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D’ICI
> ACTU
• DRÔLE DE CIRQUE! La seizième édition du
festival “Nez Rouges” aura lieu du 8 au 19 février
à la salle Altigone de Saint-Orens-de-Gameville. À
l’affiche cette année : Le Lido, Simili Circus, Buffo de
et avec Howard Buten, Amédée Bricolo, Les Acrostiches… Programmation complète et réservations
au 05 61 39 17 39 et www.altigone.fr
• SALON ÉTUDIANT. Le huitième “Salon
Studyrama de l’Orientation et de la Poursuite
d’Études” aura lieu le samedi 8 janvier de 10h00 à
18h00 au Parc des Expositions de Toulouse. Parmi les
113 000 étudiants de l’académie de Toulouse, nombreux sont ceux qui se posent encore des questions
sur leur avenir. Quelle voie choisir ? Quelle formation pour quel métier ? Que faire après un Bac + 2 :
poursuivre ses études ou entrer dans la vie active ?
Comment se réorienter après une année d’échec ?
Afin de répondre à toutes les questions des visiteurs
en matière d’orientation et de les accompagner dans
leur démarche, “Studyrama” organise cette huitième
édition du salon qui, l’espace d’une journée, donnera
la possibilité aux futurs bacheliers et étudiants de
découvrir de nombreux établissements, d’échanger
avec les professionnels et de se repérer parmi la
multitude de formations existantes. Autres points
forts du salon : des offres de jobs et de stages seront
affichées sur des panneaux d’affichage, chaque jeune
pourra se procurer gratuitement L’Officiel Studyrama des Études Supérieures-Sud-Ouest, guide annuel
recensant de façon exhaustive toutes les formations
en Aquitaine et Midi-Pyrénées. D’autres guides thématiques consacrés aux métiers (tourisme, art…) et
à la poursuite d’études (post IUT, BTS, licence)
seront mis à la disposition des visiteurs. Entrée gratuite sur invitation à retirer sur www.studyrama.com
(rubrique “Salons”).
• P’TITS BOUTS & LECTURE. La neuvième
édition du “Festival du livre de jeunesse” MidiPyrénées aura lieu les 28, 29 et 30 janvier à SaintOrens (31). Cette année, le festival, dont le thème
est “Des filles, des livres et des garçons!”, propose
une dizaine de rendez-vous culturels en régions :
près de vingt lieux seront investis pour aller à la rencontre du livre avec plus de quarante auteurs et
illustrateurs, des expositions exceptionnelles d’originaux, des milliers de livres à la librairie jeunesse et
de nombreux spectacles, ateliers et animations. Plus
d’informations : association.flj.free.fr
• DISQUE D’ICI. Entre surf music et rock sixties,
les Toulousains de The Taikonauts n’ont pas leur
pareil pour faire chavirer un public et retourner une
salle de concerts. Car en effet, le combo est réputé
pour ses prestations live vives et remuantes. The Taikonauts vient de faire paraître un album baptisé “Surf
music from outer space” qui nous entraîne dès les
titres d’ouverture dans une ambiance très “tarantinesque” où les boots pointues, les pantalons cigarettes et les fines cravates sont de rigueur. Ici, les instrumentaux s’enchaînent façon western, dans un
galop de sonorités fuzz et psychédéliques dignes des
séries Z les plus funs… impossible de ne pas tenter
un pas de twist à l’écoute de cette pièce autoproduite de pur style! Les amateurs de 33 tours seront
heureux de découvrir que cet autoproduction est
également disponible dans sa version vinyle pour le
meilleur du meilleur son. Des infos supplémentaires :
www.myspace.com/thetaikonauts ou 06 89 41 87 79.
• CASSE-DALLE MUSICAL. “La pause
musicale” est une idée originale qui consiste en
des concerts gratuits, tous les jeudis à 12h30, qui se
tiennent à la Salle du Sénéchal (17, rue de Rémuzat,
métro Jeanne d’Arc ou Capitole). Les rendez-vous de
janvier sont les suivants : quartet Raffit/Richeux/Trolonge/Guitton “Musique pour film sans image” le 6 ;
Jean-Luc Amestoy “Conférence musico scientifique
en accordéon et image” le 13 ; Ebony “quintet de
clarinettes” le 20 ; Olivier Gil “Le charme discret de
la chanson, clin d’œil à Détours de chant!” le 27. Plus
d’infos : www.toulouse.fr
Le Batave du Comminges
> Dick Annegarn
Dans le genre
dinosaure de la
chanson francophone,
Dick Annegarn se pose là.
