurt dans mes yeux J’aime quand il rit, quand il sourit, J’aime il vit dans mon lit C’est au printemps que la sève monte celle qui alimente les plantes Sacré printemps plus que d’habitude une plénitude en attente C’est des nimbus, cumulonimbus, venu de Venus dans les strates Pluie éclaircie un effet de pompe sur les composantes chlorophylles J’aime quand il pleut, j’aime quand il plie, J’aime quand il meurt dans mes yeux J’aime quand il rit, quand il sourit, J’aime il vit dans mon lit C’est en été, que le temps s’étend, temps qu’on attend tant, tous ensemble Temps des vacances, temps des transhumances avant les errances de septembre Pendant ce temps, le monde paysan s’en va moissonnant sa souffrance Roundebalant, balançant la danse en glanant l’essence des semences J’aime quand il pleut, j’aime quand il plie, J’aime quand il meurt dans mes yeux J’aime quand il rit, quand il sourit, J’aime il vit dans mon lit C’est en automne que le tonnerre tonne une dernière donne pour les dames Noces de nonnes feuille d’or entonne chansons polytone de l’âme Gris est le ciel, jaune est le miel, les monde est providentiel Moraine médiane, moraine souterraine quand le lac de glace s’avance J’aime quand il pleut, j’aime quand il plie, J’aime quand il meurt dans mes yeux J’aime quand il rit, quand il sourit, J’aime il vit dans mon lit Dick Annegarn MIROIR Dis-moi ce que tu penses de l’ambiance ce soir Ça balance en cadence Et toi tu fais ta tête noire Souplesse jeunesse, le monde est à toi Miroir, je te déteste te hais Devoir te voir comme un portrait Ça m’exaspère Dis-moi toi, tu me déçois moi Que je ne te revoie plus chez moi Tu m’étudies me déshabille de tes yeux galvanisés Tu me défies, je t’en prie, je ne t’ai pas invité Miroir, je te déteste te hais Devoir te voir comme un portrait Ça m’exaspère Dick Annegarn MIREILLE Permettez-vous Que j'empreinte votre oreille Histoire de vous raconter L'histoire de Mireille Mireille est une mouche Comme toutes les mouches Le soir elle se couche A l'aube elle se réveille Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum Un jour elle atterrit Dans la cellule d'une crapule Raymond était son nom Il tirait vingt ans de prison violeur voleur tueur Raymond attend son heure Abruti par l'ennui la mouche le surprit Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum Raymond bonjour la mouche Mireille bonjour Raymond Soyons de bons amis Des amis pour de bon La brute apprivoisée Passant toute sa journée A jouer avec Mireille Pour bonne conduite est libéré Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum Qu'est ce qu'on peut bien faire Quand on sort de prison Dans une poche une mouche Dans l'autre quelques ronds Si je me faisais dompteur De puces de cafards et d'abeilles Je serais manager la bête de scène Serait Mireille Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum Voyons ce que ça donne Voyons si tu étonnes Les clients de ce bistrot Mireille va faire ton numéro Tiens une mouche, pardon dit le garçon Et d'un pouce farouche Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum zoum zoum zoum Zoum Mireille Dick Annegarn MIROIR Dis-moi, ce que tu penses De l'ambiance, ce soir Ça balance en cadence Et toi tu fais la tête noire Souplesse jeunesse Le monde est à toi Miroir je te déteste, te hais! De voir te voir comme un portrait Ça m'exaspère Dis-moi, toi, tu me déçois, moi Que je ne te revoie plus chez moi! Tu m'étudies, me déshabille De tes yeux galvanisés Tu me défies je t'en prie Je ne t'ai pas invité Miroir je te déteste, te hais! Devoir te voir comme un portrait Ça m'exaspère. Dick Annegarn N.O.S AMITIÉS Je t'aurais bien vu Être de la fête Faire la guindaille Je t'aurais bien vu Perdre le tête Finir ripaille Mais ça n'aurait pas plu À l'entourage Qu'on se partage Nos amitiés Et nos ambages Pour initiés du voyage Je me serais bien vu Être moins bête Avoir du culot Je me serais bien vu me compromettre Me jeter à l'eau Mais, ça n'aurait pas pu Se faire sans heurt Sans peine et sans peur Sans provoquer La terreur Sans éhonté nos petites soeurs Dick Annegarn NI ÇA NI LÀ Après l'école l'enfant reprend le chemin des grands Après l'école l'enfant décolle Ni ça ni là ni responsable Comme seul bagage un seul cartable Cartable d'ailleurs d'un autre monde Que celle lequel ses rêves l'inondent Ni ça ni là ni responsable Comme seul bagage un vieux cartable Cartable d'ailleurs d'un autre monde Que celle lequel ses rêves l'inondent Dick Annegarn NICOTINE QUEEN Au bar du bar-tabac, en formica Tu planes avec ta gitane, tu racontes des histoires Mais le correspondant que t'as téléphoné est occupé Alors tu tires encore un coup sur ta cigarette Tu fumes, comme un nicotine queen Qui frime, comme un nicotine queen Tu blases le sexe et le luxe, tu les mets dans ta poche À t'en croire, ta bagnole, ça c'est autre chose C'est ton char de tueur de prime Tu envoies tout le monde sur les roses Tu domines et tu fascines Comme un nicotine queen qui fuzz Comme un nicotine queen qui punk Au bar du bar-tabac, en formica Tu planes avec ta gitane, faut te voir Quand tu lis le grand journal, journal de boulevard Tu te dis: "ça me regarde pas" et tu ranges ton foulard Comme un nicotine queen qui frime Comme un nicotine queen qui fuzz Maintenant que tu es propre et clean Maintenant que t'es un mec réussi Tu es pop et rock, en même temps Que tu bois du gin-fizz Tu écoute du Tamla-Motown à longueur de nuit Tu te crois né à Tennessee Mais il n'y a que tes poumon, Il n'y a que tes lunettes qui sont noires Tu n'es qu'un nicotine queen Tu n'es qu'un nicotine queen Qu'un nicotine Qu'un nicotine Qu'un nicotine queen... Blanc Dick Annegarn NOGENT-SUR-MARNE Nogent-sur-Marne, Nogent Nogent la môme, le ventre en avant T'es malade du coeur, Nogent T'es toujours en sueur, ou alors le foie trop grand Tu dénigres tous ces jeunes, qui fichent plus rien C'est pas comme toi, tu en chies, tu cuves ton vin Et dès que ça se présente, tu te souviens De tes trois coups en quarante, c'est ton Verdun Tabac et baguette, Nogent Petite anisette ou petit vin blanc Tu ne crois pas que c'est assez, Nogent D'être la risée de tes enfants La délinquance juvénile, ça te connaît N'ont qu'à se rendre un peu plus utiles, dans le progrès Mais au bistrot t'auras jamais tort, jamais raison Tant que tu bois et que tu décores le patron Ton pont de Mulhouse, Nogent Petite écluse pour petit agent À jeun il est gentil et pourtant Vaut mieux se faire petit ou alors être blanc Ou avoir plein de fric, Nogent Et ne pas faire de politique Et si c'est le cas tu es un cas Faut te caser dans un casier Nogent-sur-Marne, Nogent Honoris patria, papa triumvirat Comme aux États-Unis, Nogent Tu fais taratata et toute l'armée suit Dans tes impasses se passent des choses, que tu redoutes Pendant que tu forces sur la dose, pendant que tu broutes Y a d'autres outres qui construisent d'autres demeures Sans moyens et sans devises, mais pas pour du beurre Pas pour rien Pas pour des prunes Pas en vain Dick Annegarn NOTHING Nothing to say, nothing to long for Nothing to sing, nothing to wait for Nothing but love, love of your neighbour Nothing, no dove, nothing, no harbour Nothing, this is a life of nothing But a joke, just to make