Lyon : ville de santé dans une logique de

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Lyon : ville de santé dans une logique de
Résumé de la conférence du 4 avril 2005 du Professeur Thierry PHILIP
Directeur Général du Centre Léon Bérard
Président de la Fédération Nationale des Centres de Recherche contre le Cancer
Vice-Président au Conseil Régional Rhône-Alpes, délégué à la Santé et aux Sports
« Lyon : ville de santé dans une logique de
développement durable »
Le président Michel THOMAS introduit le conférencier, qui a de nombreuses
responsabilités dans le domaine de la santé, il est notamment chargé de la
mission de mettre en place le cancéropôle Lyon - Rhône-Alpes - Auvergne.
L’intervention du Professeur Thierry Philip aborde deux aspects :
-
la présentation des pôles de compétitivité dans le domaine de la santé
à Lyon et Rhône-Alpes ;
les axes de développement permettant d’aller vers l’excellence
internationale de Lyon et de sa région, dans une logique globale de
santé et de développement durable.
I. Les cinq pôles de compétitivité qui se mettent en place dans le domaine de
la santé
1. Le cancéropôle
Le cancéropôle s’inscrit dans le plan national de lutte contre le cancer
initié par J.Chirac en 2003, qui fait suite au plan Jospin. Il existe sept
cancéropôles en France, mais celui de Lyon - Rhône-Alpes - Auvergne
a de l’avance car il a démarré dès 2001. il s’agit d’un dispositif de mise
en réseau de quatre acteurs principaux : les hôpitaux avec leurs
patients, les organismes de recherche (INSERM, CNRS, CEA…), les
Universités, et enfin l’industrie.
Ce projet a été appuyé par les Collectivités territoriales. A titre
d’exemple, la Région, le département et le Grand-Lyon apportent
45 M€ à ce projet pour la période 2004-2007.
Le cancéropôle dispose de plusieurs plateformes : Lyon-Sud, spécialisée
en épigénétique, Lyon-Est, près du centre Léon Bérard, spécialisée en
pharmacogénomique et génomique industrielle, Grenoble, centrée sur
la protéomique, et enfin Saint-Étienne pour la santé publique. Par
ailleurs, Clermont-Ferrand travaille dans le domaine du lien entre
nutrition et cancer. A ces plateformes, il faut ajouter le CIRC (Centre
International de Recherche sur le cancer), situé à Lyon, et qui fait partie
de l’OMS. Ce centre est orienté vers l’épidémiologie et apporte au
cancéropôle des éléments de tableau de bord.
Le canceropôle a notamment initié deux projets transversaux :
-
la banque des tumeurs, qui a pour objectif de créer des cartes
d’identité des différents types de tumeurs ;
la « preuve du concept », qui est un dispositif d’accompagnement et
de financement de la phase intermédiaire entre une découverte en
laboratoire et un projet viable de petite entreprise.
In fine, le cancéropôle va être complété par le projet Étoile, qui consiste
en une forme innovante d’irradiation des tumeurs.
2. Le génopôle Lyon-Grenoble
La plateforme de Lyon-Gerland est centrée sur l’imagerie, et Grenoble
est spécialisée en protéomique structurale. Lyon et Grenoble
développent ensemble la bio-génomique, qui s’appuie notamment sur
les nanotechnologies pour développer des outils thérapeutiques et de
diagnostic.
3. L’infectiopôle
Lyon est connue pour être un centre mondial des vaccins, avec des
entreprises phares comme Aventis, Bio-mérieux et Mérial. Cette
plateforme est située principalement à Gerland, où est également
présent le laboratoire P4. les axes de développement sont les grandes
pandémies et les vaccins, ainsi que la prévention du bio-terrorisme. Il
faut noter qu’il existe un lien entre infectiopôle et canceropôle, par
exemple dans le domaine des cancers du foie liés aux hépatites.
4. Le neuropôle
Les neurosciences ont été organisées en réseau bien avant les autres
dans la région, dans le cadre de coopérations entre Lyon et Grenoble,
mais es liens forts avec l’industrie sont encore à mettre en place. A
Lyon, le neuropôle comporte cinq cent chercheurs et il est structuré
autour de l’Hôpital neurologique Wertheimer et de l’Université Lyon 1.
