Progrès médical et développement économique

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Progrès médical et développement économique
Le Pôle compétitivité Cancer – Bio – Santé
Progrès médical et développement économique
En succédant au Professeur Un industriel à la présidence
Roland
Bugat,
Pierre Une orientation plus business pour le pôle
Montoriol, fondateur et
Après Pierre Requier à la présidence de l'incubateur Midi-Pyrénées et après Jean-Marc
dirigeant de la sociétéThomas à la présidence d'Aerospace Valley, c'est un troisième élu de la CCIT, Pierre
Hémodia (280 salaries àMontoriol, qui a été porté à la tête d'une structure essentielle pour le développement
Labège) ; a pour premièreéconomique et la création d'emplois dans notre région (et, en plus, pour le progrès médical
mission
de
renforcer!) : le pôle de compétitivité Cancer-Bio-Santé.
l'implication
des
P. Montoriol. C'est effectivement ma
Les Nouvelles des Entreprises.
entreprises dans ce pôle Comment êtes-vous arrivé à la présidence
priorité : impliquer un maximum
d'entreprises dans des projets de
essentiel pour la diversité du pôle CBS?
recherche menés avec des laboratoires
du
tissu
économique Pierre Montoriol. En fait, je n'ai pas
et des médecins, avec des appels à
régional. Aux côtés des candidaté. Ce sont les membres du
projets dans de multiples domaines,
de la prévention par une bonne
grands groupes comme conseil d'administration, surtout côté
alimentation jusqu'aux soins palliatifs,
industriels, qui sont venus me
Pierre Fabre et Sanofi- chercher. Je crois que l'alternance était
en passant par les médicaments, la
chimiothérapie,
les
dispositifs
Aventis, une multitude de souhaitable entre un président issu du
médicaux, la e-santé, le maintien à
scientifique, le Professeur
PME-PMI doivent trouver monde
domicile...
Bugat, et un représentant du monde
avec le pôle CBS un nouvel de l'entreprise. Cette alternance était
Mais il reste beaucoup de PME à
en tout cas souhaitée par l'Etat comme
outil de développement.
par les collectivités territoriales. Et par
les entreprises : le pôle de
compétitivité, le projet de ToulouseCancer-Campus, le Cancéropôle avec
tous ses partenaires et toutes ses
composantes, tout cela donnait un
sentiment de confusion de milieu trop
complexe. On ne s'y impliquait pas
vraiment car, tout simplement, on ne
s'y retrouvait pas.
convaincre de la nécessité d'innover,
d'aller dès aujourd'hui vers les
produits de demain. Il faut simplifier
l'innovation et la dédramatiser tout en
montrant l'étendue offerte, par
exemple, par les nano-bio-info
technologies.
Pierre
Montoriol
doit
également
affirmer
l'identité du pôle CBS dans
sa complémentarité avec le
Cancéropôle toulousain et
Les Nouvelles. Vos autres priorités ? La
jouer la carte du partenariat
formation et l'international ?
avec les deux autres pôles
P. Montoriol. Bien sûr. La formation
de compétitivité : AgriMip Les Nouvelles. Mobiliser un maximum pour adapter les compétences aux
Innovation,
dont
la d'entreprises au sein du pôle CBS, c'est besoins
des
entreprises
et
l'international avec
proximité est évidente à donc votre premier objectif ?
l'heure des "alicaments", et
le pôle Aéronautique,Pierre Montoriol
Espace
et
SystèmesRéussite entrepreneuriale et engagement collectif
embarqués,
dont
laFils d'un conserveur périgourdin (il s'était bien promis de ne jamais vivre avec les difficultés
quotidiennes du chef d'entreprise !) et titulaire d'une maîtrise de géologie (c'est toujours sa
dimension mondiale et lespassion - comme le vélo ou France Culture), Pierre Montoriol a d'abord été professeur de
apports méthodologiquessciences naturelles. Mais il a vite quitté ce métier choisi "par défaut" pour rejoindre le
mais aussi les matériauxlaboratoire Sandoz, en 1972. Avec sa licence de biologie et un poste de technico-commercial, il
pu suivre toute l'évolution du rein artificiel (« une technique magnifique »), faire ses preuves
nouveaux peuvent être trèsadans
la vente de centres de dialyse clef en mains et... vivre l'expérience des fusions entre
enrichissants.
grands groupes.
Dossier : Christian Guillard.
