des résistants du musée de l`homme entrent au panthéon

Transcription

des résistants du musée de l`homme entrent au panthéon
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
DES RÉSISTANTS DU
MUSÉE DE L’HOMME
ENTRENT AU PANTHÉON
« QU’ON RENDE JUSTICE À NOTRE SOUVENIR APRÈS LA GUERRE,
CELA SUFFIT. D’AILLEURS, NOS CAMARADES DU MUSÉE DE
L’HOMME NE NOUS OUBLIERONT PAS. »
BORIS VILDÉ
Ethnologue, chef du réseau de résistance du Musée de l’Homme
Le 27 mai, la France rendra hommage à quatre figures illustres de la Résistance qui rejoindront les
«grands hommes » au Panthéon : Pierre Brossolette, Geneviève Anthonioz - de Gaulle, Germaine
Tillion et Jean Zay. Ces quatre personnalités ont toutes croisé la route du Musée de l’Homme dans
les premières années de son histoire. Toutes ont incarné les valeurs et les ambitions de ce Musée
qui, dès sa création, fut marqué par la pensée humaniste et universaliste de son fondateur Paul
Rivet.
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
1 — MUSEEDELHOMME.FR
Dans le contexte de la montée des fascismes, l’idéal universaliste des fondateurs du Musée de
l’Homme s’est rapidement trouvé confronté aux idéologies les plus inhumaines. Les hommes et les
femmes du Musée de l’Homme ont choisi d’agir contre la barbarie nazie et ont été parmi les premiers
à payer de leur vie leur liberté de pensée.
Au moment où le nouveau Musée de l’Homme s’apprête à ouvrir ses portes le 17 octobre prochain,
cette entrée au panthéon est l’occasion de leur rendre hommage ainsi qu’aux grands précurseurs
de la Résistance que sont la bibliothécaire du musée, Yvonne Oddon, les ethnologues Boris Vildé et
Anatole Lewitsky.
Très vite arrêtés, fusillés ou déportés, ils n’ont pas eu le temps de passer à la postérité nationale alors
même qu’en choisissant de donner le titre de « Résistance » au journal dont ils éditèrent cinq numéros,
ils donnaient un nom au mouvement d’insurrection clandestine qu’ils étaient en train de créer.
« Ce passé impose d’être à la hauteur de l’œuvre
scientifique qui ouvrit de nombreuses routes. Rénover
le Musée de l’Homme aujourd’hui c’est renouveler la
pensée sur l’Humain, adapter ses messages à une
société qui a évolué et avancé depuis 1937, mais reste
confrontée chaque jour à de nouveaux défis pour
défendre la connaissance et la tolérance. »
Thomas Grenon,
Directeur Général du Muséum d’Histoire naturelle
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
LES LIENS ENTRE LE MUSÉE DE L’HOMME
ET LES 4 « GRANDS HOMMES » QUI ENTRENT AU PANTHÉON
Jean Zay (1904-1944), entré très tôt en politique, devient à 32 ans membre du gouvernement du
Front Populaire comme Ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts. Il soutient à ce titre la
création du Musée de l’Homme et participe à son inauguration en présence du Président Lebrun le
20 juin 1938. Arrêté et emprisonné dès août 1940, il meurt assassiné par la milice en juin 1944.
Germaine Tillion (1907-2008) est une ethnologue, elle rejoint la résistance dès 1940. Après
l’arrestation des membres fondateurs du réseau du Musée de l’Homme, notamment de Boris Vildé
et Anatole Lewitsky, elle poursuit leurs activités. Elle-même arrêtée en 1942, elle sera finalement
déportée à Ravensbrück. Forte de son expérience d’ethnologue, elle s’attache à décrire le monde
concentrationnaire.