5. Le pôle animal et végétal
Mérial est leader dans le domaine des vaccins pour animaux. Grenoble
développe la génétique des plantes. Lyon promeut un axe de
recherche sur la reproduction des plantes. Saint-Étienne se spécialise
dans l’interaction entre plantes et insectes. Valence travaille sur
l’arboriculture.
II. Les conditions de l’excellence au niveau international.
Des pôles européens se mettent en place progressivement au niveau
européen, ce qui est nécessaire pour être compétitif à l’international. A
titre d’exemple, les USA disposent de crédits de recherche sept fois
supérieurs à la France dans le domaine du cancer. Plusieurs axes de travail
ont progressé dans ce sens au cours des dernières années, mais il reste du
chemin à faire dans de nombreux domaines.
1. Développer la mise en réseau des acteurs et mettre en place des
dispositifs de gouvernance.
Les acteurs se mettent de plus en plus en réseau, ce qui a été accéléré
par les appels d’offre de la région Rhône-Alpes. Cette mise en réseau
doit être renforcée, dans le domaine économique, avec le
développement des bio-industries. Il y a déjà des résultats
encourageants avec vingt-sept start-up en Rhône-Alpes pour ce
domaine, dont dix-neuf à Lyon, avec des fleurons comme FLAMEL. Il
faut noter, dans cet exemple, que cette entreprise, issue du domaine
des silicones, a réussi en établissant un lien entre la biologie et la
chimie, qui est un autre pôle fort de Lyon.
Des acteurs comme BIO-ADVISOR, l’ADERLY, ERAI, BIO-VISION… aident
au développement de cette nouvelle forme d’industrie de biotechnologie d’où sortent de plus en plus de médicaments et d’outils
thérapeutiques et de diagnostic.
En ce qui concerne la gouvernance et le dispositif de pilotage de
cette mise en réseau, des instances comme celle du cancéropôle
permettent notamment d’améliorer la coordination des financeurs. Il
manque cependant une instance au niveau du Grand-Lyon pour
faciliter la mise en perspective des différents pôles.
2. Jouer la complémentarité Lyon-Grenoble et avec les autres villes
Les deux villes sont complémentaires, ce dont les acteurs lyonnais ont
pris, certes avec retard, de plus en plus conscience au cours des
dernières années. Grenoble apporte en particulier les nanotechnologies.
A contrario, les différentes villes de Rhône-Alpes ne contestent pas à
Lyon son rôle de capitale régionale, mais elles demandent à jouer un
rôle de leader dans les domaines où elles excellent.
Lyon doit continuer à accepter de travailler avec les autres villes, ce
qui suppose à la fois de l’humilité et la prise de conscience de ses
points forts. Également, le partenariat doit s’étendre au-delà du cadre
strictement régional, en coopérant avec Clermont-Ferrand et la Région
Auvergne.
3. Élargir le partenariat régional au niveau européen
Il convient de créer un Euro-bio-Cluster de l’Europe du Sud. Cela
suppose de développer les partenariats avec les régions déjà
associées à Rhône-Alpes : Lombardie, Bade-Wurtemberg, Catalogne,
ainsi qu’avec Genève où se trouve le CERN.
4. Aller vers une approche globale de la santé
Il faut arrêter de parler de cancer, par exemple, mais aller vers une
stratégie de santé, de sciences de la vie et de développement
durable. C’est en travaillant à l’interface entre les différents pôles
évoqués plus haut que l’on peut aller vers une vision globale de la
santé. Celle-ci ne comprend pas que les hôpitaux, mais aussi la
prévention, les vaccins, le diagnostic et la préservation de
l’environnement et de la santé au travail. Il faut donc promouvoir des
projets transversaux.
5. Prendre en compte la solidarité
Il y a, bien sûr, des actions prenant en compte la solidarité avec la
prévention du bio-terrorisme, en lien avec Interpol et le bureau de
l’OMS à Lyon. Toutefois, la majorité des coopérations s’établit entre
pays du Nord. L’axe Nord-sud reste à renforcer.
Rédacteur : Marc BONNET