Cancer - Bio – Santé
des objectifs ambitieux. Déjà, début
septembre, en partenariat avec le
cluster Cancer d'Oslo, nous avons
parfaitement réussi notre European
Cancer Cluster Partnering 2009, sur un
concept original et totalement inédit :
un événement B to B dédié au cancer,
avec
convention
d'affaires,
présentations
d'entreprises,
conférences et exposition. Bien au-delà
de nos prévisions, nous avons
organisé au total 550 rendez-vous
d'affaires (sur 900 demandes !) entre
"big pharmas", PME et start-up (dont
une trentaine de la région), cliniciens,
investisseurs et capital-risqueurs. Au
total : 450 participants, 263 entreprises
et 22 pays représentés (Europe, EtatsUnis et Asie).
Les Nouvelles. Finalement, le rôle du
pôle est de mettre la santé au service
du développement économique et de
l'emploi ?
P. Montoriol. C'est ma priorité, à partir
de
l'innovation
(et
de
son
financement), de l'internationalisation,
de la coopération pharma-biotech et
recherche-industrie. Et toute cette
action fait l'objet d'un contrat de
performance signé avec l'Etat et les
collectivités et doté d'indicateurs. On a
fixé la barre très haut car notre pôle
peut
devenir
une
référence
européenne, ce n'est pas irréaliste ; ce
n'est pas gagné d'avance mais c'est
bien l'objectif.
8 ans après AZF
Le Cancéropôle en plein
essor
Le Cancéropôle connaît actuellement une
phase importante de son développement :
• ouverture de IITAV et de la pépinière
d'entreprises associée à cet Institut de
recherche en sciences du vivant (pépinière
mise en œuvre par le Grand Toulouse et
animée par la Sémidias) ;
"Il reste beaucoup
de PME à
convaincre de la
nécessité d'innover".
• livraison des bâtiments de Sanofi-Aventis
"Impliquer un
maximum
d'entreprises,
développer
l'économie et
l'emploi".
• lancement de la construction du centre
(une extension de 26.000 m²) et du centre
de recherche Pierre Fabre qui accueillera
près de 650 cliniciens, pharmaciens,
chercheurs et techniciens ;
de services communs, qui comprendra
résidence hôtelière, bureaux d'affaires,
centre de vie... ;
• aménagement et mise en service de 3
lignes de bus qui desservent désormais le
Cancéropôle et le relient aux lignes A et B
"On a fixé la barre très
haut, mais l'objectif n'est
pas irréaliste".
du métro ;
• et le lancement du chantier de la CUC, la
Clinique universitaire du Cancer, un
investissement de 300 M€ qui rassemblera
en 2013 toutes les "forces vives" de la
cancérologie et fera de Toulouse un des
hauts lieux de la recherche et de
l'innovation en ce domaine.
1.500 personnes seront installées sur le
Cancéropôle d'ici le printemps. Au final, le
Cancéropôle totalisera près de 4.000 emplois
du groupe Unicare : 280 personnes dans la fabrication et la vente de dispositifs médicaux
à usage unique ; une filiale en Tunisie, (pour une activité de production qui ne pouvait
pas être automatisée) ; un chiffre d'affaires de 20 M€ dont 18% à l'export (principalement
sur l'Europe du Nord et les Etats-Unis).
sur un campus arboré de 220 hectares. Lancé
par Philippe Douste-Blazv et porté
aujourd’hui par Pierre Cohen, le
Cancéropôle représente un investissement
Pierre Montoriol bâtit aujourd'hui le développement de son groupe sur la R&D, avec de
gros espoirs dans le domaine des capteurs, sur une part plus importante à l'export et sur
la veille d'éventuels partenariats avec de grands groupes soucieux d'externalisation.
Nous sommes, commente-t-il, sur un marché de la santé où les normes sont de plus en plus
contraignantes et sur un modèle économique en plein changement : il faut passer de la "simple’’
fabrication de matériels classiques à un véritable savoir-faire médical.
de plus d'un milliard d'euros. C'est à la fois
un grand projet de santé publique (inscrit
dans le plan national de lutte contre le
cancer), un ambitieux projet scientifique et
un important projet d'aménagement et de
développement économique sur un Sud
toulousain sinistré par le drame d'AZF le 21
En 1985, alors qu'il est directeur commercial et export d'une multinationale britannique
spécialisée dans la dialyse, Pierre Montoriol estime qu'il a suffisamment appris ce qu'il faut
faire (et ne pas faire) et qu'il a bien cerné les besoins en tubulures de dialyse. Il lance donc sa
société Hémodia à Fourquevaux. Implantée aujourd'hui à Labège, elle est le fer de lance
Recherche, internationalisation, partenariats grands groupes-PME : on est bien au cœur
des grands axes du pôle de compétitivité Cancer-Bio-santé. Pierre Montoriol en assure la
présidence avec une forte expérience dans l'engagement collectif : SISMIP, CGPME,
CCIT... Il s'est par contre toujours tenu à l'écart de la politique « politicienne » : C’est un
truc à y laisser sa boîte !
septembre 2001.