Ses travaux serviront de base au ministère des Anciens Combattants pour établir les premières
pensions. Après la guerre, elle fut également « liquidatrice nationale » chargée de constituer et
avaliser les dossiers administratifs de ses camarades de résistance qui seront reconnus comme ayant
appartenu au groupe auquel elle donnera le nom de « Réseau du Musée de l’Homme – Hauet- Vildé »
Pierre Brossolette (1903-1944), journaliste et homme politique, rejoint le Groupe du Musée de
l’Homme après avoir été présenté à Jean Cassou par Agnès Humbert. Membre du journal « Résistance » édité par le réseau, il échappe de peu au démantèlement du réseau. Il devient le porte-voix
à Londres des combattants de l’ombre. Dans un discours à la BBC le 22 septembre 1942, il rend un
vibrant hommage aux « soutiers de la gloire ». Il prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC
en remplacement de Maurice Schumann et écrira des articles, dont un dans La Marseillaise qui par
la suite sera considéré par certains comme un des textes fondateurs du gaullisme de guerre. Après
avoir échappé plusieurs fois à des arrestations, Pierre Brossolette est finalement arrêté sur dénonciation. Torturé, il décède le 22 mars 1944.
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
2 — MUSEEDELHOMME.FR
Geneviève Anthonioz-de Gaulle (1920-2002), nièce du Général de Gaulle et résistante dès juin
1940 en lien avec le Groupe du Musée de l’Homme, multiplie les actions de renseignement et
d’information, notamment au sein du réseau Défense de la France. Arrêtée le 20 juillet 1943 et
emprisonnée à Fresnes, elle est déportée au camp de Ravensbrück le 2 février 1944 où elle rencontre
et se lie d’amitié avec d’autre résistantes et notamment Germaine Tillon. En octobre 1944, elle est
placée en isolement au « bunker » du camp. Cette décision, prise par Himmler, vise à la garder en
vie et l’utiliser comme monnaie d’échange. Elle témoigne en 1987 sur la barbarie nazie lors du procès
de Klaus Barbie.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
CONTACTS MUSÉUM :
—
FRÉDÉRIC VERNHES
DIRECTEUR DE LA DIFFUSION,
DE LA COMMUNICATION,
DE L’ACCUEIL ET DES PARTENARIATS
01 40 79 54 50
[email protected]
FANNY DECOBERT
DIRECTRICE ADJOINTE DE LA
DIFFUSION, DE LA COMMUNICATION,
DE L’ACCUEIL ET DES PARTENARIATS
01 40 79 54 44
[email protected]
3 — MUSEEDELHOMME.FR
EN SAVOIR PLUS SUR LE RÉSEAU DE RÉSISTANCE DU
MUSÉE DE L’HOMME
Le « réseau du Musée de l’Homme » est l’un des premiers organismes clandestins de Résistance, né
de manière spontanée dès l’appel du Général de Gaulle et l’annonce de l’armistice par le maréchal
Pétain en juin 1940. L’histoire de ce réseau est intrinsèquement liée à l’engagement politique antipétainiste de Paul Rivet, fondateur du Musée de l’Homme en 1937, et de son équipe.
Naissance et organisation du réseau dès juin 1940
Dès juin 1940, un premier groupe d’opposition au régime de Vichy et au nazisme est formé par
Yvonne Oddon (bibliothécaire), Boris Vildé et Anatole Lewitsky (ethnologues d’origine russe) dans
les locaux du Musée de l’Homme. Ce mouvement se transforme en un « secteur » clandestin dirigé
par Boris Vildé et définitivement structuré en octobre 1940. Il compte 100 membres répartis en huit
groupes aux activités propres comme l’évasion de prisonniers (grâce à de faux certificats de maladie
et le recrutement de passeurs), la propagande (les journaux Résistance et Vérité français sont créés
respectivement en septembre et décembre 1940) et le renseignement (collecte d’informations et leur
acheminement vers Londres).
À la fin de l’automne 1940, le secteur de Boris Vildé se rapproche d’un secteur géré par Maurice
Dutheil de La Rochère (50 membres) et d’un autre géré par Paul Hauet et Germaine Tillion (80
membres). Ces trois secteurs sont implantés sur l’ensemble de la zone occupée, ainsi que dans
certaines villes de la zone libre (Bordeaux, Perpignan, Toulouse, Lyon, Vichy).
La précocité de la création du réseau de Résistance du Musée de l’Homme est à l’image de celle des
premières arrestations.
La répression du réseau dès 1941
À Paris, le service de renseignements allemand (l’Abwehr) est installé à l’Hôtel Lutétia dans le 6e
arrondissement, d’où il traite les informations qui lui sont transmises par des agents infiltrés et des
individuels. Parmi eux, Albert Gaveau, mécanicien, agent de liaison et homme de confiance de Boris
Vildé, dénonce à l’Abwehr l’existence du réseau de Résistance du Musée de l’Homme. Les premières
arrestations ont lieu en février 1941.