records Smoke, to build the town And coke, for the guerillas Pills, for the trills Ai-ai-ai, Maria Ai-ai-ai, me-love Ai-ai-ai, Dolorès Ai-ai-ai enough, of nothing Nothing Nothing Nothing Nothing, this is a life of nothing Nothing, the Bee Gees No one; the fly flees To tight, reflections of No light from above Ai-ai-ai, Maria Ai-ai-ai, me-love Ai-ai-ai, Dolorès Ai-ai-ai enough, of nothing Nothing Nothing Nothing Nothing Dick Annegarn OISEAU Froid comme un piano Qui aurait froid dans le dos Et le mi bémol, fa Froid comme une vidéo Dont le bleu halo Inonde l'atmosphère... Coi, comme un mort oiseau tombé sans tombeau Au bord de la route Coi, comme un bruit sourdeau donné par silence Pour diligence... Oiseau, oiseau, tu viens de haut, tu viens de loin... Tu viens de franchir les chemins aériens... Oiseau, oiseau, ton dos me porte en quelque sorte Tes ailes me mènent par dessus plaines et vallée morte Oiseau, oiseau Bouleau, bouleau ne cède pas dessous mon poids Je ne serais pas un bon tombeur Bouleau, bouleau, ton doux feuillage me fait l'hommage De son ombrage c'est un adage pour moi... Bouleau, bouleau Auto, autocar, tu dévales la côte à toute berzingue T'es devenu dingue avec des bagages sur le toit Auto, autocar Et je m'accroche au carénage de ta carcasse À chaque virage c'est l'exploit Auto, autocar Froid comme un piano Qui aurait froid dans le dos Et le mi bémol, fa Froid comme une vidéo Dont le bleu halo Inonde l'atmosphère... Coi, comme un mort oiseau tombé sans tombeau Au bord de la route Coi, comme un bruit sourdeau donné par silence Pour diligence... Dick Annegarn Où ES-TU MOHAND ? Où es-tu Mohand pas dans nomansland ? Pas dans Nederland mon ami Mohand ? Parmi les oiseaux parmi les flûtiaux Parmi les pipeaux parmi les troupeaux Et ta famille va-t-elle si bien que tu les dis ? La prophétie est ce qu’elle te convient ou est ce qu’elle te convie ? Et mon ami de Berbèrie est ce qu’il me confie ? Les doux soucis de son pays de sa patrie ? Les rois et les reines s’encore maintiennent encore Les jours vont et viennent sans peine sans mort Et toi mon ami ou vas-tu la vie ? Dans quelle barbarié t’es tu mis ? Où vas-tu Mohand pas dans nomansland ? Pas dans Nederland mon ami Mohand ? Omnis Mundi C'est quand il neige que cette histoire remonte A la surface de ma mémoire c'est quand il neige C’est quand il gèle, que je la vois venir à moi Cette sentinelle venu du froid c’est quand il gèle Vilaine vengeance, a chaque graine une autre graine A chaque peine une autre peine nouvel engeance C'est bien leur fête, c'est bien leur fils, C'est bien leur frère, c’est bien germain, de francs cousins, c’est bien leur fête Omnis mundi créatura quasi liber et pictura Nostrae vitae nostrae mortis nostri status nostrae sortis Pas d'armistice, ils se savent condamnés à venger En échange d'être vengé pas de justice Pas d’indulgence, la spirale d’une famille en folie Qui décide un jour de faire le tour du voisinage Un tour de rage, la petite cousine refuse net, Et c'est même pas peut-être, un faux mariage Une folle offense, une folle outrance, Qu’elle paye cher par exil par répudiance Omnis mundi créatura quasi liber et pictura Nostrae vitae nostrae mortis nostri status nostrae sortis Un autre monde, c’est de l’autre côté Que la paix soit louée du bout du monde Quelques nuages accompagnent les bagages D’un exil, double exil, d’un long voyage Passage à l’âge, il a vu et revu Et prévu et prévenu son héritage Testamentaire, la famille est brisée, Pour toujours abonné chez le notaire © 2004 dae Dick Annegarn ORBRE Il y a de l'or aux arbres il y a du bleu au ciel Il y a du blond aux barbes il y a du goût au miel Il y a de l'eau au fleuve il y a de l'eau de pluie De l'eau qui abreuve les veines de la vie Je te nomme chevalier de la feuille d'or C'est tout comme gentilhomme Je te somme de faire mieux encore Que les hommes à la peau de porc Il y a de la rhubarbe il y a du caramel Il y a des veines au marbre il y a des arcs-en-ciel Et si je veux qu'il pleuve c'est de savoir ici Je ne suis veuf ni veuve garçon aguerri Je te nomme chevalier de la feuille d'or C'est tout comme gentilhomme Je te somme de faire mieux encore Que les hommes à la peau de porc Il y a des ducs d'Hollande il y a des hirondelles qui ensemble Demandent une partie du ciel Il n'existe au monde d'été éternel Que dans le creux d'une onde d'une main fraternelle Je te nomme chevalier de la feuille d'or C'est tout comme gentilhomme Je te somme de faire mieux encore Que les hommes à la peau de porc Dick Annegarn PALADIN BRACONNIER La lune éclaire la clairière où je passe la nuit Devant le grand tribunal des sapins Au grand jury, je prêterai serment Je dois prouver ma prouesse Je dois faire preuve de sagesse Et je le prouverai! À vous, magiciens, astrologues, cosmologues Alchimistes, braconniers, et sorciers Je vous prouverai! Je n'ai point peur! Je me sens dru! Je me sens fort! Le monde dort, loin dans la plaine Le monde ignore ma grande veine Je vais peut-être être admis Parmi le clan des noctambules braconniers Depuis plusieurs nuits Je guette le loup, je le sais près d'ici Le monde dort, loin dans la plaine Le monde ignore ma grande veine Que j'ai à ramener des poils de loups Au clan des noctambules braconniers Je vais tâcher d'amadouer Ce loup farouche avec une souche imbibée d'éther À nous le loup! À nous deux voeux! Mais ne pars pas, par mes aïeux! Loup ne fuit pas dans ta cachette Je ne suis pas à la requête, ni de ta tête, ni de ta queue Je voulais seulement quelques touffes de poils de ton pelage Le monde dort, loin dans la plaine Le monde ignore ma grande déveine Je ne serai pas admis Parmi ce clan des noctambules braconniers Dick Annegarn PANGÉE Bientôt quatre milliards et six cents millions d'années Que déjà la terre s'est formée Même pas encore aucune espèce en vue Même encore aucun individu Devine le vide Devine le vent Devine le feu Devine l'eau Par photosynthèse composée Spores de gymnospermes germés Des annélides spirographes Aux urodèles à colonne unique Devine des stipes Devine des prêles Devine des palmes Devine des nimbes Des prédécesseurs aux coléoptères Aux ornitholestes archéoptéryx Des nautiloïdes ichtyosaures Aux poïkilothermes diplodocus Devine de longues coquilles Devine d'énormes crustacés Devine de larges chenilles Devine d'étranges vertébrés Sans aucun cousin ni cousine connue Sans aucune commune affiliation Membre d'aucun clan, d'aucune famille Espèce d'espèce en voie de perdition Devine un météore Devine un météore qui va vite Devine une bombe qui tombe Devine une couche d'iridium PANGÉE GONDWANA TETHYS L'AURASIA Dick Annegarn PATERA Patera ça sent fort le bois qui craque. Patera du bois blanc avec une flaque Gibraltar est une pute sacrée Faut payer le passeur en pesetas Passé l’heure, c’est trop tard les gens s’entassent L’aventure commence à Fuerteventura Carralejo La patera passe Carralejo La patera passe Compagnon de menu embarcation Cro-Magnon au milieu de l’océan Sommes-nous faits pour que nos voix s’entendent À bâbord y a de l’eau jusqu’Agadir À tribord y a du grain jusqu’Arrecife Au milieu une barque dérive Carralejo La patera passe Carralejo La patera passe Près de l’eau vit un homme dans