L’homme va être
omniprésent en ce début
d’année, d’abord à
l’occasion de l’hommage
que lui rend le festival
“Détours de Chant!”,
puis avec la parution
d’un album absolument
réjouissant.
© Melchior Lamy
6/AUTEUR
Cette année, le festival “Détours de Chant!” fête vos quarante ans de
C’est cet amour des mots et de la langue qui est à l’origine du “Festival
du verbe” que vous organisez chaque année à Laffite-Toupière votre
chansons. Comment cette carrière a-t-elle commencé ?
village du Comminges.
> Dick Annegarn : « Je me suis installé à Paris en 1972. Je jouais dans la
rue. Et puis j’ai commencé à faire des scènes ouvertes de blues, (notamment
« En effet, c’est la société poétique, comme dirait Claude Sicre, qui m’a
au Centre culturel américain de Paris, ndr). C’était comme un radio crochet
porté. On organise des concours de poèmes, des matches de tchatche. Et
sans radio. Le public nous sifflait ou nous gardait. Il y avait aussi Bill Deraime,
on invite des artistes comme Vincent Delerm, Mathieu Chedid, Claude
Maxime Leforestier… ça m’a permis de rencontrer Jacques Bedos (direcSicre… qui viennent dans un pré pour pas d’argent, chez les paysans, dire
teur artistique chez Polydor, ndr) — l’oncle de l’autre — qui avait dans son
leurs chansons. On a même eu Mader qui est venu dire “Macumba”. Ce fesécurie Moustaki, Reggiani, Leforestier… Très vite Jacques Bedos m’a fait
tival est pour moi un laboratoire en milieu rural, c’est un vrai acte polienregistrer un album en prenant sur le temps de studio de Moustaki. Un
tique. Le “Marathon des Mots” à Toulouse, le festival des correspondances
album enregistré en trois nuits qui s’est vendu à 100 000 exemplaires en
de Manosque, “Paris en toutes lettres” sont des manifestations qui restrois mois (“Sacré géranium”, 1974). J’ai commencé par faire des concerts
semblent au “Festival du verbe”, sauf que ça n’est pas du spoken word, ça
dans des boîtes un peu pourraves, des petites salles, tout en faisant aussi des
n’est pas de la parole parlée. C’est de la parole écrite et lue, et pour moi
Olympia. J’ai tenu quelques années comme cela et puis
c’est le degré zéro du spectacle. La chanson, les
Je m’inscris d’une part
j’ai quitté la compétition. J’en avais marre de l’industrie
blagues, le théâtre, la tchatche, les joutes verbales…
du rock. De cette espèce d’emportement et de fascisont des occasions de déclamer son amour, sa verve,
dans les expériences pop
nation/fascisation pour la pop et le rock où les
sa fougue, sa conviction, et il y a là-dedans du style,
américaines et anglaises,
vedettes tirent tous les faisceaux vers eux et veulent
de la langue, des effets de manche. Il y a en tout cas
et dans les expériences
représenter les spectateurs tout en les abandonnant.
de quoi animer une scène et c’est le propos du
Je faisais alors une critique non seulement du show-biz
“Festival du verbe”. La littérature nous intéresse mais
linguistiques françaises.
mais aussi des vedettes de gauche. En 1978, je me suis
dans sa périphérie. On se fiche des accents circontaillé sur une péniche en marge de la Marne. J’ai alors participé à des initiaflexes mais on exploite les erreurs et même on les recherche. Les Amis du
tives sociales, associatives, alternatives pendant dix/quinze ans. »
Verbe sont linguistiquement libres. Donc on parle de cul, de politique et il
y a du mal parler, du mal dire. Et nous ne sommes pas des marginaux!
Vous êtes hollandais mais vous écrivez depuis le début vos chansons
“Exercices de style” de Queneau, ça n’est que cela. Je m’inscris dans la traen français. Pourquoi donc ?
dition française de la gouaille, de la harangue, de la bouffonnade. »
« Je suis francophone depuis l’âge de 6 ans. Je suis européen en gros. Je
Si votre façon de vous approprier la langue est inscrite dans une trasuis un joyeux bâtisseur de l’Europe. Mon père était un fonctionnaire du
dition hexagonale, votre fonds musical est lui très anglo-saxon, de la
marché commun. Il était traducteur et parlait trois/quatre langues. J’étais
pop mais surtout du folk et du blues.