A la suite d’une enquête d’une année, 19 personnes sont inculpées de crime d’espionnage au profit
d’une puissance ennemie. Le 8 janvier 1942, un procès se tient devant une cour allemande. Le verdict
est : 10 peines capitales, 3 peines de prison et 6 non-lieux. Les femmes condamnées à la peine
capitale sont finalement déportées vers des camps allemands.
Le 23 février 1942, Jules Andrieu, Georges Ithier, Anatole Lewitsky, Léon Nordmann, René Sénéchal,
Boris Vildé et Pierre Walter sont fusillés au Mont Valérien.
Le 13 août 1942, Germaine Tillion est arrêtée à la Gare de Lyon à Paris, avant d’être envoyée aux
prisons de la Santé (Paris) et de Fresnes (Val-de-Marne), puis d’être déportée au camp allemand de
Ravensbrück.
Dès la fin de la guerre et son retour de Ravensbrück, Germaine Tillion est chargée de régulariser les
pensions au titre de combattant volontaire de la Résistance et enregistre le réseau sous le nom de «
Réseau du Musée de l’Homme – Hauet – Vildé ».
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
LE RÉSEAU DE RÉSISTANCE DU MUSÉE DE L’HOMME
Anatole Lewitsky est né en 1901 près de Moscou. Issu d’une grande famille de la noblesse impériale,
il est obligé de s’exiler avec sa famille pendant la Révolution bochévique et s’installe à Paris en 1924
où il connaît la misère. Il multiplie les petits emplois tout en suivant des études d’ethnologie à la
Sorbonne et suit les cours de Marcel Mauss à l’école pratique des hautes études.
Diplômé en 1932 d’ethnologie linguistique, Anatole Lewitsky se fait remarquer par sa parfaite
maîtrise de plusieurs langues alors qu’il est embauché comme simple manutentionnaire au Musée
d’Ethnographie du Trocadéro (MET). Il acquiert la nationalité française, participe à la naissance du
Musée de l’Homme et y rencontre Yvonne Oddon avec qui il vit en concubinage à partir de 1937.
Mobilisé en octobre 1939 alors qu’il dirige le laboratoire de technologie comparée du Musée, il
échappe à la captivité et obtient sa démobilisation à Clermont-Ferrand pour retourner à Paris, il
quitte son unité pour gagner la zone libre dès l’armistice afin d’échapper à la captivité.
Il revient à Paris au cours de l’été 1940 et participe avec deux autres collègues, qui sont aussi des
intimes (Boris Vildé et Yvonne Oddon), à créer l’un des tout premiers groupes de résistance en France
: le réseau du Musée de l’Homme. Celui-ci fut en lien avec le bureau central de renseignements et
d’action (BCRA) du général de Gaulle, en charge des opérations clandestines sur le sol français.
Filières d’évasion vers la Grande-Bretagne et l’Espagne, missions de renseignement, fabrication de
tracts et de journaux, le groupe d’Anatole Lewitsky prend tous les risques et finit par être découvert.
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
MUSEEDELHOMME.FR
Anatole Lewitsky est arrêté par la Gestapo en février 1941 en même temps qu’Yvonne Oddon, sur
dénonciation de deux employés des services techniques du Musée, Mme Erouchkowski (dite Mme
Ski) et Mr Fedorowski (dit « Fédo »). Il est fusillé avec Boris Vildé et cinq autres membres du réseau,
le 23 février 1942 au mont-Valérien et inhumé au cimetière d’Ivry.