une baraque Fabriqué de bois blanc comme sa barque Demander le passage est un acte de foi Avant lui les passeurs ont passé l’arme Arrêtés par les flots ou les gendarmes Et le vent souffle fort sur les cendres Carralejo La patera passe Carralejo La patera passe Dick Annegarn PAUVRE PECHEUR je pêche je pêche je pêche par paresse paraisse paraisse qui peut qui peut qui peut qui peut peu qui peut pas peut peu peut-être peut-être peut-être une touche une touche une touche une touche à la mouche la mouche la mouche la mouche à l'amende amende amende amende amère je suis un pauvre pécheur j'ai failli faire un gros malheur amère amère amère amertume tu me laisse tu me laisse tu me laisse bredouille bredouille bredouille bredouille sous la lune lunettes lunettes, lunettes à grenouille grenouille grenouille grenouille à la poêle la poêle la poêle la poêle à, beurrer beurré beurré beurré comme personne personne personne personne ne m'empêche je suis un pauvre pécheur j'ai failli faire un gros malheur Dick Annegarn PISTE Sur son vélo Sous le chapiteau Les clés sous la liquette Surtout que Madeleine Assure à elle toute seule toute une arène Du haut de ces estrades Dusse le ciel tomber sur la tête Nul n'a le droit de rentrer Sauf la lumière du jour Pierre Ma mémoire à des déboires Ne me souviens plus très bien J’ai dû faire trop la foire Fêté trop de festins Chaque soir lune noire Je pense à nos histoire Bois de houe ou bois de haie De quel bois Pierre est fait Pierre, Pierre, c’est quand même fou Cette folle idée que Pierre est parmi nous Pierre, Pierre, tu te trouves où Tu n’as qu’à m’appeler, mon Pierre, voyons-nous Son gros corps lui pèse pas Et son coeur est gros comme ça Mais moi je sais que Pierre est au dessus de ça Pierre, Pierre, on est bien né Dans un monde con, dans un monde compliqué Ces machines ne marchent pas Ces machine nous approchent pas C'est ma Chine à moi qui m'éloigne de toi Pierre Pierre, tu es trop loin Je te sais comme moi, la nuit ne nous voit pas © 2004 dae Dick Annegarn POTRON MINET Mon nez me dit que je suis né ici heureux Mon âme aussi a son ciel bleu Mon héritage je la partage aussi à deux Mon chien et moi on cligne des yeux L’aurore redore le minaret L’aurore redort dés potron-minet Qui peut me dire ce qui va venir demain matin Qui peut prédire l'avenir Qui peut me dire si je pourrais un jour Lever paupière à rebours L’aurore redore le minaret L’aurore redort dés potron-minet Le jour se pointe à la fin d'une nuit dormie Sa fin s’annonce par une lueur La faim me creuse, je ne serais pas parti Sans avoir flairé quelque fleur L’aurore redore le minaret L’aurore redort dés potron-minet Dick Annegarn POLYMORPHOSES Je suis moi Comme je suis toi Je suis il et je suis elle Je suis nous Aussi je suis vous Je suis toujours et partout Et puis je ne suis rien qu'une soustraction Une division Une multiplication Chaud comme un soleil Ou froid comme un glaçon Pour moi, c'est pareil Salsepareille C'est moi, et mes polymorphoses Je suis mon père Je suis mon fils ainé Je suis ma fiancée Je suis ma grande mère Et je suis ma petite-fille Je suis papa et mamie Je suis plusieurs Je suis toute une famille Je m'aime et je m'hais Chaud comme un soleil Ou froid comme un glaçon Pour moi, c'est tout pareil Salsepareille C'est moi, et mes polymorphoses Formes et morphoses forment la musique De la différence Différence Couleurs et nuances Divers divergences Chaud comme un soleil Ou froid comme un glaçon Pour moi, c'est pareil Salsepareille C'est moi, et mes polymorphoses Haut, je suis haut Au-dessus de vos sphères Je suis le rien Qui vous a accouchés Je suis le rien Qui nous a accouchés Je suis le néant Dick Annegarn PROSPER Prosper pourquoi coupes-tu les arbres Que ton père a plantés Mais non, tes pommes ne sont pas âpres Ils tentent de te chanter Ces messieurs n'ont qu'un voeu Mener Prosper à bout de nerfs Que ils disent: "tête de dieu" Je ne peux mener misère Pour quelques stères Et puis tu te reposeras Prés de ta Sophie Qui ne te supplie même plus Prosper, pourquoi vends-tu ta terre Tu vas le regretter Tes enfants n'en voudront à leur père Ils vont se coaliser Pour aller dans les cités Courir leur chance Revenir dimanche soir Prosper mari, au revoir Et puis tu te reposeras Prés de ta Sophie Qui ne te supplie même plus Prosper, pourquoi quittes-tu ton île De travail et de fruit Que dis-tu pour aller vers la ville Salut, Prosper, bonne nuit Tiens, Prosper, je t'achète ta terre Et tes arbres aussi Le citadin devient agraire Et Prosper, mélancolie Et puis tu te reposeras Prés de ta Sophie Qui ne te supplie même plus Dick Annegarn PUY DE DÔME Dans le puits du Puy de Dôme vit un homme dans un oeuf Il cultive des chromosomes déjà môme il était veuf Même si le vent l'a pris au gré d'une tempête Et qu'il a atterri sur la pente d'un volcan Il était tout petit pas plus grand qu'un grain de fève Il était tout pas beau pas plus beau qu'un oripeau Dans le puits du Puy de Dôme vit un homme dans un oeuf Il cultive des chromosomes déjà môme il était veuf Même s'il y avait cette fille revenue d'une autre fête Qui était assis aussi sur la pente du volcan Ils étaient vite amis comme seuls deux enfants peuvent l'être Ils étaient pour l'amour pour que la vie voit le jour Dans le puits du Puy de Dôme vit un homme dans un oeuf Il cultive des chromosomes déjà môme il était veuf Même si leur lune de miel était pire qu'une croisade Avec le feu au ciel et la lave à leur pieds À cause d'un éboulis de la cime de la crête Il l'a enseveli sans vouloir son enterrement Même si le phacochère qui traînait le long des plaines Louant son âme frère sans savoir pourquoi? comment? Et dire qu'il y a eu un homme, ici bas sous cette terre Qui s'est enseveli, dans le dôme du volcan Dans le puits du Puy de Dôme vit un homme dans un oeuf Il cultive des chromosomes déjà môme il était veuf Dick Annegarn QUE TOI Si tu n'as pas connaître Le profond de mon être C'est tant pis Tu sais pertinemment Que ça fait un petit moment Que c'est long Je fais tout pour l'amour Et toi tu dis toujours Pas comprendre Ah que tu es pour moi Ah que beaucoup de joie Et de peine Que toi que toi que toi y en a que pour toi Et moi et moi et moi ça n'existe pas Si tu n'as pas comprendre Que mon coeur est si tendre Et bleu Quel ami quel amant A vu passer le vent Si prés Ça souffle fort tu ne trouves pas Est-ce qu'on ferait pas Une pose Toutes nos piles sont à plat Et tu me fais malgré ça Quelque chose Que toi que toi que toi y en a que pour toi Et moi et moi et moi ça n'existe pas Carte sur table Pose-cartable Moi non plus Je ne suis peut-être pas net Mais j'ai failli que n'être Pour rien Ce n'est pas un hasard Il fallait tôt ou tard Que je te vois Il fallait que tu sache Chaque fois que je me fâche C'est pour toi Que toi que toi que toi y en a que pour toi Et moi et moi et moi ça n'existe pas Dick Annegarn QUELLE BELLE VALLÉE Quelle belle vallée avec ses plaines avec ses prés Avec ses reines avec ses fées ailées Quelle belle vallée que je m'en vais te raconter Que je m'en vais te rencontrer à pied Les oiseaux ont les os creux comme des haricots Les radis font leurs nids aux racines des pissenlits Les rats d'eau ont le dos qui font frémir les