à l’école à Bruxelles et avec mes amis belges, allemands ou italiens, nous
« Le blues est très riche poétiquement. La poésie sexuelle nègre est une
parlions en français. On parlait français mais on ne chantait pas en franpoésie subtile. On ne dit pas baiser, on ne dit pas cul, on dit “shake your
çais. On chantait pop, on chantait Dylan, on chantait du blues, on chantait
money marker”, on dit “can you hear my train coming” “est-ce que tu
Jethro Tull, T. Rex… On chantait en anglais mais on se parlait en français.
entends mon train arriver ?”. Le blues c’est l’art de contourner mais pas seuLa Belgique était alors un pays ouvert à la culture pop, au jazz, au blues.
lement. La musique des illettrés noirs de la fin du XIXè siècle est révoluLa langue musicale que j’entendais sur la radio française quand je passais
tionnaire et imprègne maintenant toute la musique. Je rends hommage dans
la frontière belge était pour moi assez indigente. Un yé-yé un peu bête,
un disque qui sort ce mois-ci à ces musiques populaires. »
quelques syllabes et onomatopées ou alors une chanson très littéraire…
Il n’y avait pas d’alternatives. Donc je me suis dit qu’il y avait peut-être une
Ce nouvel album, vous le jouerez pour “Détours de Chant!” ?
place à prendre pour moi. Je voulais aller vers une “batardisation”, un enri« Non. On va donner un échantillon de ce que je fais avec des musiciens gaschissement, un métissage entre cette vieille France et sa vieille chanson,
cons car Toulouse ne sait pas ce que je fais avec ces musiciens qui jouent cor
et ce que j’écoutais. Cette tentative a un peu échoué, c’est devenu une
d’harmonie, tuba, cajon et moi de la guitare. On jouera les chansons de l’alalternative uniquement politique et pas stylistique. La musique en est resbum “Soleil du soir” et puis, bien sûr, des anciennes comme “Bébé éléphant”,
tée à des arpèges minimum, la mineur, mi 7, sol, la mineur et à des inten“Sacré géranium” à l’harmonica et au tuba, on fait “Bruxelles” avec un orgue
tions philosophiques et politiques en oubliant de travailler la langue.
ecclésiastique. On tape aussi un peu dans le musée pour les rafraîchir. Et puis
Stylistiquement nous n’avons pas eu les Watts, Kerouac… Dylan qui dès
il y aura aussi “La fête à Dick” que me prépare Hervé Suhubiette avec Voix
ses débuts faisait du slam, du talking blues. L’alternative française c’était
Express et des artistes programmés dans “Détours de Chant!”. Je suis
Antoine… Alors en effet, dans ce petit monde j’étais un ovni culturel. »
curieux de voir à quoi cela va ressembler. Je fais un peu
L’intérêt pour vous de tripatouiller cette
ma chochotte, mais c’est toujours pour moi un émerlangue venait d’où ?
veillement d’entendre mes textes chantés par d’autres
« De la Pataphysique, du mouvement Oulipo, de
dans la mesure où les gens recréent mes chansons. »
Raymond Queneau, Boris Vian, Paul Fournel, des
> Propos recueillis par Jean-Philippe Birac
surréalistes, du mouvement Dada… de toutes ces
alternatives linguistiques que la France cachait. Cette
• “La fête à Dick Annegarn”, samedi 29 janvier, 20h30, au
invitation à travailler la langue existait avant que je
théâtre des Mazades (10, avenue des Mazades, 05 34 40
naisse. La publication de “Gestes et opinions du doc40 10) ; également au Théâtre des Mazades le vendredi
teur Faustroll”, ce texte d’Alfred Jarry, fondateur
4 février à 20h30 ; et le samedi 5 février, 16h00, à la
d’une autorisation à sortir des règles de ce “putain”
Médiathèque José Cabanis (Paroles parlées : cinq slade français avec accent circonflexe date les années
meurs Yassin Benmoumene, Paul Bertrand, Cécile Lescure,
1910. Je m’inscris d’une part dans les expériences
Madhi Sérié et Dick Annegarn)
pop américaines et anglaises, et dans les expériences
• Nouvel album “Folk talk” à paraître le 7 février chez Tôt ou Tard
linguistiques françaises et j’ai adhéré au Collège de Pataphysique. »