Portrait d’Anatole Lewitsky en tenue militaire ©MNHN-DBD
ANATOLE LEWITSKY
ETHNOLOGUE AU MUSÉE DE L’HOMME
PIONNIER DE LA RÉSISTANCE
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
LE RÉSEAU DE RÉSISTANCE DU MUSÉE DE L’HOMME
BORIS VILDÉ
LINGUISTE ET ETHNOLOGUE DU MUSÉE DE L’HOMME
CHEF DU RÉSEAU DE RÉSISTANCE DU MUSÉE DE L’HOMME
L’avant-guerre
Boris Vildé est né le 25 juin 1908 à Petrograd (Saint-Pétersbourg). Après la mort prématurée de
son père, il émigre avec sa mère et sa sœur et rencontre André Gide venu donner une conférence
à Berlin en 1932. Celui-ci lui conseille de quitter l’Allemagne. André Gide lui présente Paul Rivet,
directeur du Musée de l’Homme alors qu’il poursuit des études de langues allemande et japonaise
à Paris. Il épouse Irène Lot, fille de l’historien Ferdinand Lot, en juillet 1934 et obtient la nationalité
française le 5 septembre 1936. Il obtient un diplôme de langue allemande à la Sorbonne en 1937
et est chargé du département des civilisations arctiques au Musée de l’Homme.
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
MUSEEDELHOMME.FR
La Résistance
Titularisé le 1er janvier 1939 au Musée de l’Homme, il y prend la direction du département des
Peuples polaires. Il est sur le point d’entreprendre un troisième voyage d’étude en Suède et en
Finlande lorsqu’intervient la déclaration de guerre. Mobilisé dans l’armée française, il est fait
prisonnier par les Allemands le 17 juin 1940 dans le Jura. Il s’évade et regagne Paris début juillet.
Dès le mois d’août 1940 à Paris, il fonde l’un des premiers mouvements de Résistance, qui se
désigne comme « Comité National de Salut Public » qui sera ensuite connu sous le nom de réseau
du Musée de l’Homme. Composé d’intellectuels parisiens et de collègues du Musée de l’Homme,
ce groupe est formé au départ par Yvonne Oddon, bibliothécaire du Musée, Boris Vildé et Anatole
Lewitsky, autre émigré d’origine russe employé au Musée, également ethnologue et responsable des
collections. Mais le groupe s’élargit rapidement.
Des premiers tracts sont édités en août 1940 par le groupe de Résistants du Musée de l’Homme et
le premier numéro du journal « Résistance », dont la première page a été rédigée par Boris Vildé,
est publié sous la direction de Jean Cassou le 15 décembre 1940. Ce journal de quatre pages aura
une portée considérable pour les Français qui refusaient de se soumettre. Entre décembre 1940 et
mars 1941, cinq numéros sont distribués, Pierre Brossolette en a écrit le dernier numéro paru le 25
mars 1941 (numéro jamais retrouvé), juste avant le démantèlement du Groupe. D’abord imprimé au
Musée de l’Homme, le journal sera par la suite édité à Aubervilliers.
La dénonciation
Boris Vildé rencontre un certain Ameline (Albert Gaveau, agent du capitaine SS Doering) dont il fait
son homme de confiance. Le 26 mars 1941 Boris Vildé est arrêté par la Gestapo sur dénonciation
d’Albert Gaveau qui s’avère être un agent double, tandis que d’autres employés du musée (notamment Yvonne Oddon et Anatole Lewitsky) sont arrêtés par la police française sur dénonciation de
deux employés du Musée de l’Homme, Fedorovsky et Erouchkovsky. Le procès qui sera appelé par
les journaux « l’Affaire du Musée de l’Homme » débute en janvier 1942 et donnera lieu à 7 condamnations à mort. La peine capitale sera commuée en déportation pour les femmes.
Boris Vildé est fusillé au fort du Mont-Valérien, ainsi que six autres de ses compagnons Résistants
le 23 février 1942. Il repose au cimetière d’Ivry à côté de ses compagnons, dont Anatole Lewitsky
fusillé le même jour que lui.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
LE RÉSEAU DE RÉSISTANCE DU MUSÉE DE L’HOMME
GERMAINE TILLION
ETHNOLOGUE DU MUSÉE DE L’HOMME
PIONNIÈRE DE LA RÉSISTANCE
Germaine Tillion à la recherche de peintures rupestres dans
une grotte (Aurès 1935) ©Association Germaine Tillion
ENTRÉE AU PANTHÉON LE 27 MAI 2015
L’ethnologue, des études au Musée de l’Homme
Le parcours de Germaine Tillion démontre une très grande curiosité… Elle étudie l’archéologie,
la préhistoire et l’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre, elle poursuit des études de celte, s’initie à
l’épigraphie sémitique à la Sorbonne et à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, elle suit les cours
de Marcel Mauss au Collège de France et à l’Institut d’Ethnologie. Elle fait aussi des études de
psychologie. Dans les années 1927 à 1934, elle participe à l’effervescence des étudiants classant
et rangeant les collections ethnographiques dans l’ancien et vétuste Musée d’Ethnographie du
Trocadéro, ancêtre du musée de l’Homme.