roseaux Les radis sont petits "c'est pour ouvrir l'appétit" Quelle belle vallée avec ses fermes et ses fermiers Avec ses gaines et ses greniers bondés Quelle belle vallée avec ses cucurbitacées Avec ses cultures labourées l'été Les saisons font le con à travers toutes les saisons Le ciel fond tout en larme à chaque coup de feu d'une arme Les charrues les chariots les chenus et les chevaux Tombent en rade quelle salade à chaque coup de claironade Quelle belle vallée avec son ciel ensoleillé Avec son seigle avec son blé semé Quelle belle vallée avec ses chênes ses châtaigniers Avec ses frênes ses peupliers plantés Quelle belle vallée avec ses fleuves et ses cités Avec ses neuves destinées tracées Quelle belle vallée avec ses papes et ses papiers Avec ses pompes et ses pompiers Les campeurs n'ont pas peur de faire peur aux autres campeurs Les touristes ne sont pas tristes pollueurs et optimistes Les pêcheurs sont songeurs à l'approche des buldos Les brochets aux aguets d'un beau banc de barbiquets Quelle belle vallée avec ses digues et ses bateaux Avec ses zigues et ses autos zozos Quelle belle vallée avec ses ponts et ses chaussées Avec ses ronds et ses carrés carrément Dick Annegarn QUELLE POULE POND TANT ? Quelle poule pond tant ? Quelle poule pond tant ? Pour qu’il ait tant de pierres sur terre Quelle poule pond tant ? Quelle poule pond tant ? Pour qu’il ait tant de coques calcaires Quelle poule pond tant ? Est elle belle et grosse ? Ou bien frêle et rousse ? A t’elle le coq au trousses ? Ou est ce qu’elle fait pousser poussin ? Est elle dans les astres ? Un cruel désastre ? Est-ce qu’elle en ferait pas trop ? J’ai peur qu’elle fasse de vieux os Quelle poule pond tant ? Quelle poule pond tant ? Pour qu’il y ait tant de frères sur terre Quelle poule pond tant ? Quelle poule pond tant ? Pour qu’il y ait tant de sœurs sur terre Quelle poule pond tant ? Serait elle divine Ou bien orpheline Assise sur son arrière-trône Polluant la couche d’ozone Est ce qu’elle consciente Que sa divine fiente Produit des coques aussi durs Qu’une résine de manucure Quelle poule pond tant ? Quelle poule pond tant ? Pour qu’il y ait tant de verres sous terre Quelle poule pond tant ? Quelle poule pond tant ? Pour qu’il y ait tant de pieds sous terre Quelle poule pond tant ? Il n’y a pas de poule Qui ne sorte du moule Et le mal n’est plus à faire Le désert avance lunaire Si ses os sont frêles C’est qu’elle est mortelle Et que même avicole Elle passera à la casserole Quelle poule pond tant ? Dick Annegarn QUELQU'UN D'AUTRE I can't get no I can't get no I can't get no satisfaction Ce n'est pas vraiment grave tu me diras Ce n'est pas vraiment grave je sais Mais ça me pose des problèmes Ça me pose de sérieux problèmes Ça me pose des putains de problèmes Que d'être comme ça quelqu'un d'autre aussi Ça me pose des problèmes Ça me pose des putains de problèmes Et il y a quelque chose Que tu n'as pas encore vraiment compris Il y a quelque chose Que tu n'as pas encore vraiment décelé C'est que je suis quelqu'un d'autre Que toi tu crois savoir C'est que je suis quelqu'un d'autre Que toi tu crois comprendre Avec d'autres amours et d'autres soucis que toi Et avec d'autres inquiétudes Et avec d'autres cauchemars dans d'autres solitudes Oui je vis ma vie comme je le puis Et je rêve mes rêves selon la sève disponible I can't get no I can't get no J'aime J'aimerai J'aimerai aimer J'aimerai aimer quelqu'un d'autre aussi Mais je n'arrive pas Je n'arrive pas Je n'arrive pas à me satisfaire Dick Annegarn QUI M’ENTEND Qui m’entend, quelqu’un m’entend-t-il ? Il me semble que je ne suis pas seul. Apparemment, il n’y a personne. Je sais bien que le monde est grand. Beaucoup trop grand, pour un enfant, Petit ou grand Beaucoup trop lourd, trop de désamour, Beaucoup trop gourd, beaucp trop sourd Qui me voit quelqu’un me voit-il ? Il me semble que je sois visible. Qui perçoit mon fruste refuge ? Dans la brume du bois du grand soir. Beaucoup de temps passé à attendre, Un temps qui passe, un temps qui lasse Beaucoup de temps passé à attendre, L’âme sœur, l’âme frère Qui m’endort quelqu’un m'endort-il ? Il me tarde de ne plus tarder Qui m ‘aime tant que toi parmi d’autres. Train qui passe, il est bien trop tard. Pleures-moi, déplores-moi Je meurs de ça, de fausses joies. Engueules-moi, insultes-moi, Ecœures-moi, je ne suis plus là. Qui me sent quelqu’un me sent-il? Il est fort probable que non Qui consent admet l’admissible Mon église n’a plus de disciples Aimes-moi, aimantes moi, Mentholes-moi, tolères-moi. Amis-moi, déshabilles-moi, Regardes-moi, ne me désole pas. Dick Annegarn QUI SOMMES-NOUS? Je voudrais bien savoir Je voudrais bien savoir Qui sommes-nous? Je voudrais savoir Je voudrais savoir Qui sommes-nous? Et ce "nous", il va où, ce "nous"? D'abord Comment savoir Comment savoir Qui sommes-nous? Quand je peux pas te voir Autre que nu Dans quel décor Dans quel voyage Mouves-tu? Sur la route de l'est Sur la route de l'ouest Je préfère encore la route de l'est Mais de la route du nord À la route du sud Je préfère encore la route qui tourne De la route à toi À la route à moi Je préfère encore la route à nous. Curieux Curieux de savoir Qui sommes-nous? J'aimerais J'aimerais savoir, j'aimerais savoir Qui sommes-nous? Dans quel panneau Sous quel drapeau Tomberons-nous? Dick Annegarn RABBI JÉSUS Sidna aïssa lama ou rabbi Jésus Il a déjà tout vu Sidna aïssa lama ou rabbi Jésus Il a déjà tout su Vagues et vents vont vaguement au gré de l'eau De l'eau de mer qui couvre la terre avec beaucoup de Vagues de vents qui vont devant de vrais volcans Crachant la lave qui va avalant avec beaucoup de vagues Avec beaucoup de vagues Avec beaucoup de vents Avec beaucoup de vi... rements Génésareth au nord du mont Tabor Jésus s arrête au bord du lac de Génésareth au sud de Bethsaïd Jésus veut être le guide Jésus va où vont ces quatre pauvres amis Amis dans la tempête dans la nuit camarades de Jésus va où vont ces quatre pauvres vies Il calme ciel et terre par l'esprit Avec beaucoup de grâce Avec beaucoup de force Avec beaucoup de métaphores Sidna aïssa lama ou rabbi Jésus Il a déjà tout vu Sidna aïssa lama ou rabbi Jésus Il a déjà tout su Sous la mer se trouvent d'autres eaux salées La pêche n'y est ni sûre ni prospère pour le bédouin Sous le chèche le soleil se fait moins ardent Quand ciel et terre conjurent l'enfer Palestinien du nord palestinien du sud Palestinien du mont Tabor Pierre le zélote le frère aîné d'André Fils de Jonasz bien né il s'agit de Jean et Jacob le fils de zébédée Enfants d'essénée Paraboles de vierges sages de vierges folle Y a pas d'amour sans huile dans la fiole Parabole du pharisien qui dit donner beaucoup d'oboles S'il n y va pas le pauvre lui y vole Au paradis des oiseaux Au paradis des angelots Au paradis du bien du beau Dick Annegarn RENARD Y a des bois Y a des champs Y a des bêtes Puis y a des chasseurs Y a des lois Et des flingues Et des sous-bois Et des doux dingues Renard! Viens me trouver Si tu cherches un trou, viens me trouver Veinard! Celui qui peut T'héberger, t'héberger Y a des mois Y a longtemps Que j'attends Moi aussi traqué Mais dis-moi T'es confiant Tu n'attends plus D'être repéré Renard! Viens