En 1934, il lui est proposé une mission dans l’Aurès, pour étudier l’ethnie berbère des Chaouias. La
première mission a lieu en 1935-1936. Elle est accompagnée de Thérèse Rivière, sœur de GeorgesHenri Rivière, alors sous-directeur du Musée de l’Homme. Thérèse étant tombée malade, Germaine
Tillion poursuit seule ses recherches.
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
1 — MUSEEDELHOMME.FR
La Résistance
L’ethnologue rentre en France en mai 1940 après sa seconde mission dans l’Aurès. Ignorant à peu
près tout de la situation en métropole, elle arrive à Paris au lendemain d’une capitulation qui la
révolte. Patriote et républicaine, elle se rapproche du Colonel Paul Hauet, qui dirige une association
d’aide aux soldats coloniaux, l’UNCC (Union nationale des combattants coloniaux), dont il se sert
pour abriter une filière d’évasion destinée aux prisonniers de guerre. Son activité s’élargit ensuite à
la collecte d’informations sur l’armée allemande, sur les mouvements des troupes et sur les camps
de prisonniers. Par l’intermédiaire de Germaine Tillion, Paul Hauet entre en contact avec le groupe
de résistants de Boris Vildé.
Après l’arrestation des principaux résistants du réseau du Musée de l’Homme, début 1941, l’organisation
dérivée de l’UNCC reprend les activités du réseau jusqu’au 5 juillet 1941, date à laquelle Paul Hauet
est arrêté. Germaine Tillion prend alors le relais.
Trahie par l’abbé Robert Alesch, elle est arrêtée à son tour le 13 août 1942 et mise à l’isolement
à la prison de la Santé, puis transférée à celle de Fresnes deux mois plus tard. Lors de son
incarcération, la résistante parvient à prendre des notes et ne cesse d’imaginer des moyens d’entrer
en communication avec ses camarades.
« POUR MOI, LA RÉSISTANCE CONSISTE À DIRE NON. MAIS DIRE NON, C’EST
UNE AFFIRMATION. C’EST TRÈS POSITIF, C’EST DIRE NON À L’ASSASSINAT, AU
CRIME. IL N’Y A RIEN DE PLUS CRÉATEUR QUE DE DIRE NON À L’ASSASSINAT, À
LA CRUAUTÉ, À LA PEINE DE MORT. »
Entretien conduit à l’automne 2002 par Alison Rice et publié intégralement en anglais dans Research in African Literatures, 35 (2004), 1, p.162-179. In Tzvetan Todorov, Le siècle de Germaine Tillion, 2008, p.350.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
La déportation
Le 23 octobre 1943, Germaine Tillion est déportée NN (“Nacht und Nebel”, Nuit et brouillard :
personnes accusées de sabotage et de résistance représentant un danger pour l’armée allemande,
condamnées à disparaître sans laisser de traces) à Ravensbrück et passe un an et demi en captivité.
Insensible à la peur, l’ethnologue multiplie les actes de résistance dans le camp : mots passés
secrètement par ses codétenues ou photographies des femmes victimes d’expériences pseudo
médicales qu’elle réussit à sortir du camp.
Elle y compose même une opérette, qui décrit la condition de Verfügbar, détenue « disponible » et
« corvéable à merci ». Dans Le Verfügbar aux enfers, Germaine Tillion fait preuve d’un humour
surprenant : « On m’a dit “il faut résister”... / J’ai dit oui presque sans y penser / C’est comme ça
qu’dans un train de la ligne du Nord / J’eus ma place retenue à l’œil et sans effort... ». Cette opérette
inachevée, dont l’énergie et l’humour s’étiolent en même temps qu’augmente le nombre de jours
passés dans le camp restera cachée plus de quarante ans. Germaine Tillion donne finalement son
accord pour qu’elle soit mise en scène en 2007, au Théâtre du Châtelet.
L’ethnologue de l’Aurès mobilise également l’expérience acquise en Algérie pour mieux analyser la
structure du camp, avec la volonté insatiable de comprendre la logique de son fonctionnement, de
déchiffrer ce terrible univers pour survivre. La résistance dans le camp devient celle de l’esprit, une
lutte pour ne pas succomber à la folie ou au désespoir.
Tout en se soustrayant le plus possible au travail, Germaine Tillion n’échappe ni au quotidien du
camp, la faim, la maladie, l’épuisement, l’absence d’hygiène, ni au désespoir en apprenant la mort
de sa mère Emilie, elle aussi déportée à Ravensbrück et gazée en mars 1945.
L’après-guerre
Libérée par la Croix - Rouge suédoise en mai 1945, Germaine Tillion a consacré une partie de sa vie
à l’étude du système concentrationnaire nazi, étude entamée clandestinement dans l’enceinte même
du camp, poursuivie en Suède auprès de ses camarades de Déportation, et menée jusqu’à son retour
en Algérie. Convoi par convoi, elle entreprend de reconstituer l’itinéraire des femmes déportées à
Ravensbrück, les conditions de leur arrestation, leur passage d’un camp à l’autre, les circonstances
de leur mort ou leur devenir après la Libération. Ce long travail minutieux est motivé par le souci de
témoigner et de garder une trace de ces destins brisés, avant qu’ils ne sombrent dans l’oubli.
Dès 1945, Germaine Tillion prend en charge les démarches administratives relatives au réseau du
Musée de l’Homme avec pour objectif l’attribution de décorations et de pensions militaires au titre de
combattant volontaire de la Résistance. Elle enregistre le réseau au nom de « Réseau du Musée de
l’Homme – Hauet –Vildé » en 1946 en hommage aux martyrs du Musée de l’Homme.
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
2 — MUSEEDELHOMME.FR
« CE JOUR-LÀ, DANS LES LOCAUX DE LA FRANCE COMBATTANTE, ENTRE DEUX
PORTES, ON ME PRIA DE DONNER UN NOM À NOTRE ORGANISATION ET C’EST
ALORS QUE, SUR LES FONTS BAPTISMAUX, JE L’AI APPELÉE RÉSEAU MUSÉE DE
L’HOMME. POURQUOI CE NOM ? PARCE QUE LORSQUE NOUS PARLIONS DE NOS
PREMIERS MORTS, NOUS DISIONS « CEUX DU MUSÉE »…
« Le réseau musée de l’Homme », in A la recherche du vrai et du juste. A propos rompus avec le siècle, textes réunis et
présentés par Tzvetan Todorov, Paris, Seuil, 2001, p.145.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
LE RÉSEAU DE RÉSISTANCE DU MUSÉE DE L’HOMME
Portrait de Paul Rivet (1876-1958) ©MNHN-DBD
PAUL RIVET
FONDATEUR DU MUSÉE DE L’HOMME
Paul Rivet, anthropologue et fondateur du Musée de l’Homme en 1937, est une personnalité engagée bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Pour lui, c’est le rôle du scientifique
d’alerter des dangers qui menacent la société et d’éveiller les consciences. En 1933, Rivet se rend
à Berlin et découvre la montée du nazisme et de l’antisémitisme. Dès lors, il accueille au Musée
d’Ethnographie du Trocadéro juifs allemands exilés et russes émigrés, dont certains deviendront
membres de l’équipe de recherche du Musée d’Ethnographie du Trocadéro, puis du Musée de
l’Homme. Parmi ces membres, Boris Vildé et Anatole Lewitsky seront les chefs de file de la résistance au Musée de l’Homme.
Paul Rivet apprend le début de la guerre alors qu’il est en mission de terrain en Amérique du
Sud. De retour en octobre 1939, il poursuit sa mission de direction du Musée de l’Homme, entouré
d’une équipe réduite du fait de la mobilisation masculine au front. Le matin du 14 juin 1940, avant
même le discours du Maréchal Pétain prônant l’armistice et la reddition à l’ennemi, Rivet ouvre
les portes du Musée de l’Homme, puis y placarde une traduction française du poème If/Tu seras
un homme, mon fils de l’écrivain britannique Rudyard Kipling. Le poème appelle à garder la tête
haute et se battre.