me trouver Si tu cherches un trou, viens me trouver Veinard! Celui qui peut T'héberger, t'héberger Y a des bois Y a longtemps Moi, aussi traqué Y a des lois T'es confiant, tu penses peut-être Te goupiller Renard! Viens me trouver Si tu cherches un trou, viens me trouver Veinard! Celui qui peut T'héberger, t'héberger Dick Annegarn RÉSONNE Je rêve d'aller, là-haut, dans les sphères Là où le vert est d'or brodé D'après ce qu'on dit, ici-bas sur la terre On y boit de la bière dans des chopes dorées Je parie que Les anges me plairont Résonne, résonne, résonne le cor Pigeonne, pigeonne, emmène-moi à l'aurore Une fois là-haut, là où il fait beau Quand il crache en bas, je rigoleras Une fois là-haut, j'enlèverai mon tricot Je mettrai mes habits au portemanteau Je parie que Les anges me plairont Résonne, résonne, résonne le cor Pigeonne, pigeonne, emmène-moi à l'aurore Le cake, il est bon, y'a des raisins dedans Le cake, il est meilleur que le cake de maman Je vais y aller, peut-être y rester En tout cas, je verrai. Laissez-moi rêver Je parie que Les anges me plairont Résonne, résonne, résonne le cor Pigeonne, pigeonne, emmène-moi à l'aurore Dick Annegarn RHAPSODE Rhapsode rhapsode que racontent tes odes Qu'est ce que tu vantes l'exode des tiens Rhapsode rhapsode t'écouter c'est commode Quand tu changes de mode lydien Manque rien ni le vin ni le vent Manque rien ni le temps Manque rien ni le pain sur la planche Manque rien ni la chance Dans les hautes plaines d'Anatolie plaines de steppes Vivait un homme nommé Abdel ZEYNIKI élève d'Alep C'était un vieux chanteur turc un chanteur aveugle Bon poète et joueur de luth plume d'aigle comme ongle Il chantait ce qu'il ne voyait pas la faune et la flore De la vie des hommes et de leur trépas maudite soit l'aumône Pour qu'il chante fallait une belle veillée digne d'ancêtres S'il chantait c'était pour parjurer le mauvais sort fait aux êtres Dans une haute ferme d'Anatolie fume une chambre Dans laquelle chante Abdel ZEYNIKI quittant son ombre Il pouvait psalmodier jusqu'à l'aube lorgnant l'aurore Son soleil et sa lumière chaude venant du dehors Il tâtait comme ça en avançant une canne comme épée Quand soudain il sent le corps brûlant d'un oiseau à ses pieds De ses deux mains il l'enveloppa le portant à ses lèvres Il lui chante un poème kizil bach plus beau que l'or des orfèvres Dans les hautes coutumes d'Anatolie il y a celui de l'accueil On ne laisse un oiseau ni gir ni gémir esseulé sur son seuil Et le geste d'Abdel ZEYNIKI est celui d'un enfant Qui va faire de son âme si petit un amour bien plus grand Et l'oiseau ne pouvant plus voler était bien à l'écoute Du rhapsode à la voix voilée par la poussière de la route C'est en écoutant tout le temps restant que ses ailes ont poussés Et qu'Abdel bien moins aveugle qu'avant à fini par migrer Dick Annegarn ROBERT CAILLET Robert Caillet Sans domicile Sautait dans le Doubs Pour quelques centimes Il savait nager, il était maître nageur Et savait nager, par misère et pour l'honneur Quarante-huit ans, il a sauvé beaucoup d'enfants Quarante-huit ans qui ne l'ont pas sauvé pourtant Robert Caillet Sans domicile Sautait dans le Doubs Pour quelques centimes Du pont battant, en aval de Besançon Du pont battant, des gens lui jettent de l'argent L'eau était son lot, et les roseaux son cimetière L'eau était son lot, et l'air ce que son âme espère Robert Caillet Sans domicile Sautait dans le Doubs Pour quelques centimes Il avait flambé tout son argent et sa santé N'avait plus plongé depuis le début de l'été Le Doubs est en crue, tellement qu'il a beaucoup plu Le Doubs est en crue, personne ne l'a vraiment voulu Robert Caillet Sans domicile Sautait dans le Doubs Pour quelques centimes Une première fois, il remonte à la surface Une seconde fois, il remonte à la surface Une dernière fois, il remonte à la surface Une dernière fois, il remonte Et leur fait face Dick Annegarn ROSY Va dire à Rosy Va dire à Rosy Va dire à Rosy Sa vieille oie grise est morte Celle qu'elle a fait vivre Celle qu'elle a fait vivre Celle qu'elle a fait vivre Pour faire son traversin Celle qu'elle a fait paître Celle qu'elle a fait paître Celle qu'elle a fait paître Pour faire son édredon Bravant la basse-cour Bravant la basse-cour Bravant la basse-cour Elle joue du jeu de l'oie Becquetant Bécassine Becquetant Bécassine Becquetant Bécassine Elle s'est mise hors la loi Voleuse et gendarme Voleuse et gendarme Voleuse et gendarme Sifflante contre sifflet Va dire à Rosy Va dire à Rosy Va dire à Rosy Sa vieille oie grise est morte Dick Annegarn SACRÉ GÉRANIUM Sacré géranium Tu sens bon la terre Et toi aussi l'anémone Tulipe je te préfère Puis de toute façon vous sentez toutes bon Vous êtes toutes belles mes demoiselles Ah ce qu'on est bien dans ce jardin Loin des engins hein! Pas besoin de sous pour être bien Pas besoin de vin pour être saoul Les poules et le coq Se content fleurette C'est vrai qu'il est seul ce lapin Je crois que ça l'embête Dis, toi le chien, je ne te prive de rien Remue donc ta queue fais moi tes beaux yeux C'est vous les légumes enfin je présume Vous n'êtes pas reconnaissables Il vous faut dire qu'hiver vient de partir Le temps est encore variable Un coup d'arrosoir avant la tombée du soir Un coup de râteau autour des poireaux Dick Annegarn SAINT-ANDRÉ DES ARTS Saint-André des Arts qui mène une drôle de vie bizarre. Dans cette histoire qui se purge loin du purgatoire Saint-Pierre des vieux, Saint-Pierre qui bosse chez Renault T'es pas de ceux qui râlent ou renâclent au boulot Le jour se lève toi t'es déjà bien parti Tu ne connais pas de trêve tu ne connais pas de répit Ta paye se solde à la course au galop Tu ne connais pas le bol de ceux qui vivent sur ton dos Papa cool papa Papa poule papa Saint-André des Arts qui mène une drôle de vie bizarre Dans cette histoire qui se purge loin du purgatoire Saint-Pierre des vieux, Saint-Pierre qui bosse chez Renault T'es pas de ceux qui râlent ou renâclent au boulot De Boulogne à Flins tu mobilises toute l'usine T'as qu'à faire le malin tu paralyses la cantine Mais ton contrat d'entretien stipule bien ta venue Et ça même quotidien s'il le faut, vu l'imprévu Papa cool papa Papa poule papa Saint-André des Arts qui mène une drôle de vie bizarre Dans cette histoire qui se purge loin du purgatoire Saint-Pierre des vieux, Saint-Pierre qui bosse chez Renault T'es pas de ceux qui râlent ou renâclent au boulot Ta femme te trompe comme toi trompe ta femme Elle te dit pas tout ce qu'elle fait de tes sous Tes fils te flambent toute ta paye en sono Et puis t'en redemandes papa prête nous les clés de ton auto Papa cool papa Papa poule papa Saint-André des Arts qui mène une drôle de vie bizarre Dans cette histoire qui se purge loin du purgatoire Saint-Pierre des vieux, Saint-Pierre qui bosse chez Renault T'es pas de ceux qui râlent ou renâclent au boulot L'argent que tu gagnes c'est pour tes fils C'est pour ta femme c'est pour le fisc Et quand viens le temps Saint-André t'es déjà vieux T'as déjà fais ton temps t'as déjà fait de ton mieux Papa cool papa Papa poule papa Dick Annegarn SANGLIER OYEZ OYEZ TAIAUT VAILADI VAILADI VLO Mobilisez vos modestes armes à feux Vaudrait peut-être mieux