Son engagement politique foncièrement anti-pétainiste met Paul Rivet en danger. Aux côtés de
ceux de Marcel Mauss, Henri Bergson ou Jules Romains, son nom est inscrit sur liste de personnalités scientifiques et influentes à évacuer, établie le 21 juin par la Fondation Rockefeller. Il ne
souhaite toutefois pas quitter la France. Puis les choses s’accélèrent.
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
Le 14 juillet 1940, Rivet adresse au Maréchal Pétain la première des quatre lettres ouvertes qu’il
lui adressera, dans laquelle il critique le régime de Vichy avec virulence : « Monsieur le Maréchal,
le pays n’est pas avec vous, la France n’est plus avec vous ». Le 19 novembre, il est relevé de ses
fonctions par le ministre de l’Instruction publique, Georges Ripert. Les menaces d’une arrestation
ciblée d’opposants au régime le contraignent à s’exiler en février 1941. Il rejoint la Colombie où il
reste en contact avec la France libre et incarnera la résistance intellectuelle au nazisme.
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
Par sa fonction de directeur du Musée de l’Homme, Paul Rivet a offert un soutien moral infaillible
aux membres de son équipe engagés dans des activités de résistance depuis l’été 1940 et fondateurs d’un des premiers mouvements de résistance française : le « réseau du Musée de l’Homme ».
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
MUSEEDELHOMME.FR
COMMUNIQUÉ DE PRESSE — 20 MAI 2015
LE RÉSEAU DE RÉSISTANCE DU MUSÉE DE L’HOMME
Née en 1902 à Gap, Yvonne Oddon est une des chefs de file de la transformation des bibliothèques
françaises. Elle est recrutée, sur les conseils de David David-Weill par Georges-Henri Rivière
comme bibliothécaire du Musée d’Ethnographie du Trocadéro en 1929 tout en exerçant des
activités de conseil pour les bibliothécaires et en ayant des responsabilités à l’Association des
bibliothécaires français.
Elle approfondit son savoir-faire aux États-Unis, grâce à une bourse de la fondation Rockfeller et
noue des relations durables avec la Bibliothèque du Congrès et la Smithsonian Institution.
En 1937, le Musée d’Ethnographie du Trocadéro devient Musée de l’Homme et s’installe dans
de nouveaux locaux. Yvonne Oddon intervient sur les plans de la bibliothèque du Musée pour
y imposer les standards américains en matière d’architecture de bibliothèque et surveille ellemême l’avancée des travaux. Cette bibliothèque classée, ouverte au public marque un tournant
dans la gestion des bibliothèques d’étude. Une photothèque s’installe également au Musée de
l’Homme et rassemble la documentation photographique classée par Yvonne Oddon et Thérèse
Rivière.
CONTACTS PRESSE :
—
AGENCE PIERRE LAPORTE
COMMUNICATION
PIERRE LAPORTE - MARIE ROY LAURENT JOURDREN - FRÉDÉRIC
PILLIER
01.45.23.14.14
[email protected]
MUSÉE DE L’HOMME
CHRISTEL BORTOLI
01 44 05 73 23
[email protected]
ISABELLE GOURLET
01 44 05 72 31
[email protected]
MUSEEDELHOMME.FR
Dès 1940, première à s’engager par des actions de résistance à l’occupant, elle initie la création
du réseau de résistance dit « réseau du Musée de l’Homme » avec ses collègues Boris Vildé et
Anatole Lewitsky et participe au choix du nom du journal « Résistance ». Elle fréquente Germaine
Tillion qui se rend à la bibliothèque pour y effectuer des recherches où elles se confient leurs
activités secrètes.
Yvonne Oddon est arrêtée par la Gestapo en février 1941 en même temps qu’Anatole Lewitsky,
sur dénonciation de deux employés des services techniques du Musée, Mme Erouchkowski (dite
Mme Ski) et Mr Fedorowski (dit « Fédo »). Elle sera condamnée à mort puis finalement déportée
au camp de Ravensbrück.
Très affaiblie par sa détention, Yvonne Oddon ne reprendra ses fonctions au Musée de l’Homme
qu’en 1946. Elle décède en 1982.
Portrait d’Yvonne Oddon (1902-1982) ©MNHN-DBD
YVONNE ODDON
BIBLIOTHÉCAIRE DU MUSÉE DE L’HOMME
PIONNIÈRE DE LA RÉSISTANCE

Documents pareils