ça que de dire adieu Solidairement solidaire d'une terre prospère Oserions-nous tuer ou laisser faire Les sangliers lui va voguant à sa vacation Les rats musqués de saison Les chats sauvages divaguant à ses occupations Des marécages OYEZ OYEZ TAIAUT VAILADI VAILADI VLO Rodant par là suivi de quelques marcassins Cette bête-là connaît trop bien son terrain Positivement pourvu de dents et de défenses Oserions-nous commettre cette imprudence Aux sangliers lui va voguant à sa vacation Aux rats musqués de saison Aux chats sauvages divaguant à ses occupations Des marécages OYEZ OYEZ TAIAUT VAILADI VAILADI VLO Englué embourbé enclavé dans un pré Sauvagement poursuivi dans la forêt Fauve banni du ban de Rambouillet Bauge piégé et bois empoisonné Oserions-nous encore les pourchasser Les sangliers lui va voguant à sa vacation Les rats musqués de saison Les chats sauvages divaguant à ses occupation Des marécages Dick Annegarn SANS FAMILLE NI PATRIE Maman murmure misère d’une moue joyeuse Papa parti pour faire une famille nombreuse Les poules picorent pécores dans la basse cour Les enfants se dévorent tout autours Est ce qu’on peut vivre sans famille ? Je me pose souvent cette question Est ce qu’on peut vivre sans patrie ? Nous sommes plusieurs millions ! Les hommes ne passent pas assez souvent à la maison Les mômes languissent oncles et tantes Les femmes n’y retrouvent pas leurs petits Ni les berger leurs brebis Est ce qu’on peut vivre sans famille ? Je me pose souvent cette question Est ce qu’on peut vivre sans patrie ? Nous sommes plusieurs millions ! Aucune famille se suffit à elle même Aucune fratrie ni clan Mon ami de la frousse dense Cher payé l’intransigeance Est ce qu’on peut vivre sans famille ? Je me pose souvent cette question Est ce qu’on peut vivre sans patrie ? Nous sommes plusieurs millions ! Dick Annegarn SÉCHERESSE Nom de nom de Dieu C'est qu'il n'y a aucun nuage Dans le ciel de bleu! Un pur paysage De rien Que du soleil Et de sécheresse Aride J'ai la gorge aride et vide J'ai le bide avide d'eau fraîche Le débit diminue, dans toutes les rivières Les rivières à nu suent de leurs pores de vase Sèche Les lacs Et les nappes d'eau à sec Anticyclone de haute zone, un temps d'obsèques L'été Dromadaire exténue Cimetière de l'été Sécheresse Aride Sécheresse Sécheresse Sèche Sécheresse Dick Annegarn SEND MY BODY HOME Send my body home not alone Let me live a second life in a children's paradise Save my flesh and bones on a boat Wind and winter follow by as tomorrow never dies You're the best of worse of friends Praise the sea it never ends You're the sea and i'm the sky We together lullaby Send my body home not alone Let me live a second life in a children's paradise Save my flesh and bones on a boat Wind and winter follow by as tomorrow never dies You're no good and i'm too soon You need food for your typhoon When I'll be to old for thee I'll be free under your tree Dick Annegarn SOLEIL DU SOIR Je n’aime pas voir le soleil descendre si bas Je n’aime pas beaucoup ça, ça me fout le cafard Ça me fait voir, ce que je ne veux pas Ça me fait boire, ce que je ne veux pas Je ne veux pas que le monde me voie Dans cet état-là Je ne veux pas paraâtre piètre Mais je ne veux pas de la vie d’une star au noir Je ne veux pas que le ciel descende plus bas Je n’accepte pas ça, ça me rabat ma joie La nature est toute gorgée d’eau Mais ma nature à moi elle va à vau l’eau Je ne veux pas que le monde me voie Dans cet état-là Je ne veux pas paraâtre piètre Mais je ne veux pas de la vie d’une star au noir J’ai hâte de voir le soleil se lever plus tôt J’ai hâte de voir le ciel bien avant l’aube Bien avant le commencement Bien avant le bataclan Je ne veux pas que le monde me voie Dans cet état-là Je ne veux pas paraâtre piètre Mais je ne veux pas de la vie d’une star au noir Dick Annegarn SOLDAT Soldat ou soldanelle, solfatare Soleil ou nuit éternelle, sol solennel Je n’arrive pas à voir le mal qui rôde, Hérode aussi ignorait ça Et j’en suis même pas malade, tellement que je suis si loin de ça À'cb chaque feuille, son automne, le firmament attend l’hiver Mais à choisir entre les hommes et les fleurs, je ne choisis guère Une faune aphone au Liban Une zone atone au Golan Soldat ou soldanelle, solfatare Soleil ou nuit éternelle, sol solennel Dans la toundra, il y a des rats et rares sont ceux qui s’y aventurent Dans la pampa, il y des chats et des chardons qui les endurent Dans ces contées, on ne badine pas avec tant d’allégresse Dans ces vallées, on ne s’arrête pas sans que beauté blesse Une faune aphone au Liban Une zone atone au Golan Soldat ou soldanelle, solfatare Soleil ou nuit éternelle, sol solennel Dick Annegarn SOLEYMAN Soleyman de Brasio tombé de l’avion Il ne pesait que trois kilos un petit garçon Saut de si haut sursaut de si haut un si sot saut de haut Les mots se fondent les mots sous les mots se morfondent monde immonde Un enfant naît un autre renaît un de trop un petiot Laissé pour compte laissé sans un acompte au comptoir u hasard Soleyman de Brasio tombé de l’avion Il ne pesait que trois kilos un petit garçon L’air désaltère la soif que procure Agadir Vilipendé ville jérichosé en ruine orpheline Mère mercenaire ni père militaire n’ont le temps pour l’enfant Dans leur bagage dans leur badinage ils en oublient leur petit Soleyman de Brasio tombé de l’avion Il ne pesait que trois kilos un petit garçon Dans le mais par malin malice on la trouve l’enfant louve Quand on est père et quand on les perd, on les couve où qu’ils errent Enfant voulu ou enfant échu c’est pour quand qu’il sera grand Marin pêcheur ou bien enchanteur ou alors aviateur Dick Annegarn TAXI Taxi, j’attends le taxi Taxi Taxi Dans mon agenda, J’ai mis deux ou trois semaines Voyage avec amis Taxi Nous étions déjà Pour une presqu’île lointaine Partis comme promis Taxi, j’attends le taxi Dans le fin fond de la Finlande, assis seul sur un champignon Taxi Taxi Dans ce sauna il y avait toi et moi Et ta chaude Sarah Je n’y voyais rien Trio ni entrechat Une danse que je ne danse pas Taxi, j’attends le taxi Dans le fin fond de la Finlande, sara- sara- sarabande Taxi Taxi Deux fenêtres en face Du vent de l’amitié Un vent qui souffle et passe Un lac de glace Une femme est au milieu Et moi je suis de trop Taxi, j’attends le taxi Dans le fin fond de la Finlande,rien de plus je ne demande Taxi Taxi Taxi Taxi Dick Annegarn THEO Théo, c’est beau un tableau vivant Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent Faudrait que j’achète de la peinture bleu azur Faudrait que je trouve des tubes de jaune chrome citron J’ai un grand besoin de noir et de vert Véronèse Faudrait que je trouve de la toile de trente sur quarante treize Théo, c’est beau un tableau vivant Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent On peint à deux c’est ce qu’on s’est dit chez nos neveux Nos âmes proviennent de la même mère On peint à deux et tu nous vends si tu le veux Toi et tes visionnaires Théo, c’est beau un tableau vivant Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent Je dois mon mois à la mère d’Adeline Ravoux Faudrait peut-être que je règle le compteur d’eau avant mardi pardi Faudrait que je paye la boisson jaune au poison vert clair de lune Faudrait peut-être que je touche terre Théo, c’est beau un tableau vivant Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent Penser tableau à l’aune de l’univers Voilà le lot de mon âme frère Tremper pinceau dans l’eau de la rivière La plaine de Caux comme phalanstère Théo, c’est beau un tableau vivant Théo, il faut que tu m’envoies dans le vent Dick Annegarn TCHERNOBYL BLUES Je suis blanc-bec russe un prince sans Prusse Un prince sans roi y en a d'autres comme moi Qui écoutent John Lennon sur leur vieux gramophone Ils écoutent Jimmy Hendrix sur leur vieux tourne-disque Tchernobyl blues Tchernobyl blues J'écoute la radio je vois la télé Je lis les journaux je suis sur-informé Deux ou deux-mille face ou bien pile De rems ou de rads de quel mal malade Tchernobyl blues Tchernobyl blues J'ai pris mon vélo pour faire du chemin Je croise des silos où il n'y a pas que du grain Mes pieds ont brûlé mes pneus ont crevé Ma tête est malade mes yeux irradiés Tchernobyl blues Tchernobyl blues La ville était déserte on avait évacué Tout ce qui encore un peu remuait Mon corps était inerte sur le sol de la tour De la cour derrière le parapet Je fais le sourd je fais le mort je fais le muet Tchernobyl blues Tchernobyl blues J'entendais le silence derrière le mur Du jardin du voisin citadin mitoyen La femme est opulente luquant de ses yeux Curieux yeux derrière les mailles Je suis né dans un monde terrible monde de son filet Tchernobyl blues Tchernobyl blues Les hommes étaient alertes les sirènes Des autos de secours hurlaient Mes amis seraient indemnes Si seulement ils auraient pu éviter Ça de justesse Dick Annegarn TO KNOW YOU Sometimes it is nothing but a sad and poor child sying Sometimes it is nothing but a bomb Sometimes it is nothing but low clouds slowly passing by Sometimes it is nothing but no light I'm a today-one and a tomorrow too Where did I put my gun in a dead issue I'm a nowhere non a priest without true Where do I find my fun it is to know you It is to know you It is to know you Boys all around travelling bound sailors of the first hour Beating and rambling midnight gambling bold world of your birth Striking along fighting along has no sense alone But a seat or a saddle for a rebel are just restworth I'm a today-one and a tomorrow too Where did I put my gun in a dead issue I'm a nowhere non a priest without true Where do I find my fun it is to know you It is to know you It is to know you While I'm not dead I'll be ahead While I'm alive I'll have my pride I'm a today-one and a tomorrow too Where did I put my gun in a dead issue I'm a nowhere non a priest without true Where do I find my fun it is to know you It is to know you Dick Annegarn TROIS PETITS COCHONS Trois petits cochons qui se donnent la main En se titillant du groin Ils s'en vont en guerre au petit matin Comme on va chercher son pain Y en a parmi eux un dont le pè'8fre est un porc Vendrait de la moutarde à'88 l'adversaire Big Ben de la reine avec garç'8don des vaches Ç'82a sent bon la campagne on entend les coups de hache Trois petits cochons qui se donnent la main En se titillant du groin Ils s'en vont en guerre au petit matin Comme on va chercher son pain Le Napolé'8eon s'est fait pousser la moustache Pour mieux orner son blaze Un petit cochon noir au milieu d'un cloaque Dans la forê'90t tché'8ecoslovaque Trois petits cochons qui se donnent la main En se titillant du groin Ils s'en vont en guerre au petit matin Comme on va chercher son pain Ils ont mê'90me inventé'8e un si joli jeu de cartes Ou chaque gé'8ené'8erale cache des femmes qui s'é'8ecartent Ils ont instigué'8e un si funeste empire Entre croisé'8es et vizirs Trois petits cochons qui se donnent la main En se titillant du groin Ils s'en vont en guerre au petit matin Comme on va chercher son pain Y a pas de morale y en a jamais eu C'est une mauvaise manie d'un temps é'8echu Chacun sa carcasse chacun sa chair rose chacun sa chose Chacun bouge dans sa bauge Dick Annegarn TRAVAIL TROP CHER Peuple n'est pas simple Tu t'es mis dans la rue Meuble pas affable Tu te serais mis nu Agrandir ta chambre C'est ce que t'aurais voulu Éviter mon ombre Sur nos déconvenues T'aurais tant voulu te baigner au soleil dans la mer T'aurais tant voulu te régaler des merveilles de la terre Travail trop cher Travail trop cher Antre n'est pas ventre Ça c'est bien entendu On est pas exempt D'un malentendu Être ou bien n'être Erreurs irrésolues Naître ou faire naître L'envie continue T'aurais tant voulu te baigner au soleil dans la mer T'aurais tant voulu te régaler des merveilles de la terre Travail trop cher Travail trop cher Partir en vacances Vers des terres inconnues D'une longue absence Qu'on ne se soit plus vu Tu es partance À peine bien revenu Un vacuum dense Le coq est cocu T'aurais tant voulu te baigner au soleil dans la mer T'aurais tant voulu te régaler des merveilles de la terre Travail trop cher Travail trop cher Dick Annegarn TU CAILLES Tu dis que t'as chaud dans ton for intérieur Tu serais plein de chaleur et t'aurais pas de maux? Tu dis, tout te va bien, tout te va pour le mieux Moi je vois dans tes yeux qu'il n'en est beaucoup rien Tu cailles, tu as froid dans le dos Tu cailles, tu cherches tes mots Tu cailles, tu bailles et t'es beau Mais tu cailles, tu cailles Tu viens de dehors, un très triste décor De te voir prendre l'air, comme si t'avais pris l'air! Ta vie serait succès, les succès te succèdent Tout te plie, tout te plaît, tout te sied, tout te cède Tu parles, t'as pas froid aux yeux Tu parles, tu bourres comme un boeuf Tu parles, comme si t'étais heureux Tu parles, parles moins, un peu Tu noies le poisson, mais le poisson est pas con Le poisson est pas mort, le poisson nage encore Tu noies le noyau dans la peau de la pèche Mais ça manque de corps, et les pores sont sèches Tu cailles, t'as froid dans le dos Tu cailles, tu cherches tes mots Tu cailles et t'es beau Mais tu cailles, tu cailles Dick Annegarn TU MÈNES TA VIE Tu mènes ta vie comme tu le puis Tu mènes ton corps plus fort encore Les sentiments ne mentent pas Tu iras ou tu seras mieux je veux Tu plais aux filles et aux garçons Faut dire que t'es joli comme une chanson Je ne chante pas cette chanson là Si c'est jeune moi je suis vieux Ma vie est vide je te dis pas Lumière livide le ciel est bas Plus tard je serais clochard devant l'éternel Un enfant qui a mal au nez nuphar Y a pas y a pas y a pas pire que ça D'être trompé par pire que soi Y a pas y a pas y a pas mieux que moi Pour toi sauf moi pour toi Y a pas y a pas y a pas Y a pas y a pas y a pas Dick Annegarn UBU Dans un pays pas très loin d'ici Dans un pays plat Aussi plat qu'un plat Aussi petit qu'un petit confetti Il n'y avait pas de loi Et chacun pour soi Il avait un tout petit zizi Et un grand cul le père Ubu Sa madame était une femme infâme Et toute dodue la mère Ubu Bêtes et méchants Les deux emmerdants N'aimaient que l'argent Et la crème Mont-Blanc Ils avaient un plan pour un coup d'état Pour un pim poum pan A coup de bazooka Il avait un tout petit zizi Et un grand cul le père Ubu Sa madame était une femme infâme Et toute dodue la mère Ubu Puis un jour vena Ou Ubu et le Roi Se rencontra, twist ya ya ya Après l'entrevue, tout à cul Merdre dit Ubu, et le Roi est mouru Il avait un tout petit zizi Et un grand cul le père Ubu Sa madame était une femme infâme Et toute dodue la mère Ubu Dick Annegarn UNE BOURRE Tu veux des histoires des histoires de quoi? De quel espoir est-ce que je me vantes? Y'a pas de quoi pavoiser Y'a pas de quoi se croire indemne D'une bourre Quand tu te prends Une bourre De trop Ai pas de peau ma peau c'est toi Ma peau c'est toi et tout les autres Ai pas de veines ai pas d'artères Ma voie à moi vient de l'enfer Quand je me prends Une bourre Je me suis pris Une bourre De trop Les syndicats la C.I.A. La méfiance de l'État Les espions les contre-espions Les contres-contres-contres espions De trop Quand tu me vois Dick Annegarn VERS NOUVEAUX Qu'est-ce pour nous, mon coeur, que les nappes de sang Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris De rage, sanglots de tout enfer renversant Tout ordre; et et l'aquilon encore sur les débris Et toute vengeance? Rien... Mais si, tout encore Nous la voulons! industriels, princes, sénats Périssez! Puissance, justice, histoire, à bas! Ça nous est dû, le sang! Le sang! La flamme d'or! Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur Mon esprit! Tournons dans la morsure; ah passez! Républiques de ce monde! Des empereurs Des régiments, des colons, des peuples, assez! Qui remueraient les tourbillons de feu furieux Que nous et ceux que nous nous imaginons frères À nous! Romanesques amis: ça va nous plaire Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux! Europe, Asie, Amérique, disparaissez Notre marche vengeresse a tout occupé Cités et campagnes! Nous serons écrasés! Les volcans sauteront! Et l'océan frappé... Oh, mes amis! Mon coeur, c'est sûr, ils sont des frères Noirs inconnus, si nous allions! Allons! Allons! Ô malheur! Je me sens frémir, la vieille terre Sur moi de plus en plus à vous! La terre fond Ce n'est rien! J'y suis! J'y suis toujours Dick Annegarn VOLETS FERMÉS La bouilloire est sur le feu de la cuisinière La bouilloire bout L'eau frémit sur le café de la cafetière Je vais vite chercher du pain à la boulangerie La rue réveille mes cheveux endormis Il est tôt J'ai envie de croissants chauds Ça c'est bien dommage "fermé" C'est pourtant jeudi Sans tarder, sans hésiter Je cours vite chez le pâtissier Je vais vite chercher du pain de mie C'est pas loin mais mon bon café refroidit J'ai envie de pain de mie Ça c'est bien dommage "fermé" C'est marqué sur le papier collé Sur le volet fermé Sans tarder sans hésiter je cours vite chez Louise Louise l'épicière Pain de mie et pain de lait Louise ne ferme jamais Il me faudrait des biscottes ou bien des biscuits J'en ai plein les bottes, il est bientôt dix heures et demie J'ai envie de pain de mie Ça c'est pas de chance "fermé" C'est marqué sur le papier collé et ensanglanté Dick Annegarn VOLEUR DE CHEVAUX De castel en belle demeure Je vends du vent Marchand de chants Marmonnant mon morne chant Les yeux bandés de soie Les pieds attelés de bois J'ai fini par finir par venir Je suis parti de bien plus loin Qu'aucun héron qu'aucun faucon ne peut jamais atteindre La lyre et le luth sont moins lourds Que le ballot que le boulot que c'est de les traîner Un château m'attend Des chéneaux d'étain versent l'eau dans l'auge Un cheval m'attend Un royal cheval altier et noble Pousse la mousse sur les douves Du bourg ou faire un tour c'est trouver d'autres troubadours Passe la barque sous les murs Clapotent les rames concocte l'entame d'une nouvelle mélopée Mon carême prend fin Les abeilles les fleurs se sèment Mon poème atteint Les oreilles du roi et de sa reine Souffrez madame que je vous baise les mains Soufflez câlin du haut de votre majesté Plaise à monsieur que je vous taise La fin de mon festin vous ne pourriez y résister Mon ami a pris Le royal cheval altier et noble Nous sommes vite partis Par la barbacane les gardes sont ivres Dick Annegarn XILINJI Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine prise aux flammes Xilinji dans le heiljongyang bengaline tramontane Le dragon n'est pas mort plusieurs têtes à son corps défendant le flot des flammes Le feu s'est déclare en multiples foyers épars simultanés C'est comme ça depuis des siècles Un lourd et long spectacle d'arbres de sable Le couloir de Kansou le désert de GOBI avancent de folie dense Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine prise aux flammes Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine bengaline tramontane La ville était couchée les enfants ont joué jusque tard sous oeil des vieux Ombre d'arbre bleutée ciel de marbre moucheté de particules qui circulent L'air est sec et chargé d'une odeur de crâmé titillant le nez mandchou Le moment est critique les dégâts seront iniques au secours du fleuve Amour Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine prise aux flammes Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine bengaline tramontane En pays frontalier quelques minorités travaillent reboisent Des murs verts sont dressés pour faire face au danger qui veille qui toise En pays forestier tout un peuple a dressé des arbres contre le sable Aucune route aucun fleuve ne peut guider l'épreuve du plus grand tisonnier Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine prise aux flammes Xilinji dans le heiljongyang ville de Chine bengaline tramontane Dick Annegarn Y ALLIONS Quand nous étions de grands enfants adolescents Nous trouvions tout intéressant le monde est grand Tambourinant bandoulinant Que de mouvements sans fin sans cesse Balancinant cabriolant Jusqu'à ne plus en pouvoir d'ivresse Y allions Quand nous allions par quatre chemins y allions Nous y allions jusqu'au refrain y allions Tambourinant bandoulinant Que de mouvements sans fin sans cesse Balancinant cabriolant Jusqu'à ne plus en pouvoir d'ivresse Y allions Quand nous mettions les chars devant les boeufs Nous étions riches et sans argent des gueux Tambourinant bandoulinant Que de mouvements sans fin sans cesse Balancinant cabriolant Jusqu'à ne plus en pouvoir d'ivresse Y allions Quand nous étions en rébellion en rébellion Nous étions pour l'abolition de la répression Tambourinant bandoulinant Que de mouvements sans fin sans cesse Balancinant cabriolant Jusqu'à ne plus en pouvoir d'ivresse Y allions Dick Annegarn paroles Dick Annegarn YOUP YOUP La caisse de ma guitare est usée jusqu'au fil Elle m'a l'air toute médusée Elle en a marre de se trimbaler de ville en ville J'ai dû trop en abuser Et quand elle me regarde Elle me dit, elle me dit: "Aussi, prends bien garde À ta vie, à ta vie" La caisse de ma guitare m'a causé comme une femme Elle m'a dit toutes ses vérités Elle en marre de se rappeler tous ses drames Mais "c'est trop tard, c'est signé" Et chaque fois que ses cordes Tremblent d'effroi Moi, moi je l'accorde Je cède de moi, je cède de moi La caisse de ma guitare peut paraître fragile Mais elle n'a rien d'une fée Elle voudrait bien ce petit rien de gracile Mais elle peut pas, elle est faite de bois Et chacune des pièces que composent sa caisse Sa vieille caisse Est faite de bois de rose Du bois de messe Du bois de mes ancêtres Et de ses fesses, fesses Tagada, gadap Tagada Fesse, fesse